lundi 31 décembre 2012

Allez coucher ailleurs ! Howard Hawks

Pour en finir avec notre cycle consacré à la comédie américaine et avec l'année 2012, nous avons décidé de revoir l’irrésistible I was a male war Bride, sorti en France sous le titre de Allez coucher ailleurs.
L'histoire se situe en Allemagne juste après l'armistice où le pays dévasté est administré par les alliés, divisé en zones d'occupation, certaines opérations nécessitant une coopération interalliée. Ainsi le Capitaine Brochard (Cary Grant) de l'armée française se présente aux autorités militaires américaines pour obtenir l'aide d'une interprète dans sa mission.
On lui adjoint à son plus grand désarroi la Lieutenant Gates (Ann Sheridan) avec qu'il a travaillé précédemment, leurs relations sont houleuses, le voyage s'annonce épique, nous ne sommes pas déçus, les gags s'enchainent comme dans un Tex Avery jusqu'au moment où ils prennent conscience que derrière leur hostilité se cache  la passion . Le mariage est prononcé dès leur retour de mission.
La loi américaine n'a prévu que le rapatriement des épouses de soldat américain, le capitaine Brochard découvre l'absurdité de l'administration américaine devant se travestir pour espérer monter sur le bateau qui doit le rapatrier à New-York.
Une comédie absolument hilarante du début à la fin où encore une fois chez Hawks, Cary Grant se retrouve habillé en dame. Ann Sheridan est absolument irrésistible dans ce film, voici ce qu'en dit Howard Hawks dans un livre d'entretien avec Joseph McBride:
"Oh! Elle était rapide brillante et tout.Et quand nous avons tourné Male War Bride, elle n'était plus toute jeune. A ce moment là, elle en avait vu de toutes les couleurs. Mais si vous voulez faire un bon film avec Cray Grant, il vaut lui fournir une sacrée partenaire pour jouer avec lui. Bon dieu! Il a fallu un an pour venir à bout de ce film. Cary Grant a eu une jaunisse, Ann Sheridan une pneumonie, et moi, à rester là, il m'est venu une étrange démangeaison. Elle commençait au sommet de mon crâne, descendrait droit sur mes couilles, et allait jusque dans mes pieds. Tout ce qu'on savait de cette démangeaison, c'était que les soldats du Pacifique avaient la même et qu'ils s'en guérissait en prenant des bains de mer. Alors j'ai pris de gros sacs de sel que j'ai versé dans la baignoire; je me couchais là-dedans et je macérais. ça m'a guéri. Cary est resté absent pendant six mois, il a fallu que j'attende, je ne pouvais rien continuer. c'était aux deux tiers terminé. Cary était rentré dans une meule de foin, , à motocyclette, et il en est sorti pesant dix kilos de moins."
Tournage compliqué, le film ne s'en ressent pas nous pouvons le revoir c'est chaque fois le rire garantit, la bonne humeur assurée !

Exposition Edward Hopper

Définitivement le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, nous avons été fort inspirés de réserver à la première heure notre visite de l'exposition consacrée au peintre américain Edward Hopper. Entrés dans les premiers, nous avons bénéficié de conditions idéales, nous permettant de prendre le temps devant chaque tableau, de pouvoir nous avancer, reculer et revenir en arrière pour mieux comprendre ou même nous retrouver seuls un long instant devant le mythique Nighthawks de 1942.


Exposition qui rappelle le parcours du peintre, ses séjours en France, et ses influences, celle  des impressionnistes ou du photographe Eugéne Atget qui  photographiait les bâtiments désertés... Illustrateur un temps, Hopper s'est également essayé avec succès à la gravure et l'aquarelle.
Fascinant par sa capacité à capter un sentiment, une impression, il est celui qui semble rentrer dans le domicile des gens, dans une chambre d'hôtel profitant des lumières nocturnes, pour rendre compte du sentiment de solitude au cœur de la ville. Une femme rousse revient à multiple occasion, sa femme Joséphine fut son seul modèle.
Si Hopper fascine c'est qu'il rend compte du mythe américain tel que nous le fantasmons, ces toiles racontent le quotidien américain comme un morceau de jazz ou un roman de Fitzgerald. Une Amérique mélancolique!

"Mon objectif en peinture a toujours été la transcription la plus exacte possible de mes impressions les plus intimes de la nature" Edward Hopper

Sublime...

dimanche 30 décembre 2012

Ernest et Celestine - Benamin Renner, Vincent Patar & Stéphane Aubier

Les souris vivent en bas, les ours en haut, deux mondes bien distincts où chacun est élevé dans la crainte de l'autre. Pour autant, la nuit venue, les souris rejoignent le monde d'en haut, à la recherche de dents d'oursons pour remplacer les incisives usées de leurs congénères.
C'est lors d'une de ces sorties, que Célestine, une jeune souris n'ayant jamais cru au "Grand méchant Ours", est prise au piège dans une poubelle. Ernest, un ours marginal et affamé découvre Célestine. La jeune souris intrépide ne se laisse pas dévorer, et c'est de cette première rencontre que naît une grande amitié. Elle n'est pas facile à faire admettre des deux communautés.
Inspiré des histoires de Gabrielle Vincent (illustratrice et dessinatrice), Ernest et Célestine est un film d'animation remarquable, un vrai ravissement. D'après un scénario de Daniel Pennac,ce film plein de verve est tout autant une histoire poétique qu'un film politique véritable hymne à la différence et à la tolérance, une sensibilité que n'aurait pas renié Frank Capra.
Oeuvre totale où les aquarelles de Benjamin Renner s'accordent à la musique de Vincent Courtois et les paroles de Thomas Fersen. Un film qui ne trahit en rien l’œuvre originale qui trouve là son plus bel hommage...

Lhasa

Puisque cette semaine  est partagée sur les deux années, nous avons décidé à travers notre album de la semaine de rendre hommage à Lhasa de Sela, ou plus simplement Lhasa son nom de scène, disparue le 1 janvier 2010 victime d'un cancer du sein, elle n'avait pas quarante ans. Née à New-York, d'origine mexicaine, elle a vécu au Québec.

Chanteuse à la voix grave et captivante, sa musique d'origines multiples, mélange de folk, Klezmer, d'influences gitanes et mexicaines est une véritable invitation au voyage, une ouverture sur le monde. Elle est de ces gens pouvant donner l'espoir illusoire d'un monde meilleur.

Trois albums composent sa discographie, elle chante aussi bien en espagnol, anglais ou français. Nous avons choisi son der opus "lhasa" où elle chante en anglais, une pure merveille !

samedi 29 décembre 2012

Sugarman - Malik Bendjelloul

Rodriguez, ouvrier le jour chante le soir, dans des bars à Détroit, ses compositions, jusqu'au jour, où repéré par deux producteurs qui n'ont rien entendu d'aussi fort hormis Bob Dylan vont l'aider à produire un album, Cold Fact, sorti en 1970. Le succès public n'est pas au rendez vous, c'est le même échec pour son deuxième album "Come from Reality", il est lâché par son label "Sussex", c'est la fin de sa carrière. L'histoire pourrait se terminer là...
La suite se passe en Afrique du Sud, où l'album pénètre  surement grâce à une touriste américaine qui laisse une copie à un ami, la copie est copiée....les petits font des petits. L'album est édité, le vinyl de son premier album est vendu à plus de 500 000 exemplaires. Rodriguez n'en sait rien, mais il est devenu la star des milieux blancs libéraux qui contestent le pouvoir de plomb , nous sommes alors au sommet de l'apartheid. Rodriguez est le compagnon de route, le chanteur des résistants au régime. Les afrikaners ne savent rien de lui, la légende veut qu'il se soit suicidé à la fin d'un concert, d'une balle dans la tête ou immolé selon les versions. C'est une légende qui se vend plus que les Stones, les Beatles ou Elvis. La réédition en CD fait un carton.
Deux fans cherchent à en savoir plus, leur enquête piétine, mais à force de relire les paroles,d'y chercher des indices, ils situent le chanteur à Detroit au cœur de la Motown. L'enquête fait un pas décisif qui leur permet de retrouver la trace de Rodriguez et découvrir que celui ci est bel et bien vivant. Rodriguez toujours ouvrier dans le  bâtiment découvre, incrédule qu'il est une star en Afrique du Sud.
Il est invité dans le pays libéré de l'apartheid pour une série de concerts, le premier commence par une ovation de plus de dix minutes du public debout qui découvre celui qu'ils avaient cru mort. Un moment d'une rare intensité.
Rodriguez a donné l'argent gagné lors des concerts, il vit toujours dans sa modeste maison de Detroit.
C'est cette histoire extraordinaire que nous raconte le cinéaste suédois Malik Bendjelloul, un documentaire exceptionnel, à voir absolument !



Nos coups de coeur de l'année

Pas évident de faire ressortir un album, un livre, un film de cette année, mais nous avons trouvé assez facilement  un accord commun dans ces trois catégories.  Loin de penser que les trois œuvres retenues doivent être considérées comme les meilleures de l’année, nous les considérerons plus modestement comme nos coups de cœur


Camille redouble de Noemie Lvovsky.

 Nous avons vu  au cours de cette année, deux films qui furent un choc visuel: Holly Motors de Leos Carax et Tabou de Miguel Gomes. Nous avons eu un choc émotionnel, devant Oslo 31 août de Joachim Trier.
Si nous avons choisi de mettre en avant le film de Noemie Lvovsky, c'est que nous sommes déçus par les comédies du cinéma français, un genre que nous trouvons souvent bâclé au niveau de l'écriture, tombant rapidement dans la facilité et la caricature, occasion en or pour les acteurs de nous imposer leur cabotinage.
Rien de tel chez Noemie Lvovsky, une comédie parfaite à l"écriture ciselée qui nous offre en plus une prestation de haut vol de Jean-Pierre Leaud. Un très grand moment de cinéma de cette année 2012.
Puis nous avons eu le désir de mette en avant le film d'une femme, après la polémique du dernier festival de Cannes où seuls des réalisateurs masculins étaient présents dans la sélection officielle.


