dimanche 28 avril 2013

Electric Ladyland - The Jimi Hendrix Experience

Puisque nous partons en voyage, nous avons décidé de choisir pour nous accompagner une musique printanière qui réveille le corps et l'esprit. Jimi Hendrix répond parfaitement à cette double exigence. Nous avons opté pour le monstrueux double album Electric Layland, le dernier  enregistré par The Jimi Hendrix Experience en 1968. Un joli printemps que celui de l'année 68 !

Electric ladyland de The Jimi Hendrix Experience est notre album de la semaine.

samedi 27 avril 2013

Hannah Arendt - Margarethe Von Trotta

Le film ne se consacre qu'à une courte partie de la vie de Hannah Arendt, celle où elle fut assiste au procès de Eichman à Jérusalem en1961. Son compte rendu fait dans les colonnes du New-Yorker et dans un livre où elle développe le concept de "la banalité du mal" provoque un séisme parmi les intellectuels. Une campagne d'une rare violence où la raison n'a plus sa place,se déchaine ; elle fait face dignement à ce déluge de violence perdant un grand nombre d'amis.
Lorsqu'elle part suivre le procès, elle est une universitaire reconnue notamment pour son ouvrage "les origines du totalitarisme". D'Eichmann, elle fait le portrait d'un homme d'une rare banalité, un type plutôt médiocre s'interrogeant sur la réalité de son antisémitisme, elle maintient alors que cet homme a été un des plus grands criminels de son siècle parce qu'il a renoncé à toute forme de pensée, il n'a rien de satanique. Plus que le portrait d'un homme, son compte rendu est une véritable réflexion sur le mal.
Elle mène aussi une véritable réflexion sur le rôle qu'ont pu jouer les différents judenräte, évoqués lors du procès, notamment si par le fait d'organiser les communautés juives, ils n'ont pas facilité la tache des bourreaux. Elle ne les accuse jamais d'avoir été des complices des criminels nazis
La réaction de colère provoquée par ces écrits devient rapidement irrationnelle, les détracteurs refusent d'écouter, de lire, de raisonner... se laissant aveugler par une vision réductrice de la problématique soulevée par la philosophe. Mais cela n'ébranle pas la philosophe dans ses certitudes, courageuse elle fait front prend le temps de s'expliquer devant ses étudiants, de faire entendre son discours de raison.

Ce n'est certainement pas un très grand film de cinéma dans sa forme, la mise en scènes est assez conventionelle avec des flash backs peu réussis où la philosophe se rappelle sa relation avec Martin Heidegger. Mais parce que l'histoire est passionnante, que Hannah Arendt est parfaitement incarnée par Barbara Sukowa, le film se laisse voir avec un grand intérêt.

vendredi 26 avril 2013

Une flute enchantée - Peter Brook d'après Wolfang Amadeus Mozart

La jeunesse n'est pas une question d'age, Peter Brook et ses 88 ans nous le prouvent en nous proposant une version de la flute enchantée d'une étonnante fraicheur. Une flute joyeuse, légére, universelle et humaniste dans une mise en scène totalement épurée : un conteur africain, de jeunes chanteurs et un pianiste, c'est une version minimaliste  totalement réécrite qui ne trahit jamais l'esprit de Mozart.  Le livret a été adapté par Marie- Hélène Estienne, qui a notamment réécrit en français la partie récitatif, et c'est Franck Krawczyk qui a travaillé à l'adaptation de la partition, il ne s'est pas limité à couper et à adapter la musique d'origine il l'a aussi enrichi d'autres compositions du musicien.Ils sont sept sur scène: La reine de la nuit, Sarastro le sage, Pamino, Tamina, Monostatos et l'irrésistible duo Papageno  Papagena

Un décor composé uniquement de tiges de bambous, qui par magie se transforment en prison, temple,   une scénographie servie par des lumières limitées aux couleurs primaires, c'est  d'une beauté absolue.... Poétique, drôle ce spectacle est un véritable enchantement, on se laisse emporter avec ravissement par Peter Brook sur le chemin de la sagesse. Une ode à la joie !
Nous repartons envoutés, avec cette agréable impression de flottement où l'air semble si léger...

Nous nous souvenons dans l'Amadeus de Milos Forman la séquence où la flute enchantée était représentée dans un théâtre populaire devant une foule en liesse  . Quelque part,c'est cet esprit que retrouve Peter Brook, ses chanteurs instaurent une vraie complicité avec le spectateur,  de ce rapprochement née une véritable symbiose. 
Certes le public est devenu moins exubérant dans l'expression de sa joie, mais le plaisir est le même, la salve d'applaudissement généreuse dés la fin du spectacle en était le plus sincère témoignage.

jeudi 25 avril 2013

Fragmente de Lars Noren Mise en scène Sofia Jupither

Dans la plaquette de présentation distribuée à l'entrée du spectacle, la première page est consacrée à des statistiques qui résument la situation sociale de la Suède et plus précisément de la ville de Göteborg et de ses évolutions sur ces dernières années qui révèlent une fracture toujours plus grande entre les classes aisées et les classes populaires. Ce constat peut être fait dans l'ensemble des pays européens, nous lisons:

Statistiquement parlant, un homme à  Hjälbbo (nord de Göteborg) a  une espérance de vie plus courte de neuf ans qu'un homme de la banlieue résidentielle à l'ouest de Göteborg.
Dans les années 80, les directeurs généraux les mieux payés du pays gagnaient neuf fois plus que les ouvriers. En 2007, ils étaient payés 56 fois plus, et depuis lors, l'écart n'a cessé d'augmenter.
70% des personnes nées à l'étranger qui résident dans le pays depuis 5 à 10 ans sont sur qualifiés pour le travail qu'ils effectuent actuellement.
La pauvreté chez les enfants de familles monoparentales est de 28,2%. La pauvreté chez les enfants  dont les parents vivent ensemble est de 9%...

Ainsi s’égrènent les statistiques qui définissent le contexte sociale de ce spectacle. Fragmente ou fragments sont des morceaux de vies de ces gens venus des classes populaires que la metteur en scène Sofia Jupither définit ainsi: "Noren décrit de proche en proche toute une société. Il s'intéresse d'abord aux bas-fonds, aux marges, à ce qu'on ne voit jamais: l' "autre" ville, la part cachée, la pauvreté excentrée, la laideur, le désespoir. (...) Les gens dont il est question chez Noren n'écrivent pas, ne montent pas de pièces, ne vont pas au théâtre. C'est un autre un monde, différent, un point c'est tout.Et moi, qui suis-je pour décrire leur réalité?"

Dans cette mosaïque de personnages, nous croisons un chauffeur de taxis qui cherche oublier ses souvenirs des Balkans, une infirmière est enceinte du mari d'une autre femme, un adolescent se peint le visage en noir accusant son père d'avoir causé la maladie de sa sœur hospitalisée dans un établissement psychiatrique...  Alcool, violence, misère sexuelle, chômage, dépression... sont les principaux maux de cette société décrite par Lars Noren, ils sont enfermés dans un ghetto sans aucune porte de sortie, ils errent dans un labyrinthe, il se cognent aux murs, il se croisent mais ils ne trouvent pas la lumière... Trente personnages, onze acteurs, nous passons de l'un à l'autre dans un long plan séquence. Nous naviguons dans cette mosaïque, sans jamais nous perdre c'est la principale réussite du metteur en scène.
Ce qui rend le spectacle plus difficile, c'est son coté étouffant, peu de variations de rythmes, cette succession de malheurs finit par nous étouffer. Une coupure salvatrice, une entracte de 20 minutes qui sous semble juste être là pour nous permettre de reprendre notre souffle, pas de changement de décor, nous reprenons la pièce là où elle s'était arrêtée. Une partie du public renonce.
Dans l'interview donnée dans le programme de présentation, Sofia Jupiter fait référence à La réunification des deux Corées , le dernier spectacle de Joel Pommerat, lui même inspiré par les scènes de la vie conjugale de Ingmar Bergman. Nous retrouvons le même principe de courtes scènes, qui s'enchainent les unes aux autres, mais chez Pommerat , la mise en scène par ses variations, ses courtes entractes où la salle est plongée dans le noir un court laps de temps afin de changer le décor et ses touches d'humour permettent au spectateur de respirer, il en était de même dans son précédent spectacle "ma chambre froide" au sujet plus social et donc plus proche par sa thématique de ce "Fragmente". Ici, nous nous sommes sentis prisonniers de ces personnages sombres et désespérés.

