dimanche 30 juin 2013

Le fils unique - Yasujiro Ozu

A Shinshu, un village au coeur du Japon, une femme fileuse de soie élève seule son garçon. Elle se trouve au pris au piège du mensonge de son fils lorsque le maitre de ce dernier la félicite pour l'avoir inscrit au lycée. Elle va tout sacrifier pour cet enfant parti étudier à Tokyo. Treize ans plus tard, elle fait le voyage à la capitale. Elle découvre son fils marié, père d'un enfant vivant modestement, il est professeur d'un cours du soir, il gagne peu, il pense avoir décu les ambitions de sa mère et les sacrifices qu'elle a consenti pour sa réussite.
Premier film parlant du grand cinéaste japonais Yasujiro Ozu qui révèle toute la délicatesse de son regard pour décrire cette relation Mère fils sur fond de crise sociale. Le cinéaste limite son regard à la cellule familiale s'évadant parfois chez un voisin, c'est peut être le coté frustrant de cette magnifique chronique familiale tant nous aimerions en savoir plus sur le Japon des années 30 qui va sombrer dans la barbarie.
Le film a fait l'objet d'une restauration; pour autant la partie son reste endommagée, tout n'a pu être réparé mais le film vaut largement d'être vu. Il annonce l'oeuvre d'un des plus grands noms de l'histoire du cinéma.

Vu à la filmothèque du quartier Latin

Psychose - Alfred Hitchcock

Phoenix (Arizona), un vendredi après midi, Marion Crane se voit confier par son patron 40000 dollars à déposer à la banque avant de rentrer chez elle se reposer d'un mal de tête. Elle garde l'argent et part rejoindre son amant. Fatiguée, elle s'arrête dans un motel tenu par Norman Bates. Fatale erreur !
Ce film situé après ses plus grands films hollywoodiens tournés en couleurs (Vertigo, North by Northwest, Rear Window...) est un retour au noir et blanc pour Hitchcock. Un scénario que nous pourrions qualifier de simpliste, des personnages pas très épais, ce film a tout d'une série B mais c'est Alfred Hitchcock qui est aux manettes faisant de ce petit film d'épouvante un chef  d’œuvre du septième art, une leçon de cinéma.
Très peu de dialogues, le film tient par l'ingéniosité des plans, la présence de Janeth Leigh et la composition exceptionnelle d' Antony Perkins. La scène du meurtre a nécessité sept jours de tournage pour moins d'une minute de film, elle est assurément la scène de crime la plus effroyable de l'histoire du cinéma. Hitchcock montrant le caractère unique du langage cinématographique pour exprimer l'effroi, loin du film de série, il convient plutôt de parler de cinéma expérimental. Il convient de souligner l'importance de la musique de Bernard Hermann composée uniquement avec des instruments à corde qui donne toute la dimension au film, son relief. Il pourrait être quasiment consacré comme coauteur de ce thriller tant elle joue un rôle capital dans l'expression de la peur.
Le film est finalement le plus faible dans les scènes dialoguées, notamment la scène finale où le psychiatre vient donner son explication sur le personnage de Norman Bates, qui nous semble être sans grand intérêt.
Mais nous boudons pas le plaisir que nous avons eu de le voir sur le grand écran  du cinéma l'Arlequin dans le cadre de  la séance du Ciné Club de Claude Jean Philippe.

Etienne Daho - Pop Satori

Pop Satori est un album essentiel, il va ouvrir des nouveaux horizons à une nouvelle génération de chanteur français dont les influences viennent aussi bien d'Angleterre que de France. Grâce à son succès commercial, Etienne Daho démontre définitivement que la langue française se marie parfaitement avec la musique Pop, une source d'inspiration pour toute une nouvelle génération... un album essentiel !
Nous nous rappelons avoir toujours écouté et dansé  au cœur de la nuit sur  les tubes d'Etienne Daho avec un plaisir infini. Pop Satori est notre album de la semaine.

samedi 29 juin 2013

Le Joli Mai - Chris Marker et Philippe Lhomme

Nous sommes dans l'année 1962, la guerre d'Algérie vient de se  terminer, c'est le printemps de la paix, Chris Marker décide d'aller à la rencontre des parisiens, et de mesurer ainsi le moral des français... Le film s'ouvre sur l'interview d'un vendeur de costumes qui explique longuement sa philosophie de la vie, les choses sont assez simples pour lui, le bonheur étant finalement fonction de l'argent qu'il a dans la caisse. Il est plein de gouaille, fort drôle il donne le ton au film.
Promenades à travers les rues d'un Paris, à la sociologie bien différente de celle d'aujourd'hui,  de nombreux quartiers populaires désormais disparus où sont logés des ouvriers comme la rue  Mouffetard , là c'est un bougnat qui témoigne. Les préoccupations, elles n'ont pas vraiment changé, avec notamment un véritable problème de logement, grand nombre d'appartements sont vétustes, sans sanitaire et parfois sans électricité.

