jeudi 31 juillet 2014

Beaulieu sur Dordogne



Encore un superbe village corrézien construit autour d'une église romane impressionnante qui nous rappelle la puissance passée de l'Eglise que Raoul Glaber moine chroniqueur de son temps avait énoncée ainsi lors de l'an mil : "Trois années n’étaient pas écoulées dans le millénaire que, à travers le monde entier, et plus particulièrement en Italie et en Gaule, on commença à reconstruire les églises, bien que pour la plus grande part celles qui existaient aient été bien construites et tout à fait convenables. Il semblait que chaque communauté chrétienne cherchait à surpasser les autres par la splendeur de ses constructions. C’était comme si le monde entier se libérait, rejetant le poids du passé et se revêtait d’un blanc manteau d’églises."

Plus étonnant est cette tradition d'accrocher un panneau en hommage des nouveaux élus, après renseignement c'est une vielle tradition locale de l'arbre de mai. En contrepartie l'heureux élu doit alors régaler le conseil municipal et les électeurs

Il y a cent ans, ils ont tué Jaurés (03/09/1959 - 31/07/1914)


Anne Berest - Sagan 1954

Elle n'est pas vraiment en forme Anne Berest, séparée depuis peu du père de son enfant alors qu'elle est en pleine écriture de son troisième roman; lorsque Denis Westhoff ,le fils de Françoise Sagan la contacte pour passer une commande littéraire:
"on fêtera bientôt les dix ans de sa mort, déjà, dix ans, je voudrais qu'on se souvient ce que cela a représenté, dans la société de 1954, la sortie de Bonjour Tristesse. C'était il y a soixante ans!"
Une commande idéale pour oublier le marasme du quotidien, partir avec Françoise Sagan pour retrouver le goût de la vie, partir sur ses traces au Casino de Deauville, sur les plages de Saint-Tropez ou parcourir la nuit, Paris et ses soirées mondaines. Vivre à toute vitesse !
Tout commence le 1er Janvier 1954 au petit matin,  Françoise et son inséparable amie Florence Malraux croisée au cours Hattemer croisent au bout de la nuit Jean Cocteau.
Très vite en ce début d'année, Françoise envoie le manuscrit de son premier roman rédigé l'été précédent; Elle retient trois maisons d'édition: Julliard, Plon et Gallimard. Elle rêve de la collection blanche mais c'est Julliard qui répond en premier.
Aidé par le précieux témoignage de Florence Malreaux, Anne Berest propose une reconstitution de ces quelques mois qui vont précéder l'explosion médiatique. Ces derniers mois avant que Françoise Sagan bascule définitivement dans la société du spectacle...
Autofiction, roman, biographie, Sagan 1954 est un curieux objet littéraire au charme irrésistible... Tétanisée, lors de son écriture, par la lecture du merveilleux Ravel de Jean Echenoz qui racontait dans un style unique les dernières années de la vie du compositeur qui devait lui sembler alors indépassable , Anne Berest a trouvé sa voix et nous offre une lecture captivante... Plus que de relire Sagan, elle a suscité en nous le désir de découvrir ses premiers romans.

mercredi 30 juillet 2014

Tulle - Maurice Blanchot - Les cascades de Gimel


Tulle, préfecture du département de la Corrèze est une ville sans charme qui s’étend le long de la rivière , une ville qui  vieillit et ayant perdu un quart de sa population depuis 1968. Certes une cathédrale du XIIème siècle, un cloitre remarquable et un vieux quartier sont là pour nous rappeler le passé historique de la ville.
Tulle est une ville meurtrie, le 9 juin 1944, 99 hommes de la ville sont pendus aux balcons de la ville, 149 hommes sont déportés à Dachau 101 y perdront la vie... La division SS responsable du crime procède par la suite à l’anéantissement du village d'Oradour sur Glane.
Tulle a vu naître le cinéaste Eric Rohmer mais il n'en faisait pas grand cas. Les braves gens de la cité n'ont plus le plaisir de se réjouir depuis la professionnalisation du rugby et du resserrement de l'élite de ces bons vieux derbys du dimanche où la suprématie locale se jouait sur un terrain  avec la puissante voisine Brive la Gaillarde.
Ville  sans charme mais qui nous offert un grand moment de joie, une librairie ( située à deux pas de la cathédrale, plus qu'un simple commerce un lieu de vie où vous êtes particulièrement bien accueilli par un libraire amoureux de littérature. Après nous avoir conseillé "Eloge des voyages insensés" de Vassili Golovanov (ed. Verdier), vendu comme "le plus grand livre du monde", il nous a gentiment offert un petit livre à la valeur inestimable de Maurice Blanchot "L'instant de ma mort" édité chez Gallimard. où le critique littéraire revient sur un un événement des plus dramatiques des sa vie dont nous livrons ici même, un extrait, pour la justesse du "honteusement":

"Un lieutenant nazi, dans un français honteusement normal, fit sortir d'abord les personnes les plus agées puis deux jeunes femmes"...




