Peter Schweiwert est né en Allemagne, son père est issu de la bourgeoisie allemande libèrale sa mère est d'origine juive, elle n'a donné aucune éducation religieuse à son fils, on apprendra ainsi qu'il n'est pas circoncis. Tout se complique dans les années 30, ne supportant plus son pays. Il part au Portugal espérant rejoindre l'Amérique du Sud. Ce projet ne se réalisera jamais.
Le 6 décembre 1938, il écrit à sa mère: "Ecoute je veux te dire quelque chose du plus profond de mon cœur: ne renie pas et ne maudis pas ton judaïsme et tes propres enfants! C'est toute ta force. Cela ne signifie pas que tu aies à te préparer au martyre, tu dois seulement aimer ce qui t'a été donné comme une distinction."
Pour survivre, il donne des cours d'allemand ou d'anglais. Le 20 janvier 1939, il informe sa mère de sa décision:
"Le 15 janvier, j'ai déposé au consulat allemand de Lisbonne une déclaration en bonne et due forme, aux termes de laquelle j'exprime mon désir de me convertir au judaïsme et d'accomplir cette démarche dés que cela sera possible. Dans cette même déclaration, j'ai demandé qu'on me considère désormais comme juif et qu'on m'applique les lois concernant les juifs"
En novembre 1939, Salazar avait pris à la demande d'Hitler, la décision de se débarrasser des juifs allemands. Après plus de trois mois passés en prison, Peter est expulsé. Il ne dit rien à sa mère, il lui écrit de Rome, il cherche à rejoindre la Grèce. Sa mère elle rejoint la Bulgarie et y trouve protection.....la correspondance s'interrompt, le 30 juin 1945 la mère de Peter reçoit le jour de son anniversaire une lettre de Peter daté du 27 Novembre 1944, Peter raconte:
"En Décembre 40, je me suis engagé pour la durée de la guerre en qualité de volontaire étranger dans les Forces Françaises Libres du Général de Gaulle"....."Après mon admission et quelques mois encore d'attente, j'ai été envoyé à la fin mars 1941 en Egypte où je suis devenu soldat"
Il fera toutes les campagnes, l'Afrique, l'Europe, le voila sur le sol français, l'Allemagne son pays natal n'est plus très loin, pour lui pas d'ambiguïté: "Oui le coupable, c'est un peuple entier, coupable par sa mentalité, son attitude d'esprit, son indolence, sa passivité, son mépris pour la vraie civilisation, son incapacité de dominer ses instincts, sa barbarie innée qui, tantôt dissimulée, tantôt déchainée, fait de l'allemand un boche...S'il avait eu affaire à des hommes convenables, Hitler serait ce qu'il était: un charlatan. Mais il savait pour qui il chantait ses sales chansons et nous le savons aussi: pour les boches et ils lui répondaient en chœur et à l'unisson parce qu'il les touchait jusqu'au fond de leur âme, là ou ils étaient mauvais et terribles et où son appel éveillait mille échos..."
Peter Schwiefert fut tué en Alsace, à deux kilomètres du Rhin, le 7 janvier 1945, cinq semaines environ après avoir envoyé cette lettre. Lorsque sa mère la reçut, il était déjà mort depuis six mois. Elle l'ignorait. Elle répondit dès le lendemain.
Ce livre est magnifique de bout en bout. Ce projet fut mené à bien par Claude Lanzmann qui a rassemblé cette correspondance conservée par une sœur de Peter. Claude Lanzmann donne tous les détails de l'édition dans son dernier ouvrage, le lièvre de Patagonie.