jeudi 31 janvier 2013

Le Dindon - Georges Feydeau - Mise en scène de Philippe Adrien

Lucienne est poursuivie par le sieur Pontagnac, dragueur impénitent,  jusqu'à son domicile où il découvre que sa  proie est l'épouse de son ami Vatelin. La première gène passée, il ne renonce pas pour autant à son projet de séduction même s'il n'est pas le seul soupirant de Lucienne.
Mais voila l'épouse a décidé de rester fidèle à son mari, à moins qu'elle n'ait la preuve d'être trompée. C'est du Feydeau, les portes claquent,  tout part en vrille...
Feydeau spectateur de son époque, d'une bourgeoisie installée définitivement au pouvoir,  donne ses lettres de noblesse au Vaudeville où derrière la gaudriole, on découvre un regard incisif sur les hypocrisies. Une attaque sans concession sur l'institution du mariage et sur l'horreur des constats d’adultère.

Par une mise en scène ingénieuse avec un plateau tournant, Philippe Adrien donne le rythme à cette pièce, c'est sans temps mort.On sent le bonheur de jouer, il y a un véritable esprit de troupe sur scène. Des hommes désirant toutes les femmes,, des femmes fidèles tentées par la volupté d'un adultère.... Tout est là pour mettre à mal les conventions bourgeoisies, pour laisser s'exprimer une folie passagère dans cette société si convenue... Des costumes ahurissants, des quiproquos poussés à leur paroxysme,de quoi justifier l'enthousiasme du public.. Un spectacle fou fou fou . Jubilatoire !

Vu au théâtre Victor Hugo à Bagneux

mercredi 30 janvier 2013

Un notaire peu ordinaire - Yves Ravey

Nous n'avions jamais rien lu de Yves Ravey, nous avons été attirés par le titre de ce livre "un notaire peu ordinaire",  édité par les éditions de minuit. Nous avons  immédiatement pensé à Claude Chabrol. Court roman, la lecture de ce livre dure le temps d'un film.
Une mère Madame Rebernak s’inquiète, du retour de son cousin Freddy sorti de prison après avoir purgé une peine  pour viol. Seule pour éduquer ses deux enfants depuis la mort de son mari, elle a pris un emploi de dame de service au collège voisin grâce à l'intervention de,Maitre Montussaint Notaire,  un ancien partenaire de chasse de son époux . Elle est outrée par un éducateur social qui lui demande de venir en aide à son cousin sans ressource. Elle voit ce dernier comme une menace pour sa fille Clémence , une jeune lycéenne, elle ne peut accepter.
Heureusement le notaire dont le fils est un camarde proche de Clémence est bienveillant avec cette dernière, la ramenant régulièrement à son domicile après chaque soirée... mais nous ne vous en raconterons pas plus pour ne pas gâcher le plaisir de ceux qui serait tentés par cette lecture.

Un notaire, la province, des préjugés, " Chabrol" avons nous pensé à la vue de  "ce notaire peu ordinaire"? Nous ne nous sommes pas vraiment trompés c'est exactement le même plaisir que celui que nous avions lors nous découvrions les films du cinéaste de la nouvelle vague. Et là, c'est un Chabrol d'un excellent cru.

Yves Ravey nous a séduit, avec son écriture au style épuré, son récit captivant ne peut se lire que d'une seule traite !

mardi 29 janvier 2013

Le manoir - Isaac Bashevis Singer

A travers le destin de la famille Jacoby, Isaac Basheivs Singer reconstitue un monde aujourd'hui  disparu, celui de la communauté juive de Pologne. "Le manoir "est la première partie de cette saga littéraire. Tout commence à un moment charnière où les russes écrasent une insurrection  polonaise. De nombreux nobles sont alors pendus, d'autres sont exilés, parmi eux Wladislaw Jampolski dont les terres sont confisquées.
Le bail de son domaine est cédé à Calman Jacoby, un grainetier juif. Membre de la communauté hassidique, sa vie est rythmée par sa pratique religieuse, la lecture du talmud, sa langue est le yiddish. Il anticipe les bouleversements économiques de la première révolution industrielle, il fait fortune mais il ne change en rien sa vie d'homme pieux. Marié,  il a quatre filles qui vont connaitre des destins différents. Si deux perpétuent la tradition, la troisième épouse un fils de rabbin qui va s'émanciper et adopter une vie moderne se lançant dans des études de médecine. Miriam Lieba la quatrième rompt avec sa famille, pour fuir avec Lucien le frère du comte, une fuite qui se révèle une descente aux enfers.
A travers le destin de cette famille, c'est un portrait de la société juive qui va se scinder en divers courants. D'un coté la société hassidique, conservatrice, dévorée par des superstitions d'un autre âge, on sent l'agacement qu'ils procurent à l'auteur, pourtant  le regard est toujours bienveillant ... De l'autre une société moderne qui cherche à s'intégrer à la société polonaise en adoptant la langue, les vétements, certains allant jusqu'à se convertir, d'autres se laissant séduire par les  thèses socialistes.  La plus grande partie de la communauté vivant dans une grande pauvreté dans des conditions d'hygiène difficiles. Mais quel que soit leur choix de vie, aucun n'échappe au poison de l’antisémitisme.

Un livre exceptionnel !

lundi 28 janvier 2013

L'esclave libre - Raoul Walsch

Fille d'un planteur, Amantha Starr découvre à la mort de son père qu'elle est la fille d'une esclave noire. Parce qu'elle ne porte aucun signe de sa négritude, rien ne pouvait laisser présager à la jeune fille l'origine de sa mère. Son statut change dans l'instant, de fille de planteur, elle devient une esclave mise aux enchères à la Nouvelle Orleans. Sa beauté attire les acheteurs, mais Hamish Bond met fin à la procédure en proposant 5000 dollars. La jeune femme révoltée se rebelle, elle cherche par tous les moyens à fuir de son nouveau domaine .... Mais le visage humain de son propriétaire finit par la charmer, elle choisit de le suivre alors qu'il lui propose la liberté.
Un film passionnant, qui nous plonge dans les Etats du Sud juste avant la guerre de sécession... Le cinéaste montre toute la complexité de la situation politique, il n'y a aucun manichéisme chez ses personnages qui recèlent chacun leur complexité. Un duo romanesque, une vision sensuelle de l'existence, Raoul Walsh signe ici un chef d’œuvre, éclipsé alors par le succès d'"Autant en emporte le vent"...
Clark Gable vieillissant, joue parfaitement l'aventurier usé au passé trouble, Yvonne De Carlo sublime ne laisse aucun homme insensible, Sidney Poitier joue Rau-Ru un esclave  au service d' Hamish Bond. Ce dernier l'a élevé comme son fils en faisant son homme de confiance. Rau-ru qui ne rêve que de liberté ne voit dans cette bonté qu'un piège où il refuse de se laisser enfermer.
C'est le début de la guerre de sécession, chacun va devoir se déterminer à l'arrivée des troupes nordistes. Superbe !

Vu à la filmothèque du Quartier Latin !

