jeudi 28 février 2013

Daniel Darc (20/05/1959 - 28/02/2013)

"Quand je mourrai j'irai au paradis, c'est en enfer que j'ai passé ma vie." (Daniel Darc)

Au début c'était Taxi Girl parce qu'on n'est pas sérieux quand on a dix sept ans puis ce fut une traversée du désert et les paradis artificiel qui furent son enfer, avant de connaitre une renaissance en 2004 avec son magnifique album Crévecoeur. C'était le feu-follet de la chanson française.
Le poète est mort, triste triste est mon âme....

Resquiescat in pace.

mercredi 27 février 2013

Stephane Hessel (20/10/1927 - 27/02/2013)


Né à Berlin, naturalisé français en 1937, résistant, déporté à Buchenwald, puis diplomate après la guerre, Stéphane Hessel participa notamment à la rédaction de la Déclaration Universelle des Droits de l'homme des Nations Unies... Il connut le succès mondial avec son livre "Indignez vous !" qui rappelle la valeur universelle du programme défendu par la comité national de la résistance, un phénomène d'édition âprement discuté, nous ne l'avons pas lu.
Stephane Hessel fut pris dans le tourbillon de la vie dés son plus jeune âge, il resta fidèle jusqu'à son dernier souffle à son humanisme. Une vie parfaite !

mardi 26 février 2013

Les patriotes - Eric Rochant

Möbius le nouveau film d'espionnage d'Eric Rochant doit sortir demain. Nous avons voulu à cette occasion replonger dans les patriotes, son précédent film d'espionnage sorti en 1994. Troisième long métrage du cinéaste qui bénéficie alors de conditions exceptionnelles de production avec 24 semaines de tournage.
Inspiré par deux affaires réelles: le retournement d'un physicien français de la filière nucléaire qui mène au bombardement d'une centrale nucléaire en Irak par Israél et l'affaire Jason Pollard agent américain de la NSA qui va dérober des informations pour les transmettre au service Israelien, découverte cette affaire provoque une mini crise diplomatique entre les deux pays, le film est une plongée dans le monde mystérieux et souvent fantasmé du Mossad,
L'aspect romanesque du film, c'est le personnage d'Ariel Brenner, jeune français parti rejoindre Israel . Engagé dans les services secrets, il fait le choix d'une vie secrète et solitaire. Il va se retrouver au cœur des deux affaires, il fait le lien entre les deux parties du film. Personnage crédible même s'il semble improbable au niveau historique, Frederic Encel spécialiste du proche orient dans un bonus du dvd explique que les agents du Mossad ne sont pas recrutés à l'extérieur des frontières, la présence de la famille des agents à l'étranger pouvant représenter une source de pression incontrôlable .
Le film est le journal de l'agent pris par les doutes sur ses missions, ne supportant pas de voir le sacrifice de personnes pour la cause... Interprété par Yvan Attal, qui prouve à cette occasion tout son talent largement entrevu dans les deux précédents films de Eric Rochant
Nourri par le cinéma américain de Sydney Lumet ou Sergio Leone, la littérature de John Le Carré, nous avons eu toujours eu un coup de cœur pour ce film qui démystifie le monde du secret. Le film fut mal accueilli, véritable désastre économique. Etonnante situation, alors que les réactions semblaient avoir être unanimement positives à la suite des premières projections, notamment à Cannes où  l'ovation avait été sincère, le producteur se rappelant d'une douce euphorie de l'équipe à la sortie de la projection. Eric Rochant, annoncé alors comme le nouveau petit génie du cinéma français a-t-il été victime d'une cabale de son propre milieu?
Il nous apparait plus sage de penser que ce film dans la lignée des grands classiques américains n'est pas sorti au bon moment. Ce film réaliste jamais spectaculaire, pas de poursuite ni coup de feu, un film sombre, lent  où chaque plan est millimétré a été diffusé la veille de Pulp Fiction de Quentin Tarantino qui fit l'effet d'une bombe notamment par sa technique de narration en totale rupture avec les récits linéaires et son style bourré d’énergie, c'est peut être là la cause de ce désastre.
Pourtant ce film garde aujourd'hui toute sa beauté au contraire de  "un monde sans pitié" le premier long métrage qui valut la reconnaissance à Eric Rochant , et qui pourtant a mal vieilli.
L'échec injuste "Des patriotes" est à l'origine d'une traversée du désert de son auteur, qui n'a plus rien produit de convaincant, la réédition du film en Dvd fut l'occasion d'une première réhabilitation . Cet échec fut un coup d'arrêt dans sa carrière, alors nous espérons qu'il retrouve tout son langage cinématographique à l'occasion de Möbius.

lundi 25 février 2013

La passion suspendue - Marguerite Duras

La passion suspendue  est une série d'entretiens entre Marguerite Duras avec la journaliste Leopoldina Pallotta Della Torre. Elle rencontra pour la première fois Marguerite Duras en 1987, rencontre difficile mais la jeune femme finit par obtenir sa confiance. Cette série d'entretiens restée inédite en France, s'organise autour de différents thèmes faisant un tour complet de son œuvre aussi bien littéraire que cinématographique.
Tout commence par sa jeunesse en Indochine, le rapport à sa mère et à son frère ainé violent.
Déjà âgée, nous la retrouvons telle que la décrit Alain Robbe Grillet dans un entretien avec Irène Frein pour le magazine Lire de l'été 2000: "Au départ, c'était une femme drôle, vive, chaleureuse. Sur le tard, elle est devenue ce personnage gonflé d'orgueil qu'on a souvent décrit. Tout écrivain normal doit être persuadé qu'il est le plus grand. Marguerite Duras n'échappait pas à la règle; simplement, il lui était impossible d'imaginer que d'autres écrivains qu'elles l'étaient également..."
Nous retrouvons une Marguerite Duras totalement narcissique, ancrée dans ses certitudes... Passionnante, touchante lorsqu'elle parle de sa jeunesse, ou de la lecture de l’œuvre de Robert Musil "l'homme sans qualité". Nous aurions aimé qu'elle nous parle plus de ceux qu'elle a eu fréquenté au cours du siècle, Robert Antelme son premier mari, ou Maurice Blanchot sont ainsi juste évoqués.
Elle nous fait rire avec ces jugements péremptoires sans grande valeur critique: " Quand je m'entretenais avec l'équipe des cahiers du cinéma, je comparais l'amour que j'ai pour le sublime tragique de Dreyer avec l'intolérance que j'éprouve pour l'esthétisme cérébral à la Bergman. Toute une singerie destinée aux américains qui désirent satisfaire leur insatiable faim de "culture"".

Mais parce que nous aimons tendrement l'auteur  de l'Amant,  nous avons eu  plaisir à lire ces entretiens même si nous n'apprenons rien de nouveau,  nous lisons les mots de la journaliste mais c'est la voix inoubliable de Marguerite Duras que nous entendons...

