Un carnet noir, des notes, des noms toujours soigneusement choisis dans des annuaires, des articles de presse, des petites annonces Dannie, Paul Chastagnier, Aghamouri, Duwelz, Gerard Marciano, Georges, un lieu "l'unic Hôtel"... Jean relit les notes de son carnet et replonge dans une période lointaine, quelques mois du début des années 60 qu'il traverse avec Dannie une jeune fille fantasque, mystérieuse.... Nul ne sait vraiment son identité, elle loge à l'Unic Hôtel après avoir habité la cité universitaire internationale sans jamais avoir été étudiante... A l'hôtel lorsqu'il la rejoint, il croise des messieurs louches, notamment "Georges" le plus inquiétant qui semble avoir affaire avec le Maroc et aussi Aghamouri peut être un membre des forces spéciales. Ils ne sont pas étrangers à l'affaire Ben Barka ...Dannie retourne parfois dans un ancien appartement ou une maison de campagne dont elle a gardé les clés... Elle lui confie avoir commis un acte grave, un crime, puis elle finit par disparaitre sans laisser d'indices.
Un agacement lors des premières pages, une impression de déjà lu puis très vite nous sommes repris par le charme irrésistible de l'écriture de l'auteur de Dora Bruder. Nous replongeons dans cette époque du début des années 60 qui lui semblent si chères, parce qu'elles furent assurément les plus romanesques de son existence où livré à lui-même le jeune adulte fait de drôles de rencontres,c'est aussi les années d'apprentissage de la littérature où il s’émeut de croiser le poète Jacques Audiberti... jamais nostalgique pour autant, peut être mélancolique d'un amour dont il découvre finalement l'ampleur avec le temps. Paris est alors le lieu de rencontres entre les divers mouvements engagés dans les conflits d'Afrique du Nord où les complots prennent corps, avec des êtres mystérieux qui ont tout pour fasciner le jeune écrivain en herbe.
Nous aimons ces rendez vous réguliers, avec ce poète du bitume parisien, promeneur inlassable de la capitale, il semble en connaitre tous les immeubles avec leurs passages secrets, leurs cours dérobées,...
C'est à Orson son petit fils qu'il dédie ce dernier roman, nous avons eu une pensée pour un autre Orson, le réalisateur de Citize Kane, tant ses romans semblent être la quête d'un improbable Rosebud...
Si il y a un trésor littéraire caché; ce sont assurément les carnets de Patrick Modiano...
Je l'ai vu hier à La Grande Librairie et malgré ses difficultés d'élocution pénibles, j'ai envie de lire ce livre ! Il expliquait aussi qu'il prenait des noms d'anciens camarades avec l'espoir secret qu'ils se reconnaissent et lui fassent signe, il a parlé de l'effet "aquarium" donné par le temps qui passe, et d'autres choses très belles !
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