mardi 30 septembre 2014

L'institutrice - Nadav Lapid


Il est toujours inquiétant de voir un gamin dire de sa mère qu'elle est morte alors qu'elle n'a fait que quitter le domicile conjugal .
Yoav cinq ans, est un enfant qui vit à l'écart des autres... Parfois il se met à déambuler et il déclame un long poème, un art que lui a transmis un oncle épris de littérature et de poésie. Tous les soirs c'est une nourrice qui vient le chercher à l'école, elle a pris l'habitude de les noter.
Nira son institutrice est de plus en plus fascinée par ce petit garçon qui dit que sa mère est morte, alors que cette dernière n'a fait que  rejoindre son nouvel amour à Boston. Son père qui s'est battu pour obtenir sa garde après un divorce houleux, semble s'en désintéresser  trop occupé par ses affaires flamboyantes.
Nira qui elle même participe à un club de poésie est émerveillée par le don de Yoav. Voulant le protéger d'un monde qu'elle dit devenu hostile aux poètes, elle exerce peu à peu une véritable emprise sur l'enfant dont elle n’hésite pas à faire écarter la nourrice...
Un film étonnant, effrayant quand on voit le bourrage de crane subi par les petits Israéliens dés la maternelle, mais cela est propre à tous les pays en guerre. Fascinant par ce personnage de gamin perdu; touchant par cette institutrice, qui voit ses propre enfants la quitter, son fils est à l'armée alors que sa fille une grande adolescente est de plus en plus indépendante... Elle se donne pour mission de protéger ce gamin fragile, de faire reconnaitre son talent, elle est prête à tout,  elle va se brûler les ailes ...

Un film étonnant, fascinant et captivant !

dimanche 28 septembre 2014

ALT J - This All Yours

Leur premier album An Awesome Wave fut un véritable étonnement, une merveille bouleversante où quatre gamins ont su inventer un son nouveau digérant toutes les musiques de la scène pop, c'est du folk, de l'electro, du Trip Hop, du Rock Indépendant...
Ils ne sont pas un groupe de plus sur la scène anglaise, ils sont de ceux qui ouvrent un nouveau chapitre de la musique populaire  comme ont pu le faire avant eux les Beatles, les Rolling Stones, Led Zeppelin,  les Smiths ou plus récemment Radiohead...

Le quatuor est devenu Trio après l'abandon du bassiste qui n'a pas vraiment  supporté le succès du premier album. Leur deuxième album emporte les suffrages dés sa première écoute. This All Yours de ALT J est notre album de la semaine !


Jean-Jacques Pauvert (8 avril 1926 - 27 septembre 2014)


Jean-Jacques Pauvert a vécu pour sa passion et son désir de faire découvrir ses auteurs favoris. Pour cela il fut prêt à tout, la faillite, les procès... Ainsi rien ne le fit renoncer à donner une place majeure dans l'histoire de la littérature à l’œuvre du Marquis de Sade. Mais il serait restrictif de limiter son travail à l'édition des œuvres du divin marquis. Il accomplit aussi celle d'histoire d'O dont Jean Paulhan lui déposa sur son bureau le mystérieux manuscrit ainsi que celles aussi de nombreux autres écrivains dont il avait le désir ardent de faire connaitre l’œuvre.
Il fut un bienfaiteur de la littérature, et donc de l'humanité. R.I.P