Ce fut pour nous une occasion unique de découvrir un spectacle 100% suédois, surtitré en français et peut être notre ignorance de cette langue ne nous pas permis de saisir toutes les nuances de ce spectacle monolithique.
Un spectacle oppressant, désespérant peut être tout simplement le reflet de notre époque.

mardi 23 avril 2013

Poussieres de routes - Henri Calet

Henri est un infatigable voyageur, mais un voyageur pas banal, la lenteur est au cœur de son périple, il est un homme qui aime prendre le temps de s'imprégner des pays traversés... "Poussiéres de routes" rassemble des textes  de Henri Calet parus dans plusieurs revues où il raconte ses différents voyages dans la France de l'après guerre. Tout commence avec les élections de 1946, il part suivre les campagnes des inoxydables Edouard Daladier et Paul Reynaud.
Il fut l'un des chroniqueurs les plus recherchés de l'après guerre, comme Camus pour Combat, André Gide, Maurice Nadeau. Une douce ironie, la phrase modeste, ses chroniques ont un ton unique, un charme irrésistible, Henri Calet se met en scène dans une sorte de M Hulot, il redonne sa dignité aux provinces françaises. Le regard est décalé, sa vision est unique, ces chroniques sont aussi un manuel de l'art du voyage
Nous avons aimé partir à l'assaut de l'île de Noirmoutier et le passage du Gois, nous avons aimé le complexe nautique de Levallois, le trajet en bus jusqu'à Deauville. Mais les deux bijoux de ce ce recueil sont deux voyages où l'auteur suit le cours d'un fleuve, la Loire puis la Garonne...

Nous vous invitrons vivement à lire les textes de Henri Calet, une des plus grandes plumes de l'après guerre, un temps où la littérature avait toute sa place dans les quotidiens. C'est un pur régal !

Extrait :

"Il y a très peu de temps, j'accompagnai à la gare de l'Est une dame de mes amis qui s'en retournait en Suisse. J'ai toujours aimé les gares; les hommes s'y montrent généralement plus tendres qu'ailleurs; on les voit pleurer quelquefois."

lundi 22 avril 2013

La chose d'un autre monde - Christian Niby

Il est parfois heureux de donner peu de moyens à un metteur en scène pour réaliser son film, c'est  une véritable source de stimulation pour aller à l'essentiel, ne pas se perdre dans une logistique devenue trop lourde. "La chose d'un autre monde" est le type même du petit film fantastique qui sait captiver le spectateur avec trois bouts de carton pâte  et nous parler des peurs de  l'Amérique du début des années 50 qui allait plonger dans une période sombre de son histoire, celle du Maccarthysme.
Nous sommes en Alaska sur une base américaine, une vie de routine jusqu'au jour où un objet volant non identifié s'écrase sur la banquise, engendrant de nombreuses perturbations des appareils électromagnétiques... Une mission est envoyée sur place, elle découvre alors le corps d'un extra terrestre pris dans la glace... Ramenés à la station le bloc de glace et son curieux contenu sont confiés à la surveillance d'un militaire qui s'empresse de les couvrir d'une couverture chauffante, pour ne plus les voir...Réveillant ainsi  la chose. Les militaires veulent très rapidement éliminer le martien,  un être agressif se nourrissant du sang des êtres vivants , constitué en matière végétale il a de plus une capacité à se reproduire rapidement, c'est une véritable menace. Les scientifiques souhaitent au contraire le maintenir en vie pour l’étudier en détail...

Christian Niby  fut le monteur de nombreux films de Howard Hawks:  , le Port de l'angoisse, le Grand sommeil... il se retrouve ici à la direction de ce film, Howard Hawks producteur n'est jamais très loin, nous sentons d'ailleurs toute son influence sur les scènes de comédies décrivant  la vie sur la base.  Ce film modeste, révèle la peur de l'inconnu et le besoin de se prémunir des menaces extérieures, parabole subtile d'une Amérique paranoïaque devant la menace du péril rouge, elle se voit des ennemis partout  à l'interieur même de ses frontières.
Un film plutôt bien réalisé qui se laisse voir avec un grand plaisir dont John Carpenter fit par la suite un remake : "The Thing"

dimanche 21 avril 2013

Nous sommes allés revoir Tac au théâtre Jean Arp

Aujourd'hui avait lieu pour le théâtre Jean Arp , la dernière représentation de la pièce écrite par Philippe Minyana, mise en scène par Laurent Brethome, nous avons eu le désir de revoir ce spectacle ou plutôt de le réentendre.
Si nous avions insisté dans notre précédent billet sur l'aspect visuel du théâtre de Laurent Brethome, nous avions totalement omis d'insister sur l'aspect musical du jeu des acteurs qui donne au texte tout son sens, en exprime sa poésie.
Lire un texte de Philippe Minyana est une véritable gageure, fait de répétitions, il désarçonne rapidement le lecteur. Pour qu'il prenne tout son sens, que l'on en mesure toute la substance, il doit être mis en voix.

Dans Tac, il y a une scène qui résume à elle seule tout le travail du metteur en scène pour donner vie au texte Gérard Tac et sa sœur se rendent chez leurs deux cousins dont la mère qui devait fêter  au mois d'août ses cent ans se meurt. Ils se trouvent installés tous les quatre assis sur des chaises devant la porte, ils n'ont pas grand chose à se dire, la sœur a tendance à somnoler. Scène banale de la vie familiale où des événements de la vie imposent à ses différents membres de se retrouver alors qu'ils ont très peu en commun.
 La scène est ici composée de phrases courtes: "Pour être ligotés, on est ligotés", "elle aura cent ans en août", "c'était une beauté blonde", "je vous souhaite qu'elle meure le plus vite possible", "Tu veux du Kouglof"...
Phrases banales qui reviennent sans cesse, comme un thème musical... les quatre acteurs deviennent alors quatuor, les mots  reviennent en boucle, c'est une incessante variation autour d'un même thème où chacun doit respecter son tempo, la moindre fausse note et tout s'écroule, c'est tout autant de la musique que de la littérature, et c'est cette musique qui donne tout le sens à cette scène d'une terrible noirceur... et nous sommes alors portés par cette  ritournelle acide avec un véritable pouvoir de réminiscence sur chacun d'entre nous ...  un sublime moment de théâtre!

Ils étaient sept sur scènes, tous merveilleux: Fabien Albanese, Magali Bonat, Leslie Bouchet, Thierry Jolivet, Francis Lebrun, Alain Sabaud, Philippe Sire

La voix off était celle de Jean-Pierre Pernaut

C'était Tac, un texte de Philippe Minyana, dans une mise en scène de Laurent Brethome, produit par la compagnie du menteur volontaire

Zero de conduite - Jean Vigo

Réalisé en 1933, "Zéro de conduite" est inspiré par les années de collèges du réalisateur et par l'engagement anarchiste de son père connu sous le pseudonyme de Miguel Almereyda. Ce dernier fut plusieurs fois emprisonné pour ses engagements anarchistes. En 1917 il se convertit au pacifisme, accusé d'intelligence avec l'ennemi, il retourne en prison, il est retrouvé mort dans sa cellule, pendu avec un de ses lacets dans des conditions plus que suspectes. Jean Vigo, son fils a tenté en vain d'enquêter sur les conditions de la mort de son père...
Zero de conduite est un moyen métrage, qui a pour cadre un internat dans un collége où les éleves doivent subir un ordre rigide , suivre des règles immuables. La moindre incartade est sanctionnée d'un zéro de conduite, et d'une consignation pour le dimanche suivant. Pas de mauvais bougres pourtant ces gamins, le film commence par le voyage en train de deux d'entre eux, ils ne cherchent qu'à s'amuser, nous les voyons s'échanger dans un grand moment de joie des tours de magicien. Une fois la porte de l'établissement passée, toute idée de jeu est proscrite. Il faut marcher droit.
Quatre gamins décident de se rebeller lors de la fête de l'établissement, ils font le projet d'aller planter un drapeau de pirate sur le toit du collège. C'est l'heure de la révolte , les quatre protagonistes s'échappent par les toits vers les chemins de la liberté!
Réalisé en 1933, ce film est encore marqué par le cinéma muet, d'ailleurs Jean Vigo ne peut résiste pas à lancer un clin d'oeil à Charlie Chaplin quand, dans la cour du collège, le seul surveillant bienveillant avec les enfants s'amuse à mimer la démarche de Charlot.  Ce film sur l'enfance n'a rien perdu de sa fraicheur, de sa poèsie. Jamais l'auteur n'a souhaité en faire une oeuvre dramatique, l'humour est toujours présent, c'est d'une drolerie permanente. C'est à travers ses blagues que Jean Vigo règle surement de vieux comptes avec l'institution éducative, faisant incarner le rôle du proviseur par l'acteur nain Delphin comme pour nous montrer le manque de grandeur de ces personnages.
Le film jugé subversif à sa sortie fut immédiatement interdit. Il n'obtient son visa d'exploitation qu'après la guerre en 1945, il devint rapidement un film culte des ciné clubs. Il pouvait enfin trouver la place qui devait être la sienne, au sommet des plus grands films du cinéma français.

