Nous avons toujours aimé le cinéma singulier des frères Larrieu même si nous avons raté certains de leurs films. Mais la vision parcellaire de leur cinéma, depuis la Brèche de Roland et leur première rencontre avec Mathieu Amalric, nous a toujours réjoui. Cinéastes hédonistes, ils ont su avec talent créer leur propre univers, leur propre langage, offrant une œuvre à part dans le paysage du cinéma français
L'amour est un crime parfait est l'adaptation d'un roman de Philippe Djian, Incidences. A cette occasion, les cinéastes ont quitté leurs Pyrénées natales et ses magnifiques paysages qui ne nous sont pas inconnues, pour s'installer à Lausanne.
Marc, professeur de Littérature rentre dans son chalet au milieu de la nuit accompagné d'une de ses étudiantes, qui s'offre totalement à lui... A l'issue de cette nuit, la jeune fille disparait, un inspecteur de police vient interroger cordialement l'enseignant dont le charisme lui vaut une réputation de séducteur au sein de l'université ...
L'enquête ne va pas beaucoup plus loin, nous suivons Marc dans son quotidien, son atelier d'écriture composé d'étudiants admiratifs . Un quotidien qui révèle néanmoins des failles, notamment dans la relation fusionnelle et incestueuse que le professeur entretient avec sa sœur. Marc voit son poste remis en question, son avenir n'est pas assuré à l'université où sa réputation sulfureuse ne lui vaut pas que des amis. Une situation qui ne s'arrange pas lorsqu'il s'engage une relation avec la mère de l'étudiante disparue. Un climat inquiétant s'installe...
Si nous n'avons pas lu ce roman de Philippe Djian, nous retrouvons à travers cette adaptation, sa vision du monde, sa noirceur et c'est assurément là la réussite de ce film des Frères Larrieu, ne pas avoir trahi l'univers de l’écrivain sans pour autant renoncer au leur. Si la vision du monde est ici moins hédoniste que dans "Peindre ou faire l'amour" mais où le sexe joue un rôle primordial dans les rapports sociaux, nous retrouvons cet humour décalé propre aux cinéastes, ce gout pour l'absurde et ce talent unique pour filmer la montagne.
Mathieu Amalric est d'ailleurs absolument saisissant , on le voit se transformer au cours du film, son physique devenant de plus en plus inquiétant ... Karin Viard est réjouissante dans le rôle de la soeur, et si nous comprenons bien qu'il y a un problème dans ce chalet on ne sait pas vraiment lequel des deux déraille le plus. Maiwenn, Sara Forestier et Denis Podalydes complètent parfaitement la distribution.
Nous sommes retournés voir un film des frères Larrieu et nous nous sommes régalés