samedi 27 septembre 2014

Saint Laurent - Bertrand Bonello

"J'ai créé un monstre, il me faut vivre avec"... ainsi s'exprime Yves Saint Laurent,immense créateur dévoré par son génie. L'art de la mode est sans pitié, il faut produire chaque année deux collections pour faire vivre la marque... Bertrand Bonello fait le portrait d'Yves Saint Laurent,  au moment où il est au sommet de son art  entre 1967 et 1976...
Il est au cœur de la vie parisienne, rien ne lui résiste. Mais le succès ne garantit pas le bonheur, sa passion pour Jacques De Bascher le dévore littéralement, il se brûle les ailes ...L'alcool, les drogues, les paradis artificiels pour compagnons. Bien qu'entouré de ses deux muses Loulou de la Falaise et Betty Catroux et toujours soutenu par Pierre Bergé, l'artiste finit seul rongé par ses démons...
YSL devenu invivable, Pierre Bergé finit par aller vivre ailleurs sans pour autant l'abandonner ...Il est le maillon indispensable, celui qui par son sens des affaires, son caractère intraitable a permis à la griffe  de devenir une valeur incontestable du marché du luxe, garantissant aux deux hommes une énorme fortune, de quoi satisfaire tous les désirs les plus fous ,de mener une vie prussienne au milieu des objets d'art chéris, d'installer une sublime base arrière à Marrakech pour y retrouver l'inspiration. Matisse, Mondrian mais aussi Andy Warhol sont ses sources d'inspiration mais c'est surtout la femme qui est au cœur de ses préoccupations... Sublime scène où il relooke en un clin d’œil une des ses clientes, désormais prête à partir avec force et confiance affronter le monde.
Jérémie Regnier, Louis Garrel , Léa Seydoux, Aymeline Valade, Amira Casar  sont absolument remarquables, ils ne trahissent jamais leurs personnages. Gaspard Ulliel incarne totalement Saint Laurent dans ses exaltations et son infinie détresse. Le couturier âgé est interprété magnifiquement par Helmut Berger qui porte en lui ses années Visconti ce qui sied parfaitement à l'agonie du personnage et de son monde . C'est peut être là, le biopic le plus inspiré depuis Citizen Kane,  Bertrand Bonnello  ne fait pas un  récit chronologique et académique de la vie du couturier, mais par son écriture subtile il ne perd jamais le spectateur dans les méandres de la vie de Yves Saint Laurent. Avec une bande son vertigineuse, il donne à son œuvre une intensité propre aux grands films de Martin Scorsese!
Eblouissant !

jeudi 25 septembre 2014

Etienne Daho - Diskönoir Tour

Si nous avions su nous n'aurions pas entendu si longtemps avant d'aller découvrir Etienne Daho lui dont les albums nous ont toujours accompagnés... Nous avons découvert  un Etienne Daho, vraie bête de scène associé à une formation restreinte donnant à ses compositions une puissance rare aux accents particulièrement rocks ; lui dont la sensibilité et la timidité nous avaient toujours paru, à tort comme un frein à l'épreuve ...  ...
Lors de ce premier concert d'une tournée "Diskonoir Tour" retardée par une mauvaise péritonite, Etienne Daho a enchanté son public qui n'a pas beaucoup usé les fauteuils du théâtre de l'Onde de Vélizy. Equilibre parfait entre dernières compositions de son merveilleux album, "Les chansons de l'innocence retrouvée", et des tubes plus anciens devenus des classiques de la chanson française voire des chansons plus rares comme son premier EP "Il ne dira pas" ou le titre "Soleil de minuit" écrit pour le film de Olivier Assayas "Désordre".
Tendu lors des premières minutes, la joie de retrouver la scène après avoir connu une sale période a vite emporté le chanteur, particulièrement proche de son public... Un clin d’œil à Dani le temps d'un "Comme un boomerang", l'aveu d'une admiration sincère à Dominique A qui lui a écrit le magnifique "En surface", le rappel de son affection pour Jacno, Etienne Daho n'oublie jamais les autres comme en témoigne d'ailleurs sa carrière de producteur....

Parce que nous avons été gentils, accueillants et chaleureux , il est revenu seul sur scène nous offrir un sublime cadeau avec un ultime rappel le temps d'un week end à Rome à capella !

Sur scène Etienne Daho est comme dans la vie généreux et élégant. La classe !

dimanche 21 septembre 2014

The Delano Orchestra - A Little Girl, a Little Boy, and All the Snails They Have Drawn (2008)

Traumatisés par la prestation pathétique de notre ancien président Giscard d'Estaing à l’accordéon, nous avons toujours eu du mal à associer Auvergne et musique. Puis un jour, il y eut Jean-Louis Murat... 
Et à sa suite se développa une scène à Clermont Ferrand avec l’émergence de groupes passionnants, comme Cocoon ou The Delano Orchestra...
Si nous ressortons le premier album de The Delano Orchestra, c'est que ce groupe folk aux sons mélancoliques va bientôt faire partie de l'actualité avec la sortie toujours attendue du prochain album de Jean-Louis Murat ...

