vendredi 30 décembre 2016

Fais de beaux rêves - Marco Bellochio

Turin, Massimo enfant unique qui habite avec ses parents juste en face du stade du Torino, doit apprendre à vivre sans sa mère morte brutalement alors qu'il n'est âgé que de neuf ans... Seul avec son père, il n'accepte pas la disparition de sa mère, seule Belphegor dont il regardait les épisodes avec sa mère semble avoir une influence sur lui et pas toujours la meilleure ..
Nous le retrouvons à l'age adulte, devenu journaliste à la Stampa, son travail le mène jusqu'à Sarajevo durant le siège tragique de la capitale bosniaque...  il garde en lui une souffrance intime, il finit par succomber à des crises d'angoisse. Une médecin de l’hôpital arrive à le faire parler, Massimo n'a toujours pas fait le deuil de sa mère, peut être parce qu'il pressent que sa mort est entourée d'une secret...
C'est un film magnifique de Marco Bellochio, un film romanesque, intime qui nous livre un portrait de l'histoire de la fin du siècle dernier, un film fait de mensonges où nous voyons la délivrance du héros à travers une danse endiablée où Valerio Mastandreo tout d'un coup s'élève au niveau de  John Travolta.... C'est un film magnifique d'un maitre du cinéma italien !

jeudi 29 décembre 2016

Pierre Barouh (19 février 1934 - 28 décembre 2016)

Parfois la musique d'un film a fait plus pour sa postérité que le talent du réalisateur, tel nous semble le cas pour Un homme et une femme de Claude Lelouch, dont la ritournelle composée alors par Pierre Barouh vient immédiatement à l'esprit à l'évocation du couple incarné par Jean louis Trintignant et Anouk Aimée.
Il fut un musicien essentiel, un découvreur de talent; par sa curiosité, il a enrichi la chanson française de sons venus d'ailleurs et notamment du Brésil.
En ces temps de pollution, nous nous demandons s'il ne serait pas sage de faire de sa bicyclette notre hymne national !


mercredi 28 décembre 2016

Personnal Shopper - Olivier Assayas

Maureen, s'occupe de la garde robe d'une personnalité ... ce boulot de personnal shopper  ne la passionne pas mais  lui permet de rester à Paris, où elle espère entrer en contact avec son frère jumeau, décédé d'une crise cardiaque. Elle partageait avec lui des dons de médium ... Elle traverse Paris sur son scooter, fait des aller retour à Londres pour satisfaire les caprices vestimentaires de sa patronne et sur son temps libre, en fin de journée elle se rend dans une grande maison acquise par son frère attendant qu'il lui fasse signe...
La rumeur peu enthousiaste notamment au moment du festival de Cannes aurait pu nous détourner du dernier film de Olivier Assayas, cela aurait été une erreur .... nous avons été "vampirisés" par cette histoire de fantômes, Kristen Stewart captive de bout en bout. Après sa participation remarquée dans Sils Maria, elle s'impose de manière significative dans la filmographie du cinéaste . Plus qu'un film de fantômes, c'est un vrai portrait du deuil, de ce temps nécessaire pour se séparer de la présence de l'être disparu ... Un film qui nous rappelle la nouvelle vague et notamment Jacques Rivette qui avait une passion pour les fantômes, un temps où de jeunes gens avait pris Alfred Hitchcock pour modèle...  Personal Shopper est un grand film de cette année 2016 !

Claude Gensac (1er mars 1927 - 27 décembre 2016)

Après la disparition de Carrie Fisher, voila qu'une dépêche du monde nous annonce le décès de la comédienne Claude Gensac. Si nous n'avons jamais été Star Wars, nous n'avons pas eu de passion pour les gendarmes../ Nous avons définitivement un problème avec les sagas cinématographiques...
Claude Gensac, nous l'avions retrouvée dans les films d'Emmanuelle Bercot Elle s'en va  et celui de Rachel Lang II Baden Baden. Elle y était à chaque fois formidable, sa sortie est plutôt réussie !

Carrie Fisher (21 octobre 1956 - 27 décembre 2016)

Par moment, au vu de l'émotion déclenchée nous nous sentons exclus de la communauté mondiale .Nous devons le confesser, Carrie Fisher ne nous dit pas grand chose, et nous nous sentons quelque peu à l'écart de l’émotion suscitée par sa disparition... Il nous faut aussi confesser que Star Wars dans notre vie , c'est pas grand chose non plus !

mardi 27 décembre 2016

Expo 58 - Numéro 11 - Jonathan Coe

Nous avions eu un vrai coup de foudre pour Jonathan Coe à la lecture du Testament à l'anglaise . Enthousiasme confirmé par l'excellent Maison du sommeil, avant d'aller de déception en déception au fil de ses sorties, nous avions trouvé l'ennui chez l'auteur anglais. Jonathan Coe était tombé du piédestal où nous l'avions installé. Nous venons de le retrouver à travers de ses deux derniers romans qui nous ont enchanté.
Expo 58, nous conte l'histoire de Thomas Foley fonctionnaire obscur du ministère de l'information à la vie peu palpitante à qui on propose de participer à l'exposition universelle de 1958. Alors en plein guerre froide, les  pays des deux blocs vont se retrouver dans la capitale belge avec pour ambition d'épater son adversaire mais aussi de l'espionner... Notre héros se retrouve au milieu d'un nid d'espions et de jeunes filles belges qui jouent les guides pour les intervenants étrangers et dont il est parfois difficile d’échapper aux charmes. Nous retrouvons à travers ce roman un monde disparu que Jonathan Coe décrit avec son humour britannique , qui est à la hauteur de sa réputation, c'est un vrai délice qui de se plonger dans cette histoire d'espionnage dont le côté parodique des personnages n'est pas forcé (quoique ...), et il nous confirme par ailleurs que malgré les apparences la Belgique reste une destination exotique.

