lundi 28 février 2011

Seven Women - John Ford (1965)

Six femmes tiennent une mission à la frontière sino-mongole, elles apportent des soins aux populations locales tout en menant une politique d'évangélisation. Elles attendent avec impatience l'arrivée d'un nouveau médecin avant de découvrir avec stupéfaction que c'est une femme qui vient prendre le poste vacant, le docteur Cartwright. Et c'est une femme libre avouant des passions amoureuses, fumant en public et buvant du whisky, un choc insupportable pour ces puritaines qui n'aiment pas voir cette jeune femme sourire de leur bigoterie. Mais lorsque des troupes barbares débarquent dans la mission, le médecin se révèle la plus courageuse, se sacrifiant pour obtenir la liberté des autres...

Seven Women (frontière chinoise) est le dernier film du maître d'Hollywood, c'est un un pur bonheur! On retrouve comme toujours chez John Ford un sens parfait du récit où le discours n'est jamais démonstratif. Il donne ici une vision moderne de la femme, car c'est bien sa liberté et son émancipation qu'il défend à travers le personnage du Docteur Cartwrigt admirablement interprété par Anne Bancroft, mettant à jour les frustrations de l'insupportable bigote, directrice de la mission.
La nouvelle vague n'a pas toujours été juste avec ce cinéaste majeur dont il convient de ne pas limiter l'œuvre à ses seuls westerns. Ils lui ont souvent préféré Alfred Hitchcock ou Howard Hawks, François Truffaut répare cette "injustice" en signant cet hommage après le décès du cinéaste:
"John Ford était l'un des plus célèbres metteurs en scène du monde et cependant tout en lui, dans son comportement et ses propos, donne l'impression qu'il n'a jamais cherché cette célébrité ni même qu'il l'ait acceptée. Cet homme, qu'on nous décrit toujours comme bourru et secrètement tendre, était sûrement plus proche des personnages secondaires qu'il faisait jouer à Victor Mc Laglen que des rôles principaux qu'interprétait John Wayne. John Ford faisait partie de ces artistes qui ne prononcent jamais le mot art et de ces poètes qui ne prononcent jamais le mot poésie. Ce que j'aime dans le travail de John Ford, c'est qu'il accorde toujours la priorité aux personnages. Pendant longtemps, étant journaliste, j'ai critiqué sa vision des femmes - que je trouvais trop dix neuvième siècle - puis, devenu metteur en scène, je me suis rendu compte que, grâce à John Ford, une splendide actrice comme Maureen O'hara a pu jouer quelques-uns des meilleurs rôles du cinéma américain entre 1941 et 1957. John Ford pourrait recevoir - ex æquo avec Howard Hawks- le prix de "la mise en scène invisible" , je veux dire que le travail de la caméra chez ces grands raconteurs d'histoires n'est pas discernable pour l'œil du spectateur: très peu de mouvements d'appareils - seulement pour accompagner un personnage - une majorité de plans fixes, toujours filmés à la distance exacte, ce style créant une écriture souple et fluide que l'on peut comparer à celle de Guy De Maupassant ou de Tourgueniev. Avec une aisance royale, John Ford savait faire rire le public et savait le faire pleurer; la seule chose qu'il ne savait pas faire, c'est l'ennuyer! Et puisque John Ford croyait en dieu: God Bless John Ford."

Texte tiré du livre les films de ma vie - François Truffaut - Ed Flammarion

Annie Girardot (25/10/1931 au 28/02/2011)



Nous nous souvenons qu'Annie Girardot jouait en 1960 Nadia dans Rocco et ses frères un film de Luchino Visconti, son plus beau rôle au cinéma.

dimanche 27 février 2011

Angeterre France - Crunch 2011

Le crunch est le nom donné par nos amis anglais à cette rencontre annuelle, moment crucial de la saison où se joue généralement la suprématie de l'hémisphère nord
La partie s'annonçait mal pour nos "soldats" français qui n'avaient pas beaucoup d'armes à disposition cette année pour affronter des anglais particulièrement affutés.
Et si la première mi-temps a semblé équilibrée c'est surtout grâce à leur courage que les joueurs français ont tenu le choc, mais dés le début de la deuxième mi-temps la cuirasse a craqué et les anglais sont venus déposer par leur talentueux arrière Ben Foden le ballon dans notre en but. La course poursuite était lancée, mais nos forces avaient trop peu d'arguments pour espérer percer la défense anglaise. Brouillons, maladroits peu inspirés, nous avons offert un jeu trop latéral incapable de mettre en danger la défense anglaise, excepté un instant où nous avons cru qu'Aurélien Rougerie allait aplatir le ballon dans l'en-but anglaiss ur une passe au pied de François Trinh-Duc, le joueur le plus inspiré du camp français.

