samedi 31 août 2013

Hiroshima, mon amour - Alain Resnais

Il y avait fort longtemps que nous avions vu Hiroshima, mon amour, le 1er long métrage de Alain Resnais, et c'est avec une certaine curiosité que nous sommes allés à sa projection dans une version restaurée au cinéma l'Arlequin.  Ce film reste un objet sublime, peut être unique tant l'adéquation entre les images de Alain Resnais et les mots de Marguerite Duras est évidente, une rencontre rare entre littérature et cinéma. Ouverture magistrale sur un duo d'acteur dont on ne voit que les épaules.

Lui: "Tu n'as rien vu à Hiroshima. Rien."

Elle: "J'ai tout vu. Tout!"

Suivi d'un portrait de la ville meurtrie , de ses blessures de ses morts, de ses corps brulés à vifs, nous voyons tout d'Hiroshima, nous ne voyons rien tant l'horreur du drame ne peut être représentée.

Elle est française, actrice, lui est japonais, francophile. C'est leur première nuit d'amour, elle est arrivée au bout de son tournage et entame sa dernière journée à Hiroshima pour un dernier plan, avant de repartir vers Paris. Cette journée ils vont la traverser ensemble, de manière erratique, occasion pour elle de dire sa guerre à Nevers... Âgée alors de 18 ans, elle est tombée amoureuse d'un soldat allemand tout juste plus âgé qu'elle. Ce dernier est tué lors de la libération de la ville, elle est tondue, humiliée, cachée dans une cave. Hiroshima est la ville de sa libération par la parole..

Texte fort, puissant, nous avons lu depuis notre première vision de ce film, la "Douleur" où Marguerite Duras racontait l'histoire terrible de son compagnon Robert Antelme... de cette expérience terrible, de son passé de résistante, sa propre douleur, ont nourri son personnage, leurs destins à travers cette guerre ont été opposés, mais la douleur de la jeune fille n'est pas étrangère à l'écrivain.

Emmanuel Riva d'une élégance rare et Eiji Okada, sont absolument magnifiques, leur voix font partie intégrante de la musique de ce film. Nous avons revu Hiroshima, mon amour, un texte poétique de Marguerite Duras, un film d'Alain Resnais qui par bien des aspects et notamment l'utilisation de la musique annonce  Nuit et Brouillard, un grand moment de cinéma. 

Grand Central - Rebecca Zlotowski

Parce que nous avions lu à sa sortie l'excellent premier roman de Elisabeth Filhol, "La centrale", nous connaissions la situation scandaleuse faite aux ouvriers au statut d’intérimaires employés à l'entretien des centrales nucléaires... Des galériens comme le dit l'un d'entre eux dans le film Grand Central. Logés dans des mobil homes, ils vont de camping en camping au gré de leurs missions. Le danger, dépasser la dose de matière réactive qui sonne le glas.  Le danger est invisible, inodore, mais il est omniprésent pour ses ouvriers chargés de nettoyer les réacteurs lorsqu'ils sont mis en repos. Ils n'ont pas le statut des agents de l'EDF leur vie professionnelle n'est que précarité, un véritable scandale social !
Pour rendre compte de cette situation Rebecca Zlotowski a construit son récit autour d'une histoire sentimentale entre Gary un ouvrier qui vient d'arriver et Karole une jeune femme compagne de Tony un ouvrier confirmé avec qui elle projette de se marier même si ce dernier est devenu stérile à force d'être exposé aux produits radioactifs.
Gary vient de débarquer avec deux  autres jeunes novices, ils ont tout à apprendre, notamment à gérer la peur, la pression de ce métier pas comme les autres.  Ils découvrent notamment  un monde nouveau celui des ouvriers avec une véritable solidarité, une  nécessité pour faire face au danger que d'avoir cet esprit d'équipe qui contraste avec l'esprit plus individualiste des jeunes gens.
C'est un monde clôt qui se retrouve le soir au camping voisin de la centrale, une ambiance virile, âpre...
C'est remarquablement filmé par Rebecca Zlotowski,  nous restons impressionnés par l'architecture des centrales nucléaires particulièrement photogéniques, mais nous avons été aussi touchés par la beauté des scènes au bord de l'eau où Gary et Karole ont pris l'habitude de se retrouver pour vivre leurs amours clandestines qui ne sont pas sans rappeler le cinéma de Jean Renoir. Tahar Rahim et Lea Seydoux illuminent le film, ils forment un couple convaincant, ils sont d'une justesse remarquable , nous ne doutons pas un instant de leur condition ouvrière. Mais nous tenons à souligner la performance exceptionnelle de Olivier Gourmet dans son rôle de chef d'équipe, qui confirme film après film qu'il est un des plus grands acteurs de cinéma actuellement. Il est bluffant de vérité.
Grand Central, par la justesse de son regard est un grand film sur la condition ouvrière confrontée à la précarisation de ses emplois, sans jamais tomber dans le film à thèse ou politiquement revendicatif. En évitant toute forme de manichéisme, Rebecca Zlotowski donne toute sa force à ce scandale social, son film est exemplaire !

jeudi 29 août 2013

Jeune et Jolie - Francois Ozon

Etrange impression que de ne rien ressentir à la vision d'un film pourtant tel fut le cas ce soir à la projection du dernier film de François Ozon. Histoire d'une jeune fille bourgeoise, lycéenne à Henri IV,  qui se lance dans la prostitution via internet... Elle n'a pas vraiment besoin d'argent, ni de consommer, l'argent est épargné au fond de son placard, peut être une façon pour elle de mesurer ce qu'elle vaut, puisque l'argent est une unité de mesure largement usité dans notre société. Le problème est que nous ne ressentons pas grand chose pour elle, nous ne nous inquiétons jamais à son sujet...
Évidemment la caméra de François Ozon est toujours aussi précise, impeccable pour filmer les scènes du début au bord de mer où il capte parfaitement le soleil... Mais nous avons été grandement déçus par l'écriture plutôt convenue, voire ridicule notamment lors d'une insupportable explication de texte d'un poème de Rimbaud par des lycéens, ou plus tard lorsque la jeune fille accompagnée de sa mère rencontre pour la première fois un psychiatre.
Nous avons aimé voir Nathalie Richard, et Géraldine Pailhas, deux actrices pour qui nous avons une réelle admiration. Frédéric Pierrot est comme toujours impeccable. Marine Vacth est jeune et jolie, deux qualités insuffisantes pour en faire une grande comédienne, alors nous attendrons de la revoir ... Quant à Charlotte Rampling nous préférons oublier cette dernière scène du film à nos yeux consternante.

