mercredi 29 février 2012

La folie Almayer - Chantal Akerman

La Folie Almayer est le premier roman de la trilogie malaise de Joseph Conrad. Almayer a des rêves de fortunes, il a épousé la fille adoptive d 'origine malaise du capitaine Lindgard. Espérant ainsi hériter la fortune du capitaine, Almayer s'est installé dans sa maison de commerce sur les rives du fleuve à Sambir. Mais il voit son affaire péricliter, son mariage se dissoudre, l'hostilité grandissante de ses voisins. L'espoir d'Almayer c'est sa fille Nina qui est son seul bonheur, il l'envoie étudier dans un lycée français à Singapour où sa condition de métisse ne lui permet pas de s'intégrer, elle rejette la culture européenne.
Lindgard meurt ruiné, Nina rejoint le clan des malaisiens, tous les rêves de Almayer s'évaporent, pris au piège dans un milieu hostile, il est désespérément seul, colonialiste déraciné avec l'alcool comme seul camarade, la folie n'est pas loin...

Adaptation inégale de ce joyau de la littérature, une ouverture impressionnante sur un morceau de Dean Martin Sway, un sublime travelling dans la jungle de nuit, mais à coté de cela des plans qui se dilatent longuement, nous ne retrouvons pas le lyrisme de l’œuvre de Conrad... Ce que nous ressentons physiquement c'est la difficulté de vivre dans cet espace naturel où la végétation est envahissante, la moiteur permanente, mais nous restons à l'écart des personnages, seule Nina arrive à nous émouvoir, c'est d'ailleurs le  thème du métissage traité avec justesse par la cinéaste qui nous a le plus passionné. Aucun doute mieux vaut se plonger dans le roman, un monument!

Chantal Akerman nous déçoit quelque peu, nous avions préféré son adaptation de "la prisonnière" de Marcel Proust.

mardi 28 février 2012

René Coty et Jean Dujardin

Lorsque nous nous sommes promenés dans la campagne normande, nous avons eu l'occasion de croiser un panneau qui nous indiquait un lieu où se rendait la justice au Moyen Age. Le texte se concluait sur un fait historique plus contemporain. En effet à cet endroit se trouve un banc en pierre, où René Coty aimait à venir se reposer lors de ses longues promenades  dans la campagne normande durant la seconde guerre mondiale. 
Après avoir voté les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, il avait choisi de se retirer de la vie publique.
Rendu inéligible par ce vote à la Libération, il fut rapidement réhabilité pour son action en faveur des forces de libération à partir de 1943. Président sous la quatrième république où son rôle était surtout honorifique. Après l'arrivée du Général de Gaulle  imposé par les forces armées à la tête de l'Etat, il lui cède sa place en Janvier 1959

René Coty doit lui aussi beaucoup à Jean Dujardin, puisque l'agent OSS 117 lui voue un véritable culte lui offrant ainsi une nouvelle postérité quelque peu inespérée.
Nous nous sommes arrêtés devant le banc où l'homme d'état normand aimait à venir poser son popotin.

lundi 27 février 2012

La huitième femme de Barbe bleue - Ernst Lubitsch

Sur la "Riviera française" ,Michael Brandon (Gary Cooper) milliardaire américain  entre dans un magasin de luxe genre "le bon marché" pour s'acheter un pyjama ou pour être plus précis  le haut d'un pyjama puisqu'il ne porte jamais le bas.  Il ne veut acheter que  le haut à moitié prix, c'est pour lui une question de principe.
 Nicole de Loiselle (Claudette Colbert), aristocrate ruinée qui assiste avec délectation à la scène se propose d'acheter le bas, le problème a trouvé sa solution... 
Sous le charme de cette française intrépide, Michael souhaite obtenir sa main. Ceci n'est pas pour déplaire au père de notre héroïne en manque de liquidités, mais la petite dame a un grand sens de l'honneur et lorsqu'elle apprend  que son soupirant a déjà été marié 7 fois, elle ne veut pas être un simple caprice de plus dans la vie du milliardaire, elle veut des preuves d'amour ... elle est redoutable!

C'est une succession de clichés, sur les milliardaires américains, les aristocrates, la cote d'azur... mais c'est du Lubitsch et tout devient savoureux, follement drôle. Nous nous plaisons à voir ce grand gaillard de Gary Cooper plus habitué aux plaines de Far West se faire tyranniser par une petite Frenchy à qui personne ne résiste. Pas de temps mort durant cette comédie, une ode féministe! Un vrai régal !

Nous avons vu ce film dans le cadre de l'année 2012, que nous avons auto-proclamée année de la comédie américaine au rythme fort raisonnable d'une séance mensuelle. 
Nous avons eu un grand plaisir à retrouver Claudette Colbert brillante et espiègle,  première  française à avoir obtenu l' Oscar de la meilleure actrice pour New-York Miami de Frank Capra!

dimanche 26 février 2012

Erland Josephson (15/06/1923 - 26/02/2012)

Nous nous souvenons l'avoir vu dans les films de Ingmar Bergman, Scènes de la vie conjugale, Saraband, Cris et chuchotements, Sonate d'automne ou encore récemment  plein de vie dans le merveilleux Fanny et Alexandre que nous avions décidé de revoir lors de la dernière nuit de Noël.
Il nous reste à le découvrir dans les films d'Alexandre Tarkovski ou dans le regard d'Ulysse de Théo Angelopoulos. Nous ne savons rien de son œuvre littéraire non traduite à ce jour, nous espérons que cette erreur sera vite corrigée.
Erland Josephson s'en est allé mais nous avons encore beaucoup à découvrir de ce géant de l'histoire du cinéma, il n'est pas prés de nous quitter...