Marguerite Duras - La passion suspendue - Entretien avec Leopoldina Pallotta Della Torre - Ed du Seuil

dimanche 24 février 2013

Passion - Brian De Palma

Plongée dans la filiale d'une agence de pub située en Allemagne, dirigée par Christine, c'est la blonde qui rêve de  rejoindre le siège de l'agence à New-York. Pour arriver à ses fins, elle manipule sa première collaboratrice Isabelle la brune, n'hésitant pas à s'approprier auprès des patrons américains sa dernière création .. Laurence semble avoir l'emprise sur sa subalterne, un jeu malsain de séduction, de domination, de sexe se met en place. Mais Isabelle n'est pas si naïve, elle comprend le jeu de sa patronne, aidée de sa collaboratrice la rousse Dani, la réplique s'organise...
Elles sont belles, remplies d'ambition, elles ne vont se faire aucun cadeau. La patronne narcissique au point de se faire mouler un masque de son visage, qu'elle fait porter à son amant lorsque celui ci lui fait l'amour, est parfaitement incarnée par Rachel McAdams, Naomi Rapace dans le rôle d'Isabelle dont la fragilité apparente  cache une détermination de fer... Brian De Palma signe un film de haut vol, manipulant avec plaisir le spectateur, le menant sur de fausses routes. Internet, cameras vidéos, téléphones portables, toutes les techniques modernes propres à amplifier la paranoïa de chacun sont un élément essentiel de ce film.

Un De Palma de haut vol...

Vertigo - Alfred Hitchcock


Nous n'avions pas vu Vertigo depuis plusieurs années et nous ne l'avions jamais vu au cinéma. La projection ce jour d'une version restaurée dans la grande salle du cinèma l'Arlequin fut pour nous un réel enchantement.
1958 fut l'année où Kim Novak ensorcelle James Stewart puisque outre le film de Alfred Hitchcock où elle manipule le pauvre Scottie d'une manière diabolique, nous retrouvons quelques mois plus tard le couple dans "Adorable voisine" de Richard Quine où elle incarne le rôle d'une sorcière.
Nous n'avions pas le souvenir d'un film aussi lent, mais ceci n'est point un reproche. Les plans sont d'une beauté incroyable, pas un  de raté, tout est millimétré, c'est stupéfiant. La scène où Madeleine se jette dans la baie de San Francisco est particulièrement impressionnante sur la toile géante, on en prend plein la figure. Nous nous sommes replongés après la séance  dans les entretiens Hitchcock/Truffaut , le cinéaste relève cette lenteur: "Il y a dans Vertigo, une certaine lenteur, un rythme contemplatif qu'on ne trouve pas dans vos autres films souvent construits sur la rapidité, la fulgurance."
Hitchcock n'était pas satisfait de Kim Novak, au départ il souhaitait Vera Miles pour le rôle. Il eut souvent la dent dure pour l'actrice alors qu'elle est formidable comme le lui fait remarquer François Truffaut. Lorsqu'elle réapparait dans la deuxième partie du film en rousse, elle n'est pas vraiment à son avantage, nous soupçonnons Hitchcock d'avoir pris un malin plaisir à enlaidir l'actrice, nous restons persuadés qu'il n'aurait jamais fait de même avec Grace Kelly.
Si l'image prend toute sa dimension à être projetée sur un écran géant, il en est de même pour la musique de Bernard Hermann qui prend toute son ampleur dans la grande salle, elle colle parfaitement à l'image, elle ne force jamais le trait.
Evidemment ce film reste important pour son scénario, et la leçon de suspense que Hitchcock donne au cours des entretiens avec le cinéaste français .Au contraire du roman de Boileau Narcejac il informe rapidement le spectateur que Judy et Madeleine ne font qu'une, seul Scottie ignore cette vérité. Hitchcock explique: "Nous avons créé un suspense fondé sur cette interrogation: Comment réagira James Stewart lorsqu'il découvrira qu'elle lui a menti et quelle est effectivement Madeleine?"
James Stewart, peut être la plus belle filmographie pour un acteur de l'histoire du cinéma, est absolument merveilleux. Sublime dans ce plan, où il regarde Judy sortir de la salle de bain recoiffée d'un chignon, elle réapparait copie conforme de Madeleine. Les deux amants s'embrassent, un baiser d'une rare intensité, la caméra tourne autour d'eux. Un sommet.

Nous avons revu Vertigo d'Alfred Hitchcock dans le cadre du ciné club de Claude Jean-Philippe qui très justement dans sa présentation du film a qualifié l'auteur de poète de la peur...

Cold Fact - Rodrigues

Nous n'avons aucun intérêt pour les Oscars et le grand cirque hollywoodien. Mais il est certain que ces récompenses peuvent être un booster à la carrière de ceux qui ont un nom à faire connaitre.
Nous espérons ainsi la victoire de Sugarman , le documentaire  du cinéaste suédois Malik Bendjelloul consacré à l'étonnante histoire du chanteur Rodriguez . Après l'échec de ses deux premiers albums, il abandonne sa carrière, mais il  va devenir une star en Afrique du Sud vendant plus de disques que les Beatles sans qu'il soit informé de cet étonnant succès, continuant à vivre modestement de son métier d'ouvrier jusqu'au jour où des fans qui le croyaient mort retrouve sa trace.

" Cold Fact a été soutenu, produit et joué par des proches du label Motown. C’est un disque où les fleurs de la soul, un peu fanées, éclosent sur les terrains vagues et pollués de la zone industrielle. Un disque de folk-singer bitumé, dont le ton dur, désenchanté, rejoint celui du MC5 ou des Stooges. Un disque qui semble à la fois bricolé dans l’esprit garage-rock, et voué à entrer dans l’histoire. Tout l’album est un chef d’œuvre en péril, qui s’est effondré à sa sortie."

Stéphane Deschamps - Les Inrocks

Cold Fact le premier album de Sixto Rodriguez est notre album de la semaine!

La bande originale du film de Malik Bendjelloul:

samedi 23 février 2013

Elefante Blanco - Pablo Trapero

Nicolas jeune prêtre belge, échappe de peu à un massacre de forces para-militaires au cœur de la forêt amazonienne. Son ami et collègue Argentin Julian vient le secourir, et le ramène avec lui dans le bidonville de Buenos Aires où il officie. Elefante Blanco est le nom donné à un hôpital en cours de construction depuis des années, jamais terminé... 
Les deux prêtres, aidés notamment par Luiciana une assistante sociale athée,  tentent par tous les moyens d'apporter une aide à une population désœuvrée: une consommation excessive de drogues, une guerre de narco-trafiquants.. La violence est quotidienne, les règlements de comptes se succèdent ...
La foi de Nicolas semble  ébranlée par cette violence quotidienne, Luciana devenue très proche est pour lui une source indispensable de réconfort..
Ce film sans surprise traite d'un sujet largement abordé dans différents médias, nous devons néannoins lui reconnaitre de nombreuses qualités. Il filme sans aucun manichéisme le sujet, il ne cherche pas à faire un tableau sombre du bidonville, il montre clairement qu'une minorité peut s'en sortir et mener à bien des études brillantes de droit ou de médecine alors qu'effectivement une partie importante de la jeunsesse sombre dans la consommation du crack. Il souligne toute la complexité de la situation, ne cachant pas non plus les violences policières , surement un vieil héritage de la dictature militaire qui rend toute forme de dialogue entre les forces de l'ordre et la population impossible... La mise en scène est totalement maitrisée, nous sommes d'ailleurs étonnés que ce film qui a une réelle force documentaire ne soit pas tourné caméra à l'épaule selon une tendance actuelle. Ce choix est en même temps judicieux, il montre un regard apaisé et réfléchi sur ce quartier et ses turpitudes, le film ne relève pas d'une urgence à dénoncer une situation sociale désespérée. 

 Il convient de souligner l'excellente interprétation de Jérémie Renier, un acteur totalement bluffant, la filmographie de ses dernières années témoigne de la richesse de son jeu, rien ne lui semble impossible.. Ricardo Guarin que nous avions déjà vu dans le film de Juan Jos Campanella " Dans ses yeux" est tout aussi remarquable. Martina Gusman, s’intègre parfaitement à ce duo remarquable d'acteurs. A eux trois, ils donnent toute la force à ce film qui se révèle passionnant... Un magnifique hommage à ces prêtres engagés au coté des déshérités prêts à mettre leur vie en danger pour leur apporter assistance, ils sont à des années lumières des turpitudes du Vatican.