Dans Numéro 11, Jonathan Coe revient à l'Angleterre contemporaine et le ton est nettement moins  mélancolique que son précédent roman. Nous retrouvons ici un Jonathan Coe à la plume particulièrement caustique, ce ton qui nous avait emballé lors de notre découverte du testament à l'anglaise. Ici tout commence par l'histoire de deux adolescentes Alison et Rachel installées le temps des vacances chez les grands parents de Rachel, elles sont intriguées par la maison voisine du 11 Nedless Alley et sa propriétaire surnommée la folle à l'oiseau. Tout commence comme un roman d'adolescents et c'est là la partie la plus faible du roman.
Nous retrouvons plus tard Alison dont la mère est  une chanteuse ayant connu une fois le succès  et qui espère retrouver une place dans ce milieu en participant à une émission de téléréalité qui se révèle être un  désastre.Alors qu' Alison se retrouve dans la mouise pour avoir un peu grugé les services sociaux,
Rachel est engagée dans une famille huppée de Londres, pour tenter d'améliorer le niveau intellectuel des gamins. Installés dans une maison chic, les propriétaires ne sont pas autorisés à élever le niveau de leur demeure alors ils aménagent des sous sols jusqu'à un inquiétant niveau: le - 11.
Il ne lésine pas Jonathan Coe,  il s'attaque à l'Angleterre toute puissante, celle qui veut faire de l'argent sans état d’âmes, avec d'une verve réjouissante. Surement en vain tant rien ne peut ébranler ces gens là pour qui le monde semble être sans limites, parfois un juge, un agent du fisc, un fonctionnaire tatillon viennent contrarier leur toute puissance.... ils sont  d'une vulgarité à toute épreuve. L'Angleterre de Margaret Thatcher est toujours bien vivante! La lecture de ce dernier roman irrésistiblement et sinistrement drôle fait mieux comprendre la mélancolie du précédent ouvrage !

En 2016 Jonathan Coe est remonté sur notre piédestal !

lundi 26 décembre 2016

George Michael (25 juin 1963 - 25 decembre 2016)

En ce temps là, nous écoutions trop les clash pour pour pouvoir aimer George Michael, star des années 80... Après il faut bien avouer que nous avions quelque peu oublié son existence . Ce n'était surement pas un mauvais bougre,  du coup on se remet un petit cou de Faith, hit des années 80... R.I.P !




dimanche 25 décembre 2016

L'aigle des mers - Michael Curtiz

Geoffrey Thorpe est un redoutable corsaire anglais, il revient toujours triomphant à la cour d'Angleterre d’Elizabeth 1ere... Les Espagnols finissent par lui mettre le grappin dessus;  c'est à cette occasion, qu'il découvre le projet sombre du roi d'Espagne Philippe II, qui souhaite lancer sa puissante Armada contre le royaume anglais pour assoir définitivement sa puissance sur la planète.. Pour arriver à ses fins, il est aidé par un traitre espionnant la cour d'Angleterre, Lord Wolfingham .... Geoffrey Thorpe va t-il arriver à mettre fin à ce noir projet ?
Pour célébrer Noël, nous avons choisi un classique du film d'aventures avec le meilleur des pirates hollywoodiens resté inégalé à ce jour, Errol Flynn... Olivia de Havilland n'est pas présente mais elle n'a pas tous les atouts pour jouer la belle espagnole du film, c'est donc Brenda Marshall qui endosse le rôle de l'amoureuse. C'est parfaitement réalisé par Michael Curtiz, un vrai bonheur de revoir ce film qui n'a pas pris une ride... Tourné en 1940, il est facile de faire un parallèle avec la situation d'une Angleterre se retrouvant seule face au monstre nazi... Les ressemblances ne sont pas dues au hasard, et le discours final de la Reine Elizabeth est un véritable appel à la mobilisation générale contre l'ennemi. L'aigle des mers est le film de pirates le plus churchillien de l'histoire du cinéma.
C'était notre film de Noél de l'année 2016 !

samedi 24 décembre 2016

Cigarettes et chocolat - Sophie Reine

Cigarettes et chocolat chaud, premier film de Sophie Reine est une comédie familiale, où un père un peu bohème qui élève seul ses deux filles après la mort de sa femme voit les services sociaux lui tomber
sur le dos. Parce qu'il est parfois un peu débordé et qu'il se retrouve à aller chercher sa plus petite au commissariat le soir , il s'est fait repérer . Il va lui falloir prouver qu'il est un bon père.
C'est une comédie sympathique, un objet modeste.... Gustave Kerven donne toute son épaisseur à ce film et nous finissons par nous prendre de sympathie pour ces personnages faisant fi de toutes les invraisemblances scénaristiques.
Parce que le monde de Sophie Reine est à l'opposé de celui voulu par François Fillon nous avons un petit coup de cœur pour ce film modeste et génial.

vendredi 23 décembre 2016

The Rolling Stones - Blue & Lonesome

Trop jeunes pour vivre leur période glorieuse et intense, notamment celle entre Beggars Banquet et Exile On Main street, nous n'avons jamais eu la joie de connaître avec enthousiasme la sortie d'un album des Rolling Stones. Et nous n'espérions plus grand chose du groupe anglais.... Et voila que les braves gars ont eu l'idée  géniale de retourner à leurs premiers amours, la reprise de vieux blues des maîtres de Chicago: Howlin' Wolff, Jimmy Reed, Willie Dixon ....
Blue & Lonesome, 12 reprises de blues de Chicago, où les vieux rockers retrouvent la joie communicative de jouer ensemble avec un Mick Jagger qui ressort pour l'occasion son vieil harmonica, Eric Clapton s'invite le temps d'une chanson. Les "vieilles ganaches" du rock ont replongé dans le bon vieux blues qui a nourri leurs débuts, ils s'éclatent et nous enchantent.
Nous avons enfin acheté avec plaisir un album des Stones au moment de sa sortie !




jeudi 22 décembre 2016

Paterson - Jim Jarmusch

Il est né Paterson à Paterson. Il n'a jamais quitté sa ville. Il est conducteur de bus, la vie de Paterson est réglée comme une horloge... Il la partage  avec une charmante jeune femme, le matin il se lève pour prendre son service. Le soir, il part faire un tour dans son quartier pour sortir son chien, il fait une pause dans le bistrot du coin pour retrouver des habitués et boire une bière.
Banalité d'un quotidien sans surprise, pour autant Paterson est un être singulier, un poète qui compose ses vers tous les matins avant de prendre son service sur justement cette banalité du quotidien. Son amoureuse le pousse à faire une copie de ses textes gardés dans un carnet secret et de les faire connaître , en vain,  il n'aspire à aucune forme de célébrité ...
Paterson est un poète, comme Paterson en a connu plusieurs, William Carlos Williams et Allen Ginsberg sont également passés par là... Il fait partie de ces êtres rares qui ont la capacité de poser un regard différent sur le monde ... l'air de rien ils scrutent ce qui les entoure, ils usent de leurs sens pour capter la beauté des choses. Entre eux, ils savent se reconnaître, ils forment une confrérie de gens rares et indispensables...
C'est un film d'une beauté captivante que nous livre le cinéaste, à travers sa caméra il nous permet de percevoir le monde dans la banalité d'une ville américaine, tel qu'il peut être vu par un poète... Adam Driver avec sa démarche dégingandée a tout de l'albatros, mais tel le géant des mers c'est un véritable prince...il est ici parfaitement accompagné par Golshifteh Faharani.
Nous avons été sous le charme de Paterson, Jim Jarmusch signe un film magnifique, un hommage à la poésie, il nous montre le chemin de la sagesse loin du chaos du monde ... Jim Jarmusch est un grand sage !

