mardi 28 avril 2015

Splendid 's - Jean Genet - Mise en scène Arthur Nauzyciel

Sept bandits au septième étage d'un hôtel, ils viennent de tuer la fille d'un milliardaire. Ils sont encerclés par la police, pas d'échappatoire, ils ont deux heures grand maximum devant eux. Avec eux un policier qui a quitté les siens pour les rejoindre fasciné par l'univers des truands .
Il faut faire les choix, lutter jusqu'à la mort, se rendre lâchement... Les langues se délient, la bande de "la rafale" perd vite de sa superbe ; tous commencent  à réfléchir aux responsabilités de chacun en vue d'un procès futur... Le flic est écœuré, déçu de la  médiocrité de ceux  qu'il voyait comme une aristocratie...

Le spectacle s'ouvre sur la projection du seul film de Jean Genet "un chant d'amour" resté longtemps interdit car jugé pornographique . Un gardien de prison y mate à travers l’œilleton les prisonniers dans leur vie intime. Scènes d'onanisme mais aussi d'amour ou deux prisonniers parviennent à communiquer à travers les murs. Film totalement muet, sensuel, sexuel sur l'univers carcéral où les corps sont mis en avant.
Le film terminé, l'écran remonte et délivre la scène, un couloir d'hôtel où nous retrouvons les mêmes corps musclés et tatoués dans une ambiance très années 30, un prolongement au film de Genet d'une pièce reniée par son auteur et qui ne fut que découverte qu'après sa mort. C'est l'Amérique  des films de gangsters qui est ici représentée, le texte français a été traduit, les acteurs sont quasiment tous américains, les sous titres renforcent l'ambiance cinéma. Le tout est totalement chorégraphié, millimétré ...
Nous n'avons pas été convaincus par ce spectacle, très vite tout nous semble avoir été dit et cela finit par trainer en longueur,  devenir monocorde. C'est beau mas plutôt froid, désincarné, et nous ne sommes pas persuadés de la justesse du choix de jouer cette pièce en anglais nous privant du texte original.

Persona - Ingmar Bergman

Ouverture du film sur une suite d'images, des numéros défilent 9 , 8, 7 , un sexe en érection, un mouton égorgé, des viscères,  une araignée, une main crucifiée sur la croix, puis une morgue, des cadavres  et  un enfant  étendu sur un lit,  mort semble t-il. Il se réveille, lit, puis se lève et se rapproche d'un écran où apparait le  visage d'une femme. Le générique démarre ...
Nous avons surement oublié de nombreuses images qui  ont défilé devant nos yeux, n'ayant retenu que les plus marquantes; elles sont venues au cinéaste alors malade, victime d'une double pneumonie qui allait le plonger dans une dépression, il confesse que ce film allait le sauver:

"J'ai dit un jour que Persona m'avait sauvé. Ce n'était pas une exagération. Si je n'avais pas trouvé la force de faire ce film là, j'aurai sans doute été un homme fini... Pour tenter de trouver l'inspiration, j'ai joué au petit garçon qui est mort, mais malheureusement il ne peut pas être tout à fait mort, car il est tout le temps réveillé par des coups de téléphone. Le début est un poème sur la situation qui a donné naissance à ce film. J'ai donc dégagé les éléments essentiels. Il y a un liseré blanc tout autour. Les personnages n'occupent pas tout l'écran, ils sont inscrits dans la blancheur."

Elizabeth Vogler, une actrice de théâtre, cesse de parler au milieu d'une représentation d'Electre. Placée dans une clinique, elle se maintient dans le silence,  restant immobile dans son lit. On lui adjoint une infirmière Alma pour accompagner ces journées. En l'absence de toute pathologie, le médecin qui est aussi une amie l'envoie se reposer dans sa maison sur l'ile de Faro accompagnée de la fidèle infirmière...
Elizabeth retrouve un peu de vie, elle ne refuse pas de prendre l'air et de se promener sur les bords de mer, mais elle reste cloitrée dans le silence... Face à lui, Alma raconte sa vie, sa liaison avec un homme marié, sa vocation pour son métier, puis le vin aidant, dévoile comment  un après midi où elle était nue sur la plage bronzant avec une amie, elles firent l'amour avec deux hommes qui les avaient observées , avant de rejoindre son fiancé .
Elizabeht confie à sa garde malade le soin de poster son courrier, cette dernière ne résiste pas à la tentation de lire la missive adressée au médecin alors que l'enveloppe n'est pas fermée ... Elle découvre sidérée que l’actrice la considère comme un sujet d'étude où elle confie au praticien des détails de la confession de la jeune femme.
La relation entre les deux femmes cloitrées sur l'ile s'en trouve fortement modifiée basculant dans une tension de plus en plus violente ....

Il y a peu, nous avons écouté une émission de Michel Ciment sur France Culture consacrée à John Ford, il rappelait à cette occasion que lorsqu'on avait demandé à Ingmar Bergman ses trois cinéastes préférés. Il avait alors répondu: John Ford, John Ford, John Ford...
A la vision de Persona que nous n'avions jamais vu et qui nous parait être un des films  les plus radical du cinéaste suédois mais surement un des plus personnels, où il exprime toute sa fascination pour ses deux actrices dont Liv Ulman choisie pour sa ressemblance avec Bibi Anderson qui pour la première fois apparait dans un de ses films, on  peut sembler bien loin de l'univers du maître américain. On retrouve en commun un art du cadrage, l'art du plan fixe où l'image a une intensité rare, un cinéma sans fioriture.C'est aussi celui de capter à travers un visage, un regard, les tourments de l'âme et de conter simplement une histoire même si elle nous mène ici, aux tréfonds de l’inconscient mais sans jamais perdre le spectateur. Tel John Ford, Ingmar Bergman inspiré ici par les théories de Jung est un merveilleux conteur, nous sommes transportés par la beauté de ces plans  et nous le suivons jusqu'au bout du chaos quand les visages des deux actrices sublimes se confondent. Un film fascinant et terrifiant où pour Bergman l'art apparaît comme un  refuge face à la réalité, ainsi Elisabeth  horrifiée par des images d'actualité ou d'archive , un moine tibétain s’immolant par le feu, la photographie d'un enfant du ghetto Varsovie sous la menace d'un soldat nazi. Ces images terribles et obsessionnelles de la réalité dont l'horreur dépasse celle de l'illusion du cauchemar...

