mardi 31 mai 2011

L'art de voler - Antonio Altarriba / Kim

L'art de voler s'ouvre sur le suicide d'un homme de quatre vingt dix ans qui se laisse tomber du haut de sa maison de retraite... l'art de voler raconte son histoire, l'histoire d'un homme qui n'a pas su ou plus justement pas pu être à la hauteur de ses idéaux de jeunesse et qui glisse inévitablement dans la mélancolie.
La vie pour notre jeune homme né en 1910 dans la campagne espagnole n'est pas facile, l'accès à l'école lui est rapidement interdit, la vie d'esclave des champs semble être la seule perspective pour notre héros. L'appel de la ville et l'espoir d'une vie meilleure le mènent très rapidement à Saragosse. Installé chez une logeuse, il se fait un cercle d'ami et découvre avec eux une conscience politique et la pensée anarchiste. L'histoire espagnole s'emballe, la guerre civile éclate, il se retrouve naturellement dans les rangs anarchistes, mais les staliniens précipitent la défaite, c'est l'exode en France et les camps de concentration* comme offre de bienvenue. La résistance comme une évidence, puis la fin des espoirs lorsque la CNT reconnait officiellement sa défaite en Espagne, les pays occidentaux ne font rien pour renverser le régime franquiste vu comme un rempart contre la menace rouge. Notre héros dépité rentre au pays, fait un mariage malheureux qui lui donne un fils, la vie n'est pas un enchantement dans l'Espagne de Franco livrée à la corruption des hommes et à la bigoterie des dames. Les serments de jeunesse n'ont pas été tenus mais ils relevaient de l'utopie...

Une BD exceptionnelle, tout simplement. Un bel hommage rendu par un fils à son père.

*Nous avons usé du terme de camp de concentration pour décrire les camps où étaient parqués les espagnols dans des conditions épouvantables parce que c 'était le terme employé alors par la presse française. Les camps de concentration sont une invention britannique lors de la guerre des boers en Afrique du sud moyen le plus efficace pour retenir des personnes contre leur gré.
Après l'épouvante nazis, où la barbarie atteint son paroxysme, des camps de concentration se transformant pour certain en camp d'extermination, le terme de camp de concentration ne fut plus usité dans son sens originel, nous aurions tendance à parler de centre de rétention.

dimanche 29 mai 2011

Helplessness Blues - The Fleet Foxes (2011)

Ils sont cinq, ils sont de Seattle, le chanteur s'appelle Robin Pecknold, ils ont connu le succès dès leur premier album, critiques dithyrambiques suivies d'un succès commercial. Ils auraient pu facilement céder aux sirènes de l'argent et signer pour une major. Chérissant par dessous tout leur liberté ils ont préféré garder leur indépendance. Ils sont le groupe de folk le plus réjouissant depuis le mythique Crosby Stills and Nash.

Ils viennent de réussir l'exercice difficile du deuxième album qui confirme largement le talent entrevu dès le premier opus, où les voix se superposent avec une rare harmonie. Pour faire court, imaginez les Beach boys faisant de la folk Music et vous obtenez les Fleet Foxes.
La confirmation d'un très grand groupe!

Helplessness Blues est donc naturellement notre album de la semaine!


samedi 28 mai 2011

Madame De Sade - Yukio Mishima

Il y a un plus d'un an nous avions eu l'occasion de voir sur scène le texte de Yukio Mishima Madame De Sade dans une mise en scène de Jacques Vincey. Particulièrement impressionnés nous avions cherché en vain le texte de l'auteur Japonais. Le temps passant nous avions mis fin à notre quête, mais l'actualité récente nous a remémoré ce sublime texte dont le dramaturge expliquait ainsi sa genèse:

