jeudi 31 mars 2011

Farley Granger (01/07/1925 au 27/03/2011)


Il n'est jamais cité parmi les plus grands acteurs hollywoodiens!

Il a tourné dans de nombreux téléfilm,s dont certains épisodes de l'homme qui valait trois milliards ou de la croisière s'amuse, il a participé à un certain nombre de nanards (le serpent d'Henri Verneuil, ou encore on l'appelle Trinita)

Mais sur sa filmographie il est aussi inscrit:

1948 - La corde d'Alfred Hitchcock
1949 - Les amants de la nuit - Nicholas Ray
1950 - La rue de la mort - Anthony Mann
1951 - L'inconnu du Nord-Express - Alfred Hitchcock
1954 - Senso - Luchino Visconti

Et çà, c'est plutôt la classe!

mercredi 30 mars 2011

Le complot - Will Eisner

Le complot,c'est l'histoire des protocoles des sages de Sion , l'histoire d'un plagiat scandaleux créé de toutes pièces par les conservateurs russes sous le pouvoir de Nicolas II pour mettre fin à sa politique d'ouverture et justifier et développer les sentiments antisémites. Pour cela ,ils font écrire par un des leurs un ouvrage plagié d'un pamphlet de Maurice Joly un opposant de Napoleon III "Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu". Les auteurs ne se sont pas fatigués,ils ont juste remplacé le mot bonapartiste par le mot juif et le mot France par le mot "monde". Le tour est joué, ils créent de toute pièce un document prouvant que les juifs ont la volonté de dominer le monde par tout moyen. Un journaliste anglais découvre la supercherie en 1921, l"escroquerie est démontrée mais rien n'y fait les protocoles sont repris par les nazis, les membres du Ku Klux Klan, ils sont toujours largement diffusés dans les pays arabes et par les divers groupuscules antisémites...

Will Esneir, un des pionniers de la bande dessinée, raconte avec précision l'histoire de ce faux, le trait de crayon toujours aussi fin et expressif, un sens parfait du récit font de cet ouvrage un joyau de la bande dessinée.
Cynthia Ozick critique, essayiste spécialiste de la littérature juive américaine ne s'y trompe pas: " Il se pourrait que le complot soit au Protocoles ce que Maus fut à l'holocauste: un moyen de diffuser la vérité auprès d'un large public; La puissance artistique du livre et l'aspect saisissant du récit, conçu pour dénoncer, une fois pour toutes, ce mensonge qui a répandu son venin de par le monde, font d'Eisner le véritable super-héros de notre époque"

Une lecture indispensable!

mardi 29 mars 2011

Château en Suède - Françoise Sagan

Château en Suède est un pièce de théâtre en quatre actes.
Comme dans huit femmes, huit protagonistes se retrouvent coincés l'hiver dans un château: les propriétaires Hugo et sa sœur Agathe descendants d'une noble famille, la première femme d' Hugo Ophélie que tout le monde croit morte, Eleonore la deuxième femme d'Hugo et son frère Sébastien, Frédéric un cousin éloigné des propriétaires, la grand-mère et Gunther le serviteur; Tous les ingrédients ( l'adultère, des relations incestueuses, des faux meurtres, la folie....) pour nous offrir un vrai vaudeville, un marivaudage, une comédie de mœurs...

Mais cela ne fonctionne pas, tout semble factice dans cette pièce, de la gentille provocation pour choquer le bourgeois bien pensant! On s'ennuie fort à sa lecture qui n' a pas grand intérêt. La petite musique, le regard perspicace, tous ces ingrédients qui font la saveur des romans de Sagan disparaissent ici. Les personnages relèvent tous du cliché et n'ont pas grand intérêt, tout tombe à plat... Une pièce vaine.

Sagan dramaturge, nous avons un gros doute!

La première représentation de la pièce eut lieu au théâtre de l'atelier le 9 Mars 1960 dans une mise en scène de André Barsacq.

lundi 28 mars 2011

Des Souris et des hommes - John Steinbeck

C'est l'histoire de deux amis, George Milton et Lenny Small qui errent à travers la Californie à la recherche d'un emploi de journalier dans les ranchs. Leur rêve est d'acquérir une petite propriété à eux deux pour pouvoir se poser définitivement. Mais Lenny est un vrai problème pour George, "il est pas dingo, dit George. Il est con comme la lune, mais il est pas fou.", c'est aussi une vraie force de la nature, un brave homme qui aime caresser tout ce qui est doux, mais rien ne résiste à ses caresses ....alors ils sont toujours obligés de fuir parce que Lenny finit toujours par faire peur!