Zero Dark City - Kathryn Bigelow

Zero Dark City raconte la traque d'Oussama Ben laden du 11 septembre 2001 au 2 Mai 2011 quand les forces spéciales américaines interviennent au domicile du terroriste. 
Disons le tout de suite ce film est une merveille au niveau cinématographique, film d'espionnage, de guerre, c'est du cinéma de très haut vol que nous offre Kathryn Bigelow durant 2h37. 
Reconstitution impressionnante qui ne cache rien, et surtout pas les scènes de torture difficilement supportables exécutées dans les geôles secrètes de la CIA. C'est une guerre qui se déroule devant nos yeux, l'ennemi est invisible, il peut surgir de partout, il n'y a pas de lignes de front. Il y a des défaites pour la CIA, certains y perdent leur vie, l'hyperpuissance américaine ne peut pas tout. Le renseignement est le nerf de la guerre. 
A coté de la reconstitution historique, il y a une part romanesque avec l'agent "maya", une femme au caractère bien trempé, une interprétation impressionnante de Jessica Chastain, qui ne lâche jamais sa piste alors que ses collègues ne semblent plus faire de l'arrestation du leader de Al Qaeda, une priorité. Elle renonce à toute forme de vie personnelle, aucune vie sentimentale, pas d'amis, elle ne vit que pour sa mission, c'est l'histoire d'une détermination sans faille. Alors dés qu'elle tient un début de piste, l'enquête avance brutalement parce que le messager de Ben Laden, appelle régulièrement sa maman. Elle doit se battre contre sa hiérarchie, jusqu'à la convaincre de se lancer dans l'opération sans avoir la certitude que Ben Laden est locataire de la maison, juste une forte présomption. 
On peut imaginer qu' être femme cinéaste à Hollywood avec un projet de film d'action relève d'une gageure pas si éloignée que le statut de femme agent de la CIA... Sans doute, le parcours professionnel de Kathryn Bigelow a nourri son personnage principal.
Nous pourrions reprocher au film de nous proposer un unique point de vue, celui d'une histoire officielle des évènements, mais à aucun moment le film ne sombre dans un lyrisme à la gloire des services américains. Ce qui est finalement un genre propre au cinéma, notamment au lendemain de la seconde guerre mondiale dont les épisodes les plus glorieux furent rapidement reconstituées. Rappelons nous le "Paris brûle-t-il?" de René Clément ou "le jour le plus long" produit par Zanuck. La nouveauté ici c'est la virtuosité de la cinéaste qui échappe à toute forme d'académisme. L'assaut final est à ce titre exceptionnel de maitrise. Son talent d'auteur fait que son film ne peut être considéré comme une simple histoire officielle, il va bien au-delà.
Ce n'est pas l'histoire des relations internationales de ce nouveau siècle que cherche à nous raconter la cinéaste, c'est l'histoire d'une traque, qui n'a pas connu d'équivalent depuis la recherche des anciens criminels nazis. D'ailleurs le film n'est pas sans rappeler, le livre passionnant de Neal Bascomb qui racontait en détail la traque d'Eichmann par les services secrets israéliens où nous retrouvions la même détermination.

Un film passionnant!

dimanche 27 janvier 2013

Valse à trois temps - Christian et François Ben Haïm

Un spectacle de danse composé en trois parties: un duo - un solo - un trio. Une danse physique, précise, c'est parfois drôle souvent sensuel mais toujours poétique. Ce fut  aussi l'occasion pour nous de découvrir la musique aux paroles "trash" des Tiger Lilies, une musique déjantée des soirées de désespoir et d'ivresse...

Une vraie découverte que cette heure de danse contemporaine !


La mort en direct de Bertrand Tavernier

Film de science fiction, la mort en direct est une histoire effroyable où un homme une caméra intégrée à son cerveau filme la déchéance d'une femme encore jeune, condamnée à court terme par une maladie du cerveau. Cette dernière connait la volonté de la chaine de télévision de filmer son agonie, elle s'y refuse, mais sous la pression médiatique elle finit par signer le contrat, mais elle fuit incapable de faire face, sans savoir que l'homme qui lui porte secours la filme en permanence...
Romy Schneider , Harvey Keitel sont particulièrement justes dans leur partition, l'apparition de Maw Von Sydow est sublime dans la dernière partie.
Pour autant, le film ne convint pas totalement,  nous lui trouvons de nombreuses longueurs mais surtout ne nous comprenons pas les choix de scénario. Notamment celui d'annoncer en fin de film que le personnage joué par Romy Schneider n'est en réalité pas malade mais victime d'un complot du médecin et du producteur de l’émission, les médicaments qui lui ont été donnés sont la cause de son agonie.
Cela ne sert en rien le film, au contraire nous n'y croyons plus, tout devient artificiel. Le sujet fort qu'est celui du voyeurisme des sociétés contemporaines n'avait pas besoin d'un complot ou alors il fallait en poser la trame dès le début pour installer le suspens.
Ce qui faisait le charme indiscutable de cette séance du ciné club de Claude Jean-Philippe était la présence de Bertrand Tavernier, dont le charme et l'érudition rendent toujours les interventions passionnantes; si nous ne sommes pas de grands admirateurs de ses films nous avons le plus grand respect pour le cinéphile. Nous pouvons juste regretter que le cinéma l'Arlequin ne lui ait pas laissé un créneau plus  long qu'un petit quart d'heure pour s'exprimer.
Le temps pour lui de nous raconter des anecdotes sur le tournage:
- les rapports parfois difficiles entre Harvey Keitel et Romy Schneider. Il raconte comment Romy Schneider angoissée à l'idée de tourner en anglais, souhaitait répéter le texte avec l'acteur. Harvey Keitel l'envoya paître, lui disant qu'elle pouvait travailler avec sa scripte. Un collaborateur du réalisateur disait alors de l'acteur de Mean Streets qu'il manquait de "grâce sociale", tout le contraire de Harry Dean Stanton
Le film fut important pour Harvey Keitel, il était au creux de la vague. On conseilla fort à Tavernier de ne pas le prendre pour acteur, il a tenu tête ... l'acteur n'oublia jamais le geste de Tavernier.
Romy Schneider venait  avec son fils sur le tournage, on peut même le voir dans une scène où sa mère le serre dans ses bras. Bertrand Tavernier parle avec émotion de cet enfant qui allait mourir tragiquement quelques mois après le tournage et de son impossibilité   de  revoir son film pendant de longues années .

Jake Bugg - Jake Bugg

Voila un nouveau phénomène  tout juste agé de 18 ans, comme les anglais savent régulièrement en produire. Tout est allé très vite pour ce natif de Nottingham, nourri à la musique de Johnny Cash, des Beatles ou de Donovan, il remet la folk musique au goût du jour au Royaume Uni, et il se révèle déjà à la hauteur de ses glorieux ainés.
Le plus dur commence pour lui, confirmer l'immense talent affiché sur ce premier album.