Puis nous avons filé vers un petit village, Gimel comme la Corrèze semble en receler des dizaines faisant tout le charme de ce département, pour nous rafraichir auprès d'étonnantes cascades.


7 années de bonheur - Etgar Keret


C'est Vincent Josse et sa chronique matinale qui nous a donné le désir de découvrir le dernier ouvrage de Edgar Keret, dont la couverture quelque peu tape à l’œil n'aurait jamais fait naitre pareil désir. C'est un recueil de courtes chroniques. Tout commence avec la naissance de son fils, puis il est question de Tel-Aviv et notamment de ses chauffeurs de taxis irascibles, des voyages multiples au gré des foires littéraires qui le promènent aux quatre coins du monde, de ses parents d'origine polonaises rescapés de la Shoah, de sa sœur partie vivre chez les juifs orthodoxes... avec en toile de fond la permanence du conflit armé où les sirènes d'alarme font partie du quotidien.
Ce qui fait le charme indéniable de ce livre, c'est son humour, son humanité où les petites histoires du quotidien de Etgar Keret par leur caractère universel touchent le lecteur. Il révèle un vrai génie de la chronique, "7 années de bonheur" dans un monde hostile tout simplement parce que Etgar Keret a choisi d'être du coté de la vie qui finit toujours par l'emporter sur le tragique du quotidien. Etgar Keret aime simplement profiter du chant  des oiseaux le jour de Kippour où les voitures ont cessé exceptionnellement de circuler dans les rues de Tel-Aviv. Cet homme a bon fond cela se sent à chaque page, c'est parfois agaçant pour son épouse mais c'est un vrai plaisir pour son lecteur.

Merci Vincent Josse !

mardi 29 juillet 2014

Turenne et Coulonge le rouge




Deux villages corréziens chargés d'Histoire à notre programme du jour. Turenne et les vestiges de son château situé sur un piton qui permet un point de vue sans équivalent sur la campagne environnante. Coulonge la rouge, village voisin qui doit son nom aux couleurs de ses murs, a longtemps bénéficié d'être sur les chemins de saint Jacques de Compostelle offrant un point de repos peu éloigné de la puissante voisine Rocamadour.
Histoire chargée, la vicomté de Turenne propriété de la famille des La Tour d'Auvergne ayant rejoint les rangs de l'Eglise réformée, son seigneur aimait aller chauffer les oreilles des moines de l'abbaye cistercienne d'Aubazine. Turenne fut un haut lieu des guerres de religion puis de la Fronde.
En 1738, le roi Louis XV achette Turenne à Charles Godefroy de Bouillon, le dernier Vicomte de la famille La Tour d'Auvergne. Ainsi prend fin la quasi indépendance du dernier fief français. Les viscomtins, devenus sujets du roi, sont soumis à l'impôt. La forteresse est définitivement démantelée





lundi 28 juillet 2014

Aubazine et Coco Chanel



Aubazine est un petit village corrézien... Au cœur du village une monumentale abbaye cistercienne sortie de terre au XII°. Fondé au cœur de la forêt, par Saint Etienne, moine ermite,le monastère fut affilié et édifié par les cisterciens dont la volonté était de faire plus grand que les abbayes voisines de leurs concurrents clunisiens et marquer ainsi la supériorité de leur ordre. Partiellement détruite lors de la guerre de cent ans, l'abbaye ne fut pas reconstruite. Seul un deuxième étage fut ajouté au bâtiment pour permettre aux nouveaux moines du XVIIème siècle peu enclins à dormir sur une simple paillasse posée sur la terre battue d'un dortoir commun de bénéficier de cellules individuelles.
Parmi la collection présentée ayant survécu aux nombreux pillages des guerres de religion, à noter une Vierge à l'enfant du XIII° siècle ou encore les vitraux couleur "grisaille cistercienne" aux motifs géométriques.

Transformé un temps en bordel après la révolution, le bâtiment retrouva vers 1860 sa destination religieuse, devenant alors un orphelinat qui eut parmi ses pensionnaires Gabrielle Chanel qui  y apprit les rudiments de la couture.Six années qui allaient marquer la coutière, touchée par la simplicité du style cistercien, le refus de couleurs, la sobriété des lignes...

Un lieu superbe dont la visite s'est révélée particulièrement attrayante et intéressante grâce à une guide pleine de verve.

