dimanche 28 novembre 2010

Venus Noire -Abdellatif Kechiche

Venus c'est l'histoire dramatique de Saartjie Baartman, jeune femme originaire de la province du Cap (Afrique du Sud), d'ethnie koisan. Domestique, elle est amenée par son patron Afrikaner en Europe pour être exposée dans des théâtres de foire. Elle va de Londres à Paris, appelée la Venus Hottentote elle devient un objet de curiosité, même des grands scientifiques, elle meurt à 26 ans alcoolique, abandonnée à la prostitution la plus sordide...

Abdellatif Kechiche aurait pu faire une hagiographie gentiment émouvante de Saartjie, un film qui donne bonne conscience dans la tradition d'Hollywood.. Son choix est beaucoup plus fort, il a préféré filmer le désespoir, les souffrances de Saartjie sans jamais rien nous révéler de ce qu'elle ressent de ce qu'elle pense ,elle reste un mystère mais elle est est la seule à garder sa dignité. Fidèle à son style, Abdellatif Kechiche film les visages les corps au plus prés, il ne prend jamais de distance avec son sujet, on oublie vite que c'est un film d'époque en costumes... Le seul regard bienveillant posé sur Saartjie est celui d'un peintre qui travaille pour Cuvier qui sait voir sa pudeur et son humanité, il lui offre son dessin.

Ce que filme aussi Abdellatif Kechiche c'est la naissance des thèses racistes en Europe, la scène ou l'on voit les scientifiques prendre les mesures de Saartjie nous renvoie à la scène d'introduction de M Klein de Joseph Losey, où des familles contraintes par les lois antisémites de Vichy subissent "l'examen ethno-racial" permettant d'établir ou non un certificat d'aryenneté.

Abdellatif réalise un film plein de force et de fureur, il est incontestablement un de nos plus grands cinéastes.

Pour information, le moulage réalisé par Cuvier après la mort de Saatjiea été exposé jusqu'en 1974 au musée de l'homme à Paris. Ce n'est qu'en 2002,après le vote d'une loi spéciale que les restes de la dépouille de Saatjie furent rendues à l'Afrique du Sud, une cérémonie conforme aux croyances de son peuple lui fut enfin rendue.

vendredi 26 novembre 2010

Potiche - François Ozon


Pour faire court nous pouvons résumer le film Potiche comme le réveil d'une femme au foyer trompée, méprisée par un mari patron d'une usine. Lorsque celui-ci fait un malaise cardiaque lors d'un conflit social, elle reprend le flambeau pour ne plus le lâcher.

Claude Chabrol, Claude Sautet ont souvent filmé la bourgeoisie des années 70 mais jamais sur le ton de la comédie légère. François Ozon relève le défi et nous offre une comédie réjouissante volontairement caricaturale. On retrouve ici le coté pétillant des comédies américaines, où le rire vient de la qualité d'écriture plus que de la performance d'acteur, nous sommes loin de la farce franchouillarde. Ils sont d'ailleurs étonnamment sobres les Fabrice Luchini, Gérard Depardieu, ou Karine Viard, ils sont tous au diapason d'une Catherine Deneuve épatante. Après avoir déjà adapté magistralement deux pièces de théâtre Gouttes d'eau sur pierre brulante de Fassbinder et huit femmes de Robert Thomas, il réussit ici la passe de trois...Catherine Deneuve patronne d'une usine de Parapluie...nous avons aimé ce clin d'œil à Jacques Demy

mardi 23 novembre 2010

Ubu à l'Elysée - Théâtre jean ARP


Spectacle de marionnettes très librement inspiré du père Ubu d'Alfred Jarry. On croise ici le pére Ubu et sa première épouse Chinchilla; sa seconde épouse Marla Caroni, Princesse de Bologne; son fidèle second, Brise-Couille Portefeux, Ministre de l'ADN et des charters, et bien sûr son ministre des bonnes affaires étrangères, le célèbre docteur Kouchparter... et nous découvrons comment notre président s'est fait élire par des pauvres en ne fréquentant que des riches!

Joué pour trois soirs dans le cadre du festival M.A.R.T.O (Marionnettes et Théâtre d'objets pour adultes), ce spectacle est vraiment réjouissant. Pas de doute notre"petit" président est une véritable source d'inspiration , la marionnette permettant toutes les outrances, les exagérations, elle est peut être le meilleur support pour lui donner vie dans "le respect" de la vérité historique... Le texte plein de verve n'est pas sans rappeler les chroniques du règne Nicolas 1er de Patrick Rambaud.