dimanche 18 décembre 2016

Manchester by the sea - Kenneth Lonergan

Après la mort brutale de son frère ainé Joe, Lee est de retour à Manchester petite ville de bord de mer où il a vécu un drame familiale tragique dont il porte la responsabilité . Son frère l'a nommé dans son testament tuteur de son fils unique. Lee est bouleversé par cette situation, il tente de faire face pour être à la hauteur des dernières volontés de son frère ...
C'est un film bouleversant d'une beauté imparable nous sommes restés scotchés littéralement sur notre fauteuil, terrassés d’émotion. Casey Affleck est prodigieux, peu bavard il donne toute la consistance à son personnage dont nous ressentons physiquement toutes les failles et les méandres de son âme, il est douloureusement beau. Tout est juste, parfait, Kenneth Lonergan maitrise totalement son film, chaque geste est essentiel ,  nous n'avions pas connu une telle émotion depuis l’extraordinaire Oslo, 31 août de Joachim Trier. Un film qui ne cessera de nous hanter !

samedi 17 décembre 2016

Une semaine et un jour - Asaph Polonsky

Dans la tradition juive, la mort d'un proche est suivie d'une période de deuil de sept jours avant de reprendre le cours normal de la vie. Eyal et Vicky ont perdu leur fils unique. Après la semaine de deuil, Vicky tente de tenir le coup en se replongeant dans la banalité du quotidien, Eyal est dans la rupture, la transgression il part dans une errance improvisée avec le fils de leur voisin ...
Un film sur le deuil qui ne verse jamais dans le lacrymal, un film d'une très grande subtilité sur la douleur infinie de deux êtres . C'est une comédie surprenante, parfois déroutante servie par des acteurs formidables, notamment Shai Avivi génial dans la rôle du père.  Une belle réussite, étonnamment nous sommes sortis presque ragaillardis de la salle de cinéma !

samedi 10 décembre 2016

Baccalauréat - Cristian Mungiu

Depuis son plus âge, le destin d'Eliza, fille d'un chirurgien Roméo et d'une bibliothécaire, est écrit. Après avoir obtenu son baccalauréat, elle partira suivre ses études en Angleterre,loin de la Roumanie qui n'offre pas beaucoup d'avenir à sa jeunesse. Ses excellents résultats lui ont permis d'obtenir une bourse il ne lui reste plus qu'à réussir brillamment son baccalauréat. La veille de ses examens, elle est victime d'une tentative de viol, elle se luxe le poignet... Elle n'est plus en capacité de réussir son examen avec 18 de moyenne.
Son père va tout faire pour trouver une solution à cette situation injuste et révoltante, et glisser dans une corruption qu'il avait toujours refusée jusqu'à ce jour... un terrain glissant, très glissant !
La caméra de Cristian Mungiu vit au plus prés de ses personnages dans de longs plans séquence comme pour mieux nous en faire ressentir tous les tourments, leur destin est inéluctable , ils ont beau se débattre ils ne contrôlent plus rien ... Le récit  s'ouvre par l'annonce du succès programmé d'Eliza, puis tout s'écroule et le film se déploie tel un thriller. Malgré toute sa bonne volonté Roméo voit ses rêves s'écrouler ...mais au delà de ce  simple destin individuel , Cristian Mungiu nous dresse le portrait d'une Roumanie rongée par la corruption et qui peine à se relever de ses années de plomb, l'Angleterre semble être le seul espoir d'avenir pour sa jeunesse. Désespérant !
Il signe à nouveau un film fort, confirmant qu'il est un des cinéastes majeurs de notre temps !

vendredi 9 décembre 2016

Laetitia - Ivan Jablonka

Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011, Laetitia Perrais a été enlevée à 50 mètres de chez elle ... Son décès n'a pas fait de doute même s'il fallut plusieurs semaines pour retrouver son corps, elle avait été poignardée et étranglée. Son meurtrier Thierry Meilhon fut vite confondu, il avait un casier judiciaire particulièrement chargé.
Au delà de l'horreur du crime, c'est l'intervention outrée de Nicolas Sarkozy alors Président de la République reprochant aux juges d'avoir été défaillants qui marque cette tragédie ... Une réaction qui provoqua l'émoi dans le monde judiciaire, huit mille juges descendirent dans la rue pour défendre leurs collègues, mais plus encore l'honneur de la justice.
Car s'il y eut faute, ce fut par manque  de moyens, les coupes budgétaires du gouvernement Fillon furent la première cause des dysfonctionnements. L'intervention du Président de la République a compliqué l'enquête, a jeté l’opprobre sur une institution qui se débrouille avec ses petits moyens et a au final nourri les populismes , coup bas porté à la République !
Ivan Jablonka, historien de formation, se plonge dans ce fait divers définitivement jugé, décortique le fonctionnement de la justice et notamment de l'enquête judiciaire où des hommes et des femmes donnent tout leur temps... Avec les méthodes de sa profession, il décortique les événements, dresse les portraits des meurtriers, des victimes et de ceux qui cherchent la vérité et à travers ce fait divers, il révèle les travers de notre temps, fait un portrait juste de la France et plus précisément celle de ces zones périurbaines mais plus que tout, il trace un portrait émouvant de Laetitia sans pathos, il lui rend justice.Un très grand livre qui pourrait faire date tel de sang froid de Truman Capote !