La princesse de Clèves - Madame de Lafayette

Lorsqu'elle apparait à la cour à l'âge de seize ans, Mademoiselle de Chartres éblouit par sa beauté... C'est le prince de Clèves qui épouse la jeune fille même si cette dernière ne partage pas la passion du Prince. Elle découvre réellement la puissance du sentiment amoureux lors de sa rencontre avec le Prince de Nemours. Passion qu'elle se refuse de vivre, restant fidèle à son époux à qui elle confesse ses tentations d'adultère  désespérant ainsi le prince.
Plus que l'intrigue  ce qui fait l'attrait de ce roman du XVII° est sa modernité, sa construction où la fiction se mêle à la réalité historique qui annonce les grands romans du XIX° mais aussi par la description des états d’âmes de la Princesse de Clèves à travers de longs soliloques. Certes la description de la cour des Valois sous le règne de Henri II est plutôt amusante; les rumeurs, les intrigues remplissent le quotidien de chacun. Pour s'y faire une place, il convient de faire preuve de tact, de prudence et d'un certain art de la diplomatie... Des règles qui nous semblent toujours en cours pour ceux qui rêvent de se faire une place dans les ministères où dans les palais de la République...
Style précieux, œuvre audacieuse en son temps, La princesse de Clèves se lit toujours avec intérêt !

dimanche 27 juillet 2014

Dampniat - Campagne corrézienne




Gargilesse - Florent Marchet

Gargilesse, premier album de Florent Marchet est un choix évident après avoir fait un détour par ce village du val de Creuse. Sorti en 2005, nous l'avons toujours écouté régulièrement sans jamais nous en lasser .
Maintenant que  nous savons qu'il n'y a pas photo entre Levallois commune sans attrait de la banlieue ouest parisienne célèbre par les turpitudes de son premier magistrat et la douceur de Gargilesse. Nous écouterons avec un plaisir nouveau cet album tout au long de la semaine.

Gargilesse de Florent Marchet est notre album de la semaine !


samedi 26 juillet 2014

Gargilesse, une maison de George Sand.

paysage Val de Creuse

Eglise de Gargilesse

Crypte

Maison George Sand
Régulièrement nous traversons via l'autoroute le département de l'Indre, et nous sommes à chaque fois attirés par le panneau signalant le village de Gargilesse qui nous évoque le premier album de Florent Marchet. Parce que l'endroit est aussi le lieu de tournage du film de Lea Fazer, "Maestro", nous avons fait cette fois le détour pour visiter ce village et notamment son église romane du XII° siècle, ses magnifiques fresques ornant la crypte, et les chapiteaux sculptés remarquables...

Nous y avons découvert une maison modeste de George Sand, offerte par son compagnon Alexandre Marceau, une sorte de "garçonnière" champêtre aujourd'hui transformée en musée où la grande dame du XIX° aimait à se retirer pour se consacrer au calme à l'écriture. Situé non loin de Nohant (cinq heures de calèche), elle y aurait notamment rédigé son roman autobiographique "elle et lui" où l’écrivain donne sa version de son histoire passionnelle avec Alfred de Musset . La visite permet de découvrir des objets personnels, des vêtements de l'écrivain mais aussi une main moulée de Frédéric Chopin qui se révèle d'une  finesse extraordinaire. La maison fait aussi la part belle à Maurice Sand qui choisit de porter le pseudonyme  de sa mère dont il partageait les goûts artistiques,de la peinture au théâtre de marionnettes et une passion pour l'entomologie dont témoignent de jolies pièces du musée ...

Village accueillant où il est facile de lier conversation, Gargilesse, situé dans cette magnifique région du Val de Creuse qui a inspiré tant de poètes et de peintres vaut assurément plus qu'un détour.  le nôtre a éveillé notre curiosité notamment dans celle de découvrir l’œuvre immense de George Sand

jeudi 24 juillet 2014

Maestro - Lea Fazer

"Maestro" tel "La  nuit américaine" est une mise en abyme, un film inspiré par l'univers singulier d'Eric Rohmer et du tournage de son dernier film "les amours d'Astrèe et de  Céladon" adapté d'un texte du XVII° dont l'action se déroule dans la Gaule romaine du V° siècle.
Dans cet univers de "porcelaine", un des acteurs retenus, amateur de jeux vidéo et de blockbusters américains du type "fast and furious", fait ici office d'éléphant maladroit. Accompagné de son inséparable ami, déçu de ne pas être logé dans un hôtel cinq étoiles, il est plutôt du genre ricaneur devant cette communauté dévouée au réalisateur, acceptant de vivre dans une certaine pauvreté de moyens pour permettre la réalisation du film  .... Communauté plutôt fermée qui affiche un vrai mépris pour toutes sortes de divertissements, seul le cinéaste semble avoir une vraie curiosité pour ce personnage atypique.
Le vœu de pauvreté n'est pas toujours aisé, le tournage connait quelques tensions vite oubliées. La poésie du cinéaste transcendée par le cadre bucolique et champêtre du tournage  finit par transformer notre jeune homme déjà charmé une jeune actrice lettrée et fan absolue du cinéaste...  Le tournage se transforme  en voyage initiatique pour le jeune homme qui découvre un monde nouveau et de nouvelles émotions.