Jake Bugg est notre album de la semaine.


samedi 26 janvier 2013

Au nom du peuple italien - Dino Risi

Le juge Bonifazi, fait partie de ces juges qui se font une haute idée de leur mission rendue au nom du peuple . Vertueux, il n'a de cesse de lutter contre toutes les formes de corruption, insensible aux pressions qu'il peut avoir à subir. Une enquête sur la mort d'une prostituée va le mener vers l'influent industriel, Lorenzo Santenocito... Ce dernier espère se débarrasser de ce juge en un tour de main, avec ses méthodes habituelles de corruption, lorsqu'il découvre la vraie nature de l’enquêteur, l'industriel perd de sa sérénité... Pollueur, corrupteur, il se croyait intouchable, il découvre l'indépendance de la justice....Le regard porté par Dino Risi sur la société italienne est sans concession, il dénonce un état de corruption généralisée où seuls quelques juges intègres cherchent à lutter contre cette pieuvre géante qui a mis la botte italienne sous sa coupe... Et le peuple dans tout cela? Si la justice est bien rendue en son nom, le peuple est plutôt occupé à suivre les matchs du football, si l'Italie gagne, le peuple est conquis.
Filmé en 1971, le film n'a rien perdu de sa vigueur, nous pourrions même dire que les années Berlusconni lui ont offert une deuxième jeunesse, donnant un caractère prémonitoire au film de Risi... Il est difficile de ne pas penser au Cavaliere, lorsque le juge découvre des soirées organisées par l'industriel où des prostitués sont engagées pour distraire les invités.
Un film plein de bouffonnerie, de cruauté, qui n'est pas qu'une simple vision manichéenne de son pays,Dino Risi en souligne  les travers sans tomber dans un discours moraliste, il signe là un sommet de la comédie italienne. Il est servi par un duo d'acteurs formidable, Ugo Tognazzi dans le rôle du juge de gauche et Vittorio Gassman dans celui de l'industriel populiste. Nous ne dévoilerons pas la fin, mais ne croyez pas que la vertu du juge soit totalement irréprochable. Nobody is perfect !

Vu au champo

dimanche 20 janvier 2013

La réunification des deux Corées - Joël Pommerat

Une suite de sketchs ou de "nouvelles" selon le terme de l'auteur, toutes autour du couple, inspirées de "scènes de la vie conjugale" de Ingmar Bergman, ou "la ronde" de Arthur Schnitzler. Le public est réparti dans deux tribunes qui se font face, les acteurs interviennent au milieu, dans un no man's land, à chaque fois des situations de crises... le regard de Joel Pommerat est sans concession, sombre, mais non dénué d'humour. Nous ne sommes jamais très loin de la folie.
Nous retrouvons toujours les mêmes méthodes de travail où les acteurs, le scénographe  Eric Soyer participent au processus de création. Le spectacle se déroule tel un ballet, d'une précision redoutable, la salle est plongée dans le noir, le décor change en un instant, c'est toujours aussi bluffant.
Le spectacle s'ouvre sur une femme qui réclame le divorce après une longue vie commune, elle n'a rien à reprocher à son mari , mais elle ne l'a jamais aimé alors maintenant que les enfants sont grands, elle veut mettre fin à cette solitude affective...le ton est donné, "la réunification des deux Corées" est une mission impossible, le couple semble condamné à la crise. Chaque histoire est une impasse, chacun est condamné à sa propre solitude.
Nous ne retrouvons pas la même densité que dans la chambre froide, cela vient surement du problème des sketchs qui forment une mosaïque de regards qui n'ont pas tous la même force... mais ne boudons pas notre plaisir, nous avons vécu un grand moment de théâtre. Il serait injuste de mettre en avant un acteur, tant la prestation est formidable, véritable travail de troupe, la performance est homogène. Pour autant il nous est difficile de ne pas parler de la prestation, de Saadia Bentaïeb qui ouvre le bal dans le rôle de la femme qui veut divorcer, nous la retrouvons par la suite en femme de ménage, en future mariée, ou jouant la mère d'un jeune enfant... elle est formidable dans chaque rôle, d'une justesse incroyable, elle donne en deux répliques le sens à son personnage...
De plus en plus ancré dans la réalité sociale, le regard sombre de Joel Pommerat décrypte le monde contemporain sans concession. C'est un de nos grands auteurs, un grand moment de théâtre!

Théâtre de l'Odeon - Ateliers Berthier.

Les raisins de la colére - John Ford

Tom Joad rentre chez lui après un séjour en prison pour homicide. Sur le chemin du retour il croise celui qui l'a baptisé, Jim Casey , ce dernier abandonné par la foi a quitté son ministère. Les deux font route ensemble, Tom découvre sa ferme abandonnée des siens, les métayers ont été chassés pour laisser place à des moyens industriels, les tracteurs. Ils découvrent son pays ruiné sous l'effet conjugué de la dépression et du "dust blown", tempête de poussière qui a sinistré les récoltes.
Tom Joad, finit par retrouver les siens, ils n'ont pas d'autre choix que de quitter définitivement leurs terres de l'Oklhama pour tenter leur chance en Californie où la main d’œuvre est recherchée pour le ramassage des fruits. C'est un long voyage dans un camion à bout de souffle, où les dernières économies de la famille sont dépensées. La Californie n'est pas un el dorado, les producteurs profitent du chômage de masse pour baisser les salaires. Des ouvriers s'organisent mais ils sont vite réprimés, par la police à la solde des patrons. Jim Casey rejoint les grévistes, lors d'une rixe il est tué par un policier, Tom qui est venu à son aide donne un coup mortel au policier, mais dans la bagarre une blessure au visage le rend facilement identifiable... il doit fuir.
Adaptant le roman de John Steinbeck, John Ford plonge avec bonheur dans cette grande épopée de la crise de 29. Il n'a pas d'hésitation, il est du coté des victimes de la crise, jetés sur les routes, affamés ils sont à la merci des vautours.... A la limite de tomber parfois dans un sentimentalisme excessif, John Ford tient son récit sur un fil, servi par un duo d'acteurs hors norme: John Carradine et Henry Fonda. Un magnifique portrait de l'Amérique de la dépression!

Vu dans le cadre du ciné club de Claude Jean Philippe au cinéma l'Arlequin

Chilly Gonzales - Solo Piano

A force d'écouter le volume 2 de Solo Piano, nous avons eu un désir irrépressible de réécouter le volume 1.
Nous vous laissons avec le morceau "Gogol" pour finir de vous convaincre.

Solo Piano de Chilly Gonzales est notre album de la semaine


samedi 19 janvier 2013

Jours de pêche en Patagonie - Carlos Sorin

Marco, la cinquantaine, est parti en Patagonie pour notamment pécher le requin. Nous découvrons au cours du récit que la finalité de ce voyage est tout autre, se réconcilier avec son passé. Nous apprenons au cours d'une discussion avec un entraineur de boxe rencontré par hasard lors d'une attente dans un village qu'il fut alcoolique. Ce séjour est pour lui une tentative de se réconcilier avec sa fille dont il n'a plus de nouvelles depuis des années, surement depuis son divorce dont on comprend qu'il fut houleux... Les zones d'ombres sont nombreuses, et c'est tant mieux!
C'est un film concis, un peu moins de 1h20, qui fait le portrait d'un homme qui cherche à retrouver sa dignité. La Patagonie le coupe du monde,  c'est une géographie extraordinaire, des paysages sans fin livrés au vent, c'est un désert loin des vicissitudes de la vie, où pour retrouver l'être cherché, on passe tout simplement un message sur la radio locale...
Il n'y a pas grand chose à dire sur ce portrait d'un homme, juste que c'est un film sublime et magique d'une grande beauté visuelle. Nous avons été hypnotisés !