Vers les lueurs Dominique A

La découverte récente du groupe anglais ALT J a failli bouleverser notre classement à la dernière minute. Mais nous avons souhaité maintenir notre choix premier, Dominique A a pour nous signé l'album de l'année avec "Vers les lueurs". Il n'a cessé de tourner sur notre platine, un enthousiasme que nous n'avions plus connu depuis le "bleu pétrole" du regretté Alain Bashung.
Un disque vert où le chanteur décrit parfaitement cette "France moche", celle de la péri-urbanité  à travers le titre "Rendez nous la beauté".

L'herbe des nuits de Patrick Modiano.

Nous nous rappelons de notre première lecture d'un roman de Patrick Modiano, nous avions été envoutés par le style, le mystère qui se dégageait de ces lignes. Depuis nous avons dévoré tous ces romans avec toujours la même passion, et le dernier n'a pas fait exception.
Pourtant, cette année Jean Echenoz a écrit un grand livre sur la guerre, Philip Roth a offert son dernier roman avec le magnifique Némésis, Partick Deville nous a passionné, mais définitivement si il ne doit en rester qu'un c'est Patrick Modiano.

Ils sont nos coups de cœur de l'année.



jeudi 27 décembre 2012

Le français de Molière n'est plus accessible....

Le vrai scandale n'est pas là où on le croit. L'évasion fiscale de Depardieu nous semble bien anodine à coté de l'interview donnée à Télérama par le responsable des spectacles vivants de France Télévision, Nicolas Auboyneau est son nom où il affirme sans sourciller:

"Enfin, nous veillons à sélectionner des œuvres dont le texte, le niveau de langue et le vocabulaire sont accessible à tous. Aujourd'hui, le français de Molière n'est plus adapté pour le prime-time. On évite aussi le second degré : l'humour n'est pas ce qui se partage le plus facilement."

Ce commentaire nous semble indigne d'un responsable d'un service public, au fond ces propos rejoignent ceux   tenus jadis par le responsable de TF1 Patrick Le Lay qui reconnaissait alors dans un élan de sincérité  que son métier consistait à mettre à disposition de Coca Cola le cerveau des téléspectateurs.


Nous espérons que vous n'avez pas affiché une photo de Jean Vilar dans votre bureau, cela ferait désordre. Nous aurions préféré lire de votre part: "je veux rendre la langue de Molière accessible à tous". Là est votre mission de service publique !

Nous vous invitons à revoir l'esquive le magnifique film de Abdelattif Kechiche où des gamins de banlieue s'appropriaient un texte de Marivaux...

Monsieur puisque vous semblez renoncer à votre mission de service public... Envoyez vite votre CV à TF1, vous y serez à votre place....Coca Cola vous attend !

mardi 25 décembre 2012

Les invisibles - Sebastien Lifshitz

Ils ont en commun d'avoir un certain âge et d'avoir vécu des amours homosexuels à une époque où ces amours là devaient rester invisibles, les condamnant de force à la marginalité. C'est le sujet du documentaire "les invisibles" de Sebastien Lifshitz, parti recueillir les témoignages de ceux qui ont eu à traverser ces années de plomb. Des hommes, des femmes, venant de différents milieux, de différents lieux racontent leur histoire.
Ce ne fut pas toujours facile pour eux qui ont eu en commun de grandir dans l'ignorance de la sexualité, sauf le paysan qui a découvert les choses de la vie dans les champs, observant les bêtes. Certains ont eu une vie familiale conforme au souhait de leurs parents avant de laisser libre court à leurs désirs
Ils ne semblent pas avoir eu à souffrir d'hostilité, c'est pas ce qui ressort de leurs témoignages même si la vie ne fut pas sans difficulté. Deux jeunes femmes furent licenciées, un jeune homme fut renvoyé du parti communiste français. Mai 68 fut vu comme une première ouverture, certains militèrent dans les années 70, pour défendre l'IVG et soutenir la loi Veil, ou tout simplement pour montrer qu'ils existaient. Ce n'est qu'en  1981 que l'homosexualité fut définitivement dépénalisée.
Ce qui ressort de ces témoignages, au delà des souffrances,  c'est une certaine joie de vie, une ouverture, un esprit de tolérance, ce documentaire se révèle être un hymne à la vie plein de fraicheur.
Comme le dit une des protagonistes: "j'ai du faire 10 000 fois l'amour, j'ai eu quatre enfants, ne me dites pas que l'on fait l'amour pour faire des enfants. Non c'est pour se faire plaisir !"
Qu'elle soit entendue!

Adorable Voisine - Richard Quine

Les sorcières ne sont pas censées avoir des sentiments mais juste du désir. Pourtant Gillian, une vraie sorcière a un faible pour son voisin du dessus un éditeur. Mais elle ne veut pas user de ses pouvoirs, pour le séduire, elle est même prête à se faire une raison quand elle apprend le soir de Noël qu'il est fiancé, ne voulant pas dérober son homme à une autre femme... Mais lorsqu'elle est découvre que celle qui doit être épousée par son charmant voisin, est son ancienne ennemie du collège, les bonnes résolutions s'effondrent.
Pas d'inquiétudes ou de sueurs froides à avoir  pour l'éditeur incarné par le charmant James Stewart, la sorcière ne ressemble en rien à celles que nous avons pu croiser dans nos livres d'enfance, ici c'est l'irresistible Kim Novak qui incarne une sorcière mélancolique, sublime elle n'a pas besoin de grand pouvoir pour envouter les hommes... son frère est joué par Jack Lemmon un sorcier joyeux et farceur, vous conviendrez que nous avons là tous les élèments d'une irrésistible comédie.
Avec des scènes cultes, notamment une où Philippe Clay  nous offre un numéro au zodiac, un cabaret où les sorciers se donnent rendez vous ou une autre quand James Stewart se fait "désenvouter" pour se libérer du sort jeté par Gillian.

Adorable Voisine (Bell, Book and Candle) était notre film de Noël, un film au charme irrésistible, parfait pour illuminer la nuit.

Film vu dans le cadre de "2012 année de la comédie américaine".

Keiji Nakazawa - (14/9/1939 - 19/12/2012)

C'est avec une grande émotion que nous apprenons le décès de Keiji Nakazawa, un auteur majeur du Japon, emporté par un cancer du poumon. Né à Hiroshima en 1939, il a miraculeusement survécu à la première bombe atomique de l'histoire, lâchée sur la ville japonaise le 6 août 1945. De sa famille il est le seul à survivre avec sa mère qui décéda 20 ans plus tard.
Il témoigne de cette épouvantable expérience dans un manga "Gen d'hiroshima", une grande fresque humaniste. Keiji Nakazawa est devenu un fervent défenseur de la paix, un adversaire résolu de l'énergie nucléaire.
Le Monde dans un hommage rappelle ses mots: "Le plus important trésor de l'humanité, c'est la paix",
"Je voudrais que les jeunes lisent Gen d'Hiroshima et qu'ils réfléchissent à l'horreur de la guerre et de la bombe atomique."
Gen d'Hiroshima est un sommet de la bande dessinée, une œuvre indispensable qu'il convient de lire et d'offrir, et de conseiller.Un grand homme est mort.

lundi 24 décembre 2012

4h44 dernier jour sur la terre- Abel Ferrara

Un nouveau film sur la fin du monde, 4h44 est l'heure précise à laquelle l'évènement tragique doit se produire. Nous sommes quelques heures avant la fin prévue, au coeur de New-York dans l’appartement d'un couple Cisco (William Dafoe) et Skye (Shanyn Leigh). Elle, peintre finit une oeuvre en cours, lui est fixé sur les écrans entre la télévision et son ordinateur où il discute une dernière fois avec ces proches via Skype, ils se retrouvent une dernière fois dans leur lit pour faire l'amour... La télévision rend compte de rassemblements à Rome où le papa donne l’extrême onction à la foule,à La Mecque ou à Jérusalem.
C'est la fin du monde, mais rien ne semble avoir changé, les voitures circulent normalement dans la rue, le restaurant vietnamien livre toujours ses repas, seul un homme se jette par la fenêtre, ou une jeune femme crie dans la rue "I don't want to die"...A part ces "pétages de plomb", l'heure est plutôt sereine... Contrairement à Mélancholia de Lars Von Trier, la fin du monde n'est pas due ici à un choc entre deux planètes, mais à l'action des hommes qui a définitivement détruit la couche d'Ozone. Al Gore apparait sur les écrans il avait alerté en son temps la catastrophe à venir... mais il ne fut pas écouté. Il est trop tard !

Nous avons aimé ce film de Abel Ferrara, une fable écologique, un cri d'alarme, il est peut être temps d'écouter Al Gore. Un cri contre la capacité auto destructrice des pouvoirs de l'argent, mais avec une forme de sérénité que nous ne connaissions pas au cinéaste qui à travers buddah semble avoir trouvé une forme de "Zénitude". C'est diablement bien filmé avec deux acteurs remarquables, Abel Ferrara intègre parfaitement les nouveaux outils de communication dans son scénario ouvrant une fenêtre sur la mythique Anita Pallenberg pour une apparition remarquée, le temps d'une conversation via Skype.

Nous avons aimé le dernier film d'Abel Ferrara !

