mercredi 31 décembre 2014

Carmadou 2014

Voila après mure réflexion nous avons fini par arrêter nos choix pour cette année 2014. Ce ne fut pas toujours une affaire simple notamment pour désigner l'album de l'année.


Florent Marchet fut notre premier coup de cœur de l'année, il a une capacité rare à se renouveler tout en gardant un ton qui lui est propre. Bambi Galaxy est une petite merveille qui a tourné toute l'année sur notre platine. Les Alt J sont bourrés de talent mais nous avouons que si nous n'avons rien à reprocher à leur dernier album, il ne nous a cependant pas autant enthousiasmé que leur précédent opus.
Morrissey, nous n'attendions à vrai dire plus grand chose de lui et puis il y eut ce nouveau double album, World Peace is None of Your Business assurément son meilleur en solo, à mettre à coté du remarquable  Vauxhall and I qui a fêté ses vingt ans cette année. Morrissey est le chanteur des Smiths, le groupe qui a illuminé nos jeunes années. Il y avait beaucoup de raisons de le célébrer, mais nous faisons le pari qu'il nous reviendra avec un album plus beau, plus grand, plus fort... C'est là notre vœux le plus cher !
Jean-Louis Murat accompagné par le Delano Orchestra a signé, un album majestueux Babel, dont on sait qu'il va nous accompagner sur plusieurs années. Jean Louis Murat nous attendons toujours la sortie de ses albums avec une réelle impatience, la même qui nous fait nous précipiter chez le libraire pour acheter un nouveau roman de Patrick Modiano.
Mais voila cette année il y avait une Histoire de J de Jeanne Cherhal...un album parfait dans la lignée des deux précédents, nous l'avons vue en concert au Bataclan où elle nous avait déjà enchantés en 2010,elle fut parfaite. Si nous avons voulu distinguer Jeanne Cherhal c'est aussi que son dernier album nous a donné l'envie de revisiter la discographie de Véronique Sanson et notamment son premier album "Amoureuse" qui a gardé toute sa fraicheur. Elle est toujours jeune mais elle fait déjà partie pour nous des grandes dames de la chanson française...

Histoire de J de Jeanne Cherhal est notre album de l'année...


Pour la littérature, notre choix fut plus évident, le roman de Maylis de Kerangal Réparer les vivants nous a épaté. Elle écrit une histoire remplie d'humanité construite autour d'un don d'organes , une histoire de mort, de vie, bouleversante. Nous étions convaincus après sa lecture qu'il serait notre roman de l'année. Eric Reinhardt nous a amené à douter de notre choix avec le remarquable l'amour et les forêts. Mais nous sommes  restés finalement sur notre premier choix, ne serait ce que pour la beauté du titre.

Réparer les Vivants de Maylis de Kerangal est notre roman de l'année...



Pour le cinéma nous avons hésité entre le film du québecois de Xavier Dolan Mommy et le Saint Laurent de Bertrand Bonello. Nous nous sommes souvenus avoir mis une légère réserve sur le film du cinéaste québecois alors que le film du réalisateur français nous a totalement convaincus. Nous avions déjà hésité à couronner son précédent film l'Apollonide, souvenirs de la  maison close lui préférant alors il était une fois en Anatolie de Niru Bilge Ceylan.

Saint Laurent de Bertand Bonello est notre film de l'année.



Et i nous devons choisir un spectacle vu au théâtre Jean Arp où nous sommes abonnés, nous célébrerons George Kaplan de Frédéric Sonntag.

Ainsi nous clôturons 2014, avec nos "Carmadou" annuels. Pour retrouver le palmarès des années précédentes cliquez ici

Le dernier métro - François Truffaut

Le Dernier Métro est le film de la consécration de François Truffaut, récompensé de dix Césars il fait de lui le patron du cinéma français, il est devenu incontournable. Parti de pas grand chose, un crayon et une feuille blanche, aidé par son père spirituel André Bazin, il fit une véritable déclaration de guerre aux institutions cinématographiques  à travers un article"une certaine tendance du cinéma français" qui sonne une véritable déclaration de guerre contre les "seigneurs" du cinéma français et   peut être considéré comme le premier acte d'une nouvelle génération, celle de la Nouvelle Vague qui allait modifier radicalement le paysage du cinéma français notamment dans les modes de production des films.

Ce film, assurément le plus bourgeois de François Truffaut, tourné en studio propose une reconstitution historique de la période de l'occupation, sa production s'avère particulièrement couteuse. Ce film de François Truffaut inspiré notamment par ses propres souvenirs d'enfance évite tout propos démonstratif sur l'époque ... S' il est facile de reconnaitre qui sont les salauds et où va sa sympathie,  il ne simplifie jamais la situation rendant parfaitement compte de la complexité de ces années noires à travers le personnage du metteur en scène de théâtre Jean-Louis Cottins interprété subtilement par Jean Poiret qui sut rendre avec génie l'ambivalence de son personnage. Son film ne s'inscrit pas dans la légende d'un pays de résistants voulu par les gaullistes, il s'approche plus de la triste réalité, celle d'une ville soumise à la stricte loi du couvre feu, où il ne faisait pas bon de rater son dernier métro... C'est peut être là, une des clés de son succès commercial, il rencontre un public de plus en plus curieux de cette période sombre dont l'historien Robert Paxton venait de donner un nouvel éclairage à travers son livre qui a fait date la France de Vichy.

Si François Truffaut décrit parfaitement le Paris de l'occupation, en particulier le monde des théâtres qui ont rencontré un succès inespéré, du marché noir, de l'antisémitisme, il parle avant tout et comme toujours d'amour et confirme son goût prononcé pour le romanesque. Marion Steiner a repris la tête du théâtre de Montmartre après la fuite de son mari Max Steiner juif étranger dont la liberté et la vie sont menacées. Coûte que coûte elle veut faire vivre son théâtre, pour cela il faut jouer, remplir la salle, se débrouiller avec la censure... Impossible de s'en sortir sans se compromettre, pour arriver à ses fins il lui faut faire des politesses notamment à l'incontournable et infâme  Daxiat journaliste antisémite de Je suis partout inspiré par Lucien Rebatet qui fait régner sa loi dans le milieu du spectacle. Pour cela elle est secondé par Jean-Louis Cottens metteur en scène à succès et elle partage l'affiche avec  un jeune acteur prometteur  Bernard Granger engagé aussi en Résistance...

Loin d'être enfui, l'organisation de son passage en zone libre a échoué, Max Streiner est prisonnier dans la cave du théâtre d'où il peut entendre les répétitions puis les représentations, ce qui lui permet d'influencer indirectement le spectacle à travers les recommandations qu'il peut faire à son épouse qui vient le rejoindre secrètement la nuit tombée... Max Steiner est à l'écoute, il lui est facile de comprendre la fascination que le jeune acteur Bernard Granger exerce sur son épouse. Les histoires d'amour ne sont jamais simples chez François Truffaut, le cœur est souvent partagé...

Ce film signe les retrouvailles de François Truffaut avec Catherine Deneuve, mais surtout elle forme avec Gérard Depardieu un couple d'acteurs qui va marquer le cinéma français. Lui est alors absolument irrésistible il a une présence incroyable, un mélange de force et de fragilité qui en fait un acteur rare face à la sublime Catherine...  Le dernier Métro n'est surement pas le plus grand film de François Truffaut mais pour toutes les raisons évoquées précédemment c'est assurément une œuvre majeure du cinéaste.

Nous arrivons au bout de notre année François Truffaut nous n'avons pu y consacrer tout le temps que nous aurions souhaité mais cela nous a permis de nous replonger dans nombre de ces films, de relire des passages de la biographie passionnante de Serge Toubiana et d'Antoine de Baecque ou encore de relire Honoré de Balzac... Le plus passionnant avec les films de François Truffaut, c'est qu'au fil du temps les avis sur ses films ne cessent d'évoluer, il y a un coté je t'aime moi non plus... Ainsi nous avons revu à la hausse la sirène du Mississippi ou l'histoire d'Adèle H et nous avons été déçus par la femme d'à coté, et rien nous dit que dans dix ans nos avis n'auront pas à nouveau changé... Nous n'avons pas tenté de revoir "la mariée était en noire"qui nous semble être son film le plus faible, ni le merveilleux "l'homme qui aimait les femmes"  mais nous nous sommes régalés à retrouver Charles Denner dans le savoureux "une belle fille comme moi". Si nous sommes toujours impressionnés par "la chambre verte, un film magistral, notre préféré reste "les deux anglaises et la continent".
Nous nous sommes volontairement écartés des films qui traitent de l'enfance, cela nous a peut être permis de mieux mesurer combien Jean Renoir et Alfred Hitchcock sont les deux influences majeures des films de Truffaut. Les femmes sont au coeur de son cinéma son cinéma. . "Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tout sens lui donnant son harmonie et son équilibre" disait il dans l'homme qui aimait les femmes, elles sont aussi une source d'inspiration inépuisable du cinéaste.