mercredi 28 août 2013

Les renards pâles - Yannick Haenel

Pour ne pas avoir lu "cercles" , nous ne connaissions pas Jean Deichel personnage récurrent dans l’œuvre de Yannick Haenel avant la lecture de son dernier roman "les renards pâles". Le roman s'ouvre au moment même où Jean Deichel se retrouve expulsé de son appartement meublé, il débarrasse le plancher pour s'installer dans une Renault 18 break confiée par un ami parti à l'étranger pour de longs mois. Cette mésaventure arrive le soir même où un nouveau président prônant la valeur travail est élu, nous sommes donc en 2007.
La valeur travail, cela n’émeut pas beaucoup Jean qui vit de ses allocations chômage de plus en plus congrues,  pour lui le monde du travail c'est définitivement terminé, hors de question pour lui de participer à cette société dans laquelle il ne se reconnait plus, il n'a d'ailleurs pas pris le temps de voter... Il installe un matelas à l’arrière de son véhicule, le matin il se rend à la piscine dont l’accès est gratuit pour les chômeurs, l'après midi il lit dans une médiathèque. Dans la boite à gant, il trouve un exemplaire de "en attendant Godot", un livre qui lui parle particulièrement.
Jean n'est pas un asocial, au contraire il a le contact plutôt facile, il sympathise avec les éboueurs africains de son quartier. Un soir, il retrouve un vieil ami Ferrandi, occasion pour lui d'une sévère saoulerie, mais ce qui va fasciner notre héros c'est la découverte dans l'impasse Satan dans le XX° arrondissement de cette inscription: LA SOCIETE N'EXISTE PAS, avec pour signature une sorte de totem qui peut faire penser à un poisson, puis il relèvera une autre inscription: LA FRANCE C'EST LE CRIME, avec la même signature. Jean qui a été témoin d'un drame insupportable, un SDF broyé par une benne à ordure alors qu'il s'y était endormi  ne peut que se sentir que solidaire des misères du monde.
C'est grâce à Anna, une amie récente, d'origine polonaise à la vie romanesque que Jean va pouvoir découvrir l'origine de ses inscriptions, elle va lui permettre de rencontrer celui que tous appellent "le griot" à Belleville membre du collectif  "les renards pâles" du nom d'un dieu Dogon anarchiste. Un groupe de soutien aux sans papiers, qui combat comme ils peuvent les expulsions. militant notamment pour la destruction des papiers d'identité...
Nous abandonnons Jean pour écouter le griot expliquer sa démarche, sa colère de voir deux gamins sans papiers harcelés par la police, préférer se jeter dans le canal Saint Martin alors qu'ils ne savent pas nager ... La volonté de réunir les différentes colères, celle des sans papiers, des jeunes des banlieues, avec  le groupe  de Tarnac pour provoquer le grand soir, c'est là que le livre nous tombe quelque peu des mains alors que nous avions suivi avec sympathie et entrain les aventures de Jean Deichel durant  la première partie.
Nous n'avons pas accroché, parce que cela nous a semblé factice, les gamins des banlieues ne sont pas dans un rapport de luttes des classes, ce ne sont pas des Mercedes ou des 4x4 qu'ils brûlent, mais tout simplement les voitures de leurs voisins, ils nous semblent être bien loin de Karl Marx ou de l'esprit de la Commune de Paris. La situation des sans-papiers est assurément scandaleuse, d'autant plus  que leur sort se traite de plus en plus dans un silence des consciences, et que cela ne semble plus révolter grand monde. Le tableau de leur situation fait par Yannick Haenel est édifiant, terrible, tragique, peut être a-t-il voulu comme Jan Karski en son temps casser le silence. Mais son fantasme d'un grand soir à la naïveté adolescente nous semble faire perdre la force de son propos.

mardi 27 août 2013

Portnoy et son complexe - Philip Roth

Un lecteur digne de ce nom devrait refermer aussitôt ouvert le roman de Philip Roth, Portnoy et son complexe, quand il découvre ce qui devrait rester secret, la confession faite à un psychothérapeute. Mais faisant fi de toute forme d'éthique, le lecteur indélicat, voyeur se rend vite compte qu'il est  impossible de décrocher de cette confession intime à travers laquelle Philippe Roth sublime conteur fait un portrait au vitriol de la communauté juive au sein de laquelle il a grandi. 

Dés l'incipit la puissance de la mère juive est révélée:
"Elle était si profondément ancrée dans ma conscience que, durant ma première année d'école, je crois bien m'être imaginé que chacun de mes professeurs était ma mère déguisée. Lorsque la dernière sonnerie de cloche avait retenti, je galopais vers la maison et tout en courant me demandais si je réussirais à atteindre l'appartement avant qu'elle ait eu le temps de se retransformer en elle-même. Invariablement, à mon arrivée, elle était déjà dans la cuisine en train de me préparer mon lait avec des gâteaux secs."

Enfant brillant, Portnoy n'est pas pour autant épanoui, subissant l'omniprésence de sa mère et les contraintes religieuses qui  obligent à vivre dans le monde clôt  de sa communauté. Dés son plus jeune âge, il se dresse contre la loi, il affirme un goût prononcé pour la transgression, s'attirant sans cesse le courroux de sa mère... Portnoy n'en peut plus, il étouffe de cette petite vie familiale avec son père petit agent d'assurance, et sa mère  redoutable gardienne du foyer. Il explose à l'adolescence, se réfugiant dans des séances effrénées de masturbation, il s'enferme dans la salle de bain, dans les toilettes, chaque instant libre est utilisé à "s'astiquer le manche", répandant même à l'occasion sa semence  dans les dessous de sa sœur... Puis l'age adulte venant, Portnoy haut fonctionnaire à New-York, se fixe sur les filles goys, un titre de chapitre ne faisant aucune cachoterie sur les gouts du héros: "fou de la chatte".
Une relation plus longue s'engage avec une fille qui est tout son contraire, goy, inculte, affichant un évident mauvais goût, il la surnomme sans aucune affection le singe. Le monde de Portnoy semble sans issue, il se noie dans ses névroses.
Il s'envole vers Israël peut être une issue de secours...

Le roman peut choquer, pour autant il ne doit pas être vu comme un objet nouveau dans l'histoire littéraire américaine, il se situe dans la lignée de celui que Roth considère comme son maitre Saul Bellow. Une confession qui ne suit pas une chronologie linéaire sans jamais nous perdre où comme le synthétise si bien Tanguy Viel dans son dernier roman la disparition de Jim Sullivan, le personnage de Roth bascule sans cesse de l'homme de raison à la bête sauvage et concupiscente...
Mais derrière ce personnage et ses névroses, Philip Roth pose la question sur ce qu'est être juif, ou peut-on échapper à sa judaïté? Nous nous rappelons cette pensée de Jean-Paul Sartre dans "Réflexions sur la question juive", énonçant que c'est l’antisémite qui fait le juif, un antisémitisme qui empêche  Portnoy qui ne croit pas, de renoncer à sa condition, de s'en émanciper.

Philip Roth a déclaré qu'il n'écrirait plus de romans, nous, nous ne cesserons pas de lire les romans de Philip Roth.

lundi 26 août 2013

Situation provisoire - Gabriela Adamesteanu

Letitia Arcan mariée à Petru un universitaire entretient une relation adultérine avec Sorin Alaru un collègue de  L'édifice, un organisme culturel. L'histoire pourrait être simple, banale, mais nous sommes dans la Roumanie des années 70 tout devient plus compliqué.
A travers cette liaison secrète, ces deux personnages et leurs familles, Gabriela Adamesteanu retrace l'histoire de la Roumanie de la seconde guerre mondiale à la chute des Ceaucescu. 
Véritable enjeu stratégique de la seconde guerre mondiale pour ses réserves de blé et de pétrole,le pays connait des temps difficiles passant d'un régime pro nazi dirigé par le Général Antonescu pour finir sous le joug soviétique. Une période tourmentée, les crimes furent nombreux, les familles sont déchirées...
La mise en place du régime soviétique signifie la collectivisation des biens de production, la surveillance de la population, des emprisonnements politique. L'absurde fait son entrée dans le quotidien du roumain, situation ubuesque qui  connait son apogée avec l'accession au pouvoir de Ceaucescu, Le Camarade...
Situation provisoire, telle est la situation de chacun, tant son emploi, son domicile, sa liberté peuvent être remis en question du jour au lendemain sur un simple rapport d'un membre la Securitate. Même les histoires d'amour sont difficiles dans ce régime, se mettre en couple c'est le risque de se trouver cloué au pilori... c'est exactement ce que reproche Petru à Letitia quand il découvre que des membres de sa belle famille ont eu des sympathies avec l’extrême droite, il l'accuse de lui avoir caché le passé familial et d'être responsable de sa situation professionnelle qui ne cesse de s'enliser...
Laetitia et Sorin à travers leur histoire d'amour clandestine s'offrent un moment de rare de complicité et liberté où ils peuvent parler sans contrainte, commenter l'actualité, dans ce pays où il est quasiment impossible de faire confiance à son prochain. Mais les histoires d'amour sont aussi des aventures à risques, la politique nataliste du Camarade interdit toute contraception et avortement, une situation qui paralyse, qui tue toute forme de sensualité  ...
L'histoire de la Roumanie est complexe, les personnages sont nombreux, il est facile de s'y perdre . Heureusement à la fin du livre, figure un historique rapide avec une biographie des différents personnages, ainsi qu'un arbre généalogique des deux familles, un soutien indispensable au lecteur....
De nombreuses blagues sur le régime circulaient clandestinement, des notes d'humour qui donnent au roman sa respiration.
L'ambition était grande , écrire une fresque historique à travers un amour clandestin, le défi est relevé.