Le crunch 2013

Le rugby dans le temple de Twikenham où les chants du public montent avec une ferveur inégalée c'est toujours plus beau . La première mi-temps fut intense, pleine de rage où nous nous sommes juste énervés des simagrées de Morgan Parra, simulant  tel un footballeur, une sale manie chez lui... Les français firent jeu égal , prenant même le dessus sur la mêlée anglaise. Wesley Fofana qui retrouvait sa place au cœur du terrain montra toute sa classe pour un essai plein de panache qui va marquer l'histoire des crunchs à coté de celui de Philippe Saint André de l'édition 1991.Il fut le seul  éclair de génie alors que le jeu convenu des français décidés à bien  faire n'a jamais véritablement inquiété la défense adverse.
La mi-temps fut fatale aux français absents durant toute la deuxième période, les changements furent désastreux, affaiblissant notamment notre mêlée dominatrice.  Michalak, largement étrillé cette semaine dans la presse anglaise pour son niveau de jeu par Sir Woodward l'ancien entraineur anglais, fut catastrophique dés son entrée dans son rôle de chef d'orchestre, il semble définitivement avoir perdu sa baguette magique du dernier automne.  Les quelques munitions furent gâchées, seul Louis Picamoles fut à la hauteur des anglais définitivement dominateurs. Sur un coup de dés, Tuilagui le terrible, bien plus technique que notre Bastaraud au regard toujours aussi terne, n'a eu aucun mal a marqué son essai... Les anglais prirent définitivement le score. Ce fut un crunch d'un bon niveau, une partie agréable à suivre, cela est déjà un progrès !

Victoire logique d'une équipe anglaise rajeunie, nous allons souffrir sur les prochaines années...

Swing low, sweet chariot
Coming for to carry me home
Swing low, sweet chariot
Coming for to carry me home

Angleterre : 23  France: 13

jeudi 21 février 2013

La splendeur des Amberson - Orson Welles

Alors qu'il s’apprête à jouer la sérénade sous la fenêtre de sa promise, Eugene Morgan s'écrase sur sa contrebasse qu'il met en miette. Isabel Amberson humiliée par la déconvenue de son amoureux, préfère épouser  un riche industriel , Wilbur Minafer. De ce mariage, nait Georges, un enfant roi insupportable que les gens de la ville ne peuvent supporter.
Vingt ans passent, Eugene Morgan devenu veuf revient dans sa ville natale accompagnée de sa fille Lucy. Il recroise à l'occasion d'un bal, Isabel, le charme entre les deux anciens amoureux n'est pas rompu... A la mort de  Wilbur Minafer, rien ne semble empêcher les deux amoureux de se retrouver enfin, si ce n'est Georges le fils qui met son veto à cette relation qu'il considère comme une souillure alors qu'il est lui même amoureux de Lucy ...
A la mort de sa mère, George se retrouve seul avec sa tante, il est sans fortune, il doit travailler pour subvenir à ses besoins...

Situé dans une petite ville du Midland à la fin du XIXème , la splendeur des Amberson est la fin d'un monde, celui d'une famille fortunée qui n'a pas su changer son rythme de vie, dépassée par la vitesse du nouveau siècle. Il se dégage de ce film une certaine mélancolie qui accompagne la déchéance des Amberson, le film passe, la demeure se vide de ses meubles. Les rentiers sont à bout de souffle, le monde de l'automobile ouvre le nouveau siècle faisant une place au soleil pour les nouveaux industriels, les Amberson n'y survivent pas.

Ce deuxième film, c'est le début des ennuis pour Orson Welles. Échaudé par l'échec commercial de Citizen Kane organisé par le magnat de la presse Randolph Hearst, les responsables de la RKO vont imposer des coupes au film, plus d'une demi heure au total. Orson Welles parti au Brésil ne reconnait pas son œuvre montée par Robert Wise, le futur réalisateur de West Side Story.

Le célèbre critique André Bazin présente dans son ouvrage consacré à Orson Welles:
"Moins célèbre, faute d'avoir été entouré par une aura de scandale, et aussi parce que Welles renonça à y paraitre comme acteur, Magnificent Ambersons n'est pourtant sans doute pas moins important que Citizen Kane, auquel il est même permis de le préférer. C'est d'ailleurs le point de vue d'Orson Welles, que j'ai entendu opposer l'unité et la simplicité de style des Amberson au "bric-à-brac" de Citizen Kane. Ce qu'on peut dire, c'est que renversant l'ordre habituel, Welles avait donné son film "baroque" avant son oeuvre classique. Mais, au fond, l'essentiel des inventions stylistiques du premier se retrouve mieux maitrisé et plus intelligemment dépouillé dans la seconde, souvent même poussé plus loin. Il n'est pas jusqu'à ce qui frappa le plus efficacement la critique, la force sociale du sujet, qui ne se retrouve avec peut-être plus de subtilité et de profondeur dans cette évocation à la fois réaliste et critique de l'Amérique de la fin du XIX° et du début XX°"

Le film est un échec commercial. La RKO va changer de politique et le faire savoir par sa nouvelle devise : "du spectacle, pas du génie"

Vu dans le cadre de notre cycle: 2013, année Orson Welles

lundi 18 février 2013

La crue de juillet - Hélène Lenoir


"Début juillet, orages et pluies diluviennes ont soudain transformé  le fleuve en torrent, provoquant un accident qui a fortement ému la ville.
Thérèse vient d'arriver. Étrangère, elle a soigneusement préparé son week-end dont le temps fort doit être une entrevue avec un peintre célèbre. mais dés le premier soir, rien ne se passe comme prévu.
Surmontant sa contrariété, elle s'installe à la terrasse d'un bistro, non loin de Karl Ritter, un quinquagénaire fatigué, qui, frappé par sa beauté, la regarde
."

Comme à chaque fois avec les éditions de minuit, le quatrième de couverture nous pousse à la lecture

Hélène Lenoir, nous l'avons découverte avec son dernier roman "pièce rapportée", ce fut un coup de foudre littéraire.
Nous la retrouvons avec joie pour ce week-end à l'étranger, sujet de son nouveau roman. Le ton est particulièrement juste pour décrire une arrivée en pays inconnu, le besoin de se créer un territoire, des repères, il y a toujours quelque chose d'inquiétant à ne plus pouvoir se situer.  Inquiétude accentuée ici par un drame que vient de connaître la cité, créant un émoi collectif auquel Thérése est étrangère. 
Certes pour Thérèse, le voyage est excitant par sa finalité ,obtenir un entretien exclusif avec un peintre retiré du monde, un scoop qui fait le sel su métier de reporter, source inaltérable d'excitation journalistique, obtenir ce que personne ne peut envisager. Mais c'est surtout pour elle l'occasion de fuir son foyer et son homme, une vie dont elle semble lasse. Nous retrouvons ici en fond d'histoire, ce thème du couple récurrent dans l’œuvre d'Hélène Lenoir, une vision sombre, limitée à une convenance sociale ou économique qui n'a pas grand chose à voir avec l'amour.
Peu est dit dans les premières pages, le portrait de Thérèse puis celui de Karl Ritter, un homme blessé, se fait au fil des pages.Comme dans un roman de Patrick Modiano, les personnages gardent une part de mystère et les lieux ont une réelle  importance. Deux êtres meurtris se croisent, ils vont chercher à s'apprivoiser. Le regard est particulièrement juste, les objets modernes qui font partie de notre quotidien s’intègrent parfaitement au récit sans aucun artifice, ils en font naturellement partie.
Si nous citons l'auteur de Dora Bruder, c'est que nous retrouvons les mêmes sensations à la lecture des romans d'Hélène Lenoir. Une fascination pour le personnage central qui fait que nous tournons avec ferveur les pages une à une, avec peu de mots nous nous sentons définitivement liès à Thérése, à travers une histoire intime nous faisons un grand voyage. Toute la magie de la littérature!