A Little Girl, a Little Boy, and All the Snails They Have Drawn de The Delano Orchestra est notre album de la semaine!


samedi 20 septembre 2014

Trois coeurs - Benoit Jacquot


Lorsque Marc inspecteur des impôts rencontre Sophie qui va devenir son épouse, il ne sait pas qu'elle est la sœur de Sylvie, avec qui il a partagé une rencontre brève et intense au court d'une nuit... Mais victime d'un malaise cardiaque, il n'avait pu se rendre à leur deuxième rendez vous. N'ayant pas échangé leurs coordonnées lors de la première rencontre, ils n'avaient pu se retrouver.
Dépitée, Sylvie avait alors choisi de suivre son fiancé, qu'elle avait prévu de quitter, aux Etats-Unis à Minneapolis... Lorsque Sylvie revient pour assister au mariage de sa sœur et de Marc, elle découvre que l'intensité brulante de leur première rencontre dont Sophie ignore tout n'a pas disparu...
Nous ne sommes jamais entrés dans ce mélo qui nous est apparu comme artificiel, surement desservi par la prestation sans relief de Benoit Poelvoorde et son coté ricaneur qui rend son personnage peu crédible et caricatural comme son jeu. Le tout est rythmé par une ritournelle grinçante venue là pour tenter de mettre un suspens qui n'existe finalement pas, tant nous ne ressentons pas le coté dramatique de la situation. Benoit Jacquot a beau se rapprocher des corps, le film reste froid malgré l'interprétation réussie des trois actrices, Chiara Mastroianni, Charlotte Gainsbourg et Catherine Deneuve.
Cherchant à épaissir son histoire, il intègre une histoire sans intérêt de contrôle fiscal au maire de la ville qui a la fâcheuse tendance à ne pas tout déclarer.
Une déception !

mercredi 17 septembre 2014

Les mauvaises fréquentations - Jean Eustache

Les mauvaises fréquentations sont  composées de deux courts métrages de 45 min environ. Le premier "Du coté de Robinson" a pour cadre Paris un dimanche où deux amis se retrouvent dans un bar, pour casser l'ennui ils se décident à partir draguer les filles. Ils croisent une jeune femme du coté de Montmartre qu'ils invitent dans un dancing . Parce qu'elle les délaisse pour un troisième homme, ils filent discrètement après avoir dérobé dans le sac de la jeune fille son portefeuille...

Le deuxième film Le père Noël a les yeux bleus a pour cadre Narbonne, où Jean Eustache a passé une partie de sa jeunesse. Daniel rêve de se payer un duffle coat devenu le manteau à la mode, ustensile indispensable pour séduire les jeunes filles. Mais il n'a pas un rond, alors il accepte les petits boulots pour obtenir son sésame et se retrouve ainsi sur le trottoir déguisé en Père Noël pour se faire prendre en photo avec les enfants mais aussi les jeunes femmes ...
Les deux films recèlent des thématiques communes, nous retrouvons dans les deux des jeunes hommes dans la dèche mais qui n'ont pas renoncé pour autant à une certaine joie de vivre... Les filles sont au cœur de leurs préoccupations, et s'ils aiment se vanter auprès de leurs camarades, c'est tout de même une affaire compliquée pour eux... Ils ont en commun un certain goût pour l’élégance, notamment Daniel, joué par un Jean-Pierre Leaud véritable double du cinéaste qui se place également à travers un clin d’œil dans la filiation d'Antoine Doisnel, toujours digne et élégant dans sa situation désargentée qu'il justifie par une histoire improbable ... Sublime Dandy !
Quel bonheur que d'avoir enfin pu voir les premiers films de Jean Eustache  projetés de manière exceptionnelle à la filmothèque du quartier latin dans le cadre d'un cycle consacré aux cinéastes de la Nouvelle Vague!
Les plans longs tournés dans les rues de Narbonne sont absolument remarquables, Jean Eustache a un sens aigu de la géographie des villes, capable d'en faire ressentir l'atmosphère en quelques plans, où chaque image est soigneusement pensée sans jamais entraver une impression de spontanéité ... Il s'en dégage une atmosphère unique, une poésie au charme irrésistible qui n'est pas sans faire penser aux romans de Patrick Modiano, à ses errances dans les rues de Paris et ses personnages mystérieux.
Nous voyons les films de Jean Eustache avec la même ferveur que nous lisons les romans de Patrick Modiano !

dimanche 14 septembre 2014

Radiohead - Amnesiac (2001)

Après la disparition des Smiths, Radiohead fut notre grand coup de cœur, et Amnésiac leur cinquième album reste notre favori. C'est toujours avec joie que nous entendons les premières mesures Packt Like Sardines in a Crushd Tin Box, et impossible de décrocher jusqu'aux dernières notes de Life in a Glasshouse.C'est un album parfait qui s'écoute sans ennui dans son intégralité, une raison suffisante pour le ressortir.

