jeudi 29 octobre 2015

Un amour impossible - Christine Angot

Nous étions restés étrangers au buzz autour de la sortie de "L'Inceste", puis des critiques positives sur ses romans suivants avaient fini par titiller notre curiosité... Nous avions lu alors "Pourquoi le Brésil?" et plus tard "Rendez-vous", nous n'avions pas accroché, l'aventure Angot s'était arrêté là pour nous. Nous avions été agacés, peu touchés, par ses romans tout en lui reconnaissant  un talent d'écrivain avec un style personnel... Nous nous étions promis de ne plus nous faire piéger par la critique, mais là, même ses adversaires les plus tenaces semblaient conquis par son nouvel ouvrage... aussi  nous avons replongé et nous avons bien fait, le nouveau roman de Christine Angot est formidable et peut être bien plus que cela, il nous semble être la clé de son œuvre littéraire tel  Le pedigree de Patrick Modiano.
Christine Angot nous livre en détail l'histoire de sa famille, de sa conception issue d'une histoire d'amour qui ne pouvait se conclure par un mariage car sa mère simple employée de la sécurité sociale n'avait pas un statut social suffisant pour Pierre, fils d'une famille bourgeoise venu à Châteauroux pour un emploi de traducteur dans une base de l'armée américaine. Quand son emploi prend fin, Pierre avait fuit vers la capitale avant même la naissance de sa fille "née de père inconnu"qui grandit seule à coté de sa mère logées modestement dans une nouvelle cité de HLM.
Le père installé à Strasbourg avait  fini par épouser une riche allemande et fonder une petite famille  conforme à ses critères bourgeois. Parfois il réapparaissait, plus fréquemment  depuis que Christine et sa mère Rachel étaient venues s'installer à Reims pour être plus proches. Il s'offrait alors quelques escapades avec sa fille devenue adolescentes. Le pire fut alors commis, il la sodomisa à chaque rendez-vous... Horreur, avec laquelle il lui faut vivre, elle déteste le monde, sa mère, elle est seule . Il lui faut se reconstruire, retrouver la vie...
Elle nous dévoile tout, mais il se dégage de ce livre un sentiment de pudeur, de dignité absolument remarquable, elle ne veut pas faire pleurer, se faire plaindre, elle nous conte juste son histoire terrible , elle touche à l'universel. C'est terrible mais supportable parce que l'écriture est belle, fluide, élégante
ce livre nous permet de découvrir Christine Angot et nous invite finalement à revisiter son œuvre, de reprendre ses livres qui nous étaient tombés des mains parce qu'elle nous donne ici les moyens d'appréhender son personnage qui nous restait jusqu'ici totalement étranger.

Nous avons découvert Christine Angot !

mercredi 28 octobre 2015

La cache - Christophe Boltanski

La cache, premier roman du journaliste Christophe Boltanski à la veine fortement autobiographique nous plonge dans le quotidien de sa famille pas comme les autres.
A l'origine, il y a son grand père Etienne et sa grand-mère Myriam.
 Lui est le fils de deux émigrés juifs, venus d'Odessa pour fuir les pogroms. La République française est pour eux l'espoir d'une vie sans angoisse. Etienne grandit à Paris, il fréquente à l'école André Breton, puis il fait des études de médecine brillantes qui le mènent au poste de chef de service d'un hôpital parisien... Il demeure cependant très affecté par le traumatisme de la première guerre mondiale , pour la première fois la République l'a déçu.
Elle est la dernière enfant d'un couple breton désargenté, son père avocat est quasi ruiné il passe ses journées sous morphine pour supporter ses douleurs . Elle est finalement "cédée" à une marraine richissime, elle s'engage dans des études de médecine mais victime de la polio elle ne peut les mener à leurs termes. Elle n'a de cesse de dissimuler son handicap qu'elle refusera toute sa vie.
Elle épouse Étienne rencontré à Paris, ils s'installent dans une aile d'un hôtel particulier de l'avenue de Grenelle où ils fondent un "phalanstère" familial avec leurs trois enfants et une fille adoptive , puis plus tard les petits enfants vont venir agrandir ce cercle. Trois fils, Christian Boltanski qui devient plasticien, Luc le père de l'auteur qui devient sociologue et Jean-Elie un linguiste.
Chacun est libre d'organiser sa vie comme il le souhaite, l'école n'est pas obligatoire, la toilette pas vraiment non plus. L'été ils partent dans de longs voyages, ils dorment dans la même voiture, au restaurant ils commandent un seul menu qu'ils partagent entre eux... la nourriture n'a jamais été une passion, leur frigidaire a toujours été quasi vide et lorsqu'ils organisent des soirées les invités ont fini par prendre l'habitude d'apporter de quoi se nourrir.
Une vie en commun où celui qui finit par quitter les lieux tel Luc le père de l'auteur est vu comme un traître par la grand mère véritable gardienne des lieux. Christophe  rejoint rapidement la communauté pour son plus grand bonheur.
Le Grand-père qui s'était converti en 1927 à la religion catholique  n'a jamais pratiqué la religion de ses parents, ni respecté les règles de vie. Seuls les antisémites sont venus lui rappeler régulièrement ses origines, et plus officiellement le régime de Vichy lors de l'occupation... Il est exclu de l’hôpital, interdit de pratiquer, il doit organiser sa survie. Il peut compter sur son épouse qui ne déroge pas à cette règle sacrée jamais de séparation...

