dimanche 23 septembre 2012

Monsieur Verdoux - Charlie Chaplin (1947)

A l'origine, c'est Orson Welles qui eut l'idée d'adapter l'affaire Landru au cinéma, pour incarner le célèbre criminel il pense à Charlie Chaplin.Ce dernier est enthousiaste mais il n'imagine personne d'autre que lui-même pour mettre en scène le film. Il rachète l'idée  à Orson Welles 5000 $ et le cite dans son générique.
Au moment où il tourne ce film, Chaplin est en pleine tourmente judiciaire, accusé par l'actrice Joan Barry d'être le père de son enfant. Si le cinéaste confirma la liaison, il nie être le père de l'enfant ce que confirment des tests sanguins. Pour autant, il est injustement condamné, la presse mène une virulente campagne à son encontre.
Monsieur Verdoux signe une rupture totale entre Charlie Chaplin et son personnage Charlot. Le cinéaste choisit de modifier totalement le contexte historique de l'affaire Landru, faisant de Verdoux une victime de la crise de 29. Caissier dans une banque depuis trente ans, Verdoux est licencié du jour au lendemain.... Il monte donc une" petite affaire" pour faire vivre dignement son épouse handicapée et leur enfant. Affaire qui l'amène à supprimer quelques riches veuves après les avoir détroussé.
Mais une nouvelle crise boursière a raison de ses placements, c'est à nouveau la ruine pour Verdoux... Nous comprenons qu'il a supprimé femme et enfant avant de se faire arrêter par la police. Jugé, il est condamné à mort. Il accepte la sentence
Film noir, pour autant Chaplin ne renonce pas à son sens de l'humour, il nous fait toujours rire, se laissant aller ici ou là à des pirouettes nous rappelant les sommets de ses films muets. C'est déja la première réussite du film d'avoir su intégrer des scènes cocasses sans jamais dénaturer le personnage du criminel... Un criminel cynique mais  qui joue un peu les justiciers s'en prenant principalement aux fortunés. D'ailleurs, lorsqu'il découvre qu'une de ses victimes, une jeune fille sur qui il veut essayer un nouveau poison censé ne pas laisser de trace, vient juste de sortir de prison, condamnée à trois mois d'enfermement pour une petite escroquerie réalisée pour subvenir aux besoins de son mari revenu handicapé de la guerre, il  l'épargne. Chaplin reste définitivement du coté des exclus. 
La dernière scène du film montre Verdoux se rendant l'échafaud, il est  filmé de dos et finit par prendre la démarche de Charlot...
Un film sombre où Chaplin semble ne plus croire à la nature humaine. Nous sommes au lendemain de la guerre, le discours qu'il lança à la fin de son précèdent film le dictateur, implorant les peuples à réagir n'a pas été entendu. Le pire a été commis, c'est d'ailleurs cela que rappelle Verdoux à la fin de son procés... On me reproche d'être un petit criminel individuel, alors que les crimes collectifs bien plus affreux ne sont pas punis... Chaplin  porte un regard désabusé sur le monde de l'après guerre.

Ce film fut mal accueilli par la critique américaine définitivement fâchée avec le cinéaste, bientôt chassé du sol américain.

Vu dans le cadre du Ciné club de Claude Jean-Philippe au cinéma l'Arlequin

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