Nous voyons ainsi disserter deux architectes sur les logements du futur sur un terrain vague du XV° arrondissement . Un peu loin, deux ingénieurs envisagent un avenir radieux où grâce à la mécanisation, les gens n'auront plus à travailler que trente heures voire vingt heures par semaine. Puis c'est un ancien prêtre ouvrier qui témoigne de son parcours de l’Église à l' engagement syndical, puis au sein du parti communiste...
Avec le procès Salan, les batailles du passé et leurs blessures ne sont jamais très lointaines, la capitale a failli basculer dans la guerre civile... Lorsque le cinéaste tend le micro les gens préfèrent  garder le silence, et masquer le fond  de leur pensée sur les sujets sensibles: l'Algérie et l'OAS ou les grèves à répétition des grandes entreprises d'Etat (EDF, SNCF...), comme si la liberté d'expression n'était pas totalement acquise.
La parole est aussi donnée à un jeune étudiant du Dahomey et à un jeune ouvrier algérien, confrontés régulièrement à la bétise et l'ignorance des hommes,...
C'est un film passionnant, accompagné par la musique de Michel Legrand et la voix off de Yves Montand lisant un texte magnifique qui révèle la poésie de la capitale Française...
Un film drôle, léger ce qui n’empêche pas de révéler une vérité d'une époque aujourd'hui révolue, nous avons aimé cette promenade dans le temps et dans le territoire parisien.... Chris Maker n'oublie pas les chats qui errent dans la capitale, et un plus casanier qui se laisse travestir par une costumière de théâtre...

vendredi 28 juin 2013

Alain Mimoun (01/01/1921 - 28/06/2013)

Pour tous ceux qui ont lu "Courir" de Jean Echenoz, la mort d'Alain Mimoun est un évènement d'une grande tristesse tant l'homme était attachant. "Courir" est un livre court où Jean Echenoz fait le portrait d'un coureur hors norme, Emil Zatopek qui régna sur les stades dans l’après guerre.Alain Mimoun fut son plus coriace adversaire, celui qui finit par le terrasser lors du Marathon des Jeux Olympiques de Melbourne couru sous une chaleur accablante. Il portait le dossard n°13, la veille de sa course le coureur apprenait la naissance de sa fille qu'il nomma Olympe. Il réalisa la course de sa vie, Zatopek craqua et ne finit que sixième.Lorsqu'il apprit que Mimoun était le vainqueur, le champion tchèque heureux pour son adversaire se mit au garde à vous devant le vainqueur: "Alain, je suis heureux pour toi !" avant de l'enlacer longuement.

Ce fut une chance pour Alain Mimoun de pouvoir courir, blessé lors de la terrible bataille de  Monte Cassino, il échappa de peu à l'amputation de la jambe gauche préconisée par des médecins américains. Avant d'être un dieu du stade, il fut un héros de guerre, un caporal du génie, un combattant de la liberté.

Alain Mimoun est un grand homme !

jeudi 27 juin 2013

Les jours heureux - Gilles Perret

Comme un prolongement logique de son précédent documentaire, "Walter, retour en résistance", Gilles Perret fait l'histoire de la construction du programme politique du Conseil National de la Résistance. A coté des actions de guerre, il y a eu une volonté de construire un programme politique à mettre en place dés la Libération. Si toutes les tendances politiques sont représentées au CNR, les partis de gauche largement majoritaires, imposent un programme qui va donner le visage de la nouvelle France solidaire de l'après guerre, avec notamment la mise en place de la sécurité sociale et d'un systeme de retraite à répartition largement revalorisé. Ce programme fut signé à l'unanimité par tous les membres du CNR. Il lui fut donné un nom magnifique, "les jours heureux".
C'est cette histoire trop souvent méconnue que raconte Gilles Perret, celle de la reconstitution des faits historiques sur la fondation du CNR, événement majeur qui permet au Général de Gaulle d'obtenir une légitimité auprès des alliés et de permettre à la France de faire partie du camp des vainqueurs, mais aussi d'être en état de gérer le pays dés la Libération.
Le documentaire mêle adroitement image d'archives et témoignages, nous avons ainsi le plaisr de retrouver Raymond Aubrac ou Stéphane Hessel, dans les derniers mois de leur vie, l'esprit vif,  ils commentent avec pertinence, l'universalisme du programme politique du CNR, un programme humaniste, une protection contre les puissances de la Finance. Gilles Perret dans la dernière partie interroge nos hommes politiques actuels, sur le programme du CNR et ce qu'il en reste aujourd'hui... Images terribles d'hommes déboussolés par les questions, Michel Vauzelle reconnaissant d'ailleurs qu'il n'est plus vraiment habitué à ce genre de réflexion, remplacée par des questions bêtement politiciennes. François Bayrou est consternant, une image étonnante de cet homme de lettres.
Le film fut suivi d'un débat avec Leon Landini, un héros de la Résistance des FTP MOI de Lyon. Si il fut uniquement engagé dans les actions militaires, nous disant l'effroi qu'il y avait à exécuter l'ennemi à bout portant à visage découvert dans les rues de Lyon, il défend avec une conviction sans égale la politique du CNR, expliquant qu'il lui est impossible de faire autrement en mémoire de ses camarades morts sous la torture .
Un vieux monsieur plein de forces, qui parle sans micro parce que sa voix forte et juste porte loin.
Nous avons vu ce film en avant première, il doit sortir au mois de novembre, souhaitons lui un grand succès, en espérant que ce film qui nous rappelle notre passé, réveille les consciences citoyennes !

mercredi 26 juin 2013

Aimé Césaire, né le 26 juin 1913

Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-
panthères, je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas

l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture
on pouvait à n'importe quel moment le saisir le rouer
de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir
de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne
un homme-juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot

mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la
face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot?


