samedi 28 février 2015

Birdman - Alejandro G. Inarritu

Nous sommes à quelques jours de la première d'une pièce d'après une nouvelle de   Raymond Carver, adaptée, mise en scène et jouée par Riggan Thomson, comédien qui a connu son heure de gloire  en incarnant un super héros hollywoodien, Birdman. C'est un pari  osé pour cet "has been" qui rêve d'un accomplissement de son métier d'acteur, et pour cela a choisi d'affronter Broadway dont nous découvrons que le milieu est aussi féroce qu' à Hollywood. Une critique du New-York Times tel un commissaire politique a déjà sa mine aiguisée , pour, en gardienne du temple, massacrer ce spectacle et chasser cet acteur venu de Hollywood, capitale honnie du factice et des faux semblants. Ayant mis son argent dans la production, la star déchue joue gros. Les dernières heures sont extrêmement tendues pour Riggan Thomson, hanté  par la  présence du superhéros dont l'incarnation lui a donné la gloire alors qu'il doit affronter son trac et la gestion plus que délicate de la troupe
Ce film est une double rédemption . Celle de Michael Keaton dont la propre carrière colle parfaitement à celle de son personnage. Il signe une performance époustouflante de bout en bout, un rôle qui montre la difficulté du métier d'acteur toujours au bord du précipice...  Si Hollywood est un monstre sans pitié, capable de briser en quelques mois ceux qui furent en haut de l'affiche,  Broadway n'est pas plus tendre. Mike Shiner (remarquablement interprété par Edward Norton ) acteur reconnu du théâtre new-yorkais en est la preuve vivante , engagé au dernier moment il ne pète pas la forme,ces provocations continues ne sont que l'expression d'un malaise certain. Son talent doit permettre au spectacle de prendre tout son éclat, mais il fragilise le tout par son coté borderline..
C'est aussi le retour de Alejandro G. Inarritu dont les dernières productions nous avaient peu convaincu notamment l'indigeste Biutiful. Evidemment nous aurions aimé parfois un film plus sobre, des morceaux de batterie moins présents, une voix off  plus resserrée et moins envahissante. Mais nous oublions bien vite ces défauts récurrents de son cinéma pour nous émerveiller devant l'inventivité de la mise en scène de ce film réalisé tel un long plan séquence qui nous fait ressentir tous les tourments de son héros qui joue sa vie comme un joueur de poker fait tapis au bout de la nuit !
Peut être pas le film de l'année, mais par sa performance Michael Keaton doit pouvoir donner un nouvel envol à sa carrière. Il a tué Batman !

vendredi 27 février 2015

Le musée Gustave Moreau

Nous n'avons pas une grande passion pour les licornes, les griffons et autres bestioles venues de la mythologie. Nous n'avons pas non plus une grande passion pour la littérature de Huysmans. Pourtant nous avons toujours eu le désir de visiter le musée de Gustave Moreau installé dans sa "maison -atelier", rue de la Rochefoucaut dans le neuvième arrondissement de Paris ...S'ils ne nous bouleversent pas il faut convenir que ses tableaux impressionnent, ils dégagent une puissance incontestable, son travail sur les couleurs est particulièrement spectaculaire comme en témoigne les licornes que nous avons choisies pour illustrer notre billet.
Visiter une maison c'est pénétrer dans l'intimité, mais très vite nous avons du déchanter du fait du succès rencontré par les lieux, nous nous marchions les uns sur les autres, à cela il convient d'ajouter un soleil imprévu, venu jouer des mauvais tours avec les reflets indélicats. De part son aspect exhaustif où chaque espace est utilisé pour afficher l’œuvre abondante de l'artiste, le musée devient presque oppressant ce qui n'est pas sans convenir à l’œuvre de Gustave Moreau !
Alors nous avons profité des ateliers où il était plus facile de circuler et du superbe escalier à colimaçon pour découvrir les œuvres les plus imposantes qui firent la gloire du peintre. Il nous faudra retourner dans la maison de Gustave Moreau dans une période plus calme.

jeudi 26 février 2015

La duchesse de Varsovie - Joseph Morder

Après avoir gardé durant toute sa vie le secret douloureux de son passé, Nina le révèle à Valentin son petit fils, peintre en manque d'inspiration. Immigrée juive polonaise, elle lui livre sa jeunesse heureuse dans un shtetl  malgré l’antisémitisme récurrent des Polonais puis le basculement dans l'horreur avec l'arrivée des nazis, la destruction de sa famille et le miracle de sa vie passée par Auschwitz, Bergen Belsen...
Etrange film dont les décors sont exclusivement composés de toiles peintes par Juliette Schwartz donnant une représentation naïve et fascinante de Paris telle que peuvent l'aimer les grands cinéastes américains , comme Vicente Minelli et "Son américain à Paris". Nous pensons évidemment par la singularité de ce décor au dernier film d'Alain Resnais et plus encore à "L'Anglaise et le duc"de Eric Rohmer ... Surpris presque déroutés par ces premiers plans, nous avons rapidement  glissé dans cet univers sucré et raffiné..
Alexandra Stewart est merveilleuse, elle incarne parfaitement cette grand mère savoureuse qui a fait le choix de la vie préférant oublier ses années passées en enfer où la mort était partout. Un silence devenu pesant avec le temps plus pour son entourage que pour elle, elle délivre sa parole pour libérer ses enfants, pour espérer que son petit fils trouve bonheur et inspiration.
Nina est une élégante, cette élégance ne l'a jamais quittée, elle est la "Duchesse de Varsovie". Ce film est une belle rencontre, une heureuse surprise.