Comme un lion - Samuel Collardey

Pour les gamins d'Afrique, la légende c'est Leo Messi le joueur barcelonais d'origine argentine parti de chez lui encore gamin pour rejoindre l'école de Football de Barcelone et qui aujourd'hui domine la planète foot. Mais ce n'est pas la légende qu'a choisie d'imprimer le cinéaste de l'apprenti, mais la réalité qui est tout autre...Notamment celle des gamins africains abusés par des marchands de rêve qui profitent de leur naïveté...
C'est l'histoire de Mitri un gamin d'un village sénégalais, repéré par un recruteur camerounais qui lui fait miroiter une carrière dans un club français et un contrat, mais pour cela il faut que sa grand-mère qui s'occupe de son éducation verse une somme de 5 millions de françs CFA, pour payer les frais de voyage et de dossier.
Cette dernière pour recueillir cette somme vend son verger et demande à la "tontine", sorte de caisse de solidarité du village de lui avancer le complément s'engageant à lui rembourser rapidement dés que son petit fils signera son premier contrat...
Un fois arrivé à Paris, le gamin se retrouve vite seul  abandonné, il a été grugé. C'est la honte notamment pour sa grand mère qui ne peut rembourser sa dette.
Si il y a quelque chose de pourri dans le monde du football, nos institutions offrent un accueil à ce gamin de quinze ans, qui se retrouve en foyer à Montbéliard, pas loin d'un club de foot professionnel le FC Sochaux...
Nous avions beaucoup aimé le premier film  de Samuel Collardey, "l'apprenti", il confirme ici tout le bien que nous pensons de son cinéma ancré dans la réalité. L'univers de Ken Loach n'est pas loin même si le propos est ici moins politique que chez le cinéaste anglais. Le clin d’œil en début d'article à l'Homme qui tua Liberty Valance, de John Ford  n'est pas le fait du  hasard , nous retrouvons la même vision humaniste dans le cinéma de Samuel Collardey, et le talent de raconter simplement une histoire. Serge, entraineur grincheux et aigri , incarné parfaitement par Marc Barbé, qui va prendre Mitry sous sa coupe, ne dépareille pas du héros fordien.
Ce film nous a permis de croiser Anne Coesens, toujours juste dans son jeu. Une actrice trop rare!

Samuel Collardey est pour nous un nom important du cinéma français, il a déjà signé deux grands films !

vendredi 18 janvier 2013

Dos à deux - 2eme acte au Théâtre Jean Arp

Librement inspiré de "En attendant Godot" de Samuel Beckett, Dos à deux est un spectacle entièrement visuel, une rencontre entre deux vagabonds qui partagent un temps d'attente... Pour tuer le temps, ils s'inventent des jeux, se disputent pour  mieux se réconcilier, des plaisirs propres à l'enfance. "C'est problable" dit l'un, " c'est probable" corrige l'autre, sont les seuls mots échangés. Le spectacle n'est en rien une vision angélique de la vie des vagabonds, s'il y a des moments de bonheur la tragédie n'est jamais loin, la vie dans la rue est sans espoir, tout finit par un drame.
Burlesque, danse, mime, ils usent de tous les arts de la scène pour exprimer leurs émotions, leurs peurs tels deux clowns tristes. Un spectacle d'une grande poésie qui emporte sans difficulté l'adhésion du public hétéroclite. Un petit bijou !
Ce spectacle de Arthur Ribeiro et André Curti fut créé en 1998, pour cette raison, sa reprise à laquelle nous venons d'assister est appelée Dos à deux, 2eme acte... Les deux acteurs Clément Chaboche et Guillaume Lepape sont formidables, ils méritent d'être cités.

Pour tout savoir sur la compagnie Dos à deux, cliquez ici

mardi 15 janvier 2013

Nagisa Oshima (03/03/1932 - 15/01/2013) - Jean-Bertrand Pontalis (15/01/1924 -15/01/2013)

Il est parfois étonnant de voir les nouvelles de décés se succéder dans un court délai. Le cas le plus célèbre est peut être la mort de Jean Cocteau intervenue 24 heures après celle de Edith Piaf. 
Rien ne semble relier Jean-Bertrand Pontalis de Nagisa Oshima tous deux décéder ce jour, si ce n'est que le philosophe, psychanalyste français a surement été spectateur des films du cinéaste japonais. Ils ont été tous les deux des témoins avisés de leur temps.
Si nous reconnaissons l'importance de ces artistes, nous devons convenir qu'ils ne font pas partie de nos favoris, surement par ignorance.

Si nous avons vu des films de Oshima, dont l'empire des sens qui fut une date importante de l'histoire du cinéma ou Furyo  un succès international, avec notamment la présence de David Bowie au sommet de sa gloire, nous n'avons jamais été totalement emballés par son cinéma nous y sommes restés quelque peu étrangers. Il fut le porte drapeau de la nouvelle vague japonaise avec notamment  un film qui le fit connaître "Contes cruels de la jeunesse." dont nous avons un souvenir lointain plutôt positif... 


De Jean-Bertrand Pontalis dont nous savons qu'il fut  un disciple de Sartre avant de se passionner pour la psychanalyste et la pensée de Jacques Lacan, nous n'avons lu aucun livre et c'est surement un tort. Mais nous avions toujours plaisir à l'écouter à la radio ou à la télévision. La dernière fois, il nous semble que c'était à la grande librairie où il était invité en compagnie de Anne Wiazemski; cet été, il tenait une chronique dans une émission du matin sur France Inter. Il se dégageait de sa voix, une grande sagesse, il imposait le silence et la réflexion...

lundi 14 janvier 2013

Loulou - Maurice Pialat

Nelly s'ennuie auprès de son mari, menant une vie bourgeoise et rangée. Elle rencontre Loulou, un jeune marginal dans une boite de nuit. Séduite par son coté animal, elle quitte son mari pour s'installer dans un hôtel avec son nouvel amant. Elle découvre une nouvelle vie, des soirées dans les bars, les petits larcins dans les coins perdus de banlieue, et le plaisir de faire l'amour. Elle se s'en cache pas à son mari lors de leur séparation "Je préfère un mec qui m'aime, qui me baise bien et qui veut pas bosser, qu'un mec qui me fait chier et qui a du fric."
Nelly est enceinte, mais elle comprend que Loulou restera un marginal vivant de petites combines, elle ne soit pas d'avenir, elle choisit d'avorter.
Le cinéma de  Maurice Pialat nous a toujours impressionné, une impression de vivre le réel comme si tout était pris sur le vif, on oublie vite les acteurs pour ne voir que les personnages. Pourtant nous ne sommes pas dupes tout est écrit, et si le cinéaste ne recherche jamais "la belle image", les plans sont millimétrés, les images sont composées avec une grande précision. Maurice Pialat a d'abord été peintre, cela se ressent fortement dans sa façon de filmer, d'utiliser les miroirs. Le film est sombre, la quête du bonheur ici est vaine, Loulou semble être celui qui a trouvé la meilleure solution dans une recherche permanente du plaisir immédiat.
Nous avons eu le désir de revoir ce film de Maurice Pialat, car c'est sa première collaboration avec Gérard Depardieu. Les deux hommes resteront liés, une amitié jamais démentie. Ce dernier colle parfaitement à son personnage il est une force animale mais derrière ce roc on pressent comme une fêlure, une faiblesse... une incapacité à vivre avec les autres.
Ce film nous rappelle combien Gérard Depardieu est  un acteur éblouissant. En nous promenant récemment nous sommes tombés sur sa poissonnerie,  rue du Cherche Midi, à l'angle de la rue Dupin. A quelques pas de là, Franois Mitterrand et Marguerite Duras, deux figures tutélaires du comédien, engagés dans la résistance ils se sont planqués dans un appartement de la rue Dupin (au-dessus de la poste)  alors qu'ils étaient recherchés. Ce quartier était aussi celui de Maurice Pialat.
Plus que le fisc, c'est peut-être les fantômes qui hantent sa vie que cherche à fuir Gérard Depardieu tant l'homme nous semble blessé. Nous ne porterons pas de jugement sur son comportement irrationnel , nous préférons revoir les chefs d’œuvre de sa filmographie. Nous aimons Gérard Depardieu!