Extrait du cahier d'un retour au pays natal

dimanche 23 juin 2013

Oh Boy - Jan Ole Gerster

Berlin, une image noir et blanc, des sonorités de musique jazz, le passé nazi qui continue de peser sur la ville, c'est à travers ce décor que nous suivons une journée, Niko, un jeune homme un peu perdu... Il vient de quitter sa petite amie, ses études sont abandonnées depuis deux ans, il découvre lorsqu'il tente de retirer de l'argent dans un distributeur que son père lui a coupé les vivres.... Assurément la pire journée de sa vie où la ville ne lui offre aucun réconfort, à  tous ses tracas s'ajoutent la poisse qui l'empêche systématiquement de prendre un café....
Les névrosés de la ville, les fantômes du passé semblent s'être donnés le mot pour lui compliquer la vie.
Nous avons été sous le charme de ce film qui nous confirme que Berlin est actuellement la ville la plus fascinante d'Europe occidentale, empêchant le film de tomber dans l'anecdotique et l'insipide.par sa présence charismatique.

La vie de bohème - Aki Kaurismäki

"La froideur n'est qu'apparence" ,nous rappelait si justement Claude Jean-Philippe dans sa présentation du film "la vie de bohème" de Aki Kaurismäki. Le cinéaste est sans équivalent pour filmer les bistrots, et les braves gens accoudés au comptoir. Une caméra jamais condescendante mais à hauteur d'hommes, le cinéaste montrant ainsi qu'il n'est qu'un parmi eux.
Adaptant un roman de Henry Murger, Aki Kaurimaski fait le portrait d'un trio d'artistes rencontrés par hasard, un écrivain Marcel, un peintre albanais Rodolfo et d'un musicien Schaunard. Ils sont les trois toujours à court de monnaie, mais ils vont se serrer les coudes, faire preuve d'ingenoisité en plumant notamment un pigeon venu faire faire son portrait. Deux femmes Mimi et Musette amoureuses de Marcel et de Rodolfo rejoignent le groupe devenu inséparable, lorsque Rodolfo est arrêté puis expulsé, ils se débrouillent pour aller le récupérer à la frontière allemande pour le ramener à Paris.
Mimi, l'amoureuse de Rodolfo tombe malade, ils vont se débrouiller sacrifiant le peu qu'ils ont pour lui permettre une fin digne...
Admirable d'humanité, les personnages de Kaurimäki n'ont pas un rond mais hors de question qu'ils renoncent à leur élégance, ils soignent toujours leur tenue, ils sont absolument sublimes. Le cinéma de Kaurismäki ne ressemble à aucun autre, Claude Jean-Philippe le qualifiant si justement de "cinéaste singulier", c'est assurément cette singularité qui donne toute la force à ses films,  Kaurismäki est un poète, son regard sur le monde est unique.
Une distribution épatante, Andre Wilms, Jean-Pierre Leaud, Matti Pellonpää, Kari Väänanen, Evelyne Didi et Christine Murillo ils sont tous épatants, donnant toute sa magie à ce film .
La vie de bohème est un film merveilleux !

L'eau - Jeanne Cherhal

Puisque ces dernières semaines nous nous promenons dans les coursives de la chanson française, et que l'eau semble définitivement faire partie de notre quotidien, nous avons décidé de ressortir de nos étagères le merveilleux album de Jeanne Cherhal, l'eau.
Troisième album de la nantaise, c'est un petit bijou où les talents multiples de la jeune chanteuse s'expriment pleinement, elle démontre par la variété des sons , la richesse de ses textes, qu'elle est un de nos plus beaux talents.

L'eau est notre album de la semaine!

mercredi 19 juin 2013

Deux courts métrages de Jacques Demy

Le sabotier du Val de Loire

Dans la campagne nantaise, la vie d'un sabotier, de sa femme et de leur fils adoptif Claude employé chez le tailleur du bourg. Nous suivons leur  quotidien, une semaine durant, le temps de sculpter une paire de sabot en bois. La vie est modeste, rythmée par les taches ménagères usantes,notamment le linge transporté  dans une brouette pour être lavé dans le fleuve. La mort d'un ami voisin, vient casser le rythme de cette semaine.
Jacques Demy enfant a été accueilli dans cette famille de sabotier. C'était le temps de la guerre, des restrictions. Agnes Varda parle de cette période de l'enfance dans Jacquot de Nantes, film hommage à celui qui a partagé sa vie. C'est le premier film de Jacques Demy, d'une grande beauté, il filme avec humanité la vie de ces gens simples et modestes, ces personnages sont absolument magnifiques.
Ce film est un chef d’œuvre de notre cinéma.