jeudi 8 décembre 2016

Amos Oz - Judas

Shmuel Asch , étudiant asthmatique, travaille sur un mémoire de maitrise consacré à "Jésus dans la tradition juive" . Quitté par sa petite amie partie se marier avec un autre, sans un sou depuis la faillite du commerce de ses parents, le jeune homme est sur le point d'abandonner ses études ,pour subvenir à ses besoins, il doit trouver un travail  correspondant à sa santé fragile . Il tombe par hasard sur une annonce qui lui permet d'obtenir un poste de garde malade auprès d'un vieil homme cultivé et reclus dans sa demeure. Son rôle, lui tenir compagnie en fin de journée; mais très vite, c'est Atalia Abravanel, la femme énigmatique qui partage la demeure du vieil homme qui fascine l'étudiant. Il cherche à découvrir le mystère de cette maison et son histoire . Une enquête qui l'oblige à revisiter l'histoire de la création d’Israël.
Des personnages singuliers se retrouvent dans un espace clos, de cet espace limité Amos Oz va nous plonger dans la grande Histoire et la création d’Israël  à travers un personnage, Shealtiel Abravanel , le père décédé d'Atalia qui s'était opposé à Ben Gourion, contre l'idée de la création d'un Etat Juif car il détestait tout nationalisme et  l'idée de frontière lui répugnait. L'homme fut considéré comme traitre et condamné à finir sa vie dans la solitude.
Amos Oz, après son passionnant roman autobiographique Une histoire d'amour et de ténèbres, nous replonge dans le quotidien de la  Jérusalem des années 50 où les conditions sont particulièrement difficiles. Son roman se lit avec passion, on ne souffre jamais de claustrophobie, dans cet espace fermé. Le personnage de Shmuel, par son coté larmoyant peut nous agacer dans les premières pages, mais nous finissons séduit par sa quête, et nous aimons être témoin des conversations avec son malade qui s'il a perdu l'usage de ses jambes conserve toute sa raison et  aime avec passion ferrailler sur les idées. Il nous invite à nous interroger sur la notion du traitre et de ceux qui ont du faire face aux "lynchages" de la population.
Amos Oz qui n'accepte pas la situation actuelle de son pays et son état de guerre permanent, écrit d'abord à ses concitoyens pour les inviter à réfléchir sur leur pays, sa situation, et les amener peut être sur une voie plus sage. C'est un livre fort, drôle, sensuel rempli d'humanité. Un très grand roman ...

mercredi 7 décembre 2016

Jean-Louis Murat - Morituri


Jean-Louis Murat est un chanteur prolifique, on n'a pas encore le temps de se lasser d'un album qu'un nouveau tombe dans les bacs. Morituri est son seizième opus, enregistré après les attenants de Novembre 2015; les événements tragiques imprègnent l'ambiance de cet album où le chanteur a invité des musiciens de jazz, la présence d'un piano lui donne une sonorité particulière .
Jean-Louis Murat d'album en d'album banalise l'excellence, sa discographie mérite d'être visitée dans son intégralité pour en mesurer toute sa richesse. Au moment où Bob Dylan est récompensé d'un prix Nobel de littérature, il nous faudrait aimer plus notre chanteur poète auvergnat  et lui donner une place plus grande dans nos salles de spectacles car il a tout d'un géant .
Nous aimons passionnément Moritutri un des plus beaux albums de l'année 2016 !





lundi 5 décembre 2016

Gotlib (14 juillet 1934 - 4 décembre 2016)

Avec la mort de Gotlib, une idole depuis nos jeunes années, les déconneurs dignes de ce nom se font particulièrement rares ... Signe que nous ne vivons pas une époque formidable ! Il ne nous reste plus qu' à nous replonger sans fin dans les albums du génial dessinateur et attendre des jours meilleurs !

samedi 3 décembre 2016

Ciel, mon placard ! Nicole Genovese / Claude Vanessa

Ciel mon placard ! Voila qui ne laisse pas de doute c'est bien le vaudeville qu'a souhaité revisiter sans nostalgie Nicole Genovese .... Madame Dada se réjouit de participer à l'inauguration des nouvelles galeries  avec son mari. Voila que ce dernier est convoqué auprès de sa mère à la santé chancelante installée à Rome.... Madame Dada doit trouver un nouveau cavalier, il suffit d'ouvrir les portes du placard...
Une trame qui n'est qu'un prétexte à se lancer dans une comédie loufoque où l'absurde trouve toute sa place ... le tout ponctué par l'intervention régulière d'une cantatrice finlandaise comme si Aki Kaurimaski s'était invité à cette grande fête, mise en scène par Claude Vanessa...

Sous son air de ne pas y toucher cela nous parle de la famille, de l'hypocrisie des couples et de bien d'autres choses, mais c'est surtout irrésistiblement drôle !

La fille de Brest - Emmanuelle Bercot

Histoire du Médiator, médicament coupe faim mis sur le marché sur le laboratoire Servier aux effets secondaires désastreux .... Irène Frachon, pneumologue au CHU de Brest découvre le danger de ce médicament qui a causé la mort de plusieurs de ses patients. Elle veut alerter, mais elle se retrouve confrontée à un mur , la toute puissance d'un laboratoire qui semble avoir les membres de l'administration dans sa poche... Mais la fille de Brest  se révèle tenace, elle fait éclater l'affaire après un long combat mais que de temps perdu ...
Filmer une histoire vraie est un genre difficile qui a souvent peu réussi au cinéma français sombrant dans l'écueil  des films indigestes ... Emmanuelle Bercot s'en sort brillamment, elle crée même du romanesque autour de ce beau personnage incarné par une Sidse Babett Knudsen épatante.  Elle donne une belle humanité à son personnage, doté d'une force incroyable mais pas sans  défauts comme tout un chacun, et c'est là toute la beauté de ce film de ne jamais sombrer dans un manichéisme inutile ... Cette affaire nous révèle notre République chancelante se laissant acheter par des puissants , ses organismes de contrôle gangrénés par les conflits d'intérêt ne jouent pas leur rôle  ... Des hommes et des femmes sont morts parce qu'un labo a laissé sur le marché un médicament nocif mais lucratif avec la complicité de membres éminents de la faculté .... Des hommes et des femmes sont morts, et aujourd'hui  il n'y a toujours pas de coupables désignés par la justice ... Une histoire terrible, une réforme des organismes de contrôle qui ont failli a été mise en place pour rassurer l'opinion publique, mais rien qui nous donne la garantie que nous sommes désormais à l'abri .
C'est cette histoire scandaleuse que nous a racontée avec brio Emmanuelle Bercot,  A voir de toute urgence!

samedi 26 novembre 2016

Soirée Minino Garay

Minino Garay était la vedette du soir au théâtre Jean Arp pour un concert en deux parties: une première en duo avec le le pianiste Baptiste Trotignon, et une deuxième autour de son quartet Vamos .
Minino Garay et Baptiste Trotignon ont signé ensemble un album Chimichurri, le nom d'un condiment sud-américain à base de piment, très populaire en Argentine. Cette rencontre a toute la magie d'un plat épicé où mille saveurs viennent éclater en bouche,une invitation au voyage irrésistible ...
Minino Garay a grandi du coté de Cordoba aux sons des bals populaires avant de rejoindre la capitale Buenos Aires puis de partir du coté de Paris pour multiplier les rencontres et enrichir ses talents de percussionnistes.
Il n'a jamais coupé ses racines, et Carlos Gardel est toujours dans son cœur comme la musique sud américaine, mais il a enrichi son univers de ses multiples rencontres avec la fine fleur des Jazzmen français et en accompagnant également Dee Dee Bridgewater.
Le personnage est truculent, jovial, généreux. Des qualités que nous retrouvons dans sa musique, et nous furent bien tristes de nous séparer de sa formation après une reprise inspirée de la Chanson d’Hélène de Philippe Sarde.
Minino Garay nous démontre que le multiculturalisme n'est pas un vilain mot, ni un renoncement, c'est une ouverture sur l'autre, une source inépuisable d'enrichissement. Une soirée magnifique !