Ubu à l'Elysée - Claude SEMAL Yvan FOX (compagnie la charge du Rhinocéros)

Conflit d'intérêt

Audrey Pulvar est suspendue d'antenne sur i-télé, parce que son compagnon Arnaud de Montebourg a décidé de participer aux primaires du Parti Socialiste. Le conflit d'intérêt existe, nous ne le contestons pas, la décision de i-télé ne nous semble pas injustifiée . Avant Audrey Pulvar, Béatrice Schoenberg, Christine Ockrent, Anne Sinclair... ont été confrontées au même problème.

Nous faisons juste le rêve de voir un jour un homme politique annoncer son retrait de la vie politique et son retour à la vie professionnelle pour permettre à sa compagne de mener à bien sa carrière professionnelle...

Ce sont toujours les femmes qui s'effacent!

lundi 22 novembre 2010

Sois belle et tais toi, Delphine Seyrig

En 1976, Delphine Seyrig actrice et militante féministe interroge 23 actrices,françaises, anglaises ou américaines sur leur place dans l'industrie du cinéma...Sans cesse cantonnées à des rôles stéréotypés de mère, domestique ou prostituée, les actrices racontent aussi que la jalousie et la haine étaient les seuls sentiments possibles entre femmes...

Documentaire rare sur la représentation des femmes au cinéma, la copie est en mauvaise état l'image est très abimée, le son est désagréable. De plus le documentaire souffre d'un gros défaut d'écriture, le propos est vite redondant et nous finissons par nous ennuyer par des discours sans fins. Néanmoins des passages nous ont marqué, notamment l'intelligence du discours de Jane fonda dans un français impeccable et la grâce de Marie Dubois ...

Sois belle et tais toi - Dephine Seyrig (1976)

dimanche 21 novembre 2010

L'appareil-photo - Jean-Philippe Toussaint

C'est une histoire toute simple, le narrateur dont on ne connaitra jamais le nom, un trentenaire assurément, entre pour s'inscrire dans une auto-école , il engage la conversation avec Pascale la secrétaire. A travers une suite d'anecdote, qui nous promène de Milan à Londres en passant par la banlieue Parisienne et pour se terminer dans les environs d'Orléans, nous suivons la naissance d'une histoire d'amour...

En quatrième de couverture est retranscrit un extrait de la critique de Jacques-Pierrre Amette: "le troisième livre de Toussaint est une réussite spectaculaire. Dans l'appareil-photo, il se joue de toutes les difficultés. Son registre, c'est une ironie féroce, oblique et pascalienne. Mais la nouveauté, la vraie, c'est l'élégance visuelle des descriptions, la vitesse des enchainements, les commentaires sournois, moqueurs, complices qui forment des apartés très originaux avec le lecteur."

Si nous avons fait le choix de retranscrire tel quel cet extrait, c'est que nous sommes en total adéquation avec ce jugement. C'est vrai que le style de Toussaint est bluffant, il prend le temps de vous décrire des scènes du quotidien sans engendrer aucun ennui. Au contraire, dés que nous entrons dans son livre qui parle de si peu de choses, nous sommes happés jusqu'à la dernière ligne.

Aprés avoir lu sa magistrale trilogie: Faire l'amour, Fuir, La vérité sur Marie... Jean-Philippe Toussaint fait partie de ceux pour qui nous attendons avec impatience chaque nouveau roman.

Voila qui nous donne l'occasion de faire une petite liste, les cinq écrivains français dont nous achetons le dernier roman le jour de sa sortie:

1) Patrick Modiano
2) Emmanuel Carrére
3) Jean Echenoz
4) Laurent Mauvignier
5) Michel Houellebecq

N.B: Jean Philippe Toussaint ne figure pas dans cette liste, car il est belge...

L'appareil-photo - Jean-Philippe Toussaint- Editions de minuit

La version poche est suivie d'une interview passionnante de l'auteur

Catherine Deneuve - Arnaud Desplechin - Entretien

"Rebelle de naissance, toujours joyeusement subversive par son art, Catherine Deneuve est la figure exquise pour toutes celles et tous ceux qui désirent commencer leur vie sans avoir jamais à courber la nuque. Une leçon de liberté, de choix souverains, de fidélité à l'anarchisme de l'enfance."