C'était notre étape roumaine de notre tour européen des écrivains !

dimanche 25 août 2013

Macbeth - Orson Welles

Il existe deux versions de Macbeth tourné par Orson Welles. La première fut mal reçue par le public et les critiques notamment du fait de l'accent écossais rendant le texte difficilement compréhensible par le spectateur américain. Une deuxième version est réalisée où les voix sont en grande partie réenregistrées, parfois par d'autre acteurs, le film est lui même raccourci pour être ramené à moins d'une heure trente et satisfaire ainsi les diffuseurs qui peuvent multiplier les séances dans une même journée.
Orson Welles avait fait le choix de faire parler ses acteurs avec un fort accent écossais, les voix furent pré enregistrées et le film tourné en play back. Il s'explique sur ce choix dans son livre d'entretien avec Peter Bogdanovitch:
"Ses moments les plus truculents souffrent terriblement de cet accent raffiné et distingué du Sud de l'Angleterre qui est devenu l'anglais standard. C'est merveilleux quand un acteur irlandais ou écossais qui a une bonne élocution joue du Shakespeare. Même certains accents américains aussi, tant que les accents gardent leur vigueur. De toute façon, pourquoi les écossais de Macbeth ne devraient-ils pas paraitre écossais? Le chantonnement coloré de l'Ecosse est parfait pour cette terre et cette horreur. Si je faisais un film sur le paradis, je le ferais avec un accent écossais."

C'est la première version que nous avons vu cet après midi, celle voulue par Orson Welles. Tourné en trois semaines dans un décor de carton pâte, le film est particulièrement prodigieux, absolument terrifiant. Composé de longs plans séquences où selon Jean Cocteau la caméra est toujours placée d'où l’œil du destin suivrait ses victimes.
Alors qu'il vient de battre un prétendant au trône d'Angleterre, Macbeth de retour chez lui accompagné de son acolyte Banquo est interpellé par trois sorcières dans la campagne brumeuse. Elles lui annoncent  qu'il sera roi, et à Banquo que ses descendants seront eux aussi rois contrairement à lui. Encouragé par sa femme , Macbeth accélère par le meurtre du Roi Duncan sa prise du pouvoir. Mais très vite son entourage suspecte le nouveau monarque et le meurtre appelle le meurtre, il lui faut par la suite pour assoir son pouvoir la mort de Banco et de ses fils... mais il est impossible d'aller à l'encontre des prémonitions des trois sorcières.
C'est la trajectoire d'un couple qui glisse dans la Tyrannie, le sang, la folie... Dans un final ahurissant, Macbeth se retrouve seul dans son château, au milieu de nulle part, épilogue qui  peut faire penser à celui de Citizen Kane.
Par ses plans séquences, les clairs obscurs, la brume omniprésente, sa mise en scène baroque Orson Welles fait de la pièce de Shakespeare un long poème macabre absolument terrifiant, par certains détails notamment la couronne portée par le héros qui fait penser à celle de la statue de la Liberté nous retrouvons toute l'ironie du cinéaste. Son interprétation particulièrement impressionnante donne toute la dimension à son personnage, nous le voyons physiquement glisser vers  la folie.
Il fut reproché à Orson Welles de n'avoir pas respecté  la chronologie de la pièce, il a coupé, il a interverti certaines scènes. Il s'est réapproprié le texte de Shakespeare, c'est peut être là le seul moyen de faire une véritable œuvre de cinéma et non une simple version enregistrée d'une représentation théâtrale. Pour autant par sa puissance évocatrice, sa réflexion sur le pouvoir et la folie, il nous semble difficile de voir dans le film de Orson Welles une trahison à l’œuvre de Shakespeare .

Macbeth de Orson Welles est un chef d’œuvre.

Film vu dans le cadre de 2013, année Orson Welles

Astral Weeks - Van Morrisson

"Un disque de rupture - avec l'adolescence, l'Irlande, le rock - suintant une impossible nostalgie, comme déraciné. Face à quelques illustres jazzmen comme Connie Kay (batteur du Modern Jazz Quartet), Richard Davis, Jay Berliner, Morrisson se laisse aller et se perd dans de longues chansons possédées, cathartiques,  à moitié improvisées, qui tiennent autant de la trance que de la musique, et où sa voix finit par servir d'instrument à part entière. La densité poétique exceptionnelle de chansons telle que "Beside you" ou "Madame George" -  une poignante chanson d'adieu à l'adolescence - contribuera à en faire ce chef d’œuvre inépuisable qu'il est devenu, régulièrement cité par les critiques comme " un des cinq plus grands disques jamais enregistrés." Un des plus beaux hommages lui sera rendu par le critique Lester Bangs, qui y verra non seulement "le disque de rock qui a eu le plus d'importance dans sa vie" mais aussi la preuve qu'il restait quelque chose à exprimer musicalement à coté du nihilisme et de la destruction."

Extrait du Dictionnaire du Rock , écrit sous la direction de Michka Assayas.

Astral Weeks de Van Morrisson est à nouveau notre album de la semaine!


samedi 24 août 2013

My way Home - Bill Douglas

Dans ce troisième épisode de la trilogie autobiographique du cinéaste, nous retrouvons Jamie à l'orphelinat. Ce placement se révèle bénéfique à l'enfant qui est pris en charge par un directeur humain, même si les conditions de vie sont rudes, l'humanité du pédagogue rend l'environnement supportable. Jamie est parfois emporté par des accès de colères, mais on lui voit enfin  esquisser un sourire. Son père vient le rechercher pour le ramener au domicile familial mais surtout pour le faire travailler à la mine. Jamie s'enfuit de cet environnement détestable, après avoir été livreur nous le retrouvons en Egypte, dans les rangs de l'armée anglaise où il découvre l'amitié avec son voisin de chambre... Apaisé à la fin de son service, il rêve de devenir peintre ou réalisateur de cinéma, une nouvelle vie commence pour Jamie qui projette de s'installer à Londres.
Cette troisième partie moins sombre notamment dans sa deuxième moitié où à travers l'amitié mais aussi la littérature, Jamie s'ouvre à la vie, clôt magnifiquement cette trilogie.
Avec le même sens de l'économie, Bill Douglas revient sur son parcours qui nous rappelle que si il existait bien une vertu au service militaire c'était de sortir des jeunes de leur milieu, de les obliger à se déplacer vers de nouveaux horizons...
Sublime découverte !