"C'est en lisant la vie du marquis de Sade de Tatsuhiko Shibusawa que pour moi, en tant qu'écrivain, se posa l'énigme de comprendre comment la marquise de Sade, qui avait montré tant de fidélité à son mari pendant ses longs emprisonnements, a pu l'abandonner juste au moment où il retrouvait enfin la liberté. Telle énigme a servi de point de départ à ma pièce, en laquelle on peut voir une tentative de fournir au problème une solution logique. J'ai eu l'impression que quelque chose de fort vrai en même temps que de fort peu intelligible paraissait derrière l'énigme, et j'ai voulu considérer Sade dans ce système de référence"

Alors oui nous avons le désir de nous replonger dans ce texte, où une femme seule contre tous décide de défendre son époux des terribles accusations portées contre lui et de tout engager pour qu'il recouvre la liberté. Nous avons repris notre quête et nous avons enfin trouver notre sésame là où nous aurions dû logiquement nous présenter dés la première fois parce qu'elle est une des librairies les mieux achalandées de la capitale en matière de théâtre: la librairie du théâtre du rond point aux champs Elysées. De plus vous y trouvez au sous sol le bar le plus calme et le moins couteux de la grande avenue commerçante.

Madame de Sade est un texte de Yukio Mishima édité chez Gallimard. C'est un texte formidable!

vendredi 27 mai 2011

Le Gamin au Vélo - Les Frères Dardenne


Cyril douze ans placé dans un foyer, n'a de cesse de retrouver son père disparu brutalement ou au moins le vélo qu'il lui avait offert. Il profite de toutes les occasions pour fuguer et enquêter sur son père et retrouver sa trace.Lors d'une de ses fugues il croise Samantha qui tient un salon de coiffure. Elle retrouve son vélo vendu à un gamin du quartier par le père de Cyril. Touchée par cet enfant, elle rachète le vélo de Cyril et se propose de l'accueillir le week-end... Mais Cyril reste insensible à l'attention que lui porte ses éducateurs ou Samantha, Rien ne semble pouvoir raisonner cette boule de nerfs qui finit par devenir un petit délinquant entrainé par le caïd de la cité , mais Samantha admirable refuse de l'abandonner.

Toujours au plus prêt de l'action la caméra des frères Dardenne colle ses personnages. Dés les premiers plans nous sommes captivés par ce gamin dont on comprend la colère, la haine. Abandonné lâchement par un père qui n'a donné aucune explication à son geste , fuyant chaque fois que son fils vient à sa rencontre. Absolument maitrisé, rien n'est laissé au hasard dans le cinéma des frères Dardenne, pour autant nous avons toujours l’impression que la caméra découvre sur l'instant les mouvements des acteurs, échappant ainsi par leur style à toute forme d'académisme ou de sentimentalisme larmoyant . Des acteurs toujours justes, nous n'avions jamais vu Cécile De France aussi convaincante dans un rôle dramatique, Jérémie Régnier est parfait dans ce rôle de père si difficile à tenir. Les Frères Dardenne signent encore un très grand film, ils figurent une nouvelle fois au palmarès du dernier festival de Cannes, ce n'est que justice. Un film remarquable sur l'enfance, ce Cyril remarquablement incarné par Thomas Doret se place dans la lignée d'Antoine Doisnel des 400 coups de François Truffaut ou du François de l'enfance nue de Maurice Pialat!

Un très grand film!

mardi 24 mai 2011

Happy Birthday Bob!


Les poètes sont essentiels comme les arbres car ils permettent au monde de mieux respirer. Si la déforestation reste une menace pour la planète, la voix du poète a également tendance à se faire rare et c'est tout aussi dramatique. Alors profitons de l'anniversaire de Robert Allen Zimmerman dit Bob Dylan pour clamer notre amour des troubadours! "Blowin in the wind" fut l'hymne des combattants de la liberté, il fut notamment chanté par ceux qui défendaient les droits civiques et la fin de l'intervention des troupes américaines au Viet-Nam.