Arnaud Desplechin

Une certaine lenteur est un long entretien entre Arnaud Desplechin un de nos plus grands cinéaste et Catherine Deneuve pour la revue Films Comment, équivalent américain des Cahiers du Cinéma. Catherine Deneuve c'est une filmographie sans équivalence. Luis Bunuel, Roman Polanski, Jean-Pierre Melville, François Truffaut, Philippe Garrel, François Ozon, Jacques Demy,André Téchiné, Manoel De Oliveira, Marco Ferreri, Raoul Ruiz, Agnés Varda, Arnaud Desplechin... la liste de ceux pour qui elle a joué semble sans fin. Mais ici plus qu'une rencontre entre un réalisateur et une actrice, c'est la rencontre entre deux cinéphiles... Car Cathérine Deneuve est une vraie passionnée, elle ne se contente pas de jouer, elle est aussi une spectatrice assidue...

Ce que nous aimons chez Catherine Deneuve, c'est finalement sa simplicité, son amour du cinéma... A la différence d'un Jean-Paul Belmondo, d'un Alain Delon, elle n'a jamais eu la mégalomanie de vouloir être au centre de tout projet cinématographique avec une volonté farouche de dominer le cinéma français, ne tombant jamais ainsi dans un jeu caricatural ... Au contraire, ce qu'elle recherche avant tout c'est une rencontre avec des auteurs, acceptant de jouer juste un rôle secondaire comme dans "Rois et Reines" pour le plaisir de découvrir un nouvel univers. Ce qui transparait dans chaque entretien, c'est la blessure inguérissable de la disparition de sa soeur Françoise Dorléac toujours présente dés qu'elle parle de son passé cinématographique.

Si cet entretien passionnant nous a donné envie de nous replonger dans un film, c'est assurément Tristana de Luis Bunuel.

Catherine Deneuve Arnaud Desplechin Une certaine lenteur Entretien - Ed Rivages Poche

Autour de Catherine Deneuve, nous avons retrouvé dans notre bibliothèque deux ouvrages:

A l'ombre de moi-même (Carnets de tournage & entretien avec Pascal Bonitzer). Ed Stock

Elle s'appelait Françoise. Un très beau livre de photos sur sa sœur Francoise Dorléac avec un texte de Patrick Modiano. (Il ne semble plus édité mais il doit pouvoir se trouver d'occasion)

samedi 20 novembre 2010

Du plomb dans le cassetin - Jean Bernard Maugiron

Cassetin, n.m Dans l'argot des typographes, ce mot désigne le bureau des correcteurs, et plus généralement un service de correction dans la presse ou l'édition. Etym. Le cassetin est le petit compartiment d'une casse d'imprimerie dans lequel sont rangés les lettres ou signes typographiques en plomb.

Victor, typographe de formation, a longtemps été linotypiste. Mais ce métier a disparu, il s'est retrouvé affecté aux corrections. Tous les jours de 18 heures à 24 heures, il est chargé de corriger les carnets (avis de naissance, de mariage, de décès...). Avec les clavistes "ces gourdes" qui font exprès de faire des fautes pour l'énerver, il a du boulot mais parfois il passe au travers et ça chauffe pour ses oreilles avec Germaine sa chef "qui fait peur avec sa moustache et ses dents qui dépassent"...

Lorsqu'il ne bosse pas Victor mène une vie de vieux garçon partagé entre sa mère invalide à la vie végétative et ses trains miniatures; sa passion depuis son plus jeune age, lui qui s'est toujours rêvé conducteur de train. D'ailleurs il aime bien se promener vers la gare voir les trains arriver ou partir....Mais voila le temps est venu pour Victor de prendre sa retraite, pour avoir été au contact du plomb il a droit a des années bonus qui vont lui permettre de partir avant soixante ans. Madeleine, collègue et délégué syndical lui demande de raconter sa carrière pour le journal syndical... Mais Victor finit par péter les plombs!

C'est une lecture plutôt réjouissante que ce petit roman écrit avec la gouaille des tontons flingueurs. On découvre le monde des ouvriers du livre souvent décriés pour leurs mouvements de grèves jugés intempestifs!

Ce monde là Jean Bernard Maugiron qui écrit ici son premier roman le connait bien, pour avoir été correcteur à Sud Ouest où se trouve le dernier "cassetin" de la presse régionale. Un vrai roman populaire édité par une petite maison d'édition!