lundi 27 avril 2015

Journal d'une femme de chambre - Benoit Jacquot

Célestine est une très belle femme, une beauté qui n'est pas un avantage pour une femme de chambre. Venue de Bretagne, elle passe par de nombreuses maisons dont elle tient un journal méticuleux. Elle obtient un nouveau poste en province chez les Lanlaire. Elle a vite fait de tourner la tête de son nouveau patron, alors que la maitresse de maison prend plaisir à la tourmenter. Célestine est une femme de caractère qui sait se défendre, son défi dans cette nouvelle place est plutôt d'amadouer , monsieur Joseph le jardinier un homme plutôt taiseux. Elle y parvient et découvre ses projets, ouvrir un bar à Cherbourg avec des filles de joie pour satisfaire les marins et les soldats présents dans le port normand. Il propose à Célestine de le suivre, mais avant cela il compte dérober l'argenterie de ses patrons...
C'est une véritable de guerre des classes à laquelle, nous assistons... Célestine attend qu'on la traite simplement avec humanité telle cette grand mère qui l'engage pour s'occuper de son petit fils tuberculeux. Elle n'accepte pas la condescendance et les humiliations, elle est la seule femme libre du film, savoureuse scène où c'est elle qui interroge une maitresse de maison sur ses habitudes de vie avant de renoncer finalement à la place... Léa Seydoux est remarquable, capable d'avoir le visage, dur, séduisant, elle donne une dimension aristocratique à son personnage de femme de chambre sans en effacer ses origines populaires. Vincent Lindon qui joue le rôle du jardinier nous impression comme dans chacune de ses interprétations. Benoit Jacquot excelle dans les films à costumes, certains plans ont la puissance de tableaux, nous repensons ainsi à ce plan où Célestine se projette en tenancière d'un bar de "joie" à Cherbourg.
L'adaptation d'Octave Mirbeau par Benoit Jacquot est une pure réussite, c'est un vrai régal. Ancré dans son époque marquée par l'affaire Dreyfus, le jardinier est un antisémite convaincu qui reprend toutes les rengaines nauséabondes d'alors, le film par sa description des rapports de classes, le comportement arrogant de la bourgeoisie a une dimension universelle qui fait qu'il est bien plus qu'une simple adaptation littéraire.

dimanche 26 avril 2015

Moriarty - Epitaph

Chaque nouvel album de Moriarty est une divine surprise tant leur musique semble toujours s'enrichir de nouveaux sons qu'il ne convient pas de réduire à la musique folk. Inspirés par la littérature, ils reviennent avec leurs propres compositions après avoir réalisé un album de reprises, Fugitives. Le roman de Mikhail Boulgakov, "Le maitre et  Marguerite"  a notamment inspiré le premier titre When I ride, plein d’énergie qui donne le ton dansant de cet album. Ils rendent aussi hommage par une sublime ballade à la maitresse de Kafka, Milena Jesenska, morte en camp de concentration à Ravenbruk en 1944 ainsi qu'à la poétesse autrichienne Ingeborg Bachman avec le dernier titre de l'album le très beau Long is the night
La voix de Rosemary Standley est toujours aussi envoutante, nous sommes sous le charme de ce nouvel album !

Epitaph de Morarty est notre album de la semaine, voire de l'année !


samedi 25 avril 2015

Le deuxième souffle - Jean-Pierre Melville

Gustave Minda dit "Gus" est une figure du milieu, connu pour être droit et ne jamais balancer. Evadé de prison, il rejoint la capitale où il arrive à temps pour sauver Manouche dont nous apprendrons qu'elle est sa sœur et Alban son fidèle serviteur qui ont maille à partir avec la bande de Marseillais de Joe Ricci. Ces deux amis organisent sa planque à Montrouge puis à Marseille, où Gus projette de réaliser un dernier coup avant de passer à l'étranger. C'est sans compter sur le commissaire Blot bien décidé à mettre la main sur le bandit en cavale.
Bêtement piégé par les policiers de Marseille, Gus se fait attraper mais surtout la rumeur se répand qu'il a donné ses camarades. Inacceptable pour cet homme droit qui dans un dernier baroud d'honneur souhaite lever les soupçons qui pèsent sur lui. Il inspire le respect au commissaire Blot qui discrètement donne des éléments d'information à un journaliste pour sauver l'honneur du bandit et rétablir la vérité.
Le film de Jean-Pierre Melville n'est en rien réaliste, il est une version fantasmée du truand chevaleresque, c'est une adaptation d'un roman de José Giovanni qui a travers son œuvre a défendu l'idée d'un code d'honneur chez les voyous. La révélation tardive du passé de l'écrivain bat largement en brèche cette idée de l'existence d'une aristocratie dans le milieu. A travers son œuvre littéraire, José Giovanni a largement enjolivé son passé qui pour reprendre le dernier mot d'à bout de souffle peut être aisément qualifié de "dégueulasse". Collaborateur, Jose Giovanni a notamment rançonné des négociants juifs en plus d'avoir été proche de la milice; il échappa d'ailleurs de fort peu à l’exécution capitale pendant l'épuration. Ce passé était alors inconnu du cinéaste d'origine juive,  lui même résistant particulièrement courageux qui prit alors le pseudonyme de Melville en hommage à l'auteur de Moby Dick lorsqu'il rejoint Londres en 1942.

D'ailleurs est-il possible de parler d'honneur pour qualifier le personnage de Gus capable de liquider simplement un flic, sans problème de conscience pour réaliser un casse .
Au delà de l'aspect déplaisant de son personnage central merveilleusement interprété par Lino Ventura qui tient là un de ses plus grands rôles avec celui tenu dans l'armée des ombres, le film par son coté épuré est devenu une référence incontournable du film policier, un classique du cinéma. Un tournant dans la filmographie du cinéaste fortement influencé par les films du cinéma américain qui ira encore plus loin dans l'épure dans ses films suivants: Le samourai, un flic... 
Paul Meurisse est tout aussi exceptionnel dans le rôle du policier, dans sa première scène il tient un long monologue d'un sublime cynisme où il montre qu'il a tout compris des troubles affaires  qui se trament dans le milieu et qu'il ne peut être que spectateur faute de pouvoir prouver ce qu'il avance... Grand moment de cinéma! 
Les rôles secondaires tenus par Christine Fabrega, Michel Constantin, Raymond Pellegrin , Marcel Bozzuffi ou Denis manuel sont tous remarquables, ils donnent à ce film noir toute son épaisseur.
Jean-Pierre Melville est assurément un des cinéastes les plus importants de l'après guerre précédant l’avènement de la Nouvelle Vague. Si son nom est rarement cité en modèle par les jeunes cinéastes français parmi lesquels il n'a pas vraiment d'héritier, il est régulièrement nommé par des cinéastes asiatiques ou américains. Il est toujours une référence majeure du septième art, un objet d'étude.

