dimanche 28 février 2010

Une exécution ordinaire - Marc DUGAIN


Moscou, automne 1952, après s'être débarrassé des médecins du Kremlin (complot des blouses blanches), Staline souffrant fait appel dans le plus grand secret aux services d'une jeune urologue, magnétiseuse pour calmer ses douleurs. La jeune femme effrayée est confrontée à la barbarie de Staline qui va lui imposer le secret, et pour cela il oblige à quitter son mari...

Belle performance d'acteurs, on peut imaginer que Dussollier s'est régalé à incarner le vieux tyran soviétique. Marina Hands, Edouard Baer et Denis Podalydes jouent tous leur partition avec perfection. La photographie d'Yves Angelo reconstitue parfaitement l'ambiance de l'époque. Mais la platitude de la mise en scène, et le scénario convenu font de ce film un objet conventionnel et ennuyeux. Le cinéma de Marc Dugain est aussi palpitant qu'un roman de Philippe Claudel...

samedi 27 février 2010

Les demoiselles de Wilko - Jaroslaw Iwaszkiewicz

Victor Ruben travaille comme administrateur d'une petite ferme appartenant à une institution pour enfants aveugles. Totalement dévoué à sa tache, il ne s'offre aucun moment de répit. A la mort de son ami Georges, il ressent une grande fatigue, un médecin lui prescrit trois semaines de repos.
A cette occasion, Victor rend visite à son Oncle et sa tante,voisins de Wilko le domaine où il fut employé avant la première guerre mondiale comme précepteur. Après 15 ans d'absence, il retrouve les demoiselles de Wilko dont les ainées sont devenues des dames. Elles furent toutes plus ou moins sous le charme de ce jeune précepteur, l'une d'entre elles a succombé à la grippe espagnole. , Victor espère retrouver les sensations du passé, mais il réalise que sa démarche est vaine et qu'on ne peut rien contre le temps qui passe. A la fin de son congés, il retourne comme prévu à sa tache auprès des enfants aveugles.
Ce récit magnifique, est une œuvre phare des années 30 de la littérature polonaise. Il n'est pas sans rappeler "les jeunes filles en fleurs" de Marcel Proust . D'ailleurs la réminiscence est le thème central de ce texte, où il existe une grande similitude entre les demoiselles de Wilko et Albertine et ses amis.
La littérature polonaise sous influence proustienne, 80 pages de bonheur qui ne sont malheureusement plus éditées.

vendredi 26 février 2010

Primo LEVI - Citation


"Tous nous devons savoir, ou nous souvenir que lorsque Hitler et Mussolini parlaient en public, ils étaient crus, applaudis, admirés. Les idées qu'ils proclamaient étaient en général aberrantes, stupides, cruelles, et pourtant ils furent acclamés et suivis jusqu'à leur mort par des milliers de fidèles. Ces fidèles n'étaient pas des bourreaux-nés, mais des hommes quelconques, ordinaires, prêts à croire et à obéir sans discuter.
Il faut donc nous méfier de ceux qui cherchent à nous convaincre par d'autres voix que celle de la raison. Dans la haine nazie, il n'y a rien de rationnel. Nous ne pouvons pas la comprendre, mais nous devons comprendre d'où elle est issue et nous tenir sur nos gardes. Si la comprendre est impossible, la connaître est nécessaire parce que ce qui est arrivé peut recommencer."

Primo Levi - Les naufragés et les rescapés.

jeudi 25 février 2010

Le petit Persan - Lyon

Nous avons tenté pour la première fois un restaurant perse: le petit persan. On a pu gouter à des mets savoureux, subtilement épicés , une vrai fête pour les papilles gustatives.

En entrée nous avons pu gouter: des galettes de viandes, des épinards et des aubergines et des concombres au yaourt, des galettes de pommes de terre

Pour el plat principal nous nous sommes laissés tentés par des brochettes d'agneau ou poulet absolument savoureuses accompagnées d'un riz safrané et d'une sauce au yaourt.

Pour terminer le repas vous pouvez choisir entre le fromage de brebis et des desserts maisons, notamment un flan persan à l'eau d'oranger aux pistaches.