dimanche 13 janvier 2013

The Master - Paul Thomas Anderson

L'histoire simple et banale du soldat Freddie revenu de la guerre (la deuxième guerre mondiale en l’occurrence et celle du Pacifique plus précisément) qui a bien du mal à retrouver une place dans la société, un thème récurrent dans l'histoire du cinéma américain. Victime de troubles psychiatriques, alcoolique, il fabrique lui même sa gnôle.Violent, Freddie enchaine les boulots. Son errance à travers le pays le mène par hasard sur un bateau où il fait la connaissance de Lancaster Dodd qui marie sa fille et qui se révèle être le gourou d'une secte "la cause", inspirée en partie par l'Eglise de Scientologie. Freddie tombe sous la coupe de Lancaster, nait entre eux une relation complexe, ambigüe, dont nous ne savons plus très bien qui tire les ficelles...
Fascinant et agaçant sont les deux qualificatifs qui nous viennent à l'esprit à la sortie de la séance.
Fascinés par la beauté du cinéma de Paul Thomas Anderson, le film est  tourné en 70 mm, le format respecté lors de sa projection à l'Arlequin. Fascinés également par la prestation des deux acteurs: Joaquin Phoenix et Philip Seymour Hoffman, ils sont absolument impressionnants, ils donnent corps à leur personnage. Le premier par la force de son regard et la posture de son corps qui nous fait comprendre tout le désarroi de son âme, il joue sur un fil à la limite de la caricature. Le second est particulièrement convaincant en chef de secte, il a un vrai  charisme, son physique en impose, sa présence nous rappelle par moment celle de Orson Welles.
Agacés, nous le sommes par la deuxième partie du film qui ne débouche finalement sur pas grand chose.Des scènes sont certes particulièrement impressionnantes, notamment la sortie en moto dans le désert d'Arizona,  mais le film devient répétitif, il ne se passe finalement pas grand chose, nous sommes à la limite de l'ennui voire perplexes devant ce duo.

Le Kid - Charlie Chaplin

Une jeune fille mère désespérée abandonne son enfant à l'arrière d'une voiture cossue. A la suite d'une série d'imbroglios, le nouveau né termine dans les bras de Charlot. il essaye bien de s'en débarrasser mais rien n'y fait  il n'a pas d'autres le choix que de  garder  le bébé malgré sa grande pauvreté. Nous les retrouvons cinq ans plus tard formant une sacrée équipe, le gamin brise les vitres, Charlot le suit avec tout son matériel de vitrier....Leur complicité n'est pas que "professionnelle", un véritable amour les lie. Mais ils sont  repérés par les services sociaux qui veulent retirer l'enfant à Charlot...

Premier long film de Charlie Chaplin, il marie pour la première fois le mélodrame à la comédie burlesque. Nous retrouvons ici tous les gags du comique, les poursuites, les bagarres improbables qui fonctionnent toujours à merveille, mais à ces scènes burlesques viennent s'intégrer des parties plus sentimentales, où les larmes succèdent au rire. Cela peut être un peu trop forcé par moment, mais ne boudons pas notre plaisir ce film est une pure merveille. Le montage est particulièrement impressionnant, les plans sont millimétrés, la musique donne parfaitement le ton du film, pas vraiment besoin d'indications écrites pour comprendre le sens du drame. C'est du grand art !

Vu au Ciné-Club de Claude-Jean Philippe (cinéma l'Arlequin)

Chilly Gonzales - Piano Solo 2

Génial touche à tout, Chilly Gonzales plus connu sous le simple patronyme de Gonzales aime la musique sous toutes ses formes. On peut difficilement faire plus éclectique que ce québecois, electro pop, rap, musique underground, son univers est sans limite, musicien, producteur, il prêta ses mains de pianiste pour le film de Joan Sfar "Gainsbourg, une vie héroïque". C'est avant tout un pianiste virtuose de formation classique, nourri de la musique d'Erik Satie. C'est d'ailleurs le pianiste que nous préférons chez lui, nous avions été emballés par l'album Solo Piano.

Nous ne pouvions pas passer à coté de son nouvel opus, où il nous propose une série de compositions personnelles jouées au piano.

Solo Piano 2 est notre album de la semaine.


samedi 12 janvier 2013

Conteur? Conteur - Yannick Jaulin

Yannick Jaulin est un conteur, son plaisir est de raconter des histoires, de chercher à comprendre le monde à travers ses anecdotes, ses faits divers, ses défis sportifs, extraordinaire moment où il nous raconte le combat de boxe mythique, entre Muhammad Ali et George Foreman qui eut lieu à Kinshasa... Il aime parler, mais c'est aussi un observateur de haut vol qui aime à traverser le pays à la rencontre des gens, car avant tout, le conteur doit savoir écouter.
"Parce que je suis conteur, je peux relever ce défi: être dans le réel, dans l'actualité du monde et la faire résonner sur des paroles mythologiques, des récits allégoriques, être à la fois au-dessus des terres et dans les caves du monde."
Ainsi définit-il son métier de conteur, inspiré par une phrase de Tolstoi: "Si tu veux parler de l'universel, parle de ton village."

Voir sur scène Yannick Jaulin, c'est la garantie de passer un grand moment, il captive la salle dès les premiers mots, sur scène, un décor d'une grande simplicité: une chaise... Nous pourrions faire une comparaison avec le dernier spectacle de Jamel, le décor est le même, les moyens sont identiques pour captiver la salle: la parole.

Si l'un vient de la banlieue, gouailleur et nourri de la culture américaine,se voulant un représentant du stand up. L'autre, Yannick Jaulin, est une version plus terroir, originaire de Vendée, il aime la France ses territoires et ses patois, il ne se revendique pas de cet art américain, le "stand-up", il est un conteur. Il est important d'écouter sa parole qui nous offre un regard alternatif à celui du présentateur réactionnaire du 13h de la grand chaine privée nationale. Yannick Jaulin est un héritier de Montaigne et de Rabelais,  sa parole est celle d'un humaniste.
 Dans un registre différent, les deux ont la même énergie, un sens aigu du jeu, capable de changer de personnage le temps d 'un instant. Ils sont tous les deux des héritiers des contes des mille et une nuits...

Véritable nomade, Yannick Jaulin se produit partout , des grandes scènes parisiennes aux petites salles de province, il convient de ne pas le rater s'il passe près de chez vous.
 Drôle, grinçant, généreux, après l'avoir vu sur scène, nous  repartons  avec une envie, vite le revoir... c'est un géant!

Pour en savoir plus sur Yannick Jaulin, cliquez ici

Vu au théâtre Jean Arp de Clamart

vendredi 11 janvier 2013

Main dans la Main - Valerie Donzelli

Le film de Valérie Donzelli est au cinéma ce qu'est une chanson d'Elli et Jacno à la musique, un instant pop et léger, un petit moment de grâce qui met le temps en suspens,  une ritournelle qui vous suit pour la journée rendant le pas plus léger.
Des histoires de couple, de l'amour qui vous surprend... derrière la comédie sentimentale, drôle et légère voire loufoque par moment...  se cache une vraie réflexion de la cinéaste sur le couple, surement nourrie de sa propre expérience .
Inspirée par les films du passé, notamment ceux de la nouvelle vague et du duo mythique Jean Luc Godard et Anna Karina ou ceux plus récents d'Arnaud Desplechin, la mise en scène est subtile, variée avec une utilisation parcimonieuse et subtile de la voix off . Valérie Lemercier, sa sublime ligne de hanche, ses jambes à faire fondre François Truffaut, est merveilleuse
Nous aimons la dernière comédie de Valérie Donzelli.

mardi 8 janvier 2013

Citizen Kane sauvé par un chapelet

Nous en reviendrons pas sur Citizen Kane, un film vu l'année dernière sur grand écran, nous lui avions alors consacré un billet. (voir ici).
Les conditions de tournage obtenues par Orson Welles sont inespérées, il a un contrôle total sur son film, une situation qui lui valut bien des jalousies à Hollywood comme il le raconte dans un livre d'entretiens à Peter Bogdanovitch.