Pour autant Bob Dylan ne s'est jamais considéré comme un chanteur engagé, John Baez confirme d'ailleurs cette volonté de non-engagement dans le magnifique film de Martin Scorcese "No direction Home" où elle rappelle que Bob Dylan était régulièrement absent des grands mouvements de contestation. Mais le poète par essence est toujours au coté des défenseurs de la liberté.
Sa carrière ne fut pas qu'un long fleuve tranquille, son virage "électrique" fut considéré comme une trahison par les intégristes de la folk music, il dut affronter l'hostilité du public mais il ne céda jamais devant la menace et chanta avec délectation son sublime "Like a Rolling Stones". Aujourd'hui personne n'oserait venir siffler l'artiste, aucun doute Bob Dylan a rendu le monde plus beau, nous ne pouvions pas passer à coté de ses 70 ans.

Happy Birthday Bob!


How many roads must a man walk down
Before you call him a man?
Yes, 'n' how many seas must a white dove sail
Before she sleeps in the sand?
Yes, 'n' how many time must the cannonballs fly
Before they' re banned?
The answer, my friend, is blowin' in the wind
The answer is blowin' in the wind...

lundi 23 mai 2011

Le Louvre


Lorsque nous allons au Musée du Louvre, nous allons toujours saluer "la belle Ferronnière" de Léonard de Vinci, car elle est souvent seule, oubliée par les vagues de touristes bêtement hypnotisés par Mona Lisa.


La salle des oeuvres de la George De La Tour était également vide



Et nous restons toujours impressionnés par la momie exposée dans le département des antiquités égyptiennes.

Vous trouvez toujours la foule sous la pyramide du Louvre, mais grâce au gigantisme de ce musée, on finit néanmoins par trouver un endroit désert... Musée sans fin, nous aimons toujours autant nous y promener.

dimanche 22 mai 2011

The Mandé Variations - Toumani Diabaté (2008)

Pour prolonger le plaisir que nous avons eu à visiter l'exposition consacrée aux dogons au musée des Arts Premiers du Quai Branly, nous avons décidé de choisir un disque de musique africaine.
Le choix s'est porté naturellement sur le musicien malien Toumani Diabaté grand joueur de kora. Fils de Sidibi Diabaté reconnu comme le plus grand joueur de kora de l'Afrique de l'ouest, Toumani est quasiment né avec cet instrument entre les mains.
L'album enregistré avec le grand guitariste Ali Farka Touré "In The Heart of moon" lui a valu la consécration internationale. Mais nous avons préféré porter notre choix sur un disque où il joue seul de la kora "The mandé variations".

Le mandé est un région du Mali, grand foyer du peuple des madingues. Ce disque est absolument sublime, vous le posez sur la platine vous vous laissez emporter par le lyrisme de cet instrument à 21 cordes, huit morceaux plus tard vous voyez le monde d'un regard apaisé par la sublime musique du maître de la kora.

The Mandé Variations de Toumani Diabité est notre album de la semaine. et nous vous offrons une petite présentation de la kora par le maître lui-même



samedi 21 mai 2011

Selmer # 607 - Théâtre des Sources


C'était une guitare la vedette de cette soirée musicale au théâtre des Sources de Fontenay aux Roses. Guitare Selmer sortie des ateliers Henry Selmer et conçue par le luthier mythique Mario Maccaferri, à une époque où les micros n'existaient pas, et où pour faire face aux autres instruments il lui fallait du "coffre" pour pouvoir exister. La plus connue est la #503 de Django Reinhardt...
Autour de la #607 se sont relayés trois guitaristes solistes Adrien Moignard, Sebastien Giniaux et Richard Manetti, accompagnés de deux guitares rythmiques (Ghali Hadefi et David Gastine) et d'une contrebasse (Jeremie Arranger).
C'est principalement le répertoire de Django Reinhardt qui fut revisité au cours de cette soirée mais pas uniquement puisque des classiques américains furent également joués, dont le magnifique Lullaby of birdland...
Magnifique soirée de jazz manouche, il se passe des choses aussi en banlieue!