Hiroshige - Van Gogh à la Pinacothèque

Exposition exceptionnelle à la Pinacothèque de Paris des estampes de Hiroshige, artiste japonais du début XIXème  dont les oeuvres n'avaient jamais été exposées à Paris. Paysages d'une étonnante sérénité, scénes de la vie quotidienne qui révèle l'atmosphère de la ville de Edo (okyo) ,des campagnes environnantes du mont Fuji ou de la route reliant Kyoto à Edo. Hiroshige est aussi bien inspiré par ses voyages que par les guides, il ne cherche pas à représenter la réalité mais à faire des objets décoratifs. Les perspectives totalement maitrisées donnent leur profondeur aux paysages et invitent le spectateur à la méditation. Les couleurs sont absolument remarquables, notamment avec des variations de bleus et de verts extraordinaires. Une page importante de l'histoire de  l'art du Japon est ici exposée, moins célèbre en France que Hokusai, pourtant il ne fait aucun doute que l'influence de Hiroshige est majeure notamment sur les grands maîtres du manga.

Mais l'idée géniale de cette exposition est d'avoir organisée dans le même temps une exposition des toiles de Vincent Van Gogh. Hiroshige fut une influence majeure du peintre hollandais mais aussi plus largement sur les impressionnistes de la fin du XIX. Van Gogh a eu une vraie passion pour le Japon, c'est d'ailleurs pour cette raison qu'il est parti s'installer à Arles pensant retrouver dans le sud, les paysages et une atmosphère proche de celle du Japon et découvrir la sérénité qui se dégage des estampes de Hiroshige. Nous retrouvons les mêmes compositions, les mêmes lignes de fuite dans ses toiles , mais avec à chaque fois avec un résultat plus tourmenté. Van Gogh ne trouva jamais la sérénité, cette sorte de communion reposante avec la nature.


dimanche 23 décembre 2012

Populaire - Régis Roinsard

Nous avons vu un film historique tourné en costumes d'époque, son nom est "Populaire". Sur le ton de la comédie sentimentale, Régis Roinsard trace à travers le destin d'une jeune villageoise normande  devenue une championne de la dactylographie, un portrait sociologique de la France de l'après guerre. Nous sommes au début des trente glorieuses,  l'exode rural s’accélère avec la tertiarisation et féminisation de l'emploi. C'est l'âge d'or des secrétaires, une aubaine pour les jeunes filles des classes populaires nourries de magazines féminins pour s'émanciper de la tutelle parentale.
C'est le cas de notre héroïne Rose Pamphyle qui part chercher à Lisieux la grande ville voisine un emploi de secrétaire dans un cabinet d'assurance pour échapper à son village où son père propriétaire d'un drugstore projette de la marier avec le fils du garagiste... Pas très douée, mais son patron décèle un vrai don pour la dactylographie, il désire en faire une championne.
Le film est parfois un peu long, tombant par moments dans un sentimentalisme ennuyeux. Ces travers ne nous permettent pas de la situer au niveau des grandes comédies de l'année: Camille redouble, Cherchez Hortense ou encore Adieu Berthe...Mais comme tous les personnages du film, nous avons eu une vraie sympathie pour Rose incarnée remarquablement par Deborah François. Si Bérénice Bejo est toujours parfaite,  nous avons un vrai problème avec Romain Duris au rictus figé qui ne cesse de nous agacer, nous avons eu par contre le plaisir de croiser ses parents du jour Eddy Mitchell et la toujours sémillante Miou-Miou.
Un film vintage, à l'esthétique influencé par la série Mad Men, qui a su attirer notre sympathie !

Vu à la Pagode

Stagecoach - John Ford

"John Ford est un des réalisateurs que j'estime le plus. Il se distingue des autres réalisateurs américains par une sorte de sublimation que l'on retrouve dans tous ces films. Chez lui, le spectacle est fondé sur les contrastes et sur la combinaison de rythmes rapides et de rythmes lents, plus sereins ou plus dramatiques ou plus poétiques. On trouve chez Ford une force qui n'a aucun équivalent dans l'histoire du cinéma: une force volcanique, intérieure, véritablement spontanée et authentique."

Manoel De Oliveira - Propos recueillis à Lisbonne en mai 1987 par Manuel S. Fonseca. (John Ford - Editions des cahiers du cinéma).

Nous avons voulu mettre en exergue de cet article les propos de Manoel De Oliveira, le doyen des cinéastes qui synthétisent à merveille le cinéma de John Ford. Un cinéaste à qui nous portons un véritable culte, assurément le plus grand conteur du 7eme art. Régulièrement nous relisons avec délectation le compte rendu par Bertand Tavernier d'une rencontre avec le cinéaste qui figure dans son livre "Amis américains". Nous ne pouvions pas rater la séance du ciné-club de Claude Jean Philippe consacrée à Stagecoach ou "la chevauchée fantastique" un titre français que nous n'aimons pas

Stagecoach est un film majeur, tourné en 1939, il relance le western tombé quelque peu en désuétude depuis la fin du muet, mais c'est aussi un formidable marchepied pour la carrière de John Wayne. Inspiré par la nouvelle "Boule de suif" de Guy de Maupassant, Stagecoach est le trajet dans une diligence à travers l'Arizona sous la menace des apaches et de leur chef Geronimo d'un groupe d'américains où toutes les couches de la société sont représentées. Une femme d'officier enceinte prête à accoucher, un représentant de commerce, un médecin alcoolique, un bandit, une prostituée,un ex-officier sudiste devenu joueur professionnel,  un banquier véreux ... ils doivent faire face ensemble à la menace alors que les convenances sociales leur imposent une certaine réserve entre eux selon ce qu'ils incarnent. Face au danger les masques tombent,   chacun révèle sa véritable nature. Véritable plaidoyer pour la tolérance, un thème cher au cinéaste qui affiche ici sa détestation des mères patronnesses et autre ligue de vertu. Un film plein d'humanité, où le cinéaste va à chaque fois à l'essentiel refusant toute forme de spectaculaire, il filme pour la première fois Monument Valley, il va en faire son territoire. L'Amérique renoue avec le Western, c'est sa légende qu'elle écrit à travers ce genre.

C'est à travers ce film que Orson Welles va apprendre l'art du cinéma comme il le confie à Peter Bogdanovitch lors d'un entretien. Il se fait projeter le film à multiple reprises convoquant des techniciens pour se faire décrypter le cinéma de Ford. Au cours de cet entretien, il dément ainsi être l'inventeur des plafonds bas qui ont fait la marque de son premier film, c'est dans ce film de Ford qu'il a relevé cette façon de fermer l'image.

John Ford est un géant !

An Awesome Wave - Alt J

Toujours orphelins de l’émission de Bernard Lenoir disparue des ondes de France Inter, nous sommes certains de passer à coté d'albums majeurs de la pop musique. Impression confirmée à la lecture du classement 2012 des Inrockuptibles des albums de l'année, nous avions raté Alt J un groupe venu de Leeds. Ils sont quatre , et ils frappent fort avec un album d'une richesse incroyable, sorte de melting pot d'influences diverses et variées allant  du folk à la musique de Radiohead. Un album envoutant, une vraie pépite de l'année 2012 !

 An Awesome Wave est notre album de la semaine.


samedi 22 décembre 2012

Tess - Roman Polanski

Adaptaté du roman victorien de Thomas Hardy, Tess a une place particulière dans la filmographie de Roman Polanski. L'ouvrage lui fut vivement conseillé par son épouse Sharon Tate avant qu'elle ne meure tragiquement. Le film lui est dédié. 
Produit par Claude Berri, Tess est entièrement tourné en France , Roman Polanski vient de quitter précipitamment les Etats-Unis reconnu coupable de viol sur une jeune fille mineure il lui faut éviter la Grande Bretagne, une affaire qui le poursuit encore. Le tournage déjà compliqué, long devient  tragique avec la mort du chef opérateur Geoffrey Unsworth après trois semaines de tournage.
Ce film qui avait pu nous apparaitre quelque peu académique lorsque nous l'avions vu sur un petit écran, retrouve en salle obscure toute sa dimension. Tess doit être vu en grand, nous en sommes convaincus dés la première scène de toute beauté où des jeunes filles de la campagne dont Tess partent  danser dans un champ à l'occasion d'un bal champêtre. Spectacle envoutant de trois heures, tourné exclusivement en décor naturel, ce film est une pure splendeur. Nastajia Kinski incarne une Tess de toute beauté, elle irradie le film en toute simplicité.
Le père de Tess modeste fermier alcoolique du Dorset a appris du pasteur qu'il est le descendant d'une grande famille anglo-normande les  d'Uberville, il projette alors d'envoyer sa fille auprès de ses cousins d'Uberville pour gagner leur soutien financier. Accueillie dans le manoir des "cousins", Tess est violée par Alec d'Uberville subjugué par la beauté de la jeune fille. Découvrant sa grossesse, la jeune fille s'enfuit pour retourner chez ses parents. Elle accouche d'un garçon qui meurt rapidement.
Tess s'engage alors dans une  laiterie, elle y rencontre Angel Clatre le fils d'un pasteur venu étudier l'agriculture. Très rapidement les deux gens tombent amoureux. Le mariage est prononcé, Tess a enfin trouvé le bonheur mais elle révèle avant sa nuit de noces son passé à son mari qui la rejette et s'enfuit pour le Brésil... Seule, désespérée, Tess repart travailler   comme ouvrière agricole. A la mort de son père, elle n'a pas d'autre alternative pour sauver sa mère,et ses frères et sœurs de la pauvreté que d'accepter "le secours" d' Alec toujours épris de la jeune fille . Jusqu'au jour où Angel revient du Brésil...