Si l'année 2014 s'achève, nous n'en avons pas fini pour autant avec les films de François Truffaut !

lundi 29 décembre 2014

L'Histoire d'Adèle H - François Truffaut

L'histoire d'Adèle H scelle la rencontre entre François Truffaut et Isabelle Adjani. Une rencontre complexe comme le raconte Serge Toubiana et Antoine De Baecque dans leur biographie consacrée au cinéaste.
Isabelle Adjani a été révélée par le théâtre et notamment son interprétation d’Agnès dans l'école des Femmes de Molière. Elle a déjà fait une apparition au cinéma dans le film de Claude Pinoteau, La gifle qui eut un grand succès public.
Mais accepter de tourner dans le film de François Truffaut l'oblige à démissionner de la comédie française, un choix pas anodin pour la jeune fille. Même si elle se trouve trop jeune pour le rôle, elle finit par céder devant ce personnage fort qui glisse dans une irrémédiable folie. Le tournage n'est pas facile, le cinéaste est tombé amoureux de la jeune actrice qui n'aura de cesse de repousser ses assauts , situation plutôt cocasse au vu du sujet du film.
L’histoire d'Adèle H est l'histoire vraie mais restée longtemps ignorée de la fille de Victor Hugo puis révélée par la découverte des journaux intimes de la jeune fille. Passionnée, tourmentée par un amour obsessionnel pour l'officier anglais qu'elle a connu à Guernesey, Adèle l'a suivi sur l'ile d'Halifax, elle abreuve son ancien amant de courriers enflammés restés sans réponse, elle s'acharne après lui qui ne fait que la repousser alors que son père a enfin accepté l'idée de leur union.
Mais Adèle ne renonce en rien, elle  décide même de  suivre encore cet homme parti avec sa garnison en Afrique où elle finit par glisser définitivement dans la folie. Elle termine ses jours en asile, internée...
Terrible destin que celui de la deuxième fille de Victor Hugo qui s'est sentie délaissée après la mort de son ainée Léopoldine. Nous suivons son parcours, sa chute , Isabelle Adjani livre une interprétation bouleversante.
Nous avions quelques réserves sur ce film, un souvenir confus d'un romantisme exalté qui allait à l'encontre des personnages, les rendant quelque peu caricaturaux. Souvenir erroné, nous avons pris un plaisir immense à revoir ce film. Il sonne particulièrement juste et Isabelle Adjani est particulièrement émouvante. Nous étions  sans doute influencés par ses prestations suivantes où nous l'avons trouvée parfois exagérée dans l'interprétation des personnages exaltées qu'elle a tant aimés interpréter dans des films qui n'avaient pas tous la même qualité. Surement que sa filmographie n'est pas à la hauteur de son talent d'actrice, mais il y a une cohérence dans ces choix, un fil directeur qui forme en soi une œuvre  incontestable quelle que soit la qualité des films: l'histoire d'Adèle H, Camille Claudel, la Reine Margot voire l'Eté Meurtrier ou encore Possession ...

dimanche 28 décembre 2014

Fidelio, l'odyssée d'Alice - Lucie Borleteau

"Historiquement, le discours de l'absence est tenu par la femme: la femme est sédentaire, l'homme est chasseur, voyageur; la femme est fidèle (elle attend), l'homme est coureur (il navigue, il drague)"


Roland Barthes -Fragments d'un discours amoureux.


Nous avons repris cet extrait de Roland Barthes choisi en exergue d'une interview de la réalisatrice Lucie Borleteau. Un extrait qui nous rappelle que la fiction trouve son origine dans une histoire qui a pour héros Ulysse le guerrier voyageur attendu patiemment par son épouse Pénélope au domicile conjugal.

Ici le schéma est inversé, la société a changé, la femme n'est plus limitée à son rôle de patiente épouse, Alice trente ans, est marin, en partance pour une nouvelle mission, mécanicienne à bord d'un grand porte-containers à bout de souffle, le Fidélio. Pour cela,  elle laisse son amoureux Félix, un auteur de bande dessinées norvégien. La surprise est de retrouver aux commandes du Fidélio, Gael le commandant auprès de qui elle a appris son métier et qui fut un temps son amoureux.
Elle vit au milieu des hommes, lisant notamment avec intérêt le journal intime trouvé dans la cabine de son prédécesseur mort brutalement et dont elle vient prendre la place. Un huis clos imposé avec des escales aux quatre coins du monde où les femmes semblent toujours attendre les marins qui viennent de percevoir leur solde. Alice est une femme libre qui s’intègre parfaitement dans ce monde viril qu'elle vit sans tabous, capable de se mêler aux discussions d'hommes dont elle a su se faire accepter par ses compétences professionnelles. La vie d'un bateau c'est aussi celle d'une communauté inégalitaire où les salaires fluctuent selon les pays d'origine, les Philippins sont les plus mal lotis mais pas les moins travailleurs.
Le film a la richesse d'un documentaire mais par la présence de Melvil Poupaud dans le rôle du commandant et le charisme de Ariane Labed, il ne perd jamais son coté romanesque. Anders Danielsen Lie, l'acteur fétiche de Joachim Trier, a un rôle secondaire il est "Pénélope" mais sa seule présence lui donne toute son épaisseur, la cinéaste définit parfaitement son talent rare "il a en lui un ailleurs".

Fidelio est un très beau film qui nous offre une plongée dans le monde du travail et une réflexion sur la vie amoureuse de ces travailleurs qui partent au long cours. Portrait d'une femme libre... à voir de toute urgence!


Whiplash - Damien Chazelle


Le début de la note d'intention du réalisateur de Whiplash Damien Chazelle donne une parfaite description du ton de son  dernier film nourri  par sa propre expérience:
"Il existe beaucoup de films sur la joie que procure la musique. Mais en tant que jeune batteur d'un orchestre de Jazz dans un conservatoire, je ressentais bien plus souvent de la peur. La peur de rater une mesure, de perdre le tempo, et surtout,la peur de mon chef d'orchestre. Avec Whiplash, je voulais réaliser un film qui ressemble à un film de guerre ou de gangsters - un film dans lequel les instruments de musique remplacent les armes à feu, et où l'action ne se déroule pas dans un champ de bataille, mais dans une salle de répétition ou sur une scène de concert"

Histoire racontée à travers la destinée d'un étudiant Andrew tout juste entré au conservatoire de Manhattan. Il n'a qu'un but devenir le meilleur pour cela il est prêt à tout ... travaillant sans relâche sa batterie dès qu'il a un moment de libre jusqu' à se faire saigner les mains. Il est ainsi repéré par le professeur mythique de l'école Terence Fletcher. Une vraie terreur dont la pédagogie n'a rien à envier aux méthodes barbares de l'adjudant de Full Metal Jacket. Mais Andrew est prêt à tout endurer ...

Ce film est absolument passionnant parce qu'il pose de nombreuses questions sur la pédagogie et de savoir notamment si il est possible d'atteindre l'excellence sans souffrance. La méthode de Fletcher a trouvé son inspiration dans la légende de Charlie Parker qui un soir de concert à Reno dut éviter une cymbale jetée par le batteur de son groupe et subir ses remontrances parce qu'il avait planté un solo.. Humilié, moqué par le public, le musicien est reparti piteux chez lui travailler comme un dingue son instrument. Un an plus tard, il revenait sur cette même scène, il y fut acclamé. Charlie Parker est devenu un des plus grands musiciens du siècle dernier. 

Chaque répétition de l'orchestre jazz dirigée par Fletcher est une séance d'angoisse où l'on sent les élèves terrorisés et angoissés à l'idée de se faire remarquer par le professeur. C'est absolument terrible et totalement inhumain. J.K Simmons qui interprète le rôle est diabolique; face à lui, le  jeune Andrews a tout d'une tête à claques  ce qui fait qu'on ne sombre jamais dans un manichéisme angélique  mais on tremble tout de même pour lui à chaque session...

Un film fort qui ne nous lâche pas un instant, avec en fond une sublime musique qui tout d'un coup a un goût de sang qui nous rappelle que l'improvisation ne supporte pas l'approximation.

