Le musée juif de Berlin est absolument admirable.
Admirable par son architecture dont le concept développé par son créateur Daniel Libeskind repose sur la symbolique des trois destins possibles pour les juifs allemands: la mort, l'exil ou la continuité... Difficile de définir la forme du monument, peut être un éclair brisé pour symboliser cette histoire chaotique fait de tragédies mais aussi de moments plus harmonieux.
Dans la structure, on trouve des "voids" des ensembles vides symbolisant l'absence des juifs en Allemagne. Un a été conçu par l'artiste Israélien Menashe Kadishman, un long couloir jonché de 10000 visages en métal tels des feuilles mortes. On y marche dessus, des bruits discordants résonnent.
La mort est symbolisée par un espace vide, nous nous retrouvons encadrés par quatre dalles de béton qui montent haut laissant juste passer un filet de lumière et les rumeurs assourdies de la ville, une impression de solitude et d'abandon.
Le jardin de l'exil , composé de grands blocs de béton emplis de terre surmontés d'oliviers de Bohème, entre les dalles, des chemins inclinés de 12 degrés, se promener dans ce labyrinthe doit permettre de mieux saisir la difficulté de se retrouver dans un endroit inconnu où tout devient obstacle.
Admirable par son contenu également, l'histoire des juifs d'Allemagne est racontée ici de manière détaillée, avec de nombreux objets qui témoignent de parcours individuels. Cette juxtaposition de destins personnels et de faits historiques est particulièrement intéressante. Cette histoire démarre dés le IV siècle avec le décret de Constantin qui autorise les juifs à devenir membres des conseils locaux, traverse le moyen age et ses massacres lors des croisades, se poursuit avec une période plus heureuse qui va des Lumières à la république de Weimar. avant de plonger dans les ténèbres nazies.
Une exposition temporaire est consacrée aux dessins de Bedrich Fritta. Interné à Theresienstadt avec d'autres artistes, condamnés à produire des dessins pour la propagande nazie devant donner l'illusion d'un camp de travail modéle notamment pour satisfaire aux exigences de la visite de la croix rouge, les artistes vont réaliser clandestinement des oeuvres personnelles témoignant de la réalité des camps. Ce sont ces oeuvres de Bedrich Fritta qui sont exposées en ce moment.
La propagande terminée, Bedrich Fritta est déporté à Auschwitz où il décéde en 1944
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