Film vu au Champo

vendredi 21 décembre 2012

Vigdis la farouche - Sigrid Undset

Nous n'avons jamais lu les sagas islandaises, mais il ne fait aucun doute qu'elles furent une source d'inspiration pour Sigrid Undset qui fut une grande lectrice mais aussi une traductrice de cette littérature du Moyen Age. Fille d'un archéologue célèbre, l'écrivain norvégienne qui obtint le prix Nobel de Littérature en 1928 a toujours eu une passion pour l'Histoire, Vigdis la farouche, magnifique mélodrame se situe au Moyen Age à une époque où les croyances païennes se mêlent au christianisme.
Vigdis est la fille de Gunnar un seigneur norvégien, ce dernier donne le gite à Veterlinde un islandais de passage venu dans le grand nord pour acheter du bois de charpente. Avec lui, son neveu Viga Ljot qui ne va pas rester longtemps insensible aux charmes de Vigdis... La jalousie de Vuga Ljot envers Kare de Grefsin le voisin de Vigdis rend cet amour impossible, la caractère impétueux et querelleur du jeune homme fâche Gunnar qui ne peut envisager cette union pour sa fille avec un homme qui ne respecte pas les règles de l'hospitalité. ... Lors d'une rencontre secrète, Vuga Ljot viole Vigdis, de cette union forcée nait un enfant . Un enfant élevé dans la haine de son père par sa mère restée définitivement célibataire.
Vuga Ljot reparti seul sur son ile se marie avec la plus belle fille du pays avec qui il fonde une famille. Mais  la mort tragique de ses enfants puis celle de son épouse pousse Vuga Ljot à repartir vers Vigdis son amour de jeunesse qui n'a jamais cessé de le hanter. A son arrivée il découvre l'existence de son fils Ulvar...

Une lecture plus qu'agréable, difficile de ne pas tomber sous le charme de Vigdis une femme de tempérament qui ne laisse à personne le soin de décider de son avenir. Tous les thèmes de la littérature de Sigrid Undset sont bien là, l'importance du christianisme, l'échec de l'amour ... Elle ne cache en rien les mœurs violentes de l'époque, les valeurs chrétiennes de plus en plus présentes dans le grand nord pouvaient être un salut pour les âmes enclines à la violence et faire œuvre de civilisation. Elle nous offre un vrai roman d'aventures et de passion qui se lit d'un seul trait, un roman épique!
Il nous faut prendre le temps de faire le tour de l’œuvre de l’écrivain norvégienne!

jeudi 20 décembre 2012

Carmadou 2012 - Notre sélection

Pour la 4eme fois nous allons remettre nos "carmadou" de l'année . Ce prix si particulier dont le vainqueur n'est pas informé de sa victoire qui n'a d'ailleurs aucune incidence sur son quotidien puisqu'il ne dope en rien la vente de son œuvre. Puisque nous sommes deux à composer le jury, l'unanimité est la règle pour choisir nos coups de cœur de l'année. Nous avons réussi notre première étape à travers une première sélection d’œuvres lues, vues ou entendues:

Cinema:

Holly Motors de  Leos Carax
Laurence Anyways de Xavier Dolan
Camille redouble de Noemie Lvosky
Tabou de Miguel Gomes
Oslo, 31 aout de Joachim Trier
Amour de Michael Haneke
Margin Call de J.C Chandor
Après Mai de Olivier Assayas
Looper de Rian Johnson
Despues de Lucia de Michel Franco

Livres

14 de Jean Echenoz
Nemesis de Philip Roth
Home de Toni Morrison
Ciseaux de Stéphane Michaka
Oh... de Philippe Djian
L'herbe des nuits de Patrick Modiano
Le sermon de la chute de Rome de Jérome Ferrari
Peste & Cholera de Patrick Deville
Une année studieuse de Anne Wiazemski
L'urgence et la patience de Jean-Philippe Toussaint


Musique

Lescop - Lescop
The XX - Coexist
Soko - I thought I was an alien
Dominique A - Vers les lueurs
Bill Fay - Life is a people
Fiona Apple - The Idler Wheel
Cat Power - Sun
Patrick Watson - Adventures in your Backyards
Patti Smith - Banga
Benjamin Biolay - Vengeance.

mardi 18 décembre 2012

Dora Maar

Elle est connue pour avoir été la compagne et la muse de Pablo Picasso, les tableaux qu'elle a inspirés au peintre espagnol se vendent aujourd'hui à prix d'or... Mais il serait malheureux de réduire sa vie à son rôle de modèle, elle fut une femme importante du siècle dernier... 
Après avoir étudié chez André Lhote où elle croisa Henri Cartier Bresson, elle posa pour les plus grands photographes de son temps dont Man Ray,  elle fut proche des surréalistes notamment de Georges Bataille. Dés les années 30, elle se lance dans la photographie avant d'abandonner cet art pour se consacrer à la peinture.
Dora Maar fut une grande dame du siècle passé, morte à Paris, nous ne savons pas pourquoi elle fut enterrée au cimetière de Clamart. Le plus triste, est qu'il n'y a plus personne aujourd'hui pour avoir idée d'aller fleurir sa tombe.

dimanche 16 décembre 2012

Les franglaises - Compagnie les Tistics.

Ils sont douze sur scènes, pour un concept assez simple, reprendre des hits anglais traduits littéralement en français.Pour créer une véritable interactivité, les premiers mots de la chanson sont lus , le public devant trouver le deviner avant qu'il soit interprété par la compagnie.
"Tu dis oui, je dis non, tu dis arrête et je dis vas-y ! vas-y" Ainsi débute Hello Goodbye des Beatles.Nos joyeux drilles se jouent de ces titres qui ont bercé nos années passées, Beach Boys, Pink Floyd, les Eagles... ils les  passent tous à la moulinette  osant tout même rebaptiser Georgia de Ray Charles en "Georgette". Ils sont bons chanteurs, ils amusent la salle par leur chorégraphie... Si ils soulignent le coté ridicule de ces chansons populaires, ce pastiche est aussi un clin d’œil plein d'affection à ces rythmes universels qui ont enchanté des générations entières. Un vrai moment de bonne humeur!

Nous avions vu il y a quelques années un spectacle le quatuor  où un groupe de musicien pastichait l'univers de la musique classique, les franglaises sont un peu l'équivalent pour la musique Pop, nous nous inquiétons de savoir comment ils vont pouvoir renouveler dans l'avenir leur spectacle. Sont-ils condamnés à tourner en rond?

Un spectacle sympathique!

Patrick Watson - Adventures in Your Own Backyard

Honteusement, nous n'avons pas encore pris le temps d'écouter le dernier album du génial canadien, Patrick Watson. Pourtant depuis l'extraordinaire "Close to Paradise", nous sommes sous le charme de ce musicien hors pair,  alors c'est avec un plaisir immense que sa dernière production tournera sur notre platine la semaine prochaine.

samedi 15 décembre 2012

Tabou - Miguel Gomes

Tabou c'est d'abord un film intimiste où nous partageons le quotidien de trois femmes vivant sur le même palier d'un immeuble à Lisbonne. Aurora, une personne âgée qui tend à perdre un peu les pédales est aidée dans son quotidien par Santa une femme de ménage originaire du Cap Vert, et Pilar la voisine bienveillante.  La vieille dame fait un malaise, hospitalisée, elle demande à voir Ventura mais lorsque Pilar met la main sur le vieil homme il est trop tard Aurora est décédée... L'enterrement terminé, Ventura raconte aux deux femmes l'histoire d'Aurora.
C'est le début du film d'aventures qui nous plonge à l'époque coloniale, au cœur de l'Afrique noire au pied du Mont Tabou, une histoire romanesque d’adultère et de meurtre...
Pas la peine de chercher dans un coin d'Afrique, le mont Tabou, n'existe pas; ni en Angola, ni au Mozambique... Tabou ici c'est une référence claire au cinéma de Murnau, la deuxième partie qui nous plonge dans le passé d'Aurora est tournée en muet, nous suivons la jeunesse de l’héroïne, une riche fermière  guidée par la voix off de celui qui fut son amant, une histoire d'amour scandaleuse pour l'époque... 
Assurément un des films les plus passionnants de l'année, du cinéma contemporain qui plonge aux racines du cinéma muet. Bien loin de "the artist", le film n'est en rien un pastiche du cinéma d'hier, le recours au muet relève plutôt ici d'une technique narrative qui permet de reconstituer un monde aujourd'hui disparu celui des colonies.
Un film hypnotique d'une grande beauté, un sublime mélodrame qui permet peut être de mieux appréhender le mystère de ce mot portugais totalement intraduisible: Saudade !

Maurice Herzog (15/01/1919 - 14/12/2012)

Il faisait partie de la première équipe à avoir atteint un sommet de 8000 mètres, l'Annapurna en 1950. Pris seul en photo au sommet de la montagne, cet exploit fit sa gloire, il y laissa une partie de sa main et de son pied. Il se chargea lui-même d'écrire sa propre légende. Le pauvre homme a eu la vie longue, plus longue que sa propre légende remise en cause ses dernières années, par celui qui l'accompagna au sommet de l'Annapurna, Louis Lachenal et plus récemment par sa fille Félicité.
Mythomane, Mégalomane, l'homme n'attire plus la sympathie. A écouter l'hommage rendu par un autre montagnard célèbre Pierre Mazeaud qui comme lui a rejoint par la suite le rang des gaullistes, nous comprenons que l’affection que se portaient les deux hommes n'était pas grande. En haut des cimes c'est l'amour vache.
Nous rappellerons ici le nom de ceux qui l’accompagnèrent durant cet exploit retentissant: Louis Lachenal,  Gaston Rébuffat, Lionel Terray, Marcel Ichac, Jean Couzy, Marcel Schatz, Jacques Oudot (médecin) et Francis de Noyelle (agent de liaison)

vendredi 14 décembre 2012

Ninotchka - Ernst Lubitsch (1939)