La luxure

Tournée en 53, la luxure est un épisode du film à sketch "les 7 péchés capitaux. Paul et Bernard cherchent dans une reproduction du jardin des délices, de Jérome Bosch, une image de la luxure. Bernard se souvient à cette occasion de ses jeunes années où il confondait la luxure avec le luxe.
Ce court métrage, d'une grande légèreté est un vrai amusement qui nous rappelle le gout prononcé des auteurs de la nouvelle vague pour les jeux de mots, il y aurai de quoi faire une anthologie. Ce film tourné en 1962 permet également de voir Jean-Louis Trintignant et Laurent Terzieff, deux beaux jeunes hommes au charme irrésistible.

mardi 18 juin 2013

Shokusai - Celles qui voulaient oublier - Kiyoshi Kurosawa

Emili, une jeune fille est violée et assassinée, quatre de ses camarades ont vu le visage du criminel mais sous le choc elles sont incapables de décrire son visage. La mère d'Emili, Asako les culpabilise, les condamne à porter pénitence pour leur silence qui empêche l'arrestation de l'assassin de sa fille. Après avoir retrouvé Sae et Maki dans un premier épisode, nous retrouvons ici quinze après le drame,  Akiko et Yuka qui  veulent  oublier.
L'une est restée vivre chez ses parents, cloitrée dans sa chambre, elle mène une vie d'Ours,... L'autre a pris la gestion d'un magasin de fleurs, elle s'éprend du  mari de sa sœur et cherche à l'accaparer . Mais il leur est difficile d'oublier ce passé, Asako la mère d'Emili est toujours présente, comme dans le premier épisode les deux jeunes filles ne peuvent échapper à leur névrose... mais un jour la jeune fleuriste reconnait la voix du criminel à la radio
Nous découvrons alors dans un épilogue bouleversant l'explication du crime, c'est dans la jeunesse de Asako qu'il trouve sa racine...

Nous retrouvons ici le même sentiment d'angoisse que dans la première partie ; cette saga filmée pour la télévision japonaise nous plonge dans une ambiance qui n'est pas étrangère aux lecteurs de mangas. Nous avons été  fascinés par cette histoire à l’atmosphère étouffante totalement hypnotique, qui nous permet une plongée dans la société japonaise contemporaine. C'est d'ailleurs un des aspects des plus passionnants de ce film tourné pour la télévision dont il n'était pas prévu qu'il ait une destinée internationale.  Un remarquable thriller !

lundi 17 juin 2013

Maurice Nadeau (21/11/1911 - 16/06/2013)

Maurice Nadeau fut un des éditeurs les plus importants de la littérature du XXème siècle. Henry Miller, Gombrowicz, Samuel Beckett, Georges Bataille, Georges Perec, Yves Bonnefoy, René Char, Henry Michaux, ou plus récemment Michel Houellebecq.... Tous les noms cités ce jour donnent le vertige, ils confirment qu'il  fut un éditeur hors pair, un amoureux insatiable de la littérature,et qui traversa sa vie le long d'un précipice qui avait pour nom faillite... Il n'a jamais édité pour faire de l'argent, mais uniquement par passion celle là même qui le poussa à rééditer les œuvres complètes du Marquis de Sade dès 1947 alors  auteur interdit.
Il fut également en 1966 le fondateur d'un magazine littéraire, "la quinzaine littéraire" toujours édité,  ce fut d'ailleurs son dernier combat que de sauver cette revue de la faillite qui semblait inéluctable ces derniers mois.

Orphelin de guerre, son père mourut à Verdun. Comme Albert Camus, il grandit auprès de sa mère illettrée. Il est un enfant de la République, d'une école qui avait su lui donner le goût des mots, l'amour des livres...

Maurice Nadeau est mort, il portait en lui un siècle de littérature... 
En ce jour où la défense de l'exception culturelle défendue par la France est attaquée par le leader européen José Manuel Barroso qui ne semble pas comprendre ni le concept ni  la nécessité ...

Nous lui dirons tout simplement que l'exception culturelle, c'est Maurice Nadeau... Tout n'est pas commerce!

dimanche 16 juin 2013

Les parapluies de Cherbourg - Jacques Demy


Nous avions tenté dans le passé de regarder les parapluies de Cherbourg, mais nous avions alors rapidement abandonné, déconcertés par ce film où tous les dialogues sont chantés sans pour autant être une comédie musicale, mais surtout parce que ce film ne supporte pas d'être vu sur un écran de télévision.
Projeté en avant première dans le cadre du ciné club de Claude Jean-Philippe, avant une ressortie nationale dans une version restaurée, nous avons découvert toute la beauté du film de Jacques Demy qui parle avec une délicatesse qui lui est propre du drame qu'a été la guerre d'Algérie pour toute une génération.
Histoire d'un amour , Geneviève aime passionnément Guy, mais il doit partir faire son service militaire de 24 mois en Algérie. Geneviève  désespère dans le magasin de parapluie de sa mère. Elle finit par épouser Roland Cassard, un diamantaire, qui lui donne une situation sociale, acceptant sans sourciller l'enfant qu'elle attend. Cassard nous l'avions croisé dans  Lola, il avait fuit Nantes parce qu'il n'avait su se faire aimer de celle qui était incarnée par Anouk Aimée...
Guy rentre de la guerre, blessé à un genou,  le magasin de parapluie est fermé, Geneviève a disparu... Il est désespéré , il ne comprend plus le monde qui l'entoure...
Des couleurs sublimes, la musique merveilleuse de Michel Legrand, le film chanté de Jacques Demy vu sur grand écran nous a enchanté. Catherine Deneuve est particulièrement émouvante, c'est ici sa première collaboration avec Jacques Demy qui avec ce troisième long métrage remporte la palme d'or à Cannes.
Ce film est ancré dans la réalité sociale de son époque, Jacques Demy filme avec une grande subtilité ce que fut la guerre d'Algérie pour la jeunesse française à travers l'absence de Guy, c'est la page sombre des trente glorieuses .