Ce fut un régal pour nous de revoir le chef d’œuvre de Jean Vigo sur l'écran géant du cinéma l'Arlequin. Merci à Claude Jean Philippe pour cette programmation heureuse !

Après moi le déluge - Alex Beaupain

"Avec son quatrième album solo, Alex Beaupain tient sa chanson, renversante, épique et simple. Je suis un souvenir, un long crescendo de joies et de larges retenues, retrace une vie entière, du berceau au tombeau, en six minutes et vingt et une secondes. On y retrouve tout l'art du chanteur : la justesse et la concision d'un verbe poétique ; la clarté d'un regard faussement distant, et jamais cynique."

Extrait de Télérama, un article de Valérie Lehoux.

Après moi le déluge de Alex Beaupain est notre album de la semaine !



samedi 20 avril 2013

Promised Land - Gus Van Sant

Dans un genre propre au cinéma américain celui de la dénonciation des abus des puissants, Gus Van Sant sur un scénario de ses acteurs Matt Damon et John Krasinski, réalise un film particulièrement efficace jamais trop démonstratif .
Une histoire simple où deux représentants d'une grande société du secteur de l'énergie, Steve Butler (Matt Damon) et Sue Thomason (Frances Mc Dormand) sont persuadés qu'ils parviendront à faire signer aux habitants d'un petit village étranglés par les ravages de la crise économique l' autorisation de forer leurs terres pour recueillir le gaz de schiste.
Steve Butler est naïvement convaincu du bienfait de sa démarche, il a grandi dans un coin perdu de l'Iowa, il a vu enfant le désastre social causé par la fermeture d'une usine , il voit sincérement dans le gaz de schiste une manne inespérée pour ces paysans qui vivent  à la limite de la pauvreté. Le tête à claque c'est finalement le militant écologiste débarquant dans le village pour soutenir un ancien physicien retraité  reconverti dans l'enseignement qui a dénoncé lors d'une réunion les dangers du forage et les risques de pollution, semant le doute chez les habitants... mais les ressources des grandes entreprises sont sans limites.
C'est une véritable trouvaille de faire du représentant de la société, un type sympathique et sincère dans sa démarche, c'est d'ailleurs les raisons qui lui ont fait avoir d'excellents résultats dans ce travail. Ce film offre une plongée dans l'Amérique profonde des campagnes où le soir les habitants aiment  se retrouver autour d'un verre, chantant "dancing in the dark" de Bruce Springsteen. Il filme une Amérique où les parents trop pauvres ne pourront pas envoyer leurs enfants à l'université devenu inaccessible. C'est sur cette pauvreté et ce désespoir que surfent les grands groupes pour confisquer à ces habitants, leurs derniers biens et les priver de toute fierté: leurs terres.
Nous ne mettons pas  ce film au sommet de l’œuvre de Gus Van Sant, nous ne sommes pas au niveau de Elephant ou Paranoid Park. Pour autant ce film est plus qu'honorable, avec des plans particulièrement réussis de cette campagne,  filmée du ciel nous en découvrons toute la géographie, territoire de  parcelles aux tracés géométriques. 
Le film se révèle par l’ingéniosité du récit être une charge particulièrement efficace contre les puissants de l'Amérique. Gus Van Sant après Harvey Milk signe un grand film citoyen.

The Grandmaster - Wong Kar-Wai

C'est avec une certaine impatience que nous attendions le retour de Wong Kar-Wai à Hong Kong aprés une escapade américaine "My Bluberry Nights" pas très convaincante. Projet ambitieux, ce dernier film fait à travers l'histoire d'une succession d'un grand maître du Kung Fu , un tableau de la Chine des années 1930- 1940 qui bascule dans un autre monde.
Le film s'ouvre sur l'histoire de Ip Man, un maître du Wing chun (un dérivé du Kung fu) qui vit bourgeoisement dans la ville de Foshan avec sa femme et ses deux enfants. Il partage sa vie entre sa famille et la pratique des arts martiaux.
Le grand maitre Baosen décide de se retirer, Ip man est choisi pour représenter la région du nord, il doit notamment combattre la fille du grand maître, Gong Er spécialiste du Ba Gua, elle  est la seule à connaitre la figure des 64 mains. Ip Man trouve en elle un égal, il est admiratif de la jeune femme, le début d'une histoire d'amour impossible.
L'arrivée des japonais bouleversent la situation, Ip man voit ses deux enfants mourir de faim, il part de son pays laissant seule sa femme qu'il ne verra plus. Baosen le grand maître est tué par un de ses élèves. Le pays est plongé dans le chaos.
Gong Er et Ip Man se retrouvent à Hong Kong dans les années d'après guerre, un nouveau monde...
Un film inspiré de Wong Kar-Way où nous retrouvons son style rempli de mélancolie, les scènes de combats sont époustouflantes avec une utilisation parcimonieuse des ralentis, il magnifie la beauté de ses acteurs Tony Leung et Zang Ziyi,la photo du français Philippe Le Sourd est admirable, nous retrouvons la magie de ses grands films de Hong Kong avec déjà ce thème de l'amour impossible... Deux heures durant nous avons été hypnotisés par la beauté de ce film !

Dans une interview au monde, Wong Kar-Wai explique l'essence même des arts martiaux:

"Les arts martiaux ne sont pas qu'une question de talent. C'est une manière d'être. Quand vous discutez avec des maîtres qui ont plus de 70 ans et qui ne sont pas des artistes professionnels, comme je l'ai fait pour préparer mon film, c'est ce qu'ils vous enseignent. La dextérité est relativement peu importante. Les arts martiaux sont aujourd'hui considérés comme un sport en Chine. Mais, traditionnellement, ils s'articulent autour de la relation maître-élève. Il n'y a pas de livres ni de vidéos. Les maîtres vous obligent à vous entraîner pendant des années ; à un moment donné, peut-être, ils vous guideront vers l'étape supérieure. Au cours de cet entraînement fastidieux, ils observent votre personnalité. C'est parce qu'ils savent que les arts martiaux sont une arme qui peut tuer. Ils doivent se montrer prudents pour transmettre leur savoir à la bonne personne."