Angus & Julia Stone - Angus & Julia Stone

Ils sont australiens, ils sont frères et soeur et ils aiment chanter ensemble. Voila qui doit bien faire plaisir à leurs parents. Mais comme ils sont bourrés de talent le plaisir va bien au delà du cercle familial. Le folk est leur première inspiration mais ils y ont ajoutè des touches de pop et des sonorités électriques  qui donnent une densité à cet album  où les voix se font du coup plus fortes. Rick Rubin a produit leur dernier album et c'est une petite merveille. Captivant !

Nous terminerons l'année avec le dernier album de Angus & Julia Stone qu'ils ont tout simplement nommé Angus & Julia Stone. C'est notre album de la semaine !


samedi 27 décembre 2014

Carmadou 2014 - Notre Sélection

Comme chaque année, nous célébrerons ce que nous avons aimé plus que tout. Nous n'avons pas  tout vu, ni tout entendu, et encore moins tout lu puisque nous devons confesser avoir moins lu durant cette année. Mais qu'importe, nous nous permettrons en toute subjectivité de célébrer un nom de chaque catégorie parmi cette sélection et de les décorer d'un inutile Carmadou:

Cinema:

Bertrand Bonello - Saint Laurent
Thomas Cailley -Les Combattants
Xavier Dolan - Mommy
Jonathan Glazer - Under The Skin
Richard Linklater - Boyhood

Littérature:

Maylis de Kerangal - Reparer les vivants
Etgar Keret - 7 années de bonheur
Edouard Louis - Eddy Bellegueule
Patrick Modiano - Pour que tu ne perdes pas dans le quartier
Eric Reinhardt - L'amour et les forêts

Musique:

Alt J - This All Yours
Jeanne Cherhal - Histoire de J
Florent Marchet - Bambi Galaxy
Morrissey - World Peace is None of your Business
Jean-Louis Murat - Babel

Qui pour succéder à Jean-Philippe Toussaint, Abdellatif Kechiche et Etienne Daho? Nous allons y réfléchir encore quelques jours...



Gaby Baby Doll- Sophie Letourneur

Film sympathique que le dernier long métrage de Sophie Letourneur qui nous offre un joli conte en cette fin d'année.
 Il était une fois Gaby une jeune fille qui ne supportait pas de se retrouver seule. Elle naviguait entre colocations et  petits amis pour éviter l'angoisse de la solitude.
Son médecin qui avait la grâce d'une fée lui prêta  sa maison de campagne pour qu'elle s'écarte du chaos de la ville et se mette au vert . Mais rien n'y faisait la peur était là chaque soir qui la poussait vers le bar du village mais elle eut vite fait le tour des garçons. Il ne restait plus qu'un ermite à longue barbe qui vivait dans une cabane au pied d'un château. Gaby décida d'y passer ses nuits  préférant les partager avec cet être sauvage plutôt que de rester seule dans sa grande demeure... La journée elle suivait cet étrange compagnon dans de longues ballades qui se révélèrent initiatiques... et si derrière l'homme sauvage se cachait un prince charmant?

Chez Sophie Letourneur, les filles expriment sans filtre leurs tourments, elles peuvent en être exaspérantes mais aussi touchantes... Gaby, interprétée merveilleusement par Lolita Chammah, nous la suivons tout du long même dans ses moments les plus intimes, elle se retrouve les pieds dans la gadoue mais elle finit par réaliser le rêve de nombreuses femmes, avoir Benjamin Biolay pour elle toute seule. C'est aussi cela la magie du cinéma

L'amour et les forets - Eric Reinhardt


Si la qualité d'un livre se mesure à la manière dont il vous hante par la suite, "L'amour et les forêts" d'Eric Reinhardt est assurément un très grand livre. Lu avec frénésie, bouleversant il ne cesse de nous poursuivre alors que la lecture en est achevée depuis plusieurs semaines, nous sommes restés marqués par le personnage central, Bénédicte Ombredanne au destin tragique.
Au départ, Bénédicte Ombredanne est une lectrice de Eric Reinhardt. Comme nous, elle a dévoré son roman Cendrillon. Elle a écrit son admiration à l'auteur qui n'a pas pour règle d'apporter une réponse au courrier de ses lecteurs. Mais dés la lecture de la lettre de Bénédicte, il perçoit une lectrice différente. Il lui envoie immédiatement un courriel le début d'une relation où il va découvrir l'histoire de la jeune femme.
Bénédicte est une femme brillante, agrégée de littérature, elle enseigne au lycée. Sa seule faiblesse est son incapacité à se choisir un bon mari. Après un premier échec, elle choisit pour second époux, Jean François, un choix par défaut qui va créer sa propre perte...L'amour, le vrai, elle l'a connu avec Christian un homme croisé sur Meetic , un soir où elle n'en pouvait plus, elle avait décidé de partir en chasse sur le net. Mais tenue par ses enfants, Bénédicte n'a pas voulu tout quitter... sa vie bascule définitivement dans l'enfer.
Description parfaite d'un cas de harcèlement moral, une violence terrible parce qu'elle ne laisse aucune trace visible, il est donc impossible d'apporter des preuves matérielles des faits décrits. Les propos peuvent toujours être mis en doute, il n'y a pas de preuves tangibles et généralement le tortionnaire est suffisamment habile et manipulateur pour laisser croire que tout est exagéré. Jean François est absolument immonde, il manipule les enfants, il empêche sa femme de dormir.
Nous ne savons pas la part de réalité du dernier roman de Eric Reinhardt et nous n'avons pas cherché, nous avons préférer décider que tout était vrai.  Jean-François doit continuer à vivre dans ses certitudes impunément mais par ce roman captivant, magnifique inscrit dans le marbre  il ne plus échapper à son crime. 

Un roman impressionnant, un cadeau magnifique à Bénédicte où la littérature rend justice à sa vie, ses souffrances !

jeudi 25 décembre 2014

Macbeth - Ariane Mnouchkine - Théâtre du soleil

Macbeth est un glorieux soldat aimé de ses hommes, récompensé pour son courage par le roi, du titre de "Thane de Cawdor"...Trois sorcières lui prédisent son accession au trône mais elles annoncent également que c'est la descendance de  son ami Banquo qui lui succédera...
Il va alors basculer dans le crime odieux pour réaliser la prémonition des sorcières et prendre le pouvoir. Encouragé par sa femme toute aussi avide de puissance, il tue le monarque Duncan et installe une sombre tyrannie . Hanté par son crime odieux, il glisse dans la folie tout en tuant ce qui le menace et cherchant notamment à éliminer Banquo et sa descendance  ... Il finit abandonné de tous,  recroquevillé dans son bunker où les résistants viendront mettre fin son régime.
Un Macbeth totalement contemporain. Le bruit et les lueurs d' hélicoptères  rappellent Apocalypse Now de Coppola, l'ambiance n'est pas sans évoquer les dictateurs arabes déchus de ces dernières années... Macbeth devient roi, il cède au bling bling, on se croirait dans une famille de maffieux sorti de chez Scorsese. Mais il y a surtout cette folie qui monte coupant le monarque du monde finissant dans un bunker que les dictateurs chérissent s'y croyant invulnérables. 
Les scènes se succèdent à toute allure où dans une organisation parfaite les décors sont remplacés en un clin d’œil et c'est peut être là la limite de ce spectacle fait de temps forts et de temps faibles qui n'a pas la même magie que son précédent "Les naufragés du fol espoir" qui était exceptionnel...
Pourtant nous sommes subjugués par la beauté de la scène où Macbeth et son ami Banquo croisent les sorcières et nous entrons avec ravissement dans ce spectacle impressionnant. Ariane Mnouchkine nous rappelle en situant l'action dans l'époque contemporaine combien Shakespeare a vu juste, son propos est toujours aussi pertinent, il convient toujours de se méfier de ceux qui désirent le pouvoir, ils sont capable de tout pour se l'approprier, la folie n'est jamais loin dans cette volonté de contrôler le monde.
Emportés par la magie des lieux , le souffle et la puissance de la pièce de Shakespeare opèrent . Soirée fabuleuse de Noël où la représentation est suivie d'un repas servi par les comédiens qui deviennent les  serviteurs de leurs spectateurs, ne les abandonnant que pour monter sur une estrade et animer la soirée en chanson... un moment merveilleux

Aller au théâtre du soleil passer son réveillon de Noël c'est réaliser un idéal où le sentiment de Fraternité n'est pas une utopie!


mardi 23 décembre 2014

Jacques Chancel (02/07/1928 - 23/12/2014)

Il incarnait à lui seul le fantasme qu'il y eut un âge d'or de la télévision publique de qualité. Le Grand Echiquier est cette émission toujours citée pour nous laisser croire qu'avant c'était mieux. Trop jeunes pour avoir connu cette époque nous n'y croyons guère... La télévision a toujours été la télévision !
Nous nous rappelons l'avoir entendu sur les ondes de France Inter et l'avoir toujours trouvé un peu emmerdant. Mais cet homme n'était pas sans qualité, il était du même pays que nous !