Mais peine perdue, nous échappons de justesse à une correction sur un sauvetage de notre ailier Yoann Huguet pour un essai anglais qui semblait tout fait, les français s'en sortent à bon compte (17-9) et comme l'an dernier ils ont été incapables de marquer un essai aux anglais. Le public anglais pouvait entonner joyeusement le refrain mythique Swing low, Sweet Chariot

Le French flair, ce rugby fait de passes qui était notre orgueil, semble bien mort. Si on reprend les rencontres avec les anglais depuis le début de ce siècle, il est à noter que les anglais sont venus aplatir trente fois dans notre en but contre vingt fois pour les français.Nous voila bien loin de ce vieux cliché de l'anglais au jeu étriqué remettant en permanence son destin entre les pieds de son buteur!

samedi 26 février 2011

Purge - Sofi Oksanen

Purge cela a été un peu la sensation de la dernière rentrée littéraire du mois de Septembre. Largement commenté, nous arrivons un peu après la bataille. Il est vrai que Purge a tout du grand roman racontant la grande histoire au travers d'une histoire familiale intime. L'histoire de l'Estonie devient tragique à la signature du pacte germano soviètique où les deux monstres se partagent la région Baltique. Tragédie qui trouve sa fin avec l'écroulement de l'empire soviétique.

Purge c'est l'histoire de la vieille Aliide qui vit terrée chez elle après l'indépendance de l'Estonie, parce que menacée par ses voisins qui lui font payer sa proximité passée avec les russes. Puis un jour elle découvre Zara une jeune fille perdue dans son jardin, on comprend vite que Zara est une russe qui s'est échappée de la surveillance de ses maîtres proxénètes sans scrupules qui vendent les charmes des filles slaves à Berlin. Cette rencontre oblige Aliide à se retourner sur son passé, et ce n'est pas toujours très glorieux pour elle.

Purge c'est une suite de petits chapitres qui nous promènent à travers le temps et qui nous fait découvrir une histoire de famille, avec ses jalousies, ses mensonges et ses non-dits. Le récit n'est pas linéaire mais on ne se perd jamais. La première partie est un peu longue, on s'ennuie quelque peu, mais passées les cent cinquante premières pages nous sommes pris par le récit.

Purge est excellent roman d'une finlandaise qui nous était totalement inconnue!

vendredi 25 février 2011

David Goldblatt - Fondation Henri Cartier Bresson



David Goldblatt est un photographe Sud Africain. Il a été un témoin avisé de la tragédie sud africaine et de sa politique de l'apartheid. La fondation Henri Cartier-Bresson rend hommage à son travail remarquable avec une exposition organisée en deux parties.

Au premier étage, sont rassemblées des photos réalisées durant l'apartheid entre 1950 et 1990. Il nous est rappelé dans le programme de présentation: "En 1948, l'apartheid est proclamé, les personnes de couleur sont consignées dans certains quartiers périphériques pour les éloigner du centre-ville et donc de toute possibilité d'intégration. L'un des pires effets de l'apartheid c'est qu'il a empêché d'appréhender le mode de vie de l'autre, rappelle le photographe." Une soixantaine de clichés noir et blanc témoigne de cette réalité, photographiant le quotidien dans sa plus simple expression David Goldblatt rend compte d'une situation scandaleuse où les populations noire et indienne sont obligées de s'écarter du centre ville au gré des lois raciales votées par le gouvernement blanc

Au deuxième étage, un travail plus récent de David Goldblatt rend compte de la violence au quotidien en Afrique du Sud. La série des ex-offenders, présente des portraits de criminels pris à leur sortie de prison sur le lieu de leur forfait. A chaque photo est associé le témoignage du criminel. A chaque fois nous retrouvons plus ou moins les mêmes circonstances: pauvreté, alcool, drogue, déscolarisation, ... le parcours est souvent fait de récidives, certains s'en sortent souvent à la suite d'une rencontre avec des bénis oui-oui qui leur vendent Dieu pour seul espoir... Les portraits sont beaux, les textes terribles, nous sommes effrayés de voir que pour certains la vie n'a pas laissé d'autre alternative que la violence pour assurer leur survie.