vendredi 19 avril 2013

Le loup des steppes - Herman Hesse

Nous n'avons jamais eu une grande passion pour la psychanalyse, et nos connaissances pour cette matière ne vont pas bien au-delà de ce qui nous a été enseigné en cours de philosophie et de ce que nous avons pu lire ici ou là au gré de nos lectures. Carl Gustav Jung et Sigmund Freud ne font pas partie de notre quotidien.
Parce que nous connaissions l'influence qu'avait pu avoir la pensée de Jung sur  Herman Hesse, nous sommes restés sans  lire ses romans pensant à tort que nous resterions imperméables à l'art de celui qui remporta le prix Nobel de littérature de 1946. Grave erreur de notre part, tant la lecture du "loup des steppes" nous a enchanté, Herman Hesse s'avère un formidable conteur capable notamment de réveiller en nous un désir immense de danser le Fox Trot.
Nous sommes dans la fin des années 20, les années Folles, Harry Haller est un homme désabusé vivant en marge de la société,  sa vie est faite d'ennui et de souffrance due à des crises de gouttes, le suicide est au coeur de ses préoccupations, il n'est pas difficile à travers ce personnage un double de l'auteur . Il erre souvent seul dans la ville en spectateur désabusé de ses concitoyens mais il garde malgré tout une fascination pour cette société des hommes. Un inconnu lui remet un essai " traité sur le loup des steppes" à la lecture duquel il découvre son propre reflet.  Il se rend chez un vieux professeur érudit pour qu'il a eu de l'estime partager une soirée. Celle ci s'avère calamiteuse, il vexe la maitresse de maison au sujet d'une photo de Goethe, il se fache avec le vieux professeur dont il ne supporte pas les positions nationalistes.
C'est lorsqu'il est au fond du gouffre qu'il fait une rencontre essentielle: Hermine qui va lui l'ouvrir aux plaisirs sensuels de la vie, elle va lui apprendre à dresser "le loup des steppes" , à réconcilier le corps et l'esprit. Elle lui fait découvrir notamment le plaisir de danser sur des musiques populaires qui l'avait jusqu'ici abhorré et les plaisirs de l'amour dans les bras de Maria, une amie d'Hermine.
Harry et Hermine se retrouvent dans un bal masqué avant de terminer dans un théâtre magique où dans un sublime final Harry se retrouve confronté à toutes les facettes de son existence, avec notamment une rencontre avec un joueur d'échec : "Vous connaissez la conception erronnée et susceptible d'engendrer bien des malheurs qui veut que l'homme soit une unité durable. vous savez également que l'homme consiste en une multitudes d’âmes, de moi nombreux. On considère comme fou celui qui divise en morceaux l'unité apparente de la personne, et la science appelle cela du nom de schizophrénie. La science a raison en ce sens qu'une multitude sans organisation, sans ordre et sans groupement est impossible à dominer. Par contre, elle a tort de croire que les nombreux sous-moi ne peuvent être organisées une fois pour toutes, pour la vie entière. Cette erreur de la science a des conséquences  très désagréables; sa valeur se réduit notamment à simplifier la tâche des professeurs et des maitres d’écoles subventionnés par l'Etat et de leur épargner  la peine de penser et d’expérimenter."

Un magnifique roman d'introspection, mais plus largement un portrait de l’Allemagne des années folles qui allaient plonger dans les années suivantes dans la folie nationaliste. Le Loup des steppes faisait partie des livres jetés au feu par les nazis.

jeudi 18 avril 2013

Le criminel - Orson Welles (1946)

Réalisé dés la fin de la seconde guerre mondiale, Le criminel traite du problème des criminels nazis partis se cacher sous de nouvelles identités en Amérique. Tel est le cas de Franz Kindler, installé aux Etats-Unis sous le pseudonyme de Charles Rankin exerçant l'honorable métier d'enseignant dans un collège. Il doit épouser la charmante Mary Longstreet la fille d'un juge de la cour suprême.
L'inspecteur Wilson qui traque les anciens nazis, fait relâcher Meinike un ancien directeur de camp d'extermination qui travaillait alors sous les ordres de Kindler. Le piège fonctionne, Meinike retrouve rapidement la trace de son ancien supérieur. Ce dernier sent le piège, il élimine son ancien subordonné mais il est trop tard l'inspecteur Wilson est sur ses traces...
C'est un film mineur dans la carrière d'Orson Welles qui cherche surtout à démonter aux producteurs d'Hollywood sa capacité à respecter un budget et les délais impartis. Il termine son tournage une semaine avant le planning prévu. Il rassure ainsi les studios alors que son film précèdent "it's all true" est resté inachevé.
Film mineur, qui démontre néanmoins tout le talent d'Orson Welles qui réalise un film noir plus qu'honorable alors que le scénario nous semble bien léger et quelque peu simpliste. Il joue magnifiquement l'inquiétant Charles Rankin, Edward G Robinson et Loretta Young qui lui donnent la réplique sont tous deux parfaits.Il est récompensé d'un Lion d'or à Venise.
Sur le même thème sort quelques semaines plus tard Notorious d'Alfred Hitchcock, avec Cary Grant et Ingrid Bergman. Ce dernier s'avère bien plus abouti, un des meilleurs réalisés par le cinéaste anglais, c'est un chef d’œuvre  qui nous renforce dans notre conviction du caractère mineur du film d'Orson Welles!

mercredi 17 avril 2013

Tac de Philippe Minyana - Mise en scène de Laurent Brethome

"Le théâtre comme la peste est une crise qui se dénoue par la mort ou la guérison" (Antonin Artaud - Le théâtre et son double)

Après Bérénice de Jean Racine, et les souffrances de Job de Hanok Levin, Tac de Philippe Minyana est le troisième spectacle mis en en scène par Laurent Brethome que nous avons l'occasion de voir en moins d'un an.
Après ces trois expériences, il nous semble évident de le placer dans la lignée des grands metteurs en scène du théâtre populaire. A chaque fois , nous sentons chez ce jeune créateur une volonté de rendre accessible   au plus grand nombre et notamment à ceux que Etienne Davodeau nomme tendrement "les mauvaises gens" les textes de l'art dramatique aussi bien les grands classiques que ceux des auteurs contemporains, sans  faire aucune concession. Le spectateur est au cœur de ses préoccupations.
Ce qui nous frappe en premier lieu  c'est l'attention qu'il porte à la forme, ses spectacles  sont visuellement d'une grande beauté. A chaque fois nous avons cette impression de voir une mise en scène enrichie par des éléments de langage cinématographique où des scènes entières ont l’élégance de plans séquences. Par  l'utilisation des couleurs, des lumières, par une scénographie qui utilise à merveille l'espace de la scène, il capte notre regard, pour le mener là où il le souhaite, avec cette capacité rare de glisser de l'intime au plan large sans jamais nous perdre. C'est d'une rare subtilité, ce sont les formes qui nous disent le fond des choses, ainsi  Jean-Luc Godard  parlait du cinéma d'Alfred Hitchcock:

"et si Alfred Hitchcock
a été le seul poète maudit
à rencontrer le succès
c'est parce qu'il a été 
le plus grand créateur de formes
du vingtième siècle
et que ce sont les formes
qui nous disent 
finalement
ce qu'il y a au fond des choses
or, qu'est ce que l'art
sinon ce par quoi
les formes deviennent style
et qu'est ce que le style
sinon l'homme"

 Dans ce dernier spectacle,   Philippe Minyana a repris un texte "pièces" écrit il y a une dizaine année, pour se mettre à disposition du metteur en scène. Le texte a été coupé, remodelé, fait sur mesure pour ce spectacle, un nouveau titre lui a été attribué "Tac". Une complicité et une complémentarité entre les deux hommes évidentes qui donnent au spectacle toute sa densité.
"Tac", c'est l'histoire de ce que l'on nommerait dans certaines de nos contrées un "jobard". Inspiré d'un fait divers, Tac souffre de syllogomanie, on parle également de syndrome de Diogène, il ne jette rien, il garde tout chez lui, . Son domicile est devenu infréquentable, il ne peut plus y pénétrer alors il dort sur son palier ou chez une maitresse.
Une fuite d'eau provoque une catastrophe, le plancher de l'appartement sous le poids des objets accumulés menace de s'effondrer, les voisins profitent de l'absence de Tac pour faire vider entièrement son appartement par les services de la ville, 8 tonnes de papier sont jetées, les meubles sont vendus sur le trottoir... Tel le commun des mortels qui perd aujourd'hui le contenu de son disque dur, le monde de Tac s'écroule sans un regard de compassion de la part de ses voisins qui voient là une occasion unique de se débarrasser de ce doux dingue sans en comprendre la détresse .
Peut être parce que nous venons juste de revoir Elephant man, nous serions tentés de rapprocher la détresse du personnage à celle de John Merrick , le regard des autres devient insupportable à Tac, '"je ne suis pas fou" hurle-t-il désespéré. Tac va chercher à recréer des racines, de se retourner vers son passé, sa famille, c'est le début d'une longue errance. Ainsi Philippe Minyana décrit sa pièce:

"C'est ainsi que partant du fait divers (histoire lue dans un journal) on tisse l'allégorie: "la chute de l'homme"  ou bien encore "comme l'on résiste à la normalité et comment la normalité triomphe" ou bien encore "la solitude de l'homme est si grande qu'il en mourut".

Nous nous souvenons que dans la nuit américaine de François Truffaut, le personnage du metteur en scène prenait un journal indiquant que l'on pouvait faire un film de chaque fait divers, Philippe Minyana est ici dans la même démarche que le cinéaste, son texte est nourri de nombreux faits divers qui en disent long sur notre époque. Coupée en chapitres, nous assistons à la chute d'un homme, une histoire sombre et désespérante, un monde sans pitié. Tac est incarné par Philippe Sire présent déjà dans les deux précédents spectacles de Laurent Brethome, sa prestation est toujours  aussi impressionnante. Les comédiens qui l'entourent sont à l'unisson.