Il y a des auteurs majeurs dont on ne croise jamais la route, John Steinbeck en faisait partie. Rien, nous n'avions rien lu de lui, ni la perle, ni les raisins de la colère... Quelle erreur au vu de cette première expérience réussie, un sens du récit parfait, Joseph Kessel dans la préface en parle si justement et si intelligemment :

"Ce livre est bref. Mais son pouvoir est long. Ce livre est écrit avec rudesse et, souvent, grossièreté. Mais il est tout nourri de pudeur et d'amour. Certains auteurs de l'Amérique du Nord disposent d'un secret impénétrable. Ils ne décrivent jamais l'attitude et la démarche intérieures de leurs personnages. Ils n'indiquent pas les ressorts qui déterminent leurs actes. Ils évitent même de les faire penser. "Voila ce qu'a fait cet homme ou cette femme. Et voila leur propos. le reste n'est pas votre affaire. Ni la mienne." semblent dire au lecteur Hemingway, Dashiell Hammett, Erskine Caldwell, James Cain. Une approche aussi superficielle en apparence devrait, logiquement,exclure toute perception profonde des êtres et, en eux, tout cheminement spirituel. Ils ne devraient pas avoir de substance, de densité humaine, de vérité.
Or, - et c'est le mystère- ils vivent tous avec une intensité et une intégrité merveilleuse. Avec leurs poids de chair. Avec le mouvement du cœur et les reflets de l'âme"....

A coup sûr nous allons prendre le temps de visiter l’œuvre de Steinbeck!

dimanche 27 mars 2011

Lykke Li - Wounded Rhymes

Il fut un temps où la Suède produisait en chaine des joueurs de tennis, la dernière tendance semble être à multiplier la chanteuse pop, cela nous convient mieux . Anna Ternheim, Nina Kinert ou Frida Hyvönen nous avait déjà enchantés, Lykke Li vient définitivement se rajouter à la liste avec un deuxième album "Wounded Rhymes" particulièrement réussi.

(Les garçons ne se débrouillent pas trop mal. Allez jeter une oreille sur les albums de Loney Dear, vous ne serez pas malheureux non plus, mais cette semaine honneur aux filles!!)

Les publicitaires toujours à l'affut n'ont pas tardé à remarquer la qualité des mélodies de la jeune fille du nord , Dance Dance Dance un morceau de son premier album Youth Novels illustrant une marque dont nous tairons le nom...

De la pop la plus enjouée " Get Some", aux tristes ballades folks, cet album nous promène sur l’écueil des humeurs d'une jeune fille en fleur, "Sadness is a blessing" qu'elle chante, nous n'y croyons pas trop Madame Lykke Li après avoir écouté votre dernier album!

Parce que le dernier album "101" de Keren Ann nous a déçus et que Both Ways Open Jaws de The Do nous est apparu sans relief, il nous est tout naturel de choisir "Woundend Rhymes" comme album de la semaine.


Ce que j'appelle l'oubli - Laurent Mauvignier

Un homme est mort parce qu'il a bu une cannette de bière dans une grande surface, "il avait juste l'envie d'une bière, tu sais ce que c'est l'envie d'une bière, il voulait rafraichir sa gorge et enlever ce goût de poussière qu'elle avait et qui ne le lâchait pas". Repéré et embarqué dans les entrepôts par les quatre vigiles du service de sécurité, il vit ses derniers instants. La violence des coups a vite raison de sa résistance. La défense pathétique des vigiles tombe vite à l'eau au vu des premières constatations confirmées par le résultat de l'autopsie, les faits sont indiscutables.

Ce qui frappe en premier chez Laurent Mauvignier, c'est la langue, le choix précis des mots, la ponctuation qui donne le rythme, il faut un petit temps d'adaptation puis vous êtes embarqués dans une lecture très physique, on ressent toute la violence qu'il décrit cela prend aux tripes, c'est très très fort!
Ce qui est tout aussi impressionnant c'est manière de raconter la victime, de lui donner une dignité,une vie, de montrer cet espoir qui ne le quitte jamais malgré la violence des coups: "je vais retrouver mon souffle, ça ne peut pas finir ici, pas maintenant et pourtant il ne pouvait plus respirer ni sentir son corps ni rien entendre, ni voir non plus et il espérait malgré tout, quelque chose en lui répétant, la vie va tenir, encore, elle tient, elle tient toujours, ça va aller, encore, ils vont cesser parce qu'ils vont comprendre parce que ma vie est trop petite".