Pour en savoir plus, sur Selmer#607 cliquez ici

dimanche 15 mai 2011

L'Orient des femmes, vu par Christian Lacroix.

Aujourd'hui, s’achevait l'exposition « l'Orient des femmes vu par Christian Lacroix » proposé par le Musée du Quai Branly à Paris. On pouvait y admirer des robes, des manteaux et des accessoires traditionnels de Syrie, de Jordanie, de Palestine et des bédouins du Désert du Sinaï.
Les robes étaient très colorées avec une dominante de rouge et d'orange, le rouge est particulièrement présent car il est gage de fertilité. Les broderies magnifiques relèvent d'une technique apprise par des jeunes filles dés leur plus jeune age. Il s'agissait principalement de costumes de fêtes pour des femmes d'origine modestes.

Pour Christian Lacroix, directeur artistique de l'exposition, ces robes le confortent dans l'idée qu'aucun couturier ne peut rivaliser avec ce qui a été élaboré par des siècles d'artisanat de culture, de traditions et d'échanges. Ces vêtements portés au quotidien sont destinés à "paraître" et aussi à "bien être". Cette recherche du pratique et de l'esthétique harmonieuse combinés est proche du souci des designers aujourd'hui, la pureté et la générosité en plus.

«Elles font partie de ces cohortes d'inspiratrice qui m'ont montré la voie d'un métier où le vêtement se crée à mi-chemin du fantasme et de la réalité, de l'apparence volontiers menteuse et de la personnalité profonde, sans triche. » « Ce qui dissimule ces femmes le raconte bien mieux que n'importe quelle mode occidentalisée. »
Christian Lacroix

Le Quai Branly - L'Art Dogon

Les Dogon sont très connus pour leurs créations artistiques. Cette vallée malienne, extrêmement fertile avant la sécheresse survenue au XIII° siècle accueillent plusieurs peuples qui se partagent cet espace, échangeant leurs cultures.Après une rapide introduction sur l'histoire de la vallée et des peuples qui la composent l'exposition se divise un trois parties:
  • L’harmonie au monde: Au travers de plusieurs dizaines de sculptures, nous découvrons les différentes ethnies de la vallée dogon.

  • L’imaginaire anthropologique: Cette seconde partie présentent des masques et des peintures rupestres. Elle témoigne de l'émoi qu'a suscité la culture dongon chez les anthropologues dans les années 30.

  • L’enchantement de la collection: On découvre dans cette dernière partie les impressionnantes collections constituées par les européens.

Dans ce cadre toujours aussi enchanteur, on découvre tout un pan de la culture africaine. ce sont uniquement les forgerons qui ont l'autorisation de sculpter le bois, avant de l'enduire d'une "croûte", qui change de composition au cours du temps.Au sein des ateliers,des"maîtres" se distinguent comme celui aux yeux obliques, ce nom lui venant de la forme particulière qu'il donnait aux yeux de ses œuvres. Les statues représentent des scènes de la vie de tous les jours, des maternités, des porteuses d'eau, ou encore des joueurs de balafons, mais aussi beaucoup d’hermaphrodites, un sujet cher à la culture dogon. Le seul sujet un peu mythique représente l'arrivée des Dongon-Mandé par le Niger sur le dos de crocodiles.

La partie concernant la société des masques est aussi très intéressante.Pour avoir accès à cette société, il faut être un homme et être circoncis. On y créé son propre masque et on apprend la langue sacrée: le Sigi so. Les masques permettent aussi de séduire les morts. La cérémonie du dawa a pour but de chasser les âmes des défunts qui hantent celles des vivants. C'est une cérémonie très codée qui peut durer jusqu'à six jours. On notera les impressionnants masques maisons.

Une magnifique expo, à ne pas manquer.

Pour consulter le site du Quai Branly, cliquer ici.

