Ce spectacle de Thomas Quillardet est adapté des deux premiers volets de la trilogie de la villégiature de Carlo Goldoni. Deux familles de la bourgeoisie de Livourne se retrouvent enfin en vacances dans la campagne voisine après maintes péripéties, celui-ci tourne au cauchemar. C'est une chronique cruelle de la bourgeoisie italienne dont l'idéal est d'épater le voisin sans avoir peur de vivre au dessus de ses moyens, et si l'action est ici située à Livourne, c'est bien de la bourgeoisie Vénitienne et de son goût immodéré pour les séjours à la campagne que Goldoni se moque . Inspiré par le théâtre de Molière, il fait un portrait sans concession de la bourgeoisie et de ses goûts ridicules pour l'apparence. Ce réalisme lui fut d'ailleurs reproché par son collègue traditionaliste Carlo Gozzi., querelles qui poussèrent Goldoni à quitter Venise pour Paris.
Partir en vacances sans en avoir les moyens, juste pour faire impression, être à la hauteur de son voisin , de son collègue de bureau est un sujet actuel , la pièce de Goldoni n'a aucunement perdu de sa truculence dans notre société de loisirs. La mise en scène de Thomas Quillardet est pleine de rythme, servie par une troupe de huit acteurs absolument remarquables, c'est jubilatoire . On rit de ces femmes au bord de la crise de nerf pour une robe, d'un insupportable pique assiette qui ne peut s’empêcher de médire de ceux qui le nourrissent, des jeux de l'amour et du hasard . Ici la sagesse vient finalement des domestiques spectateurs lucides du désastre qui s'amorce. Ce spectacle prouve combien la place de Goldoni est centrale dans la culture italienne, par sa férocité, son réalisme, il est évident qu'il est le père de la comédie italienne moderne celles de Dario Fo ou du cinéaste Dino Risi .
Une très belle soirée de théâtre!
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