Amnesiac
de Radiohead est notre album de la semaine !



samedi 13 septembre 2014

Obvious Child - Gillian Robespierre

Rien de révolutionnaire dans le dernier film de Gillian Robespierre conforme à tout ce que l'on peut attendre d'un film indépendant New-yorkais bavard et narcissique. Donna Stern raconte dans toute sa crudité la banalité de son quotidien dans des numéros de Stand Up dans un petit bar new yorkais... De l'impossibilité de garder sa petite culotte propre tout au long d'une journée à des histoires de pets tout en confiant sa vie sexuelle en détail, Donna ne cache rien pour le bonheur d'un petit cercle de fans peu accoutumés à voir une jeune fille s'exprimer sans tabous...
Mais notre héroïne plonge dans le désarroi après s'être fait larguer, ses numéros devenant pathétiques, c'est le bide. Un soir d'ivresse elle fait la rencontre d'un beau gars chez qui elle termine la soirée....
Le film est assez anodin mais il a la vertu de traiter la question de l'avortement sans porter de jugement, un geste qui n'est pas pour autant banalisé mais qui est un élément essentiel de la liberté de la femme et de son émancipation.
L'avortement n’empêchè pas  la comédie romantique et cela n'est pas rien!

vendredi 12 septembre 2014

Antoine Duhamel (30 juillet 1925- 11 septembre 2014)


Pour nous son nom symbolisait la musique de films dont certains figurent dans notre panthéon: Pierrot le fou  de Jean-Luc Godard ou encore de nombreux films de François Truffaut, son nom est intimement lié au cinéma de la nouvelle vague. Mais son travail de musicien ne se limitait à la seule activité cinématographie, il suffit de lire sa fiche wikipedia pour mesurer l'activité de ce grand monsieur. Ce qui touche énormément c'est également sa volonté de transmettre son savoir en étant l’artisan de la création de l'école nationale de musique à Villeurbanne. R.I.P !


mardi 9 septembre 2014

Mademoiselle Julie - Alf Sjoberg

Un sentiment rare de désillusion nous habitait au moment du générique de fin de Mademoiselle Julie de Alf Sjoberg, un film qui avait obtenu la récompense  suprême lors de sa présentation au festival de Cannes de 1951 . La déception fut si amère que nous interrogeons de savoir si nous avions su voir ce film et si nous n'étions pas passer à coté.  Un film rare difficile à voir, mais ressorti en parallèle de l'adaptation proposée par Liv Ullman.
Une intrigue assez simple, d'une fille de propriétaire qui a une étreinte amoureuse avec son valet lors de la nuit de saint Jean. La richesse du texte de Strindberg est dans la complexité des personnages, dans le rapport de classes et des sexes, que l'auteur exprime pleinement dans une préface rédigée en préambule de son texte:

"Le destin affligeant de Mademoiselle Julie, je lui ai donné pour motifs une quantité de circonstances:les "mauvais" instincts de base de sa mère,; l'éducation fautive que lui a inculqué son père;les suggestions de sa propre nature et celles que son fiancé exerce sur un cerveau faible, dégénéré; en outre et plus précisément : l'ambiance de fête de la nuit de la Saint Jean , l'absence du père; le fait qu'elle même ait ses règles; le fait de s'occuper d'animaux; l'influence excitante de la danse; la pénombre de la nuit; l'influence fortement aphrodisiaque des fleurs; et enfin le hasard qui pousse les deux personnages à se trouver ensemble dans une pièce secrète, plus d'audace de l'homme excité."

Pour éviter surement le piège du théâtre filmé, Alf Sjoberg ne s'est pas laissé enfermer dans la cuisine lieu de l'intrigue, il a voulu être fidèle aux propos de Strindberg cités ci-dessus, en montrant ces circonstances, filmant la fête de la Saint Jean ou reconstituant  la jeunesse des personnages à travers des flash backs.
Mais le tout est assez convenu et parait fortement daté, difficile de s'imaginer ce film tourné des années après l'avènement de Orson Welles et de Citizen Kane... La tragédie de Strinberg perd toute sa force, l'ouverture sur l'extérieur, la multiplication des personnages font tomber la tension dramatique qui faisait la force de la tragédie. C'est peut être là, la raison qui fait que ce film n'est jamais devenu réellement un classique du cinéma et qu'il ait quelque peu disparu de la circulation.