Planetarium - Rebecca Zlotowski

Deux sœurs américaines, Kate et Laura Barlow font dans un cabaret une démonstration de spiritisme où elles font entrer les volontaires en contact avec des morts. André Korben incarné par l'excellent Emmanuel Salinger , producteur de cinéma impressionné par leur démonstration les invite chez lui ... Lors d'une séance, il entre dans un état de transe qui le perturbe fortement... Il souhaite les intégrer dans un projet cinématographique espérant faire apparaitre à l'écran, les fantômes qu'elles réveillent, un projet fou qui le mène à la ruine dans le Paris dans des années 30 marqué par la montée irrésistible de l'antisémitisme ...
Film captivant, marqué par la présence magnifique de Natalie Portman et de Lily-Rose Depp ... Nous nous sommes laissés emporter voire envouter par cette histoire romanesque, qui nous a rappelé par moment le cinéma de Jacques Rivette où les fantômes avaient une grande place. Les personnages secondaires, parfaitement construits donnent toute son épaisseur à ce film situé dans la France de la Grande Dépresssion qui nous renvoie à nos propres peurs actuelles .
Après le magnifique Grand Central, Rebecca Zlotowski confirme son talent de cinéaste.

Fidel Castro (13-08-1926 - 25-11-2016)


Avec le décès  de Fidel Castro disparaît le  dernier politique  qui nous accompagnait depuis nos jeunes années ... si nous faisons abstraction de la Reine d'Angleterre .Le sentiment que l'Histoire passe...
A la tête de son armée de révolutionnaires dont Che Guevara, il renversa la dictature de Batista .... Il donna à espérer qu'un monde nouveau plus juste pouvait être possible. Poussé dans les bras soviétiques par la bêtise américaine, son gouvernement est devenu une dictature triste et sanglante qui n'avait rien à envier aux régimes les plus réactionnaires. Une désillusion totale, surement un sujet sans fin pour les historiens !
Hasta siempre Fidel ????

vendredi 25 novembre 2016

Vincent Dedienne - S'il se passe quelque chose

Vincent Dedienne est né à Mâcon de parents inconnus. Il fut adopté, puis grandit dans cette ville de Saône et Loire. Il découvrit sa vocation à la télévision devant la retransmission d'un spectacle de Muriel Robin faisant rire une salle entière... Définitivement son truc c'était le théâtre. Direction Paris ...
Vincent Dédienne nous livre son autoportrait sur scène. Il arrive nu , revête son costume  et se raconte... mais pas de crainte, Vincent Dedienne enfant est doté d'une imagination débordante qui nous envoie très loin de son nombril...
Véritable acteur, Vincent Dedienne charme littéralement son auditoire par la subtilité de son jeu, la finesse de ses textes,  un sens raffiné de la caricature et un goût irrésistible pour l'humour potache ...ce fut donc un beau moment offert par un comédien singulier , en quelque sorte un mélange entre l'humour grinçant de Muriel Robin et la subtilité d'un Jacques Gamblin.

mercredi 23 novembre 2016

Continuer - Laurent Mauvignier

Sybille, après son divorce est partie s'installer à Bordeaux avec Samuel son fils adolescent... Elle travaille à l’hôpital alors que le gamin adolescent doit s'adapter à son nouvel environnement. Très vite,  il multiplie les conneries jusqu'au jour où une soirée se termine au commissariat... Sa mère doit venir le récupérer, c'est le moment où elle choisit de réagir, d'aider son gamin avec qui elle n'arrive plus à dialoguer , lui permettre d'échapper à la tristesse ... Alors elle part avec lui trois mois au Kirghizistan contre l'avis du père, où à dos de cheval ils vont traverser un pays pas toujours hospitalier dans l'espoir de renouer le dialogue. Les débuts sont difficiles , le pays offre peu de réseau à Samuel qui découvre une vie âpre coupée du monde..
Histoire intime, voyage initiatique où Laurent Mauvignier par la force de son écriture nous fait pleinement ressentir la géographie de ce pays lointain aux montagnes arides... Nous découvrons au fil des pages la blessure intime de Sybille, l'incapacité de Samuel à comprendre sa mère,  mais pour faire face aux difficultés, ils n'ont pas d'autre choix que d'avancer ensemble, de s'épauler...
Un livre magnifique, bouleversant, une histoire intime qui se lit comme un livre d'aventures.... Roman après roman Laurent Mauvignier nous confirme qu'il est un de nos plus grands écrivains.

jeudi 17 novembre 2016

Pastorale Américaine - Philip Roth

Zukerman gamin a été impressionné par Seymour Levov surnommé par tous "le suédois". Athlète parfait, invincible, élève modèle, il est la star de son lycée. Pour tenter de l'approcher, Zuckerman est même devenu copain avec son jeune frère.
Levov, issu d'une famille juive, est aussi un bon fils, il a repris l'affaire familiale, une fabrique de gants qu'il va développer et maintenir au maximum les usines à Newark malgré la concurrence internationale qui devrait l'inciter à délocaliser .
Il est un américain parfait, et son mariage avec miss New Jersey ne fait que renforcer cette impression qu'il est devenu archétype de l'american way of life. Ils ont une fille Merry, la vie parfaite ....Le bégaiement de Merry qui se révèle un véritable handicap pour la jeune fille qui passe sa jeunesse chez les orthophonistes est le premier grain de sable qui vient dérégler quelque peu cette magnifique mécanique. Puis c'est le basculement quand Merry rejoint les groupes extrémistes qui contestent l'engagement du  gouvernement Nixon, au Vietnam ce qui la mène jusqu'à l'action terroriste...
Puisque Philip Roth n'écrit plus de roman, nous le relisons et nous mesurons combien il est un grand écrivain, assurément devenu un classique de la littérature américaine de son vivant... Il nous dessine une famille américain, proche de  ce que fut la sienne, et à travers cette lorgnette comme toujours, il nous raconte l'Amérique et sa folie. Et dans ces temps, où de jeunes gens basculent dans l'action terroriste, comme cela a existé à différentes périodes de l'Histoire,celle de Merry a une résonance toute particulière à cette relecture... Philip Roth, est un géant, emportés par sa puissance littéraire nous refermons le livre, KO debout.