Mon fils - Eran Riklis

Ilyad, un jeune arabe israélien vit dans un village où il ne cesse d'éblouir ses proches par son intelligence... Son père activiste dans ses jeunes années, arrêté, emprisonné pendant plus de deux ans, puis interdit de séjour de Jérusalem, n'a pas pu poursuivre ses études.Il est devenu ouvrier agricole, cueilleur de fruits. Il espère un avenir meilleur pour son fils même si cela doit le mener par les écoles de l'ennemi juif.
Ilyad est pris sur dossier dans le lycée le plus prestigieux israélien, il est le premier et l'unique arabe à faire partie de l'établissement. Devant participer à des actions citoyennes, il passe du temps avec Yonatan, un jeune homme handicapé frappé d'une dégénérescence musculaire. Le premier contact est difficile avec le jeune homme qui vit seul avec sa mère mais ils deviennent peu à peu la deuxième famille d' Ilyad .En classe, il finit par s'intégrer, il tombe amoureux de Naomi. Les deux gens se cachent pour vivre leur amour, la mère de Naomi affirmant qu'elle préfère pour sa fille un cancer à un amoureux arabe .
Etre Arabe en Israel est une malédiction, pour Ilyad vivre ses rêves est une pure utopie  à moins de changer d'identité..
Au départ, nous retrouvons la  problématique du roman "l'aventure ambigüe" de l'auteur sénégalais Cheik Hamidou Kane où l'idée d'aller à l'école de l'ennemi c'est perdre un peu de son âme, accepter quelque part la colonisation. Mais renoncer c'est refuser d'accéder au savoir et donc d'acquérir les armes pour obtenir une vraie reconnaissance. Il nous est rappelé au début du film que les arabes représentent 20% de la population israélienne.  Ils vivent dans une situation d'apartheid,confrontés régulièrement à des situations de racisme. Situation complexe car eux même espèrent sans cesse la défaite de l'état juif. Situation absurde et sans fin, seuls d'heureux optimistes comme Eran Riklis espèrent des lendemains plus joyeux. Son scénario inspiré par des romans de l'auteur palestinien Sayed Kashua a parfois la naïveté d'une chanson pacifiste... La fin  nous a semblé totalement invraisemblable et incompréhensible, ce film avait toutes les raisons d'être totalement indigeste.
Mais par le jeu des acteurs tous magnifiques, la dose d'humour savamment instillée dans le récit tout finit par passer miraculeusement, et nous mesurons toute la justesse des mots du héros sur sa situation et plus largement la situation de ce pays "je ne comprends pas". Situation incompréhensible et sans issue, il est arabe et même si physiquement il n'est pas possible de le différencier de ses copains juifs, son nom, sa façon de parler en feront un paria quoi qu'il fasse et malgré toute sa bonne volonté.
C'est un film touchant qui montre une réalité qui n'est que trop rarement montrée. Mon fils malgré ses quelques faiblesses est un beau plaidoyer humaniste c'est un film à voir.

Yves Saint-Laurent - Jalil Lespert

Nous venons de découvrir le premier biopic consacré à Yves Saint-Laurent réalisé par Jalil Lespert . Ce film est un cadeau, un cadeau pour Pierre Bergé, son compagnon de vie. L'homme qui mit toutes les conditions pour permettre l'expression du génie du couturier maniaco-dépressif. Yves Saint-laurent c'est un peu comme un album photo de famille qui rappelle les beaux moments, évoque les crises , cela ne peut pas toujours être rose... Plus que le portrait du couturier c'est celui d'un super héros, Pierre Bergé qui aime bien se raconter.
C'est là tout le problème de ce film, très rapidement on s'ennuie,  nous somme presque gênés, comme surpris d'avoir ouvert le journal intime d'un autre. Pierre Niney pose bien, il fait très bien le Yves Saint Laurent mais il ne joue pas vraiment, tant la vie est absente de ce film. Jalil Lespert s'applique à faire de beaux plans comme Paris Match aime faire de belles images.
Nous avons vu le film souvenir de Pierre Bergé, nous nous sommes ennuyés. Saint-Laurent est ailleurs, dans le très grand film de Bertrand Bonello.

mercredi 25 février 2015

Autour du monde - Laurent Mauvignier

Voila un livre que nous avons lu il y a plusieurs mois mais nous n'y avions consacré aucun papier surement parce qu'il nous avait semblé difficile d'en rendre compte,nous sentant incapables d'en montrer en quelques lignes toute la singularité. Pourtant sa lecture fut fascinante; l'écrivain se fait spectateur du monde devenu comme il confesse si justement dans une interview, un immense jardin public. Passant d'un point à un autre du globe, il fait le portrait de voyageurs le jour où un Tsunami va ravager le Japon, le 11 mars 2011.