Ce film se révéle une heureuse surprise, nous avons été sous le charme de cette évocation du monde d'Eric Rohmer dont nous devons le reconnaitre nous ne sommes pas des admirateurs béats... Admirablement incarné par un de nos plus grands acteurs, Michael Lonsdale accompagné ici par la talentueuse et charmante Déborah François et le remarquable Pio Marmai, nous avons été sous le charme de ce film léger, poétique . Un petit bijou!
Inspiré par l'histoire de Jocelin Quivrin décédé accidentellement en 2009 au volant de sa voiture qui avait le projet de faire un film de son expérience de tournage avec Eric Rohmer, ce film est un petit bijou parfaitement ciselé !
A noter également la présence de Dominique Reymond, une actrice toujours juste.

mardi 22 juillet 2014

Jimmy's hall - Ken Loach

James Gralton est de retour d'exil, revenu pour accompagner sa mère dans ses vieux Jours. Dix ans qu'il est parti aux Etats Unis pour sauver sa peau, pourchassé lors de la guerre civile irlandaise par le camp des propriétaires et de l'Eglise Catholique. Il a tout quitté ses amis, la jeune femme dont il était éperdument amoureux
Du coté des ouvriers et des travailleurs agricoles qui contestaient le traité de paix signé avec l'Angleterre, Jimmy avait ouvert sur ses terres un dancing. Un lieu de fête,d'éducation et de culture où tous les compagnons de lutte aiment à se retrouver. Une situation inacceptable pour les autorités.
De retour, Jimmy souhaite vivre en paix, retrouver les amis du passé sans replonger dans les combats d'hier mais voila que les jeunes gens du pays lui réclament  la réouverture du dancing,  devenu mythique avec le temps.... Ulcéré par la situation toujours injuste qui sévit en Irlande, Jimmy n'est pas long à se laisser convaincre. Il déclenche immédiatement le courroux des autorités, c'est le retour des ennuis...
Il vieillit bien Ken Loach, nous lui trouvons avec le temps qui passe une fibre de plus en plus fordienne. Comme chez le grand maître américain, il se dégage de ce dernier film une douce mélancolie où le cinéaste humaniste se désole de la stupidité des puissants incapables de sentir la fraternité qui se dégage du dancing de Jimmy, de partager leurs terres immenses pour que chacun puisse vivre dans la dignité.
Désolé aussi de voir les membres du clergé si éloignés de l'idéal chrétien, en dehors d'un jeune prêtre rapidement mis au silence... L'Irlande mis sous le joug du clergé et des propriétaires s'englue dans la pauvreté, chassant les voix discordantes.
Ken Loach est un merveilleux conteur, il nous a une nouvelle fois bouleversés.

lundi 21 juillet 2014

Sunhi - Hong Sang-Soo

Sunhi, étudiante en cinéma est de retour à l'université après une longue absence pour obtenir d'un  professeur une recommandation afin de postuler pour une université américaine.  Elle recroise lors de cette journée Munsu son ex petit ami et Jaehak un cinéaste sorti de la même école qu'elle. La jeune fille a un charme fou, chacun des trois hommes garde un profond désir pour elle....
Trois hommes désirent Sunhi, qui elle, n'espère qu'une lettre pour partir vers l'Amérique. Elle découvre la lettre de son professeur qui souligne la froideur de son étudiante, elle parait peu utilisable ... mais Sunhi est plutôt du genre coriace... pour obtenir ce qu'elle désire,elle met tout en œuvre, de là à jouer avec son charme...

Il se dégage toujours le même charme des films de  Hong sang-Soo, toujours tournés autour de la relation homme femme ou plutot devrions nous dire la confrontation. Les dialogues y sont toujours ciselés où l'alcool finit toujours par délier les langues et libérer les sentiments   .

Plans fixes, scènes intimes dans les lieux de vie, la plupart des scènes se passent dans des bars ou au restaurant... c'est un peu Eric Rohmer chez Claude Sautet !