Du plomb dans le cassetin - Jean Bernard-Maugiron - Ed Buchet Chastel

vendredi 19 novembre 2010

Zouc par Zouc l'entretien par Hervé Guibert

C'est un peu par hasard qu'ils se sont rencontrés mais ils se sont tout de suite plus, Hervé a tout juste vingt deux ans ,elle en a vingt sept. Hervé Guibert raconte ainsi leur rencontre qui va donner naissance à ce livre:

"Ce texte s'est fait en huit après-midi, dans les premiers jours de juin. Zouc me parlait et je retranscrivais au fur et à mesure ce qu'elle me disait.
Je n'ai pratiquement pas posé de questions à Zouc: elle savait exactement où elle allait et, pour rire, finissait certaines phrases par: "Point, terminé, à la ligne." Un jour, elle est arrivée en me disant sa crainte de l'exhibitionnisme sordide, de l'impudeur, de la dérision. Mais toutes ces histoires qu'elle me racontait, elle ne les avait pas "toutes prêtes dans la poche". Chacune a sa motivation, sa logique. Et l'expérience est unique."

Zouc est une comédienne de théâtre, elle a notamment participé à jeux de massacre de Eugéne Ionesco, mis en scène par Jorge Lavelli en 1970. Mais elle est surtout connue pour ses sketches où elle interprétait de nombreux personnages. Dans sa jeunesse, elle a été internée dans un hôpital psychiatrique, expérience terrible qui est devenue pour elle une source d'inspiration. Les pages consacrées à cette expérience sont les plus belles de l'entretien. Nous sommes émus par la sensibilité et l'humanité de cette dame, et par la qualité d'écoute d'Hervé Guibert.

En 1997, à la suite d'une opération elle est victime d'une maladie nosocomiale. Fortement handicapée, elle vit depuis retirée du monde du spectacle.

Ouvrage publié en 1978, et réédité en 2006
Zouc Par Zouc. L'entretien par Hervé Guibert. L'arbalète Gallimard

jeudi 18 novembre 2010

Chelsea Hôtel

Dans son Livre Juste Kids, Patti Smith parle longuement du Chelsea Hôtel, Hôtel mythique situé dans Manhattan au 222 West de la 23ème rue. Faire la liste des artistes qui y ont logé est un exercice impossible sauf peut-être pour Wikipedia. Cela nous renvoie à un livre passionnant de Nathalie H De Saint Phalle "Hôtels littéraires".
D'Aden à Zurich, ce livre est un tour du monde des hôtels de la littérature. Réels ou parfois fictifs, du palace à la plus simple pension, c'est un inventaire complet qui nous est proposé ici. Pour les écrivains ou leurs personnages, l'hôtel est un lieu stratégique, théâtre de drames, de passions, lieux de vie et parfois de mort...

C'est un livre qui peut se lire d'une seule traite mais on y revient sans cesse l'ouvrant au hasard, un vrai voyage en littérature!

Hôtels Littéraire voyage autour de la terre - Nathalie H. De Saint Phalle -Ed Denoël

mercredi 17 novembre 2010

Just Kids - Patti Smith


Juste avant qu'il ne décède du sida, Patti Smith s'est engagée auprès de Robert Mapplethorpe son ami de jeunesse d'écrire leur histoire. Promesse tenue avec ce magnifique Juste Kids!

Raconter leur histoire c'est raconter le New York des Beatniks de la fin des années 60 et du début des années 70. Ils s'y retrouvent tous, poètes, artistes, philosophes ils ont souvent faim, ils n'ont pas toujours un lit, ils rêvent tous plus ou moins de se rapprocher de la Factory d'Andy Wahrol! Patty Smith et Robert Mapplethorpe vont traverser à deux ces années, partageant les galères et prenant toujours soin l'un de l'autre, un vrai couple romantique!

Ils trouvent refuge au Chelsea Hotel, croisent toutes les célébrités de ces années là: Allen Ginsberg, Jimi Hendrix, Janis Joplin... La vie n'est pas toujours facile, nombreux sont ceux qui vont se brûler les ailes. Patti Smith voit peu à peu ses idoles disparaître une à une: Brian Jones, Janis Joplin, Jim Morrison, Jimi Hendrix... mais eux rien ne va les écarter de leur route, persuadés d'un avenir radieux, Patti sort son premier album Horses en 1975 et Robert devient un des photographes les plus novateurs de son époque.

C'est plus qu'un hommage à son compagnon que rend ici Patti Smith, c'est un portrait d'un New-York en pleine effervescence où les nuits se passent sous acide... la vie avec son compagnon n'est pas toujours simple surtout lorsque celui ci découvre son homosexualité, l'histoire d'amour cède la place à l'amitié. Robert pour assurer leur survie se prostitue, Patti enchaine les petits boulots, elle part deux fois vers la France, découvrir Paris avec sa sœur Charleville Mézières la ville Natale d'Arthur Rimbaud, son deuxième compagnon de route.

