lundi 15 avril 2013

Mulholland Drive - David Lynch

C'est toujours avec un sentiment de frustration que nous revoyons certains films sur un écran de télévision , même si ces derniers ont fait des progrès importants sur la taille des écrans et la qualité des images. . Mais nous avons finalement accepté ce compromis tant était grande notre envie de revoir Mulholland Drive le chef d’œuvre de David Lynch  après avoir assisté récemment à une projection de Vertigo d'Alfred Hictchcock . Lors de la présentation de ce dernier film diffusé dans le cadre de son ciné club, le critique Claude Jean Philippe avait justement qualifié le cinéaste anglais de  "poète de la peur", ce qualificatif colle parfaitement ici à David Lynch
Mulholland Drive est à nos yeux son film le plus fascinant, nous pourrions facilement  le voir en boucle  et nous perdre avec le même plaisir à chaque  fois que la petite boite bleue s'ouvre.
Un début assez classique dans le cinéma américain, une femme est conduite dans une voiture qui s'arrête sur le bord de la route Mulholland Drive, le conducteur se retourne, un pistolet à la main prêt à exécuter sa passagère. La scène a tout du contrat. Des teenagers arrivent en contresens à vive allure, l'accident est inéluctable il empêche l'exécution, la jeune femme est la seule à survivre.
Elle s'échappe juste avant l'arrivée des forces de l'ordre. Elle erre sur les collines de Los Angeles. Amnésique, perdue, elle trouve refuge dans un appartement que Betty une jeune femme de l'Amérique profonde  est venue occuper avec des rêves de cinéma en l'absence de sa tante partie sur un tournage .
Les deux jeunes femmes vont se découvrir, mener l'enquête pour aider Rita à retrouver sa mémoire, s'aimer...  Betty met tout son énergie dans cette recherche, et dans un premier casting où elle frappe les esprits, les portes Hollywood semblent prêtes à s'ouvrir à la jeune femme.
Dans les quelques affaires que possédaient Rita , une clé bleue, Betty finit par trouver sa destination: une boite qui s'ouvre et nous plonge dans une nouvelle histoire de jalousie entre deux actrices hollywoodiennes...
Un trio d'acteurs inconnus qui se révèlent, Naomi Watts, Laura Haring et Justin Theroux, par leur beauté ils incarnent le fantasme et le coté glamour de Hollywood. Si David Lynch règle ici quelques comptes avec l'industrie du cinéma corrompue, il se révèle surtout un magnifique manipulateur, perdant le spectateur dans les méandres de son scénario. Le film fit les beaux jours de nombreux forums où chacun venait livrer sa vision de l'histoire, de ce cauchemar expression de l'inconscient du cinéaste. Nous ne viendrons pas ajouter ici  notre propre interpretation, à vrai dire cela nous est un peu égal d'autant plus que l'histoire a force d'être vue finit par être totalement limpide, nous restons surtout fascinés par le formalisme de ce film sombre, une perfection de mise en scène. Nous nous souvenons alors de cet extrait du long poème de Jean-Luc Godard : "Histoire(s) du cinéma" (Ed Gallimard)

le cinéma projetait
et les hommes
ont vu
que le monde
était là
un monde
encore presque
sans histoire
mais un monde
qui raconte
mais pour
au lieu de l'incertitude
installer l'idée et la sensation
les deux grandes histoires ont été
le sexe et la mort
des histoires de beauté en somme
la beauté, le maquillage
dans le fond
le cinéma
ne fait pas partie
de l'industrie
des communications
ni celle du spectacle
mais de l'industrie des cosmétiques
de l'industrie des masques
qui n'est elle-même
qu'une mince succursale
de celle du mensonge

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