Le procès de Viviane Amsalem- Shlomi et Ronit Elkabetz

Israël, Viviane veut divorcer depuis trois ans, mais mariée selon les lois orthodoxes juives elle ne peut obtenir sa séparation sans le consentement de son époux, Elisha... le début d'une grande bataille pour la jeune femme qui se retrouve  devant un tribunal rabbinique dirigé par trois rabbins, face à son époux. Mais ce dernier n'en démord pas, il refuse la séparation. La jeune femme n'a rien de particulier à lui reprocher c'est juste qu'elle ne supporte plus sa vie où la religion est omniprésente, rythmant le quotidien; son seul seul espoir est de partir.
Cinq ans de bataille dans un tribunal où de nombreux témoins sont convoqués, ils usent la patience des rabbins mais Elisha reste inflexible , finit par craquer mais  il refuse  au dernier moment parce qu'il ne peut accepter les mots rituels qu'il doit prononcer pour rendre la liberté à sa femme , ceux l'autorisant à coucher avec d'autres hommes... il faut encore revenir au tribunal
Nous nous inquietons au début du film de sombrer dans l'ennui, comprenant que le cadre va être exclusivement une petite salle de tribunal, où nous nous retrouvons au fil du temps  . Finalement nous sommes pris dans la tourmente de ce couple et par les ruptures de ton, où le rire vient briser les moments de tension rendant ce film captivant. Le coté méditerranéen donnant parfois au film un coté qui n'est pas sans rappeler les comédies de Pagnol, où le lyrisme, les exagérations et la mauvaise foi offrent de joyeux moments. Il n'y a pas de coupables, le film ne se veut pas manichéen, il montre les limites d'une société  toujours régentée par des religieux l’empêchant de sortir d'une phallocratie ancestrale.
Simon Abkarian et Eonit Elkabetz sont particulièrement impressionnants dans leur interprétation, par les nuances de leur jeu subtil,  ils montrent toute la complexité de leurs personnages. 
Un film passionnant.

dimanche 20 juillet 2014

The head on the door - The Cure

Sorti en 1985, the Head on the Door, le sixième album des Cure où Simon Gallup membre historique était de retour à la basse a été un vrai succès populaire pour le groupe de Robert Smith. Si le groupe ne s'est pas départi de son coté sombre et mélancolique, une sonorité  plus pop lui a permis de trouver un plus large public. The Head on The door et Close to me, deux singles issus de cet album furent alors deux tubes planétaires.

Si nous sommes peu convaincus par les derniers albums, nous replongeons toujours avec plaisir dans ses premières productions. The Head on the door est notre album de la semaine !


samedi 19 juillet 2014

Paris, Texas - Win Wenders

Dans le désert du Texas, un homme Travis erre à la recherche d'un point d'eau... il est au bout du rouleau, au bout de son errance !
Sauvé par un médecin, Travis est recueilli par son frère alerté venu de Los Angeles. De retour dans son milieu familial, Travis se retrouve confronté à son passé à travers son fils élevé par son frère et sa belle-soeur.
Rongé par la jalousie, Travis a bousillé sa vie de couple ne supportant de laisser sa très jeune et sublime compagne Jane seule alors qu'il partait au travail...
Il part avec son fils sur la route  à la recherche de Jane guidé par de maigres indications données par sa belle soeur. Il la retrouve dans un Peep Show à Houston. Séparés par une vitre sans tain, il se fait reconnaitre de la jeune femme qui ne peut le voir, en lui contant en détail leur histoire. La confession de Travis permet de panser les blessures du passé, mais il est incapable de renouer la vie avec son ex compagne, il préfère partir laissant son fils avec sa mère...

Paris Texas a trente ans, à cette occasion il est ressorti dans une version restaurée de toute beauté. Le film rythmé par la guitare de Ry Cooder est toujours aussi envoutant, sa lenteur ne fait qu'exprimer la mélancolie du propos. Scotchés dés les premiers plans du désert texan, nous voyons surgir de nulle part un homme une casquette rouge sur la tête après quatre années d'errance dont nous ne saurons rien.  Nous restons touchés par le physique fragile de cowboy de Harry Dean Stanton et la beauté captivante de Nastassja Kinski bouleversante dans la dernière partie du film.

Vu au champo !