Ninotchka Yakouchova, bolchévique convaincue et incorruptible débarque à Paris pour conclure une vente de bijoux confisqués lors de la révolution à la Grande Duchesse Swana, mais aussi pour reprendre en main les trois représentants de commerce envoyés précédemment pour exécuter cette mission. Ces derniers, grisés par la vie parisienne ont oublié bien vite les idéaux de la révolution prolétarienne et ont trop rapidement attirés l'attention sur les bijoux de la duchesse... Dés son arrivée dans la capitale, Ninotchka est repérée par le comte d'Algout qui cherche à mettre la main sur les bijoux pour les restituer à Grande Duchesse exilée à Paris dont il est l'amant. Le comte charmé par l'agent soviétique va bien vite oublier la Grande duchesse...
"Garbo laughs",  ainsi fut lancée cette comédie de Ernst Lubitsch. Avant-dernier film de l'actrice suédoise, c'est aussi la seule comédie de sa filmographie où par un simple éclat de rire dans un bistrot parisien elle nous offre peut être la plus belle scène de rire de l'histoire du cinéma .  Derrière l'apparente légèreté du propos, Ernst Lubitsch  dénonce sans ambiguïté les dérives staliniennes et l'absurdité du système soviétique avec une ironie décapante qui n'épargne pas non plus le capitalisme. Si le cinéaste n'a pas peur d'utiliser les grosses ficelles de la comédie, son cinéma est toujours aussi subtil ; ainsi à travers le simple usage d'un chapeau il nous fait comprendre que l’héroïne a définitivement succombé aux plaisirs de la vie parisienne et au consumérisme de la société capitaliste. Ce film est avant tout une ode à l'amour et au rire, un film optimiste où le cinéaste semble croire que la vie parisienne peut avoir raison de toutes les dérives de son temps, où un aristocrate français et une jeune communiste soviétique peuvent tomber follement amoureux. Une comédie irrésistible !
Billy Wilder un des scénaristes du film revient sur ce film dans son livre d'entretien avec Cameron Crowe il donne notamment sa définition de la Lubitsch touch:

"C'était l'utilisation élégante de la "super plaisanterie". Vous avez une plaisanterie et vous en êtes satisfait, et puis vous en ajoutez une autre encore mieux par-dessus. Celle qu'on n'attendait pas. C'était ça, la Lubitsch Touch"

Film vu dans le cadre : "2012 année de la comédie américaine"

mercredi 12 décembre 2012

Ravi Shankar (07/04/1920 - 11/12/2012)

Nous ne dirons rien de plus malin que ce raconte toute la presse suite au décès du musicien Ravi Shankar, le maître incontesté du sitar. C'est son influence sur la musique pop que nous évoquerons ici et notamment sa rencontre avec George Harrison, leur deux noms resteront éternellement liés. Le sitar est utilisé pour la première fois dans l'histoire du rock sur le morceau Norvegian Wood de l'album Rubber Soul. Brian Jones ne résiste pas longtemps au charme de cet instrument, c'est sur Paint it black que le guitariste glamour des Stones va en user pour la première fois.
Ravi Shankar devient rapidement une star planétaire, il participe notamment au concert de Woodstock aux cotés de Janis Joplin et de Jimi Hendrix. Mais son influence ne limite pas à la scène rock. John Coltrane, Yehudi Menuhin ou encore Jean-Pierre Rampal ont également travaillé avec le musicien indien.
Un géant s'est éteint !



lundi 10 décembre 2012

Une trop bruyante solitude - Bohumil Hrabal

Hanta, voila trente cinq ans qu'il envoie au pilon des tonnes de papier, des ouvrages interdits, une carrière commencée au lendemain de la seconde guerre mondiale avec des ouvrages de la bibliothèque royale de Prusse . Crasseux, alcoolique, il vit à l'écart du monde... mais la tentation est trop grande, il ne peut s’empêcher d'ouvrir ces livres interdits qu'il doit broyer et de se nourrir de toute cette philosophie qui lui passe entre les mains. Mais de nouvelles machines, de nouvelles méthodes de travail,apparaissent et Hana va devoir laisser sa place à de jeunes ouvriers plus efficaces...
Ecrit sous la forme d'un "samizdat" (ouvrage clandestin), ce court roman baroque est un vrai cri de révolte contre les totalitarismes. Le monde décrit par Ray Bradbury fut son quotidien, empêché par les évènements historiques de 1939 à mener ses études universitaires, Bohumil Hrabal va enchainer les petits boulots dans des domaines totalement différents, une manière de découvrir le monde. Au début des années 60,paraissent ses premiers écrits, mais après le printemps de Prague, il est mis au ban de la société, ses livres sont interdits pour "pornographie", ils sont envoyés au pilon.
En 1976, il signe l'anticharte, un texte officiel voulant s'opposer au mouvement de contestation dirigé par Vaclav Havel. Nous connaissons trop l'horreur des régimes communistes pour nous permettre le moindre jugement sur le revirement de Bohumil Hrabal qui fut alors réhabilité par le régime socialiste.
Reste  ce  roman iconoclaste  dont son auteur disait " je suis venu au monde pour écrire une trop bruyante solitude", une œuvre majeure de la littérature tchécoslovaque.
Si le XX eme siècle a vu le livre se démocratiser, entrer dans tous les foyers, dans tous les milieux sociaux, il fut aussi au court de ce même siècle, régulièrement détruit, brulé, pilonné... un objet trop dangereux pour les régimes totalitaires !

dimanche 9 décembre 2012

Dave Brubeck (06/05/1920 - 05/12/2012)


Pianiste de Jazz, Dave Brubeck et son quartet ont marqué en 1959, l'histoire du Jazz avec l'album Time Out. Un album qui nous a jamais vraiment quitté et nous donne toujours de l'énergie à son écoute.
Pour rendre un dernier hommage à ce génial pianiste, Time Out est notre album de la semaine !

samedi 8 décembre 2012

Les bistrots

Les villes de la banlieue parisienne sont tristes, le soir venu les rideaux sont fermés, tous les bistrots sont fermés, les gens se retrouvant chez eux ... Alors lorsque nous sommes de retour dans le Sud Ouest, c'est toujours avec un grand plaisir que nous investissons les bistrots du centre ville, un vrai lieu de vie, d'échanges...



vendredi 7 décembre 2012

Signaux - Mise en scène de Yngvild Aspeli

C'est sur le bruit si particulier de pas qui crissent sur la neige que s'ouvre le spectacle. Nous sommes en hiver en Norvège,  un homme a perdu une main lors d'un accident. Confronté à des douleurs fantômes, l'homme mutilé se renferme sur lui, hanté par son membre manquant, parlant uniquement à son dictaphone lui confiant son ennui, ses sombres pensées. Cloitré dans sa chambre, il observe le monde de sa fenêtre. Une mystérieuse femme bleue, solitaire, apparait.Chacune de ses apparitions réveille la douleur de La main coupée. Cette femme qui passe chaque soir, prend une place de plus en plus importante. Il essaye en vain de lui envoyer des signaux avec une lampe de poche pour attirer son attention...
Adapté d'une nouvelle de Bjarte Breitvig, ce spectacle mise en scène par Yngvild Aspeli où le personnage principal est incarné par une marionnette est une superbe interprétation d'un homme qui sombre dans la névrose, rongé par la douleur. Un lit, une simple fenêtre avec du givre où des dessins apparaissent, une magnifique scénographie  qui nous fait partager la douleur psychologique de cet homme qui se coupe du monde, confronté à lui même, à ses douleurs, un plongeon dans un hiver sans fin ...

Un travail de toute beauté !

Vu dans le cadre du Festival MAR.T.O

La ronde - Max Ophuls

Adapté d'une pièce d'Arthur Schnitzler qui fit scandale en son temps, le film de Max Ophuls  qui nous plonge à Vienne au temps de sa splendeur signe le retour du cinéaste en Europe. D'une construction étonnante autour de dix scènes reliées  entre elles par un maître de cérémonie, dix scènes qui racontent une relation sexuelle, et souvent une infidélité, puisque dans chaque nouvelle rencontre nous retrouvons un personnage de la scène précédente. Curieux chassé croisé qui se termine par une brève aventure entre un soldat de l'armée autrichienne et la prostituée de la première scène. La boucle est bouclée. Et nous pourrions reprendre une chanson populaire transformant le refrain en "elle court elle court la syphilis", tant toutes les couches de la société viennoise se croisent à travers ses histoires d'amour: militaires, femmes de chambres, actrices, femmes mariées, fils à papa,... un vrai terreau pour les maladies vénériennes...
C'est un catalogue des liaisons amoureuses que nous propose Max Ophuls, un catalogue un brin désenchanté où la passion amoureuse ne semble pouvoir résister au temps. L'amour ne dure que le temps d'un soir, d'une sieste, utilisant à merveille l'art de l'ellipse les relations sexuelles ne sont jamais filmées... et nous tourbillonons vers une autre rencontre, tout tourne dans ce film, c'est un peu normal au pays de la valse.
Ophuls réussit un retour éblouissant en Europe réalisant une admirable série de plans séquences ,  figure à l'affiche toute la jeune génération du cinéma français: Simone Signoret, Serge Reggiani, Daniel Gelin; mais aussi des acteurs plus établis: Gerard Philippe, Jean-Louis Barrault,  Danielle Darrieux ou Odette Joyeux. Voir un Film de Max Ophuls après un de Lubitsch nous permet de voir une réelle proximité entre ces deux géants, une élégance commune. Et pour reprendre un mot de Philadelphia Story de George Cukor, ils sont "yar"

Film vu dans le cadre de notre cycle "Max Ophuls"

jeudi 6 décembre 2012

Oscar Niemeyer (15/12/1907 - 05/12/2012)

"Ce n'est pas l'angle qui m'attire. Ni la ligne droite, dure, inflexible. Ce qui m'attire, c'est la courbe sensuelle que l'on trouve dans le corps de la femme parfaite"

A
insi parlait de son art, Oscar Nemeyer, l'architecte brésilien influencé par Le Corbusier, dont les œuvres de béton blanc et de verre sont facilement reconnaissables. Nous nous rappelons notamment la Maison de La Culture du Havre où nous nous sommes rendus en ce début d'année.

Son nom restera définitivement collé à la ville Brasília dont il fut un des principaux concepteurs. Exilé un temps dans notre pays pour fuir la dictature militaire. Il est l'architecte du siège du Parti Communiste Français de la place du colonel Fabien.
Il est difficile pour nous de parler de la capitale brésilienne sans avoir une pensée pour le film de Philippe de Broca "l'homme de Rio" avec Jean-Paul Belmondo et Françoise Dorléac.