Le prochain film - René Feret

René Feret est un cinéaste rare, modeste qui attire naturellement la sympathie, il est l'auteur de seize long métrages. 
 "Le prochain film" est une comédie familiale réjouissante, sorte d'autofiction où nous retrouvons un cinéaste dans son quotidien alors qu'il projette son prochain film, une mise en abyme qui  rappelle Paludes, la sotie d'André Gide.
Inspiré par son frère, un comédien habitué à des rôles dramatiques qui envisage de donner un tournant à sa carrière en révélant ses dons comiques, le cinéaste oubliant ses projets antérieurs se lance dans l'écriture d'une comédie .
Une inspiration facile à trouver, il lui suffit de lever la tête et de regarder sa vie de famille, les problèmes sentimentaux de son frère, les états d’âme de son épouse, sa grande fille  jouer du violon ou ses plus jeunes filles insouciantes ...son enthousiasme est ralenti par une sale blessure à la jambe qui vient se réveiller et l'oblige à subir une intervention chirurgicale... La production d'un film est toujours une aventure compliquée et aléatoire !
Une comédie jubilatoire avec des scènes  irrésistibles comme celle de la rencontre avec le premier chirurgien désabusé qui trouve son métier effrayant ou celle où le kinésithérapeute vient lui rendre visite pour définir son programme de  rééducation. Si René Féret s'est entouré des membres de sa propre famille, les quatre rôles principaux ont été confiés à des acteurs professionnels  merveilleux de justesse : Frédéric Pierrot, Sabrina Seveycou Antoine Chappey et Maryline Canto.
Cette chronique familiale, réalisée en tout simplicité  nous fait partager la vie d'une tribu qui se confond avec le cinéma, un drôle de métier comme il est dit puisque la plupart du temps ceux qui l’exercent ne le pratiquent pas ...

mercredi 21 août 2013

My Childhood - My Ain Folk de Bill Douglas

De Bill Douglas nous ignorions tout, même son existence, mais plus qu'une découverte les deux premiers épisodes de sa trilogie tournée dans les années 70 sont  une véritable claque!
Document autobiographique, tourné à Newcraighall en pays minier situé au sud de l'Ecosse, les deux moyens métrages sont consacrés à l'enfance et l'adolescence du cinéaste et de son frère ainé.
Tout commence à la fin des la seconde  guerre mondiale, des prisonniers allemands travaillent dans les champs. Le soir, les gamins attendent à l'entrée de la mine le retour de leurs pères. De loin les observe, Jamie. Sa mère est internée dans un asile, il ignore qui est son père, il partage une existence misérable avec sa grand mère et  son grand frère Tommy (en fait son cousin). Grâce à lui, il découvre l'identité de son père qui vit dans son  proche voisinage
La vie est rude, sans plaisir, ni affection... l'épisode se termine à la mort de sa grand mère.
Au début du deuxième épisode, les deux enfants sont séparés; Tommy que son père biologique ne veut accueillir est  placé dans un pensionnat, la grand mère maternelle de Jamie  , une puritaine monstrueuse se voit contrainte de le prendre en charge. La séparation est un déchirement, Jamie découvre un semblant de réconfort auprès de son grand père lorsque ce dernier rentre de l’hôpital. L'épisode se termine à la mort du grand père.
Avec une économie de moyens, Bill Douglas  exprime tout le désastre de son enfance. Peu de dialogues, les images suffisent à exprimer toute la dureté de sa vie et l’âpreté des conditions ouvrières.Ce qui frappe le plus c'est que ce film n'est pas l’œuvre d'un adulte qui se retourne sur son enfance, mais celle d'un cinéaste qui retrouve le monde de ses premières années à travers son regard d'enfant, nous n'avons jamais l'impression d'être confrontés à une reconstitution. Le film construit sous forme de réminiscences émeut par la beauté des images noir et blanc. Ainsi le plan  où Tommy sur une passerelle ferroviaire se joue de la fumée de la locomotive, ce rare moment d'insouciance nous rappelle la scène de douce euphorie d'Oslo 31 Août de Joachim Trier quand au bout de la nuit le passager d'une bicyclette s'amusait avec un extincteur ... Le film de Bill Douglas captive et bouleverse par une interprétation toujours juste. Nous serons longtemps hantés par le regard de Stephan Archibald qui incarne Jamie.
Le cinéma de Bill Douglas est d'une puissance rare, il se met à la hauteur de la littérature de Dickens !

Vu  au Reflet Medicis

mardi 20 août 2013

Haut Bas Fragile - Jacques Rivette

"Ce sera le récit de ce qui arrivera à quelques personnages entre très précisément le 14 juillet et le 15 août 1994, à Paris. Ce sera l'histoire de trois jeunes femmes, à Paris, au cours de cet été 1994. Ce sera le récit de leurs aventures dans l'espace de la capitale. Dans les rues, les jardins, les dancings, les bibliothèques ou les ateliers moins peuplés que d'ordinaire, partout la vie est un peu ralentie par la vacance,par la chaleur. Dans cet espace et dans ce temps, deux jeunes femmes vont  caracoler et bientôt se croiser. La troisième aura un trajet plus autonome et plus secret. Chacune  à sa façon va décider de changer sinon sa vie, en tout cas sa manière de la subir, de voir ou appréhender le monde. A partir de ce moment, elles sont prêtes à se lancer dans l'inconnu. La troisième découvrira le visage, la voix, l'univers inconnu de l'objet de sa quête, mais ne s'y arrêtera pas."

Texte extrait du traitement original écrit par Jacques Rivette.

Nous avons repris tel quel le texte de Jacques Rivette joint à son édition DVD tant il est conforme à l'esprit de son film. Trois jeunes actrices, conviées à participer à l'élaboration du scénario, à l'écriture du caractère de leur personnage. La première Ninon est  une jeune fille en fuite...Après avoir été témoin et complice d'un racket qui tourne mal contre sa volonté, cherchant à rentrer dans le droit chemin, elle trouve un emploi de livreur en scooter.Mais elle reste un peu voleuse, un peu tête brulée, et  le soir,  elle aime aller danser  . La deuxième Louise  vient de sortir d'un coma de 5ans, elle cherche à se reconstruire en s’éloignant de son père.Elle prend possession d'une maison héritée de sa tante, et fréquente d'intrigants personnages, sous la surveillance d'un détective pas très discret au service de son père.  La troisième,Ida , bibliothècaire aux arts décos, ne connait pas ses parents biologiques; elle est hantée par ce manque, il lui faut découvrir "d'où lui viennent son nez, ses yeux, sa bouche, ses seins, son derrière..."

Film très féminin, où les garçons ne sont là que pour faire le lien entre les filles... Trois jeunes actrices remarquables, Nathalie Richard, Marianne Denicourt Laurence Cote. Pour les accompagner, l'égérie de la Nouvelle Vague, Anna Karina... Les jeunes filles ont participé au scénario, alors elles ont voulu chanter, danser, le film prend parfois des airs de comédie musicale... En 1994, sur toutes les ondes de radio, on entendait Enzo Enzo, elle avait réalisé un album rempli de tubes "Deux". Jacques Rivette l'invita à jouer la chanteuse d'un cabaret et à interpréter ses propres chansons...

Elévé au cinéma d'Hitchcock, Jacques Rivette y puise son inspiration et  multiplie les McGuffin pour nous faire le portrait de trois jeunes filles.Avec pas grand chose, des secrets de famille,un peu de mystère,le souvenir d'une mélodie,un peu de vertige, le cinéaste nous  tient en haleine, nous ne voyons pas le temps passer. Paris l'été, vidé de ses habitants est une ville irrésistible. Si l'homme peut apparaitre sérieux  de prime abord, Jacques Rivette révèle un vrai sens de la comédie, nous proposant notamment un jeu de cartes improbable dont nous ne dévoilerons pas les règles qui ne sont pas sans danger
Nous avions vu ce film le jour même de sa sortie, à la première séance du début d'après midi. C'était déjà au cinéma l'Arlequin et nous nous souvenons que Jacques Rivette s'était glissé discrètement dans la salle... Nous avions été enthousiasmés par la légèreté, la cocasserie, de ce film qui nous avait mis d'excellente humeur. Étonnamment, peut être du fait de sa longueur, nous ne l'avions jamais revu, c'est chose faite, l'euphorie est intacte, l'air semble alors toujours aussi léger...