Soko - I Thought I was an alien

Nous l'avions découverte avec le tube "I'll kill her" qui a fait le buzz sur le net. Nous attendions avec impatience son premier album qui vient d'être enfin livré dans les bacs. Ce que nous aimons chez Soko c'est sa voix unique qui ne s'oublie pas,elle révèle un vrai caractère, une personnalité forte  mais aussi une fragilité.

I tought I was an alien est notre album de la semaine, Soko elle a tout d'une grande !

vendredi 24 février 2012

La maison de l'armateur - Le Havre

La maison de l'armateur située face à la mer est passée au travers du bombardement de septembre 1944, c'est un petit miracle. Organisée autour d'un puits de lumière sur cinq niveaux, cette maison date du XVIII°, elle fut habitée par des négociants. Architecture étonnante où les pièces se succèdent en enfilade circulaire, pas de grands volumes où par un jeu de miroir on cherche à agrandir les surfaces, pas d'intimité, pour une telle demeure c'est finalement décevant.
Entièrement rénovée et décorée d'objets du monde maritime dont un registre remontant à l'époque sinistre du commerce triangulaire qui fait l'inventaire des esclaves livrés au continent américain.
Nous avons eu plaisir à tourner dans les pièces de cette maison. Visite étonnante que cette maison de l'armateur!



jeudi 23 février 2012

Rivages - Henri-Pierre Lartigue

Né en 1894 à Courbevoie dans un milieu privilégié, Pierre-Henri Lartigue a reçu dés l'âge de huit ans un appareil photo, divine découverte pour ce jeune enfant qui arpente dés son plus jeune âge les stations balnéaires de la cote normande. L'exposition proposée reprend les clichés réalisés par le photographe sur les bords de mer, des clichés datant de la première partie du XX° où nous retrouvons  les classes privilégiées qui ne cèdent rien à l'élégance, les hommes ne quittent pas leurs costumes, les dames dans leurs longues robes se protègent sous leurs ombrelles du soleil, mais ici ou là certains s'allongent sur le sable profitant de la dolce Vita
Puis avec le temps les corps se dénudent, la plage devient un lieu de divertissement nous sommes dans les années 20, le photographe descend sur la cote méditerranée. Puis nous retrouvons les célébrités d'alors Sacha Guitry, JFK...
Une série est consacrée aux tempêtes dont le photographe cherche à capter le mouvement de la mer.
Nous ne sommes pas de très grands fans de ce photographe, mais nous avons eu plaisir à retrouver cette atmosphère qui n'est pas sans rappeler celle décrite dans les romans de Proust ou plus tard de Fitzgerald. Nous avons eu parfois l'impression de feuilleter un magazine chic au papier glacé d'époque car finalement à de rares exceptions où le photographe a saisi des travailleurs de la mer, il s'est surtout attardé sur les classes privilégiées.  Un excellent CV pour devenir le photographe officiel de Valery Giscard d'Estaing.

Cette exposition consacrée aux bords de mer a toute sa place dans la cité normande où le photographe se rendit à plusieurs reprises dans ses jeunes années.

Le Bar chez Marie Louise au Havre



Nous ne pouvions pas passer par Le Havre sans marcher dans les pas du cinéaste finlandais, Aki Kaurismäki. Il n'est plus possible de se recueillir devant la maison du sympathique couple, située dans le quartier populaire des tréfileries et Laminoir, appelés aussi le quartier des polonais où ils furent nombreux dans les années 1920 à venir s'installer dans la cité normande pour travailler dans les usines de métallurgie, elle a été détruite peu après le tournage, le quartier étant en pleine rénovation.

Nous avons par contre eu l'occasion d'aller boire un café au comptoir de Marie-Louise, voisine du chanteur Litlle Bob véritable légende au Havre, Kaurismäki est venu tourné ici les scènes où figurent  le chanteur. Marie Louise est le dernier bistrot typique du quartier des docks.
Nous avons eu droit à un accueil chaleureux de la patronne qui nous a présenté ses photos souvenirs du tournage. Aki Kaurismäki est un homme sympathique , elle est encore sous le charme!

Si nous n'avons pas pu retrouver le quartier des tréfileries, nous avons  aimé cette vue prise de la rue Berthelot, un autre quartier populaire proche de la gare, des maisons construites sur les hauteurs de la ville.


mercredi 22 février 2012

Le Havre










Nous avons commencé notre journée au Havre par une visite sur le port pour aller voir les nouveaux logements étudiants construits dans des containers. Nous avons aimé ces formes empilées qui se marient parfaitement à l'esprit du quartier puisque cette résidence fait face aux quais où les containers sont entreposés . Nous n'avons pas eu l'occasion de visiter un de ses logements de 25 m2 ni de croiser un étudiant pour l'interroger sur le confort de ce nouveau type de logement.