dimanche 17 février 2013

Le fils du désert - John Ford

Trois hommes attaquent une bande de l'Arizona.Poursuivis par le shérif et ses hommes, ils fuient dans le désert. William un des trois bandits est touché à l'épaule, alors que le shérif a eu le temps de percer leur poche d'eau. Les trois bandits arrivent à un point d'eau, mais ce dernier a été saccagé par un homme qui a laissé sa femme abandonnée sur le chariot prête à accoucher... Les fuyards lui viennent en aide, le temps pour elle de donner naissance à un petit garçon, de lui donner les prénoms de ses bienfaiteurs, et de les désigner  parrains du bébé avant de mourir épuisée... Nos trois gaillards sont bien embêtées, le bébé entre les bras, ils trouvent dans les affaires de la mère, du linge, un livre sur les soins à donner au nourrisson, du lait concentré et  une bible.  Le temps pour eux de récupérer de l'eau dans les quelques cactus qui les entourent, de trouver l'inspiration dans la bible, ils reprennent la route le bébé dans les bras pour tenter de rejoindre la ville la plus proche: la nouvelle Jérusalem. La traversée s'annonce aléatoire...

Cette parabole des trois rois mages est  un remake en technicolor d'un film muet "Marked Man" qu'il a tourné dans sa jeunesse avec Harry Carey que réalise John Ford en hommage à son acteur décédé à qui il dédie le film., Ford donne d'ailleurs le rôle d'un des trois fuyards à son fils Harry Carey Jr.  au coté de John Wayne. Cette œuvre simple et épurée de Ford énonce tous les thèmes qui lui sont chers: l'amitié, le sacrifice, la mort... Le coté irlandais du réalisateur ressort dans les scènes de bars où les hommes ne peuvent pas prendre un verre de bière sans se mettre à chanter.

Ce drame non dénué d'humour, peut être parce que sa symbolique est un peu lourde,  est rarement cité parmi les grands films du réalisateur, mais comme souvent avec John Ford avec le temps qui passe il convient de  revoir ses films dits "mineur" à la hausse.

Vu à la filmothèque du quartier latin

Boys & Girls - Alabama Shakes

"Ce quatuor, originaire d'une ville située à un jet de pierre des mythiques studios de Muscle Shoals (en Alabama, donc), jouit avant tout d'un phénoménal atout : Brittany Howard, chanteuse tornade noire, pas glam pour un sou, mais dotée d'une voix capable de tout, nourrie de gospel, de soul et de la furie du rock'n'roll."

Hugo Cassavetti - Télèrama

C'est justement pour Brittany Howard que nous avons choisi Boys & Girls de Alabama Shake comme album de la semaine.




samedi 16 février 2013

Käfig Brasil sous la direction de Mourad Merzouki

Photo Michel Cavalca

Un an après le magnifique Correria Agwa, Mourad Merzouki prolonge sa collaboration avec les onze danseurs venus du Brésil. A cette occasion il s'est entouré de quatre chorégraphes, il présente ainsi leur travail:
"De la force brute de ces danseurs, au travail pour le corps et les formes hybrides pour Anthony Egéa, en passant par la poésie de Céline Lefèvre, la rencontre des genres chez Denis Plassard ou le langage Hip-Hop aux couleurs du Brésil d'Octavio Nassur, le spectacle donne à voir en condensé des mondes sensibles."
Les danseurs sont eux même un condensé du Brésil, on retrouve sur scène toutes les couleurs de ce grand pays d'Amérique du Sud. Il ne fait aucun doute, qu'ils viennent tous du milieu du Hip-Hop, débarrassé ici de son coté performance et narcissique. Un spectacle de danse urbaine où certaines séquences peuvent nous rappeler West Side Story mais aussi le Thriller de Michael Jackson, des histoires de rivalités de territoires entre  bandes ennemies mais le bitume est aussi source de poésie...C'est aussi ce que cherchent à nous montrer ces grands gaillards,où derrière la force brute se dégage une véritable souplesse...
Si la beauté du précèdent spectacle reste inégalable, ce dernier spectacle est absolument époustouflant, les danseurs se livrent totalement, c'est une performance rare qui mérite le total respect du public

Ici et là-bas - Antonio Mendes Esparza

Pedro est de retour dans son village, dans la montagne mexicaine du Guerrero. Après avoir passé des années à travailler "là bas" aux Etats-Unis, il revient se réinstaller dans sa famille. Il espère retrouver une vie tranquille, découvrir ses deux filles, et réaliser un rêve, monter un groupe de musique, les Copa Kings. Son épouse tombe rapidement enceinte, la fin de grossesse oblige une hospitalisation qui engendre des frais énormes.
Pedro qui s'est endetté pour acheter les instruments de musique, multiplie les petits boulots faisant chaque jour le tour des chantiers pour trouver une place, parfois en vain. Il est hanté par sa situation économique, l'obligation de retourner là bas se faisant chaque jour plus pressante...
Chronique familiale douce amère filmée sans aucun pathos, de longs plans séquences, des silences, des dialogues rares, le regard posé d'une grande pudeur sur cette famille offre des moments magiques: les rires des deux filles écoutant leur père chanter, la vraie douceur entre le mari et sa femme ... Sans jamais quitter le village si ce n'est pour se rendre dans les environs, Antonio Mendes Esparza raconte avec une grande subtilité, le drame de l'émigration imposée par la pauvreté.

Ce premier film est une réussite, un cinéaste à suivre!

Vu au MK2 Beaubourg


vendredi 15 février 2013

Blancanieves - Pablo Berger

Carmen n'est pas née sous un bonne étoile, sa mère meurt en couche, son père célèbre toréador est devenu tétraplégique après avoir été embroché par un taureau. Devenu veuf il épouse son infirmière... Carmen est elevée par sa grand mère maternelle, à la mort de cette dernière elle rejoint le domaine de son père et tombe entre les griffes de sa belle mère qui lui interdit l'accès à l'étage où son père totalement dépendant est cloitré... La vie est triste pour la jeune fille qui ne reçoit aucune éducation. Après la mort de son père avec qui elle avait su entrer en contact en grugeant sa démoniaque belle mère, elle fuit définitivement le domaine, l'amant de sa belle mère tente de la noyer, la laissant pour morte... La jeune fille est finalement recueillie par 7 nains toreador mais elle a perdu la mémoire, ils la nomment blancanieves...
Pas de doute c'est une version andalouse de Blanche Neige que nous propose Päblo Berger avec pour toile de fond la corrida et le flamenco. Filmé dans un superbe noir et blanc et en muet, le film est d'une poésie rare, nous rappelant que le nain fait partie de la cuture espagnole, difficile de ne pas penser au tableau de Velasquez "les menines".
C'est peut être là le plus grand mérite de "The artist" :avoir rouvert la porte du muet. A la suite de Michel Hazanivicius ,  du remarquable Tabou de Miguel Gomes, Pablo Berger revisite le célèbre conte des frères Grimm avec pour influence le Freaks de Ted Browning, le tout finissant dans un cirque où des êtres difformes sont exposés au regard du public... Film muet qui permet au cinéaste de forcer le trait physique de ces personnages sans les rendre ridicules, l'affreuse belle-mère et son style gothique en ait la parfaite illustration, le muet sied parfaitement au conte, il permet d'en conserver l'esprit originel, de jouer sur les peurs, d’exagérer les sentiments. Nous l'avions déjà constaté lors d'une représentation sur scène d'un Blanche Neige où Nicolas Liautard avait choisi de donner une représentation du conte en théâtre d'ombres sans aucune réplique, un spectacle dont nous gardons un grand souvenir.
Mais ce retour aux sources n'empêche en rien la modernité du propos, l'auteur ose donner à son héroïne un destin de grand toréador, difficilement imaginable dans l'Andalousie du siècle passé et le monde conservateur de la tauromachie. Sublime réussite !
Nous pourrions juste regretter de voir le genre du muet utilisé uniquement pour se replonger dans le passé, d'en faire l'expression d'une nostalgie.