Un ouvrage passionnant d'une vraie dame de lettres!

mardi 16 novembre 2010

La princesse de Montpensier - Bertrand Tavernier


Marie de Mézières est amoureuse de Henri de Guise mais son père lui demande d'épouser le Prince de Montpensier, après avoir versé quelques larmes elle obéit. Après leur mariage, le Prince interroge sa femme: "M'aimerez vous?", elle lui répond:"si vous me le commandez".
Nous sommes au XVI° siècle en plein dans les guerres de religion, le prince appelé par le roi est souvent absent, parti sur les champs de bataille. La nouvelle princesse passe son temps avec le Comte de Chavannes fatigué de cette guerre sans fin et qui s'occupe de l'éducation de la jeune épouse ...
Tous succombent aux charmes de la princesse, le comte de Chavannes, le futur Henri III, et toujours le duc de Guise, voila qui en est trop pour un mari jaloux...

Film en costume de Bertrand Tavernier, la comparaison est terrible lorsqu'on vient de voir les "mystères de Lisbonne" de Raoul Ruiz, on est loin de la fluidité de la mise en scène du cinéaste chilien. Nous voyons bien que Bertrand Tavernier cherchent à mettre du rythme à son film, à nous offrir de beaux paysages... mais ici tout est lourdeur, les scènes de batailles sont peu crédibles, la musique est souvent envahissante et nous avons trouvé le Prince de Montpensier peu convaincant, notamment sur toutes les scènes de dialogues... Un mélo sans saveur!

jeudi 11 novembre 2010

Les rêves dansants de Pina Bausch


En 2008, Pina Bausch, quelques mois avant sa mort, décide de reprendre son fameux spectacle Kontanthof avec des adolescents de 14 à 18 ans qui ne sont jamais montés sur scène et n'ont jamais dansé. Ce documentaire est leur histoire...

C'est un véritable parcours initiatique pour ces jeunes qui vont se découvrir, se révéler à travers cette expérience. Au début cela semble si compliqué pour eux de danser de poser une main sur le corps de l'autre, il y a de la gène de la timidité......et quand il s'agit de se déshabiller sur scène n'en parlons pas! Puis ils se révèlent, ils arrivent à dévoiler leur jardin secret et se servir de leurs propres expériences pour appréhender les personnages qu'ils doivent incarner sur scène. Un raconte ainsi qu'il est Rom musulman et qu'il vient de Bosnie, une jeune fille d'origine bosniaque raconte sa blessure profonde la mort de son grand père brulé vif durant le conflit des balkans. Et puis cette adolescente blonde aux membres d'une longueur infinie qui lui donne un petit air d'albatros, parle de la douleur d'avoir perdu son père accidentellement victime d'une explosion de gaz: "nous étions quatre enfants, nous étions une famille parfaite...." , elle va dompter son corps et pouvoir marcher droite le regard fixe, un défi impossible lors des premières séances... elle obtient le rôle principal

Pina Bausch avait déjà repris son spectacle avec des gens du 3eme age. Ici elle récidive elle permet à ses jeunes de grandir. Accompagnés au quotidien par deux danseuses de sa troupe , on les voit devenir des adultes, exorciser leurs blessures, assumer leurs corps... On se réjouit de la réussite du spectacle, et de l'élégance de Pina Bausch venant remettre à chacun d'eux une rose.

Pina Bausch est décédée le 30 Juin 2009 5 jours après avoir appris qu'elle souffrait d'un cancer généralisé. C'était une grande dame .

Splendide et émouvant!

Les rêves dansants de Pina Bausch documentaire d'Anne Linsel, Rainer Hoffmann - 1h30

lundi 8 novembre 2010

Un jeune couple - Jean-Louis Curtis

Raphaël Sorin son dernier éditeur en parle de manière élogieuse sur son blog, dans un billet du 30 septembre. Il nous est alors apparu logique de nous plonger dans le roman "un jeune couple", le plus dur fut de le trouver car il n'est plus édité. En cette saison de prix littéraires, il est bon de rappeler que Jean-Louis Curtis décrocha "la timbale" en 1947, remportant le prix Goncourt pour son roman "les forêts de la nuit".

Un jeune couple est une chronique. Gilles et Véronique se sont tout de suite plus, le mariage arrive très rapidement Véronique étant enceinte. Le couple en voyage de noces à Venise dans une pension modeste connait ses premières frictions. Véronique rêve d'une vie mondaine, de jolies robes, de grands restaurants, de belles voitures,de grands appartements dans des quartiers chics... Gilles se satisfait de sa vie modeste, mais pour satisfaire son épouse il est prêt à faire de efforts. Mis en relation par Ariane la meilleure amie de son épouse, il accepte de se présenter à un nouvel emploi pour obtenir un meilleur salaire chez un employeur américain: Universal motors. Mais lorsqu'il lit l'en-tête de la fiche de renseignement: "I promise to devote my entire time, abilities and capacities to the exclusive Service of the companies", il renonce immédiatement à ce nouvel emploi... Le couple se déchire, le divorce est prononcé, Véronique part vivre "sa vie de rêve" au bras d'un milliardaire.... Gilles reste à Paris avec sa fille...

