dimanche 21 avril 2013

Zero de conduite - Jean Vigo

Réalisé en 1933, "Zéro de conduite" est inspiré par les années de collèges du réalisateur et par l'engagement anarchiste de son père connu sous le pseudonyme de Miguel Almereyda. Ce dernier fut plusieurs fois emprisonné pour ses engagements anarchistes. En 1917 il se convertit au pacifisme, accusé d'intelligence avec l'ennemi, il retourne en prison, il est retrouvé mort dans sa cellule, pendu avec un de ses lacets dans des conditions plus que suspectes. Jean Vigo, son fils a tenté en vain d'enquêter sur les conditions de la mort de son père...
Zero de conduite est un moyen métrage, qui a pour cadre un internat dans un collége où les éleves doivent subir un ordre rigide , suivre des règles immuables. La moindre incartade est sanctionnée d'un zéro de conduite, et d'une consignation pour le dimanche suivant. Pas de mauvais bougres pourtant ces gamins, le film commence par le voyage en train de deux d'entre eux, ils ne cherchent qu'à s'amuser, nous les voyons s'échanger dans un grand moment de joie des tours de magicien. Une fois la porte de l'établissement passée, toute idée de jeu est proscrite. Il faut marcher droit.
Quatre gamins décident de se rebeller lors de la fête de l'établissement, ils font le projet d'aller planter un drapeau de pirate sur le toit du collège. C'est l'heure de la révolte , les quatre protagonistes s'échappent par les toits vers les chemins de la liberté!
Réalisé en 1933, ce film est encore marqué par le cinéma muet, d'ailleurs Jean Vigo ne peut résiste pas à lancer un clin d'oeil à Charlie Chaplin quand, dans la cour du collège, le seul surveillant bienveillant avec les enfants s'amuse à mimer la démarche de Charlot.  Ce film sur l'enfance n'a rien perdu de sa fraicheur, de sa poèsie. Jamais l'auteur n'a souhaité en faire une oeuvre dramatique, l'humour est toujours présent, c'est d'une drolerie permanente. C'est à travers ses blagues que Jean Vigo règle surement de vieux comptes avec l'institution éducative, faisant incarner le rôle du proviseur par l'acteur nain Delphin comme pour nous montrer le manque de grandeur de ces personnages.
Le film jugé subversif à sa sortie fut immédiatement interdit. Il n'obtient son visa d'exploitation qu'après la guerre en 1945, il devint rapidement un film culte des ciné clubs. Il pouvait enfin trouver la place qui devait être la sienne, au sommet des plus grands films du cinéma français.

Ce fut un régal pour nous de revoir le chef d’œuvre de Jean Vigo sur l'écran géant du cinéma l'Arlequin. Merci à Claude Jean Philippe pour cette programmation heureuse !

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