Vu dans le cadre du ciné club de Potzina consacré ce mois ci aux policiers et également dans le cadre de notre cycle 2015 Année noire

vendredi 24 avril 2015

L627 (Bertand Tavernier) - Police (Maurice Pialat) - Polisse (Maiwenn)

L.627 est l'article du code de la Santé qui prohibait la consommation ainsi que le commerce de drogues, texte sur lequel s'appuie au quotidien la brigade des stupéfiants au cœur du film éponyme de Bertrand Tavernier  pour mener à bien sa mission.  Une fiction aux accents documentaires dont le scénario qui est la chronique de la vie quotdienne de la brigade a vu l'implication de Michel Alexandre, un ancien policier. Le cinéaste recrée la vie de la brigade, au quotidien, une mission essentielle confrontée à des situations rocambolesques dues au manque de moyens mais également au manque de motivation des hommes qui la composent, sauf quelques uns dont le héros "Lulu" passionné par son métier et qui est prêt à tout sacrifier pour aller au bout de ses enquêtes. Mais il est bien le seul à être à la hauteur de sa vocation...
Les films de Bertrand Tavernier vieillissent mal en général et celui-ci ne fait pas exception alors que nous en avions à l'origine un souvenir plutôt positif. Tout est poussif, il veut faire un cinéma vérité et tout sonne faux parce qu'il y a en permanence un discours moraliste sous-jacent qui plombe un film sans rythme où les personnages ne sont que des caricatures sans intérêt. Il fait de longs  plans fixes tel son maître John Ford, mais le problème est qu'il n'y a pas grand chose dans le cadre. Didier Bezace n'est pas John Wayne.  C'est même une certaine laideur qui se dégage  de ses plans, désagréable impression de voir un vieux téléfilm pas très inspiré. 
A vouloir s'écarter de toutes les conventions du film policier, Bertrand Tavernier signe un film militant mais au discours convenu. C'est d'un ennui total !
Bertrand Tavernier est un remarquable conteur de l'histoire du cinéma mais nous avons de gros doutes sur sa propre filmographie, nous n'avons jamais grand plaisir à revoir ses films.

Agacés, nous avons revu deux autres films policiers du cinéma français. 


"Police" de Maurice Pialat est un film qui nous plonge également dans le milieu de la drogue, où l'inspecteur Mangin cherche à démanteler un réseau de trafic de drogue organisé autour des frères Slimane. Dans un premier plan d'une rare intensité,  les flics interrogent un homme qui  finit par balancer des informations  permettant l'arrestation de Simon Slimane et de sa compagne Nora... Simon est placé en préventive , sa compagne est relâchée après une garde à vue plutôt éreintante. Les frères de Simon attendent de Nora fidélité et dévouement... Cette dernière est trop indépendante pour accepter cette mise sous tutelle. Elle veut mener sa vie librement, elle recroise Mangin dans la nuit parisienne, elle devient sa maitresse... tout se complique quand les frères Slimane découvrent que Nora leur a filé entre les doigts avec le magot de la famille
Pialat souligne à travers ce film les rapports troubles qui peuvent exister entre les policiers, avocats et bandits qui vivent dans une permanente proximité se retrouvant régulièrement dans les mêmes lieux au coeur de la nuit... son film est servi par des acteurs qui donnent le meilleur d'eux mêmes. Il filme merveilleusement Gérard Depardieu, parvenant à capter ses fêlures lui dont l'armure semble si solide. Derrière le flic implacable, se cache un homme fragile. Il est particulièrement touchant et émouvant face à Sophie Marceau  révélant ici tous ses talents de comédienne souvent perdus dans une filmographie particulièrement indigeste. Elle est  époustouflante, donnant toute sa complexité à un personnage touchant et énervant
Comme souvent chez Maurice Pialat, le tournage semble avoir été particulièrement compliqué et difficile. Sophie Marceau fut apparemment particulièrement meurtrie par le traitement qu'elle eut à subir durant tout le tournage de la part de cinéaste peu sensible à son statut de "star", elle refusa de faire la promotion du film.
Tout aussi réaliste que le film de Bertrand Tavernier, il se dégage une véritable intensité du film de Maurice Pialat dont les personnages ne sont jamais des caricatures, c'est un très grand film qui se regarde toujours avec le même plaisir notamment celui de retrouver Gérard Depardieu au sommet de son art.



"Polisse" de Maiwenn comme le  film de Bertrand Tavernier nous plonge dans le quotidien de policiers, ceux de la Brigade de Protection des mineurs. Un film particulièrement brillant par sa mise en scène, ici le but n'est pas de  résoudre une intrigue mais de transmettre une ambiance, la tension subie par ces flics face à  l'horreur et l'angoisse de ne pas parvenir à protéger des enfants . Mais dans le même temps c'est le risque insupportable de faire peser des soupçons dégueulasses sur un adulte innocent, de violer une intimité. Difficile de construire une vie de famille dans ces conditions, la vie de flic dévore tout. C'est construit avec une intelligence rare, Joey Starr est particulièrement impressionnant dans un rôle surprenant de flic. Servis par des dialogues toujours justes , tous les acteurs y sont formidables . Polisse est un film intelligent, sensible,  rempli d'humanité qui parle d'un sujet grave sans sombrer dans le gnangnan moraliste, tout l'inverse de L627.