C'est en nous faisant visiter l'appartement de ses grands parents, pièce par pièce que Christophe Boltanski se fait chroniqueur, de sa famille pas banale... La littérature lui permet de refonder définitivement cette cellule aujourd'hui dispersée par les aléas de la vie et la mort des grands parents. Ce qui se dégage c'est une forme de gentillesse pure qui habite chacun de ses membres, un monde de tolérance qui en se refermant sur lui-même se protège de la méchanceté du monde extérieur et de ses agressions. Regard bienveillant, sensible de l'auteur pour sa grand-mère qui n'apparaît jamais comme un monstre malgré son coté ultra-possessif, sa pingrerie, elle est une grande dame... Cette vie de famille ne fait pas rêver, par son coté enfermement elle peut nous faire penser au dernier ouvrage de Fabrice Humbert , Eden Utopie où  plusieurs familles de la communauté protestante de Clamart vivaient  comme les Boltanski en vas clos pour préserver leurs valeurs humanistes....Dans  les deux cas , les deux romans s'inspirent de la réalité de destins extraordinaires mais ils nous touchent intimement nous plongeant dans le temps de l'enfance et des petits évènement quotidiens qui nous construisent. L'écriture de Christophe Boltanski tout en légèreté nous livre un récit bouleversant.

La cache est un magnifique roman de cette rentrée littéraire, nous avons aimé nous balader dans l'appartement des Boltanski !

dimanche 25 octobre 2015

Ivanov - Tchekov - Mise en scène de Luc Bondy

Ivanov, propriétaire terrien russe à la dérive,  ne peut plus assurer les paies à venir de ses ouvriers agricoles, ni honorer  une échéance d'emprunt... Sa femme Anna atteinte de tuberculose entre dans la phase terminale de sa maladie. C'est une femme sublime dont il fut follement amoureux , alors , elle s'appelait Sarah, elle était juive et s'était  convertie pour lui... Ses beaux parents fâchés de la conversion de leur fille n'ont pas versé la dot espérée... Il ne l'aime plus dit-il ...
Comme chaque soir , Ivanov désespéré,  quitte sa propriété pour aller trainer sa mélancolie chez son riche voisin Lebedev dont la fortune est contrôlée par  une épouse à l' avarice rare . Soirée alcoolisée où tous les bourgeois du coin,  se rient d' Ivanov et de sa femme, se laissant aller à un antisémitisme rance...
Ivanov le malheureux  plait aux femmes et notamment à Sacha la charmante fille des Lebedev , sans doute espère-t-elle le sauver. Cet amour  pourrait être une solution à ses problèmes financiers, de là à espérer la mort rapide de sa femme ...
Ivanov , parfaite incarnation de l'antihéros tchékovien mélancolique, est un nom courant en Russie comme Durand ou Martin dans nos contrées. A travers lui, Tchekhov fait un portrait sévère de son pays  de la fin du XIXème dont la  bourgeoisie  s'enfonce dans une paresse sans fin, peu productive, le pays va rater le train du développement industriel... L'antisémitisme forcené comme dérivatif à sa médiocrité
Micha Lescot, nous donne un Ivanov complexe et ambigu  parvenant à nous horrifier et nous émouvoir. Il est époustouflant et forme avec Marina Hands bouleversante dans le rôle de l'épouse un duo convaincant et magnifique entouré par une troupe homogène. Durant  trois heures , nous passons du rire au drame, Luc Bondy révèle avec magie l’âme slave du théâtre de Tchekov sans en cacher le message universel ... C'est un très grand spectacle !