samedi 12 novembre 2016

Réparer les vivants - Katell Quillévéré

Nous avions aimé passionnément le roman de Maylis de Kerangal, et si l’adaptation de Katell Quilleveré est d'une honnêteté absolue , jamais elle sait nous procurer l'émotion du livre... Il nous semble qu'elle n'a jamais sur nous faire ressentir le coté course contre le temps alors que ceux confrontés à un drame absolu ont justement besoin, du temps, il n'y a pas dans ce film la même tension que dans le livre. Le film a un coté mélo qui nous n'avions ressenti à la lecture de l'ouvrage et qui ne nous a pas séduit ...
Les acteurs sont excellents, c'est bien filmé, la musique de Alexandre Desplat n'est pas bouleversante plutôt agaçante ... Le film n'apporte pas un regard nouveau sur ce drame du quotidien et cet acte médical fascinant. Nous avons été déçus par l'adaptation de Katell Quillevéré qui nous avait tellement séduit avec son précédent film, Suzanne.

jeudi 10 novembre 2016

Raoul Coutard (16 septembre 1924 - 8 novembre 2016)

Il était l’œil de Godard et si la photo des films de l'auteur d'A bout se souffle était d'une beauté indiscutable, c'est parce qu'il avait a ses cotés un directeur de la photographie exceptionnel, capable de donner le meilleur avec des moyens limités. Mai 68 les a séparé, le cinéaste qui a alors flanché du coté des maoïstes pouvait difficilement être sur la même longueur d'onde avec cet ancien soldat de la guerre d'Indochine. Raoul Coutard s'inscrit à ce titre dans l'histoire de la nouvelle vague du cinéma, son nom est incontournable...

mercredi 9 novembre 2016

Leonard Cohen (21 Septembre 1934 - 7 novembre 2016)

Si la poésie l'avait nourri il n'aurait peut être jamais chanté, car Leonard Cohen est avant otut un poète qui laisse une œuvre considérable qui aurait pu lui valoir un prix Nobel au même titre que Dylan . Si on mesurait le talent d'un auteur compositeur au nom de reprises qu'il génère, il n'est surement pas loin d'être le plus grand de tous. Leonard Cohen est mort et c'est So long Marianne qui nous revient en mémoire !


samedi 5 novembre 2016

La mort de Louis XIV - Albert Serra

Assister à l'agonie d'un homme est toujours une épreuve douloureuse, la mort de Louis XIV n'échappe pas à la règle... Le monarque rongé par la gangrène vit des derniers jours difficiles. Les médecins de la faculté dissertent en vain de sa situation , un charlatan à l'accent chantant de Marseille vient proposer ses mixtures miraculeuses qui sont évidemment sans effet... Le Roi ne peut plus échapper à son funeste destin après notamment avoir refusé l'idée d'être amputé. Ces situations  nous rappellent la mort de Mitterrand et les polémiques autour de ses médecins !
Il ne se passe rien, si ce n'est qu'un homme se meurt lentement... c'est d'une beauté impressionnante où chaque scène a la puissance d'un tableau. Puis il y a Jean-Pierre Léaud, magnifique, subtile dans son jeu tout au long du film nous voyons la vie quitter peu à peu son regard ... Les jambes pourrissent, on finit par entendre les mouches indice terrible de ce qui attend  corps souffrant et déliquescent... Un homme se meurt mais c'est le roi et jusqu'à son dernier souffle il ne peut échapper à un quotidien ritualisé, selon sa propre volonté.
C'est beau, captivant mais ce n'est pas non plus un grand moment de bonheur, le huis clos imposé , l'obscurité des scènes nous imposent l'épreuve de la mort jusqu'au dernier souffle !

dimanche 30 octobre 2016

Moi Daniel Blake - Ken Loach

Daniel Blake a failli mourir sur un échafaudage victime d'une crise cardiaque. Ses médecins le considèrent inapte à reprendre  une activité professionnelle, Daniel Blake menuisier de son état a donc rempli un dossier pour percevoir une pension d'invalidité... L'organisme privé à qui le gouvernement anglais a confié cette mission de service public lui refuse sa validation et pour faire appel le système mis en place a tout pour décourager le demandeur... Daniel Blake est dans la mouise, il doit s'inscrire au chômage pour toucher des indemnités , mais pour cela il doit justifier d'une recherche d'active d'emploi... Et s'il en trouve il doit le refuser car les médecins lui interdisent de travailler.  A l'agence pour l'emploi il croise une jeune femme seule avec deux enfants encore plus désespérée que lui, bon cœur il va lui apporter son aide au quotidien.
Ken Loach continue sa chronique de l'Angleterre libérale qui n'a aucune considération pour ses humbles travailleurs qui se tuent à la tache. La politique mise en place n'a pas d'autres finalités de les culpabiliser et de les rendre au final responsables de la faillite économique. C'est dégueulasse et le cinéaste anglais ne se lassera jamais de le crier haut et fort  avec une efficacité inégalée...
On pourrait lui reprocher une forme de naïveté sur les rapports de solidarité qu'il décrit entre les humiliés du capital, nous ne le ferons pas ici, les acteurs magnifiques donnent toute leur grandeur et leur épaisseur à leur personnages. Nous avons envie de partager sa vision du monde et sa description des rapports sociaux. Nous aimons tendrement cette palme d'or !

dimanche 23 octobre 2016

Aquarius - Kleber Mendonça Filho

Clara est veuve, retraitée, elle a survécu à un cancer, elle vit dans un appartement face à la plage , entourée de son impressionnante collection de disques et de livres. Elle est la dernière occupante de son immeuble, les autres logements ont été rachetés par un promoteur immobilier qui a un énorme projet de construction...  Clara fait de la résistance et refuse de considérer toutes les offres faites par le constructeur... le problème est que ces gens là n'ont aucun scrupule pour arriver à leurs fins ...
C'est un film brésilien mais il parle à tous car il raconte l' histoire universelle d'une femme seule face à des requins de l'immobilier. Évidemment nous sommes à ces cotés et nous espérons qu'elle ne cédera pas devant toutes les pressions qu'elle doit subir. Le problème de ce film est sa longueur, il finit par nous embourber dans une sorte d'ennui alors que son final est peut être la partie la plus réussie et la plus forte car les salauds n'ont peur de rien. Nous sommes sortis avec un sentiment partagé devant cet objet cinématographique peut être aussi par ce que nous n'avons pas été totalement conquis par Sonia Braga, l'actrice de ce film qui semble pourtant faire l'unanimité des critiques !