Film vus dans le cadre du ciné club de Potzina consacré ce mois ci aux films policiers .

mardi 21 avril 2015

Hendaye - Fontarabie



Hendaye, dernière ville de la cote basque avant la frontière espagnole n'est pas le paradis des surfeurs. Les vagues y sont plus modestes qu'à Biarritz mais la plage de sable est sans équivalent dans le pays basque. Une navette fluviale permet de traverser la Bidassoa et on se retrouve en Espagne dans le sympathique village de Fontarrabie. Si vous y allez sur le coup de 15 heures on n'y croise que des Français, Français et Espagnol ne vivent décidément pas aux mêmes horaires mais ils finissent toujours par se retrouver la nuit tombée.

dimanche 19 avril 2015

Balthazar -Thin Walls (2015)


Balthazar est un groupe belge mais ils font de la musique comme des Anglais.Une musique pop qui ne révolutionne pas le genre mais tellement bien exécutée que très rapidement son écoute, quand le son d'un violon vient se mêler à la guitare et à la basse, provoque le  désir de se délecter une petite bière. Belge, évidemment ! Et pourtant cela n'a rien à voir avec les chansons à boire...

Thin Walls le nouvel album du groupe Balthazar est notre album de la semaine !



samedi 18 avril 2015

Le voyant - Jerome Garcin

Histoire extraordinaire que celle de Jacques Lusseyran. Victime d'un mauvais accident dans la cour d'école, il devient aveugle à l'age de huit ans . Mais rien ne l’empêche de continuer à vivre, de participer à l'histoire de son siècle. Il entre en résistance  dès 141, créant un réseau de lycéens. Arrêtè, torturé, il est envoyé à Buchenwald, où sa survie est un miracle. Mais après avoir repris les études, une loi de Vichy qui n'avait pas été abrogée lui interdit l’accès  l'enseignement . Pourtant il parvient à  réaliser sa vocation et commence sa carrière en Grèce dans un lycée français avant de poursuivre en Amérique...
La vie de Jacques Lusseyran est faite d'aventures, de rebondissements sentimentaux, de rencontres extraordinaires, il est un personnage fascinant et surprenant...
Inconnu en France, célébré aux Etats Unis où son autobiographie "Et la lumière fut" est un best seller, Jacques Lusseyran mérite par son goût de la vie, d'être mis à la lumière. Nous avons découvert son histoire avec passion, le seul bémol est l'écriture de Jérome Garcin, qui ne nous semble pas à la hauteur du personnage. L'écriture est appliquée, c'est du bel ouvrage parfois trop didactique ce qui finit par être agaçant, cela manque de souffle. Jérome Garcin n'est pas un conteur extraordinaire, un écrivain plutôt banal. Le livre est dédié à Patrick Modiano, nous aurions finalement préféré un récit de Patrick Modiano dédié à Jérôme Garcin

vendredi 17 avril 2015

Les deux frères et les lions - Théâtre Irruptionnel

Deux frères jumeaux, inséparables, ils vont mener ensemble, leur vie en parallèle. Partis de rien, ils grandissent dans la rue dans l'Angleterre de l'après guerre; leur premier boulot, vendre le Daily Telegraph. Très vite ils ont des idées à faire valoir pour améliorer leur chiffre de vente alors ils écrivent au journal qui ne donne pas suite à leur courrier. Têtus, les deux gamins partent pour la capitale à la rencontre des dirigeants du journal, en vain. Mais ils ne rentrent pas pour autant dans leur pays, c'est le début d'une longue épopée qui les conduit à la tête d'un empire immobilier. Nos deux lascars deviennent milliardaire, mariés ils ont chacun une fille.
Riches, décorés par la Reine, ils n'acceptent plus des impôts et s'installent dans une ile anglo-normande qui leur offre un refuge . Dans ce paradis fiscal, ils n'ont plus qu'à se laisser vieillir... Sauf que... ils découvrent que  sur leur île refuge,  c'est encore le droit normand vieux de plusieurs siècles qui s'applique toujours excluant les filles de l'héritage ...
Les deux frères tentent de faire changer la loi, mais le seigneur local et ses acolytes s'y refusent. Le dernier espoir pour nos deux acolytes la cour européenne des droits de l'homme....

Inspirés par une histoire vraie, Lisa Pajon et Hédi Tillette jouent habillés d'un survêtement vintage adidas.Nos deux frères bien que milliardaires n'ont rien perdu de leurs goûts populaires. Il suffit de les voir dés qu'ils sont contrariés  retrouver leur parler crus des années où la rue était leur univers; adieu les belles manières. Une mise en scène maligne qui nous fait suivre ce récit extraordinaire, le texte est souvent dit en simultané par les deux comédiens comme pour mieux nous faire ressentir le coté fusionnel des deux personnages.  Cette histoire cocasse de deux Anglais qui n'ont pas d'autres choix que de placer tous leurs espoirs dans les institutions européennes, avait tout pour nous plaire, ce fut une réussite !

L'astragale - Brigitte Sy

L'astragale est un petit os du pied, c'est celui là que se brise Albertine quand elle fait le mur de sa prison pour goûter aux joies de la liberté... Ennuyeux pour s'échapper, mais le hasard lui permet de croiser Julien un jeune voyou qui la prend sous son aile et organise sa cavale. C'est le début d'une histoire d'amour... Une histoire pas facile pour deux êtres en marge de la société,  Julien s'absente parfois pour réaliser quelques coups jusqu'au jour où il se fait attraper. Albertine pour s'en sortir se prostitue mais elle n'oublie pas Julien, elle est là le jour où il retrouve sa liberté...
Adapté du roman autobiographique d'Albertine Sarrazin,  envoyée en maison de correction par son père adoptif alors que la jeune fille élève brillante faisait les 400 coups au lycée. Avec une copine de son établissement, elles organisent un vol à main armée. Mais peu expertes, l'opération cafouille, sa jeune camarade prend peur et laisse partir un coup de feu qui blesse la commerçante... Arrêtées les deux jeunes filles sont condamnées, Albertine considérée comme le cerveau a la plus lourde peine 7 ans de prison... Depuis toujours Albertine a eu le goût pour l'écriture consignant en permanence dans des carnets son journal.
Une personnalité rare qui nous renvoie à la jeunesse de François Truffaut ou Jean Genet.
Le noir et blanc de Brigitte Sy magnifique nous plonge dans l'atmosphère de l'après guerre d'une France dévorée par la guerre d'Algérie. Leïla Bekhti et Reda Kateb forment un couple superbe et romanesque.
Une superbe adaptation du roman d'Albertine Sarrazin !