Vu au théâtre de l'Odeon !

Maureen O'Hara (17 août 1920 - 24 octobre 2015)

Elle n'a participé qu'à trois de ses films: Qu'elle était verte ma vallée, Rio Grande, L'homme tranquille; mais cela suffit à faire de Maureen Ohara l'actrice fordienne par excellence.... Plus belle actrice du plus grand des cinéastes, une dame du septième ART !


samedi 24 octobre 2015

Much Loved - Nabil Ayouch


Trois jeunes filles, trois prostituées de Marrakech, elles passent de soirées privées organisées par de riches saoudiens qui veulent consommer discrètement de l'alcool et des jeunes femmes aux boites de nuit où de riches européens se payent de l'alcool et des femmes . Pour elles, venues de milieux populaires, cet argent est l'opportunité pour échapper à un destin tout tracé de femmes modestes et soumises... La contrepartie est terrible, elles doivent subir des  violences sexuelles et ne peuvent compter sur aucune protection pas même de la police; les commissariats sont des lieux dangereux où le viol n'est pas interdit. Les Saoudiens, plus que les Européens sont intouchables... Elles sont courageuses, effrontées, elles connaissent les dangers mais elles foncent dans l'espoir de lendemains plus radieux , refusant obstinément de voir la noirceur de leur vie .
On mesure certes le coté  factice de la joie qu'elles affichent lors des soirées de débauches, mais elles seules  offrent un visage d'humanité , leurs clients apparaissent dans toute leur vulgarité, leurs corps gras sont sans vie.
Ce film est un claque émotionnelle, on sort tourmentés et révoltés de la salle par le sort de ces jeunes filles pleines de vie qui trouvent dans la seule prostitution une once de liberté, elles espèrent, nous nous sommes terrorisés car nous ne leur voyons aucune porte de sortie, leurs vies semblent des impasses .... Le féminisme est long combat, il n'est qu'à ses débuts. 
Un récit maitrisé, des actrices parfaites, c'est un film fort !

Massacre à la tronçonneuse - Tobe Hopper


Nous avions vu qu'il ne durait que 80 min, nous nous sommes alors dits que nous pourrions tenir... mais depuis son acquisition ce film culte du cinéma d'horreur trainait sur une étagère parce qu'au fond on n'a jamais vraiment envie de voir Massacre à la tronçonneuse... Puis cela nous a pris ce matin avant le lever du soleil alors que c'est plutôt un film du soir... Tout est dit dans le titre, il s'agit d'un massacre d'un groupe de jeunes gens partis passer un weekend au fin fond du Texas, une idée plutôt sympathique mais une mauvaise idée finalement tant le lieu est glauque, un profanateur de sépultures vient de saccager un grand nombre de tombes du cimetière local.
Là où le titre est un peu trompeur c'est sur la tronçonneuse, certes cet outil de bucheron des temps modernes est bien présent mais il n'est pas le seul utilisé par les méchants, on tue également à la masse et le croc de boucher est aussi présent...Ce n'est pas aussi saignant que nous l'aurions pensé!
Le tout se passe dans les environs d'un abattoir où les vaches  sont tuées d'une manière plutôt dégueulasse ce qui a aussi des effets néfastes sur le ciboulot de ceux qui y travaillent. C'est énorme, cela en deviendrait presque risible, et c'est là tout le charme de ces films tournés avec trois bouts de ficelles. Il est  très facile de faire peur mais le tout va assez vite, les massacrés sont juste cinq dont un handicapé coincé dans son fauteuil roulant,vu les moyens utilisés l'agonie n'est pas trrès longue. Seule l'héroïne blonde donne du fil à retordre aux massacreurs et ne  peut s’empêcher de hurler...
Nous comprenons bien qu'il s'agit d'un film de potaches mais pas que ... l'histoire trouve son origine dans  la vie du tueur en série Ed Gein qui avait déjà inspiré Psychose à Alfred Hitchcock. Nous avons tellement de préjugés négatifs sur le Texas que nous nous disons que tout cela est possible, si ce film est américain ce n'est pas qu'un hasard !