Les pieds dans l'eau du début à la fin, l'homme ne peut refaire surface . Sublime, un spectacle plein d'effroi!

Tac - un texte de Philippe Minyana - La compagnie le menteur Volontaire - Mise en scène Laurent Brethome
Jusqu'au 21 avril au théâtre Jean Arp , pour en savoir plus cliquez ici

mardi 16 avril 2013

Elephant man - David Lynch

Nous n'avions pas revu Elephant Man depuis le dernier film de Abedelatif Kechiche "Venus noire";les deux histoires se retrouvent sur de nombreux points. Ainsi, dans l'histoire de Saartje Baartman la "venus hottentote"et celle de John Merrick "elephant man", nous retrouvons ces mêmes foires "aux monstres" où le public vient en masse satisfaire ses bas instincts,  mais aussi la curiosité des médecins capables d'exposer ses êtres au physique atypique et de disserter à leur sujet sans aucune considération pour leur patient, leur faisant subir d'humiliante séance d'exposition.
Le Docteur Treeves est celui qui a découvert John Merrick, un homme victime d'excroissances qui lui donnent un physique monstrueux, on le surnomme "elephant man". On invente une légende pour expliquer son physique extraordinaire: sa mère alors enceinte aurait été bousculée par un éléphant. Elephant Man est la propriété d'un homme odieux qui le bat, l'exploite, et l'exhibe dans les foires. Lorsque le médecin le sort de cet endroit c'est encore pour exposer ce cas atypique, une véritable curiosité pour l'université et non pour le retirer d'un milieu où il vit dans des conditions odieuses.
Au dela de ces malformations, John Merrick est considéré à tort comme un idiot congénital par le médecin. L'homme semble incapable de parler, alors qu'il s'est tout simplement renfermé sur lui même, cloitré dans un silence. La surprise est grande pour le Docteur Treeves lorsqu'il entend son patient s'exprimer, citer la bible difficilement certes du fait de ses difformités, il découvre enfin que John Merrick est doté d'une intelligence normale. Il va tacher de lui offrir un refuge au sein de l’hôpital et vaincre toutes les oppositions à son projet.
David Lynch n'est pas un moraliste mais son film est une véritable leçon d'humanité. Elephant man, n'apparait pas tout de suite à l'écran, il filme le regard des spectateurs découvrant le "monstre" ou leur colère quand la police interdit le numéro de foire. Il crée une impatience chez le spectateur comme pour nous prouver que nous ne valons pas mieux qu'eux , nous partageons la même curiosité. Personne n'échappe à cette tentation et surtout pas le médecin qui voit à travers ce phénomène le moyen d'épater ses collègues.
Il en est d'ailleurs honteux lorsqu'il découvre la sensibilité et l'intelligence de son patient ne se jugeant pas plus digne que les spectateurs de la foire. Le docteur grandit, découvre le vrai sens de l'humanité, nous grandissons avec lui. Il fait le plus beau cadeau  à son patient : le faire accepter par la société anglaise, lui offrir une dignité humaine. 
David Lynch signe un film immense dans la lignée du chef d’œuvre de Tod Browning "Freaks", le noir et blanc du chef opérateur Freddie Francis restitue parfaitement l'ambiance de la société victorienne, c'est avec toujours une grande émotion que nous  revoyons "Elephant man"

Boston et le marathon


La beauté du marathon est que c'est une épreuve improbable, courir plus de 42km ,  qui permet de réunir dans une même course, des femmes, des hommes, des champions, des coureurs du dimanche, des jeunes, des moins jeunes. C'est une forme de grande fraternité réunie dans un même défi qui s'empare d'une ville le temps d'une journée.
Pour toutes ces raisons, ce sport est sans équivalent si ce n'est peut être la Vasaloppet, mythique course de ski de fond organisée chaque année en Suéde sur un parcours de plus de 90 km.

Choisir le cadre d'une telle course pour réaliser un attentat est absolument insupportable, ce ne peut être que l'expression d'une immense lâcheté que rien ne peut justifier. Alors nous avons le désir de nous souvenir en ce lendemain de tragédie ce que nous inspire la ville de Boston.

.Nous nous souvenons que l'opposition durant les années 80 entre les Celtics de Boston du sobre Larry Bird et des Lakers de Los Angeles de l'étincelant californien Magic Johnson fut une belle page de l'histoire de la NBA.
Nous nous souvenons que l'université de Boston s'appelle Harvard.
Nous nous souvenons aussi de la série Ally McBeal, histoire d'un cabinet d'avocats de Boston un petit peu déjanté, qui renouvela totalement par son écriture les séries télés, une petite révolution.
Nous nous souvenons aussi que Mariage à Boston est un film de Joseph L.Mankiewicz.
Nous nous souvenons que les bostoniennes est un roman de Henry James



lundi 15 avril 2013

Mulholland Drive - David Lynch

C'est toujours avec un sentiment de frustration que nous revoyons certains films sur un écran de télévision , même si ces derniers ont fait des progrès importants sur la taille des écrans et la qualité des images. . Mais nous avons finalement accepté ce compromis tant était grande notre envie de revoir Mulholland Drive le chef d’œuvre de David Lynch  après avoir assisté récemment à une projection de Vertigo d'Alfred Hictchcock . Lors de la présentation de ce dernier film diffusé dans le cadre de son ciné club, le critique Claude Jean Philippe avait justement qualifié le cinéaste anglais de  "poète de la peur", ce qualificatif colle parfaitement ici à David Lynch
Mulholland Drive est à nos yeux son film le plus fascinant, nous pourrions facilement  le voir en boucle  et nous perdre avec le même plaisir à chaque  fois que la petite boite bleue s'ouvre.
Un début assez classique dans le cinéma américain, une femme est conduite dans une voiture qui s'arrête sur le bord de la route Mulholland Drive, le conducteur se retourne, un pistolet à la main prêt à exécuter sa passagère. La scène a tout du contrat. Des teenagers arrivent en contresens à vive allure, l'accident est inéluctable il empêche l'exécution, la jeune femme est la seule à survivre.
Elle s'échappe juste avant l'arrivée des forces de l'ordre. Elle erre sur les collines de Los Angeles. Amnésique, perdue, elle trouve refuge dans un appartement que Betty une jeune femme de l'Amérique profonde  est venue occuper avec des rêves de cinéma en l'absence de sa tante partie sur un tournage .
Les deux jeunes femmes vont se découvrir, mener l'enquête pour aider Rita à retrouver sa mémoire, s'aimer...  Betty met tout son énergie dans cette recherche, et dans un premier casting où elle frappe les esprits, les portes Hollywood semblent prêtes à s'ouvrir à la jeune femme.
Dans les quelques affaires que possédaient Rita , une clé bleue, Betty finit par trouver sa destination: une boite qui s'ouvre et nous plonge dans une nouvelle histoire de jalousie entre deux actrices hollywoodiennes...
Un trio d'acteurs inconnus qui se révèlent, Naomi Watts, Laura Haring et Justin Theroux, par leur beauté ils incarnent le fantasme et le coté glamour de Hollywood. Si David Lynch règle ici quelques comptes avec l'industrie du cinéma corrompue, il se révèle surtout un magnifique manipulateur, perdant le spectateur dans les méandres de son scénario. Le film fit les beaux jours de nombreux forums où chacun venait livrer sa vision de l'histoire, de ce cauchemar expression de l'inconscient du cinéaste. Nous ne viendrons pas ajouter ici  notre propre interpretation, à vrai dire cela nous est un peu égal d'autant plus que l'histoire a force d'être vue finit par être totalement limpide, nous restons surtout fascinés par le formalisme de ce film sombre, une perfection de mise en scène. Nous nous souvenons alors de cet extrait du long poème de Jean-Luc Godard : "Histoire(s) du cinéma" (Ed Gallimard)

le cinéma projetait
et les hommes
ont vu
que le monde
était là
un monde
encore presque
sans histoire
mais un monde
qui raconte
mais pour
au lieu de l'incertitude
installer l'idée et la sensation
les deux grandes histoires ont été
le sexe et la mort
des histoires de beauté en somme
la beauté, le maquillage
dans le fond
le cinéma
ne fait pas partie
de l'industrie
des communications
ni celle du spectacle
mais de l'industrie des cosmétiques
de l'industrie des masques
qui n'est elle-même
qu'une mince succursale
de celle du mensonge