Exposition impressionnante, le travail sans concession de David Goldblatt , témoignage terrible d'un pays à l'histoire tourmentée, doit être vu car il est une réflexion rare sur le rapport violence urbanité qui ne peut laisser insensible. Comprendre les raisons des violences urbaines est peut être le seul moyen de trouver des réponses plus appropriées que des simples gesticulations populistes, à voir donc!

David Goldblatt - Fondation Henri Cartier-Bresson - jusqu'au 17 avril 2011 - Cliquez ici (pour en savoir plus)

mercredi 23 février 2011

Les Westerns


True Grit le dernier film des frères Coen est un western, un genre devenu rare au cinéma Nous nous avons une passion commune. Le western raconte les légendes de l'ouest, légendes fondatrices d'une nouvelle nation qui grandit sur la massacre d'un peuple les indiens. Parce que le western est aussi un genre qui confronte l'homme à la nature, il est le cinéma des grands espaces.

Alors nous livrons la liste de nos westerns préférés:

1) Les Cheyennes de John Ford
2) Rio Bravo de Howard Hawks
3) The searchers (la prisonnière du désert) John Ford
4) The naked spur (L'appât) Anthony Mann
5) Johnny Guitar de Nicholas Ray
6) Red River de Howard Hawks
7) La charge fantastique Raoul Walsh
8) La trilogie: Fort apache, She wore a yellow ribbon (la charge héroïque), Rio Grande
9) The big sky (la captive aux yeux clairs) - Howard Hawks
10) Winchester 73 - Anthony Mann
11) Wagonmaster (Le convoi des braves) - John Ford
12) Jesse James (Le brigand bien-aimé) - Henry King
13) L'homme qui tua Liberty Valence - John Ford
14) Duel au soleil - King Vidor
15) La flèche brisée - Delmer Daves
16) Impitoyable - Clint Eastwood
17) la rivière sans retour - Otto Premminger
18) L'homme de l'ouest - Antony Mann
19) Le gaucher -Arthur Penn
20) Quarante tueurs - Samuel Fuller

mardi 22 février 2011

Le voyage fantastique - Richard Fleischer (1965)


Le guide des films de Jean Tulard résume ainsi ce film de science fiction:

"Pour soigner une hémorragie au cerveau du savant tchèque Benes, un équipage de cinq personnes est placé dans un sous-marin atomique qui est ensuite miniaturisé et injecté dans un vaisseau sanguin afin d'atteindre le cerveau par les artères. En dépit de péripéties diverses à l'intérieur du corps de Benes (tentative de sabotage, absorption du sous marin par des anticorps...), la mission sera réussie et les survivants quitteront l'intérieur de Benes en nageant le long du nerf optique et en émergeant à la faveur d'une larme."

On retrouve très vite une ambiance "The Avengers" de la grande époque John Steed Emma Peel, nous pensions voir quelque chose d'absolument kitsch avec Raquel Welch, et finalement nous avons découvert un film de Science Fiction plus qu'honorable sur fond de guerre froide. Les scènes sont même fascinantes, nous nous promenons à l'intérieur du corps humain et tout finit par être crédible, il y a même une forme de suspens puisque la miniaturisation est limitée à une heure, nous suivons le parcours en temps réel. Etonnant non, pas vraiment si on se rappelle que Richard Fleischer est celui qui a adapté "Vingt mille lieues sous les mers" de Jules Verne ?

dimanche 20 février 2011

Aquarium de la Porte Dorée

Parce qu'au bout d'un moment , l'hiver devient long, et que l'idée d'affronter une journée de pluie est une épreuve. Un besoin de dépaysement, une envie subite d'aller voir les jolis poissons de la Porte Dorée !


samedi 19 février 2011

Proust contre la déchéance - Joseph Czapski

Joseph Czapski est un officier de l'armée polonaise, il échappe au massacre de Katyn se retrouve en camp, esclave des soviétiques. Pour tenir le coup, les prisonniers décident d'organiser des conférences et conserver ainsi une activité intellectuelle salvatrice. Lui, son sujet c'est "A la recherche du temps perdu" de Marcel Proust. Cet ouvrage est la retranscription de sa conférence ainsi introduite par son auteur:

"Cet essai sur Proust fut dicté l'hiver 1940-1941 dans un froid réfectoire d'un couvent désaffecté qui nous servait de salle à manger de notre camp de prisonniers à Griasowietz, en URSS. Le manque de précision, le subjectivisme de ces pages s'explique en partie par le fait que je ne possédais aucune bibliothèque, aucun livre concernant mon thème, que j'avais vu le dernier livre français avant septembre 1939. Ce n'étaient que des souvenirs sur l'œuvre de Proust que je m'efforçais d'évoquer avec une exactitude relative. Ce n'est pas un essai littéraire dans le vrai sens du mot,plutôt des souvenirs sur une œuvre à laquelle je devais beaucoup et que je n'étais pas sûr de revoir encore dans ma vie. Nous étions quatre mille officiers entassés sur dix quinze hectares à Starobielsk, prés de Kharkov, depuis octobre 1939, jusqu'au printemps 1940. Nous y avons essayé de reprendre un certain travail intellectuel qui devait nous aider à surmonter notre abattement, notre angoisse, et défendre nos cerveaux de la rouille de l'inactivité. Quelques-uns de nous se mirent à faire des conférences militaires, historiques et littéraires. Ce fut jugé contre-révolutionnaire par nos maîtres d'alors et quelques-uns des conférenciers furent immédiatement déportés dans une direction inconnue. Ces conférences ne furent quand même pas interrompues mais soigneusement conspirées."

C'est impressionnant par la qualité, l'intelligence, nous avons même droit à toute explication sur la difficulté de traduire les phrases de Proust en polonais. Il nous donne l'envie de nous replonger dans l'œuvre immense de l'écrivain français.
Joseph Czapski, a toujours été passionné par la culture française, il était régulièrement présent à Paris dès les années 20 pour y étudier et y mener ses activités de peintre.
C'est d'ailleurs en France et plus précisément à Maisons-Laffite qu'il trouve refuge après la guerre, il y décède en 1993.

Joseph Czapski - Proust contre la déchéance - Ed Noir sur Blanc

vendredi 18 février 2011

Tal Al- Mallouhi

Tal Al-Mallouhi est une jeune lycéenne et une blogueuse syrienne de 19 ans. Elle vient d'être condamnée à cinq ans de prison par la Haute Cour de Sureté de l'Etat à Damas pour intelligence avec un pays étranger (Les Etats Unis). le procès s'est tenu de manière secrète

Elle est la petite fille d'un ancien ministre de Hafez Al-Assad, le défunt père de Bachir Al-Assad...

Nous ne savons pas grand chose de cette affaire mais nous ne croyons pas une seconde à cette histoire d'espionnage. Nous voyons là une tentative désespérée d'une dictature voulant imposer à tout pris le silence à une jeunesse épris de liberté...

Le 5 décembre dernier nous parlions de Kareem Amer un blogueur égyptien persécutés par le régime de Moubarak, nous avons juste envie que Tal Al-Mallouhi puisse gouter aux joies de la liberté.

Pour en savoir plus, www.blogueurssansfrontieres.org

jeudi 17 février 2011

Incendies Denis Villeneuve

Incendies est une pièce de théâtre de Wadji Mouawad, nous vous en parlions il y a peu . C'est l'histoire de deux jumeaux Simon et Jeanne qui enquêtent sur leur passé après le décés de leur mére qui leur a laissé deux lettres , une pour leur père et une autre pour leur frére dont ils ignoraient jusque là l'existence. Ils quittent le Canada pour un pays du Proche Orient qui n'est pas sans rappeler le Liban de la guerre civile sur les traces de leur origine. Nous étions quelque peu impatients de voir comment ce texte digne des tragédies grecques allait être adapté au cinéma.
Denis Villeneuve réussit la gageure de mêler récit intime et film de guerre avec une sobriété surprenante, la première scène où des enfants soldats sont tondus sur une musique sublime de Radiohead pouvait nous faire craindre un goût trop prononcé pour le "grandiloquent", il n'en est rien. De la guerre, il nous en montre toutes les horreurs où plus personne ne sait où se situe le bien du mal, les scènes sont parfois effrayantes mais la distance est toujours juste. Le récit est tendu, nous avançons avec les deux protagonistes à la découverte de l'horreur. Film réussi, servi par une superbe interprétation sans aucune fausse note!