Nous avons enfin vu Massacre à la tronçonneuse, un film qui nous rappelle qu’être  végétarien n'est surement pas un choix déraisonnable ! 

Film vu dans le cadre du ciné club de Potzina

vendredi 23 octobre 2015

Vers l'autre rive - Kyoshi Kurozawa

Histoire d'un revenant. Yusuke est  mort depuis trois ans en pleine mer, laissant seule et désemparée son épouse Misuki. C'est justement chez elle qu'il réapparait alors que la jeune femme professeur de piano rentre du travail et  prépare son repas .... Il est là, l'air bien vivant, il n'a rien d'un fantôme, il reprend sa place. Ils partent ensemble pour un voyage à travers le Japon dans les lieux où Yusuke a erré ces trois dernières années ...
Un voyage initiatique durant lequel Yusuke rassure la jeune femme indiquant qu'elle n'a rien à se reprocher, elle peut tourner la page et l'oublier ...retrouver la vie !
Un film sublime et émouvant, un très grand film sur le deuil... Kyoshi Kurozawa confirme qu'il es un auteur majeur du cinéma japonais. Un très grand film de fantômes !

mercredi 21 octobre 2015

Fatima - Philippe Faucon

Fatima divorcée, élève seule ses deux filles. Elle leur parle en arabe, elles lui répondent en français.
Ici tout commence lorsque sa fille ainée Nesrine est à la recherche d'un appartement pour suivre ses études de médecine alors que Souad la plus jeune quelque peu rebelle rejoint le collège où elle s’apprête à faire les 400 coups loin de marcher dans les traces de sa grande sœur. Fatima doit multiplier les ménages pour financer les études de Souad . La bourse attribuée à la jeune fille et les bijoux en or vendus ne permettant de couvrir toutes les frais... Elle se lève au petit matin, laissant la plus jeune fille qui rapidement fait l'école buissonnière... Souad est insaisissable, sa mère est régulièrement convoquée mais rien ne semble calmer la jeune fille. Fatiguée Fatima finit par chuter dans un escalier, un accident de travail qui l'oblige à s’arrêter. Elle prend un cahier et elle écrit à ses filles ce qu'elle n'a jamais pu leur dire..
Sublime film réaliste d'une sobriété remarquable qui refuse toute forme de sentimentalisme. Chronique familiale où Fatima est prête à tout pour donner à ses filles la vie qu'elle n'a pas pu avoir, elle est toujours là pour encourager Nesrine parfois déprimée devant les difficultés de son apprentissage universitaire. Elle porte le voile plus comme une protection, que comme un signe religieux. Elle est souvent méprisée, mais elle est reste toujours digne, la réussite de sa fille ainée génère la jalousie des voisines mais elle n'en a que faire, c'est aussi cela la vie de banlieue vivre sous le regard permanent des voisins...
Fatima est un film superbe, exceptionnel par l"'humanité qu"'il porte en lui. On vibre durant tout le long espérant comme Fatima la réussite de Nesrine ...

mardi 20 octobre 2015

Père - August Strindberg (Mise en scène Arnaud Desplechin)