Vu au MK2 Hautefeuille.

jeudi 14 février 2013

Ordet - Carl Dreyer

La programmation des salles de cinéma  est un des joyaux de la ville de Paris, à coté des complexes commerciaux , les "cinés clubs"  qui ne cessent de projeter les monuments du 7eme art résistent gaillardement faisant souvent salle pleine. Ainsi ce jour nous avons pu assister à une projection inespérée de Ordet, chef d’œuvre du cinéaste danois Carl Dreyer à la filmothèque du quartier latin.
S'enfoncer au sous sol de ce lieu pour découvrir ce film qui nous plonge dans les milieux luthériens d'Europe du nord est assez cocasse, lorsqu'on sait qu'au début du siècle précédent l'endroit était un cabaret où venaient s'encanailler les étudiants parisiens.
Ordet est l'adaptation d'une pièce de théâtre de Kaj Munk, pasteur luthérien et auteur dramatique . Homme de droite, nationaliste si il a pu être un temps séduit par la montée du mouvement nationaliste en Allemagne, il se détourna très rapidement du mouvement nazi ne pouvant en supporter l'antisémitisme, pour en en devenir un adversaire acharné. Figure importante de la résistance, il fut exécuté par la gestapo, le 4 janvier 1944.
Dans le n°48 des cahiers du cinéma du mois de juin 1955, Lotte H Eisner qui a eu l'occasion de rencontrer le cinéaste danois recueille les propos suivants:

"Dreyer me raconte son émotion devant ce drame de la foi: Dans un pays où le témoignage de Dieu n'est pas le seul privilège du sacerdoce, Munk nous montre un vieux fermier riche qui pendant sa longue vie a fait preuve d'une croyance chrétienne évoluant dans la joie, doctrine radieuse qu'il oppose au fanatisme religieux d'un tailleur qui a rassemblé autour de lui des zélateurs aussi ténébreux que lui. Mais le vieux fermier, touché par la grâce d'un ciel qui permet le bonheur sur terre, devient une sorte de Job: un de ses fils "celui qui ne croyait pas" perd Inger, sa femme en couches; celui qui croit trop fiévreusement devient fou, se prend pour Jésus-Christ; le troisième, être jeune encore malaxable, se sent attiré par la fille du tailleur fanatique. Drame de la foi où la croyance intense qui ne se marchande pas sort victorieuse: le fou Johannes, redevenu sain, reproche aux affligés, devant le cercueil d'Inger, leur manque de foi et prononce la parole du christ "Femme ressuscite". Inger rouvre les yeux et se lève de son cercueil."

Le film est principalement tourné en intérieur, de longs plans fixes avec parfois un mouvement pour glisser d'un personnage à l'autre.Les extérieurs sont  tournés dans la paroisse même de Karj Munk à Veders dans le Jutland, où le vent semble souffler sans interruption,  une terre qui ne semble pas très accueillante, c'est dans cette même région que se déroule "le festin de Babette", tourné des années plus tard par Gabriel Axel.  Dreyer recrée parfaitement l'ambiance paysanne, dans un style  néo réaliste, prenant d'ailleurs  des paysans de la paroisse pour interpréter divers petits rôles. Brigitte Federspiel qui interprète Inger était réellement enceinte lors du tournage, elle a notamment insisté pour que soient enregistrés ses propres gémissements à la clinique. Un film impressionnant servi par un magnifique noir et blanc, où il finit par se créer une véritable tension qui nous tient en émoi. Sublime!

mercredi 13 février 2013

Walter Spanghero

Il convient de ne pas oublier l'importance du cheval dans la culture anglaise que Jacques A. Bertrand dans son ouvrage "L'Angleterre ferme à cinq heures" avait ainsi synthétisée:  "L'anglais est la plus noble conquête du cheval".
Il est donc hors de question pour l'anglais de dévorer la viande de l'équidé, on ne recense aucune boucherie chevaline dans le royaume. Il est donc facile d'imaginer le choc subi lorsqu'ils ont découvert que  la viande estampillée "pur bœuf" des surgelés Findus était du cheval. Certes la crise n'est pas sanitaire, mais l'escroquerie reste insupportable.
Cette affaire nous a permis de découvrir le parcours abracadabrantesque nécessaire à la production d'une barquette de lasagnes afin d'obtenir le moindre coût pour satisfaire l'exigence des actionnaires  .
L'affaire si elle est bien triste a fini par nous faire rire lorsque nous avons entendu le nom de l'entreprise "Spanghero". Nous ne savons pas si elle est victime de l'escroquerie ou si elle y a participé... Mais son nom nous a rappelé la fratrie de rugbymen qui a marqué l'histoire du rugby français, même si nous savons qu'ils n'ont plus de lien avec l'entreprise qu'ils avaient fondée. De tous, Walter est celui qui a eu la carrière la plus glorieuse.
Ils jouaient au rugby d'un autre temps, une époque où la diététique n'existait pas, on ne lésinait pas sur le cassoulet, sans omettre de finir le repas par un coup de gnôle. Les Spanghero, d'origine italienne, fils d''un père maçon qui avait fui son pays pour échapper à la misère, étaient de sacrés gaillards, c'est devant qu'ils jouaient.
En ce temps là, il n'y avait pas la vidéo pour éplucher les faits et gestes de chacun, le rugby était aussi une histoire de torgnoles. Un histoire d'hommes où l'on causait comme dans les tontons flingueurs, les trognes de chacun étaient la mémoire des combats passés.Avec un nez digne de Cyrano, Walter était la "poutre" de l'équipe, tant qu'il tenait bon, les autres ne risquaient rien. Lors d'un France Angleterre,  le joueur Français, les deux bras en l'air pour réceptionner le ballon eut la désagréable surprise de voir un poing ennemi s'abattre sur son visage, aléa banal des rencontres entre les deux nations. Goguenard, Walter déclara après la partie: "Putain heureusement que j'avais un nez, sinon je l'aurai pris en pleine gueule". Des poètes, des âmes sensibles,  ces types là !