Excellent moment passé dans ce restaurant aux saveurs les plus douces et à l'accueil très chaleureux. Pour en savoir plus cliquer ici

mercredi 24 février 2010

Musée de la résistance - Lyon


Le musée de la résistance est installé à Lyon dans les anciens locaux de la Gestapo. C'est surement ce fait qui est le plus impressionnant de la visite, car comment ne pas penser à tous ces héros qui ont été torturés dans cet endroit par le boucher des lieux: Klaus Barbie. Et nous avons la chair de poule lorsque nous descendons dans les sous-sols. Il nous revient en mémoire Jean Moulin, mais aussi Marc Bloch "le père de l'histoire moderne" arrêté à Lyon par la Gestapo le 8 mars 1944, torturé et exécuté.

Articulé autour de trois thèmes, engagement, information et propagande, espace et temps, l'exposition retrace les faits marquants. Si on connait l'époque, on a toujours à découvrir des documents, deux ont retenu notre attention:

- Les conseils à l'occupé de Jean Texcier sont rédigés dés 1940, distribués clandestinement. Retenons le 30° conseil: "tu grognes parce qu'ils t'obligent à être rentré chez toi à 23 heures précises. Innocent, tu n'as pas compris que c'est pour te permettre d'écouter la radio anglaise".

-Un deuxième, un compte rendu de Leon Berard ambassadeur de Vichy au Vatican qui explique que le nouveau statut des juifs ne pose pas de problèmes aux autorités ecclésiastiques. D'ailleurs l'exposition rappelle que les autorités catholiques ont soutenu sans retenue le Maréchal Pétain, partageant les valeurs: "Travail Famille Patrie". Il est aussi rappelé que des membres du clergé ont contesté les rafles et ont protégé des juifs.

mardi 23 février 2010

Le café des fédérations - Lyon


De passage à Lyon, nous avons testé un "bouchon lyonnais", nous avons choisi celui qui semble être une institution. Pour le soir vous avez un menu unique...

Oeuf en meurette pour mis en bouche, puis on vient vous déposer les entrées sur la table: Salade lyonnaise (frisée au lardons), caviar de la croix rousse (salade de lentille du puy), une assiette de charcuterie avec notamment de la rosette de Lyon et une terrine de sanglier.

Ensuite c'est le plat principal, là on a le choix: Poulet au vinaigre, Quenelle de brochet, tablier de sapeur, têtes de veau, boudin noir au pommes, andouillette, gras-double.....

Un plateau de fromage (un saint marcellin fameux.....) et la cervelle de canuts.

Un dessert au choix: salade de fruit, fondant au chocolat, sorbet aux framboises, tartes aux pralines, tarte chocolat caramel.......

Comme vin nous avons du Morgon rouge.

C'était copieux mais fameux. La serveuse tenait bien sa salle dans la bonne humeur mais avec fermeté!

Après on va un peu marcher à pied, on se sent différent!!!

dimanche 21 février 2010

Invictus-Clint Eastwood


Nelson Mandela a passé 27 ans de sa vie en prison juste parce qu'il refusait l'apartheid, et réclamait l'égalité entre noirs et blancs. A la tête de l'ANC, il mena une lutte d'abord pacifiste, Gandhi était le modèle. Mais se retrouvant dans une impasse , l'ANC n'eut pas d'autres choix que la lutte armée. Arrêté et condamné, il va être incarcéré notamment sur lobben Island où il est astreint aux travaux forcés dans une carrière à chaux.
Sous la pression internationale, le régime blanc finira par céder et libérer le leader noir. Malgré toutes les humiliations qu'il a du subir, Mandela ne renonce pas à son idéal, refuse l'esprit de vengeance et va chercher à construire un pays où blancs et noirs peuvent se côtoyer, parfois en rupture avec ses partisans. Les Springbocks, l'équipe de rugby sud-africaine symbolise la minorité blanche arrogante. Aussi le nouveau pouvoir ne veut plus la soutenir, Mandela refuse ce choix et va prendre la défense de cette équipe contre ses amis pour mener par le biais du sport sa politique de réconciliation nationale. Clint Eastwood dans son dernier film raconte cette histoire et son apogée avec la victoire de l'Afrique du Sud lors de la coupe du monde 1995 organisée sur son sol...
Mandela est un génie, il vient de réaliser un dernier miracle en sauvant par sa seul présence ce film dont la mise en scène fainéante voir catastrophique. Le maître du western ne comprend rien au rugby, les scènes sont parfois ridicules, la finale notamment est d'une longueur insupportable. Pourtant ce film pourrait sembler une suite logique au Gran Torino, où Eastwood nous propose un nouvelle opus sur le thème de la réconciliation.