En montant Père d'August Strindberg, Arnaud Desplechin a fait un choix cohérent propre aux thématiques développées dans ses films où le chaos familial est un thème récurrent et central .
Histoire du déchirement d'un couple autour de leur fille unique en désaccord total sur l'éducation à lui donner. Scientifique, libre penseur, le capitaine veut que sa fille ait une éducation loin des hommes d'Eglise... Il veut imposer son choix et pour cela il invoque le droit qui lui donne à lui seul, le père la responsabilité de choisir l'éducation à donner à sa fille.
Une situation insupportable pour la mère, Laura  et c'est peut être là, sa première raison de se dresser contre son époux, faire reconnaitre son intelligence son droit à participer aux décisions du foyer... Elle s'engage dans une guerre totale avec son mari où tous les coups bas sont permis allant jusqu'à faire douter son époux sur sa paternité , un seul but le faire glisser vers la folie pour le mettre sous tutelle et obtenir ainsi indépendance et autorité.
Cette pièce a été écrite très rapidement par August Strindberg alors que son mariage avec Siri Von Essen arrivait à bout de souffle après bien des crises terribles. C'est une pièce pleine de fureur, une tragédie, tant tout semble inexorable.
Arnaud Desplechin a fait le choix de la sobriété, dans un décor épuré une grand pièce avec une bibliothèque imposante, une lumière douce, jamais d'hystérie dans le jeux de Michel Vuillermoz et Anne Kessler, les mots suffisent ils prennent toute leur puissance, c'est encore plus terrible. Le metteur en scène affirme que ces deux là se sont follement aimé pour arriver à une telle haine et c'est cette ambiguïté  que les deux acteurs époustouflant nous font sentir.  Laura semble toujours avoir un coup d'avance, elle a mis toutes les femmes de la maisonnée de son coté même la vieille nourrice du maitre de la maison qui ne voit pas ce qui se trame contre celui qu'elle a vu grandir. Dans un geste terrible et magnifique c'est elle qui lui passe la  camisole de force quand poussé à bout de nerf par son épouse, il sombre dans la folie. Le berçant presque, la vieille femme retrouve ses gestes de nourrice protectrice...
Poussé par son ami Eric Ruff,administrateur de la comédie française Arnaud Desplechin dont il était facile de deviner une passion dans le théâtre clairement exprime dans son magnifique film Esther Kahn réussit un coup de maitre sur une des scènes les plus prestigieuses, la salle richelieu de la comédie française.

Un très grand moment de théâtre !

lundi 19 octobre 2015

L'homme irrationnel - Woody Allen

Un nouveau professeur de philosophie Abe Lucas débarque dans une université modeste précédé d'une réputation sulfureuse. C'est un homme dévasté accompagné en permanence par sa flasque de whisky qui débarque. Dévasté par la vie, son ami journaliste a sauté sur une mine en Irak, sa femme l'a plaqué...Rien ne va et il mesure que toutes les actions humanitaires qu'il a pu mener aux quatre coins de la planète n'ont pas servi à grand chose et surement pas à améliorer le monde.
Très rapidement deux femmes s'amourachent du nouveau professeur charismatique, une collègue qui s'ennuie furieusement dans sa vie de couple et qui multiplie les aventures et une étudiante Jill Pollard dont il a remarqué  la qualité du travail. Abe malgré son passé de "Casanova" n'arrive plus à aimer et sa tentative de relations sexuelles avec sa collègue est un pathétique naufrage... il n’arrive pas plus à  finir son livre en cours sur Heiddegger et le fascisme...
Alors qu'il se trouve dans un snack avec Jill Pollard, la jeune fille invite le professeur à écouter la conversation de la table voisine. Une femme en instance de divorce confie qu'elle va perdre la garde de ses enfants parce que l'avocat de son mari est proche du juge, alors même que le père des enfants n'a jamais montré le moindre intérêt pour ses enfants. En colère , elle dit que la seule chance pour elle d'obtenir justice c'est que le juge meure , d'une crise cardiaque par exemple ... Abe Lucas se prend d'empathie pour cette femme et décide de régler son problème: Tuer le juge, lui que rien ne rattache à ce fonctionnaire de la justice peut réaliser le forfait sans être suspecté... le crime parfait, le crime nécessaire parce que la mort de certaines personnes rendent le monde meilleur, il voit là un acte plus efficace que ses engagements humanitaires pour améliorer la planète.
Une perspective qui redonne un sens à sa vie, le professeur porté par son nouveau projet se réveille à la vie....