dimanche 14 avril 2013

La Brune Brûlante - Leo Mc Caray

Leo Mc Carey a commencé sa carrière au temps du muet, une remarquable école pour s'initier à l'art du burlesque: il fut le réalisateur de nombreux courts métrages de Laurel et Hardy et  plus tard de la célèbre "soupe au canard" où il dirige les Marx Brothers, la comédie n'a plus de secret pour lui. Par la suite, Leo Mc Carey passe de la comédie au mélo, du rire de cette sacrée vérité aux larmes de Elle et Lui.
La brune brûlante est à classer dans les comédies burlesques où le réalisateur fait un portrait grinçant de l'Amérique d'après guerre, mettant à mal le mythe de l'american way of life. Alcolisme mondain des cols blancs qui biberonnent le whisky à longueur de journée, névroses de leurs épouses installées dans les quartiers résidentiels qui se distraient en étant membres actives de différentes associations ou comités et des gamins qui s'installent devant la télévision, scotchés par les programmes jeunesses et divers feuilletons. Le portrait est sans concession
Le portrait de cette Amérique il le fait à travers une famille modèle incarnée par le couple glamour Paul Newman Joanne Woodward. Lui, Harry travaille à New-York tous les soirs il fait une heure de train pour rejoindre sa maison familiale à Putnam's landing une station balnéaire. Elle, Grace occupe ses journées à l'éducation des enfants, et les différentes associations qu'elle préside. Accaparée par ses différentes activités, le couple a du mal à se retrouver le soir au regret du mari.
L'annonce de l'installation d'une base secrète de l’armée américaine met la ville en émoi, Grace s'engage dans une nouvelle croisade pour empêcher cette installation future sans se rendre compte que Angela Hoffa une voisine délaissée cherche à séduire son époux...
Les gags s'enchainent, Leo Mc Carey est particulièrement inspiré pour les scènes de pure comédie sans pour autant faire preuve d'une grande inventivité,  mais le film souffre des scènes de transition plutôt faibles, il alterne des hauts et des bas , il nous est difficile de le classer dans notre panthéon des comédies américaines. Joanne Woodward et Paul Newman semblent  se régaler à se plier à toutes les loufoqueries du cinéaste, ils sont accompagnés par Joan Collins parfaite en brune brûlante, c'est assurement grâce à leur composition que ce film se regarde encore sans déplaisir.

Film vu dans le cadre du ciné club de Claude Jean Philippe (Cinéma l'Arlequin)

Michel Petrucciani - Solo Live

Nous avons eu un désir de piano, nous avons choisi de ressortir un album live de Michel Petrucciani enregistré le 27 février 1997 à Francfort. C'était un dimanche soir où nous avions entendu un peu par hasard sur France Inter un extrait de cet album dans l’émission Summertime, une reprise fabuleuse de Caravan de Duke Ellington qui nous a donné l'envie de réécouter longuement cet enregistrement.
Un magnifique album où le pianiste nous montre toute son inventivité dans de géniales improvisations, un style unique et inimitable. Il revisite des classiques du jazz ainsi que son propre répertoire, impossible de l'écouter sans avoir un grand frisson de plaisir.

Solo live est notre album de la semaine!

samedi 13 avril 2013

Dick Rivers en Concert.

Dans les années 60, les jeunes gens ont découvert la musique américaine, ils ont voulu jouer les petits malins en montant sur scène avec un pseudo "anglo-saxon". Trois ont traversé le temps: Johnny Halliday, Eddy Mitchell et Dick Rivers. Nous n'avons jamais eu une grande passion pour ces trois zozos, mais si les deux premiers par leur succès nous ont imposé certaines ritournelles, du troisième nous ne savons rien, incapables de citer le moindre titre. Dans notre esprit il est à Elvis ce que l’œuf de lump est au caviar, un pâle ersatz.
Mais parce que nous avons pris pour habitude d'assister chaque année au concert donné dans le cadre du festival Chorus des Hauts de Seine dans notre douce cité, nous n'avons pas voulu déroger à la règle et nous avons vaincu nos préjugés pour assister à un concert de Monsieur Dick Rivers, même si nous restons perplexes sur les motivations du programmateur du théâtre Jean Arp qui ne nous avait pas habitué à de telles excentricités.
Il est plutôt sympathique Dick, il se dégage du personnage une réelle sincérité même si nous l'avons trouvé plutôt aigri de ne pas avoir eu la reconnaissance qu'il pensait mériter.
Ces dernières années, il a su attirer les meilleurs plumes de la chanson française, après avoir travaillé avec le talentueux Joseph d'Anvers, il a récemment collaboré avec Jean Fauque qui fut un des principaux paroliers de l'immense Alain Bashung. Notons qu'à la différence de ceux qui pondent des rimes pour Johnny, ce n'est assurément pas pour remplir leur comptes en banque que ces deux là ont collaboré avec l'ex chanteur des chats sauvages.

Alors Dick sur scène? Il fait peine à voir, moumouté, le dos rond, vacillant sur ses jambes, s'il danse c'est dans sa tête car il n'y a plus de swing dans ses pieds, le pas est plus qu'hésitant... Aidé d'un prompteur, notamment pour chanter les textes de Jean Fauque, la voix est forte mais comme chaque fois nous avons du mal à supporter son timbre.
Reconnaissons lui d'être entouré de musiciens de qualité avec notamment à la guitare Oli le Baron, le groupe donne de l’énergie au répertoire du vieux rocker.
Dick Rivers a assurement une grande connaissance  de la musique américaine, country, blues, rock....mais ses versions francisées restent difficilement supportables.

lundi 8 avril 2013

Margaret Thatcher (13/10/1925 - 08/04/2013)

Nous n'avons jamais accepté cette légende comme quoi Margaret Thatcher fut celle qui rétablit l'économie anglaise lorsqu'on sait que le taux de famille vivant sous le seuil de pauvreté est passé de 8% à 22% lorsqu'elle fut au pouvoir, que les inégalités n'ont jamais cessé de se creuser. Nous nous refusons de réduire une économie à son taux de croissance
Elle fut celle qui appliqua sans aucune souplesse les lois du libéralisme, sans aucun humanisme. Arrivée au pouvoir en 1979, elle annonçait les années 80 et le règne de l'argent, Ronald Reagan allait la suivre dans la même folie libérale.
A l'annonce de sa mort, le nom de Bobby Sands nous est revenu immédiatement à l'esprit. Il est le premier à avoir succombé à sa gréve de la faim pour protester contre ses conditions de détention, neuf autres camarades allaient suivre. Est ce avoir le sens de l'Etat que de pouvoir rester insensible à la lutte de jeunes gens et de les laisser mourir de faim en refusant tout dialogue?
Elle fut l'amie de Pinochet, elle le défendit à chaque occasion oubliant les victimes du dictateur. Elle se disait chrétienne, elle a finalement montré peu de respect pour la vie.

Nous n'aimions pas Margaret Thatcher, mais nous devons reconnaitre qu'elle laissera une empreinte importante dans l'histoire de son pays.

dimanche 7 avril 2013

Huit et demi - Federico Fellini

Huit et demi, le chef d’œuvre de Federico Fellini fête cette année ses cinquante ans. Occasion en or pour la filmothèque du quartier latin de projeter une copie restaurée de toute beauté sur son écran. 

Un cinéaste dépressif Guido Anselmi traverse une crise d'impuissance créatrice, il abandonne son projet  pour se réfugier dans une maison thermale d'une station balnéaire. Son producteur, sa maitresse, sa femme, des acteurs viennent le retrouver. Loin de la vie mondaine, ces périodes de repos sont l'occasion pour le cinéaste de rêver et de replonger dans ses souvenirs d'enfance, de retrouver ses parents décédés, de revivre ses premiers émois d'enfant  ou de fantasmer sa vie sexuelle dans un harem où il retrouve toutes ses conquêtes.. Mais il lui faut composer avec sa femme qui ne supporte plus ses adultères avec qui  les relations sont devenues difficiles  et résister à la pression de son entourage qui le pousse à terminer son film de science fiction. Le film est un enchevêtrement de scènes réalistes et oniriques
Inspiré par sa propre expérience: "Au moment du tournage de huit et demi, il m'arriva une chose que je redoutais depuis longtemps. Ce fut plus terrible que je n'aurais pu l'imaginer. Je fus victime d'un "blocage", comme les écrivains en ont parfois devant leur feuille blanche. J'avais un producteur, un contrat. Nous étions à Cineccita, tout le monde était prêt et attendait que je tourne mon film. Seulement le film que j'avais prévu de réaliser m'échappait. Certains décors étaient déjà montés mais je n'arrivais pas à trouver le souffle."

