samedi 31 décembre 2011

Carmadou 2011: Pièce Rapportée - Hélène Lenoir - Incipit

"Elle l'a appelé pour lui dire qu'elle avait réussi à avoir des places pour le vendredi soir. Contente, ça s'entendait.
- Mais tu sais très bien que je ne peux pas moi, vendredi, tu ferais donc mieux de me dire que tu as décidé, d'y aller avec quelqu'un d'autre.
- On verra, on verra!... Tu es où, là?
- Je t'attends. Il est vingt cinq et j'aimerais bien commander.
- Oui, alors pour moi, la salade du jour et un perrier citron, je meurs de soif! J'y suis dans trois minutes.
 Songeuse elle a poussé son vélo sur le trottoir en remontant vers le carrefour, s'est arrêtée au soleil, a regardé son portable, hésité, soupiré, puis, d'un coup de pouce l'a rappelé: Tu m'en veux?... je suis pourtant pas en retard et j'ai eu ton DVD, je te l'apporte t'es content?
-Ok, alors grouille maintenant!
Mais elle a pris son temps pour appuyer son vélo contre la vitre de l'abribus où elle pouvait se voir boutonner sa veste, réenrouler autour de son cou ses fines écharpes à dominantes mauves, tirer sur sa courte jupe culotte et lisser aux genoux son collant parfaitement assorti, pensant: J'ai mes places, j'irai toute seule, j’essaierai de revendre l'autre, ou même pas, j'ai gagné au loto, j'ai vingt quatre ans, je peux me payer deux places de théâtre pour moi toute seule, m'offrir une fois, une fois dans ma vie ce luxe de n'avoir personne à coté de moi, lui qui n'y va que pour me faire plaisir et bouge tout le temps ou s'endort, crevé bien sûr et en retard,  il arrive toujours en retard, énervé, mais gare à moi si j'ose râler, me plaindre de l'avoir attendu et d'entrer dans la salle deux minutes avant la fermeture des portes, tout ce que je déteste, et je dois le remercier en plus pour s'être démené pour moi, il est exactement comme papa... Vingt cinq, il peut attendre."

Ainsi commence Piéce Rapportée de Hélène Lenoir (Les éditions de Minuit) que nous élu Livre de l'année 2011

Carmadou 2011

Dernier jour de l'année, nous remettons nos Carmadou 2011, nous sommes arrivés à un accord plus ou moins discuté dans nos trois catégories.

- Cinéma: Il était une fois en Anatolie - Nuri Bilge Ceylan.

Nous avons trouvé l'année cinéma absolument passionnante, faire une liste de cinq films fut déjà compliquée, de nombreux films comme "Incendies", "The Artist", "Une séparation", "La guerre est déclarée" .... avaient été mis de coté de la sélection alors qu'ils nous avaient enthousiasmé. Nous avons longtemps hésité avec le film de Bertrand Bonello, mais nous avons choisi celui de Nuri Bilge Ceylan  pour son sens de la photo, pour la beauté de son récit .
Nous n'oublions pas que l'Anatolie est la terre d'où furent chassés et massacrés les arméniens dans ce qui doit être considéré comme le premier génocide du XX eme siècle. D'ailleurs l'action du magnifique film d'Elia Kazan "Amerika Amerika" se déroule sur ces mêmes terres. Pour autant nous considérons que la loi ne doit pas dire l'Histoire.
Ceci n'est qu'un aparté puisque ce n'est en rien le sujet du film "il était une fois en Anatolie" et que notre choix ne relève que d'arguments cinématographiques, il n'a strictement rien à voir avec la polémique actuelle!



- Musique : 50 words for snow - Kate Bush

Nous avons écarté avec douleur PJ Harvey de notre première sélection, mais C'est une anglaise que nous souhaitons consacrer. Kate Bush au sommet de son art, une voix maitrisée, un piano omniprésent accompagné par un batteur d'exception Steve Gadd nous a envouté. Un choix évident pour nous!


- Littérature : Pièce rapportée - Hélène Lenoir

Longtemps nous avions pensé que le livre de Mathieu Lindon "ce qu'aimer veut dire" récit de ses années de jeunesse serait notre livre de l'année. Mais Hélène Lenoir fut notre découverte littéraire 2011. La famille est le thème récurent de son  œuvre, mais à la différence de Mathieu Lindon ou de Emmanuel Carrère dont nous avons tant aimé "Limonov", nous sommes ici véritablement dans un univers romanesque, c'est cela aussi qui nous a  séduit. De plus, son œuvre souvent comparée à celle de Nathalie Sarraute nous donne l'envie de découvrir les livres de cette dernière que nous avons honteusement ignoré jusqu'à ce jour.
2012 sera peut être bien une année Nathalie Sarraute pour nous.

mardi 27 décembre 2011

The Duke Orchestra - Laurent Mignard

Nous avons assisté à un enregistrement public du prochain album "Ellington French Touch" du Duke Orchestra, ensemble reconnu comme le meilleur orchestre  ellingtonien en activité (selon la Duke Ellington Music Society) à l'auditorium du conservatoire de musique de Clamart. Album consacré à l'influence française sur l’œuvre de Duke Ellington,  francophile convaincu après divers voyages effectués dans notre doux pays dés les années 30. 
Le Big Band plein de swing revisite des classiques du Duke notamment les morceaux écrits pour le film Paris Blues. Mais le jazzman américain était aussi friand de chansons françaises, l'orchestre interprète ainsi "Clopin-clopan", "Sous le ciel de Paris", "Que reste-t-il?"... Avant de jouer une partition, quasi inconnue dont il n'existe aucun enregistrement, écrite par le jazzman à la demande de Jean Vilar en 1961 pour une piéce de Lesage du début XVIII "Turcaret et le financier".