"Rencontrer une fille tatouée au Japon ; sauver la vie d’un homme sur un paquebot en mer du Nord ; nager avec les dauphins aux Bahamas ; faire l’amour à Moscou ; travailler à Dubaï ; chasser les lions en Tanzanie ; s’offrir une escapade amoureuse à Rome ; croiser des pirates dans le Golfe d’Aden ; tenter sa chance au casino en Slovénie ; se perdre dans la jungle de Thaïlande ; faire du stop jusqu’en Floride"

Un quatrième de couverture où défilent les coins du monde visités le temps d'un roman , nous passons naturellement d'un lieu à l'autre, tous les endroits ne sont pas tous aussi hospitaliers, certains peuvent être le théâtre de drames, attentat en Israël, rencontre tragique avec des pirates dans le golfe d'Aden...Mais le désir de partir est plus fort que la peur. C'est un phénomène de nos sociétés modernes, partir à travers le monde pas spécialement pour s'ouvrir l'esprit, parfois plus pour se fabriquer des souvenirs, ou tout simplement des photos qui épateront le voisin de bureau. Les nouveaux riches sont les pires, ils consomment le monde pour fuir leur propre solitude, en vain. Nous sommes bien loin de Nicolas Bouvier et de son usage du monde

Comme toujours chez Laurent Mauvignier, c'est brillant, intelligent, subtile. Spectateur avisé de notre temps, il réinvente sans cesse l'art de roman, chacun de ses écrits ouvre de nouvelles perspectives. La marque d'un très grand écrivain. Il use brillamment de son imagination pour donner une image plus juste de notre monde.




mardi 24 février 2015

American Sniper - Clint Eastwood


Biopic d'un sniper Chris Kyle qui par l'efficacité et la précision de ses tirs devient un véritable mythe de l'armée américaine lors de la dernière guerre en Irak. Chris est élevé dans le Texas , éducation patriotique durant laquelle son père lui apprend que le monde est divisé en trois catégories de personnes: les brebis, les loups, et les chiens de berger. Les brebis sont les gentils quelque peu naïfs, les loups sont le mal, les chiens de berger protègent les brebis du mal, l'arme à feu est le meilleur compagnon. Chris Kyle sera un chien de Berger. Tout semble simple dans cette Amérique peut armer pour faire face à la complexité du monde
Les attaques d'Al Qaeda contre les Etats Unis sont l'occasion pour Chris de démontrer son patriotisme alors qu'il errait piteusement sa grande carcasse de rodéo en rodéo, il s'engage dans le corps d'élite des Navy Seals, supportant l'entrainement féroce alors qu'il n'est plus un gamin, son art de l'arme à feu fait de lui un tireur d'élite. Tout juste marié, il part pour la guerre...
Son boulot est celui d'un ange gardien, il est enfin le chien de berger dont lui parlait son père. Un peu à l'écart, il surveille la scène où interviennent ses camarades,  il agit avant que la mort venue des "forces du mal" ne vienne saisir l'un d'entre eux... L'ennemi n'a peur de rien, pas même d'envoyer des gamins à l'encontre des marines. Froidement il doit appuyer sur la gâchette, redoutable, il devient une légende parmi les soldats.
Mais il doit faire face à un sniper non moins doué Mustafa dont on raconte qu'il est un ancien champion olympique syrien du tir. Insaisissable,  habillé de noir il est une figure diabolique. Un duel à distance s'engage entre les deux tireurs
Chris effectue quatre missions en Irak, les retours au pays sont toujours plus compliqués malgré la naissance de deux enfants. Habitué à se méfier de tout, il peine à récupérer le rythme de la banalité du quotidien. Guidé un psychiatre, il parvient à se réinsérer dans sa vie familiale et  à donner un nouveau sens à sa vie en venant en aide aux vétérans blessés, traumatisés...
Il est assassiné par l'un d'entre eux souffrant de troubles psychiatrique.

Il n'y a que Clint Eastwood pour se sortir d'une histoire pareille sans se prendre finalement les pieds dans le tapis. Si Eastwood est un fidèle patriote, il déteste sincèrement la guerre dont il montre qu'aucun acteur ne peut en sortir indemne, l'esprit chevaleresque est un mythe. Il  montre brillamment l'horreur de ces guerres urbaines où la traque d'un ennemi invisible mais toujours menaçant sape peu à peu ceux qui la mènent, nous sommes ici bien loin des bérets verts de John Wayne où l'ennemi n'est jamais réduit à la figure du mal.... Clint Eastwood est un merveilleux conteur, il ne nous impose aucune vérité, il nous livre des faits et nous laisse libres de penser ce qu'on veut, c'est la preuve d'un esprit de tolérance d'un conservateur éclairé qui signe un film ambivalent et complexe, un grand film de guerre !

lundi 23 février 2015

It Follows - David Robert Mitchell


Une jeune fille en petite tenue sort effrayée de chez elle, comme poursuivie, mais nous ne voyons rien... Son père l'appelle mais elle semble ne plus l'entendre, elle fuit en  voiture, nous la retrouvons sur une plage, elle téléphone à son père pour s'excuser de tout, persuadée qu'elle va mourir. Nous la retrouvons massacrée au petit matin. Fin de séquence. 
Une autre jeune fille dans un quartier ordinaire de banlieue pavillonnaire américaine, elle rejoint le soir son amoureux... Ils font l'amour dans une voiture, puis il la bâillonne pour prendre le temps de lui expliquer sa malédiction. A compter de cet instant, elle va être poursuivie par un zombie qui marche toujours au même rythme, elle seule peut le voir. Ce dernier va chercher à  la tuer pour ensuite remonter la chaine, pour s'en débarrasser, il lui faut coucher avec un autre homme... 
 Film d'épouvante qui ne joue jamais sur le spectaculaire, c'est merveilleusement filmé, toute forme de gore est évitée. La caméra se fait suggestive, le tout relevé par une musique subliment inquiétante, les adolescents perdent leur innocence dans l'épouvante... Détroit comme décor, avec ses quartiers abandonnés nous montre une Amérique meurtrie par la crise de subprimes; des familles sont parties sans rien, on ne sait où, tout s'est écroulé comme un jeu de dominos. L’Amérique puritaine et coupable n'en aura jamais fini avec ses fantômes... 
It Follows est épouvantablement réjouissant,  David Robert Mitchell y régénère avec grâce le film d'épouvante...

