samedi 21 mai 2016

Julieta - Pedro Almodovar

Julieta s’apprête à quitter Madrid pour suivre son amoureux au Portugal. Elle croise par hasard Bea, l'amie d'enfance de sa fille Antia . Une rencontre qui la bouleverse totalement.Alors qu'elle n'a pas eu de nouvelles de sa fille depuis de nombreuses années, elle se découvre grand mère.. Elle renonce à son projet de départ pour replonger dans son passé dont elle avait peu à peu effacer les douleurs.
Pedro Almodovar nous revient avec un genre qui a fait toute sa grandeur, le drame avec pour centre un grand rôle féminin. Il décline ici la vie dramatique de Julieta, une romanesque rencontre amoureuse qui basculer dans la tragédie quand son mari, pécheur disparaît en mer alors que leur fille est en colonie de vacances... Julieta et Antia surmontent le drame côte à côte puis devenue une jeune fille, celle-ci s'efface de la vie de sa mère....
Le cinéma de Pedro Almodovar est totalement maitrisé, les plans sont millimétrés, les deux actrices qui incarnant Julietta sont remarquables. Nous sentons l'influence majeure de Alfred Hitchcock notamment lors d'une scène de train, et nous n'oublions pas que le cinéaste est un fan absolu du cinéma de Douglas Sirk. Pour autant nous n'avons pas totalement succombé à cette histoire où il a gommé tout ce qui ce faisait à nos yeux le charme singulier de ces grands films passés, le "folklore espagnol"... Il a épuré son cinéma pour se concentrer la figure centrale de son film, son cinéma y a perdu de son charme et nous n'avons pas retrouvé ici les mêmes émotions que lorsque nous découvrions Tout sur ma mère ou Volver pour citer le dernier film du cinéaste espagnol qui nous ait totalement séduit...

Julieta ne nous a pas totalement emballé ! 




lundi 16 mai 2016

Ma loute - Bruno Dumont

Certains faits divers sordides ont ce pouvoir maléfiques de donner une image sombre et détestable de la région où ils ont eu lieu, et il convient de reconnaitre que la région du nord ne fut pas épargnée dans les dernières années. Dany Boon amuseur public venu de ses terres avait usé de son peu de talent pour signer une comédie populaire "Bienvenue chez les ch'tis" et nous rappeler combien les gars de son pays étaient accueillants ...
Bruno Dumont a lui usé de son grand talent pour signer une comédie décapante qui n'est pas sans rappeler par son coté corrosif le meilleur des comédies italiennes... On  peut ici  nous laisser croire que le  Nord c'est encore pire que la Une des journaux... Anthropophagie, inceste, meurtres à répétitions toutes les horreurs sont bien là.
Ici les pauvres sont des ogres immondes, mais chez les riches ce n'est pas mieux c'est totale décadence... Décidément rien ne va dans le nord.
Cela se passe durant l'été 1910, dans la magnifique baie de Schlack, des corps disparaissent la police s’inquiète... Fabrice Luchini, Juliette Binoche, Valeria Bruni Tedeschi ainsi que les acteurs amateurs nous amusent dans cette comédie sordide pleine de truculences...

samedi 14 mai 2016

Cafe Society - Woody Allen

Coincé entre ses deux parents, Bobby Dorfmann ne se voit pas   reprendre la bijouterie familiale, ou suivre son frère dans ses activités frauduleuses, son avenir n'est pas à New-York. Il part donc à Los Angeles où il espère que son oncle agent de cinéma influent lui trouve une place de coursier... Il tombe amoureux de la secrétaire de son tonton sans savoir qu'elle est la maitresse de ce dernier. Cet imbroglio amoureux  ne lui laisse pas d'autre issue que de retourner dans son Bronx natal où son frère l'installe à la tête d'un bar de nuit... Bobby Dorfmann a peut être trouvé sa place !