A la recherche de Vivian Maier - John Maloof

Un jeune étudiant en Histoire, John Maloof se balade dans les salles de ventes à la recherche de vieilles photographies de l'Amérique pour illustrer son travail. Il tombe par hasard sur une vieille valise remplie de négatifs, il en fait l'acquisition...
Un aperçu rapide lui fait comprendre qu'il est en possession d'un véritable trésor par la qualité des clichés, pris sur le vif dans les rues de villes américaines. Une œuvre qui peut faire penser celle de Robert Frank par sa capacité à rendre compte de la rue américaine, mais aussi à Diane Arbus par l'humanité du regard porté sur ceux qui ne sont pas habituellement montrés. Le fond est composé des photo prises généralement sur le vif, mais aussi d'autoportraits savamment composés...
Peu d'indications dans cette valise permettent d'identifier l'auteur de ces photos. Un nom seul, Vivian Maier mais une recherche sur Google ne donne aucun résultat, jusqu'au jour où un avis de décès donne un début de piste à notre étudiant.
Il retrouve enfin la trace de Vivian Maier, un personnage étonnant qui a été "nounou" toute sa vie passant d'une famille à une autre... les familles d'accueil, les enfants dont elle a eu la garde sont les seuls à pouvoir témoigner sur elle qui semble n'avoir eu aucune vie sociale en dehors de son travail, aucun lien familial... Certains gamins en ont gardé un souvenir ému, d'autres se rappellent qu'elle n'était pas spécialement commode. Etonnant personnage, asociale, elle ne s'est jamais réellement installée, elle a vagabondé d'une famille à une autre pour terminer sa vie anonymement dans la solitude logée dans un petit studio, loué par deux anciens gamins dont elle avait eu la garde et qui ont permis à John Maloof de reconstituer en partie son histoire qui garde des zones d'ombres... et c'est finalement bienheureux tant elle n'aurait pas aimé être mise à nu.
Vivian Maier a passé sa vie à prendre des photos avec un Rolleiflex, une passion venue de l'enfance, surement de sa mère. Elle n'a jamais cherché à faire reconnaitre son travail exemplaire, elle a juste stocké des milliers de négatifs comme elle faisait aussi pour les journaux.
Une histoire extraordinaire contée par John Maloof, l'homme qui par hasard sauva une grande photographe de l'oubli. Son œuvre est maintenant exposé aux quatre coins du monde et reconnue par des grands noms de la photographie.

Le site consacré à Vivian Maier, cliquez ici



mercredi 16 juillet 2014

Hervè Cristiani (08/11/1947 - 16/07/2014)


D'Herve Cristiani, nous nous souvenons uniquement de ce tube de l'été 81, "il est libre Max". Nous n'avons jamais possédé le 45 tours, pourtant cette ritournelle est entrée définitivement dans notre cerveau... une chanson qui ne vous quitte pas, que vous vous surprenez parfois à chanter sans raison, la magie du tube ...

Johnny Winter (23/04/1944 - 16/07/2014)

Texan Albinos, Johnny Winter sublime guitariste chanta jusqu'à son dernier souffle le blues, la musique des noirs ... Deux jours avant sa mort, il était encore sur scène au festival de Blues à Cahors. Il fut de l'épopée de Woodstock, il survécut aux années 70, période de tous les excès. Il fréquenta par la suite un de ses maitres Muddy Waters dont il devint un compagnon de route. Nous n'avons jamais eu dans notre discothèque un de ses albums, mais nous avions toujours plaisir à l'écouter lorsque le hasard nous le faisait croiser.




dimanche 13 juillet 2014

Blazing Away - Marianne Faithfull


Enregistré en 1990, dans la cathédrale Sainte Anne de Brooklyn à New-York, Blazing Away est un des plus beaux enregistrements publics de l'histoire du rock... Après une traversée du désert, Marianne Faithfull une des égéries des années 70, est de retour sur le devant de la scène, sa voix rauque témoigne des excès des  années "Rolling Stones".
Sister morphine, As tears go by, Working Class hero, Ballad of Lucy Jordan, sublimes morceaux qui prennent toute leur ampleur sous le toit de la cathédrale. Le concert s'ouvre avec Les prisons du Roy chanté autrefois par Edith Piaf, dés les premières paroles, impossible de ne pas avoir la chair de poule lorsque nous entendons la voix majestueuse de Marianne Faithfull:

Au fond des prisons du roy...
Tout au fond des prisons du roy..

Nous écoutons toujours Marianne Faithfull avec émotion, Blazing away est notre album de la semaine

N'ayant pas trouvé d'enregistrement public de ce concert, nous avons choisi une version remarquable de Working Class Hero enregistrée des années plus tard.


vendredi 11 juillet 2014

Tommy Ramone (29/01/1949 - 11/07/2014)

Il était le dernier survivant des quatre membres fondateurs du groupe punk New-Yorkais, The Ramones, un groupe majeur de la scène punk. Tommy Ramone était le batteur
Ce soir nous nous souvenons avoir souvent écouté l'album "The end of the century" auquel Tommy n'a pas participé ayant alors quitté le groupe dont la vie interne était souvent houleuse. Résonne également la voix off du film de Joachim Trier, "Nouvelle Donne" parlant de la petite amie du héros: "Il adorait ses parodies de filles sexys de clip et qu'elle soit la seule fille à avoir des vinyles des Ramones et elle aussi boudait les Clash".Les Ramones sont morts mais ils font définitivement partie de l'histoire du Rock !