samedi 20 février 2010

Scènes de vie villageoise - Amos Oz


Huit nouvelles composent le nouveau livre de Amos Oz. Elles se passent toutes dans un même village Tel-Ilan, sauf une la dernière....A chaque nouvelle, on rentre dans une maison de ce village et on découvre une histoire, une famille, un drame. Chaque nouvelle pose plus de questions qu'elle n'apporte de réponse. En se plongeant dans la vie de ce petit village centenaire fondé par des pionniers bien avant l'existence d'Israël, Oz atteint l'universel: l'énigme de l'existence humaine, les liens entre les hommes, la destinée individuelle et collective.

Nous avions découvert Amos Oz avec une histoire d'amour et de ténèbres, assurément un chef de la littérature contemporaine, une grande épopée familiale qui racontait les débuts d'Israël. Avec ces petites histoires, Oz confirme tout son talent, et nous montre sa capacité à changer de genre littéraire, à se renouveler sans cesse.
Et si les écrivains étaient l'avenir d'Israël, où le partie travailliste est actuellement totalement absent, ils semblent être les seuls à tenir encore un discours de sagesse dans ce Proche Orient sinistré.

jeudi 18 février 2010

Gainsbourg, une vie héroique - Joann SFAR


Le cinéma français n'a jamais produit de grand biopic. Pour son premier film Joann Sfar, génie de la bande dessinée se lance dans le genre en nous offrant un conte consacré à Serge Gainsbourg. Il nous propose un Gainsbourg fasciné par la gente féminine, érotomane dès son plus son jeune âge. Mais aussi un Gainsbourg marqué par sa judéité imposée plus par le port de l'étoile jaune et la nécessite de sauver sa peau durant la guerre que l'éducation de ses parents, ce qui nous rappelle les propos de Jean-Paul Sartre, c'est l'antisémite qui fait le juif. Après un début de carrière difficile, il va exploser commercialement avec les yéyés .
Sfar nous rappelle également son goût pour les provocations. On sourit lorsqu'on voit l'ingénue France Gall chanter son amour des sucettes à l'anis. Bardot, elle prend la fuite et refuse la diffusion du duo je t'aime moi ....non plus, finalement repris par Jane Birkin, chanson qui permettra à Gainsbourg de connaître le succès en Grande Bretagne. On est écœuré par le texte antisémite de Michel Droit écrit dans le figaro, suite à la version reggae de la marseillaise. A coup sûr le premier texte immonde à être écrit dans un grand journal depuis la libération. Et on se rappelle que le premier a avoir découvert le talent de Gainsbourg fut Boris Vian, l'auteur de j'irai cracher sur vos tombes.
Même si la deuxième partie peut ressembler à une succession de cartes postales sur le chanteur, on prend plaisir à regarder ce film. Anna Mouglalis en Juliette Gréco, Sara forestier en France Gall, et Laeticia Casta en Brigitte Bardot (assurément le meilleur passage du film) nous offrent des prestations remarquables. Lucy Gordon qui s'est suicidé après le tournage est très convaincante en Jane Birkin même si cette partie du film est moins réussie et plus convenue.
Eris Elmosnino, grand acteur de théâtre est absolument prodigieux !