Alors quelque chose nous dit que même s'ils déclarent être embarrassés de voir leur nom associé à cette triste affaire, le père Walter il doit quand même rigoler que  les anglais aient mangé à l’insu de leur plein gré de la vieille carne roumaine.... Sacré Walter!

mardi 12 février 2013

L'écume des jours - Boris Vian

Nous avons été tentés de replonger dans la lecture de l'écume des jours qui avait illuminé notre adolescence, après avoir vu la bande annonce du prochain film de Michel Gondry, adaptation du roman de Boris Vian. Un ouvrage toujours bien classé dans les divers classements des œuvres littéraires du siècle passé.
Nous n'avions rien oublié, la passion dévorante de Chick pour Jean-Sol Partre, l'amour fou de Colin pour Chloé et la maladie de cette dernière qui voit pousser dans ses poumons des nénuphars qui finissent par provoquer son étouffement. Funeste destin.
Un humour absurde rythme le roman, des trouvailles improbables, c'est dans une sorte de bonne humeur que cette histoire tragique est écrite sur un rythme de jazz. Fidèle à son esprit zazou, Boris Vian aime la rigolade,  il fait de Saint Germain des prés son terrain de jeu qu'il finit par livrer aux flammes...
Mais voila, les années ont passé et nous ne savons pas qui du roman ou du lecteur a mal vieilli, mais là rien n'a fonctionné, la magie de notre première rencontre a totalement disparu et la lecture est devenue véritablement un long moment d'ennui alors que nous l'avions lu d'un seul trait dans les temps anciens... Nous n'avons pas ri aux blagues de potache, tout tombe à plat, quelle désillusion !

Il n'aurait pas fallu ...

lundi 11 février 2013

Django Unchained - Quentin Tarantino

La vengeance est assurément le thème central de la filmographie de Quentin Tarantino. Après la vengeance des femmes dans Boulevard de la mort et celle des juifs partis à l'assaut des nazis dans son précédent film Inglorious Bastard, Django Unchained est la vengeance d'un esclave noir, deux ans avant le début de la guerre de Sécession.
Dans le Sud des Etats Unis, le Dr King Schultz, un chasseur de prime d'origine allemande fait l'acquisition d'un esclave noir, Django qui doit lui permettre d'identifier les frères Brittle recherchés pour meurtre. Une fois la mission accomplie, il lui promet de lui rendre la liberté. Les deux hommes sympathisent face à l'hostilité que suscite leur duo  ... Django devenu libre part à la recherche de sa femme Broomhilda dont il a été séparé par ses anciens maîtres, il peut compter sur le soutien indéfectible de son nouvel ami. C'est chez Calvin Candie, un propriétaire terrien qu'il retrouve la jeune femme, mais ils éveillent le soupçon de son homme de confiance Stephen. L'affaire s'annonce compliquée...
Dans la forme, rien de nouveau chez Tarantino , nous retrouvons les mêmes principes narratifs que dans ses précédents films avec une entrée en matière particulièrement soignée, comme un véritable conteur il sait capter l'attention de son public dés le premier plan. Des dialogues ciselés avec un goût immodéré pour la réplique cinglante, une bande son irrésistible, des scènes de violence volontairement exagérées, nous sommes parfois dans le comics, où le cinéaste ne cache pas son plaisir à maltraiter les ordures de l'Histoire... le cinéma cinéphile de Tarantino nourri de séries b, de westerns spaghetti et de films asiatiques s'enrichit ici de référence à la culture européenne, notamment au mythe de Siegfried mais également à l’œuvre d'Alexandre Dumas. S' il fait directement référence  aux trois mousquetaires, Monte Cristo n'est pas bien loin, le désir de vengeance de Django n'est pas sans rappeler celui d'Edmond Dantes.
Mais au delà de cette partie romanesque, le cinéaste est particulièrement précis avec la reconstitution des domaines du sud et leurs maitres esclavagistes, tout ce qui est décrit, les muselières en fer portées par les esclaves, les agressions par des chiens sauvages, les combats à mort ,est confirmé par tous les travaux de recherches. C'est une honte, une tache indélébile dans  l'histoire américaine avec le massacre des indiens.  Tarantino ne transige pas avec le fait historique.
La performance des acteurs est à souligner, Le Dr Schultz n'aurait peut être pas pu exister sans la présence de Christophe Waltz qui lui donne tout son sens, certes le registre de l'acteur ne diffère pas vraiment de sa prestation de Inglorious bastard, mais ne boudons pas notre plaisir il forme un duo convaincant avec Jamie Foxx .  Leonard Di Caprio, dans le rôle de l'odieux Candie est absolument époustouflant, l'acteur le plus passionnant de sa génération, il a une palette de jeu absolument incroyable... rien ne lui résiste, il est fabuleux!

Django Unchained, un film totalement maitrisé, nous a régalé durant ces 2H40 !

dimanche 10 février 2013

Les lumières de la ville - Charlie Chaplin

C'était les lumières de la ville de Charlie Chaplin   au programme du ciné club de Claude  Jean Philippe au cinéma l'Arlequin. En préambule, le critique nous a rappelé l’importance de la ville, devenue un personnage central, prise dans les dernières années du cinéma muet. Il cite ainsi, Metropolis de Fritz Lang, La foule de King Vidor, l'homme à la caméra de Dziga Vertov ou encore les films de René Clair...Le cinéma ne fait alors que suivre un mouvement sociologique d'exode rural, nous sommes juste à l'époque où dans les pays industriels les habitants des villes sont aussi nombreux que ceux des campagnes.
Ce film de Chaplin est un pari, nous sommes au début des années 30 en plein déclin du cinéma muet, nombreux sont ceux qui voient la fin de carrière du cinéaste. Il est obligé de réserver des salles new-yorkaises sur ses propres deniers pour assurer la diffusion de son film. Il joue gros, mais la partie est gagnée, le succès est là..

Il faut dire qu'il ne met pas longtemps à mettre le public dans sa poche.La première scène montre l'inauguration d'une sculpture pompeuse dédiée à la paix et à la prospérité,  le rideau tombe révélant Charlot dormant au creux de la statue monumentale. Il engendre la colère des officiels, la sympathie du public. C'est hilarant, le ton du film est donné... Les gags millimétrés se succèdent,  avec notamment un irrésistible combat de boxe. Nous retrouvons le rire de notre enfance!
Le vagabond au coeur tendre vient à l'aide d'une marchande de fleurs aveugle. Alors qu'il s’apprête à se coucher sur un banc public, il sauve un homme fortuné prêt à se suicider. Ce dernier fait de Charlot  son ami, mais dés que l'ivresse passe il chasse le vagabond... Cette amitié intermittente permet à Charlot de trouver les fonds nécessaires pour payer les loyers en retard de la jeune aveugle qui partage un logement avec sa grand mère et une opération qui doit lui permettre de recouvrer la vue... Parce qu'il est accusé d'avoir volé son ami de la nuit, Charlot est condamné à un séjour à un prison... La jeune femme désespère de retrouver son bienfaiteur.

Les films de Chaplin sont éternels !

French Flair is dead

1991, nous sommes au début du match, les anglais ratent une pénalité, le ballon termine sa course dans les bras du demi de mélée Pierre Berbizier.Futé il fait mine d'aplatir dans l'en but pour un renvoi au 22 mètres... C'est le début d'une grande relance, le ballon passe entre les mains de Serge Blanco, de l'ailier parisien Jean-Baptiste Laffond , du trois quart centre Philippe Sella avant de terminer dans les mains du diabolique Didier Cambérabero... ce dernier coincé le long de la ligne de touche, se joue habilement de plusieurs adversaires avant de délivrer un génial coup de pied de recentrage offrant à Philippe Saint André venu de son aile gauche le ballon. L'essai est marqué entre les poteaux.
Une action de folie, totalement irraisonnable à ce moment du match, qui ne peut plus exister depuis la professionnalisation du rugby où l'imprévu n'a plus sa place. Le rugby français est devenu pragmatique, il envoie en exil sur l'aile droite le talentueux Wesley Fofana pour laisser la place au centre du terrain aux gros gaillards sans imagination. Adieu les cadrages, les débordements, les feintes de passe, l'évitement de l'adversaire n'est plus d'actualité.
En 1991, la France perdait à Twickenham, mais la défaite avait de la gueule... le french flair était alors l'expression d'une camarederie, c'était la crainte de nos adversaires, les néo zelandais n'ont pas oublié la déroute subie sur le gazon anglais en 1999 en demi finale de la coupe du monde où en l'espace de 20 minutes ils virent les bleus marquer trois essais pour une victoire historique (43 à 31) ... L’ère professionnelle est passée par là, le rugby français est devenu petit; mesquin,  aussi bien dans les défaites que dans les victoires. Nous regarderons cette équipe sans panache lutter pour éviter une infamante cuillère de bois....