Aprés la foule où il racontait le drame du Heysel, des hommes où il racontait la tragédie de la guerre d'Algérie la torture, les soldats mutilés, Laurent Mauvignier avec ce court texte décrypte un fait divers monstrueux et continue son étude de la barbarie.
Pourquoi cette violence, ce besoin de détruire, les mécanismes en sont parfaitement décryptés. Mais si l'auteur se pose beaucoup de questions, il constate avec effroi mais il n'a pas toutes les réponses comme si cette violence était définitivement endogène à la société des hommes et pouvait surgir à tout moment à tout endroit.

Laurent Mauvignier impressionne et confirme ici qu'il fait partie des grands écrivains contemporains de langue française.

Laurent Mauvignier - Ce que j'appelle oubli - Les éditions de minuit

samedi 26 mars 2011

Murmure des murs - Théâtre Jean Arp

Murmure des murs, est le dernier spectacle d'Aurelia Thierrée mise en scène par sa mère Victoria Thierrée Chaplin. Elle nous avait enchanté en 2006 avec l'oratorio d'Aurelia qui fut représenté sur tous les continents. Fille et petite fille de Charlie Chaplin elles perpétuent la tradition familiale où poésie et sourire s’entremêlent. Dans ce deuxième spectacle, on la retrouve dans la peau d'une femme en fuite, elle escalade, pénètre dans les logis par les fenêtres et découvre des bribes d'histoires comme si les murs dévoilaient leur mémoire. Si la musique et la danse en sont des éléments essentiels , ce spectacle de 1h20, est avant tout visuel mêlant théâtre d'objet, des numéros de claquette, un vrai melting pot des arts du cirque. Auréia n'est pas seule, elle est accompagnée de deux acteurs et de personnages aux facettes étranges...
La scénographie est impressionnante, les décors se transforment avec une précision parfaite, Aurelia change de costume en un clin d’œil, mais c'est dans sa robe rouge que nous la préférons. Mais tout cela finit par tourner un peu à vide, les tableaux se succèdent et n'ont pas tous le même intérêt, certains sont convenus d'autres plus rares nous emballent nous pensons notamment à ce passage où elle se lance dans une danse à deux au pied d'un mur .... Déçus aussi parce peut être nous attendions trop de ce spectacle dans lequel nous ne retrouvons pas la magie de l'Oratorio!

vendredi 25 mars 2011

Dans un mois, dans un an - Françoise Sagan (1957)

Le troisième roman de Françoise Sagan suit sur un an les tourments amoureux de neuf personnages dont la plupart se retrouve chez Alain et Fanny qui ont pris pour habitude de tenir salon tous les lundis soirs. Aucun couple n'est vraiment épanoui, Alain marié à Fanny est amoureux de Béatrice actrice de théâtre, amour sans espoir qui va le plonger dans l'alcoolisme, Bernard marié à Nicole tente de terminer un roman mais il est hanté par Josée jeune fille argentée qui vient d'engager une relation avec un étudiant bourru Jacques....Edouard le neveu d'Alain a su séduire Beatrice l'actrice ambitieuse qui finit par préférer à la jeunesse d'Alain, Jolyau l'homme de théâtre qui doit lui donner le premier rôle de son prochain spectacle.....Les vers de Berenice de Racine que récitent chaque soir Béatrice sont un résumé de ce court roman:

Dans un mois, dans un an, comment souffrirons nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous,
Que le jour recommence et que le jour finisse
Sans que jamais Titus puisse voir Berenice?

C'est une vraie gageure que relève Sagan que de faire vivre tous ces personnages dans un si court roman, nous sommes ici en plein Marivaux, même si les salons du Lundi soir du couple Malingrasse ressemblent fort à un clin d’œil au salon des Verdurin de "A la recherche du temps perdu" de Marcel Proust.
Josée et Jacques forment finalement le seul couple qui semble atteindre une forme de plénitude,c'est aussi le seul qui vit simplement son histoire d'amour sans se poser de question et sans rien en attendre en retour... une leçon de vie tout simplement que semble vouloir nous donner Françoise Sagan !