R.I.P Monsieur Chancel !

Joe Cocker (20 mai 1944 - 22 décembre 2014)



Nous avions un rapport compliqué avec Joe Cocker, l'homme nous était sympathique mais nous avions du mal à supporter son chant, ce qui a quelque peu limité nos relations. Il fut présent lors des grandes fêtes de Woodstock , c'est là que nous le préférons quand il chantait les Beatles.

R.I.P !


dimanche 21 décembre 2014

Timbuktu - Abderhamanne Sissako

Timbuktu ou Tombouctou est une  ville du nord Mali traversée par le fleuve Niger . C'est un lieu magnifique classé par l'UNESCO, notamment parce que la ville est gardienne d'un trésor de l'humanité des manuscrits datant du XIII° siècle, un ensemble hétéroclite  témoignage  inestimable des temps passés.
C'est aussi le cadre du dernier film d'Abderhamanne Sissako, récit de l'histoire récente du Nord Mali soumis à la  déferlante d'islamistes désireux d'installer la Charia et une politique obscurantiste où tous les plaisirs de la vie sont interdits.
Dés les premiers plans nous découvrons les lieux magnifiques et paisibles. Un endroit idéal où tout va basculer. Finis la musique, le football, impossible pour les femmes de se promener sans un scaphandre de tissu. Les habitants n'acceptent pas cette situation, une femme continue de vendre son poisson les mains nues, les gamins jouent au football sans ballon dans une scène absolument magnifique où les gestes du footballeur deviennent une chorégraphie, puis le soir tombe, impossible de renoncer aux plaisirs de la musique.

Il y  a bien une tentative de dialogue entre le responsable local de la mosquée et les nouveaux arrivants, mais ces derniers refusent d'entendre les propos sages que tentent de leur faire entendre l'homme de foi...
Coups de fouets, lapidation l'arsenal répressif se met irrémédiablement en place. La population est asservie, les femmes mariées de force.

Un fait divers, où la dispute entre un éleveur et un pécheur se termine par une bagarre tragique donne lieu à une justice ridicule et bêtement sanglante.

Film magnifique, terrible. Dans son œuvre précédente, Bamako le cinéaste faisait le jugement de le politique imposée par le FMI. Il serait d'ailleurs intéressant de s'interroger si la situation actuelle n'est pas une  conséquence de l'étranglement financier de l’État malien sommé de se débarrasser de ses politiques sociales par les instances internationales.
Ici face à la dignité incarnée en majorité par les femmes,  les tortionnaires sont ridicules, ils seraient bêtement risibles si tout cela n'était pas affreusement tragique.


La vie est belle - Frank Capra



La vie est belle de Frank Capra, nous en avions déjà parlé  ici. Mais que voulez vous ce film est irrésistible, nous ne pouvons pas résister à l'envie de le revoir chaque fois que nous le découvrons à l'affiche d'un cinéma. Nous n'avons pas hésité une demi seconde à brancher notre réveil pour ne pas rater la séance du dimanche matin du ciné club de Claude Jean Philippe.
Ce film malgré les années qui passent garde toute sa fraicheur car il incarne un idéal de fraternité, ce mot inscrit sur tous les frontons des monuments officiels parce qu'il fait partie de la devise de notre République mais si peu présent dans nos vies.
Un film fort, brillant, drôle et émouvant qui parle d'un logement décent pour tous, alors que dans nos villes certains dorment sur les trottoirs et parfois au pied d'immeubles aux appartements vacants. George Bailey, le héros de ce film à qui James Stewart donne toute sa dimension est un saint, il est sauvé par l'ange le plus improbable de l'histoire du cinéma... on en pleure de joie.

La vie est belle est un film parfait pour célébrer l'esprit de Noël, Frank Capra est un génie capable de créer à partir de bons sentiments des œuvres d'art indiscutables. Nous avons revu La vie est belle, et nous reverrons à coup sûr. It's a wonderful Life !

Puisque cette année, nous serons au théâtre la nuit du 24 décembre, il est par anticipation notre film de Noël !

Christine And The Queens - Chaleur humaine

"2014 fut l'année de la consécration pour Christine et ses Queens, qui ont livré un premier album tubesque qui prend à rebrousse poil la chanson française en la frottant à l'electro et au r'n'b. Audacieux et captivant, le disque était déjà une excellente nouvelle pour nos cœurs et nos oreilles. Son succès public en est une autre."

Ainsi parlent les Inrockuptibles du premier album de Christine and the Queens qu'ils viennent de déclarer album de l'année... Nous ne l'avions entendu qu'à travers les ondes de la radio, ils nous ont poussé à être un plus curieux et à partir à la découverte de cette chaleur humaine qui ne peut pas faire de mal pour nous lancer dans l'hiver. 

Chaleur humaine de Christine and the Queens est notre album de la semaine !


samedi 20 décembre 2014

Virna Lisi (8 novembre 1936 - 18 décembre 2014)


Elle avait tourné à Hollywood, notamment dans une comédie How to murder your wife? d'un auteur trop peu reconnu à nos yeux, Richard Quine. Mais c'est en interprétant Catherine de Médicis dans la Reine Margot de Patrice Chéreau qu'elle remporta le prix d'interprétation au festival de Cannes qui avait alors décidé de bouder  Isabelle Adjani .
Reconnaissons tout de même quelle fut exceptionnelle en interprétant  un des personnages les plus fascinants de l'Histoire de France .

R.I.P Virna Lisi !

vendredi 19 décembre 2014

Bal Caustique - Cie Hirsute

Nous avions vu ce spectacle et nous en gardions un excellent souvenir. Revoir Bal caustique était pour nous la promesse d'un plaisir certain. Ils sont deux, un homme, une femme, ils s'aiment un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout... Ils sont hirsutes et caustiques... ils transcendent les arts du cirque, une heure durant. Trapèze, cerceaux, Washington, ou tout simplement un rockingchair, ils se jouent des lois de la physique et ils sont totalement fidèles à leur note d'intention:

"L"univers devient chaque fois plus inquiétant, surréaliste, poétique et d'une grande virtuosité technique,. le spectacle évoque le dadaïsme allemand, le surréalisme français, les fleurs du mal de Baudelaire, Antonin Artaud et son théâtre de la cruauté, l'écume des jours de Boris Vian et les mécanismes de Marcel Duchamp.

Une heure de pur enchantement, on rit , on s'inquiéte parfois mais surtout on s'étonne des prouesses du corps humain. Mais nous ne nous emballons pas à vouloir reproduire ce que nous avons vu .

Bal caustique c'est toujours aussi génial, promesse tenue !

dimanche 14 décembre 2014

Mr Turner - Mike Leigh

Dernières années de la vie du peintre qui  vit reclus chez lui entre son père qui est son assistant et sa gouvernante. Personnage peu aimable,  il refuse notamment de s'occuper de ses deux filles qu'il eut avec une ancienne compagne . Il fait  cependant de nombreux voyages sur les bords de mer où il remplit son carnet à croquis. A la mort de de son père, il plonge dans la dépression son œuvre se radicalise créant une forme d’incompréhension des critiques académiques qui lui vaut bien des railleries. Il dessine dans les bordels, il fait l'amour sans affection à sa servante... il parle peu, s'exprime par des grognements. Sa rencontre avec la veuve Booth avec qui il va vivre maritalement égaye ses derniers mois. Il s'éteint auprès d'elle laissant  ses derniers mots: "The sun is god".
Il y a beaucoup d'application dans le film de Mike Leigh notamment dans la reconstitution de l'Angleterre du XIX° siècle et c'est là un des principaux charmes de ce film qui reste malgré tout assez plat et ne nous raconte finalement pas grand chose sur le peintre anglais et sa puissance créatrice. Nous nous sommes fatigués de ses grognements ininterrompus, Timothy Spall se révèle agaçant par un jeu sans subtilité. Nous avons bien compris que le cinéaste a voulu montrer que derrière la brute et sa carapace épaisse, il y avait un homme sensible qui avait une perception fine de la vie et des beautés du monde, mais c'est un peu léger pour nous tenir en émoi durant plus de deux heures. John Ruskin qui apparait au milieu du film est totalement ridicule, il apporte un moment de fraicheur et de comédie .
Si l'histoire d'amour avec la veuve Booth émeut par sa sincérité, il est difficile de placer ce film dans les grands biopics, nous sommes par exemple bien loin du Van Gogh de Maurice Pialat ou de l'Amadeus de Milos Forman . 