R.I.P Monsieur Oscar Nemeyer

mercredi 5 décembre 2012

Le ciel peut attendre - Ernst Lubitsch (1943)

Henry Van Cleeve, un riche américain tout juste mort se présente aux portes de l'enfer persuadé que sa conduite passée le condamne irrémédiablement à la damnation. Le gardien  demande de raconter sa vie avant de lui donner accès au monde  de Lucifer.... Ce journal d'un débauché qui débute par l'enfance de Henry est rythmé par ses fêtes d'anniversaire. Nous apprenons notamment comment il a volé sa femme, Martha une naïve fille du Kansas, à son insupportable cousin, un avocat passé par Harvard. Puis comment il ne put s’empêcher de continuer à courir après les jeunes danseuses malgré l'amour sincère qu'il pouvait porter à son épouse. Mais ce qui a toujours sauvé Henry c'est son charme fou, on lui pardonne toutes ses fautes que ce soit ses parents ou plus tard son épouse. Mérite t-il pour autant de brûler en enfer?

Sublime Lubitsch, au sommet de son art, qui nous offre une comédie d'un grand raffinement sans aucun jugement moral, c'est d'une drôlerie irrésistible avec en point d'orgue comique  le repas des parents de Martha, où l'on retrouve à chaque bout d'une table immense le père (génial Eugéne Palette) et la mère  se disputant un journal avec le pauvre groom contraint de transmettre les doléances réciproques. Gene Tierney, Don Ameche et Charles Coburn  donnent toute la saveur et son élégance à cette comédie un sommet de la  "Lubitsch touch", nous avons juste une réserve sur la coiffure faite à Gene Tierney"vieillissante". Lubitsch qui s'est révélé inapte à reprendre l'entreprise familiale, plus passionnée par le monde du théâtre, a mis beaucoup de lui dans le  personnage de Henry. Il se dégage de ce film une certaine mélancolie qui donne à cette comédie toute son épaisseur,  le cinéaste confiait d'ailleurs avoir filmé "la fin d'une époque où il était possible de vivre pour le simple bonheur de vivre"..

Vu dans le cadre de notre cycle, 2012, année de la comédie américaine

mardi 4 décembre 2012

Amour - Peter Nadas

Un homme rejoint sa maitresse pour lui annoncer sa rupture. Mais une fois arrivée dans l'appartement du sixième étage, il n'a pas le courage de rompre. Ils partagent une cigarette, puis deux de Marijuana. La jeune fille se laisse aller, portée par l'effet de la drogue, alors que son amant panique, tombe dans une angoisse dont il ne sort pas. Il ne sait plus distinguer le vrai du faux, il analyse le moindre de ses gestes, il a perdu totalement le sens du temps. Une crise de schizophrénie? peut être bien. C'est une vraie descente aux enfers à laquelle nous assistons, il semble ne trouver aucune issue à son état de panique si ce n'est la tentation de se jeter dans le vide...

Etrange ouvrage, une description minutieuse, d'un geste, d'une tentative d'attraper un verre... emmerdant pourrions nous aussi dire, tant il ne se passe rien ou si peu. Et finalement le livre ne nous tombe pas des mains, nous restons fascinés par cette écriture précise, musicale; un livre à lire à haute voix qui se révèle envoutant.

Peter Nadas est un écrivain hongrois né en 1942. Il nous permet de réaliser l'étape Hongroise de notre défi: l'Europe des écrivains.

lundi 3 décembre 2012

The Palm Beach Story - Preston Sturges

Gerry Jeffers, mariée depuis 5 ans à Tom, se lasse des inventions sans lendemain de son époux, qui laissent le couple dans un marasme financier. Expulsés de leur appartement, ils  ne doivent son salut qu''à un vieillard texan qui a fait fortune dans la saucisse.Ce dernier charmé par la jeune femme  lui a donné de quoi solder ses dettes. C'en est trop , elle décide de quitter son mari pour trouver un homme capable d'assumer son train de vie. Parvenant à semer Tom, Gerry finit par tomber après moult péripéties dans les bras d'un milliardaire qui lui propose  le mariage... Mais définitivement c'est Tom qu'elle aime...
C'est la troisième fois que l'actrice d'origine française, Claudette Colbert est à l'affiche de notre cycle consacré à la comédie américaine après la huitième femme de barbe bleue de Ernst Lubitsch et New-York- Miami de Frank Capra.  C'est toujours avec le même plaisir que nous la retrouvons dans cette comédie qui reprend un thème classique d'un couple qui se déchire  avant de mieux se retrouver. 
Relevant ce même défi de mettre un maximum de rythme dans les scènes, les gags s'enchainent, Preston Sturges n'a peur de rien surtout pas de la grosse blague, nous avons droit à un voyage en train totalement loufoque où un groupe de chasseurs est décrit comme une bande d'abrutis n'ayant aucun sens du ridicule, ... La faiblesse de ce film vient de l'acteur masculin Joel McCrea loin d'avoir le charisme et la folie d'un Cary Grant, ou d'un James Stewart,  trop sage il a franchement du mal à exister face à Claudette Colbert, c'est là une raison suffisante pour ne pas placer ce film dans notre panthéon  des comédies américaines.

Film vu dans le cadre de notre cycle 2012, année de la comédie américaine...

dimanche 2 décembre 2012

50 words For Snow - Kate Bush

Pour démarrer ce mois de décembre avec ses jours qui raccourcissent, le froid qui s'installe, les premières chutes de neige sur nos montagnes, nous avons décidé de remettre à l'honneur notre coup de coeur de l'année 2011, l'album de Kate Bush "50 words for snow".
Nous ne nous  lassons toujours pas de l'écouter les soirs d'hiver autour d'une tasse de thé ou d'un verre de vin chaud. "50 words for snow" est notre album de la semaine, voire de l'hiver !


samedi 1 décembre 2012

Royal Affair - Nicolaj Arcel

 Caroline Mathilde de Hanovre, sœur du roi d'Angleterre George III part rejoindre avec enthousiasme celui qu'elle a épousé sans jamais l'avoir rencontré préalablement, Christian VII le roi du Danemark.
Mais très vite, vient le temps des désillusions face à ce roi fantasque, souffrant de troubles psychiatrique. Incapable d'exercer son pouvoir, il acquiesce aux ordres du conseil composé de nobles et de membres du clergé.  Se cache en sous main l'influence de sa belle-mère qui rêve d'installer sur le trône son fils, elle manipule le roi pour le dresser contre la nouvelle souveraine qui vient entraver ses projets. Le mariage est un échec pour la jeune reine, tombée néanmoins rapidement enceinte, elle vit de plus en plus seule au cœur du palais. Elle donne un héritier à la couronne.
Le roi part en voyage, face à ses nombreuses crises, le conseil décide de lui adjoindre un médecin, Johan Friedrich Stunsee introduit auprès du monarque par les partisans du progrès inspirés par l'esprit des Lumières, les livres de Jean-Jacques Rousseau et de Voltaire dont la diffusion est interdite au Danemark. De retour dans son royaume, le roi installe dans son palais le Médecin devenu son ami. Ce dernier est séduit par la reine qui s’intéresse comme lui  à ces nouveaux penseurs du XVIIIéme et à cette idée nouvelle de liberté. Devenu  amants, ils vont utiliser le monarque pour obtenir le renvoi du conseil et mettre en place leurs idées politiques. C'est un véritable coup d'Etat que réussit le médecin, accaparant les pouvoirs il devient le dictateur éclairé du royaume.Une période de progrès s'ouvre au Danemark avant même la Révolution française. Mais les membres du Conseil en disgrâce n'ont pas dit leur dernier mot. Au moyen  d'un complot, ils arrivent à reprendre le pouvoir envoyant le docteur Stansee à l'échafaud et la Reine en Exil. C'est l'heure de la réaction.
Histoire passionnante que celle du trône du Danemark au cœur du XVIII° siècle. Nous avons été finalement tenus que par ces intrigues du palais et la justesse de l'interprétation des différents acteurs, la mise en scène de Nicolaj Arcel s’avérant elle fort décevante. La scène filmant l'arrivée de la jeune reine au Danemark pouvait nous faire penser au Marie Antoinette de Sofia Coppola où nous retrouvions un moment équivalent mais très vite nous allons déchanter devant les choix convenus du cinéaste. Voire catastrophiques si nous nous rappelons cette scène où la jeune fille découvre sur les conseils du Médecin le plaisir de monter son cheval tel un homme, oubliant sa posture d'amazone, ou cet autre moment où le réalisateur nous impose un ralenti pénible pour nous faire comprendre qu'il se passe quelque chose entre la reine et Stansee lors d'un bal masqué, ridicule enfin est la scène de décapitation du médecin outrageusement sanguinolente qui nous a rappelé qu' en son temps Robert Enrico avait lui aussi réalisé un film racontant de manière très académique la Révolution Française, nous retrouvons ici les mêmes lourdeurs. Le film souffre terriblement de la comparaison avec les lignes de Wellington vu la semaine dernière, où la cinéaste Valeria Sarmiento avait su par des choix judicieux donner à son récit un souffle épique.
Découvrir cette épisode de l'histoire danoise fut néanmoins  passionnant, donnant l'envie d'étudier de manière plus approfondie cette période. Il est certain que ce film souffre d'un certain nombres de travers,  nous pouvons difficilement imaginer  avoir un jour le désir de le revoir. Ce que le Danemark nous offre actuellement de plus passionnant à voir reste Borgen la série télévisée diffusée chaque Jeudi soir sur Arte, un "exercice de l'état" captivant.

vendredi 30 novembre 2012

Pygmalyon - Go - Festival MAR.T.O

Nous avons vu deux spectacles dans le cadre de la treizième édition du festival M.A.R.T.O (Marionnettes et Théâtre d'Objet). Pour en savoir plus en cliquant ici.