Un roman plus complexe, plus mature que "Un certain sourire", elle progresse la petite dame!

mercredi 23 mars 2011

ElizabethTaylor (27/2/1932 - 23/03/2011)


Nous nous souvenons que Elizabeth Taylor avait douze ans lorsqu'elle tourna dans Jane Eyre de Robert Stevenson avec Orson Welles et Joan Fontaine.

Nous nous souvenons aussi l'avoir vue dans Soudain l'été dernier et Cléopâtre de Joseph L Mankiewicz, Géant de George Stevens, la chatte sous un toit brulant de Richard Brooks ou Ivanhoe de Richard Thorpe.

lundi 21 mars 2011

Tom Waits - Rain Dogs (1985)

Chaque semaine, nous sélectionnons un album qui sera écouté chaque jour de la semaine. Nous choisissons souvent dans l'actualité musicale , mais c'est aussi l'occasion de farfouiller dans nos vieilleries. . Cette semaine c'est Youn Sun Nah et sa reprise de Jockey Full Of Bourbon (reprise présent sur l'avant dernier album voyage) qui nous a donné envie de ressortir l'album d'un de nos chouchous: Tom Waits. Et si nous faisons rarement un billet sur l'album de la semaine, nous ne pouvions pas cacher notre affection pour le chanteur ami de Jim Jarmusch

Tom Waits a une voix unique rocailleuse, mais au delà de sa voix c'est surtout un auteur compositeur de haute volée. C'est aussi un seigneur qui refuse l'argent facile, s'opposant à toute utilisation de sa musique à des fins publicitaires et il ne rigole pas avec ça ... Quand Scarlett Johansson se lance dans la musique c'est un album de reprises de Tom Waits qu'elle réalise, peut il exister un plus bel hommage? Etre album de la semaine du Carmadou peut être! ;-)

Nous avons choisi Rain Dogs, juste pour entendre l'original de Jockey Full Of Bourbon.


dimanche 20 mars 2011

Staff Benda Bilili en concert au théâtre Jean Arp


Staff Benda Bilili est un groupe originaire de Kinshasa, composé en grande partie de handicapés victimes de la poliomyélite. Livrés à eux-même, ils ont grandi dans la rue au coté des gamins des rues les "shegués", la musique est leur unique voie de secours. Remarqués, ils vont réaliser leur rêve et produire un premier album "Très Très Fort" enregistré en partie à l'extérieur notamment au zoo le Kinshasa où ils ont pris l'habitude de jouer. Le succès est immédiat, les concerts s'enchainent, Staff Benda Bilili s'empare du monde. Un remarquable film de Florent de La Tullaye et Renaud Barret présenté à Cannes lors du dernier festival raconte cette histoire extraordinaire.

Depuis plusieurs années le Théâtre Jean Arp à Clamart prévoit dans sa programmation un concert d'un artiste africain et c'est toujours la promesse d'une soirée festive. Cette année le concert a lieu dans le cadre du festival Chorus des Hauts de Seine et ils ont fait fort avec Staff Benda Bilili, l'affiche annonce complet depuis bien longtemps. Et ils furent à la hauteur de l'événement, mettant le feu à la salle dés l'entame de ce concert. On retrouve immédiatement le son unique donné par Roger (un petit peu cabotin) et son instrument improbable le satonge, ils sont définitivement irrésistibles avec leur musique aux multiples influences. Le public debout se laisse emporter par les tempos endiablés, les fauteuils ont eu chaud!

Espérons qu'ils sachent gérer leur succès et qu'ils gardent cette belle harmonie car lorsque Bjork ou Damon Albarn s'intéressent à vous, l'avenir s'annonce radieux!

Staff Benda Bilili, c'est très très fort!

samedi 19 mars 2011

Un certain sourire - Françoise Sagan (1956)

Dominique est une jeune étudiante souvent confrontée à l'ennui. Elle partage son temps avec Bertrand son premier amour mais ce n'est pas non plus la passion. Dés qu'elle rencontre Luc l'oncle de Bertrand, elle est sous le charme de cet homme mur . Luc marié à Françoise n'a pas de mal à séduire la jeune étudiante et partage avec elle un séjour en amoureux sur la croisette à Cannes dans un hôtel de luxe... L'aventure est vue ici comme un voyage initiatique où Dominique découvre le sentiment amoureux, Luc rejoint Françoise, Dominique a toujours su que cette histoire était sans avenir, elle a définitivement grandi: " j'étais une femme qui avait aimé un homme. C'était une histoire simple; il n'y avait pas de quoi faire des grimaces".