Buddy Guy - Blues Singer


Gamin, dans le sud ségrégationniste, Buddy Guy rêvait de guitare, instrument inaccessible alors il bricolait avec parfois avec de simples bouts de ficelles des instruments à cordes. Pour ses seize ans, son père lui offre sa première vraie guitare, une deux cordes...
Puis le gamin quitte le sud des Etats Unis pour rejoindre La Mecque des blues men, Chicago, la terre de ses héros John Lee Hooker, Muddy Waters Howlin' Wolf... Son talent est vite remarqué, il devient un incontournable des mythique studios Chess... Une musique qui allait être une source d'influence notoire des groupes anglais qui allaient émerger dans les années 60, Beatles, Rolling Stones.

Nous avons choisi pour honorer Buddy Guy, un album de 2003, Blues Singer où il reprend  la guitare acoustique pour revenir aux sources de sa musique, ... Un disque de reprises absolument somptueux...

Blues Singer de Buddy Guy est notre album de la semaine !


samedi 13 décembre 2014

Compagnie Fêtes Galantes - Que me joie demeure

Dix danseurs, des costumes élégants aux tons vifs, rouge, jaune, rose, des chaussures à talons comme on pouvait en porter à la cour de Versailles et la musique de Jean Sébastien Bach, les concertos Brandebourgeois.... Mains légèrement repliées, bras tendus, petits sauts, mais ce n'est pas une simple reconstitution des danses du passé que nous propose Béatrice Massin. Danse verticale où les corps restent raides presque en retenue, se refusant d'abord au plaisir puis  impulsent en mouvement et fluidité  de belles envolées  pour se laisser  aller dans un final joyeux qui nous révèle toute la sensualité de la musique du maître baroque...
Le spectacle tourne depuis 10 ans avec un succès jamais démenti. C'est pétillant, joyeux et léger comme une flute de champagne bien frais, on se laisse emporter par une douce ivresse repartant légers avec cette promesse que notre joie demeure. Divinement bon!


mercredi 10 décembre 2014

La femme d'à coté - François Truffaut

Après avoir vécu un long tournage coûteux pour le Dernier métro, François Truffaut qui a triomphé à la cérémonie des césars se lance immédiatement dans un nouveau projet: La femme d'à coté.
Il a découvert à la télévision le visage et la voix envoutante de Fanny Ardant dans le feuilleton de Nina Companeez, Les Dames de la côte. Il en tombe immédiatement amoureux, il veut la faire tourner avec Gérard Depardieu qui est tenu par un engagement avec Francis Veber, et doit partir prochainement sur le tournage de la Chèvre. Il est pressé par le temps...
La femme d'à coté.raconte l'histoire d'un homme et d'une femme qui se sont aimés passionnément, et qui se retrouvent par hasard, voisins des années plus tard.Plongeant à nouveau dans la passion, ils détruisent tout ce qu'ils avaient pu reconstruire depuis leur séparation. Une histoire d'amour qui doit les mener jusqu'à la mort. Un mélange de sexe, de passion  et de mort qui a toujours fasciné le cinéaste!
Peu de choses si ce n'est cette trame et c'est un peu là, la limite de cette histoire rapidement écrite, les personnages secondaires sont plutôt fades, pas vraiment aidés par les acteurs Henri Garcin et Michèle Baugmarter qui donnent peu de reliefs à leurs personnages. Quelque chose d'artificiel, de purement théorique   se dégage de ce film de François Truffaut tourné à la va vite. Mais il reste ce duo Gérard Depardieu et Fanny Ardant qui arrive à faire oublier les faiblesses de cette fiction, la jeune femme est éblouissante, envoûtante dés qu'elle parle, elle est admirablement filmée par le cinéaste de l'homme qui aimait les femmes.

Si la femme d'à coté n'est pas le plus grand film de François Truffaut, il mérite d'être vu pour son duo d'acteur qui donne à ce film toute son intensité

dimanche 7 décembre 2014

L'homme du peuple - Andrzej Wajda

L'histoire contemporaine de la Pologne est particulièrement complexe et passionnante; seul le travail scientifique des historiens pourra un jour dire quel fut réellement le rôle de chacun dans la chute du pouvoir communiste. Le pays fut au cœur de la chute du système communiste, parce que le leader ouvrier Lech Walesa par son charisme sut captiver l'attention du monde sur son combat dont tout laissait  penser qu'il allait se terminer par une intervention soviétique et un bain de sang comme cela avait toujours été le cas dans les années précédentes à chaque désir de liberté à l'est du rideau de fer.
Mais la donne avait changé, un pape polonais avait été élu, le système soviétique dirigé par des vieillards était à bout de souffle.
C'est peut être là, la seule limite du film Andrezj Wajda celle de se limiter à la seule figure de Lech Walesa et de nous donner une image parcellaire de la Pologne en révolte contre le régime communiste quand nous aurions aimé avoir une fresque historique plus large. Nous aurions aimé connaître plus exactement  le rôle des intellectuels de Varsovie et notamment sur leurs relations nouées avec les ouvriers, et mieux  comprendre comment  les arcanes du pouvoir communiste furent totalement déstabilisées . Mais il  reste un film passionnant qui n'est en rien une hagiographie du leader syndical, si hagiographie il y a, c'est celle de l'épouse, une femme admirable de bout en bout condamnée à sa cuisine pour nourrir ses enfants.
Nous découvrons Walesa lors des  grèves de 1970 violemment réprimées par la police. Embarqué au poste, il s'en sort aisément en signant notamment des papiers où il s'engage à être un agent de renseignement. Nous le retrouvons ensuite ouvrier sur les chantiers de Gdansk, il n'est pas le plus véhément, suivant parfois le mouvement plus qu'il ne le provoque mais chaque fois qu'il parle il est écouté. Devenu un des leaders de la première grande grève des chantiers de Gdansk suite au licenciement scandaleux d'Anna Walentynowicz il  obtient satisfaction sur les principales revendications des ouvriers de l'usine oubliant les autres grévistes, mais son vrai talent de négociateur avec les autorités permit peut être d'éviter la tragédie.Il  s'est rendu indispensable.
C'est à travers une interview donnée à une célèbre journaliste italienne Oriana Fallacia que le leader syndicaliste détaille les événements de 1970 à 1989 alors que son logement est étroitement surveillé par les autorités. Affable, vaniteux il aime à se raconter... Pour autant il reconnaît ses faiblesses, il ne joue pas aux héros, se décrivant  volontiers comme un homme ordinaire qui n'a jamais ouvert un livre ce qui ne l'empêche pas d'avoir l'esprit plus vif que les intellectuels de Varsovie dénués de son sens pratique et de son flair politique. Malin il ne tombe jamais dans les pièges tendus par les services de l'Etat qui espèrent toujours en faire un allié.

Le cinéaste évite les travers de ce film de genre, par des ruptures de ton, en utilisant subtilement les images d'archives il trace un portrait bienveillant du leader charismatique dont nous sentons bien qu'il lui voue une véritable admiration et une profonde reconnaissance. La limite vient principalement de l'acteur Robert Wieckiewicz qui est engoncé dans le costume de Walesa et dont le jeu est sans finesse, il ne se libère jamais de sa grosse moustache  au contraire de l'actrice Agnieszka Grochowska qui incarne son épouse.

Au moment des événements, Wajda avait exprimé son esprit de résistance et ses désirs de révolution à travers son film Danton interprété par Gérard Depardieu. Il peut enfin rendre hommage directement à son héros, Lech Walesa

Nina Simone - Anthology (The Colpix Years)

Nina Simone veut étudier dans ses jeunes années le piano classique, mais sa couleur de peau lui interdit l'entrée de l'institut Curtis. Qu'importe, elle ne renonce pas, la musique est sa vie, elle devient une chanteuse magnifique puisant son inspiration dans toutes les musiques noires, Jazz, Gospel, Blues, Soul pour devenir une chanteuse majeure de son temps, sans oublier son piano, indéfectible compagnon durant toute sa carrière. Dans le même temps, elle mène le combat contre la ségrégation , elle fut une adversaire acharnée de la bêtise humaine tout au long de sa vie.
Nous avons choisi pour la célébrer, un double album "anthology" qui a le mérite de retracer sa carrière avec notamment de nombreux enregistrements publics où elle donnait toute la mesure de son talent immense. Les scélérats ont voulu l'empêcher d'apprendre le piano, la musique de Nina Simone ne cesse de résonner aux quatre coins du monde, quelle belle revanche contre ceux qui sont depuis fort longtemps voués à l'oubli.