C'est sorti en 1967, la société de consommation où le plaisir permanent est un impératif devient la norme. A travers l'histoire de ce couple, Curtis signe un vrai pamphlet contre ses nouveaux parvenus aux valeurs falsifiées, c'est très bien observé, parfois un peu réactionnaire, le regard de Gilles sur sa jeune sœur est totalement insupportable, sa critique du cinéma de la nouvelle vague est caricaturale, mais c'est toujours grinçant, c'est un portrait juste d'une époque qui va connaitre sa fin avec les évènements de Mai 68.

Raphael Sorin est de bon conseil, pour retrouver son blog, cliquez ici

dimanche 7 novembre 2010

Mystères de Lisbonne - Raoul Ruiz


Pas évident de résumer ce film fleuve de 4H26 adapté d'un roman de Camilo Castelo Branco. Tout débute dans une pension où Joao un jeune enfant ne reçoit ni visite, ni cadeau, il ne porte qu'un seul prénom à la différence des autres enfants qui peuvent afficher quatre ou cinq noms, il est le souffre douleur de ses camarades. Mais Joao bénéficie de la protection du père Diniz qui finit par lui révéler ses origines. C'est le début une longue histoire à tiroirs qui nous mène à Venise, en France ....récit fabuleux qui traite à travers ces divers personnages du destin des orphelins...

Raoul Ruiz avait réussi un coup de maître en réalisant une adaptation réussie du "Temps Retrouvé" de Marcel Proust, ici il signe son chef d'œuvre. 4h26 d'un cinéma de haute volée, tous les plans sont réussis, aucune longueur alors que souvent les films d'époque romanesques finissent par tomber dans un académisme ennuyeux, au contraire ici s'enchainent de longs plan séquences absolument prodigieux. Le récit ne perd jamais de sa force, les rebondissements sont multiples, toujours quelqu'un pour écouter discrètement les secrets, les confessions, pour jeter un œil par l'entrebâillement d'une porte, d'une fenêtre...nous passons de la tragédie à la comédie, c'est aussi fort que les plus grands romans de Balzac (les illusions perdues, splendeurs et misères des courtisanes) ou le Monte Cristo d'Alexandre Dumas . Il ne faut pas avoir peur de la durée du film, ici ce n'est pas un problème, nous trouvons presque un peu longue l'interruption de 1/4 d'heure entre les deux parties tellement l'impatience est grande de replonger dans cette histoire extraordinaire.

Camilo Castelo Branco est un des plus grands écrivains portugais du XIX°, il est très mal édité en France. Un amour de perdition, un très beau roman sur un amour d'adolescent impossible avait été édité par Actes Sud, mais il est aujourd'hui introuvable...Espérons que ce film permette une réédition des œuvres de cet écrivain surnommé le "Balzac lisboete". D'une manière générale la littérature lusitanienne du XIX est assez mal éditée, Eça de Queiroz considéré par Jorge Luis Borges comme "un des plus grands de tous les temps" est lui aussi très peu publié, avec un peu de chance il est encore possible de trouver "le crime du Padre Amaro", merveilleux roman.

Il convient de rendre hommage ici au producteur Paulo Branco assez fou pour se lancer dans un tel projet et de permettre depuis des années aux cinéastes les plus talentueux et les pus audacieux de mener à bien leurs projets les plus ambitieux. Un bienfaiteur du 7eme art !

Il ne vous reste plus qu'à courir voir ce film envoutant, un chef d'œuvre !