Deuxième roman de Françoise Sagan qui fait ici une véritable étude du sentiment amoureux, à travers les yeux du personnage habituellement honni, la jeune fille qui "vient débaucher" l'homme marié. Mais pas de moralisme chez Sagan qui ne se permet aucun jugement, elle écrit en femme libre passionnée par la littérature de Proust. C'est absolument le genre d'histoire qui peut apparaitre sans intérêt, mais comme toujours l'écriture de Sagan captive même si parfois des figures de styles peuvent apparaitre désuètes, nous pensons notamment à la première nuit partagée par les deux amants: " Il me prenait dans ses bras, enlevait mon pyjama avec des gestes précautionneux, le jetait en boule par terre. Je lui fis remarquer qu'il serait tout de même froissé. Il se mit à rire doucement. Tous ses gestes étaient devenus d'une incroyable douceur. Il m'embrassait tranquillement les épaules, la bouche, continuait à parler: "Tu sens l'herbe chaude. Tu aimes cette chambre? Sinon, on irait ailleurs. C'est agréable Cannes..." Je répondais "oui oui" d'une voix étranglée. J'avais très envie d'être au lendemain matin. Ce n'est que lorsqu'il s'écarta un peu de moi et posa sa main sur ma hanche que le trouble me prit. Il me caressait et j'embrassais son cou, son torse, tout ce que je pouvais toucher de cet ombre, noire sur le ciel de la porte-fenêtre. Enfin il glissait ses jambes entre mes jambes, je glissais mes mains sur son dos; nous soupirions ensemble...."

Nous avons été marqué par cette scène du film de Xavier Beauvois "Des hommes et des Dieux"où la jeune fille interroge le moine incarné par Michael Lonsdale: "Comment sait on que l'on aime ?"
La réponse est peut être tout simplement dans ce roman de Françoise Sagan.

vendredi 18 mars 2011

Youn Sun Nah à l'Alhambra


Youn Sun Nah nous l'avons découvert l'année dernière avec son dernier album Same Girl. Sous le charme et bluffés par son talent nous étions impatients de la voir sur scène. Nous avions vu juste, le concert en deux parties confirme le talent sans limite de Youn Sun Nah. Tout lui est permis rien ne lui résiste. Une première partie accompagnée par un pianiste Stephan Oliva plus posée et plus jazzy et une deuxième partie plus musclée accompagnée du guitariste suédois Ulf Wakenius, veritable virtuose connu notamment pour avoir accompagné le pianiste Oscar Peterson et l'accordeoniste Vincent Peirani.

Le concert s'ouvre sur une reprise de India Song, puis le spectacle se poursuit avec un mix de composition personnelle et de reprises. Same Girl de Randy Newman, , Calypso Blues de Nat King Cole, Jockey Full of Bourbon de Tom Waits, toujours les plus grands qu'elle se réapproprie sans jamais trahir. Le sommet de la soirée peut-être Breakfast in Bagdad une composition de son guitariste Ulf Wakenius lui permet de se lancer dans un scat improbable et de bluffer la salle par ce talent si rare à l'égale d'une Ella Fitzgerald.

Comme elle est généreuse elle est revenue nous offrir une reprise émouvante, mais d'une grande sobriété de "Avec le temps" de Léo Ferré, et de "Enter Sandman" de Metallica à nous faire passer ces affreux hard rockeurs pour de gentils petits garçons... une soirée d'exception!

Quel talent, la jolie môme!

mercredi 16 mars 2011

True Grit - les frères Coen


Un western c'est souvent une histoire simple, ici une jeune fille Mattie de 14 ans désire que justice soit rendue pour son père lâchement abattu par Tom Chaney pour deux pièces d'or. Pour cela, elle engage un US marshall alcoolique qui va se faire aider dans sa quête par un Texas Rangers. Mais ce qu'ils n'avaient pas prévu c'est d'avoir Mattie sur les talons lorsqu'ils pénètrent en territoire indien à la recherche du criminel.