Trés vite, nous avons la confirmation de l'histoire ouvrière de cette cité, puisque à coté de cette résidence étudiante nous sommes passés devant un immeuble où était apposée une plaque commémorative en l'honneur de Jules Durand.Né en 1860, M Durant était un ouvrier charbonnier, une des catégories les plus pauvres de la classe ouvrière. Investi dans l'action syndicale, il fut un des meneurs d'une gréve engagée contre leur employeur: la compagnie générale transatlantique. Lors d'une rixe entre ouvriers grévistes et non grévistes, un homme fut tué. Accusé d'avoir commandité le crime, Jules Durand défendu alors par un jeune avocat René Coty fut condamné à mort alors qu'il n'existait aucune preuve de sa culpabilité. Sa condamnation souleva une indignation générale dans le monde ouvrier, Jules Durand était reconnu pour son intégrité son instruction et pour être un invétérable buveur d'eau, l'affaire fut qualifiée "d'affaire Dreyfus du pauvre". Le camp conservateur chercha à profiter de cette affaire pour limiter les droits syndicaux. Mais devant le vide effarant du dossier, les accusateurs durent se rétracter, Jules Durant fut gracié et libéré avant d'être réhabilité bien des années plus tard. Ne pouvant faire face à la pression qui lui fut imposée, Jules Durand finit ses jours interné dans un hôpital psychiatrique.
Ce récit appartient à la longue histoire prolétarienne havraise. En 1922, les métallos firent gréve pendant 111 jours. En mai 1936, les ouvriers des usines d'aviation Breguet lancèrent le premier mouvement de gréve du front populaire, ils obtinrent satisfaction. Leur exemple fit tache d'huile, les mouvements se multiplièrent sur le territoire, et permirent la signatures des accords de Matignon de juin 1936, qui accordaient des augmentations de salaires quelques jours avant le vote des congés payés et des quarante heures: "travailler moins pour gagner plus". 
Le Havre garde les traces de ces combats qui restent une fierté pour grand nombre de ses habitants.
C'est aussi une ville meurtrie, détruite à plus de 80% lors de la seconde guerre mondiale. Poche de résistance tenue par 10000 allemands, elle fut  bombardée en septembre 1944. Le Havre était alors un enjeu stratégique, le port à proximité de Paris était devenu indispensable pour permettre le réapprovisionnement des troupes alliées. Après la guerre, la reconstruction de la ville était une gageure, l'opération fut confiée à Auguste Perret, célèbre architecte  qui avait révolutionné son art par l'utilisation du béton armé, moins couteux que la pierre ou le bois. Devant l'urgence, Auguste Perret a utilisé des projets présentés à différents concours mais finalement jamais retenus. Ainsi la porte océane n'est que l'adaptation d'un projet de réaménagement de la porte Maillot à Paris. La rue de Paris est fortement influencée par l'architecture de la rue de Rivoli.




 Pour bien comprendre les enjeux de cette reconstruction, il convient de faire la visite passionnante d'un appartement témoin, dirigé par un guide à la connaissance pointue. 6,24 est le chiffre magique divisible par 2 et par 3 qui correspond à la portée maximale des poutres en béton. Donnée technique qui permet de construire en série et à moindre coût différents éléments des constructions, élément essentiel pour une économie d'après guerre. Cette donnée intangible ne doit pas être vue comme une uniformité imposée à la ville nouvelle, si Auguste Perret est à la tête de la reconstruction, il dirigeait une équipe de 18 chefs de chantiers qui chapeautaient eux même 80 architectes où chacun a tenu à mettre une marque personnelle dans sa réalisation. Si on prend le temps de regarder de plus près, nous découvrons de multiples variations dans la forme des piliers, des chapiteaux.

Le Havre c'est aussi un musée du béton armé qui révolutionna les constructions, il existe trois variations de béton: le béton bouchardé, le béton brut de décoffrage, et le béton lavé. L'utilisation de ces éléments est une marque de fabrique de Perret, les murs se jouent des lumières et varient selon la météo, promenez vous à différentes heures de la journée vous ne retrouverez jamais la même lumière!
 L'aménagement des appartements est une véritable avancée sociale, avant la guerre 90% des logements ont des sanitaires en commun. Ici c'est l'arrivée du confort, du bien vivre où la femme n'est pas simplement vue comme une ménagère mais comme une femme active qui n'est pas condamnée aux taches ménagères. Pratique, confortable, au mobilier novateur conçu notamment par Gascoins designer qui a notamment travaillé à l'aménagement des cabines de bateaux, l'appartement havrais est à la pointe du progrès.
Oscar Nemeyer vient terminer l'aménagement du centre ville avec la construction d'un théâtre: le volcan, inauguré en 1982.


Nous avons fini notre visite de la ville par l'église Saint Joseph, où Auguste Perret reprend un projet initialement  prévu à la gloire de Jeanne D'arc qui devait être érigé au pied de la Butte Montmartre. A la fois massif et élégant, ce monument est le fruit d'une collaboration entre Perret et le maitre verrier Marguerite Huré. Vous entrez dans ce bâtiment et vous êtes envouté par sa chaleur, et le jeu de lumière, l'audace novatrice des deux concepteurs fut vite reconnue, le bâtiment classé moins de dix ans après sa construction (fait rarissime) est  un des chefs d’œuvres de l'architecture du XXeme.



Nous aimons Le Havre pour la modernité de son urbanisme, ses perspectives et ses variations de couleurs et son histoire. Certains ne semblent voir ici que monotonie et laideur, c'est qu'ils n'ont pas pris le temps de saisir l'âme merveilleuse de cette cité. Soyez curieux!

Pour notre visite, nous avons utilisé un petit guide particulièrement complet: Le Havre -Itinéraires Insolites de Isabelle Letélié. (Ysec Editions)

mardi 21 février 2012

Fecamp

 Fecamp grosse ville bourgeoise de Normandie située au plein cœur du pays de Caux, est  construite autour d'une monumentale abbaye, témoignage d'une vie médiévale particulièrement riche. Du XIX° au milieu du XXème , la pèche à la morue est la principale activité, devenant le premier port de pèche à la morue devant Saint Malo. Les "terre neuvas" ont aujourd'hui disparu, c'est la fabrication de la bénédictine, un alcool "aux vertus médicinales" qui fait le bonheur de la cité.
Nous avons repris notre bâton de promeneur et nous avons tourné autour de la cité longeant les chemins de campagne, pour terminer sur les hauteurs  de la ville en haut des falaises pour un point de vue absolument incroyable. Aujourd'hui nous avons croisé des moutons et des éoliennes.
La Normandie sous le soleil, que du bonheur !


