lundi 29 octobre 2012

La réparation - Colombe Schneck

Non seulement il y avait chez les nazis la volonté d'exterminer le peuple juif mais également de nier l'existence même de leurs victimes. Ainsi, la réparation le dernier récit de  Colombe Schneck nous rappelle qu'avant de quitter la Lituanie devant l'avancée l'armée rouge,  les nazis obligèrent les juifs sélectionnés comme esclaves pour les camps de travail, à déterrer les victimes des einsatzgruppen pour les incinérer et ainsi éliminer toutes traces de leurs crimes, en vain . Nous retrouvons cette même volonté à Auschwitz.
Cette volonté de négation se perpétue à travers des pseudo-historiens qui sont la honte de la pensée humaine... alors chaque fois que la littérature s'empare de l'histoire d'une des victimes de la shoah, et inscrit définitivement dans le marbre le parcours de ces noms, elle scelle définitivement la défaite du bourreau. 
Dora Bruder de Patrick Modiano, Les disparus de Daniel Mendelsohn sont à ce titre des œuvres exemplaires.
L'histoire de la famille de Colombe Schneck, des juifs lituaniens est mouvementée, tragique, ancrée dans l'histoire européenne du XX° siècle... Longtemps le choix des survivants fut celui du silence; seule solution trouvée pour avancer après la tragédie, tourner le dos à la mort et reprendre le chemin de la vie, reprendre définitivement ce que l'adversaire avait voulu leur confisquer. C'est lorsque sa mère lui demanda si elle pouvait donner comme deuxième prénom à sa fille, Salomé, en hommage à sa cousine victime des nazis que la journaliste qui entendait pour la première fois ce prénom a éprouvé le désir de connaître son histoire familiale.. Sa seule interrogation, une jeune fille aussi futile qu'elle,  est-elle de taille à se confronter à l'histoire de la Shoah. C'est d'ailleurs ce coté futile qu'elle a voulu rappeler tout le long du récit qui fut notre seule source d'agacement.
Ginda sa grand mère est venue étudiée en France du fait de la politique des quotas imposés aux étudiants juifs en Lituanie. Laissant sa famille , notamment sa mère Marie, ses deux sœurs Raya et Macha et son frère Nahum, elle part découvrir en 1926 la vie parisienne. Elle ne finit pas ses études mais elle rencontre un mari d'origine russe avec qui elle fonde une famille française.Pour autant les liens demeurent avec sa famille lituanienne qui ne voit pas le danger venir.
Obligée de rejoindre le ghetto, la famille essaye de s'organiser, de recréer un semblant de vie, Nahum s'y marie avec Myriam une jeune fille extraordinaire. Les nazis trient les prisonniers entre ceux qui seront esclaves dans les mines et ceux qui seront immédiatement exécutés. Lors de "la sélection", la grand-mère Marie prend la décision  d'être seule à tenir la main de ses deux petits enfants dont Salomé pour sauver la vie de ses filles....
Vivre est alors la seule obsession de deux sœurs Raya et Macha pour donner un sens au choix de leur mère.Sans oublier Nahum, nous avons aimé ce livre, pour ces femmes du siècle dernier, pour leur capacité à se confronter à la vie; à parler différentes langues,  le russe, le lituanien, le yiddish, l'anglais, le français..... des femmes d'une étonnante modernité.
Partie  à la découverte de sa famille, Colombe Schneck se rend aux Etats Unis, en Israël puis en Lituanie à la recherche de témoignages, pas à pas elle reconstruit son histoire qui se révèle être une ode à la vie !

1 commentaire:

  1. Lu aussi et j'ai beaucoup aimé aussi :
    http://livresdemalice.blogspot.fr/2012/10/colombe-schneck-la-reparation.html

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