Ce qui rend généralement passionnant les westerns c'est la géographie des lieux ,le rapport de l'homme aux grands espaces, c'est aussi les balbutiements d'une justice qui cherche à s'installer dans un territoire où le colt est un élément essentiel du dialogue et la loi du talion la seule règle de droit. Tout ces ingrédients sont présents dans le film des frères Coen, c'est bien conté,nous retrouvons le style si particulier des deux frères même si parfois on peut être surpris par ce ton ironique qui lui donne un coté "Indiana Jones" un petit peu agaçant, nous pensons notamment à la scène où Mattie se retrouve coincée au fond d'une grotte confrontée avec un cadavre et des serpents. On retrouve Jeff Bridges avec plaisir, Matt Damon parfait à son habitude, Hailee Steinfel une vraie révélation à qui on peut prédire un avenir radieux à Hollywwod, aucune erreur de casting !

Si les frères Coen ne font pas leur entrée dans le panthéon des grands auteurs de western, ils nous offrent tout de même un vrai moment de plaisir, ils s'amusent et nous amusent!

dimanche 13 mars 2011

Patrick Watson - Close to paradise (2007)

Patrick Watson est canadien comme Leonard Cohen ou Neil Young. Il est musicien depuis son plus jeune age, son instrument c'est le piano!
En 2007, il connait un vrai succès critique avec son album Close to Paradise et son groupe Patrick Watson car il ne s'est pas fatigué pour donner un nom à son groupe, il lui a donné le sien.
Patrick Watson respire la musique, ses amours vont de Debussy aux Pink Floyd. Mais il n'est pas resté insensible au son de Jeff Buckley ou de Radiohead. Patrick Watson a tout d'un grand.

Parce Jacques Gamblin a utilisé sa musique pour illustrer son magnifique spectacle "tout est normal, mon cœur scintille".

Parce que le morceau M Tom nous fait penser à Erik Satie..

Pour toutes ces raisons, "Close to Paradise" sera notre album de la semaine.



Le cassoulet

Le cassoulet c'est sérieux, la preuve on trouve sa définition dans l'indispensable dictionnaire historique de la langue française d'Alan Rey (Ed Le Robert):

Cassoulet: n.m attesté récemment en français (1897) est emprunté à un mot languedocien ancien désignant un plat cuit au four. Celui-ci est le diminutif de cassolo " terrine", d'où "mets que l'on cuit dans une terrine", lui même diminutif de casso "poélon", correspondant masculin de l'ancien provençal cassa, à l'origine du français casse (->casserole, cassolette)

Le mot désigne un ragoût de haricots blancs - d'abord de fèves-, de charcuterie et de viande (notamment d'oie), préparé dans le sud ouest de la France, avec deux recettes principales à Toulouse et à Castelnaudary. Le mot désigne aussi un plat en conserve à base de haricots blancs et de charcuterie, et qui évoque vaguement la recette régionale. (boite de cassoulet)

Pour les haricots blancs, nous utilisons exclusivement le haricot tarbais, il est rare quasi introuvable mais il n'y a pas mieux. Nous ne mettons pas de l'oie mais du canard, du porc et de l'agneau, l'ail est un élément essentiel de cette recette.

Pour le reste il convient de le faire gratiner au four,et c'est un vrai bonheur!

samedi 12 mars 2011

Céline secret- Véronique Robert avec Lucette Destouches

"Pour comprendre Céline, Malraux disait qu'il fallait se rapprocher de Lucette Destouches car elle seule en avait une connaissance instinctive. C'est ce qui a inspiré ce texte à deux voix: celle de Véronique Robert qui raconte son amitié avec Lucette Destouches qui raconte Céline à travers vingt cinq ans de vie commune. L'épouse qui,de 1936 à 1961, a tout partagé avec Céline, donne sur cet homme et cet écrivain hors norme un éclairage inouï de sincérité. A la fois incisive, généreuse et drôle, Lucette D. ne mâche pas ses mots et dit tout ou presque tout."