C'est le nouveau Woody Allen, cela nous plonge dans les années 30, occasion rêvée pour le réalisateur de filmer  aux sons du jazz de ces années là, si cher à ses oreilles. Oubliées ses tentations bergmaniennes, le cinéaste a définitivement renoué dans la comédie amoureuse tendance Lubitsch. Il excelle dans ce registre là, il ne réinvente plus la comédie comme au temps de Annie Hall, mais il filme avec un tel bonheur le duo Jesse Esseinberg, Kristen Stewart qu'il nous réjouit avec ce film plein de fraicheur qui ne sombre jamais dans une triste nostalgie. Champagne !

mardi 10 mai 2016

Retour à Reims - Didier Eribon

Didier Eribon est un sociologue, professeur d'université à la Faculté des sciences humaines et sociales d'Amiens,. Il a également donné des cours à l'université de Berkeley ou encore à Cambridge. Il est notamment reconnu pour son travail sur la question homosexuelle, son ouvrage, Réflexion sur la question Gay est devenue une référence .

Didier Eribon est né dans une famille ouvrière à Reims. Un milieu social qui ne le destinait pas à mener des études supérieures. Dans la famille Eribon, on est ouvrier de père en fils, on abandonne l'école dés que possible pour rejoindre le monde du travail. Un choix revendiqué selon l'expression  maternelle sans mesurer le déterminisme social qui pèse sur leur tête ... Didier ne s'inscrit pas dans cette tradition, il refuse son destin, renforcé par la révélation de son homosexualité qui le place au ban de  son milieu où l'homophobie est une constante. Une seule issue, l'école les études puis la rupture définitive avec son milieu, en abandonner les tics de langage, de comportements, se réinventer... Profitant d'une bourse, il se retrouve à Paris mais peu au courant des trajectoires, il a raté la route royale, classe préparatoire, normale sup... Son parcours ne lui donne aucune chance quand il est question de passer le concours  d'agrégation de philosophie. Le milieu parisien homosexuel parisien lui ouvre des portes, notamment l'accès au journal Libération, le début d'une belle carrière ...

A la mort de son père, il retourne à Reims après plus de trente ans d'absence, occasion de se retourner sur son histoire avec son regard de sociologue. Il n'assiste pas aux obsèques, mais il se retrouve sa mère le lendemain. Ce retour, outre une histoire individuelle est aussi une histoire de la classe ouvrière  ancrée dans l'engagement communiste, le parti fait partie de leur quotidien, avant de devenir des électeurs du Front national. L'engagement trotskyste, milieu honni par les officiels communistes, fut d'ailleurs un des premiers actes de révolte du jeune homme...

Il n'est pas étonnant qu' Edouard Louis ait dédié son premier roman Eddy Bellegueule  à Didier Eribon tant leurs  deux destins sont proches. Le livre de Didier Eribon, ne relève pas du roman, d’ailleurs nous ne l'avons pas trouvé dans le rayon littérature mais bien en section sociologie. Pour autant, il serait dommage de passer à coté de cet ouvrage, accessible, il nous oblige à poser un regard sur notre monde, sur les mouvements sociaux de ces dernières années et la disparition du discours de gauche, à nous poser finalement les questions essentielles sur la vie de la cité.
Il est aisé de le rapprocher au travail de Pierre Bourdieu, aux romans d'Annie Ernaux,  nous sommes d'ailleurs pas si éloignés de cela du romanesque tant les figures familiales décrites par le sociologue ont toute la puissance des plus grands personnages de roman. C'est une lecture passionnante., essentielle, et bouleversante.

Nous avons lu cet ouvrage parce que nous devions assister à une représentation de l'adaptation théâtrale de ce texte mis en scène par Laurent Hatat.Nous retrouvons dans un décor simple et modeste, le fils et la mère, une valise avec des photos qui sont un prétexte pour replonger dans le passé , comprendre la  cassure... Il se parlent, nous font part de leur réflexion intime, rendant toute la force du texte de Didier Eribon. Antoine Mathieu qui joue le fils est prodigieux, il nous rappelle tout simplement que même classé dans le rayon de sociologie l'ouvrage de Didier Eribon n'est pas empreint de la froideur d'un travail universitaire, c'est de la littérature. Magnifique spectacle !