Anthology: The colpix years de  Nina Simone est notre album de la semaine !


samedi 6 décembre 2014

Josette for Ever - Compagnie Garin Trousseboeuf

Josette, est une vieille dame, c'est une création de la compagnie GarinTrousseboeuf. Marionnette aux cheveux rouges, créée il y a douze ans elle est la première marionnette à sac, elle est devenue une référence. Grâce au génie de ses manipulateurs le sac prend vie en un instant..Accompagné de son amoureux Henri, Josette vient  nous parler avec son sacré caractère de son existence alors qu'elle vit ses derniers jours.
Josette for ever, est  un dernier tour d'honneur pour Josette avant de passer la porte de l'enfer où nous retrouvons un musée qui lui est consacré dont nous nous faisons expulser pour terminer au Paradis de Josette...
Un doux voyage pour un spectacle poétique d'une heure où chacun trouve son bonheur. Josette tire sa révérence mais tous ceux qui l'auront croisée au gré de ses tournées ne sont pas prêts de l'oublier. Sacrée Josette!

Spectacle vu dans le cadre du  Festival Mar.T.O

Monsieur Klein - Joseph Losey

Lorsque nous découvrons Robert Klein, il mène une transaction. Nous sommes à Paris, capitale occupée par les nazis. Il rachète un tableau à un vil prix à son propriétaire juif pressé de récupérer des fonds,il n'a pas d'autres choix que d'accepter le prix qu'on lui en propose... Robert Klein est particulièrement antipathique, lorsqu'il ramène son client à la porte, il découvre un journal de la communauté juive déposé à sa porte.
Croyant tout d'abord à une erreur, il finit par comprendre qu'il est victime d'un homonyme juif traqué par la police. Ce dernier utilise une de ses cartes de visite pour mieux se cacher et détourner les policiers de la préfecture de police sur la trace du marchand d'art... Robert Klein est pris au piège des lois de l'occupation, il bascule dans un monde absurde, kafkaïen.... il ne passe pas au travers des mailles du filet lors de la rafle du Vel d'hiv.
La première scène est effroyable; nous voyons une femme nue, dont tous les aspects du crane sont mesurés par un médecin chargé de délivrer ou non un certificat d'aryanité... Elle nous fait toujours froid dans le dos car nous savons qu'elle aurait pu avoir eu lieu à quelques pas de chez nous à Clamart chez le docteur Montandon, ami de Céline qui ne répugnait pas à se livrer à cette sale besogne. Ce film n'a vraiment pu exister que par la volonté d' Alain Delon qui en fut le producteur, il sut convaincre Joseph Losey de tourner en Français, une langue qu'il ne dominait pas.
Mais le metteur en scène ne pouvait pas rester insensible à cette histoire, victime de dénonciation, inscrit sur la liste noire, il avait du quitter Hollywood et rejoindre l'Angleterre pour exercer son métier, ce film était une évidence pour lui. La reconstitution de Paris sous l'occupation est parfaite; s'y côtoient  drame et vie frivole et joyeuse où l’antisémitisme devient le fond de commerce des cabarets et des chansonniers. Alain Delon est exceptionnel dans sa composition, il sied parfaitement à la complexité de son personnage.
Monsieur Klein est ressorti sur les grands écrans dans une copie neuve, c'est toujours  un grand film sur l'occupation !

vendredi 5 décembre 2014

Coeur Cousu - Collectif des Baltringues


"Coeur Cousu" est une adaptation d'une partie du roman  de Carole Martinez. La marionnette se révèle un art parfait pour donner une représentation de la femme espagnole dans tous ses excès...
Ici, une jeune fille est considérée comme sorcière parce qu'elle fait des choses extraordinaires avec du fil et d'une aiguille trouvés dans une boite mystérieuse transmise de génération en génération. Ainsi elle a donné un cœur à une vierge gardée pieusement par des femmes de la paroisse entre deux processions dont le corps caché par sa robe n'était qu'un amas froid de ferraille...
Julie Canadas captive par son art de conter cette histoire extraordinaire en incarnant divers personnages avec des marionnettes pleines de caractères. Poésie et humour se croisent ici.  Un beau spectacle !

Spectacle, vu au château de Sceaux


mercredi 3 décembre 2014

Bobby Keys (18/12/1943 - 02/12/2014)

Saxophoniste, il fut un compagnon de route des Rolling Stones ce qui fit sa gloire, participant notamment à l'enregistrement du mythique "Exile on main Street". Il participa aux tournées mais le groupe le mit sur la touche en 1973 pour des excès récurrents le rendant quelque peu ingérable, il ne retrouve la bande que dix années plus tard ...
Il restera le type qui jouait du saxophone sur Brown Sugar, et rien que cela, ce n'est pas rien !





dimanche 30 novembre 2014

La prochaine fois je viserai le coeur - Cedric Anger

La prochaine fois je viserai le coeur raconte l'histoire d'un gendarme, Frank devenu un tueur en série .Ses victimes sont des jeunes filles qu'il prend en stop avant de les liquider brutalement  à l'arme à feu... Il se retrouve à enquêter sur ses propres crimes ce qui n'aide pas l'enquête à avancer. Les soupçons finissent par se rapprocher, le style  des lettres anonymes envoyées par le tueur laisse à penser selon les experts qu'il est serait un membre de la police ou de la gendarmerie. Une hypothèse refusée par la hiérarchie militaire mais les preuves s'accumulent ...Frank est finalement confondu...
Inspiré par un fait divers, l'affaire Alain Lamare, le film de Cédric Anger aux accents melvilliens par sa reconstitution précise nous plonge dans la fin des années 70, un vrai film en costume où nous retrouvons les gendarmes et leurs képis et les voitures d'époque. La composition de Guillaume Canet particulièrement impressionnant, au niveau de Delon dans le Samourai donne toute la complexité du personnage rongé par la maladie mentale. Gendarme reconnu pour sa disponibilité, sa rectitude, Frank cache parfaitement son asociabilité révélée par  de scènes de vie, où chez lui il se baigne dans de l'eau glacé ou s'enroule le bras de fils barbelés, moments qui nous rappellent le personnage de Taxi Driver. Nous découvrons son dégout du contact,  il n'a de vrais liens qu'avec son jeune frère. Il y a aussi Sophie une jeune fille interprétée par Ana Girardot qui vient faire un peu de ménage chez le gendarme, elle finit par tomber amoureuse de lui, il n'est pas insensible mais c'est une affaire compliquée pour lui...
Puis il y a ces scènes de traque où poussé par des pulsions irrépressibles, Frank dans une voiture volée cherche sa proie, la victime jeune et naïve se laisse facilement piéger... Des moments terribles et éprouvants. Arrêté par ses collègues, il se mure dans le silence,n'acceptant de reconnaitre ses actes qu'une seule fois, face à son supérieur.
C'est un film totalement maitrisé qui ne se laisse jamais emporter par les émotions qu'il génère, le film de Cedric Anger est particulièrement impressionnant.

Echo and the Bunnymen - Ballyhoo (1998)


Pour continuer avec les compilations, nous avons choisi un groupe de Liverpool des années 80, Echo and The Buynemman. Ian Mcculloch est son leader. Chanteur, il est l’âme de ce groupe.Son inspiration vient des Doors et de Television mais aussi de Joy Division, originaire de la ville voisine, Manchester... Le groupe s'est séparé, reformé sans jamais retrouver la même grâce que lors de sa première décennie.

Ballyhoo nous offre une plongée dans le meilleur des années 80,c'est notre album de la semaine


samedi 29 novembre 2014

Interstellar - Christopher Nolan (2014)

Nous n'avons pas une grande passion pour les films de science fiction qui ont pour cadre l'espace, sans doute nos connaissances scientifiques limitées ne nous permettent d'en prendre toute la mesure. Mais notre curiosité nous a poussé à aller voir le dernier film de Christopher Nolan, et nous devons bien l'avouer , nous n'avons pas vraiment saisi le sens de son propos ...

Nous ne savons pas vraiment à quelle époque nous nous trouvons mais la Terre va mal et voit son avenir particulièrement entamé, balayée par des tempêtes de sables, seul le maïs continue à pousser, l'apocalypse n'est pas loin,  certains plans nous rappelle le roman de Cormack McCarthy, la route...Cooper un ancien pilote de chasse s'est reconverti comme agriculteur, élevant seul ses deux enfants dont sa fille Murphy.
Recruté par la Nasa, il est choisi pour mener une opération spatiale qui doit notamment permettre de trouver une nouvelle planète où il fait bon vivre... Il laisse ses deux enfants avec leur grand père sans date de retour, Murphy est particulièrement triste...