Le quatrième de couverture décrit parfaitement ce petit ouvrage passionnant où Lucette Destouche épouse de l'écrivain le plus scandaleux du siècle dernier se confie longuement. Céline, elle va le suivre dans toutes les galères, mais cela commence d'abord par un coup de foudre:

"Il avait aussi alors un coté Gatsby, nonchalant, habillé avec soin, décontracté, il était d'une beauté incroyable, les yeux bleus avec juste un petit rond noir à l'intérieur. On était très différents l'un de l'autre, mais on s'est tout de suite compris. Les sentiments humains, on ne peut pas les fabriquer, ils vous tiennent, on ne sait pas pourquoi. Je n'osais pas lui parler, refusais de le tutoyer, je lui écrivais des lettres. Il n'étais pas question d'avoir une aventure avec lui.
Entre nous il y a eu une attraction physique très forte, après nous sommes devenus complices. J'ai attendu un mois avant de coucher avec lui. J'avais peur de m'engager et de souffrir. Louis avait une réputation de séducteur et je me méfiais. Je ne l'ai pas fait exprès, mais je n'aurai pas pu mieux agir. Il avait horreur de toutes ces filles faciles qu'il fréquentait.

Je l'ai aimé et épousé alors qu'il avait vingt ans de plus que moi et que je n'avais pas pris conscience que je passerais plus de moitié de mon existence sans lui."

Il fallait être follement éprise pour suivre ce gugusse qui allait dire l'irréparable, mettre son génie littéraire à disposition de la politique antisémite de Vichy, écrivant des mots assassins, des pamphlets abjects. Ils doivent fuir pour sauver sa peau , ils passent par Sigmarigen avant de se cacher au Danemark, découverts ils séjournent en prison avant de pouvoir revenir en France. Un chat Bebert les accompagne dans ce périple car ils ont en commun la passion des animaux: " Les animaux ressentent les choses mieux que nous. Peut être mieux qu'un chien, un chat nous ensorcelle: en silence, il pénètre au cœur de nous-même, il est mystique, profond, plein de secret."

Lucette était danseuse, elle a gardé cette passion intacte, trouvant toujours un endroit pour exercer son art et donner des leçons, car Céline avait souhaité qu'elle ait son autonomie financière. De retour en France, ils s'installent à Meudon où elle vit toujours.

Un très beau témoignage, un portrait qui ne nie pas les cotés sombres de ce géant de la littérature du XXeme siècle. Lucette Destouches s'est toujours opposée à la réédition des pamphlets antisémites de Céline. Mais comprendre Céline même après cette lecture reste impossible.

mercredi 9 mars 2011

Famous Puppet Death Scenes au Théâtre Jean Arp



Spectacle de marionnettes ce soir au théâtre Jean Arp et ce jusqu'à dimanche soir avec the old trout puppet worshop (l'atelier de marionnettes les vieilles truites) venus du fin fond du Canada. Série de scènes ayant pour thème la mort, qui nous permet de voir l'art de la marionnette dans toutes ses formes avec des manipulateurs à vue ou non le tout dirigé par un maître de cérémonie lui-même marionnette, Nathaniel Tweak.

Nous nous souvenons avoir croisé la mort dans un film de Ingmar Bergman le Septième Sceau engagée dans une partie d'échec avec un chevalier de retour des croisades, nous nous souvenons également qu'elle était présente à chaque début d'épisode de la géniale série Six Feet Under et qu'elle pouvait vous tomber dessus à l'improviste, alors nous n'étions pas si inquiets de venir à sa rencontre ce soir. Bien nous en a pris, car la mort se croise ici avec humour et poésie dans une scénographie absolument remarquable et des marionnettes de toute beauté. Ces canadiens ont des physiques de bucheron mais des doigts de fée.

Il eut été dommage de rater ce moment de plaisir, ne désespérez pas ils sont là jusqu'à dimanche. Pour en savoir plus, cliquez ici

dimanche 6 mars 2011

A fable -Tigran


Tigran c'est Tigran Hamasyan un pianiste arménien qui est tombé raide dingue de cet instrument dés son plus jeune âge. Il étudie la musique classique à Gyumri sa ville natale avant de rejoindre Erevan, il complète sa formation par la découverte des musiciens de jazz et des groupes de rock. Il participe au deuxième festival de Jazz de Erevan en 2000, Chick Corea ne passe pas à coté de ce gamin de 13 ans aux qualités indéniables, sa carrière ne fait que commencer... En 2006, il remporte le prestigieux prix du Thelonious Monk Institute à Los Angeles, Herbie Hancock en est le président du Jury...