Définitivement, le cinéma doit être vu en grand.

Un Homme - Albin de la Simone

Puisque notre humeur est à la chanson française, nous avons choisi de mettre à l'honneur un de ses plus brillants éléments. Albin de la Simone, dont le talent est recherché par la fine fleur de nos chanteurs. Il avait notamment participé à l'album "l'eau" qui avait mis tout en éclat le talent de Jeanne Cherhal. Mais jusqu'à ce jour ses albums nous avait laissé sur notre faim, le trouvant quelque peu ennuyeux...
Il nous a enfin conquis avec un homme, sa dernière production au charme envoutant qui agit dés sa première écoute. Nous partageons le même enthousiasme que Valerie Lehoux, la critique de Télérama:
"Mais, pour peu qu'on lui laisse le temps, sa douceur mélancolique s'insinuera en nous, à la manière d'un Sheller, d'un Souchon ou d'un Boogaerts. Son disque est court et cohérent. Il file, sans qu'on s'y ennuie un instant."

Un Homme est une petite merveille, nous aimons les petites histoires de Albin de la Simone,  il est notre album de la semaine !

samedi 15 juin 2013

La fête des petits pois - Festival des arts de la rue 2013

Dans les temps anciens, le petits pois étaient la spécialité des maraichers de la ville de Clamart. Les maraichers ont disparu, mais la mémoire des petits pois est restée donnant son nom le temps d'un week end à la fête annuelle de la cité. Une fête consacrée aux arts de la rue. Nous avons fait modeste cette année en n'assistant uniquement qu'à deux spectacles. Notre choix fut particulièrement heureux, notamment avec "monstre d'humanité" petit chef d’œuvre des arts de la rue...


Notre commune, histoire méconnue racontée sur un char par la compagnie des Lorialets:




Ils sont deux, ils racontent en une heure l'histoire de la Commune de Paris, après avoir déambulé sur un char dans les rues. Théâtre de rue, théâtre d'objets où des masques portés sur  les fesses d'un acteur illustrent les propos de l'autre. Ils sont tous là les personnages de ce drame de l'histoire,  Louise Michel , Bismarck le prussien, le sinistre Trochu, le sanguinaire Thiers, ... une véritable leçon.
Une heure pleine d’énergie .

Monstre(s) d'humanité par la compagnie N°8




Qu'adviendrait il si la fin du monde survenait... Seuls les puissants, les dirigeants du monde survivraient. Une guerre impitoyable s'engage entre eux pour mettre la main sur le peu qu'il reste. Une guerre sans merci entre requins. Ils arrivent souriants, bienveillants, heureux de se trouver ensemble dans une fête, puis tout part en vrille, tout s'écroule nous basculons dans Thriller...
Un spectacle incroyable qui utilise parfaitement l'espace, cassant toute distance  entre public et acteurs,  ils sont effrayants dans la description des relations de pouvoir et leurs humiliations... Le tout est vu crument. Mais ils sont aussi foncièrement drôles, lorsqu'ils organisent l'enterrement d'un Iphone...
La compagnie 8, pose un regard sans concession sur notre monde en crise où les puissants surnagent, rien ne peut les atteindre, quoiqu'il arrive ils restent intouchables. Le changement, c'est maintenant, voila qui ne leur fait pas peur.
Spectacle qui relève autant de la danse que du théâtre, c'est un véritable bijou... De mémoire, nous n'avions jamais rien vu d'aussi brillant dans les arts de la rue.

Pour tout savoir sur la Compagnie 8, cliquez ici


vendredi 14 juin 2013

La clôture des merveilles - Lorette Nobecourt

C'est grâce à Hildegarde de Bigen que nous avons lu pour la première fois un livre de Lorette Nobecourt. Parce que nous aimons écouter "les chants de l'extase", chants liturgiques dont elle fut l'auteur , nous n'avons pas longtemps résisté à la tentation de nous plonger dans la biographie de cette  femme hors du commun du XII° siècle. Entrée dans les ordres dés l'age de huit ans, Hildegarde va devenir une figure majeure de son temps, une insoumise qui va créer sa propre communauté, devenue depuis Docteur de l'Eglise en 2012, événement rare pour une femme, elle n'est que la quatrième...
Dans une langue magnifique, Lorette Nobécourt propose une vie de Hildegarde de Bingen, ses activités furent multiples: écrivain, médecin, botaniste, théologienne .... Découvrir la vie de Hildegard de Bingen, c'est s'ouvrir sur le monde merveilleux du Moyen Age bien loin des clichés convenus sur cette lointaine époque. Lorette Nobecourt précise dans les faits ne fait pas ici œuvre d'historien, sa biographie est un objet littéraire raffiné, le portrait d'une femme libre.

Ce court récit passionnant, captivant nous a accroché dés les premiers mots, il commence ainsi:

"Hildegarde de Bingen fait partie de ce qui me vient d'avant tous les jadis.
Je la connais d'un ailleurs dont la mémoire ne me parvient que par trouées, lorsque d'être
disjointes par un certain silence, les parois du temps s'entrouvrent.
Elle m'a accompagnée sans que je m'en souvienne, m'a imprégnée avant que la conscience m'en vienne. Ni religieuse, ni laïque, je suis de sa clôture. Et quel bonheur d'écrire sur ce qu'on aime ! Non pas Hildegarde de Bingen, mais ce dont elle témoigne, et dont ma vie n'a d'autre ambition que de témoigner aussi. Enfant, c'est cela que j'aimais chez les saints, sans savoir le nommer: l'insoumission. Et qu'ainsi l'ombre jamais n'éteindra la lumière."