Elle et Lui - Leo Mc Carey

"Elle et lui " est un film de 1939 de Leo Mc Carey, cela a tellement bien marché que film fut retourné en 1957 dans une version couleur où le trait se fait plus épais avec Cary Grant et Deborah Kerr. Cela commence sur le ton de la comédie romantique pour plonger subitement dans le mélodrame, c'est la quintessence du film d'amour où le spectateur passe du rire aux larmes. Nous avons revu les deux versions à la suite ce qui peut relever de l'épreuve d'endurance

Lui est un playboy habitué des magazines people, il doit épouser une riche héritière. Elle est une chanteuse de cabaret qui doit se marier à un riche homme d'affaires. Ils se retrouvent sur le même bateau pour rejoindre New-York où leurs mariages respectifs sont prévus.
Tous les deux seuls sur le paquebot, ils vont inévitablement se croiser, se découvrir, s'"apprécier, s'aimer, c'est l'heure de la comédie romantique... Ils font le serment de se débarrasser de leur promesse de mariage de se trouver une situation professionnelle et se donnent rendez vous dans six mois en haut de l'empire State Building .
Tout se passe presque comme prévu. Six mois plus tard, lui devenu peintre attend en haut du gratte ciel, elle accourt, le regard fixé dans le ciel,mais  se fait renverser par une automobile. Paralysée  elle souhaite que sa situation soit cachée à celui qu'elle devait rejoindre... C'est l'heure du mélodrame! Nous ne dévoilerons évidemment pas la fin mais qu'on se  rassure Hollywood aime les Happy end !

Dans la première version elle c'est Irene Dunne, facétieuse à souhait qui donne un charme irrésistible et sa légèreté à la partie comédie, lui c'est Charles Boyer plutôt convainquant dans son rôle. Deborah Kerr qui reprend le rôle n'a pas le même sens de la comédie , mais elle s'y entend quand il s'agit de déclencher l’émotion du spectateur, elle est accompagnée par un Cary Grant un peu trop mûr pour le rôle mais il reste un génial acteur. La nouvelle version reprend les mêmes gags mais avec moins de finesse, la comédie perd de sa légèreté.
Leo MC Carey honnête cinéaste n'a ni la folie du génial Howard Hawks, ni l'élégance de Ernst Lubistch, quand il s'agit de faire une comédie. Il n'a pas non plus la finesse de Douglas Sirk pour nous plonger dans le mélodrame qui devient rapidement indigeste quand  nous devons subir la chorale de l'orphelinat.

C'est le coté inexplicable de ce film, malgré ces gros défauts, nous oublions avec le temps son coté indigeste et nous avons un certain plaisir à le revoir de temps en temps. Magie de l'amour et des acteurs!

Film vu dans le cadre du ciné club du bric à brac de Potzina !

dimanche 22 février 2015

Les nouveaux sauvages - Damian Szifron


"Les nouveaux sauvages" est un film à sketches  qui par son titre n'est pas sans rappeler les comédies de l'age d'or du cinéma italien comme "Les monstres" et "Les nouveaux monstres" .... Dés le premier épisode où nous embarquons à bord d'un avion pour un voyage catastrophe, nous comprenons que le ton du film est celui de l'humour parfois bête et méchant, souvent truculent. Les personnages basculent de leur vie ordinaire dans un enfer imprévu pour notre plus grand plaisir, une série de "pétages de plomb"...
Cela pourrait être lassant si le rire était gratuit, mais derrière chaque situation, le cinéaste délivre un poil à gratter plutôt offensif sur les travers de nos sociétés contemporaines corrompues où les puissant espèrent pouvoir mener leurs affaires en toute impunité. Il nous rappelle également qu'un homme au volant de sa voiture n'est plus tout à fait le même et qu'il peut se transformer très rapidement en psychopathe dangereux . Nous découvrons aussi comment un ingénieur à la vie heureuse peut perdre ses nerfs parce qu'il n'accepte plus la corruption à laquelle il se retrouve confronté quotidiennement...
Le tout se termine par un mariage qui devient en un instant le mariage le plus épique de l'histoire du cinéma, déjà un morceau d'anthologie de l'histoire du rire...
La faiblesse des films à sketches est souvent de connaitre des hauts et des bas, ici il n'en est rien, chaque épisode est parfaitement réussi donnant une densité et une unité à cette comédie. Le cinéaste argentin pose un regard acerbe sur son pays, sa dénonciation de toutes les hypocrisies est jubilatoire. C'est une vraie réussite, la rencontre improbable entre le cinéma de Tarantino , des frères Coen, et de Pedro Almodovar inspirée par la comédie italienne. Un cocktail détonnant qui emporte facilement le rire et laisse le spectateur dans une bonne humeur enivrante !

P.J Harvey - White Chalk (2007)

P.J Harvey est retournée dans les studios en ce début d'année pour enregistrer un nouvel album, son neuvième. Un enregistrement studio dont des bienheureux placés derrière une vitre sans tain ont pu être spectateurs privilégies . 
Dans l'attente de ce nouvel album qui devrait être un événement musical de l'année, nous réécouterons cette semaine son magnifique White Chalk de 2007 composé essentiellement au piano...