lundi 15 février 2010

Théâtre Jean ARP - Monteverdi


Opéra au programme du théâtre Jean ARP avec le couronnement de Poppée de Claudio Monteverdi.
Poppée est la nouvelle conquête de Néron, mais il est déjà marié à Octavie, alors que Poppée a Othon pour fiancé. Néron est prêt à répudier Octavie pour épouser Poppée. Le comportement de l'empereur provoque la colère de Sénèque philosophe et conseiller politique. Ne supportant plus les jugements de Sénèque, Néron lui donne ordre de se donner la mort. Le philosophe fidèle aux concepts stoïciens exécute l'ordre du souverain.
Mais Octavie ne renonce pas à se venger, et demande à Othon qui est allé se consoler dans les bras de Drusilla d'assassiner son ancienne fiancée. Othon est découvert avant d'avoir commis son forfait. Néron met à jour le complot et condamne à l'exil Octavie et Othon qui ne restera pas seul puisque Drusilla le suivra.
Le mariage a lieu suivi du couronnement de Poppée nouvelle impératrice de Rome.
Le premier plaisir lorsqu'on assiste à un opéra de musique baroque, c'est de pouvoir approcher les instruments magnifiques que sont le théorbe, le clavecin et les violes de gambe.
Le deuxième ce fut de voir un vrai spectacle de théâtre tant la mise en scène de Christophe Rauck, qui nous avait déjà régalé en 2007 de son mariage de Figaro à la comédie Française, nous propose une scénographie inventive qui permet de traverser sans ennui les passages les plus poussiéreux du livret. Les notes d'humour et les clins d'œil à la Rome éternelle, sans dénaturer les propos historiques de l'opéra, donnent au spectacle une légèreté salvatrice.
Enfin le plaisir est d'entendre des voix sublimes, des duos superbes de sopranos, la prestation de Valerie Gabail en Poppée est captivante, son jeu d'actrice et sa voix envoutent le public, le rôle de Néron tenu à l'origine par un castrat est ici interprété par la soprano Maryseult Wieczorek.

Le spectacle terminé, la salle debout acclame la troupe et les musiciens, un succès mérité!

mercredi 10 février 2010

Complices - Frederic MERMOUD


Complices est le premier long métrage de Frédéric Mermoud. Un crime est le fondement de ce film policier, mais surtout le prétexte pour réaliser le portrait de deux couples: celui de deux policiers incarnés par les excellents Gilbert Melki et Emmanuelle Devos, et un autre formé par Vincent et Rebecca (Nina Meurisse et Cyril Descours, très prometteurs) deux adolescents en pleine dérive. C'est le corps de Vincent qui est retrouvé sur les bords du Rhône.
L'enquête est lancée, elle va nous mener dans les milieux de la prostitution, où des jeunes adultes profitent d'Internet pour monter un réseau de rencontres tarifées. L'argent est facile, Vincent ne pourra pas cacher longtemps à Rebecca sa source de revenus. Elle le rejette, puis fascinée et amoureuse elle finit par l'accompagner.....mais les rencontres ne sont pas toujours amicales, le payeur a ses exigences.
L'enquête est menée par un duo très complice, mais pas encore prêts à risquer leur amitié dans une histoire d'amour.
L'intrigue, une histoire de prostitution qui tourne mal, est assez banale. Le scénario qui méle des scènes de flash-backs racontant l'histoire d'amour des deux adolescents et les scènes d'enquêtes, permet de faire un portrait simple mais subtil de ces deux couples. On aurait pu s'ennuyer ferme, mais la qualité décriture, le jeu des acteurs, la justesse des plans et de la mise en scéne oppose parfaitement l'amitié amoureuse et prudente du couple de policiers à l'amour inconscient et passionné des deux adolescents et font de ce film une réussite.

mardi 9 février 2010

La centrale - Elisabeth FILHOL


Pour son premier roman, Elisabeth Fillhol décrit avec âpreté et précision le travail des intérimaires chargés de nettoyer les centrales nucléaires en se mettant dans la peau d'un des ouvriers. Ouvriers qui se déplacent de centrale en centrale, vivant dans des mobile-homes. Ils partent au boulot comme autrefois on montait au front: "Ce que chacun vient vendre, c'est çà, vingt millisieverts, la dose maximale d'irradiation autorisée sur douze mois glissants" et un plus loin "Effectivement, c'est dangereux, mais il faut bien le faire, et quand on accepte ce genre de contrat, des missions on en trouve partout".
Certains craquent et désertent comme Bernard, pourtant un gars solide qui tétanisé ne peut plus descendre dans le sarcophage en béton. "Comme en première ligne à la sortie des tranchées, celui qui tombe est remplacé irrémédiablement".
Une solidarité s'installe entre ces frères d'armes qui partagent le danger et la promiscuité des campings désertés par les vacanciers. Mais si vous avez atteint votre dose, vous devez quitter la troupe et votre statut d'intérimaire ne vous offre pas une grande protection sociale alors que la contamination est irréversible: "on pourra marcher autant qu'on veut, respirer à pleins poumons, ça ne se nettoie pas."