La clôture des merveilles - Lorette Nobecourt -

mercredi 12 juin 2013

Barbara Carlotti - Teenage Kicks 2

Plus le temps passe et plus nous aimons la chanson française, nous ne pouvions pas rater la deuxième partie des petits concerts acoustiques donnés au centre Albert Chanot par Barbara Carlotti .Occasion pour la chanteuse et ses amis de revisiter les vieux tubes qui ont accompagné leurs jeunes années. "Purple rain" de Prince, "Do You Believe" de Cher, Like a prayer de Madonna ou l'amour à la plage de Niagara sont venus compléter les chansons déjà jouées lors du premier concert.
Barbara Carlotti est un des plus brillants talents de la chanson française, ce fut un privilège de pouvoir assister à ses mini concerts où en totale simplicité elle est venue offrir un tour de chant. Ce fut un agréable voyage. L'année à venir sera sous le signe de Barbara Carlotti





lundi 10 juin 2013

Pendant les combats - Sebastien Ménestrier

 
Menile, une bête de somme, telle est la description de ce garçon simple, un homme de la campagne capable d'endurer les travaux de la terre sans broncher. Joseph lui est plus dégourdi, c'est un bricoleur de génie, il est capable de tout réparer... Les deux gamins sont inséparables. Puis Joseph part étudier au collège, en pension il vient plus rarement dans le village, les liens se distendent.
C'est l'heure de la guerre puis de l'occupation allemande, Joseph embarque dans la résistance Menile  trop heureux de renouer les liens du passé avec son vieux camarade. Leur mission est de ravitailler ceux du maquis, ils partent sur les routes, retrouver au cœur de la forêt qui n'a aucun secret pour eux,  les compagnons d'armes...  un engagement qui n'est pas sans danger
Une écriture minimaliste, particulièrement efficace l'histoire est racontée à travers de courts chapitres en moins de 100 pages. La lecture est facile, agréable, c'est un texte qui se lit avec un certain plaisir mais sans jamais nous transporter. Dés que nous l'avons refermé, nous devons en  convenir, le tout est bien léger, une histoire assez banale au temps de la Résistance qui manque cruellement d'épaisseur. Nous ne retrouvons pas chez Sebastien Menestrier le  génie de Jean Echenoz, capable de s'emparer de la grande Histoire  à travers des destins personnels.

dimanche 9 juin 2013

Gatsby Le Magnifique - Baz Luhrman

De Baz Luhrman, nous n'avons jamais eu l'idée de regarder "Romeo et Juliette", nous avons abandonné au bout d'un quart d'heure l'indigeste "Moulin rouge", nous avons progressé en tenant plus d'une heure devant son Gatsby ... Véritable progrès, notre abandon venant principalement de la version 3D, un cinéma qui nous est difficilement supportable, mais qui convient parfaitement au style du cinéaste australien.
Pour autant cette adaptation de Baz Luhman, nous semble anecdotique, surchargée de mouvements de caméra spectaculaires .Son cinéma  nous émeut toujours aussi  peu, nous nous fatiguons vite de ces boursouflures indigestes, un regard sans intérêt sur le roman de Fitzgerald. De ce vidéo clip clinquant, nous retiendrons uniquement la présence toujours épatante de Leonardo Di Caprio.

Daisy est venue à la soirée de Gatsby, nous nous sommes alors éclipsés discrètement lorsque celle ci s'achevait...

Gargilesse - Florent Marchet

Gargilesse est un village au cœur de la France, situé dans le département de l'Indre. Florent Marchet y a passé des séjours dans son enfance, une enfance qu'il n'a pas trahi restant fidèle à ses héros contrairement à cet ancien camarade dont il est question dans Levallois, le premier titre de l'album. Sorti en 2004, nous avons été sous le charme de cet album dés sa première écoute. Depuis il ne nous a jamais vraiment quitté, il fut de tous nos voyages, un compagnon indéfectible.
Si cette semaine, nous avons décidé de mettre en avant cet album dont l'écoute nous réjouit toujours autant, c'est pour avoir le plaisir de chanter quotidiennement, les deux premiers vers de "Tous Pareils":

On voudrait du soleil
Des boissons anisées...


Gargilesse est notre album de la semaine !


vendredi 7 juin 2013

Pierre Mauroy (05/07/1928 - 07/06/2013)

En étant nommé 1er ministre par François Mitterrand, Pierre Mauroy était certain de marquer son époque, tant le retour de la gauche au pouvoir, une première dans la V° république fut un événement majeur de notre histoire  contemporaine. Il mit en place de nombreuses réformes notamment de société qui permirent à la France de rattraper un certain retard .
Il n'était pas sorti des grandes écoles et il revendiquait fièrement  ses racines venue
s du nord, il aimait sa province, ses habitants, ses ouvriers, c'est peut être son mandat de Maire de Lille qui lui a donné ses plus grandes joies. Il parlait fort, c'était un redoutable tribun  des meetings du parti socialiste. C'est une figure majeure de notre vie politique qui disparait !
Comme souvent dans ces circonstances, les louanges entendus ce jours sont unanimes, alors nous avons préféré lire ce qu'avait écrit dans son journal, Jacques Attali alors conseiller spécial de François Mitterrand, lorsque Pierre Mauroy rendit sa démission de premier ministre, le lundi 16 juillet 1984: 

A 19 heures, Pierre Mauroy arrive à l'Elysée. Au bout d'une demi-heure de tête à tête, François Mitterrand m'appelle. Il y a beaucoup de tristesse et d'affection entre ces deux hommes. Nous sortons du bureau par la porte qui conduit à l’ascenseur intérieur, puis de là au parc où attend la voiture de Pierre Mauroy. Celui- ci parti, François Mitterrand me dit: "C'est le moment le plus pénible de mon septennat." Il perd celui qui restera à mon avis, son meilleur premier ministre."