Randonnée N°9 du topo guide de la Fédération Française de Randonnée (La Seine Maritime...à Pied)

lundi 20 février 2012

Etretat les falaises la campagne

Nous nous sommes lancés dans une longue randonnée pédestre de 20 km dans la campagne normande aux alentours d'Etretat avant de terminer sur les bords de la falaise.
Nous n'avons pas croisé une âme sur notre chemin, si ce n'est quelques vaches aux pupilles dilatées... Nous avons eu une pensée pour Karl Oscar le héros de de la saga des émigrants (Vilhelm Moberg) lorsque nous avons longé les champs labourés.



Randonnée N°32 du topo guide de la Fédération Française de Randonnée (La Seine Maritime...à Pied)






dimanche 19 février 2012

Le Havre, La plage, le soleil, les vacances....





Mark Lanegan - Blues Funeral

Nous aimons les chanteurs à la voix grave et  tourmentée qui laisse deviner des vies  riches en aventures... Tom Waits, Nick Cave ou Johnny Cash nous aimons ces chanteurs, Mark Lanegan en fait également partie , nous ne nous lassons pas de sa voix rauque, tout nouvel album est un petit évènement...

Blues Funeral est donc notre album de la semaine!

vendredi 17 février 2012

L'échappée - Valérie Briffod

Certaines personnes ont cette capacité extraordinaire de captiver l'attention de leur auditoire dès qu'ils s'expriment. Certains usent de ce don pour mener une carrière d' escroc de haut vol, d'autres plus scrupuleux préfèrent user de ce talent sur les planches du théâtre. Valérie Briffod fait partie de ces conteuses qui savent imposer le silence dans les salles remplies d'enfants tout excités de se retrouver en bande dans un lieu inédit, par le son de sa voix, le rythme de son phrasé, sa présence... D'autant plus qu'elle n'est pas une simple conteuse, elle est aussi une actrice . Théâtre d'objets, d'ombres, l'histoire de la petite fille qui aime à se cacher le dimanche dans l'atelier de son papa pour le regarder préparer  le vélo qui va le mener les heures suivantes en haut de la montagne fascine dés ses premiers mots...et nous aimons découvrir ses rêves de liberté, la joie de son premier vélo, et sa désillusion de ne pas pouvoir accompagner un dimanche son père en haut des montagnes car son cœur flanche, usé par son travail sur les chantiers où le mène sa vie de plâtrier....Tous se retrouvent dans cette histoire d'enfance qui n'est pas sans nous rappeler par moment le texte de Annie Ernaux "La place".

Nous aimons passionnément les conteurs, John Ford au cinéma, Maupassant ou Simenon dans la littérature... Pour cette raison, nous avons été heureux d'assister à cette représentation où Valerie Briffod donne vie à son texte "l'échappée". En espérant que ce spectacle naissant connaisse tout le succès qu'il mérite car le monde a besoin de sa poésie!

L'échappée  de et avec Valerie Briffod

mardi 14 février 2012

Young Mister Lincoln - John Ford (1939)

Ce soir pour prolonger le plaisir d'avoir lu la saga des émigrants de Vilhelm Moberg, nous avons décidé de revoir Young Mister Lincoln de John Ford avec Henry Fonda dans le rôle titre. Nous avons choisi ce film parce nous retrouvons ici l'esprit de l’Amérique des pionniers où deux jeunes fermiers  sont accusés du meurtre d'un homme. Après les avoir sauvé du lynchage avec la seule rhétorique pour arme, Abraham Lincoln jeune avocat inexpérimenté décide de défendre les deux jeunes à priori condamnés à être pendus. Mais Lincoln va mettre à jour le mensonge du principal témoin, les deux jeunes hommes sont acquittés...
Henry Fonda magnifique incarne un jeune Lincoln encombré par des membres trop grands, il apparait souvent maladroit dans ses gestes mais à chaque fois qu'il prend la parole la lumière apparait, c'est toujours une leçon d'humanité. Nous retrouvons les plans fixes d'une précision rare propre au cinéma de Ford où chaque scène est d'une grande beauté servie par un noir et blanc totalement maitrisé. Réalisé en 1939 dans une période trouble, John Ford rappelle ici les valeurs de la démocratie et de justice, valeurs inaliénables.
De Lincoln, il  montre l'origine modeste.Dans une première partie, nous voyons le jeune homme au tout début de sa carrière politique où nous devinons un immense talent oratoire, mais cherchant sans cesse à progresser tout livre est pour lui un trésor, il étudie seul le droit à l'ombre des arbres, cette partie se termine avec la mort prématurée de celle qui l'aime. Nous le retrouvons cinq ans plus tard arrivant  à dos de mulet à Springfield pour commencer sa carrière d'avocat. Personnage iconoclaste mais respecté il combat pour apporter de l'humanité et des règles de droit dans cette nation naissante. Il est particulièrement émouvant lorsqu'il rend visite à la famille des deux inculpés dans son dialogue  avec la mère, et sublime quand il intervient contre le procureur qui veut faire dire à cette même mère lequel de ses deux fils a commis le crime. 

Un film magnifique, un chef d’œuvre, un John Ford!