French Flair is dead !



Au Revoir Simone - Still night, still light

Elles ont des jambes longues et galbées comme Broadway : normal, ces trois beautés fatales viennent de New York. Quant au patronyme en français dans le texte, on le soupçonne de rendre hommage à une certaine idée, détachée, sensuelle et onirique de la pop d'ici, de Air à Gainsbourg. Dans le fond, un vrai girls-band à l'ancienne, qui aurait exporté la candeur et l'évidence des créations machiavéliques de Phil Spector. Mais dans la forme, pas du tout : c'est au diapason d'une electro mélancolique et de disco suave que se susurrent ces chansons obsédantes." 

Lu dans les inrocks.com.

Still night, Still Light de Au revoir Simone est notre album de la semaine. Sorti en 2009, nous ne nous en sommes toujours pas lassés ... Merveilleuses new-yorkaises !

samedi 9 février 2013

Rendez vous à Kiruna - Anna Novion

C’était une chance qu'Ernest, un célèbre architecte, eut la phobie de l'avion, cela nous a permis de le suivre dans un long périple en voiture qui le mena jusqu'à Kiruna, une citée située en Laponie, au Nord de la Suède. Notre curiosité nous a poussé à taper le trajet Paris Kiruna sur "Mappy", résultat 3059 km; plus de trente heures de routes. Un sacré road Movie.
Le but de son voyage est de satisfaire une exigence stupide de l'administration, reconnaitre le corps de son fils décédé dans un accident de bateau. Un enfant  qu'il n'a jamais vu, jamais connu.Cet évènement le renvoie à son passé, alors âgé de 25 ans, Ernest refuse tout idée de paternité, il n'accepte pas la grossesse de sa petite amie qui repart alors dans son pays natal.
Cette histoire reste  une blessure, c'est là, l'occasion pour l'architecte de la clore définitivement et de se délivrer du poids pesant du passé.
Après une traversée en Ferry Boat, il prend en stop un jeune homme francophile de retour dans son pays qui doit se rendre comme lui dans sa partie septentrionale. Ils ne sont pas très bavards, mais une complicité finit par s'installer entre les deux hommes. Le temps pour nous d'avoir la confirmation que les propriétaires de Harley Davidson de tous les pays sont des grosses brutes ou de découvrir le temps d'un arrêt  un groupe local de rock "The Taylors".
Un road movie étonnant où Anna Novion ne cherche à aucun moment à filmer la nature, si ce n'est une rencontre improbable entre l'architecte parti dans la forêt pour téléphoner au calme et un élan . Peu de paroles, mais la présence de Jean-Pierre Darrousin suffit à nous accompagner. On le découvre patron de son cabinet d'architecte, passionné, autoritaire, déléguant peu, tout passe par lui, il n'attire pas spécialement la sympathie... Le voyage avance, au contact du jeune homme qui a le même âge que son fils,  il révèle la faille qui l’empêche de vivre pleinement sa relation avec sa compagne Victoire.
Le plaisir de ce film fut aussi de retrouver dans un petit rôle Judith Henry une actrice trop rare à notre goût. Nous l'avions découverte avec la discrète de Christian Vincent où elle donnait la réplique à Fabrice Luchini. Puis nous l'avions revue dans le séduisant "... à la campagne", de Manuel Poirier où elle partageait l'affiche avec le regretté Benoit Régent.

vendredi 8 février 2013

Wadjda - Haifaa Al Mansour

Wadjda, une fillette qui aime à se promener converses aux pieds, une manière de se distinguer dans un pays aux règles rigoristes, son ton de liberté fâche ses enseignantes... Sur le chemin de l'école, elle croise son voisin devenu son ami, il la suit en vélo... Le vélo devient pour elle un rêve qui semble impossible, difficile d'imaginer au royaume wahhabite une jeune fille déambulant dans les rues assise sur un deux roues...
Mais Wadjda n'est pas une fille comme les autres, obstinée, elle n'a qu'une idée obtenir son vélo... si elle semble avoir obtenu l'assentiment du commerçant, l'argent lui manque et sa mère refuse de l'aider. Ses petites combines ne lui permettent pas d'accéder à l'objet désiré, il ne lui reste plus qu'à participer à un concours de récitation du Coran...
Au dela du simple fait de sa nationalité saoudienne qui fait de cette production une curiosité, Wadja est avant tout un grand film... Dans une veine néo réaliste, il nous plonge à travers le regard d'une enfant dans la réalité des femmes   du royaume saoudien sans jamais dramatiser la situation. Victime d'un véritable "apartheid", elles sont élevées dès le plus jeune âge à l'écart des hommes, éducation reposant sur une bigoterie de bas niveau où l'on joue sur la peur de Satan, Wadjda n'est pas dupe ... Mariage forcé, accès interdit à l'éducation c'est un crime contre l'humanité qui se déroule dans un désert de sable et dans l' indifférence de l'opinion internationale. La pruderie ridicule finit par mettre le sexe au cœur du quotidien.
Mais toute tyrannie engendre sa propre résistance, incarnée ici par une jeune fille au caractère bien trempé,  elle assiste au départ de son père, parti épouser une deuxième femme, parce que la mère de Wadja devenue stérile après son premier accouchement ne pourra lui donner un fils. Une camarade de classe d'une dizaine année arrive un matin avec des photos d'un homme de vingt ans qu'elle vient d'épouser... Nous comprenons la révolte intérieure de la jeune fille qui regarde le monde avec gourmandise. Si obtenir des converses fut surement pour elle une première victoire, le vélo est devenu le but ultime de sa détermination. Elle trouve dans son voisin le plus sur allié, c'est à travers cette jeunesse que la cinéaste semble puiser une source d'optimisme pour les années à venir
Nous imaginons combien la réalisatrice a du être portée par la même détermination pour arriver à ses fins, son film n'est en rien une œuvre politique  mais par son ton de liberté, son sens du récit, sa chronique familiale touche à l'universel.... Il n'y a pas de doutes un jour les femmes seront libres en Arabie Saoudite.

Waad Mohammed est le nom de la jeune actrice, il mérite de ne pas être oublié.


jeudi 7 février 2013

Nuit Rhénane - Guillaume Apollinaire

Pour célébrer l'amitié franco allemande, et les cinquante ans du traité de l'Elysée nous avons choisi un poème de Guillaume Apollinaire inspiré par un voyage en Allemagne (1901-1902). Il fait partie d'un ensemble de neuf pièces, intitulé Rhénanes que l'on retrouve dans le recueil Alcools.
Guillaume Apollinaire affaibli par sa blessure de guerre est mort, victime de la grippe espagnole, le 9 novembre 1918.