vendredi 21 octobre 2016

P.J Harvey au zenith

Lorsque nous avions écouté le dernier album de P.J Harvey the hope six demolition project nous avions été quelque peu déçus par la chanteuse anglaise, trouvant l'album quelque peu convenu après l'excellent Let England Shake. Nous l'avons réécouté avant d'aller la découvrir sur scène, et nous avons mesuré combien cet album est réussi et qu'il a toute sa place dans sa discographie  ... Des morceaux qui finissent par prendre toute leur dimension sur scène !
P.J Harvey sur scène fut magnifique, sauvage et ensorcelante, elle a donné toute la puissance à ses compositions avec à ses cotés l'indispensable John Parrish à la guitare. Elle a assuré grave; de son "vieux" tube to bring you my love à ses derniers  titres,elle nous a donné toute son énergie, nous pourrons traverser l'hiver sans vaccin !

dimanche 16 octobre 2016

Pierre Etaix (23 novembre 1928 - 14 octobre 2016)

C'était un être singulier, Pierre Etaix, aux talents multiples, plus qu'un cinéaste un poète. R.I.P !

samedi 15 octobre 2016

La fille inconnue - Les fréres Dardenne

Une jeune femme est retrouvée morte sur un terrain vague. Jenny, médecin reconnait la jeune femme qui est venue sonner à la porte de son cabinet après l'heure des consultations, elle n'a pas ouvert .... Elle culpabilise, et se lance dans une enquête parallèle pour retrouver l'identité de cette jeune femme venue d'Afrique... Dans l'attente, elle lui offre une sépulture.
Impressionnant comme toujours, ce film des frères Dardenne  nous plonge dans la réalité sociale du nord, à travers une enquête menée par une jeune médecin qui va trouver à travers ce drame sa véritable vocation et le sens intime de son métier de médecin.
 Adéle Haenel est toujours aussi magnifique dans sa composition, le geste juste, elle donne tout le sens à son personnage.Mais au delà  elle construit une œuvre propre, où l’entêtement, la conviction de devoir aller au bout relie ses personnages, c'est là la marque des grandes actrices
C'est encore un beau film des frères Dardenne !

Jeanne Cherhal en concert


C'est la troisième fois que nous voyons Jeanne Cherhal sur scène depuis la sortie de son dernier album "histoire de J". la première c'était au Bataclan, où elle jouait avec les musiciens qui avaient participé à l'enregistrement de son album, la deuxième c'était salle Gaveau où elle était accompagnée d'un orchestre symphonique, cette fois elle était seule avec son piano sur la scène du théâtre Jean Arp. 

Comme à chaque fois nous sommes tombés sous le charme de la dame qui nous confirme par cette nouvelle forme que son dernier album est un bijou rare dans l'univers actuel de la chanson française. Ce jour là il y avait son parrain de métier, Jacques Higelin dans la salle, elle fut donc parfaite, généreuse et jamais tête en l'air. C'est assurément une nos plus grandes auteurs compositrice et interprète du moment, un talent à la hauteur de son parrain.... Nous reverrons à coup sûr Jeanne Cherhal sur scène dans les prochains mois !

lundi 10 octobre 2016

Andrzej Wajda (6 mars 1926 - 9 octobre 2016)

Nous nous souvenons de son dernier film , un biopic passionnant sur Lech Walesa comme pour réhabiliter l'ancien leader de Solidarnosc dont ses détracteurs voulaient  faire un collaborateur du régime communiste. De Katyn à Solidarnosc, il fut un témoin de la période sombre de la Pologne... Sa voix forte et écoutée risque de manquer alors que son pays se laisse séduire par les leaders populistes et conservateurs ... Un cinéaste essentiel pour comprendre l'histoire tourmentée de la Pologne!

samedi 8 octobre 2016

Pierre Tchernia (29 janvier 1928 - 8 octobre 2016)

Il y a des disparitions qui rendent nostalgiques d'une époque où la télévision aimait le cinéma... Pierre Tchernia était alors Monsieur Cinéma, faisant dans la bonne humeur la promotion du cinéma français. Il passa derrière la caméra pour signer des films sympathiques tels que les Gaspards ou le Viager écrit avec son ami Goscinny . C'était un chouette type. R.I.P !

vendredi 7 octobre 2016

Hugh Coltman au théâtre Jean Arp

Déjà vu l'an dernier à la Villette, c'est avec joie que nous avons retrouvé le séduisant et sympathique Hugh Coltman. Il chante avec grâce le répertoire de Nat King Cole, accompagné de 4 musiciens qui respirent la joie de jouer ensemble. Pas révolutionnaire musicalement ,  nous sommes néanmoins encore tombés sous le charme de Hugh Coltman qui  incarne à la perfection notre vision fantasmée de l'élégance anglaise !

mercredi 5 octobre 2016

Dominique A - Théâtre de la Ville

Seul sur scène avec sa guitare, Dominique A revisite son répertoire devenu immense avec le temps. Un mélange unique de sensibilité et de puissance, qui donne un concert unique, une offrande pour ce théâtre qui doit fermer ses portes durant deux années pour engager des travaux de rénovation.
Un concert avec Dominique A, c'est l'assurance de vivre un moment rare et unique. Une fois encore il nous a époustouflé !

samedi 1 octobre 2016

Curtis Hanson (24 septembre 1945 - 30 septembre 2016)

Nous nous souvenons qu'il avait réalisé une adaptation plutôt réussie d'un roman de James Ellroy: L.A confidentiel ... Ceci n'est pas rien, Curtis Hanson est mort et c'est la blonde Kim Bassinger qui nous revient en mémoire !

jeudi 29 septembre 2016

Shimon Peres (2 août 1923 - 28 septembre 2016)

Le plus inquiétant à l'annonce de la mort de Shimon Peres, c'est que nous ne lui connaissons pas d'héritier politique comme s'il n’existait plus d'alternative politique aux faucons israéliens qui accaparent le pouvoir depuis des années. La paix semble bien loin au Proche Orient...

samedi 24 septembre 2016

Juste la fin du monde - Xavier Dolan

Après douze ans d'absence, Louis devenu un écrivain reconnu est de retour dans son village natal pour annoncer à sa famille qu'il doit mourir du sida . Les vieilles querelles refont vite surface ... Aura-t-il  le courage de parler ?
Le dernier film de Dolan a cette vertu de nous rappeler la puissance de la littérature de Jean-Luc Lagarce, même si parfois il filme avec la finesse d'un Stabilo Boss comme si nous n'étions pas capables de mesurer par nous même, la force du texte... Les mots frappent fort mais l'image et le choix systématique de faire des gros plans a fini par nous agacer. Le maniérisme de Dolan devient usant, nous aussi, nous nous sommes lassés du sourire de Gaspard Ulliel... Impression désagréable de nous retrouver coincés dans ce huis clos, impossible de prendre de la distance, le film devient épuisant, c'est peut être la magie de ce film du cinéaste canadien, sauf que nous n'avons pas  eu le désir de partager cette épreuve...