lundi 19 août 2013

La honte - Annie Ernaux

Yvetot, l'épicerie familiale, un univers modeste, Juin 1952 nous retrouvons le décor des jeunes années d'Annie Ernaux. Un roman construit autour d'une scène de ménage terrible, où son père au retour de la messe pris d'un accès de folie tente de tuer son épouse sauvée par les cris de sa fille Annie D.... Une scène terrible, imprévisible, unique qui marque définitivement la jeune fille de 12 ans qui demeure habitée par un sentiment de honte qui lui colle à la peau, déchirée entre deux milieux pour elle antagonistes, le monde ses parents et celui du collège privè et de ses camarades venues de la bourgeoisie locale...
Court roman autobiographique avec notamment un voyage terrible à Lourdes que la jeune fille effectue avec son père en autocar, rythmé par les rappels des publicités, des émissions de radio des années 50 comme pour mieux dessiner le paysage de la France d'après-guerre , un texte qui annonce un très grand roman à venir Les années...
Une lecture captivante, rapide il suffit d'en lire les deux premières lignes pour ne plus décrocher:

"Mon père a voulu tuer ma mère un dimanche de juin, au début de l'après-midi. J'étais allée à la messe de midi moins le quart comme d'habitude."

dimanche 18 août 2013

Spéciale Première - Billy Wilder

Chicago, un homme  condamné à mort attend son exécution à deux jours des élections locales, pas  vraiment le moment pour le rédacteur en chef d'un journal local Walter Burns de voir partir son meilleur journaliste Hildy Johnson. Alors lorsque ce dernier vient lui remettre sa démission pour aller s'installer à Philadelphie avec celle qu'il doit épouser, Walter Burns n'a qu'une obsession mettre fin au mariage de son employé favori, tous les coups bas sont permis... L'évasion surprise du condamné à mort vient aider le rédacteur en chef, le scoop est trop énorme pour Hildy Johnson qui ne peut résister longtemps à la montée d'adrénaline propre à son métier... vouloir faire d'un journaliste un époux relève bien de la mission impossible !
Antépénultième film de Billy Wilder  "Spéciale première"  est une comédie énorme, le cinéaste n'a peur de rien, il ne se refuse aucun bon mot, aucun gag... il fait dans le lourd ne se refusant aucune invraisemblance allant jusqu'à convoquer un psychanalyste viennois pour assurer la dernière consultation du condamné avant son exécution. C'est énorme et cela fonctionne à merveille, car rien n'est vraiment gratuit, le regard sur la société américaine est sans concession, particulièrement corrosif ; toutes les turpitudes des puissants se justifiant par la nécessaire lutte contre le bolchévisme.Le regard est d'une totale noirceur, particulièrement cinglant
Un duo vieillissant, Jack Lemmon et Walther Matthau accompagnés ici par Susan Sarandon, on pourrait reprocher à Jack Lemmon de forcer un peu ses grimaces... mais emportés par le rythme endiablé nous faisons fi de ces exagérations de l'acteur.
Adapté d'une pièce de Ben Hecht, qui avait déjà inspiré Howard Hawks avec "la dame du vendredi", Billy Wilder réalise une colossale comédie !

Vu à la filmothèque du quartier latin !

Mon voisin Totoro - Hayao Miyazaki


Ce matin, nous sommes allés voir Mon voisin Totoro un film d'animation de 1988 de Hayao Miyazaki au cinéma l'Arlequin. Ce fut un plaisir de revoir sur grand écran les aventures des deux jeunes sœurs, Satsuki et Mei installées dans une nouvelle maison à l'orée des bois. Une maison qu'elles partagent avec leur père, un universitaire, en attendant le retour de leur mère hospitalisée dans la ville voisine.
Mei la petite fille fait une rencontre étonnante dans la forêt, une créature énorme, sorte d'esprit des bois: Totoro...Pas du tout effrayée par les grognements de la bête, elle devient complice de cette dernière qu'elle va présenter à sa sœur ainée...
Les films de Miyazaki ont cette capacité à réunir différentes générations dans la même salle... ce matin nous avions pas loin de nous une grand mère et son petit fils . Rapidement effrayé par Totoro, il a vite trouvé refuge sur les genoux de sa mamie qui se voulut rassurante: "mais je te promets, il est gentil Totoro, n'aie pas peur..." une promesse suivie immédiatement d'un énorme grognement de la bête...
Il n'en fallait pas plus, le gamin s'est carapaté vers la sortie ...

Le cinéma parfois cela fait peur, c'est aussi pour cela que  nous nous rendons dans des salles obscures! Pourtant la grand-mère avait bien raison, Totoro est gentil, il fait partie des créatures les plus magiques que Hayao Miyazaki ait inventé...

Aladdin Sane - David Bowie

Après avoir célébré les 40 ans de la sortie de Berlin l'album de Lou Reed, il nous était impossible de ne pas ressortir notre album préféré de David Bowie aidé par son complice le guitariste Mick Ronson, sorti cette même année 1973: Aladdin Sane.
Un disque parfait avec notamment une reprise époustouflante de Let's spend the night together et un hommage à l'écrivain français Jean Genet à travers The Jean Genie, nous ne nous lassons pas de l'écouter de Watch that man à l'émouvant Lady Grinning Soul.
Aladdin Sane a 40 ans et toujours pas une ride, c'est notre album de la semaine !

samedi 17 août 2013

Le goût du Sake - Yasujiro Ozu

La caméra au ras du sol pour de magnifiques plans fixes, le cinéma de Yasujiro Ozu est unique, avec "le goût du saké" il signe une chronique familiale qui nous offre un portrait du Japon des années 60. On joue au Baseball, on boit du Whisky, les vêtements se sont occidentalisés, l'influence américaine est évidente pour autant il suffit de rentrer dans l’intimité des familles pour découvrir que les mœurs n'ont pas beaucoup évolué ne laissant aux femmes que peu de liberté.
Après avoir été capitaine dans la marine, Suhei Huryama est cadre supérieur dans une entreprise, son fils ainé est marié, il partage son domicile avec sa fille Michiko et son plus jeune fils depuis la mort de sa femme, il ne viendrait pas à l'idée de Suhei de  voir partir sa fille dont la présence est indispensable, c'est elle qui a pris en charge la tenue du foyer  . Michiko toujours attentive attend avec patience chaque soir le retour de son père à l'haleine chargée d'alcool après un détour par le bar pour retrouver ses amis sa journée de travail achevée. Avec ses amis, il organise une soirée de retrouvailles avec un vieux professeur, ce dernier veuf partage sa vie avec sa fille, Suhei réalise  alors que par son propre égoïsme comme le vieil homme il pourrait causer le malheur de sa fille. Cette rencontre le décide à organiser le mariage de Michiko avec un jeune homme recommandé par un de ses vieux amis...
Des souvenirs de la guerre qui ressortent dans des conversations de comptoir, une économie encore fragile, le Japon est encore marqué par sa défaite en ce début des années 60... Néanmoins nous pressentons le début d'un grand boom avec l'arrivée des biens électroménagers, le fils ainé de Suhei se rend notamment chez son père pour obtenir un prêt pour l'achat d'une réfrigérateur... Mais le plus effrayant reste le statut des femmes qui semblent accepter  avec fatalité leur situation sans révolte ni volonté d'émancipation. Michiko confiant même après avoir vu son frère céder à son épouse son espoir d'être un jour mariée à un homme autoritaire.
Film sombre d'une grande  tristesse, Ozu offre un regard sur la vieillesse, d'un grand pessimisme, tout tient dans cette réplique désabusée: "il est impossible d'échapper à sa propre solitude". Suhei et ses amis sombrent dans des beuveries sans fin...
Par son génie du cadrage et la beauté de ses plans, ses notes d'humour qui détendent l'atmosphère, le cinéaste protège le spectateur de ses noirs propos.  Les costumes trois pièces des hommes, les jupes des femmes ou leurs kimonos traditionnels, les chaussures à talons qui révèlent toute la beauté des jambes , les chignons millimétrés, ce film nous rappelle également que le début des années 60 étaient un sommet de l'élégance...