Woody Allen ne fait que reprendre ici que l'idée du sombre personnage de l'inconnu du Nord Express d'Alfred Hitchcock; réaliser le crime désiré par un autre pour ne pas être soupçonné, crime parfait, mais ici comme chez le maitre du suspens, le crime était presque parfait . Si le héros du film de Hitchcock a souhaité échangé son crime avec un autre personnage qui se trouve pris au piège, le personnage ici est plus généreux, il réalise son forfait sans compensation juste parce qu'il est persuadé que son acte va rendre le monde meilleur.
De même si Hitchcock joue sur la peur et l'angoisse rien de tel chez Woody Allen, on ne s’inquiète jamais, tout est comédie.  Devenu avec le temps moins autocentré, il s'écarte du monde et pose un regard amusé sur ses contemporains et le monde qui l'entoure avec une légèreté insouciante qui attire la sympathie.

C'est parfaitement réalisé, parfaitement interprété par Joaquim Phoenix et Emma Stone notamment, c'est une comédie savoureuse, mais nous avons bien peur de l'oublier très rapidement peut être même avant que le nouveau Woody Allen n'apparaisse sur nos écrans...

vendredi 16 octobre 2015

Les Optimistes Théâtre Majâz

Une histoire de trois générations, Samuel avocat de profession venu de France se rend à Jaffa pour procéder à la vente de la maison de son Grand Père. Cette maison ce dernier l'avait acquise après la guerre de 1948 alors que la famille palestinienne qui l'habitait auparavant avait fui la guerre et s'était installée dans un camp de réfugiés au Liban.
Le grand père d'origine polonaise avait fui l'Europe devenu pour lui un cimetière invivable, il était arrivé comme réfugié en Israël pour tenter de reconstruire, une vie, un foyer. Son épouse enceinte avait préféré repartir rapidement vers Paris.
C'est un monde inconnu pour Samuel , la surprise est la découverte d'une correspondance entre son grand père et les anciens propriétaires palestiniens coincés dans un camp de réfugiés qui ont écrit une première lettre au nouveau propriétaire pour prendre des nouvelles de leur propriété... Aidé  et conseillé par des voisins arabe , le grand père répondit à ce courrier en travestissant la vérité  pour leur laisser croire que rien n'avait changé, que les orangers étaient toujours là, que l'avenir n'était  pas sans espoir... le début d'une correspondance!
Tout vient d'une rencontre entre trois élèves d'origine différente d'un même cours de théâtre : un israélien Ido Shaked, Lauren Houda Hussein d'origine libanaise et Hamideh Ghadirzadeh d'origine iranienne.Ils sont à l'origine du théâtre Majâz, traduction arabe de métaphore. Ils font de la scène un lieu idéal de dialogue, ils revisitent l'Histoire, nous  promenant sans nous perdre dans le temps, de celui du grand père quand avec ses voisins arabes ils se lançaient dans une aventure folle allant jusqu’à créer un journal avec de fausses nouvelles plutôt heureuses pour donner de l'espoir à ceux qui étaient partis, piégés par l'Histoire à aujourd'hui quand son petit-fils vient s'occuper de la maison et découvre ce grand-père et sa mission utopiste ...

Une pièce chaleureuse, vivante qui place le  dialogue comme essentiel, invitant à écouter l'autre, à comprendre sa souffrance pour pouvoir espérer établir un monde de paix. Au fond, elle nous montre la voie, celle que refuse de prendre les puissants de ce monde, mais par son enthousiasme, cette compagnie nous propose d'être optimiste. C'est déjà ça comme le chantait Alain Souchon.

Un spectacle remarquable !

samedi 10 octobre 2015

Musica Nuda en concert




Un duo pas banal, une chanteuse Petra Magoni et un contrebassiste Ferruccio Spinetti réunis un peu hasard le jour où le guitariste attitré de la chanteuse, malade, a fait faux bond pour un concert. Le contrebassiste a fait office de recours... Un succès immédiat, le début d'une longue aventure, les deux sont devenus inséparables, ils offrent un spectacle singulier et totalement réjouissant !