samedi 6 novembre 2010

Les mauvaises gens, une histoire de militants - Etienne Davodeau

C'est l'histoire de ses parents que raconte ici Etienne Davodeau. Botz en Mauges est leur village, ses parents vont y grandir et y découvrir rapidement le monde du travail, le monde des ouvriers car en ce temps-là les parents ne pouvaient pas toujours payer la pension et les livres pour suivre les études au lycée. Les Mauges sont une région à forte tradition catholique et d'un grand conservatisme, Julien Gracq originaire de ce pays le décrivait ainsi dans les "carnets de grand chemin": "j'attribue à cette ascendance vendéenne, mon caractère casanier, ma méfiance vis-à-vis des figures inconnues, le conservatisme figé de mes habitudes, le confinement dans un cercle de relations étroits, surtout familial. Le goût de dire non. Bref ce "laissez moi tranquille dans mon coin et passez au large" qui a été - toutes motivations religieuses mises à part - le vrai ressort caractériel du soulèvement de 1793". Malgré tout, cette région ne va pas rester étrangère aux différents bouleversements des années 60 et 70, les parents d'Etienne vont découvrir un nouveau visage du christianisme avec l'arrivée dans le village d'un vicaire et la création d'une association J.O.C (Jeunesse ouvrière chrétienne), ils vont s'engager dans l'action syndicale à la CFDT et sans jamais renoncer à leur foi, ils deviennent d'ardents défenseurs du progrès social n'ayant jamais peur de se confronter aux notables du coin.
Cela se termine avec l'élection de François Mitterrand en Mai 1981, et pourtant cette bande dessinée est un document d'actualité. Il retrace tous les combats menés par des ouvriers qui ne sont pas "d'affreux gauchistes", juste des travailleurs fiers de leur statut souhaitant défendre leur dignité dans des lieux de travail où ils n'existent la plupart du temps aucun dialogue avec le patron. Et si c'est autant d'actualité, c'est que si leurs combats menés dans le prolongement des acquis obtenus du Comité National de la Résistance ont permis des avancées sociales certaines, celles-ci sont contestées et abrogées sans cesse depuis ces dernières années.
Dessins noir et blanc, cette bande dessinée multi récompensée est un vrai bijou...

mardi 2 novembre 2010

Roméo et Juliette - Magali Léris- Théâtre Jean Arp - J-7


Un petit rappel sur cette tragédie, l'action se déroule à Vérone et raconte l'histoire d'amour impossible entre Roméo Montaigu et Juliette Capulet, car la haine entre les deux familles est trop forte. C'est en quelque sorte une histoire d'amour de jeunes adultes gâchée par la bêtise des parents qui veulent décider pour eux de leur avenir. C'est donc intemporel et universel.
Magali Léris et sa compagnie Aux Arts etc en résidence au théâtre Jean Arp ont décidé de nous présenter leur vision de la tragédie de Shakespeare. Sept jours avant la première, ils ont ouverts les portes de la salle du théâtre le temps d'une répétition.

Nous avons juste eu le plaisir de voir une scène , découvrir le décor, les comédiens ne jouaient pas en costume. Ce n'était pas qu'une simple bande annonce, mais un vrai travail de répétition où le metteur en scène intervient pour préciser le geste, le rythme, la tonalité... un vrai travail d'orfèvre. Notre impression?

Le décor est impressionnant, il permet de jouer à différentes hauteurs de remplir la scène, un échafaudage qui peut faire penser aux extérieurs d'un immeuble américain.
Le jeu, il nous semble que le choix est de donner du rythme, de rendre le spectacle vivant, alerte. Les gestes sont précis, ils ne sont là que pour donner du sens au texte, préciser l'état d'esprit des personnages...

Juste un petit passage de l'interview de Magali Léris donnée pour la présentation du spectacle: concernant notamment a nouvelle traduction:
"La langue de Shakespeare est d'une richesse inouïe. Beaucoup de traductions sont superbes. Mais je voulais qu'on entende l'humour de Shakespeare qui est ancré dans cette pièce, et qui est souvent édulcoré, atténué. Ce n'est pas qu'un drame tragique, c'est aussi une comédie. Je souhaite qu'on entende la langue magnifique, poétique, lyrique des adolescents en opposition à la langue crue, triviale des adultes de la pièce."

Alors après cette séance nous sommes plein d'espoir, plein d'impatience à l'idée de découvrir ce grand classique...


Roméo et Juliette du 9 Novembre au 20 Novembre au théâtre Jean ARP à Clamart (92140).


Pour les parisiens, une navette gratuite est organisée le Mercredi et le Vendredi. Départ devant le Théâtre de la Ville Place du Châtelet à 19 heures.


Prix d'entrée: 21 € et pour les moins de 26 ans le prix chute à 10 € (sauf erreur de notre part)


Si vous arrivez à organiser un groupe de 8 personnes, les 7 personnes payent 10 €, et l'organisateur du groupe est invité gratuitement.