Le gout du saké est le dernier film de Yasujiro Ozu, c'est une pure merveille !

vendredi 16 août 2013

Jacques Verges (05/03/1925 - 15/08/2013)

Pour qu'un jugement soit  indiscutable, il convient que le condamné ait été correctement défendu... Cette règle est un des piliers des Droits de l'Homme, pourtant la défense est parfois compliquée tant le crime est odieux. C'est toute la complexité du métier d'avocat.
Jacques Verges s'était fait le spécialiste des causes indéfendables, Klaus Barbie le nazi ,les terroristes Carlos et Georges Ibrahim Abdallah ou plus récemment Slobodan Milosevic...une liste sans fin.
Après avoir été résistant, la lutte contre le colonialisme fut la grande affaire de sa vie, il fut le défenseur brillant des membres du FLN lors de la guerre d'Algérie. C'est notamment parce qu'il reprochait à la France de ne pas avoir fait le procès  de son passé colonial qu'il axait sa défense sur son illégitimité à juger les pires criminels.
Nous n'avions pas une grande passion pour ce personnage médiatique, dont nous avions découvert les multiples facettes dans le documentaire de Barbet Schroeder qui lui était remarquable !

mardi 13 août 2013

Vie de Mizuki - L'enfant - Shigeru Mizuki

L'autobiographie dessinée de Shigeru Miszuki est absolument passionnante, parce que non seulement il est un des plus grands auteurs du Japon mais parce qu'il y offre un regard plutôt rare sur les années 30. Même si notre connaissance du cinéma japonais n'est que parcellaire, nous n'avons jamais vu de film montrant la société japonaise d'avant guerre, les films de Yasujiro Ozu ne sortant pas du cadre familial.
Shigeru Misuki blessé lors de la guerre du Pacifique où il perdit un bras, a cette volonté de comprendre et de témoigner sur ce passé qui lui a volé sa jeunesse. Ce premier épisode de son autobiographie revient sur ces jeunes années, et si nous avions une vision caricaturale de son pays que nous imaginions peuplé de Kamikazes totalement endoctrinés, la situation se révèle plus complexe. La dimension nationaliste et expansionniste du pays est bien réelle, pour autant cette situation effraie une partie de la population qui subit plus qu'elle n'accompagne les volontés des chefs militaires. Les désertions dans l'armée sont monnaie courantes, les soldats incorporés résistant difficilement aux conditions apocalyptiques qui leur sont imposées. Mizuki, un enfant rêveur, nonchalant, qui n'a jamais révélé une grande volonté de travail va subir lors de son incorporation  nombre de brimades et de coups de ses supérieurs.
Né dans une famille atypique, vivant sans le sou avec un père plutôt bohème, la vie du petit Misuki qui peine le matin pour aller à l'école, se révéle truculente... Il est facile de tomber sous le charme de cet enfant. Ne trouvant pas sa place dans le système scolaire, il rejoint le monde du travail pour lequel il montre une incompatibilité digne de Gaston Lagaffe. Puis c'est le temps de l'armée, un voyage au bout de l'enfer.

Un chef d’œuvre !

lundi 12 août 2013

Retour à Yvetot - Annie Ernaux

Un petit livre que nous avons croisé par hasard lors d'un passage dans une librairie, Retour à Yvetot est le texte d'une conférence tenue par Annie Ernaux dans sa ville natale. Cette rencontre qu'elle a retardée pendant de nombreuses années se révèle passionnante.
Annie Ernaux revient sur sa jeunesse, les conditions modestes dans lesquelles elle grandit. Des parents qui ont abandonné leur métier d'ouvriers pour ouvrir une épicerie qui fait aussi bistrot, dans un quartier populaire de la ville alors en reconstruction après avoir été détruite par les bombardements alliés... Les conditions de vie sont minimales, sans eau courante et les toilettes au fond de la cour. Ses parents, notamment sa mère ont tenu que leur fille suive sa scolarité dans l'établissement privé où elle se retrouve mêlée aux enfants de la bourgeoisie locale.
Une vie modeste qui fait honte à la jeune fille qui  se révéler excellente élève, un statut qui va l'écarter de son milieu d'origine, une situation complexe pour elle qu'elle synthétise à travers l'expression du sociologue Pierre Bourdieu: "une transfuge de classe", une déclassée par le haut ce qui la distingue des héritiers. Une situation qui jouera directement sur le style de son écriture dépouillée d'effets de style.
Dans son histoire, ce qui nous a particulièrement ému c'est la difficulté pour la jeune fille d'accéder à la littérature, de satisfaire son désir de connaissance. 
"A cette époque, je manquais de livres, nous en manquions. Il y avait bien la bibliothèque municipale, mais elle n'ouvrait que le dimanche matin et son fonctionnement, très élitiste, avait de quoi décourager tout désir de culture sauf si on appartenait à la frange cultivée de la population. il fallait effectivement arriver en disant: "je veux tel livre"."
Parfois la jeune fille a accès aux abrégés Larousse des chefs d’œuvre de la littérature dont la lecture engendre un immense sentiment de frustration parce qu'elle n'a qu'une vision parcellaire de ces grands romans.
Terrible constat, qui nous rappelle qu'il ne peut y avoir de République sans  accès pour tous aux grands textes  !


dimanche 11 août 2013

Les lumières du faubourg - Aki Kaurismäki

Kostinien, employé dans une société de gardiennage mène une vie de solitaire à l'écart de ses collègues... Le soir avant de rentrer chez lui il s’arrête à une cahute pour acheter une saucisse et partager deux mots avec la vendeuse brune sans se rendre compte qu'elle a un faible pour lui... Son seul rêve: Créer sa propre société de gardiennage.
Un soir,il succombe au charme d'une femme blonde qui l'aborde dans un bar; victime de sa naïveté, il ne voit pas qu'elle l'utilise pour obtenir l’accès d'une bijouterie qui se situe dans sa tournée de surveillance et permettre au caïd de la ville d'en voler le contenu...
Accusé du cambriolage, Kostinien garde le silence se refusant à dénoncer celle qui s'est moqué de lui. Après deux ans de prison, il retrouve sa liberté et un petit boulot de plongeur dans un restaurant ..
Il recroise la jeune femme blonde avec son petit ami, il essaye de poignarder ce dernier.... Sa tentative échoue, Kostinien se fait tabasser par les hommes de main du malfrat...
Mais la jeune vendeuse ne l'a pas oublié, Kostinien au fond du gouffre voit une main tendue!

 Film quasi silencieux où les personnage mutiques, sans véritable attrait  ,évoluent dans des décors d'une grande  froideur... Le film au rythme très lent  n'a à priori que peu de charmes pourtant nous restons scotchés, c'est la magie du cinéma de Kaurismäki où derrière une certaine pudeur  se cache une montagne d'humanité.... Même si Kostinien le anti-héros plutôt sombre, personnage central de ce film n'a pas la drôlerie de Charlot, il est impossible rien que par le titre du film de ne pas penser aux Lumières de la Ville de Charlie Chaplin... Comme chez le cinéaste des Temps modernes, Kaurimäki fait des gens modestes, des travailleurs, de ceux qui sont habitués de rester à l'ombre, le cœur de ses films.  En montrant la pureté de leurs sentiments, leur dignité face aux difficultés de la vie sans pour autant tomber dans un angélisme ridicule, il leur donne une élégance aristocratique ...

Berlin - Lou Reed

Puisque nos vacances vont se terminer, nous avons choisi de les prolonger en remettant au goût du jour  l'album culte de Lou Reed: Berlin. Sorti quelques mois après Transformer et son tube indémodable, "Walk on the wild side", Berlin est un album concept qui raconte la désagrégation d'un couple, Jim et Caroline. 
Sa création véhicule ses propres légendes notamment sur l'enregistrement des pleurs d'un enfant, album sombre et mélancolique il a toutes les qualités pour s'inscrire définitivement dans l'histoire du rock.
Si l'album de Lou Reed est marqué par les excès et les peurs de son temps, il s'écoute avec toujours le même plaisir.