Un premier spectacle est inspiré du mythe de Pygmalion. Une marionnette en résine, quelques objets, des jeux d'ombres, Renaud Herbin propose une évocation du mythe de Pygmalion, sculpteur  tombé amoureux de sa créature qui par l'intervention d'Aphrodite prend vie. Numéro d'une véritable virtuosité qui se révèle assez froide, et si nous sommes impressionnés par l'exécution de certains passages, l'ennui n'est jamais très loin.  Ce spectacle fut peut être desservi par une distance trop grande entre le public et l'acteur. Dans le programme distribué à l'entrée nous avions un extrait des métamorphoses d'Ovide, le spectacle ne nous en a pas rendu la saveur...

Le deuxième spectacle fut un réel enchantement .Polina Borisova, une artiste russe interprète une dame âgée, seule chez elle qui se retourne sur le temps passé. Théâtre d'objets où avec un simple ruban adhésif, la comédienne nous reconstitue des personnages, une atmosphère... Elle nous offre un portrait émouvant de cette vieille personne mélancolique dont les souvenirs du passé sont pour elle la seule fenêtre sur la vie, une manière de traverser les journées de solitude. Drôle, poétique ce numéro de haut vol est un pur moment de bonheur...  Un spectacle à voir !

mercredi 28 novembre 2012

Les désemparés - Max Ophuls

Dernier film hollywoodien de Max Ophuls, "Les désemparés" est le portrait d'une femme déchirée par sa conscience, un thème cher au cinéaste. Lucia élève seule ses deux  enfants, son beau père est également présent dans la maison familiale, mais son mari en déplacement permanent est souvent absent. Lorsqu'elle découvre que sa fille Bea a une liaison avec Ted Darby, un homme plus âgé peu recommandable, elle se rend dans un  hôtel sordide où ce dernier semble loger. Elle lui demande de mettre fin à la liaison qu'il entretient avec sa fille, celui est prêt à accepter l'offre de la mère à condition qu'elle lui donne de l'argent, ce qu'elle refuse.
Lucia révèle la vraie nature de son amant à Bea, cette dernière refuse de la croire... Elle quitte discrètement le domicile la nuit venue pour rejoindre Ted qui révèle à la jeune fille sa vraie nature. Celle ci le repousse et court se cacher dans sa chambre sans se rendre compte que  dans sa chute accidentelle lui a été fatale. C'est sa mère qui au petit matin retrouve le corps, elle va le plonger dans le lac voisin. Mais le corps est vite retrouvé. Un maitre chanteur qui possédait les lettres de la jeune fille envoyées à son amant vient faire du chantage à la mère.... elle n'est toujours pas débarrassée de ses soucis. Lucia ne cède devant rien, elle mène son combat pour protéger sa famille même si pour cela elle doit renoncer à une part de son honnêteté.
C'est un scénario assez traditionnel de film noir, avec un budget limité, les deux films précédents de Max Ophuls n'ont pas fait un carton au box office il ne bénéficie pas d'une confiance aveugle de la part des studios. Le producteur Walter Wanger, époux de Joan Bennett a d'ailleurs pensé dans un premier temps à Jean Renoir mais il renonça à ce dernier trop cher, se tournant alors vers Max Ophuls. Le budget est limité, le temps de tournage est assez court. Pour autant le metteur en scène ne renonce pas à ses principes et à son goût immodéré pour les longs plans séquences, profitant d'une équipe technique expérimentée. Lutz Batcher qui a écrit une biographie sur Max Ophuls explique comment ce qui est prévu pour être tourné en 15 plans dans le scénario, est intégré dans un seul plan séquence par le cinéaste... Il désire une grue, le studio lui refuse à chaque fois il trouve une parade sans renoncer à son style si particulier. Ainsi à partir d'un petit film, il réalise un petit chef d’œuvre de film noir où la tension est savamment menée à son paroxysme. Face à Joan Bennet remarquable, James Mason assume un rôle de sinistre maître chanteur avant de fondre sous le charme de la mère protectrice, un rôle plein d'ambiguité qui lui va comme un gant . Mais son complice n'a pas la même faiblesse devant la dame, donnant au final toute sa force.
Le cinéma de Ophuls s'est enrichi sous l'influence du néo-réalisme italien notamment dans cette scène où Lucia part seule sur un bateau pour se débarrasser du corps de Ted Darby, filmée comme une scène de vie prise sur le fait nous y voyons une  une influence directe du cinéma de Roberto Rossellini.
Un film resté longtemps invisible qui mérite d'être vu car comme toujours chez Max Ophuls, le sujet est totalement maitrisé nous offrant un vrai spectacle. Il eut une influence majeure sur les cinéastes hollywoodiens impressionnés par la maitrise de sa mise en scène.

Vu dans le cadre de notre cycle Max Ophuls.

dimanche 25 novembre 2012

Au-dela des collines - Cristian Mungiu

Alina, de retour d'Allemagne est venue chercher son amie Voichita. . Ces deux là se sont connues à l'orphelinat, elles ont grandi cote à cote, et parce qu'elle avait appris le karaté Alina a offert sa protection à son amie. Nous sommes dans un coin reculé de la Roumanie livré à la pauvreté; l'orphelinat est totalement démuni pour offrir sa protection aux jeunes filles.
Alina partie en Allemagne, Voichita s'est réfugiée dans un couvent orthodoxe voisin. Là, elle  a trouvé une famille et découvert son amour pour le Christ, acceptant de vivre sans aucun confort. Il n'y a pas d'électricité, il faut puiser l'eau. C'est cet amour pour le Christ qui braque sa copine Alina alors qu'elles s'étaient jurées fidélité à l'orphelinat. Elle ne peut supporter de voir son amie refuser les caresses qu'elles avaient prises l'habitude d'échanger dans leurs jeunes années. Alina se révolte contre cette situation nouvelle, elle fait une violente crise nerveuse, les nonnes sous l'ordre du pope n'ont pas d'autre solution que d'attacher la jeune fille pour la mener à l'hôpital où elle finit par retrouver son calme. Mais l’hôpital n'a pas les moyens de la garder, le médecin pense que le couvent lui offrira un cadre plus propice à sa guérison. Alina qui ne peut obtenir de Voichita une relation exclusive rechute... Le pope voit dans les crises de la jeune fille la main du malin, il propose de l 'exorciser. Elle est attachée, seulement nourrie de pain sec, les messes et les prières se multiplient... Alina finit par mourir d'épuisement.
Inspiré par un véritable fait d'hiver qui avait jeté en 2005 la Roumanie dans l'effroi, tant les faits semblaient relever d'une époque  révolue. Nous restons impressionnés par la prestation des deux actrices, Cosmina Stratan et Cristina Flutur justement récompensées au dernier festival de Cannes. Elles sont absolument incroyables, dirigée magistralement par Cristian Mungiu . La mise en scène est d'une précision chirurgicale, chaque plan est soigné et donne au récit toute sa force durant 2H30 . C'est une plongée dans une zone de grande pauvreté, la Moldavie où il semble que rien n'a bougé depuis l'époque de Ceaucescu.  Il n'y a pas vraiment de méchants car à aucun moment nous ne pouvons douter de la sincérité du pope et de ses ouailles, ils veulent sincèrement sauver cette jeune fille de ses démons, ils sont victimes de leur ignorance, d'une vie sans ouverture sur le monde, rythmée par des pratiques superstitieuses.
Un grand film de Cristian Mungiu qui nous avait déjà bouleversé avec 4 mois, 3 semaines, 2 jours. Il signe à nouveau un magnifique portrait de femmes. 

Vu à l'UGC des Halles

Tantôt Rouge Tantôt Bleu - Mona Heftre chante Serge Rezvani

Les chansons de celui qui se faisait alors appeler Bassiak restent intimement liées au cinéma de la nouvelle vague et plus particulièrement au Jules et Jim de François Truffaut et à Pierrot le fou de Jean-Luc Godard. Le tourbillon chanté par Jeanne Moreau ou Jamais je ne t'ai dit.... interprété par Anna Karina restent ancrés à jamais dans la mémoire des amoureux du cinéma des années 60.  Avec ses textes d'une étonnante légèreté, véritables tranches de vie, Serge Rezvani signe une des plus belles pages de la chanson française.
En 2000, les éditions Actes Sud ont sorti un livre-disque, recueil des textes de Serge Rezvani, associé au disque où Mona Heftre reprend avec simplicité les chansons de l'écrivain,  acteur dans Jules et Jim.
Dans une préface, Serge Rezvani revenait sur cette période de sa vie:
"Ces chansons, que Mona Heftre, chante aujourd'hui si merveilleusement, datent des années soixante. Leurs paroles et leurs musiques sont venues ensemble, dans un même mouvement de félicité, en contrepoint des jours vécues avec celle qui les a inspirées - et que dans mes romans autobiographiques j'ai nommée Lula.
Pour la plupart, d'ailleurs ces chansons sont un peu comme le journal chanté de ma vie avec elle, la femme de ma vie. Elles nous disent. Elles disent l'émoi de se découvrir et d'avoir le privilège de vivre ensemble.
Donc elles seraient en quelque sorte un chant naturel venu de lui-même avec facilité, bonheur, facétie. Je les ai composés sans y penser vraiment, la musique portant les mots, poussé malgré moi par le besoin vital de fixer mes émotions, de dire sur un monde inattendu - venant du peintre que j'étais- mon amour pour cette femme... et aussi par la joie de partager ces moments de félicité aves les amis qui nous entouraient."