Ensuite il est question de relativité, de gravité, d'espace-temps... nous aurions dû décrocher, mais nous sommes restés scotchés par les images de Christopher Nolan, et absolument fascinés par sa représentation de l'espace.  C'est du grand spectacle, où finalement il n'est pas absolument indispensable d'adhérer à cette fable futuriste et sentimentale  pour être captivés.

vendredi 28 novembre 2014

De passage - Stephane Jaubertie /Johanny Bert

Photo Jean Louis Fernandez
Un casque sur la tête, la voix est ainsi chuchotée à chacun dans un cadre intime. De passage, c'est une histoire qui nous est contée comme pouvait le faire nos ainés le soir alors que nous étions de jeunes enfants. Un conteur et un jeu d'ombres pour illustrations mêlant silhouettes et dessins , une histoire d'un enfant élevé par  sa mère. Le soir il se retrouve seul, sa mère devant rejoindre son travail de l'autre coté de la ville.
Un soir n'y tenant plus, il met ses bottes, son manteau traverse la ville dans le froid pour rejoindre l’hôpital... Puis c'est la découverte d'un "caillou noir" qui lui ronge le cerveau, il va devoir ce battre contre cette maladie, il découvre alors sa véritable histoire, son adoption mais surtout il engage un combat contre la mort, il ne veut rien céder, vivre...
Une histoire intime qui parle à chacun, parce qu'il est question d'identité, de parents, de souvenirs... nous retrouvons la magie d'une histoire simple remplie d’humanité merveilleusement racontée qui agit pour les plus grands comme une savoureuse madeleine.Un joli spectacle !

P.D James (03/10/1920 - 27/11/2014)


P.D James a bien dû avoir une jeunesse, mais dans notre imaginaire, elle reste une vieille dame qui écrit des romans policiers dans une tradition bien anglaise... Un genre que nous n'affectionnons pas spécialement mais dont  parfois nous nous laissons aller à la lecture avec un plaisir certain même si rapidement nous oublions la trame de l'histoire.
Dans notre bibliothèque, nous trouvons ainsi Meurtres en soutane et la salle des meurtres. C'est du bel ouvrage!

dimanche 23 novembre 2014

Notorious (Les enchainés) - Alfred Hitchcock (1946)

Les Enchainés (1946) de Alfred Hitchcock, merveille parmi les merveilles, nous pouvons le voir et le revoir... A chaque fois nous nous inquiétons et peut être encore plus, pour Ingrid Bergman envoyée par les services secrets américains espionner des nazis  installés à Rio de Janeiro après le second conflit mondial ...  c'est là toute la magie du cinéma de Alfred Hitchcock!
Alicia Huberman, fille d'un espion allemand condamné à vingt ans de prison est approchée par les services américains qui savent qu'elle honnissait les activités et les engagements de son père. Désespérée, Alicia s'est réfugiée dans une succession de fêtes entre  alcool et séduction ... Pour les puritains américains, elle est l'espionne sans morale dont ils ont besoin.  Elle est prise en main par Devlin (magnifique Cary Grant) qui va l'aider à intégrer le cercle des anciens amis de son père dont Alexander Sebastian qui a la faiblesse d' être amoureux de la jeune femme , celle ci  accepte de l'épouser pour faire avancer l'enquête...
Mais ce qui n'était pas prévu c'est qu'Alicia et Devlin tombent amoureux, que l’accès de la cave du chef nazi soit compliquée... une série d'embuches qui vont révéler à Alexander Sebastian la vraie nature de sa nouvelle épouse. Alicia est en danger....
Un Hitchcock au sommet de son art servi par un duo d'acteurs éblouissants, Ingrid Bergman parfaite dans l'émotion est filmée avec passion par le cinéaste anglais et Cary Grant irrésistible a cette capacité de toujours glisser une once de légèreté dans les moments les plus dramatiques, la classe absolue .Un rôle que Hitchcock définit simplement dans ses entretiens avec François Truffaut: "L'histoire de Notorious, c'est le vieux conflit entre l'amour et le devoir. Le boulot de Cary Grant est de pousser Ingrid Bergman dans le lit de Claude Rains. C'est une situation réellement ironique, et Cary Grant est amer tout au long de l'histoire."

Chef d’œuvre où Hitchcock à travers de bouteilles de Pommard rend hommage au vin français et plus  précisément le Bourgogne que nous avons vu pour la première fois projeté dans une salle de cinéma dans le cadre du ciné club de Claude Jean Philippe. C'était encore plus grand !

The Doors - Best of

Nous ne sommes pas de grands fans des compilations, nous leur préférons sans contestation les albums qui relèvent d'un projet cohérent à un instant donné. Mais le Best Of des Doors fait exception parce que leur carrière fut courte, intense, il donne un aperçu parfait  de cette musique au son  facilement reconnaissable par les sonorités de l'orgue électrique de Ray Manzarek. Un son si particulier mais qui traverse sans embûche les années, la musique des Doors n'a rien perdu de sa force elle ne s'écoute pas comme un simple témoignage de la fin des années 60 et le début des années 70, elle a gardé toute sa fraicheur. Et puis rien n'a changé People are strange ....
Il se dégage toujours un coté animal et sensuel de leur rock porté par la voix de Jim Morrisson qui nous fait ressentir dès les premières notes tout son charisme...Un chanteur qui derrière un abord brutal révèle une vraie fragilité. Ecoutez la musique des Doors, cela donne du peps, nous avons donc choisi de faire du Best of des Doors notre album de la semaine !

samedi 22 novembre 2014

Eden - Mia Hansen Love

Eden le dernier film de Mia Hansen Love, à travers le portrait  de Paul est une plongée dans les années 90 dans le monde de la techno et des rave parties.
Ce dernier fonde avec son meilleur ami un duo de DJ les "cheers", spécialisé dans la musique de Garage, une branche parmi d'autres de la musique techno où les voix chaudes de chanteurs R,nb viennent se coller aux rythmes froids de la musique techno.
Ils connaissant leurs heures de gloire qui les amènent à jouer dans tous les clubs de la capitale ou à tenir l'antenne de La Radio FG .  Paul entraîné par le succès renonce à terminer son mémoire universitaire et abandonne ses études littéraires.
Il vit la nuit, sniffe la cocaïne et rate ses histoires d'amour, le succès va jusqu'à le mener à New York où avec son acolyte il anime des raves parties. Mais la mode est éphémère, la chute est rapide brutale... Paul se retrouve à sec, trente ans, sans situation, sans argent, désespérément seul avec pour seul soutien sa mère qui n'avait cessé de l'alerter sur l'aspect précaire de sa situation même au plus fort de son succès...

Inspiré par l'histoire de son propre frère qui a coécrit le scénario, Mia Hansen Love signe le portrait d'une génération et du mouvement de la French Touch où pour une fois la scène musicale avait pour épicentre la France... Elle raconte cette histoire à travers l'échec de son frère alors que ses camarades de Daft Punk qui ont grandi dans la même période connaissent un succès planétaire jamais démenti à ce jour. Ils ne sont que des seconds rôles dans ce film, ils reviennent régulièrement de manière comique où ils sont chaque fois refoulés des soirées parisiennes, pas reconnus par les services de sécurité... Rien n'est plus sympathique que les premiers moments de cette musique qui a grandi dans la clandestinité, où les soirées sont organisées dans le secret dans une ambiance festive qui n'est pas sans rappeler les rassemblements des années 70. Mais le succès entraîne l'embourgeoisement et ouvre les portes des clubs parisiens ...
On est emporté par la bande musicale du film magistral durant toute la première partie, où l'on ressent parfaitement la frénésie des nuits passées au son de la house music, la chute est sévère en un clin d'œil notre héros se retrouve à animer des soirées sans vie, d'une tristesse infinie.  La cocaïne se referme comme un piège, les rêves et espérances ont été emportés définitivement...il ne reste plus que les souvenirs...