White Chalk de P.J Harvey est notre album de la semaine !





samedi 21 février 2015

Papa ou maman - Martin Bourboulon

Florence et Vincent semblent avoir tout réussi aussi bien leur carrière professionnelle  que leur vie familiale avec leurs trois enfants. Mais  lors des  dernières vacances passées à deux, ils ont pris conscience qu'avec le temps ils sont  devenus plutôt amis qu'amoureux, ils font le choix de divorcer en toute amitié et veulent être des modèles jusqu'à leur séparation. Mais tout foire quand ils découvrent que chacun a un projet professionnel à l'étranger et espère que la garde des enfants sera confiée à l'autre. Leur tactique, se faire détester par leur progéniture: la guerre est déclarée.
La comédie de couple a donné un grand  nombre de chefs d’œuvre du cinéma  mais aussi des films indigestes... Ici nous sommes dans cette dernière catégorie, le film part mal, traine désespérément  nous donnant  deux  à trois moments drôles, c'est bien peu... Les acteurs rament, Marina Fois reste convaincante , sa composition est plutôt fine, mais Laurent Lafitte nous offre une prestation sans subtilité, Cary Grant génie de la comédie est bien loin, Michel Leeb si proche....
C'est bruyant, prévisible, totalement improbable un film sans grâce qui sombre vite dans l'insipide. Rien n'est plus désespérant qu'une comédie pas drôle !

dimanche 15 février 2015

Les merveilles - Alice Rohwarcher

Chronique familiale au cœur de l'Ombrie, Gelsomina et ses trois jeunes sœurs vivent avec leurs parents et une tante  dans une ferme délabrée à l'écart du monde. Wolfgang persuadé que la fin du monde est proche veut tisser des liens privilégiés avec la nature. Ils élèvent les moutons, et produisent du miel... Les enfants participent aux taches de la ferme, Gelsomina l'aînée est particulièrement mise à contribution notamment pour le suivi des ruches.
Wolfgang d'origine allemande affiche un caractère difficile , rugueux, tentant souvent maladroitement de diriger son entourage féminin... Nous devinons vite un passé dans les mouvances d'extrême gauche , la petite communauté a renoncé à la révolution pour atteindre une forme d'idéal écologiste à l'abri des dérives de la société de consommation . Mais le caractère rugueux, impulsif  du père finit par devenir insupportable , Gelsomina qui assume une lourde charge  doit vivre telle une adulte privée des plaisirs de son âge, tiraillée entre son monde et son envie d'ailleurs. Nous comprenons certes les colères de Wolfgang qu'en il s'en prend aux chasseurs ou  à son voisin utilisant les produits nocifs qui tuent ses abeilles mais lorsque Gelsomina rêve de participer à une émission de téléréalité dans le plus pur style berlusconnien, "Le village des merveilles", il ne sait pas trouver les mots pour lui expliquer son refus.  Sa femme doit faire preuve d'une patience à toute épreuve face à son inflexibilité mais aussi à ses gamineries notamment quand il  décidé stupidement d'acheter un chameau plutôt que de consacrer les maigres revenus à la réhabilitation de la ferme, personnage lumineux et aimant, sa tendresse et son écoute tiennent la famille.
Martin, un jeune délinquant placé dans la ferme dans le cadre d'un programme de réinsertion, vient bouleverser cet équilibre familial, ouvrir le regard de ces jeunes filles habituées à vivre en vase clos.

Le film  nous renvoie aux origines du cinéma moderne  et au néo-réalisme italien, nous voyons ici le travail de l'apiculteur comme nous voyions les pécheurs à leur labeur dans Stromboli de Roberto Rosselini...mais il a une vraie grâce dans la justesse des relations humaines qu'il nous raconte. Ce film est une heureuse surprise, Gelsomina sûrement un clin d’œil  au personnage de la Strada incarné par Giuletta Massena donne par sa présence toute la puissance à cette chronique familiale où les éléments autobiographiques de la cinéaste sont apparemment nombreux.

Louis Jourdan - (19/06/1921 - 14/02/2015)

Diantre, nous apprenons la mort de Louis Jourdan, mais nous devons reconnaitre que nous pensions honteusement qu'il ne faisait déjà plus partie du monde des vivants depuis un bout de temps. Pour nous, immédiatement c'est son interprétation dans la lettre d'une inconnue de Max Ophuls , un film sublime inspiré par une nouvelle de Stefan Zweig qui nous vient à l'esprit où il tenait le premier rôle au coté de Joan Fontaine. R.I.P !

Horizons perdus - Frank Capra


Dans un  coin de Chine, sous la menace des Japonais, Robert Conway, un diplomate anglais organise l'évacuation de ses concitoyens, il finit par monter dans le dernier avion pour Shanghai. Au petit matin, les passagers découvrent que l'avion détourné par un l'équipage chinois fait fausse route ... Il finit par se crasher sur le sommet d'une montagne. Chanceux, les passagers sont secourus par les habitants d'une vallée voisine inconnue, Shangri la... D'abord méfiants, les Anglais découvrent avec le temps la magie de cet endroit paradisiaque, seul le jeune frère du diplomate reste insensible à ce nouveau monde....

C'est une utopie que nous propose Frank Capra, Shangri la est le nom de son  bon endroit... mais nous nous somme vite dits: "Qu'est-il allé faire dans cette galère?"
 C'est un prêchi-prêcha indigeste de plus de deux heures que nous avons subi. Tout sonne faux dans ce film improbable où les acteurs finissent par tous surjouer . C'est souvent terrible quand les auteurs de la comédies veulent faire dans le sérieux, ils finissent par perdre toute leur légèreté et nous raconter beaucoup moins de choses qu'à travers leurs habituelles tranches de rigolade.