Berlin a 40 ans et c'est notre album de la semaine !


samedi 10 août 2013

Les Chardons bleus

En nous promenant hier sur le plateau du Benou sur la route du col de Marie Blanque dans la vallée d'Osseau, nous avons trouvé les collines vertes et fleuries avec notamment de merveilleux chardons bleus n'ayant apparemment pas souffert de la forte chaleur des semaines précédentes, situation plutôt rare au mois d'aout. Peut être est-ce là, la conséquence heureuse des fortes chutes de neige hivernales et des abondantes pluies printanières?



vendredi 9 août 2013

La disparition de Jim Sullivan - Tanguy Viel

Si Philippe Djian est assurément le plus américain de nos écrivains, nous nous rappelons également que Boris Vian fut l'auteur de pastiches de romans noir sous le pseudonyme de Vernon Sullivan, dont le célèbre "j'irai cracher sur vos tombes". Dans son dernier roman, Tanguy Viel déclare son amour pour cette littérature, et si il se lance dans un pastiche d'un roman américain il le fait ici à visage découvert. Plus qu'un roman, "la disparition de Jim Sullivan" est le making off du roman éponyme où l'auteur avec une certaine ironie dévoile tous les trucs pour écrire un roman américain, la lecture en est jubilatoire.
Jim Sullivan est un musicien disparu mystérieusement  dans le désert du Nouveau Mexique il y a une quarantaine d'année, comme si le fait d'avoir chanté sur les Ovnis lui avait attiré la poisse. Chanteur favori de Dwayne Koster, personnage central de cet ouvrage, un professeur d'université en pleine crise après que sa femme l'eut quitté. Spécialiste de Moby Dick, son cours n'a pas le même succès que celui  de son nouveau collègue spécialiste de Kerouac, celui là même qui est devenu l'amant de son ex femme... Le passage des 50 ans de Dwayne Koster est plutôt compliqué, l'âge où définitivement, le prof de fac ne peut s’empêcher de coucher avec une de ses étudiantes, généralement le début de ses emmerdes..
Alcool, prof d'université, sexe, dépression tout est là pour nous offrir un roman américain. Le tout se passe dans la ville de Detroit, une des villes les plus fascinantes, devenue depuis la crise du secteur automobile en partie une ville fantôme. Une ville qui a perdu plus de la moitié de sa population depuis les années 30, avec des quartiers en déshérence où il est possible de croiser des chiens errants, signe absolu d'abandon ...
Tanguy Viel montre aussi une cité , qui malgré son déclin, garde sa modernité et ses lignes de gratte-ciel:
"Par exemple à Detroit, d'après ce que j'ai lu sur Internet, un habitant peut percevoir, dans son champ visuel jusqu'à trois mille deux cents vitres en même temps"

Pour le plaisir un titre de Jim Sullivan, le chanteur mystérieusement disparu qui chantait les ovnis:


jeudi 8 août 2013

Une journée particuliére - Ettore Scola

Rome Mai 1938, alors qu'il est au pouvoir depuis 16 ans, Benito Mussolini reçoit avec faste son allié  Adolf Hitler. La population romaine est convoquée dans les rues de la capitale à exprimer son enthousiasme, elle s'y rend avec joie et conviction.
Par des images d'archives, le cadre historique du film d'Ettore Scola est ainsi posé avant de resserrer sur un ensemble d'immeubles et plus particulièrement sur l'appartement d'une famille presque idéale aux yeux du régime fasciste. Antonietta a six enfants , il lui manque encore le septième pour obtenir l'honorable statut de famille nombreuse et méritante.
Au petit matin, tous se prépare dans une grande promiscuité pour aller à la parade. Seule Antonietta pourtant une fervente  admiratrice du Duce reste à l'appartement pour assurer les corvées du quotidien. C'est parce que son ménate s'échappe de sa cage qu'elle est emmenée à croiser un voisin de l'immeuble d'en face, Gabriele. Fasciné par cet homme resté à l'écart des festivités, elle va partager avec lui cette journée sous le regard  de la concierge d'immeuble, véritable agent de renseignement du régime à qui rien ne peut échapper...
Elle découvre son histoire, celle d'un homme chassé de la radio publique parce qu'homosexuel. Sa passion pour le régime fasciste et son chef devrait la pousser à s'écarter de ce paria, cet intellectuel honni par le régime mais elle ne peut plus quitter Gabriele malgré les mises en garde de la concierge. Parce qu'à travers son regard, elle prend conscience de son emprisonnement, condamnée à être une épouse servile et une mère de famille dévouée. Cette journée est finalement pour elle un espace de liberté.
La fin de journée approche, la foule est de retour. Gabriele est embarqué par deux policiers pour être déporté dans une colonie pénitentiaire sur une île. Antonietta  rejoint sa prison familiale, mais avec un coin de liberté: l'exemplaire les trois mousquetaires d'Alexandre Dumas, cadeau de Gabriele.
Tourné en 1977, le film d'Ettore Scola est bien plus qu'une illustration de la vie quotidienne sous le régime fasciste, c'est un film clairement féministe, une condamnation du machisme , mais également un film d'une grande tolérance sur la question de l'homosexualité dont le propos garde toute sa pertinence . Ce récit  intimiste est servi par un formidable duo d'acteurs, Sophia Loren admirable qui a accepté de se vieillir pour incarner Antonietta  est ébranlée dans ses certitudes, et Marcello Mastroianni qui avec subtilité révèle toute la fragilité de son personnage. Par la nuance de leur jeu, ils évitent de faire de leurs personnages des caricatures, un risque inhérent à ce genre de film !

mercredi 7 août 2013

L'homme de ses rêves - John Cheever

L'homme de ses rêves est un recueil de nouvelles que John Cheever a écrit, durant sa jeunesse, dans les années 30. Connu pour être l'écrivain des classes moyennes, des banlieues des grandes villes, celui qui fut alors surnommé le "Tchekhov des faubourgs" montre une autre facette de son œuvre en proposant un regard sur les classes populaires frappées par la crise économique.
Des nouvelles remplies de mélancolie, du désarroi d'une Amérique profonde engluée dans un chômage de masse, un temps où les ouvriers américains chantaient l'Internationale. On traverse des pensions de famille, on passe par les champs de courses et leurs parieurs qui suivent les chevaux d'une ville à l'autre.
Si nous devions en sortir une du lot, nous citerions Bayonne, l'histoire d'une serveuse de restaurant, elle s'appelle Harriet mais tout le monde la surnomme Bayonne d'où elle vient. Chaque jour, à midi, c'est pour elle une véritable course poursuite pour effectuer son service, elle est connue de tous... Un jour la direction décide de lui adjoindre une jeune collègue, après une journée commune de travail elle prend conscience qu'elle sera vite oubliée de ses clients... elle préfère partir.
Le style est brillant, concis; en quelques lignes, John Cheever nous immerge dans une ambiance particulière :
"Le quartier se vidait de la même manière, et à sept heures du soir le voisinage était silencieux et désert à l'exception de quelques types qui regardaient le trafic des bateaux dans le port depuis les quais, un wagon de tram vide qui rejoignait les deux extrémités de la ville, ou un ivrogne qui titubait sur le trottoir en direction des pubs plus au nord. A sept heures, ils passaient la serpillière, empilaient les chaises sur les tables et fermaient jusqu'à minuit."
Des tranches de vie, des atmosphères, un portrait de l’Amérique des loosers, les nouvelles de John Cheever s'inscrivent dans la culture américaine, elles peuvent faire penser à un morceau de jazz, un tableau de Edward Hopper. 

mardi 6 août 2013

Hitler - Shigeru Misuki

Au début des années 70, l'auteur de mangas Shigeru Misuki s'est lancé dans une biographie du dictateur allemand pour répondre à un véritable besoin d'une société japonaise où les opinions révisionnistes sont alors  en pleine expansion, notamment de la part des anciens qui cherchent à glorifier le passé nippon.
Misuki a alors 50 ans, il fut lui même confronté à ce passé tragique, perdant son bras gauche dans les combats alors qu'il était gaucher lors de la guerre du pacifique. A coté de l'urgence pédagogique, ce travail est aussi une nécessité personnelle, celle de mieux comprendre cette histoire qui a envoyé un grand nombre de ses camarades à la mort et qui a fait de lui un mutilé.
Parce que le sujet est sensible, Misuki a réalisé un travail impressionnant retraçant le parcours d'Hitler  de sa jeunesse à sa mort dans le bunker. Les faits sont racontés dans leurs moindres détails dans toute leur complexité, sans jamais perdre le lecteur. On ne relève qu'une approximation où la signature de l'armistice est datée à tort au 21 juin 1940 au lieu du 22.
Il passe de la vie intime du dictateur et notamment de son comportement odieux et libidineux avec sa nièce Gelli qu'il pousse au suicide à sa vie publique avec la prise de pouvoir au sein du parti nazi puis sa nomination au poste de Chancelier.
Cette conquête du pouvoir n'est pas simple, Hitler parvient à ses fins en 1933 au moment même où son parti enregistre  une baisse des suffrages lors des dernières élections législatives. Mais le patronat allemand effrayé par la progression des communistes vient au secours du leader nazi qui devient chef du gouvernement. A la mort d'Hindenburg, le coup d'état est définitif...il est le führer !
Le projet est immense, parfaitement maitrisé, l'information est autant dans le trait du dessin que dans le texte. On devine la folie du dictateur, dans le regard, l'expression, les dessins sont époustouflants,  c'est un travail admirable!

lundi 5 août 2013

Chiroulet (1070 M) - Lac Bleu (1940 m) - Col de Bareilles (2238 m)

C'était notre randonnée pyrénéenne, un grand classique , situé au dessus de Bagnéres de Bigorre. Un dénivelé sérieux qui oblige à six heures de marche sans compter les arrêts.
Le lac bleu est une petite merveille. Lors de notre promenade, nous avons eu droit à un spectacle étonnant d'une vingtaine de vautours décollant sous nos yeux lorsque nous les avons surpris nettoyant la carcasse d'un mouton. Nous n'avons pas eu le temps de dégainer l'appareil photo, pour immortaliser cet envol plutôt impressionnant. Nous n'avons rien vu du lac d'Ourrec lors de la grande descente, nous étions alors au cœur d'un nuage, légèrement embrumés...
Nous avons touché la neige, fait face au Pic du Midi, croisé des vaches ,des moutons et des chevaux, avant de finir dans le brouillard... une journée trépidante pour deux franciliens !







dimanche 4 août 2013

JJ Cale - Roll On

Il nous semblait évident de mettre à l'honneur le dernier album de JJ Cale alors que ce dernier vient tout juste de succomber d'une crise cardiaque. Sa musique est parfaite pour être écoutée à la fraicheur, assis dans un rockingchair ou perdu au fond d'un hamac.
Il a 70 ans lorsque sort son dernier album Roll On, un âge où nombre de ses collègues sans inspiration ne font que surfer sur les succès de leurs jeunes années, jouant la carte de la nostalgie pour s'assurer de nouveaux subsides, JJ Cale signe lui un album d'une étonnante fraicheur, un petit Bijou.
Roll  On est un album parfait pour traverser les chaleurs de l'été, c'est notre album de la semaine !


samedi 3 août 2013

Suzanne et les vieillards

Pieter Lastman

Rembrandt
C'est dans les suppléments grecs au livre de Daniel dans l'Ancien Testament qu'il est possible de lire la terrible histoire de Suzanne, jeune épouse de Joachim qui habitait Babylone. Quatre merveilleuses pages !
Alors que la jeune femme désire prendre un bain au fond de son jardin, deux "honorables" juges se cachent pour piéger  la jeune fille et abuser d'elle. Pour obtenir ses faveurs, ils lui font un chantage ignoble, menaçant de l'accuser d'adultère avec un jeune homme si elle se refuse à eux.
Suzanne soupira et dit: " L'angoisse m'environne de toute part; car si je fais cela, c'est pour moi la mort , et si je ne le fais pas,  je n'échapperai pas de vos mains . Mais il vaut mieux pour moi tomber entre vos mains sans l'avoir fait que de pécher en présence du seigneur."
La jeune fille se refuse, les deux vieillards vont au bout de leur menace. Suzanne est condamnée à mort pour adultère.
Le seigneur entendit sa voix. Comme on la conduisait à la mort, Dieu éveilla l'esprit saint d'une jeune garçon nommé Daniel.

Daniel fit séparer les deux vieillards, pour les faire témoigner l'un après l'autre. L'un dit que la jeune commit son forfait sous un lentisque quand l'autre parla d'un chêne. Ainsi confondus, les deux vieillards sont condamnés, la jeune fille fut sauvée, .

C'est lors de notre visite à la Gemaldegalerie de Berlin que nous avons eu le désir de plonger dans l'ancien Testament. Deux versions de cette histoire sont proposées par deux maîtres de la peinture hollandaise du XVII°. Une de Rembrandt qui ne fit que reprendre un thème déjà traité par son maître Pieter Lastman. Les deux toiles exposées cote à cote, nous montrent combien l'élève a ici dépassé le maitre. Il n'y a rien à reprocher à la peinture de Lastman, mais comment ne pas être saisi par le regard désespéré de la jeune fille peinte par Rembrandt, à lui seul par son intensité il exprime le drame de la situation.

vendredi 2 août 2013

Et Nietzsche a pleuré - Irvin Yalom

Irvin Yalom a imaginé une rencontre entre le Docteur Breuer sommité médicale viennoise de la fin du XIX° et Friedrich Nietzsche au moment où il travaille à son ouvrage, "Ainsi parlait Zarathoustra".
C'est Lou Salomé qui organise cette rencontre, cette dernière qui vient de connaitre une histoire forte avec le philosophe et s’inquiète de son état de santé, elle rencontre secrètement le médecin viennois, pour qu'il accepte de soigner l'auteur du "gai savoir".
Le docteur Breuer sort lui même d'une relation difficile avec une patiente hystérique dont il s'est fortement épris.
Les deux hommes vont se lancer dans une partie d'échecs, ils vont se livrer petit à petit,  pour se libérer de leur passion amoureuse par leur parole, créant par leur expérience une médecine du désespoir, la psychanalyse.
Nous avions pris ce roman pour nous accompagner cet été l'imaginant drôle et léger, parfait pour nous tenir compagnie dans les périodes d'attente dans les aéroports ou lors des moments de pause pris à l'ombre d'un arbre ... Il ne laisse aucun doute sur l'érudition de l'auteur qui cite des courriers de Nietzsche, des extraits de ses œuvres, ainsi que sa connaissance sur les travaux menés par le docteur Breuer.
. Le soir, le Docteur Breuer retrouve un jeune médecin Sigmund Freud à qui il confie son expérience...
Ni Brillant, ni drôle, ni passionnant comme il était noté sur la couverture citant un critique du nouvel observateur, le livre se révèle vite indigeste, d'une écriture assommante, les personnages finissant par devenir leur propre caricature. On se fatigue vite des longs dialogues entre le médecin et le philosophe d'un roman de plus 400 pages qui auraient mérité d'être largement raccourcis, tant nous tournons en rond sur de nombreux chapitres. Inventer une rencontre fictive entre ces deux personnages n'était pas pour nous déranger, mais fallait-il encore la rendre crédible, un roman sans aucune subtilité !


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