Extrait de Vertabim I (1981-1986) - Jacques Attali

Esther Williams (08/08/1921 - 06/06/2013)

Esther Williams, voila un nom qui nous était familier pourtant jamais nous n'avons vu un de ces films, la vogue pour les ballets aquatiques ayant totalement disparu. C'était la plus belle nageuse du septième art !

jeudi 6 juin 2013

Tom Sharpe (30/03/1928 - 06/06/2013)

Il y a bien longtemps, nous avions lu les romans de Tom Sharpe, ils sont une expérience unique qui permet de mesurer toute l'étendue de l'humour britannique à travers Wilt l'anti-héros le plus cocasse que nous ayons  eu à rencontrer lors de nos lectures.
"Tom Sharpe est un moraliste violemment drôle, salubrement grossier et épatamment tonique, dont la charge bouffonne a le pouvoir de dessillement réservé aux grands caricaturistes."

Ainsi parlait de lui, Evelyne Peiller dans un article de la quinzaine littéraire.

Tom Sharpe nous a fait passer de merveilleux moments, nous a fait rire aux éclats. Nous lui devions bien ces quelques mots d'adieux . Requiescat In Pace, Mister Sharpe !

Photo de Anthony Grant

lundi 3 juin 2013

Shokuzai - Celles qui voulaient se souvenir - Kiyoshi Kurozawa

Elles sont cinq jeunes filles à jouer dans la cour d'une école, un homme vient demander de l'aide à l'une d'entre elles. C'est Emili qui le suit, elle est retrouvée morte, assassinée et violée. Sous le choc, ses camarades sont incapables de parler et notamment d'identifier le meurtrier qu'elles ont eu l'occasion de voir de prés. Asako, la mère d'Emili les invite chez elle, elle leur explique alors que leur incapacité à identifier le meurtrier va faire de leur vie une pénitence. Elles seront maudites...
Nous retrouvons 15 ans plus tard Sae et Maki qui veulent se souvenir.
La première a épousé un homme, fils d'une grande famille, fétichiste et impuissant, il la déguise chaque soir en poupée. Il avait remarqué la jeune fille alors qu'ils étaient dans la même école, il est celui qui dérobait les poupées françaises des jeunes camarades. Elle a accepté ce mariage alors qu'elle avait jusque là refusé tout contact avec les hommes, convaincue de son impossibilité d'enfanter, n'ayant jamais eu ses règles.
La deuxième est devenue enseignante, elle est obnubilée par la sécurité des enfants, elle fait preuve d'une rigueur extrême dans l'application des règles. Elle exerce son métier sans aucune souplesse. Lorsqu'un homme déphasé entre dans l’établissement armé d'un couteau, elle s'interpose pour mettre hors état de nuire l'agresseur...

Parce qu'elles n'ont jamais pu faire le deuil du drame qu'elles ont eu à vivre les deux jeunes filles se sont enfermées dans la névrose, incapables de se libérer de leur trauma. On retrouve dans ce film  la même thématique que celle du Cendrillon de Joël Pommerat : le culte du souvenir qui débouche sur l'impossibilité de faire son deuil. Le film démontre finalement l'importance de la mise en place de cellule psychologique dans les situations dramatiques. Réalisant un feuilleton pour la télévision japonaise, le cinéaste a eu peu de moyens pour le tournage effectué en un temps record, le film est ici remonté en deux longs métrages. Par la précision de ces cadrages, la justesse de la mise en scène  nous sommes saisis d'effroi dés les premiers plans, nous plongeons dans un sentiment d'inquiétude qui ne nous quitte jamais. Rien n'est plus efficace que la simplicité de la mise en scène pour plonger le spectateur dans la peur, Kiyoshi Kurozawa y parvient parfaitement réalisant un film fascinant... nous attendons avec impatience la deuxième partie.