Si Elisabeth Filhol connait par sa formation universitaire et son expérience professionnelle le monde industriel, l'industrie nucléaire lui est totalement étrangère et pourtant elle en décrit le fonctionnement avec la plus grande minutie. La littérature semblait avoir abandonné au cinéma (ressources humaines de Laurent Cantet) ou au documentaire le sujet de la souffrance au travail, Elisabeth Filhol s'en empare et écrit un livre qui commence par le récit de trois suicides d'ouvriers qui n'est pas sans rappeler la situation de France Telecom et qui vous plonge dans le désastre social provoqué par le cynisme de nos plus grands industriels. Rien n'a vraiment changé depuis la fin du XIX° et les grands romans sociaux de Zola!

La centrale - Elisabeth FILHOL (P.O.L)

Photo Michael Kenna

dimanche 7 février 2010

A serious man - Joel et Ethan Coen


A serious man c'est l'histoire de Larry Gopnik, un honnête père de famille, universitaire en attente d'une titularisation, membre consciencieux de la communauté juive. Il voit se multiplier les problèmes familiaux et professionnels. Il veut comprendre la signification de ses malheurs, il se rend chez différents rabbins pour essayer de trouver une issue à toutes ses épreuves...et enfin devenir un mensch.
Comédie dramatique des frères Coen qui font ici appel à leurs souvenirs d'enfance. A travers le portrait de cette famille, il brosse également un portrait de l'Amérique des classes moyennes et des nouveaux quartiers résidentielles de la fin des années soixante. Car s'ils n'ont pas renoncé à leur traditions héritées de leurs aïeux yiddish, les membres de cette famille appartiennent tout autant à cette Amérique profonde du middle west. Mais c'est aussi l'annonce du début d'une nouvelle ère pour cette génération, celle des Jefferson Airplane et de la culture pop où la jeunesse va s'émanciper du carcan familial.
Les frères Coen offrent une pièce essentielle de leur œuvre avec ce film à la veine fortement autobiographique. Ils restent inclassables, difficile voir impossible de leur trouver une filiation avec des grands maitres ou des héritiers dans les nouveaux cinéastes, ce qui fait de leur filmographie une part unique et essentielle de l'histoire du cinéma de ses vingt dernières années.

samedi 6 février 2010

Hamlet par Nikolaï Kolyada au Théâtre Jean ARP

Nikolaï Kolyada, après avoir étudié le théâtre à Ekaterinbourg, a créé son propre théâtre totalement indépendant du circuit officiel. Installé dans une sorte de Maison de campagne, il monte sur une scène minuscule les plus grandes pièces du répertoire classique mais également ses propres textes véritables critiques sociales.
Rien ne peut le décourager, surtout pas les policiers qui viennent frapper à sa porte. A Ekaterinbourg, le succès ne s'étiole pas, mieux vaut réserver sa place pour pénétrer dans la Datcha-Théâtre du 20 rue Tourgueniev qui peut accueillir au grand maximum 80 personnes. (cliquer ici pour plus de renseignements)

Le Hamlet qui nous a été proposé a pour cadre une cour du Danemark soumise aux volontés du nouveau monarque où les soirées sont des orgies. Ça commence par une chorégraphie qui nous plonge cette ambiance sous l'œil désespéré de Hamlet caché dans un coin, adolescent angoissé se rongeant frénétiquement les ongles...le spectre de son père apparait et lui révèle la vérité sur sa mort: il a été assassiné par son frère qui lui a ainsi dérobé femme et pouvoir . Hamlet feint la folie et cherche des preuves du crime commis par son oncle...
Ce spectacle à la scénographie iconoclaste de Kolyada qui fait de Hamlet un conte baroque et cruel nous a immédiatement rappelé le film de Josef Von Sternberg avec Marlène Dietrich, l'impératrice rouge qui décrivait la cour sous Catherine II de Russie. On est fortement secoué par ce spectacle et impressionné par la prestation de Oleg Yagodine dans le rôle de Hamlet, une présence époustouflante qui continue de vous hanter longtemps après le spectacle.

jeudi 4 février 2010

Les chats persans - Bahman Ghobadi



Filmés clandestinement, les chats persans font le portrait, à travers un jeune couple, de la scène indie rock iranienne. Les deux jeunes sont à la recherche de musiciens pour former un groupe, et de faux-papiers pour pouvoir quitter le pays et rejoindre la scène londonienne. La caméra suit de prés leur quête à travers les rues de Téhéran.