Kind Of Blue - Miles Davis (1959)

Il n'y a pas grand chose à dire sur Kind of blue de Miles Davis parce que tout simplement cet album est parfait. John Coltrane au saxophone, Bill Evans au piano, Paul Chambers à la contrebasse, Jimmy Cobb à la batterie l'accompagnent pour deux sessions d'enregistrement qui vont marquer l'histoire de la musique. Tout commence avec "So what", devenu un des plus grands thèmes de la musique Jazz. Cinq morceaux composent cet album à sa sortie: So what, Freddie Freeloader, Blue in Green, All blues, Flamenco Scketches...

Kind of Blue est un chef d’œuvre, cela ne se discute pas, cela s’écoute tout simplement. Il est notre album de la semaine.



samedi 14 mai 2011

Ho boy ! Mis en scène Olivier Letellier

Ho boy, c'est l'histoire de Barth jeune homosexuel insouciant profitant des joies de la vie parisienne qui se découvre inopinément une nouvelle famille,
C'est une fratrie qui se jure de rester ensemble après le suicide de leur mère
C'est Simeon le grand frère de 14 ans surdoué qui se prépare à passer le bac.
C'est la leucémie qui frappe injustement un gamin, c'est une chambre d'hopital où on souffre, on vomit on lutte contre la mort
C'est l'adaptation réussie d'un roman de Marie Aude Murail qui montre tous les progrès de la littérature jeunesse, nous sommes ici bien loin des "Fantomette" et autres niaiseries de notre jeunesse.
C'est du théatre d'objet où une vieille armoire se retourne dans tous les sens, où des livres sont des personnages
C'est la renaissance de la poupée Barbie et de son inoubliable Ken
C'est l'histoire d'une famille "éclatée"
C'est la révélation d'un jeune acteur Lionel Erdogan qui seul sur scène a déjà la présence d'un vieux grognard des planches.
C'est une mise en scène ingénieuse, inventive, de Olivier Letellier
C'est du rire, de l'émotion, c'est un public enthousiaste,
C'est le molière 2010 du jeune public, une récompense amplement méritée.
C'est un spectacle qui va tourner la prochaine saison, ne le ratez pas. A défaut, lisez le livre!

Oh Boy, c'est tout simplement du bonheur!

mardi 10 mai 2011

Le défaut - Magdalena Tulli

Comme il est difficile de résumer ce livre étonnant mais fascinant, nous préférons vous parler tout d'abord de son auteur Magdalena Tulli en reprenant les éléments présents sur le quatrième de couverture. Née en 1955, elle appartient à la génération d'écrivains polonais marqués par le traumatisme de la seconde guerre mondiale et la censure du régime communiste. Le défaut est son quatrième livre. Magdalena Tulli a aussi traduit les œuvres de Marcel Proust et d'Italo Calvino. Elle vit à Varsovie.

Avec le défaut nous sommes plutôt proches d'Italo Calvino, unité de lieu, différents personnages un notaire, une bonne,un étudiant, un policier,des militaires... mais aucun n'est nommé, seul leur statut social les définit. Un bouleversement économique, un krach boursier, la panique s'empare de tous, des réfugiés arrivent en masse par le tramway, un régime militaire s'installe, les réfugiés regroupés parqués, disparaissent...c'est angoissant mais captivant nous ne pouvons quitter la lecture de ce roman surprenant,véritable métaphore d'une société repliée sur elle-même figée dans sa peur de l'étranger...il peut être également interprété comme une évocation de la Shoah.

Ce qui est toujours actuel c'est cette sinistre corrélation entre crise économique et repliement sur soi, peur de l'étranger.
Voila qui confirme notre désir de parcourir l'Europe des écrivains et de découvrir des univers différents aux angoisses communes. Choisi au hasard, la pioche fut bonne!

dimanche 8 mai 2011

Lust for Life - Iggy Pop (1977)

Un désir fort d'écouter cette semaine un album rock au son brut et sauvage, un petit tour dans nos vieilleries et très vite notre choix s'est porté sur cet album qui signe la renaissance de l'iguane. Car les années "Stooges" ont laissé des traces, et il s'en est fallu de peu que James Newell Österberg dit Iggy Pop succombe à ses excès et rejoigne Brian Jones, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Jim Morrison.... sur la terrible liste des ex-fan des sixties.