dimanche 13 février 2011

Irene Nemirovsky, Memorial de la Shoah

Irene Nemirovsky est née à Kiev en 1903 où elle survécut avec sa famille au pogrom de 1905, mais la révolution bolchévique les contraint à l'exil. Après avoir passé un an en Finlande, Irène Némirovski rejoint enfin la France dont elle chérie tant la langue. Etudiante à la Sorbonne, elle a enfin trouvé sa place. Elle se consacre à l'écriture et devient un personnage important de la vie littéraire des années 30 notamment avec son roman David Golder qui fut l'objet de vives discussions.
Elle épouse Michel Epstein, un banquier avec qui elle a deux enfants. Ils se convertissent au catholicisme en 1939,espérant naïvement en finir avec le fléau antisémite. Mais l'espoir tourne au cauchemar en 1940, après l'exode ils se réfugient dans un village du Morvan pour se mettre à l'abri. Arrêtée par la gendarmerie français elle est déportée le 17 juillet 1942 sans retour à Auschwitz (convoi N°6). Son mari la suit peut de temps après, il est assassiné dés son arrivée à Auschwitz, ses filles protégées et cachées des autorités survivent à la Guerre.

Exposition passionnante avec de nombreux documents sur son travail d'écrivain, sa vie personnelle rendent compte de ce destin tragique. Il convient de s'arrêter et d'écouter le témoignage émouvant de sa fille Denise.

Vous ne pouvez pas vous rendre à l'exposition, le site est très bien documenté,cliquez ici

Irène Némirovski, "il me semble parfois que je suis une étrangère"

Herve Guibert, MarcTrivier, Henri Huet: Maison europenne de la photographie


Visite à l'improviste des quatre expositions du moment de la Maison Européenne de la photographie:

-Les collages de Jacques Prévert qui fut l'ami de nombreux photographes, Robert Doisneau, Izis, Willy Roonis, André Villiers... Ici on découvre un travail peu connu du poète qui s'amuse à découper des images dans divers magazines pour détourner les clichés de ses compères. C'est drôle, parfois poétique mais aussi anecdotique... un moment de légèreté!

- Première exposition consacrée à l'œuvre photographique d' Hervé Guibert. 230 clichés et son film," La pudeur ou l'impudeur" sont présentés ici. Des autoportraits , une série d'une Isabelle Adjani radieuse, un portait magnifique de Dominique Sanda, des amis, Patrice Chéreau, Mathieu Lindon..., le maître Michel Foucaud, un géant Orson Welles, un duo magnifique Suzanne et Louise et bien d'autres clichés composent ce parcours... On se promène avec bonheur dans cette exposition, le regard porté sur l'autre par Hervé Guibert est toujours bienveillant, généreux foncièrement humain. Nous avons également été émus par les lettres manuscrites présentées, objet devenu si rare à notre époque...

- Marc Trivier, né en Belgique en 1960, 30 ans de photos sont résumés ici. Des photos d'écrivains, de peintres. Généralement ils posent chez eux assis face à l'objectif. On croise ainsi les figures de Samuel Beckett, Nathalie Sarraute, Francis Bacon, John Cage, Andy Warhol... tous l figures importantes de la fin du XXeme. Mais l'exposition ne se résume pas à cette série de personnalités, Marc Trivier a réalisé une série sur les abatoirs, une autre sur des patients d'hôpitaux psychiatriques. Aucun effet dans ses photos, ils se concentrent sur leur sujet... Le tout est cohérent et donne un ensemble d'une grande force. Une vraie révélation .

Enfin pour finir un hommage à Henri Huet photographe de guerre, mort il y a 40 ans lors du conflit au Viet-Nam. L'exposition est consacrée aux photos prises lors de ce conflit au cœur de l'action et du drame. C'est terrible, nous lisons la peur, l'incompréhension, l'impuissance face à la mort sur les visages des jeunes marines. Quelle connerie la guerre! disait Prévert.
Nous pensons à ses jeunes gens qui sont en ce moment même au cœur de l'Afghanistan...mais les photographes ne sont plus là pour témoigner.

Nous n'avons pas regretté notre arrêt imprévu à la MEP, ces expositions valent le détour.