"O.W: Le contrat ! Tout le monde aurait voulu un contrat comme ça. Réalisateur-Producteur-auteur avec une liberté artistique totale. Imagine un peu! Il  y a toujours une certaine violence qui ressort face à une grande gueule. Et un type qui n'avait rien fait pour le cinéma et qui avait tout ce qu'il voulait!
P.B: Avais-tu le contrôle des opérations jusqu'au montage final.
O.W: Oui pour la première fois dans toute l'histoire de l'industrie cinématographique. et plus important, c'est que personne, absolument personne, ne pouvait voir les rushes ou venir sur le plateau."


Randolph Hearst le magnat de la presse  est furieux lorsqu'il découvre le film terminé, il se sent personnellement attaqué par Welles, il va chercher par tous les moyens à faire détruire le film.

"P.B: Quelle fut ta réaction quand Hearst a voulu te mettre sur la liste noire à cause de
Citizen Kane?
O.W: Je m'y attendais. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'on détruise le film; d'ailleurs, on l'a échappé belle.
P.B: Le négatif a failli être brulé?
O.W: Oui, il a été sauvé par un chapelet.
P.B: Pardon?
O.W: Il y avait une projection pour Joe Breen, le chef de la censure à l'époque, qui devait prendre la décision de le brûler on non. les autres studios avaient versé quantité de pots-de-vin pour qu'il disparaisse.
P.B: A cause du groupe de presse de Hearst?
O.W: Oui. Tout le monde disait: "Inutile de chercher les ennuis, brûlons le, tout le monde s'en fiche. ils en encaisseront la perte." J’avais un chapelet que j'avais mis dans ma poche et, à la fin d la projection, sous le nez de Joe Breen, un bon catholique irlandais,je l'ai fait tomber par terre en disant: "Oh, excusez-moi". Et je l'ai remis dans ma poche. Sans ce geste, c'en aurait été fini de
Citizen Kane."

Légende ou réalité, à vous de voir.

Un peu plus tard dans l'entretien,  Orson Welles confesse: "J'ai toujours pensé que Hearst avait le droit d'être choqué"

Moi Orson Welles - Orson Welles & Peter Bogdanovitch

lundi 7 janvier 2013

Pourquoi nous aimons François Mauriac

Homme de droite, catholique, François Mauriac n'a jamais caché ses convictions, il ne les a jamais trahies non plus. Romancier, mais aussi journaliste, il s'est toujours exprimé sur les évènements de l'actualité avec une acuité des plus fines. Guerre d'Espagne, montée du fascisme, Guerre d'Algérie, son regard fut toujours pertinent, fidéle à son humanisme, il avait le sens de l'Histoire.
Il se fit de nombreux ennemis.
Dans l'excellente biographie de Jean-Luc Barré, il est cité un article infâme non signé du journal collaborationniste et antisémite "je suis partout". La volonté était de trainer dans la boue l'auteur de Thérèse Desqueyroux,  il fait l'honneur de sa cible:

"M François Mauriac, il ne faudrait pas l'oublier, fut parmi les plus ardents bellicistes, par sottise et surtout par passion partisane. Non content de s'attaquer perfidement à tous les français qui défendaient l’intérêt de leur pays et qui dénonçaient le complot juif international, il a, si on peut dire, payé de sa personne, ou plutôt de sa plume, pendant des années.
Sous prétexte de défendre un catholicisme qu'il n'a fait que compromettre, il a pris successivement le parti des bandes du Negus, des révolutionnaires espagnols et des capitalistes judéo-anglais. Penseur à la petite semaine, il écrivait - pour beaucoup d'argent - des articles au
Figaro et à Paris-soir de M Prouvost, sans parler de Marie-Claire. En septembre 38, il est évidemment antimunichois, et faisant la plus effroyable littérature sur la guerre possible. En 1939, au cours d'une visite sur un front calme, cet admirateur de Paul Reynaud trouvait le moyen d'exprimer à la fois la trouille la plus ridicule et le plus sot des bellicismes conformistes.
M Mauriac n'a rien à faire avec nous. Il peut pleurnicher, il peut déclarer dans le privé qu'il est vaincu à la fois comme Français et libéral, nous ne lâcherons pas. Il s'est ôté le droit de reparaître - dans tous les sens du terme. On n'a aucun besoin, dans la France d'aujourd'hui, des petits romans de vicaire impubère où il joint l'amour des bars, la fréquentation des désaxés, le goût de la confession dans les mauvais lieux, et où il est réécrit l'évangile selon Sainte Locuste.
Monsieur Mauriac n'est pas seulement l'antifasciste-né, celui qui a toujours combattu l'ordre, la santé, l'autorité partout où il les a trouvés. Il est aussi le Tartuffe-né. Nous l'avons toujours dit. Nous continuons..."

Jean-Luc Barré signale que ce texte n'est pas le pire qui fut écrit à l'encontre de Mauriac. Il convient de rappeler que "Je suis partout" est le journal  de Brasillach. Mauriac tenta en vain à le libération de sauver le journaliste antisémite condamné à mort.

François Mauriac est un homme remarquable il faut lire ses romans, mais aussi ses articles de presse, ses critiques... c'est toujours d'une grande intelligence, sa plume n'a rien perdu de sa pertinence. Enfin nous conseillons l'énorme biographie de Jean-Luc Barré (Edition Fayard)

dimanche 6 janvier 2013

Les bêtes du sud sauvage - Benh Zeitlin

Nous ne ferons pas très long avec le film de Benh Zeilin auquel nous n'avons pas du tout adhéré. Très rapidement fatigués par la caméra portée à l'épaule et la succession des gros plans; nous n'avons pas été émus par l'histoire de ces habitants du Bayou qui refusent de quitter leur domaine condamné à disparaitre sous les eaux. Ils se défendent comme ils peuvent, faisant sauter une digue pour se libérer des eaux suite à une tempête. Pauvres mais solidaires, ils semblent condamnés à être dévorés par les "aurochs" tels les hommes de la préhistoire se faisant chasser de leur caverne par ces bovidés selon la légende.
Raconté à travers le regard d'une jeune fille Hushpuppy, orpheline de mère et dont le père malade est à bout de souffle,  ce désastre écologique ne nous laisse pas insensibles; cette région merveilleuse du sud de la Louisiane semble vouée à disparaitre sous les eaux devant la montée inexorable du niveau de la mer. C'est tout un écosystème qui est condamné.
Mais voila le poème lyrique de Benh Zeilin nous a laissé de marbre ! Mais nous devons confesser que ne nous sommes pas non plus des grands fans du cinéma de Terence Malick, souvent cité comme source d'inspiration du jeune cinéaste.