Une séance plein de swing, de bonne humeur. Un album à sortir au mois de Mars.

"Laurent Mignard a accompli un travail de titan. Plus qu'à la lettre, il s'est attaché à l'esprit d'une musique à la fois simple et complexe, évidente et d'un raffinement extrême. Jubilatoire..." - Jacques Aboucaya (Jazz Magazine)

"L'esprit d'Ellington dans un corps d'aujourd'hui" - Michel Contat (Télérama)

Le Site de Laurent Mignard, Cliquez ici

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lundi 26 décembre 2011

La nuit sera calme - Romain Gary


Chaque fois c'est le théâtre qui nous amène à Romain Gary. Notre première expérience "La vie devant soi" ne fut pas concluante, nous n'avons pas accroché à ce roman dégoulinant de bons sentiments. L'adaptation au théâtre de ce texte avec Myriam Boyer dans le rôle titre de Rosa dans une mise en scène de Xavier Jaillard avait fini de nous décourager, la longue agonie de Rosa nous avait plongé dans une soirée d'ennui.

La nuit sera calme est notre deuxième expérience, nous avons voulu découvrir ce texte avant d'assister à une lecture faite par Jacques Gamblin. Ecrit sous forme d'interview, il ne faut pas se duper c'est Gary lui même qui se pose les questions, cet ouvrage permet de revenir sur la vie de l'auteur aux deux Goncourt. Nous n'avons pas pu apprécier toute la substance de ces propos, trop ignorants de son oeuvre .Nous sortons avec un avis mitigé de cette lecture où nous avons vu deux facettes du personnage:

- Le Gary intellectuel, qui a travers son expérience de diplomate se lance dans des théories géopolitiques qui nous semblent datées et finalement peu intéressantes. Sa vision du monde bipolaire, de la Chine ou ses commentaires sur l'histoire récente nous ennuient totalement. Il se révèle plus intéressant lorsqu'il nous parle du Maccarthysme sur lequel il porte un jugement sans concession. Parfois son sens de la formule sonne particulièrement juste : "Le nationalisme surtout quand il est jeune, frais, pimpant, c'est d'abord le droit de disposer sans appel d'un peuple - par tyrannie intérieure - au nom des peuples à disposer d'eux mêmes";  mais sa justification de la peine de mort dans certaines situations nous a littéralement consterné par sa pauvreté intellectuelle...

-Le Gary conteur, celui qui nous raconte sa mère, son engagement dans la résistance, ses expériences diplomatiques en Bulgarie, à New-York ou Los Angeles, nous a bien plus séduit. car il et vrai que cet homme a eu une vie d'une richesse incroyable, il est truculent, captivant, nous ne nous lassons pas de ses récits incroyables, de ses rencontres (quel plaisir de retrouver ici un des nos cinéastes favoris John Ford)... On découvre un homme fragile, sujet à la dépression, parcourant le monde parce que finalement sa place n'est nulle part, parce qu'il espère un monde plus féminin et moins macho... si c'était une chanson ce serait le métèque de Georges Moustaki. Nous retenons que sa période la plus heureuse fut celle de la résistance où il connut avec ses amis aviateurs une période de vraie fraternité, d'ailleurs le titre de l'ouvrage est un hommage à l'un d'entre eux, Bordier un pilote de son escadrille qui aimait à dire en regardant le ciel : "la nuit sera calme". Enfin comment ne pas être glacé par sa réflexion sur le suicide qui nous rappelle le mythe de Sysiphe d'Albert Camus: "Il n'y a qu'un problème philosophique sérieux: le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d'être vécue, c'est répondre à la question fondamentale de la philosophie", il justifie ainsi le nombre élevé de suicides à San Francisco: "Je crois que c'est parce que la vie est beaucoup moins rapide qu'ailleurs aux Etats Unis: les gens ont le temps de méditer...et de conclure"

dimanche 25 décembre 2011

Vous ne l'emporterez pas avec vous - Frank Capra

Le fils d'un grand financier tombe amoureux de sa dactylo qu'il souhaite épouser. La jeune fille fait partie d'une famille de joyeux bons vivants aimant vivre en communauté dans la joie et la bonne humeur; le financier cherche à acheter leur maison pour réaliser un projet d'envergure, mais le grand père propriétaire n'a que faire de l'argent. La rencontre du monde des affaires et celui de l'utopie s'annonce explosive...

Le bonheur de la comédie américaine, James Stewart et Jean Arthur forment un duo épatant dans ce film fou fou fou au rythme débridé. Annonciateur quelque part des utopies communautaires des années 70, ce film est une charge contre le monde des affaires. Si Bergman règle son compte aux religieux dans Fanny et Alexandre que nous venons de revoir, Capra s'occupe ici des Capitalistes et comme le cinéaste suédois, il  se range du coté des hédonistes.
Ce film est un hymne à la vie. Qui ne rêve pas de rejoindre la communauté des Sycomore?

Galerie de Paléontologie et d'Anatomie comparée - Jardin des plantes

Nous sommes allés nous promener au milieu des squelettes des différentes espèces peuplant notre planète à la galerie de la Paléontologie et d'Anatomie comparée. Une impression que rien n'a bougé depuis l'époque de nos grands parents tant l'ensemble apparait vieillot, mais cette endroit garde toute sa magie. Nous avons croisé un moulage reconstituant le squelette d'un diplodocus dont l'original est exposé à Pittsburg. 
Nous avons eu une pensée pour David Huxley le plus sémillant paléontologue de l'histoire du cinéma dans l'inoubliable Briging Up Baby (1938) de Howard Hawks, avec Cary Grant et Katharine Hepburn.





Fanny et Alexandre - Ingmar Bergman

Toute la famille Ekdhal est réunie pour le soir de Noël, autour de la grand mère et de son amant Isaac Jacobi: les trois fils, Oscar le père de Fanny et Alexandre, le joyeux et bon vivant Gustav Adolf et le pétomane Carl. Même si on sent poindre une faiblesse de santé chez Oscar, la fête est joyeuse, le personnel de maison se méle à la famille, Gustav Adolf termine la fête dans le lit de Maj la servante. Aprés cette période de fête, Oscar rejoint son théâtre où il répète Hamlet  jouant le spectre  sous les yeux de son fils, fatigué il succombe après un malaise cardiaque, terrible présage pour ses enfants.
Emilie la jeune veuve épouse le pasteur Vergerus en seconde noce, elle rejoint son nouveau foyer avec ses deux enfants. Ils découvrent les régles austéres imposées par la famille du pasteur, les chatiments corporels, Fanny et Alexandre sont malheureux. Tel Hamlet, Alexandre ne supporte pas son beau père qui a confisqué sa Mére et l'a séparé de la famille de son père. Emilie prend conscience de son erreur, mais elle est prise au piège, elle ne peut divorcer sans abandonner ses enfants à l'éducation du pasteur.
Isaac Jacobi organise l'évasion des enfants, leur mère s'enfuit pour les rejoindre, le pasteur sucommbe à un accident domestique, mort  fortement désirée par Alexandre (magnifique scène avec le neveu de Jacobi)... La vie l'emporte...

Un film somptueux et magique où nous retrouvons toutes les obsessions du maitre suédois , choisir entre les joies familiales et l'enfer du puritanisme religieux. Bergman n'hésite pas à rejoindre le camp des hédonistes nous le suivons allégrement.

Un film parfait pour une nuit de Noël, malheureusement nous n'avions que la version courte de trois heures entre les mains...

She & Him - A very She & Him christmas

She & Him c'est M Ward and Zooey Deschanel le duo le plus élégant de la scène pop. Alors lorsqu'ils consacrent un album aux chants de Noël nous nous sentons dans l'obligation de l'élire Album de la Semaine en ce 25 décembre. Merry Christmas !

samedi 24 décembre 2011

Rodin, 300 dessins - La saisie du modèle (Musée Rodin)

"A la fin des années 1880, Rodin réalise, de façon indépendante de ses sculptures, des dessins qu'il exécute d'après le modèle vivant, un nouveau mode de création, auquel il va consacrer au cours des années 1890 mais surtout au delà, une part croissante de son activité. De façon significative, il les fait figurer en nombre, chaque fois que l'occasion lui en est donnée, dans les expositions à caractère rétrospectif qu'il organise à partir de la fin du siècle dans les grandes capitales européennes: Bruxelles, Rotterdam, Amsterdam et La Haye en 1899, Paris en 1900, Prague en 1902, Dusserdolf en 1904."

Introduction - catalogue de l'exposition  Rodin 300 dessins, la saisie du Modéle.


Nous  ne savions pas grand chose du travail de dessinateur de Rodin. Cette exposition fut une véritable claque, organisée pour nous faire découvrir la progression , des premières esquisses aux collages puis au compositions plus élaborées avec un ajout de gouache ou d'aquarelle, dés les premiers dessins on retient une capacité extraordinaire à retranscrire le mouvement à rendre le dessin vivant . Ce qui frappe c'est la modernité du travail de Rodin là où nous nous attendions à un dessin plus classique.

L'artiste s'exprime en toute liberté... C'est magnifique!

Nous vous en dirons pas plus, parce c'est le soir du 24, il faut se mettre à table !

Pour en savoir plus, cliquez ici

Les communiants - Ingmar Bergman (1962)

Au cours du dimanche, Tomas pasteur d'un petit village donne la communion aux rares fidèles. Après l'office un couple vient lui rendre visite , le marié un humble pécheur semble terrorisé par la "menace jaune" et des risques de la bombe nucléaire. Le pasteur lui demande de revenir l’après midi pour discuter, mais il ne saura pas lui parler, infligeant ses propres doutes à ce pauvre homme qui choisit de se suicider après cette visite. Tomas a perdu sa foi, il est resté inconsolable après la mort de son épouse. Incapable de donner espoir et foi à ces paroissiens, son église se vide. Seule, une institutrice athée et amoureuse, tente de secourir l'homme d'Eglise: "Dieu ne parle pas, parce qu'il n'y a pas de dieu. Vous devriez apprendre à aimer au lieu de prier."

Film austère, où l'image à elle seule a une puissance évocatrice, Bergman nourri du cinéma muet de Victor Sjöstrom donne à chaque plan une force malgré la froideur , nous ressentons au plus profond le tourment des âmes. Chaque fois que le pasteur dont la vocation a été imposée par ses parents prend la parole c'est avec maladresse, il n'arrive plus à communiquer avec ses fidèles, incapable d'apporter la lumière à Jonas il ne peut le sauver du suicide, il se montre tout aussi maladroit quand il s'agit d'annoncer la triste nouvelle à son épouse, il se révèle agressif avec l’institutrice qu'il repousse avant de lui demander de l'accompagner à l'office de l’après midi au cours duquel aucun fidèle n'est présent.
Les communiants est le portrait d'un homme qui perd la foi. Nous serions tentés de faire ici un parrallèle avec la pensée de Camus sur l'absurdité du monde, d'ailleurs le cinéaste suédois projeta un temps d'adapter le roman de l'auteur français "la chute".

"Cet affrontement entre le spirituel et la réalité, entre la foi et la vie, entre la prière et l'amour des autres permet à Bergman de démontrer que la véritable force des hommes n'a qu'une seule source: la femme" (Télérama)


vendredi 23 décembre 2011

Le peuple de Paris au XIX au musée Carnavalet

Le musée Carnavalet propose un voyage au cœur de la vie parisienne du lendemain de la Révolution Française à la veille de la première guerre mondiale. Dans ce laps de temps la population a quintuplé, augmentation due à l'arrivée massive de populations provinciales dans la capitale attirées par la révolution industrielle, et la montée de la bourgeoisie à la recherche de domestiques. Les jeunes filles  montent à la capitale car les conditions de travail y semblent plus douces que dans les fermes. Les métiers se développent durant ce siècle, mais la misère, l'exploitation sont de mises. L'insalubrité des logements, les conditions de travail épouvantables... Il n'existe alors aucune norme social, la colère monte et la capitale est secouée à trois reprises par des révolutions 1830, 1848 et 1871.
Une exposition d'une richesse incroyable, organisée autour de différents thèmes, elle nous permet de découvrir les conditions de vie et de travail du peuple mais aussi ses distractions. La pauvreté est partout, la moindre crise économique ou intempéries météorologiques plongent un grand nombre de travailleurs dans l'indigence, le livret ouvrier est là pour surveiller et contrôler le salarié car il est bien connu "classe laborieuse classe dangereuse", ce triste refrain toujours repris par les services du Ministère de l'intérieur.
Le progrès vient de la troisième République, des lois de Jules ferry qui rendent l'école obligatoire,  l'adoption de lois sociales mais aussi par les découvertes de Louis Pasteur qui vont permettre de diminuer sensiblement la mortalité infantile et améliorer l'hygiène de la ville.

jeudi 22 décembre 2011

Pompei - Un art de vivre - Musée Maillol

Les fouilles engagées au XVIII° à Pompéi, ont permis de découvrir le quotidien de la vie romaine, elles ont notamment révélé  l'architecture de la maison individuelle et de son fonctionnement, une découverte archéologique essentielle. Atrium, péristyle, ou le tablinum, nous ignorions tous  ces élèments de la maison romaine avant cette fabuleuse découverte...
L'exposition dans une scénographie parfaite,  recrée le décor d'une maison avec des pièces rares du musée archéologique de Naples, nous découvrons la richesse de ces habitations, des fresques, des mosaïques et des objets de décoration, révélant un certain sens de la vie et de la fête... les scènes sexuelles où les sexes en érection sont régulièrement représentés ne doivent pas être vues comme le témoignage d'une société dépravée, livrée à tous les vices mais celui d'une civilisation où la relation au corps diffère de nos sociétés contemporaines.Pour autant la société n'est pas idéale, comme il nous est rappelé: "les centaines de graffitis découverts à Pompéi nous enseignent par ailleurs que le plaisir se conjuguait au masculin. On a parlé à juste titre de "sexualité de viol". Ce n'est que dans les classes supérieures et encore dans de rares cas, que l'idée de la parité des sexes dans le droit au plaisir faisait lentement son chemin."
Visite fascinante, révélatrice d'une société à la culture raffinée, au luxe ostentatoire; le diner est l'occasion d'afficher sa richesse à travers sa vaisselle, ses mets, ses bijoux....
"Ce terrible évènement fut pourtant comme le dit Goethe, une grande source de joie pour la pastérité, grâce aux découvertes archéologiques révélées par les fouilles". Cet effroi, créé par l'éruption du Vésuve en l'an 79, nous le mesurons à travers les moulages en platres de deux corps retrouvés recroquevillés, terrassés dans leur fuite. Saisissant.

mercredi 21 décembre 2011

Rome et William Klein - Photos d'Albanie, un aprés midi à la MEP






En 1956, William Klein, photographe  célèbre pour son travail sur New-York , débarque à Rome pour assister Federico Fellini sur le tournage de "Les nuits de Cabiria". Le projet prend du retard, Klein en profite pour visiter la cité accompagné de guides célèbres, Pier Paolo Pasolini, Alberto Moravia... Nous découvrons une ville vivante où les gens mal logés aiment à vivre dans les rues.  De son travail Fellini a dit: "Rome est un film, Klein l'a réalisé", le commentaire de Sophia Loren est tout aussi flatteur: "Klein a des yeux aussi aiguisés que des couteaux. Il est impitoyable et extravagant mais jamais méchant --Il est tendre et drôle et violent -- et, j'en suis sûre, vraiment amoureux de notre Rome délirante".  Pas de doute, en se promenant, rien n'a echappé au regard du photographe, ni les gens du peuple, ni les mannequins, traversant les rues au milieu des pierres antiques.



Nous retiendrons cette photo du mannequin Dorothy Mc Gowan en deuil par Simonetta sur la tombe de Keats "Ici repose celui dont le nom était écrit sur l'eau".

Nous sommes passés également par l’exposition consacrée à l'âge d'or de la photographie albanaise et notamment à la dynastie Marubi. Marubi d'origine Italienne a fui son pays du fait de ses engagements garibladiens. Exilé en Albanie, il s'est installé comme photographe, métier repris par la suite de père en fils. Les images proposées font un portrait d'un pays aux influences multiples imprégnées par l'Orient. Les portraits sont pris devant des décors, nous croisons aussi bien des personnalités que des gens simples pour qui se faire prendre en photo est un évènement considérable, ils ont sorti pour l'occasion leurs plus beaux habits.
Une partie de l'exposition est également consacrée aux portraits funéraires où les proches se faisaient prendre en photo autour du défunt, ainsi une photo d'une famille regroupée autour d'un enfant mort est particuliément émouvante. 
Sublime exposition sur un pan méconnu de l'histoire de la photographie!



L'homme qui regardait les trains - Georges Simenon

Kees Popinga vit à Groninge (Hollande) avec sa femme et ses deux enfants, il est fondé de pouvoir dans un magasin de fournitures de bateaux. Il est tellement confiant dans son employeur, qu'il a placé ses économies dans son entreprise. La vie de Kees Popinga est triste, sans surprise, son plaisir est de voir passer les trains et ces gens qui partent au loin. Cette vie  bascule le jour où son patron avant de prendre la fuite lui apprend  la situation de faillite de son commerce, et les malversations qui ont mené à cette situation... La vie de Kees Popinga s'écroule, il fuit, passe par Bruxelles où il retrouve une maitresse de son patron qu'il étrangle parce qu'elle rit sous son nez quand il exige de sa part des faveurs... notre "héros" continue son voyage à Paris où recherché par la police, il s'engage dans un jeu de cache cache qui va le mener à la folie...

Nous avons failli commettre la faute de ne pas lire un Simenon de l'année, cet auteur majeur qui ne quitte jamais vraiment notre table de chevet, régulièrement nous aimons plonger dans un de ses romans sachant qu'une vie ne suffit peut être pas à faire le tour de l’œuvre monumentale. Comme M Hire, nous retrouvons un homme confronté à sa solitude, sans vie sociale. Un homme traqué qui se retrouve non sans plaisir en une de la presse, mais tout ceci se révèle vain, Popinga ne trouve pas de porte de sortie à son errance si ce n'est dans la folie. L'écriture de Georges Simenon, c'est un peu comme les plans de cinéma chez John Ford, c'est la perfection. La distance, le rythme sont toujours justes, nous sommes saisis dès les premières lignes. Nous  lisons les livres de Simenon comme nous regardons les films de John Ford, avec ferveur. Simenon est un génie!


lundi 19 décembre 2011

Carmadou 2011 - La sélection

Pour la troisième année, nous nous apprêtons à élire nos Carmadou de l'année. Ce prix a la particularité de ne pas être connu des vainqueurs, il n'améliore en rien leurs ventes. A ce titre, nous ne faisons l'objet d'aucune tentative de corruption , le jury   uniquement composé de deux personnes, l'unanimité est la règle, les discussions s'annoncent âpres.

Dans la catégorie Cinéma, nous avons sélectionné:


Nous avions attribué le prix en 2009 à Alains Resnais pour "Les herbes Folles", et en 2010 à Raoul Ruiz pour "les mystères de Lisbonne".

Dans la catégorie Littérature:

Nous avions attribué le prix en 2009 à Emmanuel Carrère pour "D'autres vie que la mienne" et en 2010 à Philip Roth pour Indignation.

Dans la catégorie Musique:


Nous avions attribué le prix en 2009 à Dominique A pour "La musique", et en 2010 à Agnes Obel pour "Philarmonics"

dimanche 18 décembre 2011

NYX - Mansfield Tya

Mansfield Tya est un groupe nantais composé de deux jeunes filles: Julia Lanoë et Carla Pallone... Elles jouent du violon et de la guitare électrique, nous aimons leurs voix et leur complicité... Nous les avons aimées dès leur premier album "June"...

C'était Mansfield Tya en trois lignes, NYX est notre album de la semaine!

Vaclav Havel (05/10/1936 - 18/12/2011)

Sa vie a été qualifié "d'oeuvre d'art" par Milan Kundera. Vaclav Havel est un grand homme, un homme d'exception.Tout est dit !


samedi 17 décembre 2011

Guy Bedos

Nous sommes allés voir Guy Bedos à Bagneux, dans ce qui ressemble fort à une tournée d'adieux. Le poids des ans se fait parfois sentir, moins souple dans la démarche, des trous de mémoires.... mais la hargne est toujours là, et si l'ensemble est plutôt convenu, ses coups de griffes contre la droite nous réjouissent toujours autant. Même s'il a pris un coup au moral en prenant conscience qu'il aurait pu être le père de Christine Lagarde, le natif de Constantine a gardé tout son punch quand il s'agit de régler son compte au "nabot de l'Elysée" et à ses amis. Elégant il refuse de s'attaquer à DSK un homme à terre, il préfère s'en prendre à la méchante Martine... la revue de presse qui a fait sa gloire, reste son meilleur morceau.

Nous avons eu plaisir à voir Guy Bedos sur scène, nous aimons sa méchanceté, il mérite une tournée triomphale, les salles seront debout pour un hommage mérité!

vendredi 16 décembre 2011

Inego - Compagnie les arrosés


"Inego" ou les variations d' Edmond est un spectacle visuel qui nous entraine dans un monde burlesque et poétique. Variations autour d'un miroir, d'un canapé où les quatre comédiens apparaissent et disparaissent, quatre corps qui ne semblent faire qu'un, la mécanique est bien huilée.  Etranges moments poétiques qui enchantent les yeux des enfants qui éclatent de rire .... A voir!

La compagnie les arrosés est un collectif d'artistes et de technicien du cirque, d'une douzaine de personnes qui a fêté son dixième anniversaire en 2008.

mercredi 14 décembre 2011

La poésie de Tomas Tranströmer

Nous le reconnaissons nous ne lisons quasiment plus de poètes contemporains. Alors quelle belle idée que de donner le prix Nobel à l'un d'entre eux, nous succombons au génie de Tomas Tranströmer, poète suédois d'une grande sobriété aux métaphores rares et aux propos universels. N'ayez pas peur, ouvrez ouvrez toutes grandes les portes à l’œuvre de Tomas Tranströmer, voila  que nous plagions le permier discours de Jean Paul II...

Pour finir de vous convaincre, nous vous proposons deux extraits de l'oeuvre de Tomas Tranströmer: Pour notre premier choix nous avons choisi; le même extrait extrait retenu par Pierre Assouline sur son blog la République des Livres

SCHUBERTANIA

I

A la nuit tombante, sur une place en dehors de New York, un point de vue d'où l'on peut, d'un seul coup d’œil, embrasser les foyers de huit millions d'hommes.
L'immense ville, là-bas, est une longue congère scintillante, une nébuleuse spirale vue de coté.
Dans cette galaxie, on fait glisser des tasses de café sur les comptoirs, les vitrines demandent l’aumône aux passants, un grouillement de chaussures qui ne laissent aucune trace.
Les échelles d'incendie  grimpent aux façades, les portes des ascenseurs se rejoignent, un perpétuel flot de paroles derrière les portes verrouillées.
Des corps affaissés somnolent dans les wagons du métro, ces catacombes qui filent droit devant.
Je sais aussi - sans aucune statistique - qu'à cet instant précis, dans une de ces chambres là-bas, on joue du Schubert et que ces notes pour quelqu'un sont plus réelles que tout le reste.

Un deuxième extrait plus court ... toute la sobriété de l'écrivain

SOMBRES CARTES UNIVERSELLES

II

Il arrive au milieu de la vie que la mort vienne
prendre nos mesures. Cette visite
s'oublie et la vie continue. Mais le costume
se coud à notre insu.


Tomas Tranströmer
Baltique
Oeuvres complètes (1954-2004)
Poésie/ Gallimard

dimanche 11 décembre 2011

Franky Knight - Emilie Simon

Un nouvel album de Emilie Simon c'est toujours un évènement, celui ci gardera une place spéciale dans sa discographie puisque entièrement consacré à son compagnon "Franky Knight" décédé il y a deux ans de la grippe A. Elle chante parfois avec une naïveté enfantine son amour qui en rien n'a fondu malgré le temps qui passe. Sublime album d'une grande humanité que nous vous laissons le temps de découvrir!

Franky Knight - Emilie Simon est notre album de la semaine!

samedi 10 décembre 2011

Il était une fois en Anatolie - Nuri Bilge Ceylan

"Il était une fois en Anatolie" nous propose dans sa première première partie un long road movie, où l'on suit de nuit le parcours  de trois voitures dans la campagne turque. A leurs bords, des policiers, deux militaires, un procureur, un médecin, et deux hommes menottés, nous comprenons très vite que l'équipée est partie à la recherche d'un cadavre enterré par les deux suspects. Les arrêts se multiplient, en vain, mais ces pauses permettent  aux différents protagonistes de se découvrir: le procureur fascine le médecin avec l'histoire d'une femme dont la mort semble bien mystérieuse... Le médecin, personnage d'une grande humanité semble décalé dans ce coin perdu, nous finissons par comprendre qu'une rupture amoureuse est à l'origine de son exil, assurément un des plus beaux médecin de l'histoire du cinéma... Malgré la mélancolie des personnages, le film rythmé par un humour subtil ne sombre jamais dans la dépression.

Cinéaste, photographe, le cinéma de Nuri Bilge Ceylan est fascinant, d'une beauté absolue, de longs plans fixes de la campagne, ou d'autres qui scrutent les visages qui révèlent des mystères, des fêlures, nous sommes ainsi  touchés par les plans où le prisonnier coincé sur la banquette arriéré révèle un visage christique tourmenté par ses méfaits... C'est un condensé de la Turquie avec ses archaïsmes mais aussi sa modernité qu'il nous propose à travers ses personnages, toutes les classes de la société sont ici représentées. Les hommes sont omniprésents à l'écran, mais les femmes en forment le cœur, elles sont la cause même des tourments de nos différents personnages... Nous aimons ce regard de contemplatif, où la géographie des paysages est un élément essentiel du film, impossible de comprendre les personnages sans prendre en compte la rudesse de ce monde. 

Souvent comparé à Antonioni, le cinéma de Ceylan d'une grande beauté fascine, il ne faut pas hésiter à se plonger dans le noir et se laisser transporter au fin fond de l’Anatolie. C'est du très grand cinéma!

mercredi 7 décembre 2011

Les neiges du kilimandjaro - Robert Guediguian

Nous n'avons jamais été très sensibles aux fables sociales de Robert Guediguian, nous avouons même notre incapacité à rester devant Marius et Janette. Pourtant cet homme a tout pour nous être sympathique par ses engagements mais inexorablement nous trouvons ses films artificiels, nous sombrons dans l'ennui. C'est finalement le Guédiguian qui se colle à l'Histoire (Le promeneur du champ de Mars, l'armée du crime) que nous préférons...
Alors lorsque nous avons eu à subir  la longue complainte "Many Rivers to cross" de l'insupportable Joe Cocker au début du film nous avons craint le pire...
Et puis nous avons mordu à l'hameçon, nous avons été pris par cette histoire où des ouvriers à la veille de leur retraite se retrouvent confrontés à la violence d'un jeune collègue, cet événement vient bouleverser leurs certitudes. Alors qu'ils se sont nourris au discours de Jaurès, qu'ils ont été de tous les combats sociaux, ne sont-ils pas finalement devenus des petits bourgeois incapables de voir la souffrance des jeunes des quartiers voisins?
Nous avons été époustouflés par une scène de braquage menée de main de maître où l'on perçoit toute la tension et la violence de la situation.
C'est un regard plutôt pertinent que pose ici Robert Guédiguian sur notre société, sur sa violence et ses origines... Son regard rempli d'humanisme ne se voile pas la face sur les réalités de notre époque, mais pour autant il se refuse d'y apporter des réponses simplistes... Nous retrouvons parfois le travers de son cinéma et les personnages tombent par moment dans la caricature, mais n'est ce pas là le propre des fables?
 
Nous avons aimé "Les Neiges du Kilimandjaro", film librement inspiré du poème de Victor Hugo "Les pauvres Gens", mais pourquoi Joe Cocker...

lundi 5 décembre 2011

Les souvenirs m'observent - Tomas Tranströmer

"Ma vie." Quand je pense à ces mots, je vois devant moi un rayon de lumière. Et, à y regarder de plus près, je remarque que cette lumière à la forme d'une comète et que celle-ci est pourvue d'une tête et d'une queue. Son extrémité la plus lumineuse, celle de la tête, est celle de l'enfance et des années de formation. Le noyau, donc sa partie la plus concentrée, correspond à la prime enfance, où sont définies les caractéristiques les plus marquantes de l'existence. J'essaie de me souvenir, j'essaie d'aller jusque-là. Mais il est difficile de se déplacer dans cette zone compacte: cela semble même périlleux et me donne l'impression d'approcher de la mort. Plus loin, à l'arrière, la comète se dissout dans sa partie la plus longue. Elle se dissémine, sans toutefois cesser de s'élargir. Je suis maintenant très loin dans la queue de la comète: j'ai soixante ans au moment où j'écris ces lignes."

Ainsi commence le seul livre du poète suédois Tomas Transtromer écrit en prose. La postface du traducteur Jacques Outin en explique la genèse: "Le manuscrit des souvenirs m'observent, rédigé durant les années 80, était à l'origine dédié aux deux filles de l'auteur" (...) "Il s'agissait donc pour lui de relater l'avant guerre, la seconde guerre mondiale et l'après guerre  telles qu'il les avait vécues. En Suède, cette période fut marquée par le rigorisme, un amour profond et romantique de la nature, un patriotisme dans l'air du temps et une troublante neutralité face à l'Allemagne"

Huit courts chapitres composent ce livre, on y découvre un enfant, marqué par le divorce de ses parents, situation plutôt rare pour l'époque et passionné par les sciences naturelles. Il fait du Muséum National d'Histoire Naturelle son lieu favori de sortie. C'est la découverte de l'école et de la sévérité des maitres, Tomas Transtromer fait d'ailleurs fait allusion au film Tourments de Alf Sofjberg inspiré par l'adolescence de Ingmar Bergman scénariste et premier assistant à la réalisation du film, tourné dans l'établissement du poète qui participa  au tournage en tant que figurant... Cela se termine par sa rencontre avec un professeur de latin, un conservateur imperméable à toute forme de modernité, qui lui fit découvrir la beauté de la poésie d'Horace.

Nous dévoilerons pas tous les souvenirs de ce jeune homme qui se rêvait entomologiste ou explorateur et qui devint un des plus grands poètes de son temps. C'est à lire, c'est une très belle porte d'entrée pour découvrir l’œuvre de cet immense poète, Prix Nobel de Littérature.


Edité chez le Castor Astral.

dimanche 4 décembre 2011

50 words for snow - Kate Bush

Sept morceaux pour nous parler de la neige, de l'hiver, de la nature, mais si nous frissonnons à l'écoute de cet album ce n'est jamais de froid.... Un piano omniprésent accompagné par la batterie du musicien hors pair Steve Gadd, une voix jamais forcée, nous retrouvons la trop rare Kate Bush au sommet de son art. Sept morceaux pour nous faire traverser la froide saison en toute sérénité, nous avons aimé les voix sublimes du  Lake Tahoe, la présence d'un Elton John sur Snowed in at Wheeler Street qui se fond simplement dans l'ambiance musicale de sa jeune groupie.
Nous entendons  le bruit du vent glacé en ouverture de 50 words for Snow, mais cet album saura nous tenir chaud au cœur de l'hiver!

50 words for snow, l'album qui nous fait espérer l'arrivée de flocons de neige est notre album de la semaine!

samedi 3 décembre 2011

Quai d'Orsay - Chroniques Diplomatiques Tome 2 - Lanzac & Blain

Nous découvrions dans le tome 1,  le Quai d'Orsay,  siège du Ministre des Affaires d’Etrangères en pleine effervescence après la chute des Twins Towers. Nous retrouvons dans ce deuxième tome, le ministére au moment où les Etats Unis sont décidés à faire la guerre à l'Irak sous pretexte qu'ils possédent des armes de destruction massive. Nous retrouvons le ministre  Alexandre Taillard De Worms (ne faisons pas de cachoterie, c'est De Villepin) toujours aussi exalté, imprévisible, capricieux... mais finalement au flair assez sûr.  C'est le fameux épisode où la France va se dresser contre les Etats Unis à l'ONU, le discours prononcé par le Ministre des Affaires Etrangères fait date, c'est assurément le sommet de sa carrière politique...
Dans la lignée du tome 1, on lit cette BD avec un grand bonheur, c'est vif et alerte, nous retrouvons Arthur Vlamainck "le reponsable des langages" toujours aussi exploité, maltraité mais finalement indispensable dans cette vie de cabinet ministériel qui ressemble à une vraie fourmilière.Malgré tous ses tourments notre sympathique" plume du ministre" ne sombre jamais dans la solitude. Démocrite et Heraclite restent ses deux fidèles compagnons, sa source inépuisable d'inspiration. 
Nous retrouvons l'esprit du film "l'Exercice de l'Etat" de Pierre Schoeller, mais nous découvrons aussi les arcanes secrètes de la vie diplomatique, les coulisses de l'ONU, car n'oublions pas que Abel Lanzac le scènariste de cette bande déssinées est un vrai diplomate, il connait son sujet de l'intérieur.
Le dessin alerte de Christophe Blain est toujours aussi génial, il donne le rythme à l'ouvrage, nous sommes toujours en mouvement et mais il nous révèle également par le génie de son trait,  l’âme et les états d'ames des différents protagonistes.
Une réussite absolue!

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