"Il ne faut jamais faire d'astuce technique pour obtenir l'émotion.
C'est cette qualité, ainsi qu'il me l'a dit que Kazan adore chez Ford: "il a été le premier à faire durer les plans d'ensemble très longtemps, contrairement aux règles en usage à Hollywood. Il refusait de couper pour passer à un plan plus rapproché. Personne n'a su créer plus d'émotion que Ford dans les plans d'ensemble: Regardez 
The Grapes of Wrath ou Young Mister Lincoln""

Amis Américains - Bertrand Tavernier

dimanche 12 février 2012

Sport de Filles - Patricia Mazuy


Gracieuse part de son travail furieuse après sa patronne qui a vendu le cheval auquel elle semblait particulièrement attachée. Elle s'engage avec le haras voisin intéressé par des terres qui appartiennent à son père. Elle souhaite qu'on lui attribue un cheval, mais ce n'est pas le genre de la maison de confier un animal à une palefrenière d'autant plus qu'elle est une spécialiste du saut d'obstacle dont la technique ne semble pas adaptée au dressage, spécialité de la maison dirigée de main de fer par Joséphine de Silène pour mener sa fille au haut de la hiérarchie mondiale.
Une anglaise installée à Miami ramène un cheval acheté quelque temps auparavant au haras parce qu'elle s'en est lassée mais c'est aussi un prétexte pour renouer le contact avec l'entraineur Franz Mann de renommée mondiale et compagnon de Joséphine de Silène. Le cheval revenu hors de forme est mis de coté, il semble perdu pour la compétition de haut niveau, la patronne est peu encline à le reprendre.. Gracieuse profite de l'absence des patrons partis pour une compétition en Allemagne pour prendre en main le cheval abandonné, elle va faire voler en éclat la vie huilée du haras!

Sublime Marina Hands qui incarne Gracieuse vraie tête de mule qui ne cède devant rien pour réaliser son rêve de prendre en main un cheval, souhaitant une relation exclusive, utopie dans ce milieu où on gère ses chevaux comme des joueurs de foot, on vend on achète, pas de place pour les sentiments... C'est une sorte de lutte de classes qui s'installent entre les protagonistes, où la jeune palefrenière n'a pas d'autres choix que de se révolter contre ses patrons pour vivre ses rêves. Sa force de conviction réveille la conscience de l'entraineur vieillissant quelque peu désabusé...
Totalement ignorants des règles du sport hippique nous nous sommes jamais ennuyés tant les scènes sont filmées avec précision, elle n'a pas peur de les filmer dans leur intégralité la caméra toujours à la juste distance nous fait ressentir toute la puissance de ce sport . On découvre la sensualité qui peut s'installer entre le cheval et son cavalier où les deux corps évoluent en pleine communion, nous découvrons toute la dimension physique de ce sport où s'installent des rapports de force de séduction où tout est codifié. La scène où Gracieuse à bord de son camion se remémore toutes les figures du dressage est particulièrement impressionnante
Bruno Ganz est remarquable dans le rôle de l'entraineur ainsi que Josiane Balasko convaincante en patronne de Haras. 
Patricia Mazuy après le magnifique Saint Cyr signe un excellent film.

Paul Mc Cartney - Kisses on The Bottom

Paul McCartney est de retour avec un album de reprises de chansons de jazz que son père lui chantait dans son enfance. Ainsi par exemple, il reprend Home (when Shadows fall) qui fut interprété en son temps par Sam Cook ou Nat King Cole. Pour l'occasion il a invité Diana Krall, Stewie Wonder et Eric Clapton et il se fait accompagner par le London Symphony Orchestra. A ces reprises, s'ajoutent deux nouvelles compositions dont "My Valentine"  écrite  lors d'une soirée pluvieuse de la Saint  Valentin  passée au Maroc avec sa nouvelle épouse Nancy, ce n'est vraiment pas bouleversant!
Que dire de cet album, si ce n'est que Paul McCartney n'a rien d'un crooner, ni d'un chanteur de jazz , sa douce voix ne recèle pas les tourments de celle d'un Chet Baker.
Paul Mac Cartney n'est pas Brian Ferry, et nous nous sommes déjà lassés de son dernier album!

Alors nous préférons ressortir de nos cartons son merveilleux album de 2005, Chaos and Creation in the backyard.


samedi 11 février 2012

Le Suicidé - Nikolai Erdman (Mise en scène Patrick Pineau)

Sémione Sémionovitch Podsékalnikov dit "Senia"se réveille en pleine nuit avec l'envie de manger du saucisson de foie, il réveille sa femme qui l'envoie sur les roses, le couple se déchire ce qui ne manque pas de réveiller la belle-mère qui vient au renseignement auprès de sa fille. Senia en profite pour disparaître ce qui inquiète sa femme sachant son mari chômeur depuis un an particulièrement fragile, elle imagine le pire. Inquiète, elle appelle son voisin à la rescousse, et là tout devient fou.... Senia devient un enjeu , se suicider c'est bien si on en fait un acte pour la collectivité, défile alors auprès de lui des représentants de diverses causes: l'intelligentsia, l'Eglise, les dames en manque d'amour, les bouchers... mais à vrai dire il n'a pas du tout envie de mourir!

