lundi 4 mars 2013

Ran - Akira Kurosawa

Dans le Japon du XVI° siècle, un vieil homme, Hidetora Ichimonji décide de partager son fief acquis après bien des batailles et  des trahisons entre ses trois fils afin de passer paisiblement les dernières années de sa vie. Le plus jeune des fils Saburo essaye de dissuader son père, prédisant que ce partage va engendrer des disputes et la fin de la dynastie. Il est renié par son père, il doit quitter le domaine
Le partage n'apporte que conflits mettant  le pays à feu et à sang comme l'avait prédit Saburo.Les vieilles rancunes se réveillent, la femme de Taro le fils ainé de Hidetora dont la famille a été massacrée voit là l'occasion de se venger et de mettre fin à la dynastie des Ichimondji. Un film fait d'intrigues et de batailles...
Librement inspiré par le Roi Lear de William Shakespeare, Akira Kurozawa l'humaniste affiche tout son pessimisme envers une société dont les hommes sont incapables de s'élever au delà des puissances destructrices. Ran signifie chaos en japonais, c'est la désolation d'un monde en folie que filme Kurosawa.
Le film est absolument majestueux, la mise en scène des batailles filmées sans aucune emphase est une véritable leçon de cinéma, c'est d'une beauté étourdissante. Tout a été millimétré, il ne fait aucun doute que cette reconstitution est le fruit d'importantes recherches, mais pour autant le film ne tombe jamais dans la préciosité ou la froideur ...Serge Daney partit à la rencontre du cinéaste japonais avait témoigné de son travail préparatoire dans libération (19 décembre 1982): "Kurosawa travaille depuis 5 ans à une adaptation libre du Roi Lear de Shakespeare. Le film s'appellera Ran, un mot japonais qui signifie "chaos" et en attendant de pouvoir le réaliser, le cinéaste a renoué avec le dessin. Un monde défile pour nous, "plein de bruit et de fureur", avec les yeux rouges des personnages lorsqu'ils sont devenus fous, un bouffon qui danse puis qui pleure auprès d'un roi mort, des femmes qui se jettent du haut de leur château en flammes, une épée dans la bouche, des oriflammes, des chevaux qui se cabrent. Tous les détails"
 On en prend plein les yeux, les dieux sont régulièrement évoqués mais ils restent absents comme impuissants à remédier à la folie destructrice des hommes, c'est à coté d'eux que s'est placé le cinéaste pour filmer ce chaos. L'homme sage est condamné à la solitude, à contempler la nature.

Vu au Grand Action - rue des écoles

L'extrait  de l'article de Serge Daney a été trouvé dans  le recueil de ses articles:  La maison du Cinéma et le monde (2 - Les années Libé 1981-1985) Ed P.O.L Traffic

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