Rescapé mais paumé, c'est David Bowie qui lui remet le pied à l'étrier et l'emmène avec lui à Berlin où le chanteur des Stooges se remet au travail et signe deux albums solos: The idiot et lust for life. 1977 est l'année Iggy Pop.

Si notre choix s'est porté sur Lust for life, c'est que le premier punk de l'histoire du rock y réalise un morceau de bravoure, the passenger que nous nous lassons pas d'écouter.

Lust for Life est notre album de la semaine.

samedi 7 mai 2011

Polonia


La cité nationale de l'Histoire de l'immigration consacre une exposition à l'émigration polonaise dont la France fut une destination privilégiée au cours des XIX et XXème . Cette Histoire est celle d'un exil parfois politique ou économique et a tissé des liens privilégiés entre les deux pays .

Ainsi 1830, après la tentative de soulèvement du peuple polonais pour se libérer du joug du Tsar de Russie et acquérir son indépendance, la terrible répression contraint nombre d' insurgés à l'exil, la France est la destination favorite. Le gouvernement insurrectionnel s'organise autour du prince Czartoryski qui s'installe à l'hôtel Lambert sur l'ile saint Louis et accueille tous les intellectuels polonais réfugiés en France

Après le premier conflit mondial répond au grand besoin de main d’œuvre pour reconstruire et compenser le déficit masculin. Les conditions de travail sont difficiles , l'accueil n'est pas toujours cordial. En 1930 la crise économique frappe, des familles se retrouvent sans travail, certaines sont renvoyées brutalement vers leur pays d'origine.

A coté de ces deux vagues, il convient de ne pas oublier l'arrivée de nombreux juifs d'origine polonaise, ils viennent s'installer principalement dans le quartier du marais, Belleville, ou encore à Montreuil. beaucoup travaillent dans le textile. Pas vraiment intégrés par leurs coreligionnaires ils ont leur propre synagogue. Leur communauté fut la plus durement touchée par la Shoah.

Après 1945, 80000 polonais quitteront la France pour construire la Pologne socialiste promise par le nouveau régime . Ils ne se doutaient pas qu'ils disparaitraient derrière le rideau de fer. Pendant cette période soviétique la France redevient une terre d'accueil pour des polonais voulant conserver leur droit d'expression

Exposition passionnante, particulièrement documentée. Peu de monde, nous avons pu prendre le temps d'écouter les divers documents audio. Nous avons souri parfois, ainsi nous nous rappelons cette dame parlant de la Pologne comme du pays "natal où je en suis pas née".

L'exposition s'arrête sur les grands noms issus de cette communauté, Frédéric Chopin, Raymond Kopa, Marie Curie et plus longuement sur l'affichiste Roman Cieslewicz.

Passionnant et émouvant !

Polonia, des polonais en France de 1830 à nos jours.
Cité nationale de l'histoire de l'immigration.


vendredi 6 mai 2011

L'instinct de l'instant - Nadia Xerri-L

Un ancien entraineur de foot de ligue 1 organise des retrouvailles avec trois de ses anciens joueurs , un quatrième est aussi présent mais plongé dans le coma, il ne peut participer aux discussions contrairement à son épouse dévouée. Après le plaisir des retrouvailles, de vieilles rancœurs refont surface et vient l'heure des règlements de compte où l'on finit par jeter au milieu de terrain ancienne star du club un fils qu'il n'a jamais connu...

Mon dieu que c'était mauvais, nous avons compris très rapidement que la soirée serait longue, la lumière allumée nous n'avions même pas la possibilité de nous évader. Coincés nous étions coincés, à supporter ce texte d'une rare prétention sans aucune légèreté et finalement sans intérêt. Des cris, des plaintes beaucoup de bruit et de fureur pour pas grand chose, nous avons évité les prolongations, au coup de sifflet final, nous nous sommes échappés!