Photos: Samuel Beckett par Marc Trivier

samedi 12 février 2011

La maison du Professeur - Willa Cather

Un quatrième de couverture qui présente parfaitement ce roman: " Le professeur St Peter, historien reconnu, au faîte de sa carrière dans une université proche du lac Michigan, doit quitter sa maison pour une plus grande, plus belle, qui correspond mieux à sa réussite et au désir de sa femme et de ses filles. Il résiste et se souvient - surtout d'un jeune étudiant devenu son ami, dont l'histoire lui rappelle sa jeunesse. Willa Cather se retrouve dans le portrait de ce professeur d'une cinquantaine d'années à l'apogée de ces capacités intellectuelles mais qui pressent les bouleversements trop rapides, trop durs, de sa vie. La maison du professeur est un roman sur les déchirures entre le langage et le silence, le matérialisme et l'idéalisme, et par dessus tout, sur le passé et le présent."

Mathieu Lindon en parlait si bien et avec tant d'enthousiasme dans son dernier livre que nous n'avons pas résisté longtemps à découvrir cette auteur qui avouons le nous était parfaitement inconnue. Et quel bonheur que cette littérature dans la grande tradition du roman populaire qui nous mène au bord du lac Michigan au début du XX° siècle. Aucune fioriture, une totale simplicité , Willa Cather a un talent de conteuse extraordinaire, on se laisse mener de la première à la dernière page, c'est brillant, intelligent... les personnages ne sont en aucun cas des archétypes, ils ont tous leur complexité leurs faiblesses et leur grandeur.
En terminant cette première lecture, nous savons juste que c'est le début d'une rencontre, nous allons très vite replonger dans l'oeuvre de Willa Cather!

Ignorants, nous sommes allés voir ce que raconte Wikipédia, et nous ne sommes pas surpris au vu de ce que nous avons lu de ce jugement: "Cather a été un écrivain populaire encensé par les critiques, durant l'entre-deux guerres. William Faulkner, Sinclair Lewis et Henry Louis Mecken ont exprimé l'extrême admiration qu'ils avaient pour son œuvre; le premier la citant parmi les quatre grands auteurs américains du siècle, le second disant qu'elle méritait plus que lui le prix nobel de littérature."

vendredi 11 février 2011

Jungles - Patrice Thibaud

"L'observation et la contemplation des animaux m'ont toujours renvoyé à leur humanité et inversement à l'animalité de l'homme. Animalité plus ou moins refoulée qui peut à tout moment prendre le pas sur l'homme "civilisé" que nous sommes. Le rapport est étroit mais encore tenace entre l'homme et la bête. Il ne s'agit pas de culpabiliser le spectateur en l'effrayant sur sa profonde nature prédatrice mais plutôt de lui faire accepter, avec humour, tendresse et poésie,ses ancestraux réflexes de défense et de survie.

Ainsi est défini ce spectacle essentiellement visuel par son créateur Patrice Thibaud, connu pour sa participation aux spectacles de Jérome Deschamps et Macha Makeïef. Souvent ce genre de numéros finit par user d'un comique de répétition qui peut lasser, créer des temps faibles. Ici rien de tel, on est capté du début à la fin, c'est drôle parfois terrible car le regard est sans concession sur les travers des humains, mais on ne cesse de rire à gorge déployée, un chef d'œuvre!

Génial, absolument génial ! A ne pas rater !

Avec Lorella Cravotta Philippe Leygnac Patric Thibaud et la participation de Guillaume Romain.

Nous n'avons malheureusement pas trouver des dates de tournée...

mercredi 9 février 2011

La justice

Les juges sont en colère et ils le font savoir. Un grand mouvement de contestation est engagé, expression d'une exaspération de ne pouvoir exercer correctement leur mission. A chaque drame, ils sont jetés à la vindicte populaire par notre grand manitou (quoique pas si grand que cela)!

La justice nous avons tout intérêt à nous y intéresser de plus près, parce qu'une réforme est dans les tuyaux, et il est prévu que d'ici la fin de l'année la justice soit désormais rendue par des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels... Le bon peuple serait moins laxiste que les "juges complaisants". Nous cela nous fait vraiment pas envie de nous retrouver dans un jury, mais lorsqu'on est tiré au sort pas possible d'y échapper!

Il existe un blog formidable qui décrypte le fonctionnement de notre justice, c'est celui de Maître Eolas, une lecture passionnante!

Il y a peu il a laissé un espace à une juge pour enfants qui raconte son expérience, nous en apprenons beaucoup, la lecture de ce témoignage nous semble indispensable.