Vu à la filmothèque du quartier latin

dimanche 7 septembre 2014

Janis Joplin - Pearl

Il y a des albums qui sont des compagnons de toute une vie, vous les  écoutez une fois et ils ne vous quittent plus. Pearl de Janis Joplin, nous est devenue indispensable ...

Il a été , il sera à nouveau, il est notre album de la semaine !


Michel Jonaz en concert


Nous sommes allés au concert gratuit de Michel Jonasz donné au stade de notre cité. Nous nous sommes assis un peu à l'écart sur un coin de pelouse...et nous nous sommes souvenus de ses vieux tubes : Joueur de Blues, Super Nana, la Boite de jazz, je t'aimais tellement fort, Lucille....
Nous nous sommes alors dits qu'il devait être triste pour un artiste de ne plus avoir cette grâce, de ne plus claquer de tubes, et de voir son public frémir uniquement à la reprise de ses vieux titres.
Nous avons passé un bel après midi empreint d'une certaine nostalgie à écouter les chansons de Michel Jonasz soutenu par un Big band de 29 musiciens le Coll Orchestra

Hippocrate - Thomas Lilti

Ils sont jeunes, bons élèves, venant généralement de milieux privilégiés (notre ascenseur social ayant quelques signes de défaillances), ils ne connaissent finalement pas grand chose de la vie... Ils sont nos internes de médecine et quand ils débarquent pour leur prendre leur fonction à l'hôpital et se retrouvent face à leur premier patient, leurs certitudes s'écroulent ,les mains deviennent moites et tremblantes. Le chemin à parcourir est difficile.
A coté d'eux, les médecins étrangers Faisant Fonction d'Interne, appelés F.F.I, et disons le, ils font honneur à leur sigle. Ils ont fait médecine dans leurs pays d'origine mais leur diplôme n'est pas reconnu ici. Alors ils bossent comme interne et espèrent obtenir un jour une équivalence,  ils font des horaires de fous, assurent les gardes  et quand il y a un souci ils font de magnifiques fusibles. Mal payés, ils sont les exploités de l’hôpital public.
C'est cette histoire que nous raconte Thomas Lilti, à travers le regard de Benjamin un jeune étudiant qui a la mauvaise idée de faire son premier stage dans le service de son papa, professeur de médecine. Il y découvre la souffrance, la vieille dame en fin de vie, le sans domicile Fixe, il se sent rapidement démuni pour apporter des réponses à ses êtres humains en souffrance. A coté de lui, Abdel un F.F.I algérien qui en sait un peu plus que lui sur la vie, lui apporte son aide, même si la collaboration du fait de leur statut différent n'est pas facile à ses débuts.
Il se prend la souffrance en pleine gueule,heureusement il peut retrouver ses camarades dans un endroit réservé aux internes,où les fêtes se multiplient, les murs sont couverts de graffitis grivois où on se moquent des malades, en cherchant un peu on devrait même pouvoir y trouver un mur des cons. Une soupape nécessaire et indispensable  pour évacuer la pression du quotidien.
Une patiente en fin de vie fait un arrêt cardiaque,elle est réanimée d'urgence, mais Benjamin avec le soutien d'Abdel met fin à sa vie avec le consentement de sa famille. Ce choix humain les entraine en conseil de discipline. Le fils du patron est épargné mais pas Abdel victime d'un racisme malheureusement devenu ordinaire. La révolte gronde...
La littérature contemporaine avait son médecin avec Martin Winkler, le cinéma s'est trouvé le sien avec Thomas Lilti qui exerce également en tant que médecin. Il connait  sans doute le sujet sur le bout des doigts, mais son film n'est pas qu'un simple film social et militant. C'est d'ailleurs la qualité de son écriture cinématographique qui permet à cette fiction de trouver son rythme, de créer un vrai suspens, tout en décrivant une réalité terrible sur la difficulté d'exercer une médecine humaine dans des hopitaux  tenus par des gestionnaires rigides. Médecin ce n'est pas un métier c'est plus que cela, sans vocation difficile de tenir... Tous les interprètes Vincent Lacoste, Reda Kateb, Jacques Gamblin, Marianne Denicourt... y sont formidables