Nuit Rhénane

Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme
Écoutez la chanson lente d'un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu'à leur pieds

Debout chantez plus haut en dansant une ronde
Que je n'entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile aux nattes repliées

Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent
Tout l'or des nuits tombe en tremblant s'y reflèter
La voix chante toujours à en râle mourir
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l'été

Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire

dimanche 3 février 2013

Et vogue le navire... Federico Fellini

Plus de doutes, les films de Federico Fellini ne supportent pas le passage au petit écran. Jusqu'à ce jour nous n'avions pas vu la beauté de "Et vogue le navire" qui s"impose dans toute son intégralité lors de sa projection de l'écran de la grande salle du cinéma l'Arlequin.
Juillet 1914, Histoire d'une croisière, un voyage qui réunit tout le gotha de la musique lyrique pour rendre un dernier hommage à une soprano décédée, Edmée Tetua, une diva adulée dont les cendres doivent être dispersées aux abords de l'ile d'Erimo. Chanteurs lyriques, musiciens,  musicologues mais également un archiduc autrichien  composent ce groupe hétéroclite . Au cours du voyage s'invite un groupe de réfugiés serbes échoués en pleine mer, fuyant leur pays après l'assassinat de l'Archiduc François Ferdinand. Leur arrivée  va bouleverser l'ordre établi et mettre notamment le bateau sous la menace d'un cuirassier Austro- Hongrois
Le film s'ouvre sur l'embarquement des invités à Naples, premiers plans tournés en plan muet, nous entendons juste le bruit de la pellicule... puis la camera monte à bord, l'image vire à la couleur, nous marchons sur les traces d'un journaliste Orlando, chroniqueur mondain de cette croisière. Federico Fellini filme la fin d'un monde celle de la société bourgeoise du début de son siècle, il a surement puisé dans son imaginaire de petit enfant grandissant dans la cité balnéaire de Rimini qui voyait passer les paquebots pour nourrir son film... il filme de manière nostalgique voulant retrouver le plaisir que l'on a à regarder les vieilles photos d'une époque qui nous fut inconnue...
Nino Rota disparu, Cineccita qui ne peut plus échapper à son déclin, Federico Fellini pourrait se laisser aller à la mélancolie et nous offrir un film crépusculaire, mais rien de tel ici; les moments d'une drôlerie irrésistible se succèdent avec notamment cette scène où un chanteur de sa voix grave hypnotise une poule, nous retrouvons également son goût pour les physiques extraordinaires et l'ironie mordante propre aux comédies italiennes.... Nous avons plongé avec délectation dans le cinéma baroque et onirique de Federico Fellini.

Let It Bleed - Rolling Stones

"En tout cas, dans Let it Bleed, toutes les guitares sont jouées par Keith, hors une piste laissée à Brian sur love in vain, et l'essai de Mick Taylor sur Country Honk. Qu'on écoute Live with me ou Monkey Man, les progrès de Keith sont stupéfiants."

François Bon,  Rolling Stones une biographie. Ed Fayard

Cette semaine nous ressortons un des plus beaux albums des Rolling Stones, Let It Bleed .

samedi 2 février 2013

Le retour d'Ulysse dans sa patrie - Claudio Monteverdi

C'est le retour d'Ulysse à Ithaque et l'élimination par ses soins des soupirants de Pénélope, qui attend depuis plus de 20 ans le retour de son mari parti combattre les troyens, que nous raconte l'opéra de  Claudio Monteverdi , musicien pour lequel,  il faut bien l'avouer nous n'avons pas une passion exagérée. L’intrigue est ici moins riche que dans le couronnement de Poppée, vu dans ce même théâtre, il y a trois ans, nous n'avons pas été très passionnés par le livret. Pour autant et c'est là toute la magie de ce spectacle nous nous sommes pas ennuyés une minute, c'est même avec un certain sentiment d'exaltation que nous sommes ressortis de la salle après les 3H30 de représentation.
Cette réussite nous la devons assurément au metteur en scène Christophe Rauck et au chef d'Orchestre Jérôme Corréas qui semblent avoir travaillé à l'unisson sur ce spectacle. La partie "jeu théâtrale" est totalement assumée ici par les différents chanteurs sans pour autant mettre à mal leur performance vocale. 
Le projet de Christophe Rauck tel qu'il le définit dans le livret de présentation est ici totalement respecté: 
"Il ne s'agit pas de montrer mais d'évoquer le mariage entre le théâtre et la musique. Faire chanter le tragique en s'appliquant à ce que la théâtralité soit au service de l'action pour rendre visible ce que la musique dessine à notre oreille."
Le ténor Jérôme Billy dans le rôle Ulysse est particulièrement impressionnant , sa voix puissante impose la force du héros. Il convient de dire un mot du travail de la scénographe Aurélie Thomas qui multiplie les espaces et les paysages, joue avec des miroirs, donnant toute la beauté à ce spectacle...

Alors si Le retour d'Ulysse dans sa patrie passe par chez vous, n'ayez pas peur des 3H30, ne ratez pas ce voyage, il est de toute beauté.

Diamants sur canapé - Blake Edwards

Audrey Hepburn, Audrey Hepburn , Audrey Hepburn, tel est le sujet de cette comédie douce amère de Blake Edwards qui n'est pas sans rappeler la garconnière de Billy Wilder  . Comédie adaptée du roman de Truman Capote, où une jeune femme Holly Golightly venue de la campagne cherche à faire un riche mariage sans se rendre compte que l'amour se trouve dans l'appartement voisin où vit un écrivain sans succès qui a été installé là par sa riche maitresse. Pour subvenir à ses besoins la jeune femme se repose sur un cercle d'admirateurs et un chef de la maffia qu'elle rencontre chaque semaine à Sing Sing pour y recueillir un message codé.... Lorsque Holly est déprimée , elle part faire un tour chez le joaillier Tiffany's où la magie des bijoux lui redonne goût à la vie.
Un film d'une grande élégance filmé au rythme de la musique de Henry Mancini. Si le rôle fut une gageure pour Audrey Hepburn tant la personnalité de son personnage était éloignée de son caractère introverti, elle illumine le film dans sa petite robe noire, elle est magnifique. Blake Edwards est d'une totale sobriété, annonçant cependant le temps d'une soirée sa folie de The Party , à travers les colères du voisin japonais, personnage improbable et extravagant qui ne supporte plus les sauteries de la demoiselle.
Pour reprendre l'expression de "Philadelphia Story" de son homonyme Katharine Hepburn, nous dirons de Audrey Hepburn dans Breakfast at Tiffany's : she's too yar

Film vu à la filmothèque du quartier latin

vendredi 1 février 2013

Inventaires de Philippe Minyana

Trois femmes  sur scène, Angèle, Barbara et Jacqueline, chacune est venue avec un objet.Une cuvette, une lampe achetée aux galeries Lafayette, et une robe de 1954. Elles viennent expliquer le choix de leur objet, à travers lui c'est leur histoire qu'elles racontent, l'inventaire de leur vie. Elles ont traversé l'occupation, la guerre d’Algérie. A travers leurs petites histoires, c'est aussi la grande Histoire qui s'invite. Des amours, des enfants, des séparations, des enterrements, c'est le quotidien de leur vie, les moments de volupté, de tendresse et de tristesse, chacun s'y retrouve... Elles ne dialoguent pas entre elles, leurs récits se croisent sous la conduite d'un monsieur loyal!

Ces trois femmes sont incarnées par Florence Giorgetti, Judith Magre et Edith Scob avec Robert Cantarella le metteur en scène dans le rôle de Monsieur Loyal . La présence de ces trois grandes dames de la scène rend ce spectacle exceptionnel, c'est un spectacle qu'elles ont joué il y a 26 ans, qu'elles reprennent avec un bonheur au combien communicatif. A voir !


Au Théâtre de poche à Montparnasse, à voir ici

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