mercredi 9 juillet 2014

Under The Skin - Jonathan Glazer

Laura, jeune fille belle et attirante, se promène dans les rues de Glasgow au volant d'une camionnette. Elle s'arrête pour demander son chemin à des hommes seuls, ses derniers peu méfiants, incapables de voir  l'extra terrestre qui se cache derrière elle, montent sans réticence à ses côtés, se laissant entrainer dans la maison de la jeune femme dont ils ne ressortiront jamais ....
Plus tard en bordure de mer, la jeune fille  assiste froidement à la noyade d'une femme. Son mari se jette à l'eau suivi d'un témoin... Ce dernier arrive à ramener le mari, incapable d'atteindre l’épouse, emportée par les flots. Le mari repart à l'eau pour tenter le sauvetage inespéré de sa femme... Laura se rapproche du sauveteur resté sur la plage, elle lui lance une pierre à la tête avant de le trainer dans sa camionnette, laissant seul un bébé hurlant son désespoir.
Surveillé par un motard, Laura est en mission, nous comprenons qu'elle doit ramener des enveloppes humaines pour ses congénères. Le procédé est implacable seule faille le risque de se laisser contaminer par les sentiments humains.
Lors d'une de ses virées, elle fait monter un homme au physique monstrueux, un "éléphant-man"... Ce dernier lui confesse son malheur, la méchanceté des autres et sa solitude... Touchée, Laura le laisse repartir...
Laura erre, mais elle reste inadaptée, elle rencontre un homme avec qui elle s'installe mais elle n'est pas faite pour faire l'amour, elle repart sur la route... Un forestier la croise dans les bois, il tente de la violer mais en déchirant sa peau il découvre sa vraie nature. Effrayé il l'immole par le feu !
Parce que nous n'avions pas reçu un tel choc visuel depuis Muholland Drive , nous pouvons dire que Under The Skin est un film rare qui comme le film de David Lynch garde une part de mystère après son générique de fin qui ne cesse de vous hanter... Nous passons de scènes réalistes filmées dans Glasgow à des scènes oniriques absolument sublimes et envoutantes où la jeune femme fait disparaitre les hommes venus dans sa maison, nous pourrions presque être tentées par  l'expérience de ces hommes emportés dans une zone inconnue.... C'est un parfait objet visuel où Scarlett Johansson est absolument remarquable, l’absence d'émotion donne à son visage une innocence irrésistible !

Un grand film de l'année !

mardi 8 juillet 2014

God's Pocket - Pete Dexter


Philadelphie, Leon Hubbard donne bien des soucis à sa mère. Son beau-père qui a des accointances avec le milieu obtient le soutien du syndicat pour le placer sur un chantier. Mais le gamin a la mauvaise manie de se promener avec une lame de rasoir et à force de chercher des noises à chacun cela se termine mal pour lui; Old Lucy un ouvrier noir lui fracasse le crane après que le gamin l'ait menacé avec sa lame. Tous sont d'accord pour faire passer le règlement de compte en accident.
Mais la mère de Leon refuse la thèse officielle et  demande vengeance à son mari. Un journaliste Richard Shellburn mène de son coté l'enquête pour tenter de percer la vérité derrière cet accident de travail qui ne semble convaincre personne, mais les gens du God's pocket n'aiment pas vraiment se retrouver à la une d'un journal...
Plongée dans le quartier populaire de Philadelphie. Pete Dexter signe un roman noir de haut vol... La rencontre de la maffia et de la presse locale a tout pour rendre la situation explosive. Richard Shellburn journaliste atypique et totalement ingérable, alcoolisé et mélancolique finit par tomber amoureux de la mère de Léon alors que l'époux de celle ci tente de se dépatouiller d'une cargaison de viande qui lui est restée sur les bras à la suite d'une combine sans envergure.
Pete Dexter a le don de rendre ses personnages particulièrement attachants, ils tanguent tous au bord du précipice, la chute définitive n'est jamais très loin.... Il nous embarque dans le God's pocket et dans ses bars sinistres dont nous n'oserions pas pousser la porte
Cet excellent écrivain est pour nous une véritable découverte dont nous allons poursuivre les lectures.

dimanche 6 juillet 2014

Astral Weeks - Van Morrisson


Chaque année, à un moment ou un autre, nous ne pouvons pas nous empêcher de sortir cet album de Van Morrisson. Nous avions cité l'an dernier Mischka Assayas et son dictionnaire du rock, il n'y a toujours rien à ajouter. Sublime chef d’œuvre de l'année 1968

Astral Weeks est à nouveau notre album de la semaine !