Dear White People - Justin Siemen

L'Amérique a un problème sans fin de discrimination raciale. Les derniers faits divers où des policiers blancs ont  tiré des balles dans dans le dos assassinant des membres de la communauté noire ne font qu'exacerber les tensions. Problème d'autant plus complexe que chaque communauté a sa propre lecture de l'histoire passée et qu'elle n'est pas la même. Difficile sur un tel abime de construire une histoire commune.
C'est à travers la vie d'une université américaine, que Justin Siemen nous montre toutes les difficultés et les incompréhensions de la société contemporaine... Les noirs sont définitivement admis dans les universités, mais ils ne vivent pas dans les établissements étudiants les plus cossus où se retrouvent les étudiants blancs les plus fortunés... La mixité est plutôt rare, mais un équilibre semble s'être néanmoins installé, jusqu'au moment où Sam White une jeune activiste est élue à la tête de son établissement étudiant... Son sens de la répartie, son humour grinçant font le succès de son émission de radio diffusée sur le campus et qui s'ouvre sur "Dear White Man" et qui peut donner ceci:
"Pour ne pas être considéré comme raciste, le nombre d’amis noirs requis est désormais de deux. Votre dealer ne compte pas."

Elle s'en prend notamment à ses collègues noirs qui pour mieux s’intégrer reprennent les codes voulues par les blancs. Les tensions sont vives et finissent par atteindre leur paroxysme lorsque les étudiants blancs du dortoir cossu de l'université organisent  une soirée sur le thème "afro américain" reprenant tous les archétypes racistes de l'Amérique blanche provoquant une véritable émeute et  même un scandale.

Sam White est vue comme une enfant de Spike Lee et d'Oprah Winfrey, elle est le poil à gratter de l'université qui met l'index sur les hypocrisies de la société contemporaine où si l’état d'apartheid n'existe plus en tant que tel, les discriminations restent nombreuses. Sujet passionnant mais qui perd toute sa force par le traitement qui en est fait par le cinéaste, c'est d'une totale platitude et souvent convenu. Nous avons sombré dans l'ennui dans ce film bien éloigné de la comédie décapante promise. Il suffit de se limiter à la bande annonce pour voir le meilleur du film qui s'avère être une amère déception.


jeudi 16 avril 2015

Taxi Téhéran - Jafar Panahi

Condamné en 2010 pour avoir participé aux manifestations dénonçant la réélection truquée de Mahmoud Ahmadinejad, Jafar Panahi n' a plus le droit de faire des films de cinéma pendant 20 ans. C'est une histoire vieille comme le monde, impossible de faire taire celui qui doit parler... Coûte que coûte Jafar Panahi tourne... Ces deux films précédents furent tournés clandestinement dans son appartement. Pour celui ci, il s'est installé malicieusement au volant d'une voiture qui se promène tel un taxi dans les rues de Téhéran avec des petites caméras numériques embarquées à son bord. Les personnages défilent et nous dressent un portrait de la capitale iranienne et de son irrépressible désir de liberté.
Films de palabres qui oscillent entre rire et gravité, nous finissons même à rire du plus consternant quand la nièce du cinéaste lui explique qu'elle doit tourner un film pour l'école dans le cadre d'un concours organisé par l'éducation nationale. Elle lui récite les consignes strictes qui lui sont imposées pour réaliser "un film diffusable": "respect du voile et de la décence islamique, aucun contacte entre hommes et femmes, pas de noirceur, pas de violence, pas de cravate pour les personnages positifs, pas de prénom persan pour les personnages positifs. Préférer les prénoms sacrés des prophètes."
L'avocate Nasri Sotoudeh vient d'être rayée du barreau pour avoir défendu les opposants au régime islamique , en évoquant le cas d'une jeune fille , elle nous rappelle que l'oppression est toujours présente en Iran où tout est contrôlé.
Aprés Cosmopolis de David Cronenberg et Holy Motors de Leos Carax , la voiture est devenue un lieu de tournage, mais si les  limousines des deux premiers cités ressemblaient à des bunkers ambulants les mettant à l'abri du chaos du monde, la berline du cinéaste iranien ne lui offre aucune protection. Il vit en permanence avec le sentiment d'être surveillé, épié où les gardiens de la révolution peuvent à tout moment jaillir...
Cinéma de résistance, le film sympathique atteint cependant ses limites avec ses moyens minimalistes mais là n'est pas vraiment le souci. L'important est que le créateur ne soit pas réduit au silence, qu'il trouve le moyen d'envoyer des "cartes postales" au reste du monde pour témoigner de sa situation, c'est peut être là le meilleur moyen d'assurer sa sécurité: éviter l'oubli...
Il faut aller voir Taxi Téhéran..

mercredi 15 avril 2015

Alex Lutz


Nous ne connaissions rien d'Alex Lutz, si ce n'est sa participation quotidienne au petit journal de Canal + où il incarne Catherine une des deux pipelettes  lui a donné une certaine renommée. Là, il était seul sur scène avec une chaise pour seul décor... Un one man show singulier, qui ne se place pas vraiment dans la tradition française où le texte a une importance primordiale, il n'y a pas la finesse de l'écriture de Pierre Desproges ni son esprit corrosif, ce n'est pas un commentaire de l'actualité comme pouvait le faire Guy Bedos ni une longue tchatche à la Djamel Debbouze.
Ce qui fait la singularité de ce spectacle c'est la performance de l'acteur, capable de multiplier les personnages, de changer de rôle en un instant en véritable virtuose... Il est un enfant, il devient un vieux, puis une femme hystérique, il nous offre un portrait sans concession mais tout en finesse de nos précieuses ridicules avec un vrai sens de l'observation des travers de notre temps sans jamais sombrer dans la moquerie facile et parfois une certaine  nostalgie s'immisce dans les rires . En un claquement de doigt, il passe du guerrier Hun belliqueux à Karl Lagerfeld. Son univers est sans limite, clôturant ainsi son numéro avec un spectacle équestre. No limit définitivement  !

Il y a du Jim Carey chez Alex Lutz, et il est irrésistiblement drôle et nous sommes convaincus qu'il peut aller beaucoup plus loin dans la performance !

A voir absolument!