Alors cliquez ici

lundi 7 février 2011

Let England Shake- PJ Harvey

Le 8eme Album de PJ Harvey doit sortir le 15 février, nous sommes impatients. Une petite vidéo en attendant:

dimanche 6 février 2011

Carmen, une production des concerts de poche


C'est une adaptation de Carmen pour 5 chanteurs et 13 musiciens qui nous était proposée ce jour. Intitulé l'histoire tragique de Carmen et Don José, tragique ce fut surtout le spectacle proposé. Une quasi absence de mise en scène, les acteurs évoluaient dans un décor de carton pâte qui pouvait nous rappeler les spectacles d'antan de l'ORTF. L'impression désagréable de retrouver l'esprit des dimanches après-midi s de Jacques Martin.

Aucun point de vue, aucun parti pris, les personnages n'ont aucune épaisseur, de Carmen on ne ressent jamais l'amour qu'elle est censée provoquée, Don José au jeu grotesque est ridicule de bout en bout. C'est la consternation qui atteint son paroxysme dans un duel au couteau totalement improbable entre Don José et le Toreador. Avec d'autres, nous retenons difficilement les ricanements!

C'est avec soulagement que nous assistons à la mort de Carmen, le rideau tombe, le supplice se termine. A vous dégouter de l'opéra !

Le programme distribué à l'entrée annonçait quelque peu la couleur, aucun metteur en scène n'était cité.... il disait vrai!

Daimler s'en va - Fréderic Berthet

"Daimler est assis sur une chaise au milieu d'une pièce. Un rayon de soleil se promène sur le parquet. Le silence est complet. Daimler ressemble à un détective privé dont les affaires ne marcheraient pas très fort".

Ainsi commence le roman de Frédèric Berthet. Un peu plus loin nous tombons sur un passage (page 17) à nous faire saliver en ce mois de février grisâtre:

Il fait beau. Il fait incroyablement beau sur Paris.

La quatrième de couverture nous en dit un peu sur ce Daimler:

Un héros, ce Raphaël Daimler, dit Ralph? Plutôt un anti-héros. Il tombe amoureux,se fait larguer, consulte Uri Geller qui se propose de tordre une fourchette, un psy qui lui vole les photos de l'aimée.

L'extrait de la critique de Eric Neuhoff en bas de page est évidemment élogieuse, nous partageons cet enthousiasme:

"Le livre de Berthet procure un plaisir fou au lecteur. Il fait un gros clin d'œil à Salinger. Les dialogues pétaradent. C'est brillant, enlevé, français en diable."

Nous c'est Jean Echenoz qui dans une émission littéraire du net "Interligne" le conseillait. Comme il vient juste de ressortir dans une collection de poche (coll le vermillon ed la table ronde) nous nous sommes précipités, nous le regrettons vraiment pas, ça se lit en un instant. Merci M Echenoz.

Pour finir de vous convaincre, nous vous conseillons la lecture de cet article de Gilles Torjman, cliquez ici

samedi 5 février 2011

Incendies - Wajdi Mouawad

Un quatrième de couverture parfait: " Lorsque le notaire Lebel fait aux jumeaux Jeanne et Simon Marwan la lecture du testament de leur mère Nawal, il réveille en eux l'incertaine histoire de leur naissance: qui fut donc leur père, et par quelle odyssée ont-ils vu le jour loin du pays d'origine de leur mère? En remettant à chacun une enveloppe, destinées l'une à ce père qu'ils croyaient mort et l'autre à leur frère dont ils ignoraient leur existence, il fait bouger les continents de leur douleur: dans le livre des heures de cette famille, des drames insoupçonnés les attendent, qui portent les couleurs de l'irréparable. Mais le prix à payer pour que s'apaise l'âme tourmentée de Nawal risque de dévorer les destins de Jeanne et Simon"

Comment avons nous pu ne jamais aller voir un spectacle de Madji Mouawad est la première réflexion qui nous vient en terminant la lecture de cette pièce. Si on peut penser que toutes les guerres contemporaines ont inspiré ce drame, on pense évidemment à la terrible guerre civile du Liban, où au nom de la stupide loi du talion les hommes se sont laissés entrainer dans le cercle vicieux de la barbarie.
Cette pièce se lit comme un roman, la langue est impressionnante, il est rare de trouver dans le théâtre contemporain des drames d'une telle force, histoires qui ne sont pas sans rappeler les tragédies grecques, nous sortons secoués de cette lecture.

Nous n'avons pas encore vu l'adaptation cinématographique du québécois Denis Villeneuve, mais cela ne saurait tarder!

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