vendredi 29 mars 2013

Tartuffe ou l'imposteur - Molière (Mise en scène Monique Hervouët)

Tartuffe n'entre en scène qu'au troisième acte mais il est au cœur de deux premiers, tout tourne autour de lui. Tartuffe le faux dévot, l'imposteur a mis la main sur Orgon le chef de famille et sa mère, Madame Pernelle. Orgon veut lui offrir la main de sa fille Marianne, il est également décidé à lui céder sa fortune après s'être fâché avec son fils. Ils sont tous exaspérés par l'aveuglement d'Orgon, incapable de discerner la véritable nature de Tartuffe.  C'est Elvire sa femme, qui lui permet de découvrir la vérité sur l'usurpateur, quand caché sous une table, il découvre le faux dévot faisant des avances à son épouse. Il est abasourdi,  il chasse l'imposteur mais il est trop tard, il est lié par un contrat qui le dépossède de ses biens. Mais le "bon roi" intervient pour sauver la mise de ce brave Argon.
Un sommet dans l’œuvre de Molière, Tartuffe ne cesse de fasciner rencontrant toujours son public malgré un texte écrit en alexandrins qui demande un certaine concentration d'écoute. Sa fin totalement improbable, assurément la partie la plus faible de son texte lui permit de passer l'épreuve de la censure. Il se fâche avec les dévots de la cour dont il dénonce l'hypocrisie, il lui fallait la protection du roi.
Pour arriver à ses fins, Tartuffe use de la radicalité religieuse, particulièrement habile il obtient tout d'Orgon sans jamais rien demander. Car derrière le mécanisme de la duperie, c'est aussi les ravages du fanatisme religieux dans une société établie que décrypte Molière.
La mise en scène de Monique Hevouet dépouillée laisse toute sa place au texte; le ton des acteurs, la clarté de leur voix rendent la beauté de la langue de Molière et de l'Alexandrin. Elle montre également l'universalité du texte et son caractère actuel, par exemple dans la fameuse scène où Tartuffe demande à Dorine de couvrir son sein, elle prend le voile qu'il lui tend et se couvre le visage, lui renvoyant ses mots:

"Vous êtes donc bien tendre à la tentation,
Et la chair sur vos sens fait grande impression?
Certes je ne sais pas quelle chaleur vous monte:
Mais à convoiter, moi, je ne suis point si prompte,
et je vous verrais nu du haut jusques en bas, 
Que toute votre peau ne me tenterait pas."

Tartuffe est ici d'une rare banalité, il n'a  à priori rien d'inquiétant.  La metteur en scène l'a voulu ainsi: "En observant les ravages du fondamentalisme et du sectarisme, on peut constater combien la posture intégriste s'arme de modestie tapageuse et d'orgueilleuse humilité." L'aspect comédie de la pièce n'a pas été gommé au profit sans pour autant ignoré  la gravité du sujet. Nous rions souvent, mais d'un rire qui n'est pas gratuit, nous n'oublions jamais que c'est d'un mariage forcé dont il est question ici.

C'est un très beau Tartuffe que nous avons pu voir ce soir, les dix acteurs sont d'une énergie folle entrainés par une Dorine extraordinaire, c'est un Molière plein de vie loin de sentir la naphtaline.

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