Nous aimons Radio France


Ils ont fait grève pour défendre leurs emplois menacés et pour bien plus que cela... Pour une certaine idée du service public, celui qui garantit la diversité et l'exception culturelle... Pour affirmer que deux orchestres ne sont pas de trop. Pour que tous ceux qui font le monde du spectacle, des arts et de la pensée puissent exister, trouver un espace où s'exprimer...
Ce n'était pas une simple grève de travailleurs, c'était une grève de patriotes qui ont défendu une certaine idée de la France, notre douce France... Celle des cinémas d'art et d'essais, des librairies indépendantes sauvées par le prix unique du livre, des salles de concerts et des théâtres, celle du Canard enchainé et de Charlie Hebdo. Une France Libre née au lendemain de la guerre, pensée par le Conseil National de la Résistance.

Nous aimons trop la radio pour aimer une playlist. Merci à vous, de votre engagement pour défendre un idéal commun. Nous sommes Radio France.

Le brave soldat Chveik - Jaroslav Hasek

"Vous n'auriez pas, par hasard, une ceinture sur vous pour que j'en finisse?
- Si, et je vous la prêterai volontiers, répondit Chveik en quittant sa ceinture, d'autant plus que je n'ai encore jamais vu comment on fait pour se pendre dans une cellule. Ce qui est embêtant, continua-t-il en regardant autour de lui, c'est qu'il n'y a un seul piton ici"

Si nous avons choisi de reprendre l'extrait cité en quatrième de couverture c'est qu'il résume  à lui tout seul le soldat Chveik, un personnage hors norme, un ingénu génial.
Nous sommes au début de ce siècle en Tchéquie au moment où l'archiduc François-Ferdinand se fait dessouder dans les rues de Sarajevo. Sombre attentat qui va plonger les pays européens dans une guerre totale.
Mais les Tchèques ne se sentent que très peu concernés par cette guerre, ils ne sont pas habités par une grande motivation pour aller au combat...La police politique surveille le pays et les récalcitrants sont mis au pas.
Notre brave Chveik qui vit de l’élevage de chiens ou pour être plus précis du trafic de chiens, ne peut pas passer inaperçu dans cette période trouble. Il connaît un destin extraordinaire, passant de la prison à l’hôpital psychiatrique avant de retourner en prison pour finir aide d'un curé militaire, ce dernier le perd au jeu. Chveik se retrouve  ainsi ordonnance d'un Lieutenant, cadeau empoisonné qui lui crée quelques soucis ...
Irrésistible Chveik que le curé qualifie d'imbécile épique. Toujours fidèle  à ses maitres, il fait tout pour les aider... C'est un esprit simple, un ingénu mais qui a cette capacité rare par son bon sens de souligner l'absurdité du monde, la bêtise du militaire et des puissants.
C'est absolument savoureux et totalement irrésistible, c'est d'une ironie mordante, une arme terrible contre l'arbitraire... Nous avons lu avec délectation ce grands roman de la littérature tchèque et nous replongerons très rapidement dans la suite des aventures du soldat Chveik.

Les Tchèques sont peut être les Européens les plus drôles, ils manient l'ironie avec un talent sans égal, ils sont des enfants de Voltaire . Nous nous  souvenons de notre rencontre avec le cinéaste Jiri Menzel doté d'un grand sens de l'humour et c'est peut être bien ce sens du rire et ce gout pour l'ironie qui leur a permis de traverser le XX° siècle sans perdre leur âme et en maintenant une production artistique de haut vol tout en ayant à subir les pires dictatures !

mardi 14 avril 2015

Percy Sledge (25/11/1941 - 14/04/2015)

Pour nous Percy Sledge, c'est l'homme d'une chanson : When a man loves a woman. Il a surement chanté d'autres titres qui nous sont restés inconnus. Mais Une chanson, c'est déjà ça.... R.I.P


lundi 13 avril 2015

Jean-Louis Murat au Palace

Pour clore sa tournée de printemps, Jean-Louis Murat a choisi un lieu mythique des nuits parisiennes de la fin des années 70 et du début des années 80. Salle devenue sage où le public se retrouve installé dans des fauteuils, peu enclin à secouer son popotin.Le chanteur sublimement goujat s'en plaint  dans une des rares paroles prononcée au cours de la soirée: "C'est chiant ces salles, j'ai l'impression de baiser une morte. "
Un Murat égal à lui même qui nous a fortement séduit ...
Une formation réduite, un batteur (Stéphane Raynaud), un bassiste (Christopher Thomas) et aux claviers (Gael Rakotondabre) pour reprendre les morceaux de son dernier album Babel. Il ouvre la session avec Chant Soviet, le son n'est pas très bon mais nous avons tout de suite compris que la soirée serait électrique et totalement rock, un choix radical ... Nous avons vite fait le deuil des merveilleux cuivres du Delano Orchestra entendus sur l'album, cette version rock nous confirmant toutefois que ses dernières chansons sont de véritables pépites.... Les ronces, Mujabe Ribe, Neige et pluie au Sancy, donnent toute sa dimension au concert  qui n'a jamais cessé de monter en puissance, pour se clore sur un unique rappel Qu'est ce qu'au fond du coeur. Il a su ce cher Jean Louis  réveiller "la morte" piquée au vif et peut-être même les fantômes qui doivent encore hanter ce haut  lieu passé de la nuit .

Un concert qui nous rappelle que définitivement Babel est un album majestueux et que si Murat  monte sur scène c'est pour que l'on vienne l'écouter et non point l'aimer ... Magnifique  !

Gunter Grass (16 octobre 1927 - 13 avril 2015)

Un monument de la littérature allemande du XX° siècle, plus qu'un écrivain , une conscience qui s'est toujours engagée dans l’Allemagne d’après guerre au coté de la gauche non communiste. L'adaptation cinématographique de son roman le tambour par Volker Schlöndorf qui partagea la palme d'or à Cannes avec Apocalypse Now lui apporta une renommée internationale.
Il fut couronné par le prix Nobel de littérature en 1999.
Puis il y eut son autobiographie, "En épluchant les oignons" où il reconnaissait  son engagement dans les Waffen SS en 1944 qui fissura le monument. Certes, on n'est pas sérieux quand on a dix sept ans, et il est difficile de savoir ce que peut être le cerveau d'un jeune homme allemand ayant grandi sous le régime nazi.Cet engagement est une faute que d'autres n'ont pas commis... Pour autant on ne peut que reconnaître que Gunter Grassont  a su reprendre ses esprits et s'engager définitivement et sincérement dans une vie démocratique , très loin de ceux qui ont vieilli dans la nostalgie hitlérienne sans jamais regretter leurs choix passés.