Hippocrate est un grand film politique parce qu'il nous parle de notre cité dans ce qu'elle a de plus intime !

samedi 6 septembre 2014

Metamorphoses - Christophe Honoré

Jupiter est Camionneur il débarque devant un lycée où il aborde une jeune fille Europe. Cette dernière charmée par  le beau jeune homme étrange le suit sans difficulté... Il lui raconte alors des histoires extraordinaires où les dieux et les mortels se croisent sans cesse, des dieux infidèles et irascibles mariés à des  femmes jalouses, ils utilisent leur pouvoir pour cacher leur forfait...Ainsi Jupiter n'a pas hésité à transformer sa maitresse Io en génisse à l'arrivée de son épouse... C'est le début d'une errance, d'un parcours initiatique pour la jeune fille où elle va croiser la route de Bacchus le fils de Jupiter, et d'Orphée.
Ce film inspiré  par les métamorphoses d'Ovide,  nous promène dans le sud de la France entre les décors de banlieues et la nature sauvage ,où nous croisons les bacchantes jeunes filles nues en basket.
C'est mignon, tout est admirablement filmé mais les métamorphoses de Christophe Honoré ne nous racontent pas grand chose. Nous nous sommes fortement ennuyés devant ce joli film dont il ne se dégage aucune poésie. Mais si nous devons lui trouver une vertu c'est de nous avoir donner l'envie de nous replonger dans celles d'Ovide car nous n'aurons jamais l'idée de revoir ces métamorphoses là.

Une belle fille comme moi - François Truffaut

Une belle fille comme moi est un film difficile à voir, introuvable en DVD,surement un problème de droits qui nous dépasse... C'est pourtant une comédie savoureuse, surement le film le plus truculent et le plus burlesque de la filmographie de François Truffaut qui nous rappelle que notre monde n'est pas adapté aux jeunes hommes romantiques.
Stanislas Previne, professeur en sociologie fait une thèse sur les femmes criminelles... Il se rend en prison pour interviewer Camille Bliss, condamnée pour avoir tué son amant .La jeune femme a commencé très tôt dans  sa carrière de criminelle, par un parricide.Son père  a fait une chute fatale d'un grenier dont Camille avait retirait subrepticement l'échelle  alors qu'elle savait pertinemment qu'il s'y trouvait...
Ce premier forfait lui valut de découvrir les institutions judiciaires pour adolescents délinquants.... dont elle s'évada. Recueillie par Clovis après une séance d'autostop   ,elle l'épouse malgré l'addiction de ce dernier au vin de table et une belle-mère acariâtre... Mais la jalousie de son mari, n'empêche pas la très jolie madame Bliss d'avoir des amants.
Camille a cette faculté de rendre les hommes dingues, irrésistible, ils succombent tous à ses charmes... C'est une fille sans morale plutôt futée qui se débrouille seule pour régler ses problèmes et ne se fixe aucune limite pour se débarrasser des emmerdeurs.... Elle ne parle pas de crime mais d' hasard de la fatalité !
Camille a un sacré caractère que les gardiennes de prison synthétisent sous l'appellation de garce. Aucun homme ne résiste à Camille, il n'y a pas de raison que le jeune professeur et sa tête de premier de la classe fasse exception.
 Il va même prouver l'innocence de Camille et obtenir sa libération. Erreur fatale, la jeune femme une fois libre connait un succès dans la chanson, elle va mettre sur le dos du jeune professeur qui ne cesse de la suivre le crime de son époux aviné qu'elle a abattu après une énième crise de jalousie. Stanilas Previne finit derrière les barreaux.

C'est une comédie réjouissante avec des personnages de haut vol. Bernadette Laffont tient le film à elle seule, c'est son plus beau rôle, il lui va comme un gant. Philippe Léotard, Claude Brasseur jouent parfaitement leurs rôles secondaires, Guy Marchand en chanteur ringard et Charles Denner en dératiseur catholique improbable sont absolument irrésistibles. André Dussolier dans le rôle du jeune professeur trouve là son premier rôle,un jeune homme brillant naif et timide .

Film vu à la filmothéque du quartier latin dans une copie très endommagée .

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