Cette pièce de 1928 est une véritable charge contre le régime soviétique, si la première pièce de Nikolai Erdman "le mandat" a pu être jouée , celle ci n'est pas passée entre les mailles du filet, elle est interdite dés 1932 ce n'est qu'après la perestroïka qu'elle a pu être remontée.  Nous pouvons la situer dans la grande tradition russe de la comédie politique, l'auteur par ses clins d’œil revendique d'ailleurs sa filiation avec "le Révizor" de Gogol. S'il dénonce les folies du nouveau système politique, Nikolai Erdman n'épargne pas non plus les artistes et l'intelligentsia dont il dénonce  la lâcheté.
Ce fut long à se mettre en place, ce fut même poussif sur le premier acte, où la comédie ne fonctionne pas, le texte crié par les acteurs perd de sa saveur. Anne Alvaro présente dans le rôle de la belle mère, n'arrive pas à nous convaincre dans son rôle de comédie . La mise en scène  finit par trouver son rythme notamment quand la troupe apparait dans son complet sur la deuxième partie du spectacle pour se terminer dans un final jubilatoire qui emporte nos rires. Ce qui fut un plaisir c'est de découvrir ce texte, d'un humour particulièrement grinçant propre aux pays slaves, il n'a pas du tout vieilli, certains passages sur le chômage peuvent renvoyer sans problème à notre actualité immédiate!

mercredi 8 février 2012

La saga des émigrants V - Au terme du voyage - Vilhelm Moberg

Définitivement établi prés du lac rebaptisé Chisago, Karl Oscar et son épouse Kristina se retrouvent confrontés à l'histoire américaine. Le Minnesota est le 32eme Etat à rejoindre l'Union, le couple découvre les joies de la démocratie,  la possibilité de choisir ses représentants par le vote. C'est aussi un temps de crise où le pays va se déchirer dans une guerre civile sur la question de l'esclavage. Les forces du Sud remportent les premières batailles, mais les volontaires affluent dans les rangs du nord, Karl Oscar brave homme  a tenté de s'engager mais une vieille blessure à la jambe l'a recalé lors de la visite médicale. Si les combats de la guerre de sécession se déroulent loin de leur terres, ils sont directement confrontés dans le même temps à un soulèvement des Sioux. Chassés de leurs terres, affamés par des autorités qui ne respectent aucun engagement, cette révolte est le signe d'un désespoir, la conséquence d'une humiliation. Parce qu'ils ne peuvent accepter de se laisser mourir de faim, les Indiens procèdent au massacre de  colons, ils sont violents, humiliants, ils veulent faire peur aux pionniers pour les amener à fuir et libérer les terres qui furent les leurs. L'armée reprend vite le dessus, le Minnesota retrouve son calme.
La famille Nelson ébranlée par la mort de Kristina victime de ses multiples grossesses  continue à vivre de sa terre, les enfants grandissent, se marient, les petits enfants sont de véritables américains. Karl Oscar, est devenu un grand père au dos brisé à la suite d'un accident de travail, il peut se reposer sereinement sur son lit, sa famille est définitivement installée.

Nous voila arrivé au bout de cette saga et c'est avec un bonheur jamais démenti que nous avons suivi l'épopée d'un des plus beaux couples de l'histoire de la littérature: Karl Oscar et Kristina. Un couple rempli d'humanité, ils sont des simples gens, ils n'ont pas pu suivre de formation scolaire, mais leur ouverture d'esprit, leur tolérance sont un exemple pour tous, les épreuves de la vie ont révélé leur grandeur d’âme.  
Cette saga ne doit pas être uniquement vue comme la chronique d'une famille, d'une époque, Moberg va bien plus loin,  il décrit les prémices de la société moderne et il  condamne ses travers, le pouvoir excessif des hommes d'Eglise, le cynisme des spéculateurs,... son message est universel. Nous pouvons dire que cette saga est aussi un grand livre politique, un chef d’œuvre.  A lire ces quelques lignes dont le propos est toujours aussi pertinent:

"Ces cent cinquante mille nouveaux arrivants étaient loin de désirer tous bâtir une maison et s'installer dans le Minnesota. Dans le sillage les pionniers arrivèrent des gens sans scrupule, des trafiquants désirant s'enrichir au moyen de la terre sans la cultiver. Pour eux, c'était une marchandise qu'ils achetaient un jour et revendaient, avec bénéfice, le lendemain. Le seul outil était non pas la hache ou la charrue, mais le papier. Ils émettaient de la monnaie de papier, noyant le pays sous les wildcats Banknote, rédigeaient des contrats de vente, dressaient des titres de propriété, traçaient des plans et bâtissant des villes - toujours sur le papier. C'est ainsi qu'une bonne partie du pays échut à des gens qui ne touchaient jamais le manche d'une hache ou les manchons d'une charrue.
Entre leurs mains, le prix des terrains augmenta de façon vertigineuse. Celui d'un lopin pouvait doubler du jour au lendemain. On s'appropriait la terre dans la plus grande hâte et confusion - il s'agissait de se servir le premier et mieux que les autres. Celui qui est arrivé la vieille était mieux loti que celui qui arrivait le jour même. Une fois leur profit réalisé, ces trafiquants allaient s'établir un peu plus loin vers l'ouest où ils achetaient des nouveaux terrains qu'ils revendaient au moment propice. Ceux qui avaient pour outil - assez léger- le papier s'enrichirent au dépens de ceux qui en maniait de beaucoup plus lourds et pénibles. Le spéculateur prit le dessus sur le cultivateur, les hommes d'argent devinrent riches alors que ceux qui travaillaient restaient aussi pauvres qu'avant.
De tout temps, il y a  eu des exploiteurs et des exploités. Mais rarement le temps et le lieu furent plus propices aux malins ayant plus de culot que de scrupules et s'y connaissant en paperasse."

