Moses Herzog, deux mariages deux divorces, une carrière universitaire mais des travaux de recherche jamais véritablement menés à leur terme, est au bord du gouffre; à un âge où on commence à se retourner sur son passé pour découvrir parfois avec amertume que sa vie est ratée...
"J'ai peut être perdu l'esprit, mais ça ne me dérange pas, songea Moses Herzog"
Il tangue, un genou mis à terre depuis sa séparation avec sa deuxième épouse Madeleine partie avec son meilleur ami. Saul Bellow n'a pas eu la vie de facile, il passe ses premières années au Canada, son père un bootleger de bas étage a bien du mal avec les affaires... Issu d'une famille juive originaire de Saint Petersbourg qui a connu en son temps une période faste bien révolue lorsque Moses arrive au mode. C'est peut être de cette jeunesse chaotique qu'il tire sa force pour combattre la dépression. Dans une sorte de folie furieuse, Herzog se lance dans une correspondance sans fin où il écrit sa colére à ses proches, à des journalistes, au président des Etats Unis mais aussi à Nietzsche ou Spinoza. Ces lettres ne sont jamais envoyées mais elles permettent à Moses de se reconstruire.
Le voyage que nous propose Saül Bellow nous mène au cœur du système de pensée de son héros Moses Herzog, un esprit fertile qui ne se repose jamais, il profite de cette crise pour faire défiler tous les évènements marquant de sa vie. Ça part dans tous les sens, et c'est bien là le génie de Saul Bellow, nous suivons toutes les digressions sans jamais nous perdre; au contraire, nous suivons avec passion ces pérégrinations, qui nous mènent de New-York à Chicago en passant par un coin perdu du fin fond du Massachusetts, nous rions souvent de ces mésaventures et de ces diatribes, nous ramassons toutes les pièces du puzzle et l'image est bien nette quand nous refermons le roman.
Saul Bellow fait partie de ces grands romanciers américains, descendant d'une famille juive d’Europe de l'est. Même né sur le continent américain, au Québec il est fortement marqué par la culture yiddish. Il est d'ailleurs le premier à avoir traduit du yiddish à l'anglais une œuvre de Isaac Baashevis Singer: Gimpel le naïf. Lauréat du prix Nobel en 1976, Philip Roth a pour lui la plus grande estime, il fut assurément une source d'inspiration pour celui qui vient d'écrire son dernier roman Némésis, nous sursautons d'ailleurs lorsque nous tombons sur ces lignes, comme si le titre du dernier roman de Philip Roth était un hommage à son maître:
Saul Bellow fait partie de ces grands romanciers américains, descendant d'une famille juive d’Europe de l'est. Même né sur le continent américain, au Québec il est fortement marqué par la culture yiddish. Il est d'ailleurs le premier à avoir traduit du yiddish à l'anglais une œuvre de Isaac Baashevis Singer: Gimpel le naïf. Lauréat du prix Nobel en 1976, Philip Roth a pour lui la plus grande estime, il fut assurément une source d'inspiration pour celui qui vient d'écrire son dernier roman Némésis, nous sursautons d'ailleurs lorsque nous tombons sur ces lignes, comme si le titre du dernier roman de Philip Roth était un hommage à son maître:
"Mais moi, avec ma mémoire - tous les morts et les fous sont sous ma garde, et je suis la Némésis des soi-disant oubliés."
Philip Roth signe d'ailleurs la présentation de la nouvelle édition des oeuvres de Saül Bellow édité dans la collection quarto chez Gallimard. Cet extrait nous montre combien cet auteur est important à ses yeux:
"Tel est Herzog, la plus grande création de Bellow, le Leopold Bloom de la littérature américaine, à ceci près qu'avec Ulysse l'esprit encyclopédique de l'auteur se fait chair dans le verbe qu'il écrit, sans que Joyce" confère jamais à Bloom sa vaste érudition, alors que dans Herzog, Bellow donne à son héros non pas seulement un état d'esprit, une tournure d'esprit, mais un esprit digne de ce nom.."
Un très grand roman de la littérature américaine.
Un très grand roman de la littérature américaine.
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