Horizons perdus est un film indigeste de Frank Capra. Vu à l'Arlequin dans le cadre du ciné club de Claude Jean Philippe.

Jean-Louis Murat - Cheyenne Autumn (1989)


Jean Louis Murat nous l'avons aimé dés son premier album Cheyenne Autumn, nous étions alors fort jeunes  et totalement envoutés par cette voix nouvelle dans la chanson française... et c'est peut être là une des raisons pour que nous lui trouvions ,avec le temps qui passe de plus en plus de charme. Bien sur , par la suite il fit plus grand, plus beau, plus inspiré, mais ce premier album tient parfaitement l'épreuve du temps.

Nous le posons sur la platine et les "je me souviens" défilent ...dés les premières notes.

Cheyenne Autumn de Jean-Louis Murat est notre album de la semaine pour réveiller une douce nostalgie !



samedi 14 février 2015

Amour fou - Jessica Haussner

Berlin en pleine période romantique,  Henrich poète dramaturge en pince pour sa cousine Marie. Un soir il se penche vers elle et lui fait brutalement cette proposition surprenante: "Voulez vous mourir avec moi?". Devant le refus de sa chère cousine,de plus en plus  déprimé,  il se rapproche de Henriette Vogel, une jeune femme mariée émue par ses œuvres  ... Cette dernière apprend qu'elle est atteinte d'un mal incurable, ses jours sont comptés... La proposition du jeune poète tout d'un coup fait sens...
Inspirée par la vie de Henrich Von Kleist, Jessica Haussner trace un portrait acerbe de l'écrivain allemand, admirablement interprété par Christian Friedel, en faisant un personnage narcissique et insupportable, on ne compatit jamais à sa sa mélancolie morbide. Le mari de Henriette est un homme honorable, ouvert aux nouvelles réformes fiscales où sous l'influence française il est notamment établi que la noblesse berlinoise doit payer l'impôt. Il fait tout son possible pour obtenir la guérison de sa femme faisant appel aux plus grands médecins... Mais une atmosphère empesée et glaçante se dégage de  la demeure familiale  partagée avec sa femme, sa fille et une mutique servante , nous n'avons jamais vu une une chambre conjugale si froide. Tout est propre, à sa place  même le chien est en permanence impeccable, c'est une vie sans volupté. Henriette succombe à cette ambiance d'une froideur totale, seule la musique lui apporte de la gaité... Elle fait régulièrement  des évanouissements, les médecins restent longtemps partagés pour savoir si l'origine de ce mal est  psychique où la conséquence d'un mal plus sérieux... le funeste diagnostic en fait une proie idéale pour les sombres projets du poète... Ce dernier n'est pas vraiment à la hauteur, seul son suicide l'intéresse et il manifeste  peu de sentiments. La vie s'avère bien décevante pour Henriette qui n'aura connu  la joie des sens qu'à travers la musique.
Des couleurs magnifiques, de belles demeures à l'ambiance feutrée où jamais le ton ne monte; c'est un calme permanent qui  contraste avec les  âmes tourmentées des protagonistes, accentuant la cruauté de ce qui se trame.
 Nous avions beaucoup aimé son précédent film, Lourdes, celui ci est tout aussi passionnant. Son portait à charge est terrible, surement mérite t-il conversation. Il nous donne envie de savoir qui était vraiment Heinrich von Kleist. D'autant plus que ce mouvement a eu un succès populaire indéniable au XIX, Jessica Haussner nous le fait ressentir comme un poison qui s'introduit dans la société allemande.
L'amour fou était notre film de la Saint Valentin !

vendredi 13 février 2015

Pixel - Direction Mourad Merzouki


Cette rencontre fascinante entre le chorégraphe de danse contemporaine Mourad Merzouki et les deux artistes numériques Adrienne Mondot et Claire Bardainne plonge les danseurs et les circassiens de la compagnie dans un monde d'images propre à notre époque où l'on bascule sans cesse du virtuel au réel.
Il s'engage entre ces deux mondes un dialogue où l'on ne sait plus  qui agit sur l'autre...
Un spectacle absolument époustouflant ! L'utilisation de la vidéo fait apparaitre des petits points de Pixel bousculés par le mouvement des corps, le spectacle prend une dimension 3D absolument vertigineuse,  tout est illusion . Les corps sont prisonniers de l'image mais à force de volonté, de souplesse, ils s'en libèrent. Cette rencontre entre image et danse ouvre devant elle un vaste domaine à explorer, telle une découverte scientifique ouvrant de nouvelles perspectives de recherches où le savant découvre un univers toujours plus vaste. Mourad Merzouki n'a pas fini de nous surprendre.

Un spectacle ahurissant, le triomphe est total pour la troupe, il est largement mérité !

jeudi 12 février 2015

Roger Hanin (20 octobre1925 - 11 février 2015)

Jeune homme, il tourna sous la direction de Luchino Visconti dans Rocco et ses frères, puis à la fin de sa carrière il incarna Navarro, un policier dans une série indigeste pour une télévision privée. La vie est parfois un long déclin...

mardi 10 février 2015

Mon nom est rouge - Compagnie Papierthéâtre

Nous avons découvert la littérature de l'auteur Turc, Orhan Pamuk à travers son roman, Neige sorti en 2005. Emballés nous avions alors acheté son ouvrage précédent Mon nom est rouge, resté honteusement depuis sur une étagère. Un roman à la trame policière qui nous plonge dans  l' Istanbul du XVIème siècle, déjà partagée entre Orient et Occident... Cette histoire construite autour  du meurtre d'un peintre miniaturiste mêlée à une intrigue amoureuse, est située, certes dans le passé, mais elle n'est pas sans rappeler notre actualité tragique la plus récente par la réflexion qu'elle porte sur la représentation des sujets religieux.Un thème permanent de discorde entre nos deux mondes, la culture musulmane voyant dans la représentation humaine une source insupportable d’idolâtrie.