Günter Grass est assurément un très grand de la littérature allemande. R.I.P

François Maspero (19 janvier 1932 - 11 avril 2015)

François Maspero a grandi pendant la guerre, expérience traumatisante s'il en est . Son père sinologue, professeur au collège de France est mort à Buchenwald, sa mère a survécu à la  déportation au camp de Ravensbruk alors que son frère ainé lui aussi engagé dans la résistance est mort fusillé à l'age de 19 ans.
Il consacra sa vie à la littérature totalement, à se bruler les ailes...
Traducteur, écrivain, libraire mais surtout éditeur, il fut un des rares avec les éditions de minuit de Jérôme Lindon à éditer des textes anti-coloniaux au moment de la guerre d'Algérie, choisissant sans hésitation son camp... Il dut faire face à la censure, à la justice, il y laissa plus que des plumes.
Nous avons dans notre bibliothèque un de ses livres que nous chérissons particulièrement consacré à la photographe Gerda Taro, compagne de Robert Capa morte durant la guerre d'Espagne, L'ombre d'une photographe Gerda Taro

La vie de François Maspero est admirable. R.I.P !


dimanche 12 avril 2015

Histoire de Judas - Rabah Ameur-Zaïmeche

On ne sait peu de chose finalement sur Judas réduit par les évangiles à l'image de traitre qui a livré son maitre aux Romains  pour quelques pièces. Aucun document historique ne confirme ce qui aura été avancé pour justifier l’antisémitisme des chrétiens des siècles durant.
Nous suivons les derniers jours de Jésus, Judas est son compagnon le plus proche toujours prêt à le secourir. Tout commence au moment où Jésus termine un jeûne effectué dans une cabane en haut d'une montagne. Trop faible pour marcher, Judas le porte sur son dos pour rejoindre un village dans  la vallée. Puis c'est le départ vers Jérusalem où Jésus vu comme une menace à l'ordre public est arrêté par les romains puis condamné à être crucifié.
Dans ce récit, Judas n'est en rien responsable de l'arrestation de son messie ; il est alors parti à la recherche d'un scribe qui a suivi Jésus et noté toutes ses paroles pour récupérer et détruire tous ses textes. Blessé par ce dernier, il est absent lors de la Cène et n'est pas plus présent lors de l’exécution. 
Jésus est un homme simple, proche des gens, il livre une parole limpide et remplie de bienveillance. Ainsi évite-t-il  à Bethsabée d'être lapidée. Simplicité que nous retrouvons dans la mise en scène dépouillée où chaque plan est millimétré tel un tableau de maître. Nous en venons à nous interroger sur la démarche du cinéaste, certes sa relecture des événements ne peut pas être contestée devant l'absence de sources historiques dignes de ce nom, mais nous trouvons que son film tourne rapidement à vide, il y a certes de magnifiques paysages , les scènes sont tournées dans l'est algérien, mais il s'y passe finalement bien peu de chose. Cela nous a laissé de marbre!

Venus - Jean-Louis Murat

Puisque notre semaine sera marquée par Jean Louis Murat, en concert demain soir à paris. Nous avons choisi de ressortir son troisième album Vénus, sorti en 1993. 10 titres, 10 bijoux où il confirme tout son art de la ballade quelque peu mélancolique...

Vénus est notre album de la semaine, tout est dit !

samedi 11 avril 2015

Citizenfour - Laura Poitras

Documentaire sur Edward Snowden, agent de la NSA qui a dénoncé les méthodes illégales utilisées par l'agence de surveillance américaine pour surveiller l'ensemble de la population sans aucune distinction. Il est parti avec un nombre invraisemblable d'informations afin de prévenir l'ensemble de la planète grâce aux médias. Laura Poitras filme le lanceur d'alerte caché dans sa chambre à Hong Kong, alors que le scoop doit sortir dans le Guardian.
Information  qui va créer un véritable séisme dans les démocraties occidentales, Edward Snowden devient l'ennemi numéro un des services secrets américains. Juridiquement, ils trouvent une loi datant une loi de la première guerre mondiale pour l'inculper comme un espion, alors qu'il n'a en soi délivré aucune information à un pays étranger contre rémunération, il n'a fait que démontrer l'illégalité des méthodes de la NSA niant toute forme de vie privée aux citoyens du monde. Un système de contrôle que ne renierait pas la Corée du Nord
Pour leur défense, les services américains justifient leur politique par la menace terroriste; le patriot act donnant des pouvoirs exceptionnels au président des Etats Unis est ainsi né des attentats du 11 septembre . Ils ont même le culot de justifier cette politique sans cesse renforcée en particulier après  les attentats de Boston alors que ces derniers ne sont que la preuve de l'inanité de leur intrusion contraire aux respect des libertés.
La réponse des Etats Unis à la menace terroriste, c'est moins de liberté, plus d'oppression. C'est décider de remettre en cause les principes fondateurs du pays, de renoncer à une part de démocratie. Ce système ne s'applique pas uniquement aux Etats Unis, utilisant notamment les bases en Europe, c'est le monde que les Etats-Unis  veulent mettre sous contrôle, profitant largement de la législation du Royaume Uni encore plus permissive que la leur. Nous nous félicitions de la politique du Général de Gaulle qui sut mettre fin à la présence américaine  sur notre sol, en fermant les bases américaines.
Portrait d'un homme ordinaire, guidé par sa conscience Edward Snowden fait le choix de sacrifier sa vie personnelle, il est accompagné par des journalistes qui savent également que la publication de leurs articles va transformer leur vie en enfer où tout sera contrôlé et surveillés; C'est absolument effrayant d'autant plus qu'il y a fort à parier que le scandale passé, tout continue comme dans le bon vieux temps. Orwell avait vu juste, le monde est devenu fou.
Citizenfour est le portrait d'un héros ordinaire, nous lui décernerions volontiers le prix Nobel de la paix !


jeudi 9 avril 2015

Nina Companeez (26 août 1937 - 9 avril 2015)

Ce que nous nous rappellerons de Nina Compagnez c'est la série "Les Dames de la côte". Premiers pas de Fanny Ardant, François Truffaut fut parmi les téléspectateurs, il tomba sous le charme de la jeune femme qui fut l'actrice principale de ses deux derniers films et sa dernière compagne...
Il y avait Francis Huster aussi, charmant jeune homme mais acteur insipide... Les Dames de la côte furent un beau moment de télévision.