Nous avions compris depuis quelque jours qu'il n'y a pas lieu d'attendre grand chose d'un footballeur qui pense et nous voulons bien croire au vu des querelles actuelles que les retrouvailles entre anciens ne sont jamais très simples. Cette soirée nous le confirme!

lundi 2 mai 2011

L'étrange affaire Angelica - Manoel De Oliveira


Isaac, jeune photographe est convoqué au milieu de la nuit par une riche famille pour venir immortaliser leur fille Angelica tout juste mariée qui vient de décéder. Impressionné par la beauté de la jeune fille, le photographe est saisi d'effroi lors qu'il voit dans le viseur de son appareil photo la défunte ouvrir les yeux et lui adresser un sourire.
Ce phénomène qu'il est seul à percevoir se reproduit lorsqu'il développe les clichés. Hanté par Angelica dont il tombe éperdument amoureux, Isaac ne connait plus de nuits paisibles et se laisse entrainer par sa mélancolie vers sa propre mort.

Ce film est réalisé par un centenaire ce qui est une première dans l'histoire du cinéma, peut être plus largement dans l'histoire de l'art . Quand il filme les ouvriers agricoles bêchant le sol aride des vignes à flanc de colline, son style se rapproche du néo-réalisme de l’après guerre, mouvement dont il fut un des inspirateurs. Le film est constitué de longs plans fixes avec parfois un léger mouvement de caméra pour accompagner un personnage, ces plans rythmés par la musique de Frédéric Chopin se laissent voir comme une suite de tableaux qui nous restituent un Portugal austère, imprégné de catholicisme. On sent combien cet homme est marqué par la culture du XIX° siècle au contact de laquelle il a grandi, et au vu cette histoire de fantômes où un jeune homme est envouté par un simple regard, nous aurions envie de citer Huysmans, Maupassant ou Barbey d'Aurevilly .

Manoel De Oliveira signe un sublime film sur la mélancolie.

dimanche 1 mai 2011

Paul Simon - So Beautiful Or So What (2011)

Il y a 40 ans maintenant que le duo Simon and Garfunkel sortait son dernière album "Bridge over troubled Water". Un album rempli de pépites telles Bridge over troubled water, El condor pasa ou cécilia qui fait l'objet d'une réédition. Mais avant cela,ils avaient déjà écrit un grand nombre de tubes notamment la bande son du film de Mike Nicholls, le lauréat et sa troublante Mrs Robinson incarnée par Anne Bancroft. Le fond de commerce est suffisamment riche pour permettre au duo de se relancer parfois dans des tournées lucratives où la nostalgie de cette époque révolue remplit les plus grandes salles.
Paul Simon était l'auteur compositeur du binôme, il lui a donc été plus facile de produire de albums solos que son acolyte. Curieux, il parcourt le monde à la recherche de nouveaux sons. Il va notamment enregistrer en 1986, un merveilleux album Graceland enrichi de sons sud africains, réalisé avec des musiciens noirs alors que ce pays vivait encore sous le régime de l'apartheid. Plus tard il prolonge l'expérience se nourrissant des musiques brésiliennes et des caraïbes
70 ans et toujours frais le gaillard, il suffit d'écouter son dernier album pour en être définitivement convaincu. Un vrai retour aux sources, un véritable album de musique américaine rempli de guitares même si le son d'une Kora sur le morceau Rewrite rappelle sa période africaine. Il signe même un instrumental à la guitare Amulet une vraie merveille. Cet album est définitivement un évènement musical de 2011, nous sommes pas prêt de revoir Paul Simon chanter à Paris sur le Pont Neuf pour gagner sa vie comme dans les années 60.



So beautiful or So what
est donc naturellement notre album de la semaine!

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