Loin de vouloir  plagier le critique du Monde , Jacques Mandelbaum,  nous le citerons car nous partageons totalement son avis et nous ne saurions mieux l'exprimer : "On a ainsi défini ce que ce film ne veut surtout pas être : un biopic officiel de la « French Touch ». Ressortissant lui-même d’une incontestable « French Touch » cinématographique, c’est néanmoins avec le lumineux Inside Llewyn Davis (2013) des frères Joel et Ethan Coen qu’il cousine. Même façon de décrire une histoire de légende musicale par le biais d’un personnage qui reste à quai, même attention méticuleuse à la vérité documentaire de l’histoire, même succession de moments faibles et de morceaux mythiques : Eden est à l’électro française ce que Inside Llewyn Davis est au folk américain."

jeudi 20 novembre 2014

Garry Winogrand au Jeu de paume


Garry Winogrand est né en 1924 dans le Bronx, il va passer sa vie un appareil photo autour du cou.Si Manhattan est son territoire favori, il accomplit de nombreux voyages tel Robert Frank pour nous donner son portrait de l'Amérique des anonymes.
Une œuvre immense qui trace le quotidien  de l'après guerre d'un pays qui va connaitre maints remous  du maccarthisme à la guerre du Vietnam. Le propos n'est jamais directement politique même si le photographe suit avec intérêt les différentes campagnes. On croise ainsi au cours de l'exposition,  Nixon et ses hommes qui ressemblent à une bande de maffieux  tout droits sortis d'un film de Martin Scorsese ou l'autre visage de l’Amérique celui de JFK entouré par des afro-américaines pleines d'espoir , mais comme il l'indique lui même il n'est que spectateur des événements, il ne se prononce jamais vraiment. "Parfois c'est comme si [...] le monde entier était une scène pour laquelle j'ai acheté un billet [...]Un grand spectacle qui m'est destiné, comme si rien ne se produirait si je n'étais pas sur place avec mon appareil."


L'exposition se déroule en trois parties, la première du "Bronx à Manhattan" un portrait du centre névralgique de sa cité américaine.Gary Winogrand utilise souvent le grand angle ce qui lui permet de restituer toute l'amplitude de la ville. La deuxième "c'est l'Amérique que j'étudie" montre son ouverture sur le reste du pays et notamment les villes en expansion comme Houston, ou Los Angeles. Il aime les stades, les réunions de cowboys... son travail situe clairement ici dans la lignée de celui de Robert Frank.



La troisième partie "Splendeur et déclin" témoigne de la fin des illusions, Watergate, guerre du Vietnam, l'idéal américain d'une démocratie modèle, n'est qu'une illusion, un fantasme... Garry Winongrand continue de photographier dans les stades, à partir de la fenêtre de sa voiture mais il aime à repérer, les âmes seules un peu à l'écart. La vie toujours en mouvement que montraient les premières années se fige peu à peu...



Sublime exposition, qui vient après celles consacrée les années précédentes à Robert Frank puis Diane Arbus, elle est  la plus  importante jamais consacré à son œuvre. Il faut dire que le photographe n'a utilisé qu'une partie mineure de son travail, laissant à sa mort de nombreux rouleaux inexploités. Les clichés ainsi découverts  permettent ainsi découvrir l'ampleur de son travail  dont il reste surement beaucoup à découvrir. Au cœur de l'exposition  une vidéo nous permet de mesurer la dimension du personnage qui plein de truculence parle de son travail sans aucune langue de bois.

C'est un voyage dans l'Amérique du siècle dernier que nous propose l'exposition de Garry Winogrand. un voyage à ne pas rater !



mercredi 19 novembre 2014

Chante ton bac d'abord - David André

Un film au charme fou, un objet nouveau dans l'univers cinématographique, le documentaire chanté... un film rare qui enchante les  plus jeunes qui se retrouvent totalement dans les personnages de ce documentaire et qui rendent mélancoliques les plus anciens qui revisitent les sentiments de leurs jeunes années.
Tourné sur une année scolaire dans la ville de Boulogne sur mer dans le Pas de Calais, nous suivons la destinée d'un  groupe de lycéens, avec au centre d'eux  Gaëlle qui doit négocier son avenir avec ses parents divorcés. Ils doivent préparer leur bac et trouver leur nouvelle route. La crise économique qui frappe la région du Nord depuis 40 ans a pris une nouvelle ampleur ces dernières années... Il n'y a plus cette alternative qu'ont connu leurs parents, voire leurs grands parents où si tu ne travaillais pas à l'école, tu allais à l'usine ou sur les bateaux de pêche...pas de place pour l'échec scolaire !
Gaëlle est au centre du documentaire parce qu'elle est celle qui porte une revendication claire, le droit à l'insouciance qui nourrit son charisme. Elle connait clairement le contexte économique, elle s’inquiète même de l'avenir professionnel de son père électricien sur le port, mais elle connait aussi Arthur Rimbaud elle sait qu'on n'est pas sérieux quand on a dix sept ans, alors rien ne la fera renoncer à aller boire des bocks de bière avec ses amis. Gaëlle, son rêve c'est de faire une école de marionnettes, Charleville justement...  mais son père s’inquiète de ce chemin qui lui semble sinueux et à la destination incertaine, il a la peur de l'impasse... elle porte finalement son choix sur l'école des Beaux Arts de Tourcoing....
Autour d'elle, il y a Rachel qui ne doute pas d'elle, ses parents n'ont jamais eu peur de vivre à la marge, à l'opposé Caroline la seule à être rongée par l'anxiété, incapable de se projeter dans l'avenir. La situation de ses parents, sa mère n'a plus d'emploi et  celui de son père ouvrier est largement menacé, ne fait que nourrir son désarroi .  Nico, lui  s'est créé un personnage inspiré par Dylan et Gainsbourg dont il reprend les tics quand il chante, physiquement il est un mix de Miossec et de Cali. Il déprime quand son canard Douglas  meurt, mais cela tient surtout du personnage "poète maudit "qu'il compose. Surement agaçant mais ici particulièrement touchant...
Puis enfin Alex, un personnage hors norme, n'a pas suivi ses copains en terminale redoublant sa première. Pourtant lors du bac de Français il est allé décrocher un 16 la meilleure note de sa classe ce qui ne lui servira à rien, mais là est Alex, imprévisible, joyeux, un look bien à lui, impossible de le rater. Il a déjà frôlé la mort dans son jeune age victime d'une leucémie, une expérience qui lui  donne un autre regard sur la vie. Il partage avec son père une passion pour le rock, ils ont formé un groupe lui à la contrebasse, son père au chant et au ukulélé, ils donnent des concerts dans les bars. Ils font la route aux sons des Clash et le soir ils donnent une version tendre et touchante d' Antisocial de Trust. Un père qui est resté conforme à ses rêves d'adolescent sans avoir le coté pathétique de l'adulte refusant de vieillir, il a décidé que la crise n'aurait pas de prise sur lui, il est l'adulte le plus joyeux, le plus accompli de ce film.
Le documentaire chanté, David André a confessé que c'était pour lui une vieille idée qui faisait toujours rire son entourage , comme une idée folle et improbable... mais cette vieille lubie a trouvé tout son sens ici, ces jeunes chantant leur vision de la vie, leurs états d’âmes librement ne font qu'exprimer l'insouciance et les peurs propres à leur temps, c'est diablement beau !


Nous avons croisé là un groupe de lycéens d'une section littéraire, qui aime les livres, la poésie...Filmés dans leur territoire du Nord merveilleusement rendu par David André , leur parcours a suscité en nous le désir de visiter Boulogne sur mer et les plages du Pas De Calais... A coté de ces jeunes gens lucides mais pas gâtés non plus ne nous y trompons pas, nous nous souvenons des jeunes filles perdues dévorées par la société de consommation de Bande de filles;  les rêves murmurés ici font du bien.. .   Ce film est à la base un documentaire où le réalisateur est parti sans scénario,  si ce n'est l'objectif de suivre des jeunes gens passant le bac durant une année scolaire,afin de montrer ce moment angoissant de l'épreuve et du choix des possibles ... Par la force des intervenants, il prend la puissance d'une fiction, les personnes devenant personnages au sens le plus romanesque, il se crée quelque chose de rare sous nos yeux, on peut se demander si la bande à Alex n'a pas finalement phagocyté le projet initial pour se l'approprier définitivement avec la bénédiction du réalisateur qui parti dans un lycée immense de Province  a trouvé cinq pépites, un petit trésor en quelque sorte.Il confessa d'ailleurs après le film que le rapport exclusif qu'il eut avec cette bande ne fut pas sans créer des tensions et des jalousies l’empêchant notamment de tourner des scènes de classe.
Chante ton bac d'abord, s'inscrit dans une grande tradition du cinéma français qu'est le film sur la jeunesse avec l'école pour arrière plan. Il y eut zéro de conduite de Jean Vigo, les 400 coups de François Truffaut, Passe ton bac d'abord de Maurice Pialat, ou plus récemment Après mai de Olivier Assayas et bien d'autres encore... nous pourrions également citer les films de la série d'Arte Toutes les garçons et les filles de leurs ages dont nous retenons  les roseaux sauvages de André Téchiné tant Gaëlle nous parait aussi lumineuse que pouvait être alors Elodie Bouchez. Une page magnifique du cinéma français où il convient d'inscrire ce dernier film qui vient nous rappeler que cette jeunesse idéaliste existe toujours!

Chante ton bac est un film magnifique, c'est un pur enchantement !




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