Retrouvez ici, notre article sur le volume 1 de la saga, et ici le volume 2 , volume 3Volume 4

Pour retrouver, l'article de Liten Blomma (qui nous a permis dé découvrir cet auteur) consacré à la saga des émigrants, cliquez ici, et un autre consacré à l'auteur Vilhelm Moberg, cliquez ici


lundi 6 février 2012

Civilisation

Nous avons eu la curiosité d'ouvrir le dictionnaire culturel de la langue française (ed. Le Robert) dirigé par Alain Rey, nous pouvons y lire.

Civilisation: "Ensemble des caractères communs aux vastes sociétés les plus complexes; ensembles des acquisitions des sociétés humaines (opposé à nature, barbarie)

Et nous y trouvons une citation de Antonin Artaud tirée de "le théâtre et son double":
"(...) La civilisation c'est de la culture qu'on applique et qui régit jusqu'à nos actions les plus subtiles, l'esprit présent dans les choses; et c'est artificiellement qu'on sépare la civilisation de la culture et qu'il y a deux mots pour signifier une seule et identique action. "

Si nous avons ouvert notre dictionnaire c'est pour tenter de comprendre le sens de la déclaration du Ministre de l'intérieur "Toutes les civilisations ne se valent pas". Il se justifie ainsi: "les civilisations qui défendent la liberté l'égalité et la fraternité nous apparaissent supérieures à celles qui défendent la tyrannie".
Alors nous notons qu'il ne dit pas quelles sont ces civilisations, il ne les nomme pas, ce silence rend le propos clairement insidieux... Ce que nous notons dans sa déclaration c'est un contresens, une civilisation ne peut pas défendre une tyrannie, il suffit de reprendre la définition même du mot civilisation (opposé à barbarie).

Nous cherchons donc la raison à cette saillie verbale, comme nous nous refusons à faire de M Guéant un homme ignorant du sens des mots,  nous ne pouvons l'expliquer que par la résurgence de la pensée colonialiste du XIX°. Pensée dont la base est foncièrement raciste, et qui fut à l'origine d'une des pages les plus sombres de notre histoire

Nous pensons qu'il est impossible de classer les différentes civilisations, elle s'étudient, elles se confrontent et cette confrontation est la condition même à leur enrichissement, à leur évolution positive  mais nous ne voyons pas sur quel critère il est possible d'établir un classement.

Par contre, nous savons qu'il est un classement qui existe c'est celui de l'indice de démocratie qui repose sur différents critères: le processus électoral et le pluralisme, les libertés civiles, le fonctionnement du gouvernement, la participation politique, la culture politique. Ce classement a un sens car il repose sur des éléments concrets facilement quantifiables.
Cet indice crée par The economist permet d'évaluer qualitativement le niveau de démocratie. Entre 2008 et 2010 nous avons régressé de la 24eme place à la 32eme place, d'une démocratie nous sommes passés à une démocratie imparfaite... C'est le résultat de notre politique où le chef de l'Etat nomme les présidents des entreprises publiques de radiotélévision, nous ne parlerons pas de l’état de nos prisons , des atteintes permanentes au principe de séparation des pouvoirs..
La démocratie française régresse,  c'est aussi cela le bilan de ce quinquennat !

dimanche 5 février 2012

J.Edgar - Clint Eastwood

Clint Eastwood se lance dans le biopic d'un personnage de l'histoire contemporaine des Etats Unis: John Edgar Hoover qui dirigea quarante huit durant le F.B.I dont il fut le créateur. Personnage hors norme qui fréquenta huit présidents des Etats-Unis. Il commença sa carrière en faisant la guerre aux activistes communistes d'après guerre dans les années 20, puis aux gangs maffieux, enfin l'affaire Lindbergh lui permit d'étendre ses prérogatives et de développer définitivement la police scientifique. Être asocial sous l'influence permanente de sa mère, Hoover se repose exclusivement sur son numéro 2 Clyde Tolson (Armie Hammer)avec qui il entretient une relation homosexuelle jamais vraiment assumée et sa fidèle secrétaire Helen Gandy (Naomi Watts).
Ce qui nous interroge, c'est la longévité de Hoover. Comment a-t-il pu tenir aussi longtemps à la tête du FBI? Car à coté des succès, il existe également des échecs notamment le meurtre de JFK, malgré cela il a su résister à toutes les alternances politiques. Surement parce que cet homme avait des dossiers secrets sur tous les puissants et qu'il semble ne renoncer à aucune forme de chantage, mais aussi parce qu'il a mis en place une communication parfaitement réussie . Il a compris très rapidement la leçon délivrée par John Ford dans l'homme qui tua Liberty Valance: "quand la légende dépasse la réalité. On imprime la légende.", Hoover n'a de cesse d'écrire sa propre légende pour avoir le soutien de l'opinion publique et imposer aux politiques ses volontés, il devient intouchable.
Raconter la vie d'un homme sans tomber dans le récit linéaire est toujours un défi mais  l'écriture cinématographique par la force de l'image donne finalement plus de libertés narratives que la littérature , Orson Welles avec Citizen Kane, l'histoire d'un personnage tout aussi hors-norme avait révolutionné en son temps le langage cinématographique. Rien de tel chez Clint Eastwood, mais quand même quel récit usant d'un montage particulièrement impressionnant. Nous basculons d'une période à une autre sans jamais perdre le fil de l'histoire. Nous regrettons seulement le maquillage grotesque de Clyde Tyson qui fait perdre de son efficacité au récit, et des scènes finales qui ne nous ont pas convaincu... Léonardo Di Caprio qui incarne Hoover est tout simplement exceptionnel.

