Jusqu'à ce jour, nous n'étions pas des fans convaincus des romans de Philippe Djian. . Nous avions même la fâcheuse tendance à oublier le contenu de ces livres. Mais parce que le Monsieur a tout de même une solide réputation, nous rechutons régulièrement. Donc Oh... son dernier roman a fini par se retrouver dans notre besace, et ce fut enfin une chouette rencontre.
Nous étions définitivement convaincus après avoir lu Madame Bovary qu'un écrivain pouvait très facilement se glisser dans la peau d'une femme, Philippe Djian relève à son tour le défi, son point de vue est celui de Michèle une femme de notre temps victime d'un viol qui ouvre le roman. Elle ne porte pas plainte, nous comprenons qu'un trauma venu de l'adolescence pourrait justifier son comportement, son père a réalisé un carton sur des enfants d'un club Mickey faisant soixante dix victimes. Elle fut alors laissée à la vindicte de la foule, insultée , humiliée notamment par son petit ami qui lui cracha à la figure, elle dut fuir, vivre cachée avec sa mère .
Michèle a su se relever de cette épreuve, elle est devenue une femme d'action qui possède une société de production avec sa meilleure amie Anna. Divorcée, elle doit gérer son fils qui a vingt cinq bosse chez Mac Donald, et s'est mis en couple avec une femme enceinte dont il s’apprête à reconnaitre le futur bébé alors que le père biologique croupit en prison en Thaïlande pour trafic de drogue; et sa mère dont elle subvient à tous les besoins. Cette dernière ne cesse de la pousser à rendre visite à son père toujours derrière les barreaux...
Cela fait beaucoup pour une seule femme, surtout que nous avons omis de vous dire qu'elle a pour amant le mari de son amie Anna , et qu'elle va revoir son violeur avec qui elle engage une relation particulièrement ambigüe.
Il est rare de croiser un personnage aussi chargé, à vrai dire le livre aurait du nous tomber des mains tel un scénario de série Z...Et c'est là le miracle, tout ceci fonctionne, tout passe par le talent incontestable de l'écrivain. Nous allons suivre un mois durant cette cellule familiale en crise où finalement chacun découvre sa vraie nature. C'est un livre rempli d'humanité, nous suivons les personnages dans leur quotidien avec leurs failles... Ce qui fait la force de ce livre, c'est la construction des personnages, ils ne sont jamais une caricature, ils ont tous leur complexité,et le lecteur garde un sentiment ambivalent avec chacun d'eux...Et si ce mois de décembre s'annonce sinistre, un certain sens d'humour noire permet au lecteur de ne pas sombrer, avouons le coté club Mickey adouci le crime du père, nous avons honteusement souri...
Il signe ici un magnifique portrait de femme libre qui brille face à la veulerie des hommes. Son mari, son fils, son voisin, son amant, ils sont tous tristes, immatures voire pathétiques... Philippe Djian n'aime pas les ambiances masculines, de celle que l'on retrouve dans les stades, il nous le fait bien comprendre!
Nous retrouvons son goût pour la littérature américaine, John Cheever est notamment cité. Mais il ne singe pas ses modèles il s'en nourrit pour renouveler la littérature française.
Nous avons beaucoup aimé ce roman de Philippe Djian, il nous pousserait à revisiter son œuvre!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire