mercredi 29 janvier 2014

François Cavanna (22 février 1923 - 29 Janvier 2014)

Sacré bonhomme que François Cavanna, créateur avec son complice  le Professeur Choron du journal satirique Hara Kari puis plus tard de Charlie Hebdo. Les deux compères inventèrent une presse irrévérencieuse et oh combien salutaire dans la France gaulliste. "Un bal tragique à Colombey" faillit lui être fatale, mais il sut avec ses complices passer à travers les mailles de la censure. Nous nous rappelons de sa présence dans les émissions de Michel Polac, de ses coups de gueule, de son passé de rital et de son amour sincère et immodéré de la langue française.... Le type était généreux, sincère, un ennemi acharné de la connerie, de l'hypocrisie et de toutes les formes de fascisme.
Nous n'osons pas lui souhaiter de reposer en paix,nous sommes pas certains que le programme l'enchante.

mardi 28 janvier 2014

La recherche de l'absolu - Honoré De Balzac

Avant de revoir les 400 coups de François Truffaut, nous avions le désir de  relire "La Recherche de l'Absolu", roman de Balzac, source d'inspiration d'Antoine Doisnel lors d'une rédaction . Le jeune homme allant  même jusqu'à créer un autel en mémoire de l'écrivain, espérant attirer sa protection et obtenir un résultat favorable à une dissertation qui devait lui assurer des jours heureux... Si l'aventure se termine mal pour le jeune garçon soupçonné à tort d'avoir recopié la fin du texte qu'il connaissait en fait par cœur...
L'histoire se déroule  dans les Flandres à Douai,  au domicile de Balthazar Claes, descendant d'une grande famille flamande venue autrefois  se réfugier en France pour échapper à la répression espagnole. Marié, il est un homme heureux, au milieu de ses enfants donnant le visage d'une famille épanouie. Tout bascule, le jour où il croise un soldat polonais qui réveille chez Balthazar ancien  élève de Lavoisier, sa vieille passion pour la chimie.
Il va engloutir toute sa fortune dans la recherche, se faisant livrer sans fin les produits nécessaires à ses travaux, pour réaliser cet utopique fantasme, fabriquer des diamants à partir du carbone. Trouver l'absolu.

Son épouse pressentant  la ruine tombe malade avant de mourir... Le vieil homme enfermé dans ses lubies reste enfermé avec son aide dans son laboratoire. Hypothéquant tout son capital, il organise malgré lui,  la ruine de ses enfants. Marguerite l'ainée va tenter de sauver l'essentiel, obligeant son père à prendre un poste de receveur des finances en Bretagne, le temps de sauver ce qui peut l'être encore.

Le roman se clôt sur ce paragraphe qui impressionna le jeune Doisnel:

"Tout à coup le moribond se dressa sur ses deux poings, jeta sur ses enfants effrayés un regard qui les atteignit tous comme un éclair, les cheveux qui lui garnissaient la nuque remuèrent, ses rides tressaillirent, son visage s'anima d'un esprit de feu, un souffle passa sur cette face et le rendit sublime, il leva une main crispée par la rage, et cria d'une voix éclatante le fameux mot d’Archimède: Euréka ! J'ai trouvé. Il retomba sur son lit en rendant le son lourd d'un corps inerte, il mourut en poussant des gémissements affreux, et ses yeux convulsés exprimèrent jusqu'au moment où le médecin les ferma le regret de n'avoir pu léguer à la Science le mot d'une énigme dont le voile s'était tardivement déchiré sous les doigts décharnés de la mort."

Roman lu dans le cadre de 2014 année François Truffaut

lundi 27 janvier 2014

Pete Seeger - (03/05/2013 - 27/01/2014)

C'est un maître de la folk music qui disparait ce jour, un de ses pères fondateurs avec le génial Woody Guthrie, de ceux qui donnèrent  une résonance internationale à cette musique populaire américaine.Ils furent une source d’inspiration pour toute une génération, Bob Dylan en tête, ils se retrouvaient tous au festival de Newport.
Pete Seeger ne chantait pas uniquement pour le plaisir, mais aussi dans l'espoir un peu fou de rendre le monde meilleur.
Il mena de grands combats notamment pour les droits civiques au coté de Martin Luther King et plus tard il contesta l'intervention américaine au Vietnam. Il fut un ennemi des vieilles baudruches du maccarthysme... Pete Seeger était un chic type, il ne nous reste plus qu'à chanter de la folk Music ...

12 Years a Slave - Steve McQueen

Solomon Northup est un homme noir libre, vivant avec sa femme et ses enfants à Saratoga dans l'Etat de New-York. Violoniste, il suit deux artistes de cirque pour un spectacle à Washington sans voir le piège. Aussitôt arrivé dans la capitale, enivré par les deux acolytes, il est kidnappé et envoyé dans les états du sud où il est vendu comme esclave. Une seule obsession pour lui, survivre pour retrouver les siens. Il subit les pires humiliations, il est témoin de crimes odieux. Sa chance vient d'un menuisier abolitionniste venu du Canada, ce dernier accepte de prévenir ses proches qui vont le sortir de cet enfer.
Inspiré d'une histoire vraie, Steve McQueen fait un portrait de cette page sombre de l'histoire américaine, dont le pays porte encore aujourd'hui les stigmates. Il se ne laisse jamais déborder par le coté mélodramatique de son histoire. Les crimes sont odieux, insupportables, c'est une négation de l'être humain que dénonce parfaitement le film. Le monstre est blanc, osant se promener une bible à la main...Derrière la pudibonderie se cachent des monstres frustrés sexuellement, se laissant aller à des comportements d'une totale inhumanité . C'est odieux et insupportable.
Chiwetel Eijofor, est bouleversant dans sa quête pour la liberté, sublime lorsqu'il se met à chanter un blues dans un champ de coton, Michael Fassbinder est effrayant dans le rôle du propriétaire, névrosé, violent, il tient parfaitement le rôle de l'immonde homme blanc.
Steve McQueen signe un film impressionnant, il nous semble former un diptyque cohérent avec Hunger qui  reconstituait l'histoire de l'Irlandais  Bobby Sands emprisonné dans les geôles anglaises d'Irlande du Nord.

dimanche 26 janvier 2014

Les contes de la lune vague après la pluie - Kenji Mizogushi(1953)

Japon, XVI siècle, Genjuro est potier dans un village, son voisin Tobei a épousé sa sœur. Les deux hommes ont de grands projets, Genjuro rêve de gagner toujours plus d'argent alors que Tobei se rêve grand Samourai... Cela  pousse les deux hommes sur la route pour rejoindre la ville alors que le Japon est en proie à une guerre civile où les soldats multiplient les crimes et les viols dans les campagnes...
Genjuro, charmé par les compliments dont elle le couvre ,  suit une princesse Dame Wakamusa dont il tombe éperdument amoureux alors que Genjuro par un coup du sort, est reconnu comme grand guerrier...
Mais un prêtre révèle au potier que sa nouvelle épouse n'est qu'un fantôme, il lui ordonne de rejoindre son  premier foyer. Tobei, glorieux soldat  retrouve par hasard sa femme, prostituée dans une maison close après avoir été violée par un soldat, alors que celle de Genjuro a été assassinée. Ce dernier se retrouve seul avec son fils.C'est le temps des désillusions
Comme tout conte, il y a une leçon dans ce film de Kenji Mizoguchi qui nous trace le portrait de deux hommes qui vont se perdre dans les apparences, l'un se veut grand guerrier héros de guerre alors que l'autre veut être reconnu pour son art de la poterie prêt à succomber aux premières flatteries. Les deux hommes vont se perdre dans leur désir de gloire, ce sont les femmes qui vont payer le prix fort de leur vanité... Sublime noir et blanc, Kenji Mizoguchi évite de filmer la guerre et sait la rendre détestable, les femmes y sont les victimes des hommes. Elles sont les grands personnages de ce film qui se termine sur une magnifique plan de l'enfant faisant une offrande sur la tombe de sa mère, un plan qui n'est pas sans rappeler le cinéma de John Ford.

Vu à la filmothèque du quartier latin

Top Hat - Mark Sandrich

John Travers fait une démonstration de claquette à son producteur , dans une chambre d'hôtel. Démonstration qui n'est pas vraiment du goût de la voisine du dessous... qui le fait vite savoir. Début d'une histoire d'amour  entre une jolie blonde et un danseur invétéré, mais parce que la jeune fille se trompe sur l'identité du charmeur, et qu'elle le croit marié à une de ses amis. L'histoire s'annonce plus compliquée que prévu...
Ginger Rogers, Fred Astaire au sommet de leur art, ils donnent à eux deux du relief à cette gentille comédie bien aidés par des seconds rôles très inspirés avec notamment Edward Everett Horton... Sublimes numéros de danse, notamment un où Gingers Rogers vêtue  d'une robe en plumes d'oie qui fit perdre ses nerfs à toute l'équipe du tournage,dont son partenaire... Ce film enchaine  à toute allure gags et parties musicales. Le film s'ouvre sur une scène tournée dans un club anglais pour Gentlemen, où le silence est la règle absolue, un endroit parfait pour faire claquer ses talons et créer l'effroi des honorables membres, le ton est donné ...

Drôle, léger, irrésistible, c'est une comédie parfaite pour un dimanche matin !

Alex Beaupain - Garçon d'honneur (2005)

Parce que nous irons le voir en cette fin de semaine, nous avons ressorti le premier album d'Alex Beaupain où nous retrouvons nombre des compositions de la comédie musicale de Christophe Honoré "les chansons d'amours". Légères et graves, nous aimons les petites histoires sentimentales données par Alex Beaupain.

Garçon d'honneur est notre album de la semaine !


samedi 25 janvier 2014

Les Fausses Confidences - Marivaux - Mise en Scène Luc Bondy

Doriante désargenté a du se séparer de son fidèle serviteur, Dubois. Mais ce dernier engagé chez la jeune et riche veuve, Araminte n'a pas oublié son maître dont il connait la passion pour sa nouvelle maîtresse.  Doriante lui aussi est engagé comme intendant par l'entremise de son oncle, Monsieur Rémy chez Araminte. Dubois à coup de "fausses confidences" va favoriser le mariage entre Araminte et Doriante.Cela contre la volonté de madame Argante, la mère de la jeune veuve qui rêve   de voir sa fille épouser le Comte Dorimont...

Mise en scène dépouillée, Les plans de l’intérieur sont juste esquissés par des pans de murs, le texte de Marivaux se suffit à lui même pas besoin d'artifices pour le faire vivre. Ce sont les acteurs qui vont lui donner vie, en faire ressortir toutes les saveurs, respectant  les silences qui en disent long. Jeu de dupes où Doriante appuyé par son fidèle valet doit convaincre que son amour pour Araminte est totalement désintéressé. il est brillant le jeune homme , difficile de ne pas croire à la sincérité de ses sentiments.
Isabelle Huppert, illumine la pièce de  sa seule  présence, elle boit du champagne, elle pétille, tangue... Veuve et riche, elle a accédé à ce rang si rare pour une jeune femme du XVIII°, elle est libre. Pour ne rien gâcher à ce spectacle, la distribution est à la hauteur de la star, Louis Garrel est particulièrement convaincant en Dorante , jeune homme ténébreux et passionné  tout comme Yves Jacques en Dubois, ou Bernard Verley en Monsieur Remy. Bulle Ogier est irrésistible en belle mère acariâtre.

C'était drôle, léger, pétillant, un grand spectacle !

vendredi 24 janvier 2014

Instable - Compagnie S'Poart - Chorégraphie Mickaël le Mer

Six garçons, six tables, un monde en mouvement, les tables tombent, se rassemblent avant de s'éparpiller aux quatre coins de la scène...Les danseurs se plient à ces obstacles, les maitrisent, ou s’effacent devant eux. Puis un pied de chaque table disparait, le monde devient encore plus instable, chacun tente de faire face seul, on se croise, on se toise, on se mesure, puis une main est tendue, et à deux tout devient plus facile... L'équilibre ne dure qu'un instant.
Venu du Hip Hop, Mickael Le Mer et sa compagnie, offrent durant une heure un spectacle d'une grande beauté.Un décor plutôt froid mais tout se réchauffe à travers l'agilité des corps où la danse est une réponse possible et poétique pour faire face au désordre contemporain, pour trouver un équilibre, une harmonie...
Sublime !

jeudi 23 janvier 2014

Erwin Blumenfeld au Jeu de Paume

Ce fut un vrai plaisir de  visiter l'exposition consacrée à l’œuvre de Erwin Blumenfeld, qui nous proposait un panorama complet de son travail:  dessins, photomontages et photos.
 Né dans une famille juive à Berlin, en 1897, sa vie ne pouvait être tranquille. La mort précoce de son père de la syphilis allait plonger la famille dans l'embarras. Un appareil photo lui fut offert pour ses dix ans, il allait changer sa vie...
Si Erwin Blumfeld, proche des dadaïstes, fit un certain nombre de dessins et de montages, c'est la photo qui fut sa véritable passion... Un autoportrait réalisé alors qu'il n'est gamin démontre déjà son originalité où grâce à un subtil jeu de miroir, il photographie sur le même cliché son portrait de face et de profil.

Installé en Hollande,où il ouvre une maroquinerie, il réalise ses premiers portraits, un cadrage resserré , des contrastes forts, il impose immédiatement un style unique... Venu à Paris, il subit l'influence de Man Ray notamment dans la photographie de nus. Dés 1933, il dénonce l’accès au pouvoir de Hitler,dont il dénonce l'aspect inhumain et sanguinaire dans un photomontage impressionnant .


La mode fit sa fortune, il révolutionna le genre, il devint un photographe vedette du magazine Vogue. C'est par cette reconnaissance qu'il put grâce aux soutiens américains échapper à un funeste destin, quand interné comme juif Allemand dans un camp du sud ouest en Ariège, il va réussir de manière rocambolesque à en sortir et rejoindre New-York via Casablanca. Sublime exposition qui nous a permis de mieux appréhender l’œuvre de Blumenfeld, et de mieux découvrir l'homme dont les aphorismes remplis d'humour nous ont accompagné tout au  long de la visite

Regards sur les ghettos - Mémorial de la Shoah

A la suite de l'invasion de la Pologne en septembre 1939, la volonté immédiate de l'occupant nazi fut de séparer les juifs du reste de la population. Pour arriver à leurs fins, ils ont constitué dans les grandes villes polonaises puis par la suite dans les pays baltes, des ghettos où les populations étaient regroupées, affamées et exploitées .  Si la grande majorité souffre, la mortalité pour malnutrition augmente de manière exponentielle, certains collaborent et s'organisent c'est ainsi que dans les premiers mois il y eut une vie mondaine dans le ghetto de Varsovie, c'est bien là un mérite de cette exposition:  ne rien cacher de la vérité. Il se développe également une vie intellectuelle, une résistance pour tenter de faire face à la barbarie, de ne pas sombrer dans le désespoir.
500 clichés pour rendre compte de cette page sombre de l'histoire, les sources sont diverses. Des clichés ont été l’œuvre de photographes juifs dont notamment Mendel Grossman, leurs clichés cachés, enterrés ont pu être en partie sauvés. Certains sont ceux de photographes officiels nazis venus prendre des photos pour nourrir la propagande antisémite du régime d'Hitler, d'autres enfin ont été l’œuvre de soldats allemands venus en quelque sorte en séjour touristique photographier des juifs.

Nous avons retenus cette paire de chaussures abandonnées, une photo de George Kadish prise dans le Ghetto de Kaunas, avec pour mention manuscrite au dos "The body is Gone" . (Le corps a disparu) . Une photo qui symbolise à elle seule la destinée de millions de juifs d'Europe ..
Visages d'enfants, de femmes, d'hommes courbés,  le parcours est terrible.

A coté de cette exposition, une autre consacrée au sort de la ville grecque de Salonique, appelée alors la "Jérusalem des Balkans". La population est à majorité juive, venue notamment d'Espagne lors de l'Inquisition. Occupée par les Nazis, la politique d’anéantissement y fut implacable.


Pour en savoir plus , le site remarquable réalisé par le Memorial de la Shoah, cliquez ici

lundi 20 janvier 2014

L'attrape-coeurs - J.D Salinger

Viré encore une fois de son collège, Holden Caulfied s'échappe durant trois jours dans les rues de New-York . Il déambule sur les grandes artères, reprend contact avec des anciennes relations avant de retrouver sa petite sœur Phoebe le seul être avec qui il arrive vraiment à dialoguer...
C'est une errance où Holden Cauldfield vomit son horreur du monde, de ses camarades, des filles, de ses professeurs, mais aussi de la musique, du cinéma ... Un adolescent solitaire qui chute dans la dépression , ne parvenant pas à surmonter la mort de son jeune frère Allie , rejetant son ainé depuis qu'il est allé se compromettre à Hollywood vendre ses talents d'écrivain...
Magnifique antihéros, Holden Cauldfield est un personnage qui ne s'oublie pas. Il nous est apparu cohérent de relire ce chef d’œuvre de la littérature du siècle passé, après avoir revisité les romans de Mark Twain et avant de revoir les 400 coups de François Truffaut. L'écriture à la première personne, le langage parlé parfaitement retranscrit n'est pas sans rappeler la littérature du premier .
Rien n'est plus touchant que ces gamins, brillants, intelligents qui peinent à trouver leur place dans le monde des adultes, déjà confrontés à leur solitude dés leur plus jeune age.

dimanche 19 janvier 2014

Mere et Fils - Calin Peter Netzer

Cornelia fait partie de la bourgeoisie de Bucarest, elle vit dans un grand confort, seule sa relation avec son fils unique Barbu est compliquée. Ce dernier ne supporte plus son coté possessif et intrusif, il cherche à couper les ponts; pour Cornelia il est certain que Carmen sa dernière compagne n'est pas étrangère à cette situation.
Lorsqu'elle apprend que Barbu vient d'avoir un accident de voiture au cours duquel il a provoqué par sa faute la mort d'un adolescent alors qu'il roulait à vive allure au volant de sa voiture de luxe, Cornelia va se démener pour éviter à son fils une lourde peine de prison. Une occasion pour elle de reprendre la situation en main....
Le coupable est riche et puissant, la victime est pauvre, alors évidemment usant de son argent il va tenter d'échapper à la sanction judiciaire, pour cela il est prêt à tout, soudoyer les experts, les témoins  et indemniser les victimes.... Nous avons lu à plusieurs reprises que ce film était révélateur de la situation roumaine et de son état de corruption. Nous trouvons que c'est aller un peu vite en besogne, nous y avons vu un thème universel où les puissants sont prêts à tout pour échapper à la justice,   situation aisément transposable en France, aux États-Unis ou dans tout autre pays même développé...  
Il nous est apparu au contraire que la Roumanie avait comblé une partie de son retard, sa bourgeoise est équipée de berlines allemandes et ses cinéastes filment comme les cinéastes indépendants, camera à l'épaule, on peut penser à John Cassavetes, ou à un film du dogme, un film bavard où Luminata Gheorghiu , sorte de "Gena Rowlands" des Carpates est omniprésente dans son rôle de mère castratrice et finalement très envahissante .... c'est un film  sans grande originalité qui relève de l'exercice de style, sombrant dans une certaine forme d'académisme qui a fini par nous ennuyer !
Il convient de reconnaitre que le choc fut rude de passer à l’élégance de la bourgeoisie nippone filmée magistralement par Yasujiro Ozu à la vulgarité des nouveaux riches de notre époque contemporaine!

Fleurs d'equinoxe - Yasujiro Ozu

Le film s'ouvre sur un mariage, un ami du père de la mariée fait l'éloge du couple et souligne la chance que la jeune femme a eu de choisir librement son époux, une situation impossible de son temps.  Mais lorsqu'il découvre que sa propre fille est amoureuse d'un homme qu'il ne connait pas et qu'ils souhaitent se marier, il rentre dans une colère noire, interdisant à sa fille de sortir la maison... mais les temps changent, les jeunes filles solidaires s'organisent.... et finissent par piéger le père qui n'a pas d'autre choix que d'accepter à contrecœur le choix de sa fille...
Il n'y a pas grand chose à dire sur le cinéma d'Ozu qui s'impose au spectateur avec évidence, Fleurs d’équinoxe est son premier film en couleurs, c'est la seule innovation de ce film où Ozu reprend ce thème qui est lui cher, la relation parents enfants.... caméra au ras du sol, les plans sont millimétrés c'est un art du détail totalement maitrisé, c'est une leçon d'élégance et de raffinement où à travers une chronique intimiste et familiale, le cinéaste scrute sans émettre le moindre jugement les changements sociétals... les anciens se retrouvent dans des bars traditionnels partageant le saké alors que la jeune génération préfère les bars de type américain, et le Whisky...
Nous ne nous lassons pas de ce cinéma raffiné sans égal, de l'humour subtil du cinéaste et de son gout immodéré pour la vie... Ozu est le plus grand des contemplatifs

Avishai Cohen & Nitai Hershkovitz - Duende (2009)

"Avec le jazz tout particulièrement, plus vous vieillissez, plus votre propos se précise. Vous jouez moins fort moins de notes mais votre parole porte plus. Nous avons livré ici nos expressions, sans artefact ni virtuosité. Parler avec son cœur, pas ses doigts." (Avishai Cohen)

Duende, l'âme en espagnol est un retour aux sources du jazz, où le contrebassiste israélien en duo avec un jeune pianiste de 20 ans au toucher délicat découvert à Tel Aviv offre un album de 35 minutes associant six compositions personnelles de Avishai Cohen à trois reprises de standards du jazz de Thelonious Monk , John Coltrane et Cole Porter.
Un sublime dialogue s'engage entre les deux musiciens. Un album trop court qui s'écoute en boucle.

Duende de Avishai Cohen et Nitai Hershkovitz est notre album de la semaine !




samedi 18 janvier 2014

Fatoumata Diawara en concert

29 ans , ancienne choriste de Dee Dee Bridgewater et  de Oumou Sangaré, après avoir interprété la sorcière Karaba dans la comédie musicale Kirikou, Fatoumata Diawara a signé un premier album solo dans la langue de Wassalou mêlant sonorités folks et rythmes africains de sa voix captivante ... Sur scène ses compositions prennent toute leur ampleur dans une formation basique d'un groupe rock, basse, guitare  et batterie auxquels s'ajoutent des percussions. Dotée d'une véritable présence, elle a vite fait de se mettre la salle dans sa poche.... Dés la troisième chanson, le public debout est prêt à la suivre dans ses déhanchements. Fatoumata Diawara a donné un concert festif dans la lignée des chanteuses africaines qui l'ont précédé sur cette même scène les saisons précédents: Mamani Keita et Dobet Gnahoré...


L'amour est un crime parfait - Les Frères Larrieu

Nous avons toujours aimé le cinéma singulier des frères Larrieu même si nous avons raté certains de leurs films. Mais la vision parcellaire de leur cinéma, depuis la Brèche de Roland et leur première rencontre avec Mathieu Amalric, nous a toujours réjoui. Cinéastes hédonistes, ils ont su avec talent créer leur propre univers, leur propre langage, offrant une œuvre à part dans le paysage du cinéma français
L'amour est un crime parfait est l'adaptation d'un roman de Philippe Djian, Incidences. A cette occasion, les cinéastes ont quitté leurs Pyrénées natales et ses magnifiques paysages qui ne nous sont pas inconnues, pour s'installer  à Lausanne.
Marc, professeur de Littérature rentre dans son chalet au milieu de la nuit accompagné d'une de ses étudiantes, qui s'offre totalement à lui... A l'issue de cette nuit, la jeune  fille disparait, un inspecteur de police vient interroger cordialement l'enseignant dont le charisme lui vaut une réputation de séducteur au sein de l'université ...
L'enquête ne va pas beaucoup plus loin, nous suivons Marc dans son quotidien, son atelier d'écriture   composé d'étudiants admiratifs . Un quotidien qui révèle néanmoins des failles, notamment dans la relation fusionnelle et incestueuse que le professeur entretient avec sa sœur. Marc voit son poste remis en question, son avenir n'est pas assuré à l'université où sa réputation sulfureuse ne lui vaut pas que des amis. Une situation qui ne s'arrange pas lorsqu'il s'engage une relation avec la mère de l'étudiante disparue. Un climat inquiétant s'installe...
Si nous n'avons pas lu ce roman de Philippe Djian, nous retrouvons à travers cette adaptation, sa vision du monde, sa noirceur et c'est assurément là la réussite de ce film des Frères Larrieu, ne pas avoir trahi l'univers de l’écrivain sans pour autant renoncer au leur. Si la vision du monde est ici moins hédoniste que dans "Peindre ou faire l'amour" mais où le sexe joue un rôle primordial dans les rapports sociaux, nous retrouvons cet humour décalé propre aux cinéastes, ce gout pour l'absurde et ce talent unique pour filmer la montagne.
 Mathieu Amalric est d'ailleurs absolument saisissant , on le voit se transformer au cours du film, son physique devenant de plus en plus inquiétant ... Karin Viard est réjouissante dans le rôle de la soeur, et si nous comprenons bien qu'il y a un problème dans ce chalet on ne sait pas vraiment lequel des deux déraille le plus. Maiwenn, Sara Forestier et Denis Podalydes complètent parfaitement la distribution.

Nous sommes retournés voir un film des frères Larrieu et nous nous sommes régalés

mardi 14 janvier 2014

Philomena - Stephen Frears

Histoire vraie, celle de la douleur infinie d'une mère qui s'est vue confisquée son enfant... Philomena jeune irlandaise est tombée amoureuse un soir de fêtes, emportée par la découverte de la sensualité elle a fait l'amour sans vraiment en connaitre les risques. Enceinte, l'adolescente élevée seule par son père depuis la mort de sa mère est envoyée dans un couvent qui recueille les filles mères sans aucune charité, les jeunes filles deviennent les esclaves des religieuses, les enfants leur sont confisquées, cédés contre rémunération à de riches américains... c'est d'une totale abjection.
Le jour anniversaire des 50 ans de son fils est une torture pour Philomena, elle se libère enfin de son secret pour le confier  à sa fille...  Celle-ci croise un ancien journaliste au chômage depuis son renvoi du poste de conseiller du gouvernement, elle lui propose  d’enquêter sur l'histoire de sa mère. Ce dernier plutôt habitué au monde politique n'est pas intéressé par cette affaire avant de se raviser. Il se plonge dans l'enquête et se prend au jeu, rapidement choqué par le comportement odieux des sœurs  qui font obstruction, il part avec la vieille dame pour l'Amérique... plus rien ne semble pouvoir l’arrêter.

La mention "histoire vraie" a plutôt tendance à nous effrayer, mais la présence de Stephen Frears derrière la camèra nous a plutôt rassuré, il évite parfaitement les écueils de ce film de genre, toujours sobre dans le mélodrame... Il s'amuse aussi à confronter les deux personnages, le journaliste est issu d'un milieu bourgeois aux antipodes des goûts populaires de la vieille dame, permettant à ce drame de trouver sa respiration à travers des scènes de gentille comédie.
Pour autant, le film n'est pas non plus enthousiasmant, il ronronne tout du long, virant parfois à la publicité de voitures de luxe, nous avons fini par nous ennuyer de ce cinéma convenu et sans surprise... Il n'a même pas satisfait notre anticléricalisme, peut être parce que l'Eglise et ses turpitudes n'arrivent plus à nous surprendre, pourtant elles sont particulièrement haïssables les sœurs du couvent de Roscrea.

lundi 13 janvier 2014

Aventures de Huckleberry Finn - Mark Twain

C'est un heureux hasard pour Huckleberry Finn de croiser sur l'île Watson Jim l'esclave de Miss Watson. L'ami de Tom Sawyer s'est enfui pour échapper à son père qui l'avait cloitré dans une cabane au milieu des bois alors que Jim veut se libérer de sa situation pour retrouver sa femme et ses enfants. Les deux compagnons vont faire alliance pour mener la route vers les chemins de la liberté. Sur un radeau, ils descendent le Mississippi, à chaque étape ils vivent des évènements qui vont pousser Huck dans ses retranchements. Ils finissent par croiser deux escrocs, sorte de cousins lointains des pieds nickelés... Nos deux compagnons sont mal embarqués mais le hasard les mènent jusqu'à l'intrépide Tom Sawyer...
Plus fort, plus grand que les aventures de Tom Sawyer, Huckleberry Finn est un sommet de la littérature américaine, une œuvre fondatrice qui dénonce avec force l'esclavage dans les états du sud, mais aussi une révolution stylistique avec une large utilisation du langage parlé. C'est un livre d'aventures qui se lit d'une seule traite, c'est drôle, rempli de fantaisie, une lecture réjouissante, Mark Twain nous donne une leçon d'humanité sans jamais être moraliste.  Pour le brave Huck, les noirs sont esclaves, c'est un fait acquis il a grandi dans ce monde sans se poser de question, il est même tenté de dénoncer son compagnon... Ce voyage avec  Jim  est pour lui une prise de conscience sur la situation scandaleuse faite aux noirs.
Assurément les voyages forment la jeunesse !

Cette lecture ne mérite pas d'être galvaudée, il convient de lire uniquement la version éditée chez Tristram, traduite par Bernard Hoepffner , la plus respectueuse du texte d'origine.

dimanche 12 janvier 2014

Laura - Otto Preminger

Qui a tué Laura Hunt? Jeune fille infiniment séduisante qui doit son"entrée dans le monde" à Waldo Lydecker célèbre chroniqueur mondain , Laura Hunt a été retrouvée assassinée à son domicile, défigurée par un tir à la carabine. Le détective Mark MacPherson va chercher à résoudre cette énigme, il interroge, il enquête s'installant même chez Laura et lisant son journal intime;  mais il succombe à son charme toujours incarné par un portrait  accroché au dessus de la cheminée. Il est littéralement envouté par sa victime.
Les suspects sont peu nombreux, Waldo Lydecker le journaliste vieillissant possessif et jaloux et Shelby Carpenter un bellâtre désargenté fiancé avec Laura. Le soir de sa mort, Waldo Lydecker avait informé la jeune femme des aventures diverses de son fiancé avec notamment un top model Diane Redfern...

"I shall never forget this week-end, the week-end Laura died", sont les premiers mots en voix off de Waldo Lydecker interprété admirablement par Clifton Webb de ce monument du film noir. La production de ce film fut particulièrement chaotique du fait notamment de la détestation que se vouaient le directeur de la Fox Darryl F. Zanuck et Otto Preminger. C'est d'ailleurs parce que les premiers rushs du film dont la mise en scène avait été confiée à Rouben Mamoulian s'avèrent calamiteux, que Zanuck finit par céder le tournage à Preminger.
Malgré tous ces soubresauts, le film est d'une rare beauté, tout est parfait, les acteurs, la photographie de Joseph LaShelle qui utilise à merveille l'ombre et la lumière, la musique et ce thème lancinant qui revient en boucle de David Raskin.La mise en scène de Otto Preminger magnifie Gene Tierney. Il est n'est pas difficile de comprendre l’envoutement de l'inspecteur Mac Pherson, nous sommes comme lui scotchés dans nos fauteuils.

Laura est un film magique, une merveille du septième art !

Film vu dans le cadre du ciné club de Claude Jean Philippe au cinéma l'Arlequin.

Avishai Cohen - Almah

C'est toujours avec joie que nous retrouvons le contrebassiste israélien Avishei Cohen. A son traditionnel trio composé avec le pianiste Nitai Hershkovitz et le batteur Ofri Nehemiah est venu s'agréger un quatuor à corde et un hautbois, à l'occasion de son dernier album Almah. Un parfait métissage donnant à sa musique jazz des résonances de musique classique, Avishai Cohen ne cesse de nous surprendre en allant puiser son inspiration de l'Amérique à l'Orient ...chaque album est l'occasion d'enrichir son répertoire, d'ouvrir une nouvelle porte, la musique d'Avishai Cohen n'a pas de frontière...

Almah est notre album de la semaine.


samedi 11 janvier 2014

Ariel Sharon (26/02/1928 -11/01/2014)

Acteur majeur de l'Histoire israélienne, Ariel Sharon est un personnage complexe.Responsable  de ne pas avoir  empêché le massacre de Sabrah et Chatila perpétré par les phalanges chrétiennes contre les réfugiés palestiniens au Liban, il dut se retirer un temps de la vie politique de son pays.  Par la suite, à la tête de son gouvernement il fut celui qui démantela les colonies juives de Gaza. Né en 1928, il participa à toutes les guerres de son pays.
Un sujet passionnant pour les  historiens qui tenteront d'écrire la vérité sur ce personnage hors norme.

Un article complet sur Ariel Sharon, cliquez ici

vendredi 10 janvier 2014

Phèdre de Sénèque - Mise en scène Elisabeth Chailloux

Seule depuis la disparition de son époux Thésée, Phèdre se jette dans les bras de son gendre Hippolyte, né d'une union précédente de Thésée avec la reine des Amazones. Ce dernier la rejette, humiliée Phèdre l'accuse de l'avoir violée ce qui condamne à mort le jeune homme lorsque son père de retour apprend ses méfaits. Torturée par ses remords Phèdre avoue son forfait avant de se donner la mort.
Dans une traduction superbe de Florence Dupond, c'est à une représentation du texte de Sénèque de la légende de Phèdre crée à l'origine par Euripide que nous avons assistée. Nous avons été rapidement assommés par la mise en scène de Elisabeth Chailloux , un choix monocorde de diction rendant le texte long et ennuyeux, où les chœurs deviennent de longs tunnels sans fin déclamés d'une voix qui pouvait rappeler les voix off des reportages des chaines de télévision commerciales.
Phèdre chancelle entre deux crises d'hystérie pour autant Marie Payen arrive à tirer son épingle du jeu, par la qualité de sa diction, la justesse de sa voix, elle est la seule avec sa nourrice interprétée par Marie-Sonha Condé à nous avoir convaincus. Hippolyte interprété par Adrien Michaux, et Jean Boissery dans le rôle de Thésée finissent par n'être que de vils aboyeurs sans intérêts. Plus ennuyeuses sont les scènes qui par leur ridicule déclenchent le rire du spectateur alors que nous sommes en pleine tragédie... mais il était difficile de se retenir lors de la mort ridicule de Phèdre ou lorsque les restes d’Hippolyte furent déposés dans des sacs en plastique de couleurs variés...
Ce spectacle est une déception, pourtant le texte du stoïcien Sénèque n'a pas perdu de sa force, il est toujours aussi actuel tant l'humanité apparait toujours rongée par les mêmes folies:


"En vérité grisée par une vie trop facile
Gorgée de luxe et de raffinements
l'humanité cherche sans cesse du nouveau
Une soif morbide de jouissance ronge le cœur des favoris de la fortune
Pourquoi les simples citoyens ont-ils des plaisirs simples
Pourquoi les hommes ordinaires savent-ils se modérer
Tandis que les rois et les banquiers ne rêvent que de débauches et perversions?
Le pouvoir fait désirer l'impossible."


mercredi 8 janvier 2014

Les mistons - François Truffaut

Lorsqu'il réalise le court métrage "les mistons", François Truffaut joue gros, sa crédibilité de cinéaste qui doit lui ouvrir les portes de la réalisation d'un premier long métrage. Et dieu sait si il est attendu au virage après avoir durant des années réglé leur compte aux seigneurs du cinéma français par ses articles des cahiers du cinéma. Les hostilités furent ouvertes avec son article "une certaine tendance du cinéma français" paru dans le numéro 31 des cahiers du cinéma de janvier 1954 qui reste une date majeure  C'est le premier acte du big bang de la nouvelle vague, un acte fondateur.

Ce premier film inspiré par une nouvelle de Maurice Pons est l'histoire d'une bande de gamins qui persécute un couple d'amoureux, parce qu'ils sont dingues de la fille et donc affreusement jaloux du garçon.
François Truffaut a engagé pour ce film Gérard Blain ,repérè dans le film de Jean Duvivier avec Jean Gabin "voici le temps des assassins", il fut alors le seul épargné dans sa critique.

Le film tourné dans les rues de Nîmes et dans les Cévennes chez Bernadette Laffont dure 18 minutes, les moyens sont minimes mais pour autant ce film annonce tous les grand thèmes truffaldiens:

L'enfance, le cinéaste révèle toute sa capacité à capter l'enfance dans toute sa spontanéité, il est juste,  jamais moralisateur
Son amour des femmes, Gerard Blain devait être la vedette de ce film, mais très vite son personnage s'efface  devant celui incarné par Bernadette Laffont dont c'est ici le premier rôle. Elle fut présentée par Gerard Blain dont elle était l'épouse. Truffaut capte la sensualité qui se dégage de son corps, il filme ses jambes, il est fasciné par la jeune fille... il a allégrement nourri la jalousie de l'acteur et sa rancouer de se voir jouer un simple second rôle...
Le gout de la littérature, à travers  la lecture du texte de Maurice Pons en voix off , on saisit parfaitement le goût du cinéaste pour la littérature et son respect pour les écrivains, hors de question pour lui de porter atteinte à l'intégrité de l’œuvre ce qu'il a suffisamment reproché dans sa critique du cinéma français d’après guerre, il met son cinéma au service de l’écrit, un élément que nous retrouvons notamment dans ses adaptations des romans de Henri Pierre Roché.
Il tourne dans des décors naturels à  Nîmes et notamment au cœur des arènes, et dans les Cévennes voisines, le pays de Bernadette Laffont...

Mais Truffaut n'a pas encore quitté son costume de critique, si il rend hommage à l'arroseur arrosé des frères Lumières, il ne peut s’empêcher  d’égratigner Jean Delannoy et son film Chiens perdus sans collier dont il fait déchirer avec jubilation l'affiche par les mistons.

Le film est un succès, le cinéaste est prêt à faire ses 400 coups !

Film vu dans le cadre de notre cycle 2014, année François Truffaut

mardi 7 janvier 2014

La leçon de piano - Jane Campion

Nous n'avions pas prévu de faire un billet sur la leçon de piano que nous avons revue le week end dernier. Mais la nomination de Jane Campion à la présidence du Jury du prochain festival de Cannes nous a décidé à écrire quelques lignes sur ce film qui partagea la palme d'or du festival 1993 avec Adieu ma concubine de Chen Kaige . Pour la petite histoire Micheline Presle  était alors la présidente du Jury

Une femme et sa fille Flora parties d'Ecosse débarquent en Nouvelle Zélande avec pour bagages des malles et un piano. Nous sommes au XIX siècle, Ada Mc Grath fille mère a été envoyée par son père de l'autre coté du globe pour épouser un colon Alistair Stewart dont elle ne sait rien. Muette depuis l'age de six ans, elle communique par signes avec sa fille.
Devant traverser un terrain hostile, le futur époux refuse de transporter le piano de la jeune femme, il le laisse à l'abandon sur la plage sans mesurer son état de détresse . Baines, ami et voisin de Stewart, un être plus frustre, illettré,  vivant en harmonie avec les maoris, pressent l'importance de l'instrument de musique pour Ada. Il rachète le piano à Stewart contre des terres, et demande à la jeune femme de lui donner des leçons. D'abord hostile, elle finit par accepter la proposition de Baines, un deal pour que la jeune femme reprenne possession de son instrument....
Mais au fil des rencontres, ils vont se découvrir une sensualité commune. Flora jalouse de cette relation va alerter Stewart et déclencher sa colère...
Le cinéma de Jane Campion se situe dans la la lignée de la littérature féminine anglaise du XIXème, notamment des romans des sœurs Bronté. La femme est au cœur de son cinéma, qui est aussi un cri de révolte contre le politiquement correct et les normes de la société bien pensante . La leçon de piano forme une œuvre cohérente avec ces deux précédents films Sweetie et Un ange à ma table...
Dés la première scène de rencontre tout est dit, le futur époux découvrant sa nouvelle épouse est déçu il la trouve trop petite, Baines déjà ému par la, jeune femme s'inquiète de sa fatigue...
Holly Hunter qui a justement été récompensée du prix d'interprétation fait face à un Harvey Keitel puissant et fragile. Sublime
 !

dimanche 5 janvier 2014

Invisible - Chapelier Fou

Pour ce premier album de l'année, nous faisons un détour vers la musique électro qui ne fait pas partie de notre quotidien . Inspiré par le roman de Lewis Caroll Alice aux pays des merveilles, le lorrain Louis Warinsky nous plonge dans un monde féérique à travers sa musique électronique où se mélangent avec grâce au son de son violon,  guitares,  synthétiseurs et autres samplers. Un pur moment de dépaysement et de poésie...

Invisible du Chapelier fou est notre album de la semaine !


samedi 4 janvier 2014

The Lunchbox - Ritesh Batrash

Il est parfois étonnant de voir la critique s'emballer autour d'un film dans un concert de louanges unanimes. S'il convient de reconnaitre que nous avons passé un excellent moment en compagnie de The Lunchbox, c'est avant tout pour le dépaysement qu'il propose avec sa plongée dans Bombay, et l'excitation des papilles gustatives qu'il suscite à voir préparer avec amour les petits plats  par l'héroïne du film pour des amoureux de la cuisine indienne . Mais au niveau cinéma c'est assez convenu, et nous aurions du mal à résister à une seconde vision du film, passé l'effet exotique nous nous imaginons  sombrer dans un ennui certain malgré les deux trois répliques qui font mouche.
Du cinéma indien , très loin des standards bollywoodiens tel que nous pouvons les imaginer, The  Lunchbox est une gentille comédie sentimentale où une épouse délaissée cherche à reconquérir son époux en lui faisant adresser un repas préparé par ses soins à son bureau. Erreur d'aiguillage, il termine sur le bureau d'un inconnu, un comptable en fin de carrière, plutôt bourru et misanthrope, solitaire depuis la mort de sa femme.
De cet imbroglio va naître une correspondance épistolaire entre les deux inconnus, ils vont se découvrir, se séduire, se donner espoir pour un lendemain plus joyeux...Notre bureaucrate grognon reprend gout à la vie et redevient sociable.
Exotique et anecdotique !

Les aventures de Tom Sawyer - Mark Twain

Tom Sawyer, un cabochard, un irrésistible séducteur, élevé par sa tante Polly dans un petit bourg Saint Petersburg dans le Missouri fait les 400 coups souvent accompagné de  son copain Huckleberry Finn. Ils font le mur, l'école buissonnière... Mais leur goût pour les cimetières au cœur de la nuit amène les deux gaillards à être témoins d'un meurtre commis par l'effrayant Igun Joe. Ils tentent d'oublier cette scène, mais l'erreur judiciaire qui est en train de se commettre ronge la conscience de Tom Sawyer...
Ce n'est pas uniquement un livre de garçons, notre noble aventurier a le cœur sensible, la conquête de la jolie Becky Thatcher la fille du juge pousse notre intrépide héros à réaliser les plus grands exploits malgré sa peur des fantômes, des mauvais sorts, victime de toutes ses croyances et autres superstitions.... Tom Sawyer disparait à la quête d'un hypothétique trésor, les villageois inquiets de sa disparition et de celle de ses amis, déclenchent l’alerte générale, impossible de leur mettre la main dessus,  ils sont considérés morts, surement emportés par les flots du fleuve voisin... mais le héros cabotin n'a pas résisté à la tentation de venir écouter son éloge funèbre avant de réapparaitre miraculeusement avec ses deux compagnons aux yeux de tous. Irrésistibles sont les aventures de Tom Sawyer et ses rêves fous de trésor qui vont peut être devenir réalité...

Il convient de lire les aventures de Tom Sawyer éditées chez Tristram, une petite maison d'édition qui a revu la traduction de l’œuvre de Mark Twain. Les précédentes éditions édulcorées ne rendaient pas le génie de la langue de l'auteur américain, Bernard Hoepffner lui rend enfin grâce.

C'est Ernest Heminghway qui rend le plus bel hommage à Mark Twain: " Avant, il n'y avait rien. Depuis, on a rien fait d'aussi bien. "

vendredi 3 janvier 2014

Tel père, Tel fils - Hirokazu Korida

Ryoada, est un homme comblé, architecte passionné par son métier auquel il consacre toute son énergie. Il est époux d'une femme charmante, qui s'occupe de son foyer et élève leur fils unique âgé de six ans. Il souhaiterait juste que son enfant soit plus brillant dans ses activités et notamment au piano....
Cet équilibre harmonieux s’effondre lorsque le couple est convoqué à l’hôpital, on leur apprend qu'il y a eu un souci,  que leur fils n'est pas le leur... il y a eu un échange malheureux avec l'enfant d'un modeste commerçant. Le père dit ses mots terribles: "je comprends mieux alors..."
Les deux familles malgré leurs différences sociales se rapprochent, échangent les enfants pour un week-end, puis sur des périodes plus longues sans savoir quelle décision prendre à terme...
Le film reprend ici l'idée du film  de Etienne Chatiliez, "la vie est un long fleuve tranquille.", mais la comparaison s'arrête là tant le film du japonais Hirokazu Korida s'avère un petit bijou subtil, pudique et raffiné bien loin de la comédie indigeste du publiciste français.
Véritable réflexion sur la filiation et sur la réalité des liens du sang, les femmes sont toutes parfaites dans ce film par leur réflexion sensible, intelligente remplie d'humanité... Ryoada va faire un vrai travail sur lui même, alors que jusque là il ne s'investissait pas vraiment dans sa vie de famille si ce n'est pour donner un jugement souvent cassant sur les performances de son fils il devient un vrai père... cette épreuve est un apprentissage. Sublime!

Nymph()maniac - Lars Von Trier

Une femme étendue sur le sol, est secourue par un monsieur âgé, elle refuse qu'il appelle les secours, il lui propose son hospitalité. Elle commence alors la confession de sa vie de nymphomane depuis la découverte du plaisir sexuel dans son enfance. Le vieil homme par analogie fait des parallèles entre la vie de la jeune femme et ses propres expériences de pécheur à la mouche ou la musique polyphonique de Bach....
Nous avons jamais eu grand goût  pour les confessions des "addicts" quels qu'ils soient. Discours souvent égocentriques avec un dégout de soi, ils sont  la révélation d'une grande solitude. le film n'échappe pas à la règle, il se révèle souvent ennuyeux, parfois drôle malgré lui par le ridicule de certains propos  dont on peut citer en exemple un catalogue de bites de la petite jaune à la grosse noire, mais aussi sublime quand il filme la jeune femme à l’hôpital faisant raconter une dernière fois à son père à l'agonie l'histoire sur les frênes qu'il lui racontait lorsqu'elle était jeune enfant... "Shame" de Steve MacQueen  avait filmé la même solitude mais sans chercher à donner une explication, un film plus silencieux, sombre tout aussi désespéré et finalement plus passionnant
Ce que confirme ce film, c'est que Lars Von Trier est un grand cinéaste, chaque plan le prouve... Un grand cinéaste mais un homme sombre, mélancolique, pathétique lorsqu'il joue la victime bâillonnée et  nous fait la leçon à travers son personnage sur la différence entre Antisionisme et Antisémitisme comme pour se justifier de ses errements passés. La jeune héroïne avec sa copine créent une association de jeunes femmes qui a pour finalité de baiser sans amour avec des règles assez strictes comme ne jamais faire l'amour deux fois avec le même homme... la finalité est de tuer l'amour. Les règles ne sont rapidement plus respectées, le club a une vie assez courte. Nous avons vu là le parallèle avec le Dogma, "club de cinéastes" qui avaient édicté des règles de mise en scène radicales, avec une farouche volonté de détruire des canons considérés comme bourgeois.

Nous ne savons que penser de ce film, si ce n'est qu'il serait sage pour son auteur de partir à la pêche à la mouche, sublime sport,pour trouver la sérénité au cœur de la nature danoise.

jeudi 2 janvier 2014

Une question de vie ou de mort - Michael Powell et Emeric Pressburger (1946)

2 mai 1945, Peter Carter, un commandant de la royal air Force est de retour de mission. Alors que son avion est en flamme, il a une dernière conversation avec June, un jeune américaine de garde dans la tour de contrôle. Il lui indique sa décision de sauter alors que son parachute est hors d'usage au dessus de la mer plutôt que de succomber dans les flammes.June est émue aux larmes charmée par le flegme britannique du pilote.
Echoué sur la plage miraculeusement vivant, Peter retrouve l'opératrice radio américaine. avec qui le coup de foudre se confirme... c'est alors qu'un envoyé du ciel vient lui lui expliquer leur erreur: il n'aurait pas dû survivre à son accident et lui demande de le suivre. Peter Carter désormais amoureux conteste la décision et fait appel refusant de rejoindre le paradis des aviateurs....
Film de commande notamment pour tenter de désamorcer les tensions qui pouvaient exister entre les soldats anglais et américains, cette gentille comédie qui s'amuse sur les préjugés de chacun n'avait rien pour casser trois pattes à un canard.
Mais le duo Michael Powell Emeric  Pressburger va en faire une petite merveille irrésistible à l'humour So British, une comédie raffinée et rare. Sans énormes moyens mais avec une rare subtilité , il cisèle un petit joyau d"après guerre, mélange de fantastique et de comédie où David Niven excelle. Et comme lui nous sommes sous le charme de Kim Hunter. Comme chaque film du duo britannique, ce film est un trésor d'inventivité visuelle, chaque plan est parfait.

Vu au champo

mercredi 1 janvier 2014

2014, année François Truffaut


Parce que nous célébrerons cette année le trentième anniversaire de sa disparition, nous avons décidé d'en faire notre compagnon de route en 2014... Un compagnon de route qu'il n'a jamais vraiment cessé d'être, tant il continue à être présent dans notre quotidien  à travers ses films que nous avons toujours plaisir à revoir, mais aussi ses écrits et son regard toujours pertinent de critique. Si sa plume fut parfois assassine, il sut mettre son talent d'écrivain avant tout au service de ceux qu'il admirait. Il changea le regard porté sur les oeuvres du 7eme Art, ils firent lui et ses amis des cahiers du cinéma des metteurs en scène de cinéma des auteurs, des artistes à part entière.
Passer une année  avec François Truffaut, c'est voir des films, les siens et ceux de ses maîtres et compagnons de route de la nouvelle vague, c'est aussi  lire les livres qui l'ont accompagné tout au long de sa vie.
Passer une année avec François Truffaut, c'est une résolution facile à tenir !

Alors en 2014, nous dirons "François Truffaut, François Truffaut, François Truffaut" comme jadis Antoine Doisnel disait "Fabienne Tabard, Fabienne Tabard, Fabienne Tabard..." transi d'amour dans Baisers Volés !

Il sera notre pape François !

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