J. Edgar Hoover a tricoté sa légende Eatwood la détricote avec talent. Un film fascinant!

The Night Visitor - Anna Ternheim

Anna Ternheim, nous l'avons découverte comme "chouchou" de Bernard Lenoir, lors d'une white ou black Session, nous ne savons plus exactement. Elle se situe dans la lignée des grandes chanteuses à guitare,  elle a un vrai sens de la ritournelle, un vrai talent de songwriter. C'est en quel sorte parfaitement simple! 
Nous sommes donc heureux de la retrouver à l'occasion de la sortie de son nouvel album. The night visitor est notre album de la semaine!


samedi 4 février 2012

La saga des émigrants IV - Les pionniers du Minnesota - Vilhelm Moberg

Nous retrouvons nos suédois installés définitivement dans le Minnesota. Karl Oscar prend le temps de construire une nouvelle maison plus confortable pour sa famille. Les hivers sont toujours aussi rudes et le froid peut vous surprendre à tout moment, parti avec son fils faire moudre au moulin sa récolte, Karl Oscar est surpris à son retour par une terrible tempête de neige, il lui faudra faire usage de toute son ingéniosité et sacrifier son bœuf pour sauver la vie de son fils. La nouveauté au bord du lac Khi-Chi-Saga c'est l'arrivée de nouveaux voisins, les émigrés suédois arrivent en nombre, bientôt nait le projet d'une école et d'une église. Les suédois forment une vraie communauté, il se crée un journal en langue suédoise où les pasteurs luthériens peuvent sans retenue exprimer leurs théories obscurantistes:

"A propos de l'électricité, le journal soulevait aussi de savoir si Benjamin Franklin avait contrevenu aux volontés de Dieu en inventant le paratonnerre, qui permettait aux hommes de détourner la foudre. Il était évident que, dans ces conditions, Dieu était contraint d'avoir recours aux ouragans, aux inondations et autres catastrophes naturelles naturelles pour faire passer de vie à trépas les hommes qu'il pouvait, auparavant, tuer à l'aide de la foudre. Avec son paratonnerre , mister Franklin s'était donc immiscé dans les affaires de Dieu et lui avait causé des soucis supplémentaires."

Sur la deuxième partie, nous assistons au retour du jeune frère Robert revenu sans son ami Arvid. Par un procédé narratif subtil, Vilhelm Moberg raconte l'épopée de Robert parti pour la Californie comme chercheur d'or. C'est un récit terrible avec une traversée du désert apocalyptique...

Toujours aussi beau, toujours aussi grand nous continuons à avancer avec passion dans ce chef d’œuvre de la littérature suédoise!

Retrouvez ici, notre article sur le volume 1 de la saga, et ici celui sur le volume 2 de la Saga, volume 3 de la Saga

Pour retrouver, l'article de Liten Blomma (qui nous a permis dé découvrir cet auteur) consacré à la saga des émigrants, cliquez ici, et un autre consacré à l'auteur Vilhelm Moberg, cliquez ici


vendredi 3 février 2012

Eppur Si Muove - Compagnie Morosof au Théâtre Jean Arp


Nous aimons bien avoir nos pieds posés au sol, mais de tout temps certains n'ont eu de cesse de contrarier la loi universelle de gravitation  théorisée par Isaac Newton. Parmi eux, les circassiens à qui les mêmes lois ne semblent pas s'appliquer c'est peut être là la raison de la fascination qu'ils peuvent engendrer.
Spectacle de cirque contemporain avec la compagnie Morosof ce soir au théâtre Jean Arp, un homme et une femme se découvrent  sur un monolithe en bois, ils s'observent, se cherchent s'évitent avant de se retrouver dans un final absolument somptueux pour un enchainement de portées de haut vol. Le cirque a trouvé sa place au théâtre et il renvoie sans cesse aux figures du cinéma muet d'où se dégage à chaque fois une grande poésie, ils aiment à représenter ces êtres qui semblent toujours un peu décalés mais remplis d'humanité . Et  résonnent en nous  les vers de Charles Baudelaire et son admirable Albatros:

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal

Pour en savoir plus sur ce spectacle et la compagnie Morosof, cliquez ici

jeudi 2 février 2012

L'apprenti - Samuel Collardey

Mathieu 15 ans interne dans un Lycée professionnel , est engagé comme apprenti dans la ferme de Paul située sur les plateaux du Haut Doubs pour suivre une formation en alternance.. Les journées à la campagne sont parfois difficiles et prendre en main un troupeau de vaches n'est pas de tout repos. Mais au delà de cet apprentissage, Mathieu dont les parents sont séparés depuis de nombreuses années et qui n'a quasiment plus de rapports avec son père, découvre une vraie vie de famille . Il se noue une complicité sincère entre Paul et Mathieu, la scène où tous les deux se lancent dans une folle descente en luge est révélatrice de ce lien tissé entre les deux personnages qui aiment à jouer comme deux grands gamins...
Nous avons eu la chance de rencontrer Samuel Collardey à l'issue de la projection et ce fut passionnant de connaître la genèse de ce film. Ce film a tout d'une fiction dans sa réalisation alors que finalement il est plus proche du documentaire, puisque tous les protagonistes jouent leur propre rôle et que le cinéaste a vraiment suivi Mathieu dans la réalité  de son apprentissage durant l'année scolaire. Tourné en 35 mm, ce  qui implique un tournage plutôt lourd mais qui garantie une qualité d'image, ce fut une vraie gageure de ne pas se planter pour des scènes telles la mise à mort d'un cochon, l'erreur n'étant pas permise.
Originaire de cette région le cinéaste connait parfaitement cette région et ses problématiques, il signe un très beau film, son premier long métrage révèle une grande humanité dans la lignée de la série des documentaires de Raymond Depardon consacrés aux paysans!

LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...