Un répertoire sans limites où selon la légende le duo détermine quelques instants avant de monter sur scène sa playlist. Nous sommes allés de Haendel à Madonna,de Brel à Nino Ferrer, ils ont revisité Come together des Beatles, Roxanne de Police, ils n'ont pas oublié leur pays natal à travers des chants populaires italiens, avant de laisser le public debout après une interprétation  de I will Survive pour le final.

Deux artistes et une contrebasse pour seul instrument, et ils ont une énergie régénérante, la voix de Petra Magoni peut tout, elle a de la finesse, du groove, du swing, elle se lance dans des Scat improbables, son compagnon est habité de la même folie, sa contrebasse devient multi instrument... Ils sont deux mais leurs possibilités sont infinies à l'image de leur répertoire !

Nous avons vu Musica Nuda, nous avons qu'un seul désir, les revoir !



mercredi 7 octobre 2015

Chantal Ackermann (6 juin 1950 - 5 octobre 2015)

Cinéaste radicale. Nous ne sommes pas de grand connaisseurs du cinéma de Chantal Ackermann qui eut une véritable influence dans le milieu de la cinéphilie. Nous nous souvenons qu'elle avait réussi une adaptation de la Prisonnière de Marcel Proust , elle nous avait moins convaincus dans son adaptation du roman de Joseph Conrad, La Folie Almayer. Elle laisse une œuvre importante que nous avons à découvrir.

dimanche 4 octobre 2015

Sourires d'une nuit d'été - Ingmar Bergman


Dans son ouvrage "Images", Ingmar Bergman ne cache pas les raisons qui l'ont poussé à se lancer dans la comédie, c'est avant tout une question d'argent et la nécessité de rencontrer un plus large public qui l'ont lancé vers ce genre qui ne lui est pas propre. Cependant cela n'est pas sans l'angoisser, le cinéaste confie qu'il était alors persuadé de son incapacité à faire rire. Il a beau remonter à ses souvenirs plus anciens aucun ne lui revient où il provoqua le rire de son vis à vis, même gamin, au contraire de son frère. Ingmar Bergman ne faisait pas rire... Dans un film précédent, "une leçon d'amour," le cinéaste avait déjà écrit une scène de comédie, mais au moment du tournage il fut pris de panique et d'un gros doute sur la qualité d'écriture de cette scène. Ses deux acteurs Gunnar Jornstrand et Eva Dalheck l'envoyèrent alors se promener se chargeant eux même  de la mise en scène. Lors de la projection de ce film, le cinéaste qui se trouve dans une pièce voisine de la salle de projection attend soudainement un éclat de rire venant de la salle. Ingmar Bergman avait fait rire, il pouvait se lancer dans la comédie, ce fut "Sourires d'une nuit d'été".

Une histoire d'amours croisés où les rebondissements et les intrigues se multiplient dans une atmosphère joyeuse de début d'été quand  la nuit reste claire et les corps se réveillent. 

Nous rencontrons un avocat veuf, remarié à une jeune femme séduisante dont nous apprenons que le mariage n'a toujours pas été consommé et que la jeune femme est toujours vierge. Le fils de l'avocat, un étudiant en théologie qui souhaite devenir pasteur, pour accéder à la vertu mais la servante bien taquine et plutôt bien faite est un objet de séduction auquel il est bien difficile de résister... et il y a aussi la jeune épouse de son père qui ne laisse pas insensible, elle même semble séduite par le jeune homme. 
Une actrice de théâtre qui fut la maîtresse de l'avocat est de retour dans la cité pour une représentation. Son ancien amant se rappelle avec émoi  cet amour passé et  ne peut résister à aller voir la belle actrice jouer, sa femme qui l'accompagne devine la passion de son époux  d'autant plus que ce dernier s'est trahi lors d'une sieste. Mais l'actrice a un nouvel amant, un officier militaire particulièrement jaloux, et qui semble avoir un goût certain pour le duel. la situation de notre avocat se complique.
Tout ce beau monde se retrouve invité dans le château de la mère de l'actrice, une fête qui s'annonce explosive...