Mais pour plus de renseignements, cliquez
ici

La france de Raymond Depardon - BNF François Mitterrand


Une grande salle, 36 photos couleurs, pas de commentaire, on ne reconnait pas ces lieux, en même temps ils ne nous semblent pas inconnus, de tels paysages nous en avons tous croisés . Ce qui étonne c'est toutes ces couleurs qui s'imposent à nous , les grands formats (200x165) qui sont rares pour une exposition de photographie. Peu de personnages, mais plutôt un compte rendu des traces laissées par l'homme, des constructions, des usines, des routes, des enseignes, un bout de rond point... Depardon magnifie par le cadrage et l'exceptionnelle qualité de la couleur la laideur de certains lieux, nous pensons ici à une photo d'un supermarché, avec sur le coté des containers de tris sélectifs et derrière un immeuble avec devant lui un bout de gazon miteux.
Dans un couloir qui nous mène dans une deuxième salle nous découvrons sur des formats réduits le nom des lieux que nous avons pu contempler.
Puis la deuxième partie de la visite nous explique la genèse de l'œuvre de Depardon:
Les maîtres, Walker Evans qui a sillonné l'Amérique pour en photographier ses paysans et Paul Strand américain lui aussi auteur du reportage la France de profil.
Une fêlure, avoir vu le démantèlement de la propriété de son père, paysan au nom de l'aménagement du territoire. Ce thème n'a jamais cessé de le passionner suivant de près les grandes mutations rurales et urbanistiques de la fin du XXème siècle. Ses cahiers de route présentés nous révèlent son parcours ininterrompu des territoires français.
La technique, avec notamment la présentation de son matériel et l'étonnante chambre 20x25 avec laquelle il réalise ses clichés.

Une exposition à voir d'un très grand Monsieur.

Exposition Raymond Depardon - Bnf Francois Mitterand - jusqu'au 9 janvier 2011

lundi 1 novembre 2010

Le vol du Corbeau - Jean-Pierre Gibrat (2 épisodes)

Paris sous l'occupation ,une lettre anonyme dénonce Jeanne pour Marché noir, mais ce n'est pas de la charcuterie que les policiers vont trouver sous son sommier, c'est des armes et des munitions... Elle est placée en dépôt au commissariat en attente d'être remise aux autorités allemandes. François un cambrioleur la rejoint dans la cellule, ils vont profiter de la panique provoquée par une alerte aux bombardements pour se faire la belle... ils ne vont plus se quitter!

Cette histoire fait suite "au sursis", dont l'héroïne Cécile est la sœur de Jeanne. Ici l'action se passe à Paris à la fin de l'occupation, les alliés viennent de débarquer... Les dessins de la capitale sont extraordinaires, la bande dessinée mérite d'être vue rien que pour la beauté de ses planches en faisant abstraction de l'histoire. Les aventures des deux héros donnent un rythme haletant à ce récit, le danger se trouve à chaque coin de rue. François et Jeanne ne sont pas sans nous rappeler des couples mythiques de Hollywood, ils se chamaillent se disputent, ils restent inséparables et finissent par s'aimer, nous on pense immédiatement aux comédies avec Cary Grant et Katharine Hepburn. Mais c'est à la "grande Illusion" de Jean Renoir que la dernière scène rend hommage.

C'est du Gibrat, c'est remarquable!

Le sursis - Jean-Pierre Gibrat (2 épisodes)

Julien s'est échappé d'un train qui devait le mener en Allemagne pour le STO, il a perdu ses papiers... il va se réfugier chez sa tante qui l'a élevé à Cambeyrac petit village aveyronnais. Elle organise sa planque dans l'ancienne maison de l'instituteur communiste, vide depuis sa déportation, de là il peut voir tout ce qui se passe dans le village. Le train duquel il s'est échappé a été bombardé juste après son évasion, un corps a été retrouvé avec les papiers de Julien, les gendarmes trompés viennent annoncer le décès à sa tante. Les obsèques de Julien sont organisées, sa tante joue le jeu et Julien les suit de sa planque, il reconnait tous le visages...Mais c'est Cécile son amour de toujours qui est surtout l'objet de sa surveillance...
Au début, nous avons eu peur, il nous semblait qu'à travers les personnages d'un petit village, l'auteur voulait nous dessiner le spectre de l'ensemble des comportements des français durant l'occupation, cela va du milicien collabo au héros discret de la résistance et nous donner une leçon d'histoire plutôt académique. Mais très vite , l'histoire romanesque prend le dessus, et nous suivons les aventures de Julien qui tel Fabrice Del Dongo reste à l'écart des évènements même si sa sympathie va pour les résistants, mais sa priorité reste de pouvoir renouer le contact avec Cécile...et nous suivons les péripéties du village.

C'est du Gibrat, c'est donc remarquable!

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