vendredi 4 juillet 2014

Don Carpenter - Sale temps pour les braves

Après avoir lu L'enfant criminel de Jean Genet, il était cohérent de nous plonger dans "Sale temps pour les braves", roman américain de Don Carpenter. Histoire de Jake Levitt qui a grandi dans un orphelinat avant de connaitre la maison de correction puis la prison et qui traverse ces années noires, porté par un sentiment de colère et d'injustice.
Violent, coléreux, la jeunesse de Jake est une suite de bagarres, de petites arnaques avec ses amis de la rue qu'il retrouve dans une salle de billard de Portland.
Il retrouve Billy,son grand ami depuis leur plus jeune âge, en prison où ils partagent  une cellule. Ce dernier se sacrifie pour lui sauver la mise alors que le caïd du pénitencier avait décidé de lui faire la peau. Billy est mort..
"Cette nuit-là, Jack pleura à s'en fendre l'âme. Il ne trouva aucune pensée réconfortante. il ne parvint même pas à se mettre en colère. Il était simplement désespéré et plus seul qu'il ne l'avait jamais été de sa vie. Il ne lui restait plus rien à faire sinon pleurer, et il pleura."
Vingt six ans, il sort définitivement de prison, il découvre l'amour d'une femme, la paternité.... mais le chemin vers le bonheur simple pour Jake Levitt reste rempli d'embuches.

Un magnifique roman d'initiation, d'un jeune homme rempli de colère qui se bat  contre une société qui ne lui fait aucun cadeau. Ce livre comme celui de Genet démontre l'inanité des politiques de répression qui ne résolvent aucun problème et ne font qu'enfermer l’adolescent dans sa colère et le sentiment d'injustice. Elles nourrissent sa violence.

C'est un roman fort, âpre qui se lit d'une seule traite, un grand roman sur l'Amérique des laissés pour compte.

mercredi 2 juillet 2014

Bird People - Pascale Ferran

Pascale Ferran est une cinéaste rare, trop rare à notre gout... Mais si elle a peu tourné, la justesse de son regard posé sur le monde en fait une cinéaste majeure de notre temps. Son dernier film ne fait que confirmer ce talent, cette capacité à capter l'air du temps, à parler avec poésie de la tristesse de l'époque , de son absurdité quand le taux de croissance est devenu l'indice de bonheur collectif.... Une fuite en avant, une course folle qui nous amène par exemple à claquer des milliards pour construire des stades de foot le temps d'une compétition qui seront par la suite sans utilité...

Désir de fuir, de se mettre à l'écart de ce fatal engrenage , ce qu'Alain Juppé appelait dans le temps la tentation de Venise, c'est de cela dont nous parle Pacale Ferran à travers deux personnages aux univers différents, ils  n'ont en commun qu'un territoire, celui de l'hôtel Hilton aux abords de l'aéroport de Roissy.

Gary Newman, un américain à qui tout semble avoir réussi, est de passage à Paris pour une réunion avec des partenaires français pour finaliser un projet de construction à Dubai. le client est riche et puissant, il faut le satisfaire...
De retour à son Hôtel, il est témoin d'un accident de la circulation, la tôle froissée, les traces de sang réveillent cet homme englué dans son quotidien, dans son désir d'argent, qui lui a donné une vie confortable dans la baie de San Francisco. En une nuit il prend la décision de tout quitter, femme et enfants, job, il vend les parts de sa société. Il annonce via Skype sa décision brutale à son épouse.... Son désir, vivre seul regarder le monde et ses beautés, se libérer des contraintes du capitalisme. Sa fortune lui permet de quitter le monde du travail.

Audrey Camuzet (superbe Anais Demoustier) travaille comme femme de chambre au Hilton, elle mène ce travail à coté de ses études... Mais elle tend à délaisser son projet universitaire basculant ainsi définitivement dans le monde du travail dans un poste qui lui laisse peu de perspectives de lendemains enchanteurs, de progression sociale... Elle passe de chambre en chambre, ramasse les détritus des riches clients dans un temps limité. Elle croise le regard d'un moineau alors qu'elle fait une pause sur une terrasse de l’hôtel elle rêve de liberté son imaginaire s'envole avec le petit oiseau le monde devient léger...

Tourné dans un monde clôt, celui de Roissy où personne ne vit réellement, les gens sont ici en transit, dans des hôtels standardisés... les travailleurs viennent d'ailleurs, ils rejoignent leur boulot après un long trajet, d'autres comme ce personnage de l'accueil, Simon incarné par Roschdy Zem n'ont même plus de logement, obligé de squatter chez des amis ou de passer la nuit dans sa voiture.
Gary incarne l'ingénieur brillant, devenu riche très rapidement... Son savoir est grand, il partage sa vie entre les avions et les chambres d'hôtel pour des projets dont on peut douter parfois de l'utilité, il est serviteur de la mondialisation.

Toute la difficulté du film sont les scènes du moineau, petit animal adressable, ce fut une contrainte pour la cinéaste qui a justifié la longueur du tournage. Mais dans ce monde de béton il incarne une forme de liberté, d'insouciance, rien ne semble le contraindre... il devient une utopie. Sublime !


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