Fellini fait de son manque d'inspiration, de sa panne créatrice le sujet même de son film. Marcello Mastroianni est véritablement son double, nous vivons son angoisse au quotidien, nous le voyons réfléchir sur la conscience religieuse de l'Italie.  Si la dolce Vita, son film précédent marquait déjà une rupture du cinéaste avec le néo réalisme. Huit et Demi va bien au delà, Fellini définit un langage cinématographique qui lui est propre et qu'il n'aura de cesse de développer les années suivantes.

Le film s'ouvre sur une scène magnifique où le cinéaste fait un cauchemar où coincé dans un embouteillage il étouffe dans sa voiture avant de s'en échapper par le toit et de s'envoler dans le ciel... pour se terminer sur une sublime parade rythmée par la musique de Nino Rota. Au sujet de cette dernière scène, Fellini raconte:

"J'avais prévu une autre fin pour Huit et demi mais entretemps on me demanda de préparer une bande annonce. Pour cela, je fis revenir deux cents acteurs que je filmai en train de parader devant sept caméras. En voyant les rushes, je fus impressionné. Ils étaient tellement bons que je décidai de changer la fin du scénario original, qui se déroulait dans un wagon restaurant où Guido et Luisa se réconciliaient. Ainsi il arrive que les exigences des producteurs aient un effet salutaire."

Nous avons revu avec grand plaisir, le film de Fellini, nous sommes restés sous le charme de l'élégance de Marcello Mastroianni et de la beauté d' Anouk Aimée et de Claudia Cardinale incarnation de la  femme idéale.

Les propos de Federico Fellini sont tirés du livre de Charlotte Chandler: "Moi Fellini. Treize ans de confidence."

"De là vient, de toute évidence, le sentiment qu'on a de se trouver devant une tentative rarissime au cinéma, d'expression personnelle totale, et on voit soudain apparaitre le vrai sujet, qui n'est ni la confession, ni l'aveu dun échec mais la confession d'une angoisse, d'une inquiétude, d'un doute de soi, faite avec une santé morale et physique et un lyrisme complétement absents en général de ce genre de propos." (Pierre Kast - Cahiers du cinéma n°145, Juillet 1963)

L'impératrice rouge - Josef Von sternberg

Nous sommes en 1934, Joseph Von Sternberg et Marlene Dietrich ont connu un succès mondial avec le film allemand l'ange bleu, nous les retrouvons ici pour ce qui est le sommet de leur collaboration l'impératrice rouge, qui raconte la prise de pouvoir de Catherine II.
Destin incroyable de cette jeune fille de la noblesse prussienne Sophie Federika qui rejoint la Russie pour épouser l’héritier du trône le futur Pierre III, neveu de l'impératrice Elisabeth 1ere. L’impératrice attend de la jeune fille qu'elle donne dans les meilleurs délais un héritier au trône. Mais la déception est grande lorsque la jeune femme découvre son futur mari qui a tout d'un débile sanguinaire. Le jeune homme n'a d'ailleurs que peu d'enclin pour la jeune prussienne, il lui préfère une comtesse russe Elisabeth Alexeievna.
Catherine finit par tomber enceinte d'un officier, elle donne enfin un héritier à la couronne. A la mort d'Elizabeth, Pierre accède au pouvoir, il cherche à se débarrasser de son épouse. Catherine en danger, organise un coup d'Etat avec le soutien des militaires et notamment du capitaine Orlov. Pierre est assassiné, elle devient impératrice.
Un cinéma dont on sent encore toute l'influence du muet et notamment du cinéma expressionniste allemand. Les décors sont surchargés, des portes immenses avec des poignées placées en hauteur, les femmes doivent se mettre à plusieurs pour pouvoir les ouvrir, des murs peints de motifs religieux, des statues, des gargouilles effrayantes qui encadrent les fauteuils,un sommet du cinéma baroque. Une succession de scènes impressionnantes, nous citerons par exemple le long travelling sur la fête du mariage ou encore cette scène où le futur Pierre III perce le mur et plus précisément un Christ peint  pour espionner sa mère et son épouse. Un grand spectacle visuel, un film d'une richesse incroyable qui mérite d'être vu et revu et dont tous les objets ont été choisis avec le plus grand soin.
C'est une Russie proche de l'enfer que décrit Von Sternberg, sa description de la période d'Ivan le terrible racontée à la jeune Sophie est un morceau de bravoure, possible parce que le code Hays ne s'applique pas encore à Hollywood.
Partie adolescente, la future Catherine se retrouve dans une cour d’illettrés, l’impératrice Elisabeth ne sait pas lire, pas plus que la plupart de ses collaborateurs, on se demande comment  va s'en sortir la jeune prussienne nourrie de culture depuis son plus jeune âge, un destin proche de celui de Caroline Mathilde de Hanovre, épouse du roi du Danemark Christian VII (Voir Royal Affair de Nicolas Arcel). Marlène Dietrich illumine ce film de sa grâce, elle est sensuelle, irrésistible, met l'armée sous son charme condition indispensable à sa survie.
Pour l'anecdote, c'est sa propre fille qui joue dans les premières scènes du film le rôle de  Catherine enfant.

Vu dans le cadre du ciné club de Claude Jean Philippe, cinéma l'Arlequin.

Rachid Taha - Zoom

Si la France était un pays de rock, il y a longtemps que Rachid Taha aurait eu sa statue. Il signe avec Zoom un nouvel album de haut vol produit par Justin Adams, un guitariste anglais, qui a notamment travaillé avec Robert Plant.  Un album où l'on retrouve les noms de Rodolphe Burger, Mick Jones, l'ex-guitariste des Clash ou le génial Brian Eno qui participe au Voila Voila qui nous rappelle que la menace brune est toujours là.
Rachid Taha est notre plus grand rocker, il a su donner à cette musique nourrie par le blues américain de nouvelles sonorités, il synthétise la violence des Clash avec la sublime musique du Maghreb, il est l'enfant d'Oum Kalsoum et de Joe Strummer.

Nous sommes définitivement fans de Rachid Taha. Zoom est notre album de la semaine!


samedi 6 avril 2013

La religieuse - Guillaume Nicloux

Nous nous interrogeons encore de savoir ce qui a pu pousser Guillaume Nicloux a proposé une nouvelle adaptation du roman de Denis Diderot tant son film nous semble anecdotique. Histoire de Suzanne Simonin envoyée au couvent de force par ses parents, parce qu'après le mariage de ces deux sœurs ainées, ils n'ont plus les moyens d'en financer un troisième. Elle découvre plus tard la vérité: elle est née d'une relation adultérine de sa mère qui souhaite à travers l'engagement de sa fille expier son péché. Suzanne malgré sa foi sincère n'accepte pas cet enfermement. Elle entre en rébellion.
 La reconstitution est soignée, les costumes sont d'époques, nous n'avons pas grand chose à reprocher sur la partie visuelle du film. Plus gênant est la distance que garde en permanence le metteur en scène avec le texte de Diderot, comme si il voulait uniquement nous offrir une jolie illustration du roman. Le film devenant très rapidement ennuyeux comme un catalogue de papier glacé.
Suzanne rencontre une mère supérieure compréhensive interprétée par la remarquable Francoise Lebrun qui essaye d'aider au mieux la jeune fille perdue.C'est la meilleure partie du film. Puis à la mort de la mère supérieure,elle commence un vrai chemin de crois sous les ordre de la nouvelle supérieure sadique et ambitieuse incarnée par Louise Bourgain , peu convaincante. Puis elle déménage dans un autre couvent dirigée par une mère supérieure saphique incarnée par Isabelle Huppert, que nous avons trouvée ici par moment grotesque et ridicule.
Intégrisme, profiter de son autorité pour abuser sexuellement d'adolescents, les maux de la religion sont ici naïvement dénoncés. Pauline Etienne qui interprète Suzanne est la seule agréable surprise de ce film!

vendredi 5 avril 2013

Métamorphose, d'après la nouvelle de Franz Kafka adaptation de Sylvain Maurice

Si on doit féliciter quelqu'un à l'issue du spectacle, c'est assurément le scénographe Eric Soyer et les techniciens  qui ont monté le décor, une scène tournante.  Un travail impressionnant !
Le choix fait par le metteur en scène de Sylvain Maurice est assez fort puisqu'il change totalement le point de vue de la nouvelle de Franz Kafka, nous ne sommes plus dans la chambre de Gregor, mais placés à l'extérieur du coté des parents et de la sœur. Le problème est que le texte a perdu toute sa substance. Les phrases tombent à plat, coupées par de longs silences, une musique en fond cherche à rendre l'ambiance inquiétante, elle devient rapidement pénible et artificielle. La vidéo est sans intérêt nous offrant des images grotesques. La scène tourne à vide...
Nous ne rions pas, nous ne tremblons pas, nous nous ennuyons, juste l'occasion  pour nous de nous rappeler le temps d'un strangers in the night, que Frank Sinatra est vraiment un chanteur exceptionnel.
Soirée ennuyeuse mais pas totalement inutile, réveillant le désir  de nous replonger dans le texte du génial écrivain praguois.

