mardi 8 novembre 2011

Retour à Killybegs - Sorj Chalandon

Retour à Killybegs, c'est l'histoire de Tyrone Meehan combattant de l'IRA qui finit par trahir les siens et devenir un agent de renseignement du MI5, parce que sa vie de combattant, les années de prison sont devenues insupportables. Il finit par ceder au chantage des autorités pour protéger sa femme et son fils. Ou tout simplement finit-il par trahir pour sauver des vies parce qu'il ne croit plus à son combat, qu'il sait la victoire de l'IRA impossible, et qu'il est fatigué de voir ses copains mourir au combat. C'est aussi l'histoire d'un homme considéré comme un héros par les siens pour un exploit militaire qu'il n'a jamais réalisé et qu'il n'a jamais voulu démentir, un mensonge devenu pesant avec le temps...

Retour à Killybegs, c'est aussi un livre formidable sur l'histoire contemporaine de l'Irlande du Nord, un livre qui vient en complément des films de Ken Loach et du merveilleux roman de Dermot Bolger "Toute la famille sur la jetée du paradis".
On replonge ici dans l'épisode des grévistes de la faim où Bobby Sands trouve la mort ainsi que neuf autres de ses compagnons au début des années 80, le sujet du premier film de Steve McQueen "Hunger"... Les conditions d’emprisonnement sont épouvantables, il n'y a aucune raison de douter de la sincérité de l'amitié du premier ministre anglais pour le dictateur chilien Augusto Pinochet. Margaret Thatcher est un monstre.
Histoire terrible, totalement maitrisée par Sorj Chalandon, spécialiste de la région pour y avoir travaillé comme journaliste, son travail fut reconnu alors par  le prix Albert Londres...
Une histoire de trahison qui nous renvoie aux mots d'André Malraux lors de l'entrée des cendres de Jean Moulin au panthéon en  1954 qui n'oublia pas de rendre hommage même à ceux qui ne surent garder le silence :

"Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège d'exaltation dans le soleil d'Afrique et les combats d'Alsace, entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi ; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé ; avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les crosses ; avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l'un des nôtres. Entre, avec le peuple né de l'ombre et disparu avec elle - nos frères dans l'ordre de la Nuit...  Commémorant l'anniversaire de la Libération de Paris, je disais : « Ecoute ce soir, jeunesse de mon pays, ces cloches d'anniversaire qui sonneront comme celles d'il y a quatorze ans. Puisses-tu, cette fois, les entendre : elles vont sonner pour toi."

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