Si le jazz est sa marque de fabrique,Tigran Hamasyan n'oublie pas ses origines arméniennes qui viennent influencer et nourrir ses compositions. Nous avions été séduits par la vitalité réjouissante de son album de 2007" New era"composé en trio avec les frère Moulin. Nous nous sommes précipités sur sa dernière production "a fable" où nous le retrouvons seul au piano. Depuis plus d'un mois, cet album tourne en boucle sur notre platine, et nous restons invariablement sous le charme...parfois il chante ou il siffle, on ressent une profonde joie!

Et cerise sur le gâteau, il nous offre une sublime reprise de Someday my prince will come....

A Fable est évidemment notre album de la semaine, il fait déjà partie des favoris pour être album de l'année.

samedi 5 mars 2011

Jacques Gamblin au théâtre Jean Arp



Tout est Normal mon cœur scintille est le titre du dernier spectacle écrit et interprété par Jacques Gamblin. Spectacle qui fait le bilan cardiaque d'un homme abandonné par sa bien aimée... bilan médical, poétique, surréaliste, nucléaire...l'homme est ici ausculté sur tous les angles possibles et inimaginables, il est question du cou de la girafe, de scintigraphie, de trou du cul...et de pleins d'autres choses, Jacques Gamblin vous capte dès les premiers mots et vous mène dans un monde cocasse où le chagrin d'amour devient légèreté et poésie.... deux danseurs l'accompagnent et nous donnent une représentation du couple idéal tel que ce l'imagine notre héros du soir.

Si comme nous vous ne connaissez Jacques Gamblin qu'à travers ces films, nous vous le disons tout net vous n'avez entrevu qu'une petite part de son talent. Jacques Gamblin est un géant. Une vraie présence, un corps élastique, une voix envoutante, nous sommes captivés juste par sa présence, sa gestuelle (un véritable athlète)... et son texte, un vrai bijou, des mots justes, un vrai sens de l'observation, la salle ne peut résister à son humour raffiné et se laisse aller au rire jamais graveleux, ici les mots ont l'élégance d'un Lubitsch. Et comme tous ses talents ont été servis par la mise en scène remarquable d' Anne Bourgeois où un couple de danseur (Audrey Aubert et Bastien Lefèvre) s'intègrent parfaitement , nous avons vécu un très grand moment de théâtre contemporain.

Jacques Gamblin est un géant, nous l'avons déjà dit mais parfois il est bon de se répéter!

Alors si vous voyez dans votre coin un spectacle de Jacques Gamblin, n'hésitez plus, courrez!

Le site consacré au spectacle, cliquez ici

A un moment nous avons un intermède musical qui peut faire penser à une pièce de Erik Satie, c'est M Tom de Patrick Watson, un morceau du magnifique Album "Close to paradise"

vendredi 4 mars 2011

Le discours d'un roi - Tom Hooper

Nous arrivons un peu après la bataille mais comme nous n'aimons pas aller voir les films chez les marchands de pop-corn, nous sommes parfois condamnés à patienter avant de découvrir les sorties du moment. Le discours d'un roi, c c'est l'histoire de George VI, roi bègue monté sur le trône après l'abdication de son frère ainé le roi Edouard VIII... Chaque prise de parole en public est un calvaire. Il consulte un spécialiste australien du trouble du langage, Lionel Logue, il arrive à surmonter son handicap. Ils deviendront amis, le discours d'un roi c'est aussi l'histoire d'une amitié...

Ce film est un petit miracle. Une mise en scène académique, des suites de clichés, Londres et son brouillard, le thé et les anglais, une musique qui vous signale les moments d'émotions... Malgré tout cela nous avons été captivés par ce film consacré à un monarque, Colin Firth en est surement la raison première tant il nous bluffe par sa prestation, il nous fait ressentir parfaitement sa douleur, il n'en fait jamais trop il est toujours juste... C'est aussi parce que c'est une histoire étonnante que celle de ce roi maltraité par sa nourrice, placé à l'ombre de son ainé et qui se retrouve à la tête d'un empire dans la période la plus tragique du XX°. Il se révèle à la hauteur de l'évènement.

Pas certain que Tom Hooper soit un grand cinéaste et peut être que le discours d'un roi nous lassera lors de prochaines rediffusions, mais ce soir il nous a offert un sacré bon moment!

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