mercredi 7 novembre 2012

Augustine - Alice Winocour

Le film s'ouvre sur un repas dans une famille bourgeoise.Augustine la servante fait le tour des convives pour servir le vin, sa main tremble, mais personne ne prête attention à son malaise. Elle s'écroule prise  de tremblements , sidérant l'assistance.Suite à cette crise son œil droit reste fermé aussi elle se rend en consultation à l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière où elle est  finalement internée dans le service du professeur Charcot.
Le premier soir, elle prie Dieu,  sa voisine lui conseille de s'adresser plutôt à Charcot. Les jours suivants, Augustine est saisie d'une nouvelle crise au passage du professeur comme pour susciter son attention. Charcot finit par se passionner pour la jeune fille et son cas d'hystérie qu'il qualifie devant ces collègues d' ovarienne.
Pour faire vivre son service et son travail de recherche, Charcot doit convaincre de leur bien fondé. Augustine devient son cobaye pour ses leçons où avec l'aide de son assistant, il réalise des séances d'hypnose pour provoquer des crises chez la jeune fille. Son but ultime étant de la présenter aux membres de l'académie de médecine.
Mais le plus passionnant est la relation qui s'installe entre le professeur et sa patiente. Nous sommes alors au début de la psychiatrie moderne, Charcot doit convaincre ses pairs, pour fonder ce qui sera le premier service de neurologie au monde. A la tête de l'école de Salpétrière il attire du monde notamment le docteur Sigmund Freud qui vient suivre une formation...
Le film se centralise sur la relation entre le Medecin et sa patiente. Patiente qui n'a jamais connue la liberté, recluse dès 14 ans au service de ses patrons, puis internée à l'hôpital. Mais prisonnière de son mal, de ses crises, elle vit dans une ignorance des choses de la vie, ne comprenant pas le sens du mot "menstruation". Pour autant elle est loin d'être une idiote, elle révèle une véritable volonté de guérir. Charcot observe, cherche, utilise des instruments barbares dont notamment un compresseur d'ovaires censé calmer les crises aigües, il est pourtant convaincu de l'origine neurologique de son mal. 
Au début très peu d'échange entre eux, elle s'en émeut parfois reprochant au Médecin l'utilisation de mots savants dont elle ne comprend rien puis une fascination s'installe, l'objet d'étude devient objet du désir... Lorsqu'il en prend conscience, il s'en énerve renvoyant sèchement la patiente dans sa chambre. Dans une interview Alice Winocour cite Lacan pour expliquer la relation qui s'installe : "l’hystérique est une esclave qui cherche un maître sur qui régner". Son épouse Constance  note d'ailleurs un changement de comportement chez son époux, plus "absent , plus colérique à table lorsqu'un des convives parle trivialement de sa patiente.

Ce film repose sur un duo d'acteur, si il n'y a pas lieu de s'étonner de la performance de Vincent Lindon qui de film en film ne cesse de nous bluffer par la palette de son jeu, la surprise vient de la Chanteuse Soko totalement extraordinaire dans le rôle d'Augustine qui par moment pouvait nous faire penser à Zouc. Les deux sont filmés au plus prés avec un cadrage toujours juste, les gestes sont précis et nous nous doutons pas qu'ils sont le fruit d'un travail préalable, d'une recherche approfondie de la psychiatrie de la deuxième partie du XIX.
Un premier long métrage totalement maitrisé, un film éblouissant bien plus qu'une simple reconstitution.

Vu à l'Arlequin !

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