Nous n'avons pas encore lu le livre, mais nous avons eu la chance d'en découvrir l'adaptation, mise en scène par Alain Lecucq accompagné par le maitre du ney (flute orientale) Siamank  Jamanhary. Du théâtre de papier, d'ombres où  des miniatures persanes donnent vie aux différents protagonistes de cette histoire polyphonique, rythmée par les apparitions d' un conteur qui aime à se moquer des religieux .
Un spectacle sublime qui recrée parfaitement l’atmosphère des contes orientaux , nous sommes parfois un peu perdus par la densité du texte mais nous restons transportés par la beauté du travail de Alain Lecucq. Un voyage dans le temps, dans l'espace,  qui nous ramène à aujourd'hui : une Istanbul  écartelée  entre deux mondes où l'engouement de certains pour la peinture vénitienne était vécue par les tenants de la tradition ottomane comme une trahison ...

dimanche 8 février 2015

Les jours venus - Romain Goupil


Romain Goupil est un personnage plutôt  horripilant. Sa dernière œuvre est une autofiction plutôt sincère c'est donc un film  horripilant. Il fête ses soixante ans, il se filme à cet age charnière où le mot retraite commence à raisonner à ses oreilles, il se filme avec sa femme connue à Sarajevo alors une ville assiégée et ses enfants. Il se rend en Bretagne visiter ses parents et retourne à Sarajevo rendre visite à ses beaux parents... Comme pour passer le temps, il imagine des fictions qu'il propose à sa productrice rarement convaincue, et il dirige l'association des locataires de sa résidence... C'est en quelque sorte le journal d'un cinéaste en panne... ses idées n'aboutissent à rien ...
La grande affaire de Romain Goupil c'est son engagement lycéen dans les années 60 qui en fit par la suite un acteur de Mai 1968. Il rêvait de révolution , il n'y eut que des désillusions, qu'il  a racontées dans un film plutôt réussi, hommage à son ami Michel Recanati suicidé en 1978, "Mourir à trente ans".
Mai 68 reste son fond de commerce, l'événement qui l'a nourri au sens premier toute sa vie... Parce qu'il fut un acteur de cette période il s'est toujours senti autorisé de nous donner son avis sur les grands événements de son temps... Il hurla sa colère de voir Sarajevo assiégée, nous ne pouvions que le comprendre, il appela à partir derrière George Bush dans la guerre contre l'Irak, il perdit son âme...
La parole de Romain Goupil est devenue sans intérêt c'est bien la le nœud du problème. Comme en plus il n'est pas doté d'un grand sens de l'image cela ne donne pas grand chose. Heureusement, il a des amis sympas et talentueux, Valeria Bruni Tedeschi, Marina Hands, Jackie Berroyer, Noemie Lvovsky voire Arnaud Desplechin et Mathieu Almeric pour donner un peu de piment à son film et quelques beaux moments. Romain Goupil est passé à coté de son film, il aurait du s'oublier un peu et prendre le temps de filmer ses parents, vrais personnages beaux et sincères .
Finalement le meilleur de son film c'est sa bande annonce!

Ici Bas Ici Même - Miossec


Nous l'avions déjà choisi comme album de la semaine en 2014 lors de sa sortie, mais nous devons en convenir nous n'avons pas assez écouté le dernier album de Christophe Miossec qui est une petite merveille. Sa sortie ayant été suivie par le dernier opus de Jean Louis Murat avec lequel nous avons eu un rapport exclusif.

Pour corriger cette petite injustice, Ici Bas, Ici même est donc à nouveau notre album de la semaine !



samedi 7 février 2015

The Blue Boy - Brokentalkers





Tout cela commence sur un ton souriant et tendre, un homme avec un mètre pliant à la main, se rappelle comment il aimait s'amuser gamin avec cet objet appartenant à son grand père. Il le pliait, le dépliait,  créant des formes diverses: une télé, un dinosaure, un saxophone.... mais son grand père finissait toujours par reprendre cet objet qui n'était pas un jouet mais son instrument de travail.

Son grand-père était croquemort, avec son mètre il mesurait les cadavres pour préparer le cercueil. Parfois,  l'orphelinat voisin l’appelait pour venir mesurer un enfant décédé... Des appels fréquents, les jeunes corps sans vie , couvert de bleus le hantaient mais il s'est tu.. . Comme tout le monde en Irlande, un silence complice d'un des drames les plus épouvantables de la seconde moitié du siècle dernier en Europe occidentale !

Lorsqu'elle obtient son indépendance en 1922, l’Irlande est un pays pauvre. L'Eglise qui aussi mené le  combat contre le colonisateur anglais est la seule à avoir une structure et une véritable organisation , elle  prendre en charge les questions d'éducation et de santé. Elle reçoit dans ses établissements d'éducations, les orphelins, mais aussi les enfants des unions considérées illégitimes et ceux des filles mères... Ces enfants découvrent alors l'horreur d'un monde fermé, un enfer qui va bien au delà de l'univers carcéral.