dimanche 18 septembre 2016

Frantz - François Ozon

Une jeune allemande pleure sans fin son fiancé à la guerre de 1914 .... Elle vit chez ses beaux parents. Un jour, elle découvre qu'un soldat français, Adrien se rend sur la tombe de son fiancé . Elle apprend qu'il fut son ami lorsque son amoureux faisait un séjour en France... Une amitié se noue entre eux qui n'est pas sans choquer les habitants du village où un sentiment de fort nationalisme est en train de poindre...
C'est un beau noir et blanc bien léché, Paula Beer est magnifique alors que Pierre Niney est totalement transparent, sans âme comme toujours.... il faut le dire qu'on s'ennuie quelque peu devant le dernier Ozon d'une banalité confondante qui ne fait pas grand chose de cette belle histoire romanesque...

samedi 17 septembre 2016

Nocturama - Bertrand Bonello

Différents groupes de jeunes gens   posent des bombes au quatre coins de Paris. Cela accompli, ils se retrouvent tous au cœur d'un grand magasin "la samaritaine", pour traverser la nuit à l'écart du chaos d'une ville en panique et dont les autorités les traque . Nous ne connaissons pas leurs motivations,sauf que leur action n'est pas faite pour plaire au bon dieu mais plutôt pour dénoncer la société marchande dans laquelle ils ont grandi .... Certains sont des fils à papa qui ont un compte à régler avec leur milieu bourgeois d'autres sont là parce qu'ils portent une colère sincère contre le monde.
C'est du grand cinéma, la première scène nous capte et fascine pour nous amener dans une chronologie effroyable.Puis il faut tuer le temps dans le magasin ... un se retrouve face à un mannequin sapé comme lui, de quoi le déstabiliser sur ses certitudes. Un film sombre, désespérant, les utopies sont vaines... le commerce a toujours le dernier mot, il suffit d’effacer ces terroristes pour que les affaires reprennent...
Bertrand Bonello est assurément un de nos cinéastes actuels les plus passionnants, mais sur ce coup là il nous met une claque qui nous laisse pantois . Un grand film traumatisant !

dimanche 11 septembre 2016

Claude Jean-Philippe (20 aril 33 - 11 septembre 2016)

Il a fait l'éducation cinématographique de plusieurs génération  avec sa séance du ciné-club du Vendredi soir après le rendez vous littéraire de Bernard Pivot. A ce titre, il fit peut être beaucoup plus pour la consommation de café que George Clooney, la gageure pour le spectateur étant de tenir le coup jusqu'au générique de fin au cœur de la nuit, dans un temps où nous savions qu'il ne fallait pas rater les occasions de découvrir les chefs d’œuvre du septième art ...
Nous étions devenus des spectateurs réguliers de sa séance du dimanche matin au cinéma l'Arlequin. jusqu'à son dernier souffle, il a défendu le cinéma qu'il aimait ... R.I.P !

samedi 10 septembre 2016

Divines - Houda Benyamina

Elles sont deux copines inséparables, Dounia et Maimounia, elles vivent dans les "quartiers", et leurs rêves c'est de faire "Money Money Money" dans les plus brefs délais... Elles comprennent vite que leur formation "BEP force de vente" n'est pas la voie royale pour y parvenir. Dounia claque la porte du lycée après avoir renvoyé son enseignante à sa propre précarité financière pour rejoindre Rébecca qui organise les trafics de drogue du quartier, Maimounia la suit ....
Courageuse physiquement,  Dounia devient rapidement incontournable, promue bras droit de Rebecca, elle peut améliorer le quotidien de sa famille qui vit dans un bidonville. Son moment de plaisir c'est d'aller assister en douce à un cours de danse de théâtre où elle découvre le talent insoupçonné du vigile de la grande surface voisine avec qui elle se frite régulièrement ... les deux jeunes gens vont apprendre à se connaitre, une rencontre sensuelle, un rayon de soleil dans la vie de la jeune fille mais Dounia s'est déjà enfoncée dans une une impasse où l'amour et les sentiments ont peu de place.
Un nouveau film sur les quartiers, mais celui ci a sa propre singularité, quartier vu à travers le regard des femmes où Religion et drogue semblent être les deux seules alternatives, si ce n'est que pas loin un théâtre  ... Houda Benyama filme magistralement les deux jeunes femmes, influencée par le cinéma américain, elle nous offre un pendant féminin au cinéma de Scorcese où ici la prestation de Oulaya Amamra éblouit, son physique change selon les plans, abrupte et sauvage quand elle doit affronter les difficultés ,elle se fait sensuelle et ensorceleuse quand elle doit séduire ... la cinéaste a  trouvé son Robert de Niro.  Si nous avons pu trouver parfois quelques lourdeurs  dans la partie finale, ce film nous a emballé par la force de ses personnages, par son culot d'écriture racontant les filles caïds de quartier qui se font consommatrices de beaux mecs sans que cela nuise à la crédibilité du récit. Une caméra d'or bien méritée

dimanche 4 septembre 2016

Les musiciens de Gion - Kenji Mizoguchi

Kyoto, la jeune Eiko ne peut pas espérer de son père endetté qu'il subvienne à ses besoins à la mort de sa mère ... Pour échapper aux avances de son oncle, elle choisit de s'engager dans une carrière de Geisha de haut rang comme sa mère. Elle demande à Miyoharu, geisha d'une grande beauté de s'occuper de son apprentissage. Pour s'occuper de l'éducation de la jeune femme et notamment constituer son trousseau, la geisha emprunte de l'argent à Okimi puissante propriétaire d'un salon de thé. Cette dernière attend de la Geisha  et de la jeune fille qu'elles cèdent aux avances de deux hommes influents ... Mais Eiko lors de la soirée se rebelle et blesse à la langue l'homme qui la désire ... Les portes se ferment devant elles, leur situation économique devient désastreuse, seule la puissante Okimi peut les réhabiliter ...
Film sublime , portrait magnifique de deux femmes, Mizoguchi soigne ses plans au millimètre... A la dignité des femmes, il oppose la veulerie des hommes, un thème récurrent de son cinéma qui nous plonge ici dans le monde des geishas ... Elles ne sont pas des prostituées mais des femmes belles, instruites, musiciennes, un statut qui ne peut être que le fruit d'une éducation. Mais évidemment elles ne peuvent pas éviter la médiocrité des hommes et surtout des puissants.
Film sublime d'un maitre du cinéma japonais !

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