dimanche 2 juin 2013

Cendrillon - Joël Pommerat

Nourri par les versions de Charles Perrault et des frères Grimm, Joël Pommerat revisite l'histoire de Cendrillon. Comme chez les frères Grimm, l'action commence avec la mort de la mère ici, à l'origine d'un malentendu. La jeune fille Sandra n'a pas compris le sens des derniers mots prononcés par sa mère; elle se croit dans le devoir de penser en permanence à elle pour lui permettre de survivre à sa mort, l'oublier c'est la condamner définitivement.
C'est chargée par le poids de cette responsabilité, que Sandra vient habiter au domicile de celle qui doit être la nouvelle épouse de son père et de ses deux filles. La jeune fille est logée dans la cave, elle doit subir les brimades de sa future belle-mère .  Mais loin d'être une jeune fille passive, Sandra accepte volontiers les taches les plus rébarbatives, derrière ce masochisme apparent,  la dureté des taches est aussi un moyen pour elle de se punir pour avoir peut-être oublié sa mère quelques instants. Impossible pour la jeune fille de faire son deuil!
Comme dans les contes, il est aussi question de fée,et de prince charmant... nous ne vous raconterons pas la suite mais sachez que dans nos temps modernes, épouser un prince charmant n'est pas la voie rêvée  pour une jeune fille !
Langue impeccable de Joël Pommerat, il revisite le conte et s'interroge sur la force des mots, sur les malentendus et les non-dits et les dégâts qu'ils peuvent causer. Comme toujours dans ses spectacles, la scénographie est particulièrement impressionnante, une scène dépouillée, habillée uniquement par des lumières et des images vidéo. Les scènes sont coupées par des noirs complets, le temps de changer miraculeusement d'espace... On est saisi d'effroi mais on rit beaucoup surtout d'une improbable fée , Cendrillon est un spectacle de toute beauté.

Le voleur de bicyclette - Vittorio Da Sica

Il y a fort longtemps que nous n'avions revu le voleur de bicyclette de Vittorio Da Sica,  œuvre phare du cinéma néoréaliste italien de l'après guerre. Nous devons avouer ne jamais avoir eu une grande passion pour ce film d'un trop grand sentimentalisme à notre goût, nous lui  avons toujours préféré ceux de Roberto Rosselini.
Le film tourne autour d'un duo, Antonio et son fils Bruno partis dans les rues de Rome à la recherche du vélo volé au père, dont la perte  anéantit l'espoir de garder le boulot de colleur d'affiches qu'il vient de décrocher. Après de nombreuses péripéties, le père tente de voler un vélo mais il est vite rattrapé. Désespéré, honteux, il repart avec son fils pour son domicile.
Promenade dans Rome de l’après-guerre, une ville en reconstruction frappée par un chômage de masse, le cinéma italien se réapproprie la rue après la sombre période du fachisme filmant au plus prés un pays meurtri, plongé dans une crise sociale où la débrouille est le meilleur moyen pour faire face aux difficultés . Si le film ne nous a pas beaucoup plus enthousiasmés que lors de sa première vision,  nous suivons cette longue errance avec un certain détachement, il vaut d'être vu par son importance dans l'histoire du cinéma et par le charme qu'il peut  dégager notamment par le talent du jeune acteur qui incarne Bruno.  
Le néoréalisme marque la renaissance du cinéma européen, né dans un pays détruit, il permet à l'Italie  de retrouver une identité, et son honneur après avoir traversé la période la plus noire de son histoire.

Vu dans le cadre Ciné-Club Claude Jean-Philippe, cinéma l'Arlequin

L'horizon - Dominique A


Quelques jours après avoir vu la prestation exceptionnelle de Dominique A sur la scène du Trianon, nous avons choisi de ressortir   "l'horizon" un album de 2006 , juste pour le plaisir d'écouter  chaque jour le titre éponyme, un monument plein de lyrisme de la chanson française:

«Nous n'irons pas plus loin», te dit le capitaine
Trop d'obstacles aujourd'hui pour gagner l'horizon
Des baleines épuisées gémissent sur la grève
Leur sang couvre des bouches comme autant d'hameçons

Comme autant de collines occultant l'horizon
De crêtes insensibles à l'adagio des plaines
« Je suis vraiment navré », te dit le capitaine
Et tu sens qu'il dit vrai et qu'il a le cœoeur bon.

Dès lors la bouche vermeille d'une femme au harpon
Qui entre dans tes murs et saigne les baleines
Te fait des mois durant dédaigner l'horizon
Et lorsque tu le croises snober le capitaine.

Quand tu rentres chez toi, tu te dis qu'il fait bon
Le mensonge est partout infiltré dans tes veines
Tant tu aimes goûter au sang de la baleine
Qui déborde des lèvres de la femme au harpon.

Mais un jour sur ta manche tire le capitaine
Les yeux exorbités, il te dit : « Repartons ».
Il est temps de sortir du sommeil des reines
Car nul ne vous attend autant que l'horizon.

C'est Lob Nor qui t'espère, l'Inlandsis qui t'appelle
La Sierra Nevada qui la nuit crie ton nom
Et c'est la Grande Bleue qui rehausse le ciel
Chacun d'eux te réclame et t'offre l'horizon

Mais celui-ci t'échappe, stoppé dans son élan
Par des sommets hargneux, des vallées encaissées,
Des villes au cœur de pierre aux formes insensées
Vois, la barbe te pousse et ton pas se fait lent.

Et tu entends au loin les plaintes des baleines
Qui avant de finir sur la grève ont sans doute
Connu cet horizon dont seul le capitaine
Espère encore pour deux que tu croises la route.

Mais un jour au silence qui monte aux alentours
Comme tes yeux se décollent, tu sais qu'on t'a laissé
Seul avec ton vieux rêve dont l'ombre est un vautour
Qui dessous tes haillons sent la chair s'assécher

Et comme en de lents cercles, il va pour t'entreprendre
Le décor s'aplanit, les courbes se défont
Tout se dégage, oui, sans doute las de t'attendre
C'est lui qui vient à toi ; il est là : l'horizon.

LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...