dimanche 8 mai 2016

Jeux d'été - Ingmar Bergman

A la veille d'un nouveau spectacle, Marie danseuse étoile reçoit dans sa loge un étrange paquet. Il contient le journal intime de Henrik son amour de jeunesse, elle parcours la chronique de son amour de jeunesse, le temps d'un été où le jeune homme meurt accidentellement. Elle repart le temps d'un après midi sur l'ile où elle a connu Henrik, amoureux transi  ...
Marie passe l'été avec lui dans un cadre idéal alors que son oncle lui fait ostensiblement des avances. En pleine communion avec la nature, ils découvrent le désir et l'acte amoureux, un été d'initiation violemment clôturé par la mort tragique du jeune homme qui se fracasse le crane sur un rocher lors d'un plongeon ...Son escapade sur l'ïle   permet à Marie de mettre fin à cette histoire passée et lui donne l'envie de retourner à la vie de se laisser porter et inspirer par l'amour que lui porte un jeune journaliste David.

Considéré comme le premier film vraiment personnel de Ingmar Bergman, il révèle toute sa capacité à exprimer les tourments intimes d'une femme à travers un regard, une expression. Maj-Brigitt Nilsonn son actrice est absolument bouleversante, elle s'approprie totalement son personnage lui donnant toute son épaisseur, elle est filmée magnifiquement et révèle le temps d'une réplique un thème fort du cinéma de Bergman: "Je ne crois pas que Dieu existe, et s'il existe, je le haïrai toujours... S'il était devant moi, je lui cracherai au visage" . Tourné avec très peu de moyens, ce film est d'une beauté absolue !

Vu au Ciné Club de Claude Jean Philippe (Cinéma l'Arlequin)

samedi 7 mai 2016

Free To Run - Pierre Morath

Dans les années 60, les pratiquants de la course sur route étaient peu nombreux; ils passaient pour des illuminés, des marginaux... certains confessent d'ailleurs qu'ils attendaient la nuit pour aller courir pour ne pas être vus. En ce temps là, ils étaient quatre ou cinq à courir dans les allées de Central Park!
Les femmes sont alors interdites de course à pied, c'est un combat pour elles d'obtenir ce droit , un combat âpre et acharné dont nous n'avions jamais mesuré l'importance. Elles durent gagner ce droit comme le droit de voter ou d'avorter. Le marathon féminin fut inscrit pour la première fois en 1984 au Jeux Olympiques de Los Angeles. Quatre ans plutôt les courses féminines s’arrêtaient au 1500 m.
Aujourd'hui, c'est devenu un sport de masse, un phénomène de société, chaque ville a sa course c'est une véritable industrie où les marques se disputent les parts de marché. Au départ, c'est un idéal, un art de vivre, mais devant l'ampleur du phénomène la société de consommation a phagocyté le phénomène, c'est un peu la même histoire que le Rock'n roll quand la musique des Rolling Stones devient musique de Pub...

C'est cette histoire passionnante de la course à pied que nous raconte Pierre Morath dans son documentaire "free to run", outre l'histoire de ce sport nous avons découvert au fil du récit de vrais personnages : Kathrine Schwitzer qui fut la première femme à courir le marathon de Boston en 1967 en grugeant  les organisateurs qui découvrirent un peu tard qu'elle était une femme, ils tentèrent en vain de l'exclure de la course mais protégée par des coureurs elle put rejoindre la ligne d'arrivée,  Steve Prefontaine, coureur de fond charismatique mort accidentellement à 24 ans qui se dressa contre les autorités sportives qui s’enrichissaient sur son dos alors qu'il était obligé de vivre dans une caravane sans moyens ou encore Fred Lebow l'organisateur du marathon de New York ...  A voir absolument, courez-y !