On se promène ainsi dans des lieux clandestins où les jeunes composent leurs musiques et donnent des concerts. La menace de la police est permanente, ici la partie de cache-cache ne ressemble en rien à un jeu de cour d'école, ça ne rigole pour ses jeunes imprégnés de musique anglaise quand ils sont débusqués par la police. Sur les murs de leurs chambres, on retrouve des posters à la gloire de Joy Division ou des Artic monkeys.
De Marjane Satrapi à ces groupes de rock, les générations passent et les aspirations de libertés sont toujours les mêmes.

Un film réjouissant, une bouffée d'oxygène, un espoir d'un avenir radieux semble permis tant que ces jeunes n'ont pas renoncé à leur idéal, mais combien devront étre sacrifiés?

mercredi 3 février 2010

Espion(s) Nicolas Saada


On savait depuis les Patriotes de Eric Rochant que les cinéastes français pouvaient réaliser de très grands films d'espionnage. Nicolas Saada se prête à l'exercice pour son premier long métrage, il relève avec talent le défi.
Un film d'espionnage sans superhéros genre Jason Bourne ni gadget, la référence pour Nicolas Saada est Alfred Hitchcock.
L'histoire commence à Roissy deux employés ont une certaine tendance à aller se servir dans les bagages qui défilent devant eux. Mettre la main dans une valise diplomatique syrienne est une très mauvaise idée surtout lorsque vous tombez sur un puissant explosif. Un employé succombe à ses blessures, l'autre Vincent(Guillaume Canet) se retrouve interrogé par la DST, menacé par des inconnus il n'a pas le choix il va devoir collaborer avec les services français. Envoyé à Londres, il a pour mission de séduire la femme française (Géraldine Pailhas) d'un citoyen anglais en affaire avec les syriens.....
Le duo Guillaume Canet Géraldine Pailhas n'est pas sans nous rappeler celui formé par Cary Grant et Ingrid Bergman dans les enchainés de Hitchcock. La comparaison n'est vraiment pas galvaudée tant la mise en scène est maitrisée, la prestation des acteurs est absolument remarquable avec une mention spéciale pour Géraldine Pailhas qui illumine le film par sa présence.
Un des plus grands films français de ces dernières années qui n'a pas eu l'audience qu'il méritait!

mardi 2 février 2010

Un cirque passe - Patrick Modiano


Ça commence dans un commissariat, Jean est interrogé parce que son nom figure sur l'agenda d'une personne. Jean n'a pas grand chose à dire et ne semble pas impressionné par les menaces du policier. Il sera rapidement libéré. A sa sortie,il attendra dans un bar une fille Gisèle qu'il a croisé dans ce commissariat...Ils feront un bout de vie ensemble...
Ce que l'on sait de Jean. Il vit sur les quais dans l'appartement de son père qui vient de partir précipitamment en Suisse. Dans cet appartement vit également un ami de son père. Jean a le projet de partir travailler à Rome. Il a dix huit ans, mais il préfère dire vingt et un, à l'époque l'age de la majorité.
De Gisèle, on sait quelle s'est mariée très jeune et qu'elle s'est séparée depuis trois mois de son mari qui travaille dans le milieu du cirque . Elle fréquente un Monsieur Ansart et Jacques de Bavière, deux hommes aux activités louches qui ont déjà connus la prison.
Un jour, Jean a rendez-vous dans un bar avec un homme (est-il policier?) qui lui raconte le passé de Gisèle...son vrai nom semble être Suzanne Kray, elle aurait fait de la prison et se livrerait à la prostitution.... Jean ne renonce pas à son projet et a toujours le désir de partir pour Rome avec Gisèle. Elle a un accident de voiture, ses mystères disparaissent avec elle.
C'est le premier Modiano que nous avions lu sans vraiment le connaître et vous avons été envoutés. Le mystère des personnages, les promenades dans Paris, l'impression de n'avoir jamais rien lu de tel. Nous avons dévoré tous ses autres romans et nous restons toujours en attente de son nouveau livre. Il parait que le 4 mars, son nouveau roman "l'horizon" sortira.....

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