lundi 6 avril 2015

Hacker - Michael Mann

Une centrale nucléaire explose du coté de Hong-Kong, très vite les services chinois comprennent qu'ils ont été victimes d'une cyberattaque qui a mis en panne le système de refroidissement de la  centrale. Puis à Chicago, le cours du soja part brutalement à la hausse, là encore c'est une attaque informatique.
Cette double agression oblige les services chinois et américains à travailler en commun. Le capitaine Chen accompagné de sa jeune sœur informaticienne se rend aux Etats Unis, un pays qu'il connaît parfaitement pour y avoir étudier dans le célèbre MIT. Il demande d'aide d'un de ses amis de faculté mais ce dernier croupit en prison pour avoir dévaliser les banques via internet. Mais son expertise et sa connaissance sont indispensables pour mettre la main sur les commanditaires de ces attaques informatiques. Le hacker Nicholas Hataway est libéré...
Hataway et Chen ont vite fait de retrouver la trace des malfaiteurs. Ils vont partir sans délai à leur recherche: direction Hong-Kong. Mais découverts, ces derniers  vont revenir aux bonnes vieilles méthodes des armes à feu avec à  leur tête un ancien membre des phalanges chrétiennes du Liban particulièrement violent.Ils ne sont pas décidés à rendre les armes, leur grand projet ne fait que commencer . C'est le début d'un compte à rebours..
C'est un film de genre hollywoodien où le monde se traverse en un clin d’œil, les héros sont musclés et les héroïnes  sexys et particulièrement intelligentes. Rien d'original, sauf qu'à la réalisation, Michael Mann n'est pas le dernier des mohicans et qu'il a un talent tout particulier pour filmer les mégapoles au cœur de la nuit, pour donner du rythme à son histoire, ne jamais perdre le spectateur tout cela pour faire un film hollywoodien pas comme les autres. Les scènes tournées à Hong Kong sont à ce titre particulièrement impressionnantes comme pouvaient  l'être celles de Los Angeles dans Collatéral un de ses précédents films.
Nous oublions un goût trop prononcé pour des plans sophistiqués pas très utiles, nous n'avons pas vu l’intérêt de nous promener dans les réseaux informatiques, nous aurions préféré parfois un cinéma plus épuré. Mais qu'importe, Hacker emporte le spectateur dans une histoire sans limites géographiques et nous y avons pris grand plaisir...

dimanche 5 avril 2015

Gente de Bien - Franco Lolli

Bogota, Eric un gamin de 10 ans est laissé à son père Gabriel par sa mère partie on ne sait où sans doute à l'étranger pour trouver un travail , il la rejoindra plus tard quand tout ira bien pour elle... Eric est hostile à ce projet, il connait peu Gabriel, il se retrouve seul dans une chambre à partager avec son père qui vit très modestement dans un foyer. Seul son chien Lupa compagnon fidèle  le rattache à son passé...
Pour subvenir à ses besoins, Gabriel travaille chez une universitaire Maria Isabel pour  retaper des vieux  meubles. Eric l'accompagne , bien accueilli par la propriétaire qui insiste pour qu'il joue avec son fils et dont elle lui donne quelques vêtements que ce dernier ne porte plus.
Voyant comment la relation entre le fils et son père est complexe et leur situation financière fragile, elle invite les deux à passer les fêtes de Noël dans sa maison de campagne cossue où le père pourra faire du bricolage. Très vite, Gabriel se sent mal à l'aise dans ce milieu bourgeois, il fait le choix de repartir mais il accepte de laisser Eric, mais ce dernier n'est pas accepté par les autres enfants de la famille de Maria Isabel. D'abord objet de curiosité, il est exclu par les cousins habités par un esprit de supériorité...
Il devient hostile à Maria Isabel qui n'a pas d'autres choix que de le ramener à son père, c'est l'échec de son acte humanitaire....
C'est une chronique familiale juste et délicate,  le film ne sombre jamais dans le larmoyant. C'est un conflit de classes subtilement filmé ce qui fait parfois défaut aux films de Ken Loach. Ici personne n'est vraiment responsable de l'échec, c'est une histoire simple d'incompatibilité  mais chacun vit dans des cercles bien limités, les intersections semblent impossibles.


Gente de Bien est un film simple, modeste. c'est assurément cette modestie, de vouloir filmer simplement les choses sans prendre vraiment partie qui donne à cette histoire toute sa force politique qui rappelle à la classe bourgeoise que l'esprit charitable ne suffit pas à gommer les disparités sociales. Gente de Bien est un très grand film

Soko - My dreams dictate my reality


Nous nous souvenons l'avoir découverte avec un des ses premiers titres dans l’émission de Bernard Lenoir. Elle chantait I'll kill her et exprimait toute sa rage et son envie de tuer celle qui lui avait piqué son petit ami... Soko est une hypersensible et cela se ressent totalement dans sa voix et sa musique. On ne sort jamais indemne de l'écoute de ses titres d'une sensibilité bouleversante portés par une énergie rare. Nous la retrouvons avec plaisir avec un album plus new-wave et moins folk que le précédent.

My dreams dictate my reality est notre album de la semaine. C'est diablement beau, il tournera, sans fin, sur notre platine.


vendredi 3 avril 2015

Les limbes - Etienne Saglio

Marionnettes, magie, théâtre d'objets, le spectacle de Etienne Saglio est inclassable. Porté par le Stabat  de Vivaldi nous suivons un homme qui s'enfonce doucement dans les limbes, lieu énigmatique et quelque peu inquiétant  habité par des âmes errantes, des êtres faisant penser à des méduses plus ou moins géantes...
C'est beau, parfois opaque, millimétré et précis mais nous n'avons jamais été transportés, nous sommes restés étrangers et nous avons trouvé cet ensemble précis, froid et répétitif; la perfection est parfois d'un ennui abyssal... Nous sommes restés sur le bord du chemin, écoutant la musique de Antonio Vivaldi, fort belle !

C'était les limbes de Etienne Saglio. Tentez votre chance, ceux qui furent transportés semblaient avoir vécu un merveilleux moment comme revenant d'un autre monde !

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