Certes ce n'est pas Lubitsch, qui aurait pu se régaler de ce scénario, et aller plus loin dans le rire et donner un rythme fou à cette cette comédie.  Bergman nous semble plus proche ici de Jean Renoir. Dans son film , nous retrouvons cote à cote serviteurs et bourgeois ce qui n'est pas sans évoquer La régle du Jeu ou encore Un dimanche à la campagne. Un film joyeux, tout à l'honneur des femmes, avec quelques coup de griffes sur l'homme d'Eglise qui se veut, sans succès, vertueux. Nous avons revu avec grand plaisir cette comédie de Ingmar Bergman qui a tout pour rendre heureux !

Film vu dans le cadre du ciné club de Claude Jean-Philippe...

samedi 3 octobre 2015

Les deux amis - Louis Garrel

Histoire classique d'un homme qui compte sur son ami pour séduire une jeune femme , mais ce dernier finit lui même par succomber aux charmes de la dame.
C'est un duo d'acteurs, propre généralement aux comédies populaires du cinéma français. Il y eut au départ Louis de Funés et Bourvil puis plus tard Gérard Depardieu et Pierre Richard ou encore Bernard Giraudeau et Michel Blanc, ici c'est Vincent Macaigne et Louis Garrel ...
C'est évidement dans un registre plus cinéma d'auteur, Alfred de Musset est cité comme inspirateur , Christophe Honoré est venu  donner un coup de main pour écrire le scénario. Les mauvaises langues qualifieront ce cinéma de bobo intello germanopratin, nous n'en faisons pas partie nous adorons ça. D'autant plus que le duo d'acteur excelle dans leurs registres, Louis Garrel en brun ténébreux tirant la gueule à tout moment et Vincent Macaigne en dépressif exalté... Ils ont tout deux un cœur d'artichaut, ils ne pensent pas boulot , avenir... ils veulent tout simplement vivre pleinement leur amour, ils sont les nouveaux romantiques qui se contrefoutent de la crise
L'objet de leur passion est la belle Mona, une vendeuse dans une boutique de bouffe rapide de la gare du nord pour qui le personnage de Vincent Macaigne a eu un coup de foudre immédiat...  mais chaque soir elle reprend son train de banlieue refusant inexorablement de passer la soirée avec son nouveau soupirant qui s'en désole. Son ami appelé à la rescousse kidnappe la jeune fille pour l'obliger à passer une soirée avec son ami... mais ce qu'il ne savait pas c'est que  chaque soir elle doit rejoindre sa cellule de prison pour ne pas déroger à son statut de semi liberté.  Et là ils sont dans la mouise...

Mona c' est Golshifteh Farahani, actrice d'origine iranienne, absolument superbe,et nous comprenons qu'elle fasse tourner la tête aux deux amis, une raison de plus pour aimer ce film sympathique !

vendredi 2 octobre 2015

Andre Manoukian en concert

André Manoukian, est un excellent pianiste, entouré d'un saxophoniste, d'une contrebassiste et d'un batteur, il a formé un sympathique quatuor venu jouer des compositions qui ne bouleverseront pas l'histoire de la musique mais dont certaines sonorités venues d'Orient amènent un charme envoutant. Accompagnateur de nombreuses chanteurs et surtout de chanteuses, la télé réalité lui a permis de se faire un petit nom et de pouvoir l'inscrire en haut de l'affiche, une aubaine pour ce pianiste qui ne pouvait empêcher de tomber amoureux de ses chanteuses...
Tout était réuni pour faire de ce concert d'ouverture de Jazz in Clamart une soirée sympathique mais qui ne ferait pas pour autant date dans l'histoire de ce jeune festival qui a déjà eu l'occasion de réunir de belles pointures. André Manoukian a toutefois  une sale manie, il ne peut pas s’empêcher de causer et de raconter sa vie entre les morceaux. Et là tout devient très lourd, il n'est pas très spirituel et pas franchement palpitant avec ses blagues aux odeurs de naphtaline, et nous finissons pas nous embourber dans un ennui certain, il n'est plus possible de lutter contre une envie soudaine de bâillement, seule l’énergie du batteur est parfois arrivée à nous sortir d'une certaine torpeur.

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