Une adaptation sans intérêt, cruelle déception !

mercredi 3 avril 2013

Fred (05/03/1931 - 02/04/2013)

Le fond de l'air est frais ces derniers jours et Fred s'en est allé. Il fut le père de Philémon, un adolescent dont nous avons aimé suivre les aventures. Il était un de nos plus grands créateurs de bande dessinées, cet homme était un poète, un homme plein d'humanité .
Fred a aussi écrit des chansons notamment avec son complice Jacques Dutronc !


mardi 2 avril 2013

La mouche - David Cronenberg

La Mouche est le remake d'un film de 1958 de Kurt Neuman "la mouche noire", où un physicien Seth Brundle travaille sur la téléportation dont le principe est de transporter d'une cabine à une autre un objet. Cela fonctionne tellement bien que le savant se lance dans la téléportation d'êtres vivants, la première expérience réalisée avec un babouin s'avère un échec, mais à force de travail, le physicien résout tous les problèmes, il connait enfin la réussite, il ne lui reste plus qu'à gravir la dernière marche de sa recherche, téléporter l'être humain, il en sera le cobaye.Mais il ne réalise pas lors de l'expérience qu'une mouche a pénétré dans la cabine, leurs deux corps fusionnent...Si dans un premier temps, son apparence est la même,  la mouche semble prendre peu à peu  le dessus.
Ce film est devenu très rapidement un classique du cinéma de science fiction quasiment dés sa sortie, un incontournable que nous avons eu plaisir à revoir. Il nous est venu à cette occasion quelques réflexions:

- Mel Brooks a été un merveilleux producteur, celui qui fut l'auteur "d'énormes comédies" eut un flair redoutable, il a produit notamment deux des plus grands films des années 80: Elephant Man de David Lynch et La mouche de David Cronenberg. Qu'hommage lui soit rendu !

- Le problème avec les films des années 80, c'est l'esthétique de l'époque et notamment celle des coiffures qui résistent assez mal au temps. Geena Davis et Jeff Goldblum ne sont pas vraiment pas gatés sur ce coup là. C'est la revanche des coiffeurs qui aprés avoir connu une période de vaches maigres durant les années 7O où les jeunes gens avaient la fâcheuse tendance de laisser pousser leur cheveux de manière anarchique, retrouvent leur importance, les salons vont se multiplier dans les villes.

- Mais plus passionnant et moins anecdotique est cette manière sublime et géniale qu'a eu David Cronenberg de capter les peurs de son temps. Nous sommes en 1986, le Sida fait la une de l'actualité il se raconte tout et n'importe quoi sur cette maladie et sa transmission. Les malades sont limités dans leur déplacement, ils sont menacés de perdre leur travail, les mères ne savent pas si elles vont transmettre la maladie à leur enfant. Le regard porté sur eux est alors intolérable, d'une totale inhumanité... C'est aussi cela que raconte le film de Cronenberg, où le "monstre" se découvre dans le regard de l'autre.

lundi 1 avril 2013

Le cri - Michelangelo Antonioni

Aldo, un ouvrier partage depuis des années sa vie avec Irma dont le mari est parti depuis des années  en Australie. Ils ont une fille Rosanna. Le jour où elle apprend le décès  de son époux, Irma annonce à Aldo son désir de le quitter pour vivre avec un autre homme.
Désespéré Aldo part avec sa fille, il erre dans la campagne de femmes en femmes, de boulot en boulot, il finit par renvoyer Rosanna chez sa mère, continuant seul son errance. Mais il ne peut oublier Irma, il retourne dans son village. Il désespère alors de voir que son ancienne compagne a eu un nouvel enfant ...

Aldo passe les pieds dans la boue tout le long du film, embourbé comme son âme ... Antonioni suit cet homme qui erre à travers les plaines du Po, nous offrant des perspectives sublimes dans une Italie de l'après guerre en pleine reconstruction où l'influence américaine comme  à se faire sentir. Un long road movie austère servi par une photographie extraordinaire, où les paysages sans fin reflètent la mélancolie du personnage, il décrit sans tabou la détresse sentimentale de l'ouvrier, une représentation peu courante dans le cinéma italien préférant mettre en avant la virilité de ses travailleurs.

Antonioni jusque là ne s'était pas intéressé à la classe ouvrière, nous avons retrouvé des propos tenus par le cinéaste au sujet de ce film:

"Quelle différence y-a-t-il entre un être humain qui fait un métier et un être humain qui en fait un autre, entre un être humain qui a de l'argent et un qui n'en a pas? Je dirais que les problèmes sentimentaux et psychologique au niveau de la classe ouvrière sont justement rendus plus complexes par le manque d'argent; si un homme qui n'a pas de problèmes financiers peut disposer de lui-même et des on temps pour s'occuper de certaines choses et pour résoudre certains problèmes de nature sentimentale, par une rencontre, ou bien en rejoignant une personne qui est loin, un ouvrier ne peut pas se le permettre. Et donc, le mécanisme de sa vie le contraint à renoncer à certains gestes, à certains actes qu'il aurait voulu faire et qu'il ne peut pas faire. Les problèmes sont les mêmes, et la poussée, j'entends l'investissement sentimental et passionnel chez un ouvrier, devient peut-être encore plus forte justement à cause de ces contraintes pratiques dans lesquelles il se débat."

(...)

"Les critiques français ont parlé d'une nouvelle formule: le néoralisme intérieur. Je n'avais jamais pensé à donner un nom ce qui pour moi a toujours été, depuis l'époque de ce documentaire sur les malades mentaux, une nécessite: regarder à l'intérieur de l'homme, quels sentiments l'agitent, quelles pensées , dans son chemin vers le bonheur ou le malheur ou la mort."

Sublime !

Nous avons trouvé les propos du cinéaste dans l'ouvrage : Le cinéma italien de Jean A. Gili (édition de la Martinière)

Les amants passagers - Pedro Almodovar

Un avion de la compagnie "Peninsula" part pour Mexico, mais un problème au niveau des trains d’atterrissage empêche le voyage. L'avion tourne en rond dans le ciel espagnol dans l'attente d'une solution d’atterrissage d'urgence. Les membres de l'équipage doivent gérer les passagers pour éviter la crise de panique. La classe économique de l'avion est placée sous somnifère, les passagers et les hôtesses de l'air sombrent dans le sommeil. Les trois stewards s'occupent de la classe affaire, ils vont user de tous les paradis artificiels, Tequila, mescaline... tout est bon pour faire face à l'évènement. Totalement détendus ce "petit monde" finit dans une gentille partie de jambes en l'air
Un avion en danger, c'est à travers cette métaphore que Pedro Almodovar a voulu parler de l'Espagne en crise économique. Oubliée la noirceur de ses derniers films, la mélancolie des précédents, le cinéaste espagnol revient à ses premiers amours la comédie débridée, mais le ton est tout de même bien plus sage. Nous faisons un voyage agréable, nous rions souvent aux facéties des trois stewards, homosexuels enjoués, mais c'est tout de même un Almodovar mineur qui nous est donné à voir.
Pedro Almodovar est arrivé sur le devant de la scène lors de la movida, mouvement culturel espagnol du début des années 80. Il était alors un acteur central de l'Espagne renaissante,  il semble en être devenu aujourd'hui un simple spectateur.

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