El perro del mar - Pale Fire

"El perro del mar" est le nom d'artiste pas très suédois choisi par Sarah Hassbring. Ce chien de la mer serait apparu à la jeune suédoise lorsqu'elle se promenait mélancolique sur une plage espagnole, la sauvant de ses désirs de noyade. Voila plus de 7 ans que nous suivons la carrière de la chanteuse , et de son EP "look ! It's Perro del Mar !"
La jeune fille originaire de Goteborg, nous livre un nouvel album où sa musique s'enrichit de sons électro. Dans la lignée de ces précédentes productions, Pale Fire est une petite merveille fidèle à la définition qu'elle donnait à sa musique dans un entretien paru dans le Monde "J'aime les contrastes. Tant au niveau des paroles que de la musique, j'essaie d'associer des humeurs contradictoires, la rage et la fuite, l'euphorie et la mélancolie, ce genre de choses..
Pale Fire est notre album de la semaine !


samedi 5 janvier 2013

Gimme the loot - Adam Leon

Une histoire vieille comme New-york de gamins qui se disputent des bouts de territoires. La guerre se fait ici à coup de tags, de signatures sur les coins les plus improbables. Sofia et Malcolm, deux jeunes du Bronx, fatigués de voir leurs œuvres recouvertes par celles de leurs ennemies, ont décidé de frapper un grand coup: taguer la grosse pomme de l'équipe des Mets qui jaillit à chaque Home run. Imprimer leur signature sur la mascotte de de l'équipe honnie, celle de leur adversaire, les gars du Queensland, une idée géniale mais qui demande des moyens importants pour s'infiltrer dans un des stades les plus surveillés de New-York,un "Everest" pour tagger, surement inaccessible...
Un film indépendant d'un jeune metteur en scène, qui tient la route grâce à la présence de deux jeunes acteurs formidables: Tashiana Washington et Ty Hickson... Ils sont plein de gouaille, nourris de culture urbaine, ils ont une sorte d'insouciance réjouissante, cherchant désespérément 500 dollars pour soudoyer le gardien du stade. Une quête qui ne peut pas se faire selon les normes légales.
Un film plein de fraicheur, qui nous rappelle que New York n'est pas seulement la ville de la finance, de wall street et des wasps arrogants, c'est aussi des quartiers populaires, la ville du melting pot où les différents milieux se retrouvent parfois pour faire commerce du haschich.
Réjouissant, premier film, Adam Leon est un nom à retenir. A suivre...

vendredi 4 janvier 2013

Renoir - Gilles Bourdos

Nous sommes en août 1915, Renoir a deux de ses fils à la guerre, il est installé sur la côte d'azur. Une jeune fille Andrée, se présente pour être le nouveau modèle du peintre. Ce dernier, vieillissant, rongé par des rhumatismes déformants, ne renonce en rien à son art qui occupe tout son temps dans l'indifférence  de l'actualité . Jean son fils, rentre blessé pour se soigner. Durant sa convalescence, il accompagne son père, il cède aux charmes irrésistibles du nouveau modèle. Mais par fidélité à ses compagnons de combat, ses camarades, il repart au front ....

Dire que ce film est ennuyeux n'est pas un vain mot, il ne se passe pas grand chose, les dialogues sonnent faux comme une succession d'aphorismes du peintre, cela manque cruellement de vie... Christa Theret est un très joli modèle, dés qu'elle parle c'est un peu moins bien, quand elle se met en colère cela est peu convaincant. Vincent Rottiers nous accable, il compose un Jean Renoir d'une totale platitude, l'opposé de l'image que nous nous faisons de l'auteur de "la règle du jeu". Michel Bouquet est lui parfait dans ce rôle de vieillard en fin de vie, qui lui va comme un gant, le roi se meurt c'est définitivement sa tasse de thé. Un film qui n'a pas grand intérêt, une réelle déception...

Nous nous rappelons avoir vu le vrai Auguste Renoir dans "ceux de chez nous" un film de Sacha Guitry, qui avait eu l'idée géniale dans ses jeunes années d'aller filmer ses héros: Claude Monet, Auguste Rodin, Camille Saint Saens, et bien d'autres encore dont Auguste Renoir... Par ces images muettes, la voix de Guitry donne vie à tous ces grands du début du siècle dernier... C'est peut être là le seul mérite du film de Gilles Bourdos, nous donner l'envie de revoir le film merveilleux de Sacha Guitry!

La fée verte

Nous aimons les brasseries. Difficile pour nous de ne pas penser au cinéma de Claude Sautet lorsque nous y pénétrons, nous nous rappelons alors  Montand, Picolli, Reggiani ou Romy Schneider se retrouvant dans ces espaces enfumés, une époque où on n'avait pas idée de se donner rendez vous dans une salle de sport...
Toutes ne méritent pas le détour,quand parfois le cuisinier ne montre pas beaucoup d'affection pour son client, lui offrant des frites molles et pas beaucoup de saveur dans son assiette. Rien de tel aujourd'hui où nous avons poussé la porte de la fée verte, une brasserie située au cœur du XI° arrondissement , rue de la roquette.
Une assiette de charcuterie et de fromages, nous montre toute la considération que l'on a pour le client, l'assiette est généreuse, la charcuterie ni trop grasse ni trop salée est un vrai régal, les fromages savoureux se marient parfaitement au Muscadet que nous avions choisi.
Le plat dut jour "gambas rôtis avec un wok de légumes, un  mélange parfaitement réussi.

Un cadre chaleureux, la fée verte, nom donné autrefois à l'absinthe, se révèle une adresse à retenir, d'ailleurs au vue de l’affluence, le lieu est connu dans le quartier. Si l'ambiance enfumée a aujourd'hui disparu, nous retrouvons le climat des films de Claude Sautet, le brouhaha des tables qui discutent, le charme de la promiscuité de ces endroits, les retrouvailles entre amis. Car les gens ont encore l'idée de se donner rendez vous dans les brasseries!

Dans le XI°, notre brasserie s'appelle, la fée verte, 108 rue de la roquette.