"The blue boy" est la légende du fantôme d 'un enfant couvert de bleus,  mort de maltraitance qui vient hanter les habitants du quartier voisin de l'orphelinat. C'est le nom de ce spectacle documentaire, qui repose sur des témoignages diffusés en voix off et des vidéos d'époque au fil des souvenirs du narrateur accompagné par une musicienne...En contrepoint derrière un rideau transparent  des comédiens sans identité, le visage recouvert  d'un masque de papier recréent à travers la danse, le théâtre, l'ambiance froide et terrible de ces lieux de torture, le bruit cinglant des coups, des portes qui claquent ... Coups, violences sexuelles, malnutrition, travail forcé, c'est la description minutieuse d'un crime contre l'humanité, la honte pour l'Eglise Catholique qui nous rappelle que chaque fois que les religieux ont le pouvoir c'est la tyrannie qui s'installe.

The Blue Boy de la compagnie les Brokentalkers est un spectacle magistral, puissant, qui vous cloue d'effroi sur votre fauteuil et qui ne cesse de vous poursuivre mais qui rend visible le crime caché, le début d'une justice pour les victimes, celle de voir enfin une reconnaissance de leurs souffrances... Il nous faudra vivre avec le fantôme de l'enfant bleu.

C'est un très grand spectacle !



dimanche 1 février 2015

Goldberg variations / variations, Dan Tepfer


Dan Tepfer avant de rejoindre son piano nous a  livré sa rencontre avec un des chefs d’œuvre de Jean Sebastian Bach , il était adolescent lorsqu'il a croisé pour la première fois les variations Goldberg. Un coup de foudre pour lui, pendant des années il s'est promené avec sous le bras les partitions des variations, pour les travailler sans cesse, et  espérer les apprivoiser totalement.
Ce titre de variations Goldberg est apparu bien après la mort du compositeur allemand qui avait intitulé ces partitions "exercices pour clavier". Et c'est  dans cet  esprit d'exercices que Dan Tepfer a travaillé la partition... Très rapidement il a eu le désir de se lancer dans des improvisations autour des variations... Joueur de Jazz, accompagnateur notamment du saxophoniste Lee Konitz il s'est senti l'héritier de Jean Sebastian Bach lui même génial improvisateur. Par ces propres variations, il ne fait que surligner la jeunesse éternelle de cette musique du XVIIIème siècle . Dan Tepfer joue Bach et joue avec Bach dans un  respect infini. Le concert s'ouvre sur un aria sublime, et il ne reste plus qu'à se laisser porter par la musique...

Magnifique !


Phoenix - Christian Petzold


Nelly est laissée pour morte ,victime des nazis qui  lui ont tiré une balle dans la tête avant de fuir Auschwitz. Elle a miraculeusement survécu sous un amas de cadavres.
Recueillie par son amie Lene , Nelly est de retour à Berlin où un chirurgien lui redonne un visage. Elle apprend que tous les membres de sa famille sont morts, sans exception. Elle se retrouve désespérément seule mais à la tête d'une fortune. Lene souhaite organiser leur départ à toutes deux en  Palestine, il n'est pas imaginable pour elle de rester en Allemagne le pays de leurs bourreaux.
Mais Nelly qui était une chanteuse reconnue, n'a qu'une obsession retrouver son mari, Johnny un pianiste... Elle erre à sa recherche  dans les rues de Berlin peu sures où chacun organise sa survie , sa quête la mène vers un club "le Phoenix" , son homme est là. Elle l'interpelle mais il ne la reconnaît pas ... Mais  il  vient à ce dernier une idée, faire prendre à cette inconnue qui le poursuit l'identité de sa femme pour  pouvoir toucher son héritage.... Il organise tout, il relooke la jeune femme, Nelly se laisse faire au grand désespoir de son amie Lene qui l'informe que c'est lui qui l'a dénoncée puis qui a demandé immédiatement le divorce après son arrestation et sa déportation...

Petzold après avoir fait un portrait de l'Allemagne de l'est dans son précédent film Barbara, se replonge dans le Berlin détruit de l'après guerre qui avait été immortalisé par Roberto Rosselini  dans Allemagne Année zéro.  Inspiré par Vertigo, dont il inverse l'intrigue il nous livre une histoire  totalement romanesque, mais le hic c'est que nous n'y croyons jamais et tout devient artificiel .... Cependant le film ne sombre pas totalement, surement sauvé par la présence de son actrice fétiche Nina Hoss admirable et de Ronald Zehrfeld qui parfois peut faire penser au Orson Welles inquiétant et manipulateur du troisième homme; les scènes où Nelly espère en vain être reconnue sont bouleversantes. Mais surtout nous avons été touchés par les deux dernières minutes du film absolument admirables, une superbe scène de mélo qui finalement nous fait accepter tout le récit bancal de Christian Petzold, ce dernier plan sauve à lui seul le film!

Nouvelle Vague - NouvelleVague (2004)

Sur une proposition de Olivier Libeaux et de Marc Collin , Nouvelle vague c'est l"idée de chanter des tubes de la New Wave sur un rythme de Bossa Nova... Un album compilation auquel participaient plusieurs artistes dont  Camille qui fut une douce surprise, le concept fut renouvelé sans jamais retrouver la grâce de la première fois.
Nous aimons beaucoup ce premier album de Nouvelle vague et notamment la reprise des Guns of Brixton des Clash par Camille.

Nouvelle Vague est notre album de la semaine !


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