Film vu dans le cadre du ciné club de Potzina

vendredi 6 mai 2016

Baden Baden - Rachel Lang (II)

Ana a 26 ans, elle vient de terminer un tournage à l'étranger où elle avait un emploi de chauffeur. Elle n'a pas vraiment assuré dans son job, mais qu'importe, elle profite de la Porsche de location qu'elle "oublie" de ramener à l'agence pour retourner à Strasbourg, sa ville natale , passer un été caniculaire.
Là, elle n'a pas grand chose à faire, alors elle se décide d'installer une douche dans la salle de bain de sa grand mère hospitalisée après une chute, sans avoir aucune expérience... Elle couche avec son meilleur ami avant de renouer avec son ex...
Ana, c'est Salomé Richard une révélation pour nous elle  incarne parfaitement cette jeune femme qui se retrouve un peu seule dans sa ville natale alors que ceux de sa bande, du temps de sa vie étudiante, semblent avoir trouvé une place dans la société... Elle peut être vue comme une descendante moins cynique de Hyppo le personnage d'un monde sans pitié le premier long métrage de Eric Rochant..
C'est un très beau portrait de femme que signe Rachel Lang , c'est un peu le "binz" dans la vie d'Ana mais elle le gère plutôt bien, il n'y a pas lieu de s'en faire pour elle ... Une jolie découverte!

jeudi 5 mai 2016

Titus n'aimait pas Bérénice - Nathalie Azoulai

Jean Racine est devenu orphelin dés son enfance, son éducation fut confiée à l'institution religieuse . Il va faire ses études chez les jansénistes de Port Royal où sa tante puis plus tard sa grand-mère sont entrées dans les ordres. Il reçoit une éducation intellectuelle rigoureuse; à travers la version latine, il fait la découverte des grands textes. Il révèle un vrai talent pour la version, la phrase latine, décortiquée, quasiment autopsiée n'a plus de secret pour le jeune homme, son talent littéraire est certain. Il découvre la vie mondaine parisienne grâce à son cousin Nicolas. Ses qualités de poète sont très vite repérées, le jeune homme ne manque pas d'ambition, elle est son moteur...
Le siècle est riche et va marquer définitivement l'histoire de la littérature, Corneille, Molière, La Fontaine... Racine veut aussi  marquer son temps  face à  son concurrent , Corneille... Il se lance dans l'écriture de tragédies, son alexandrin sublime  transcende les intrigues, amoureux des actrices il  leur écrit des rôles uniques: Andromaque Phèdre, Bérénice...
Les pièces sont magnifiques, elle se jouent devant le Roi... La carrière dramatique de Racine tourne court , douze pièces uniquement , bien peu à coté de Pierre Corneille. L'auteur de Britannicus a un petit coté "fayot", renonçant à l'écriture dramatique., il ne  résiste pas  à la possibilité de devenir l'historiographe officiel de Louis XIV mais il ne reste aucune trace de ces  écrits officiels, sont perdus dans un incendie ,  Il est rentré dans le rang, a adopté une vie plus convenable en épousant Catherine de Romanet qui  lui donne sept enfants.
Suivant au plus prés la vie du monarque, il est un spectateur privilégié de la vie politique française, allant jusqu'à suivre le Roi sur les champs de bataille. Il revient durant cette période par deux fois à l'écriture dramatique pour Madame Maintenon et ses élèves de Saint-Cyr, Esther et Athalie sont ces deux dernières œuvres ...
C'est une vie de Jean Racine joliment troussée que nous propose Nathalie Azoulay, elle se lit avec un grand plaisir et nous rappelle qu'il fut un de nos plus grands poètes, assurément l'auteur des plus beaux alexandrins de notre langue... Elle nous donne l'envie de replonger dans ses classiques , cela tombe bien Britannicus est bientôt de retour à la comédie Française ..

lundi 2 mai 2016

Hubert Mounier (21/09/1962 - 02/05/2016)

Nous sommes tristes d'apprendre la disparition de Hubert Mounier, un homme élégant qui avait su nous illusionner en nous faisant danser sur une "chic planète". Il serait injuste de le limiter à ce premier tube de l'affaire Louis Trio, c'était un talent immense, le maître de Benjamin Biolay, un chic type .... R.I.P


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