Les enfants Tanner - Robert Walser

Quel étrange individu que Simon Tanner, le plus jeune enfant de la fratrie Tanner, personnage central du premier roman de Robert Walser. Séduisant, agaçant, fantasque, nous le suivons dans ses pérégrinations, incapable de se fixer, de "se trouver une place dans la société des hommes. "
Nous serions tentés de reprendre ici les vers de Baudelaire, tant Simon nous renvoie à l'albatros, sorte de géant inadapté à la vie sociale.
Klaus son grand frère installé dans la vie, scientifique réputé essaye de lui tenir un discours de raison à chaque rencontre. Mais rien n'y fait, Simon reste incapable de s'adapter à un métier, il a essayé la banque, la librairie, les notaires, à chaque fois il finit par fuir. Il est heureux de retrouver un temps son frère Kaspar un peintre, avec qui il  partage alors une chambre et des promenades dans la nature à la recherche de l'inspiration. Sans ressources, il décide de  rejoindre sa sœur Hedwig, une mélancolique institutrice et même  si cette dernière est excédée par son jeune frère, elle est heureuse de partager quelques mois sa demeure avec lui avant qu'il ne rejoigne la ville. On apprend au détour d'une conversation que le troisième garçon de la famille Tanner fut un jeune homme brillant mais qu'il a sombré dans la folie et demeure définitivement interné dans une clinique...
Robert Walser eut une carrière étonnante, il fut remarqué dès ce premier roman par les plus grands auteurs de son temps: Franz Kafka, Herman Hesse, Stefang Zweig ou Robert Musil .Il publie ainsi entre 1907 et 1909, trois romans avant de quitter Berlin en 1913 pour rejoindre sa Suisse natale. Ses écrits sont nombreux, mais frappé de dépression, l'écrivain est hospitalisé en 1929 dans une clinique où  il demeure jusqu'à son décès en 1956. Son œuvre fut oublié de son vivant avant récemment d’être récemment redécouverte.
Les enfants Tanner, fut écrit alors qu'il avait vingt sept ans, il fut écrit en trois semaines!
Dans la postface, les propos de Robert Musil qui a écrit la même année les désarrois de l'élève Törless sont ainsi repris : "... Une prairie est chez lui parfois un objet réel, mais parfois quelque chose qui n'a lieu que sur le papier. Quand il s'exalte ou s'indigne, il ne perd jamais de vue que c'est ce qu'il est entrain d’écrire, que ses sentiments sont eux-même branchés sur la ligne. Il fait brusquement taire ses personnages et laisser l'histoire comme un personnage...Je veux bien qu'il s'agisse de jeux, mais ce ne sont pas des jeux d’écritures - malgré une maitrise de langage qui ne cesse de vous éblouir -, ce sont des jeux humains où il y a beaucoup de douceur, de rêve , de liberté et toute la richesse morale d'une de ces journées apparemment inutiles, paresseuses, où nos plus fermes convictions se desserrent et entrent dans une agréable indifférence."
Nous avons aimé suivre le destin de Simon, ses moments d'exaltation, ses rêves, ses monologues, ses rencontres avec la nature, nous avons aimé partager ses journées de paresse, de oisiveté, nous avons aimé son regard sur le monde, finalement lucide...les enfant Tanner est un très beau roman,!

jeudi 3 janvier 2013

Le festin de Babette - Gabriel Axel


Sur la côte de Jutland, un petit village danois vit sous la coupe de son pasteur, un luthérien pas drôle qui a créé sa propre secte, le climat est rude tout autant que les règles de vie. Ses deux filles Martine et Filippa vivent à ses cotés, jolies elles fascinent les jeunes hommes du pays. Mais elles restent auprès de leur père, repoussant toute demande en mariage. Un officier venu se reposer au village de ses excès auprès de sa tante, ne résiste pas au charme de Martine, mais il repart seul et malheureux, tout comme un chanteur lyrique français venu se ressourcer dans ce coin perdu, il est particulièrement ému par les qualités de chants de Filippa, il lui donne des cours mais la jeune fille le repousse lorsqu'il se fait trop pressant.

En 1871, les deux sœurs seules depuis la mort de leur père, ont la surprise d'une visite. Une française inconnue, Babette échappée de la commune de Paris où son mari et ses enfants ont péri est venue se réfugier dans ce coin perdu sur le conseil du chanteur lyrique. Elle se propose pour un emploi de servante aux deux femmes devenues âgées. Chaque année, elle achète un billet de loterie, elle finit par gagner et choisit d'utiliser l'argent gagné pour préparer un repas français aux membres de la communauté . Ancienne chef cuisinière du Café Anglais, un restaurant célèbre de la vie parisienne,Babette leur concocte un vrai festin. Un choc de saveurs et de parfums pour cette communauté luthérienne peu habituée à voir ses sens bouleversés et alors qu'ils avaient décidé de ne pas se laisser aller aux plaisirs culinaires, il leur est difficile de ne pas se laisser emporter par la sensualité de la cuisine française et de ses alcools raffinés.

Sorti il y a 25 ans, on retrouve avec le même plaisir le film danois de retour sur les écrans de cinéma. Adapté d'un texte de Karen Blixen, ce film crée une ambiance envoutante dés les premiers plans, les deux filles sont bouleversantes, renonçant à toute forme de vie... Elles finissent par se trouver piégées, ne pouvant refuser le repas de leur fidèle servante, admirable Stéphane Audran...Nous assistons avec délectation à leur première expérience sensuelle... Le temps a passé, le film a gardé toute sa beauté !

mercredi 2 janvier 2013

Foxfire, confessions d'un gang de filles - Laurent Cantet

Dans une ville américaine des années 50, un groupe de filles décide  de créer une bande, les "Foxfire", une idée de Legs, le leader charismatique du groupe. Engagées par un pacte et un tatouage dans le dos, les jeunes filles ont décidé de mettre fin aux violences subies en tant que femmes au quotidien... La première victime est leur professeur de mathématiques dont elles taguent la voiture d'un slogan humiliant après qu'il se soit moqué de l'une d'entre elles , emportant ainsi le rire des garçons. Mais très vite, elles se font plus agressives, notamment Legs qui n'a pas peur de mettre une lame de couteau sous la gorge d'un garçon intimidant sa copine. Après un "emprunt" de voiture, la justice se saisit du dossier, Legs est envoyée cinq mois en maison de correction alors que les autres membres du groupe sont condamnées avec sursis.
Dès la libération de leur leader, le groupe se reforme emménageant dans une maison délabrée, mais très vite l'argent vient à manquer... Les jeunes filles trouvent la solution, en allant draguer des hommes mariés dans des bars ou restaurants avant de les dépouiller de leur portefeuille, certaines qu'ils n'iront pas porter plainte. Elles voient plus grand en organisant le rapt du puissant entrepreneur de la ville, elles ont peut être vu trop grand sur ce coup là....
Laurent Cantet a choisi d'adapter un roman Joyce Carol Oates, le cinéaste réalise un film américain avec des actrices inconnues. Si l’atmosphère des années 50 est ici parfaitement reconstitué, le film s'attache surtout à la réalité sociale, il ne crée pas un univers romanesque en rupture avec ses films précédents plongées dans la réalité contemporaine, il est toujours dans la même vaine. Portrait de jeunes filles qui ne peuvent accepter les règles sociales qui leur imposent humiliations, viols, elle choisissent de se révolter sans avoir vraiment une idée réelle de ce qu'elles souhaitent pour avenir, seule Legs a une culture politique qu'elle tient d'un vieil homme, un vieux prêtre défroqué qui lui raconte son engagement socialiste de ses jeunes années. Elles montrent clairement leurs limites idéologiques quand elle refusent d'intégrer une jeune fille parmi elle parce qu'elle est noire à la plus grande colère de Legs.
Le groupe finit par se craqueler,  toutes ne peuvent suivre Legs interprétée par Raven Adamson, une jeune actrice d'une impressionnante présence, dans sa radicalité. Maddy la narratrice, celle qui note tout, est la première à quitter le groupe.
Un film passionnant rythmé par la musique de Timber Timbre et de son hypnotisant "magic arrow", un film qui nous rappelle également que nous devons prendre le temps de lire les romans de Joyce Carol Oates!

mardi 1 janvier 2013

2013, année Orson Welles

Depuis que nous avons revu l'année dernière Citizen Kane au cinéma, nous avons le désir de nous replonger dans l’œuvre d' Orson Welles. Cinéaste maudit, sa carrière ne fut qu'une suite d'embuches, pourtant il fut peut-être le cinéaste dont le premier long métrage fut aussi attendu.
Au cours de cette année, nous essaierons d'égrener sa filmographie, de nous replonger dans son livre d'entretien avec Peter Bogdanovitch, et de retrouver des écrits critiques d'André Bazin, François Truffaut et bien d'autres...

2013, année Orson Welles, avons nous décidé . Bonne année à vous !

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