samedi 24 novembre 2012

Les lignes de Wellington - Valeria Sarmiento

Septembre 1810, les troupes de Napoléon avec le Maréchal Massena à leur tête envahissent le Portugal, ils subissent une première défaite sévère lors de la bataille de Buçaco perdant plus de 5000 hommes face à une coalition anglo-portugaise dirigée par Wellington.  Après cette victoire, les forces alliées traversent le pays pour se replier derrière les lignes fortifiés de Torres Vedras conçues par le général anglais. La population a suivi le repli menant une véritable politique de terres brulées, ne laissant aucune ressource aux forces françaises, arrivées face aux fortifications, elles n'ont pas d'autre alternative que d'abandonner le combat. Le Portugal et son allié anglais ont gagné cette guerre, mais le pays est totalement ruiné.
Le risque de cette grande fresque historique était de nous proposer un récit académique. Valeria Sarmiento qui a repris le projet de son compagnon Raoul Ruiz décédé évite tous les écueils. Nous suivons cette traversée du Portugal, basculant d'un camp à l'autre,  des petites histoires se forment donnant un ton romanesque à ce film de guerre. Nous suivons le destin aussi bien des petits gens que des grands avec parmi eux un Wellington totalement imbu de lui-même incarné merveilleusement par John Malkovitch. Le film n'est pas qu'une simple reconstitution d'une bataille napoléonienne, il nous montre cet exode propre à de nombreux conflits où les populations civiles se mélangent aux forces armées avec leurs lots de déserteurs, de profiteurs, de traitres mais aussi des âmes qui révèlent toute leur grandeur...  La guerre livre le pays aux soudards, les femmes sont les premières victimes.
Difficile de ne pas penser aux Mystères de Lisbonne, le chef d’œuvre de Raoul Ruiz, nous retrouvons ici la même qualité d'image, le même sens du romanesque. Nous retrouvons la magie des grands récits historiques  de la littérature du XIX°.
Magnifique !

vendredi 23 novembre 2012

Thérése Desqueyroux - François Mauriac

"Madame Bovary, c'est moi !" aurait dit Gustave Flaubert.A vrai dire cela semble plutôt relever de la légende que d'une vérité littéraire,mais en admirateurs de l'homme qui tua Liberty Valance nous choisissons les légendes et nous n'hésitons pas à écrire ce jour que Thérèse Desqueyroux c'est François Mauriac.  Cela devient d'autant plus évident lorsqu'on sait depuis les derniers éléments biographiques parus, que François Mauriac a lutté toute sa vie contre ses pulsions homosexuelles pour rester fidèle à ses engagements chrétiens, Il avait conscience de la  cruauté de la différence dans un milieu bourgeois conservateur, l'importance que tient Thérèse dans son œuvre romanesque révèle un véritable attachement pour ce personnage
Le roman s'ouvre sur Thérèse quittant le bureau du juge d'instruction qui a accordé un non lieu. Grâce au témoignage de son mari la voila disculpée de sa tentative d'empoisonnement à son encontre . Chez les Desqueyroux les histoires de famille se règlent en famille et non dans les palais de Justice... Thérèse reprend la route vers le domicile conjugal le temps de préparer les mots qu'elle va dire à celui qu'elle a voulu tuer!
Qu'on ne se méprenne pas le mariage ne fut pas imposé à Thérèse, elle y a consenti parce qu'elle avait la "propriété dans le sang" et il n'y avait pas plus beau mariage à espérer dans le pays pour accroitre le domaine. Mais très vite le mariage la décoit, Bernard n'a aucune sensualité, elle est prisonnière de convenances ancestrales... c'est de toute autre chose qu'avait révé Thérèse. Jeune fille, son père lui avait laissé accés à la littérature un vrai poison pour une jeune fille, une fille pas comme les autres qui fume comme un garçon et rêve de liberté. Alors lorsqu'un soir elle voit son mari se resservir à tort de son médicament à base d'Arsenic, lui vient la fatale idée... un chemin vers la libération !
Lorsqu'elle arrive libre chez son époux, il lui annonce son nouveau régime carcéral, condamné à vivre recluse dans la maison familiale définitivement écartée de sa fille Marie  jusqu'à ce que Anne la belle sœur de Bernard soit mariée il faut que les convenances soit respectées... Thérèse sombre dans la depression, Anne mariée elle peut enfin  partir s'installer à Paris.

Ce personnage tenait à cœur à François Mauriac, nous retrouvons Thérèse dans deux nouvelles: Thérèse chez le docteur et Thérèse à l'hôtel avec toujours ce besoin de séduire mélé à un gout de destruction... puis enfin  dans le roman "la fin de la nuit" où elle renoue avec sa fille Marie devenue une jeune adulte!

Admirable François Mauriac, un des esprits les plus brillants du XXeme qui signe ici un roman magistral !

jeudi 22 novembre 2012

Herzog - Saul Bellow


Moses Herzog, deux mariages deux divorces,  une carrière universitaire mais des travaux de recherche jamais véritablement menés à leur terme, est au bord du gouffre; à un âge où on commence  à se retourner sur son passé pour découvrir parfois avec amertume que sa vie est ratée...

"J'ai peut être perdu l'esprit, mais ça ne me dérange pas, songea Moses Herzog"

Il tangue, un genou mis à terre depuis sa séparation avec sa deuxième épouse Madeleine partie avec son meilleur ami.  Saul Bellow n'a pas eu la vie de facile, il passe ses premières années au Canada, son père un bootleger de bas étage a bien du mal avec les affaires... Issu d'une famille juive originaire de Saint Petersbourg qui a connu en son temps une période faste bien révolue lorsque Moses arrive au mode. C'est peut être de cette jeunesse chaotique qu'il tire sa force pour combattre la dépression. Dans une sorte de folie furieuse, Herzog se lance dans une correspondance sans fin où il écrit sa colére à ses proches, à des journalistes, au président des Etats Unis mais aussi à Nietzsche ou Spinoza.  Ces lettres ne sont jamais envoyées mais elles permettent à Moses de se reconstruire.
Le voyage que nous propose Saül Bellow nous mène au cœur du système de pensée de son héros Moses Herzog, un esprit fertile qui ne se repose jamais, il profite de cette crise pour faire défiler tous les évènements marquant de sa vie. Ça part dans tous les sens, et c'est bien là le génie de Saul Bellow, nous suivons toutes les digressions sans jamais nous perdre; au contraire, nous suivons avec passion ces pérégrinations, qui nous mènent de New-York à Chicago en passant par un coin perdu du fin fond du Massachusetts, nous rions souvent de ces mésaventures et de ces diatribes, nous ramassons toutes les pièces du puzzle et l'image est bien nette quand nous refermons le roman.
Saul Bellow fait partie de ces grands romanciers américains, descendant d'une famille juive d’Europe de l'est. Même né sur le continent américain, au Québec il est fortement marqué par la culture yiddish. Il est d'ailleurs le premier à avoir traduit du yiddish à l'anglais une œuvre de Isaac Baashevis Singer: Gimpel le naïf. Lauréat du prix Nobel en 1976, Philip Roth a pour lui la plus grande estime, il fut assurément une source d'inspiration pour celui qui vient d'écrire son dernier roman Némésis, nous sursautons d'ailleurs lorsque nous tombons sur ces lignes, comme si le titre du dernier roman de Philip Roth était un hommage à son maître:
"Mais moi, avec ma mémoire - tous  les morts et les fous sont sous ma garde, et je suis la Némésis des soi-disant oubliés."

Philip Roth signe d'ailleurs la présentation de la nouvelle édition des oeuvres de Saül Bellow édité dans la collection quarto chez Gallimard. Cet extrait nous montre combien cet auteur est important à ses yeux:

"Tel est Herzog, la plus grande création de Bellow, le Leopold Bloom de la littérature américaine, à ceci près qu'avec Ulysse l'esprit encyclopédique de l'auteur se fait chair dans le verbe qu'il écrit, sans que Joyce" confère jamais à Bloom sa vaste érudition, alors que dans Herzog,  Bellow donne à son héros non pas seulement un état d'esprit, une tournure d'esprit, mais un esprit digne de ce nom.."

Un très grand roman de la littérature américaine.

mercredi 21 novembre 2012

Skyfall - Sam Mendes

Nous n'avons jamais aimé James Bond, n'avons jamais supporté sa veulerie, sa "beaufitude" . Non seulement nous n'aimons pas le personnage mais nous avons toujours été étonnés par la laideur qui se dégage des films généralement réalisés par des tacherons du 7eme Art qui ont donné les pires rôles qui soient aux femmes. Du cinéma pour lecteur du feu magazine "Lui" .
Un rumeur bienveillante sur le dernier épisode nous a poussé ce matin  à aller le découvrir. Nous devons reconnaitre que faire incarner l'espion par Daniel Craig est une excellente idée donnant ainsi un petit coté "poutine" au héros, il ne mérite pas mieux !
Cela s'ouvre par une course poursuite dans les rue d'Istanbul occasion rêvée pour faire de la publicité à différentes marques de véhicules, car c'est aussi cela James Bond un film publicitaire... Les services de la reine n'ont vraiment pas assuré ils se sont fait voler un disque dur avec la liste des agents infiltrés dans différents groupes terroristes, Bond est descendu à l'issue de cette première poursuite, laissé pour mort, son chef écrit son éloge funèbre...Mais 007 est immortel il refait surface... Vieillissant, dépassé par les nouvelles techniques, il garde malgré tout la confiance de M . Il repart au boulot, l’enquête le mène à Shanghai, à Macao avant de se conclure dans son domaine natal au cœur de l'Ecosse. Des paysages parfaits pour de futurs jeux vidéos !
Le méchant met un peu de temps pour faire son entrée en scène, nous offrant une première scène aux sous entendus homosexuels, un méchant plutôt ridicule incarné par un Javier Bardem peroxydé  totalement caricatural... le tout se termine par une scène grotesque de "poum- poum".
Sam Mendes n'est pas arrivé à nous rendre digeste le héros anglais, pourtant il a tenté de rendre le personnage plus complexe, plus épais en nous livrant des éléments de jeunesse du héros. Mais rien n'y fait James Bond nous ennuie toujours autant!

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