Aujourd'hui avait lieu pour le théâtre Jean Arp , la dernière représentation de la pièce écrite par Philippe Minyana, mise en scène par Laurent Brethome, nous avons eu le désir de revoir ce spectacle ou plutôt de le réentendre.
Si nous avions insisté dans notre précédent billet sur l'aspect visuel du théâtre de Laurent Brethome, nous avions totalement omis d'insister sur l'aspect musical du jeu des acteurs qui donne au texte tout son sens, en exprime sa poésie.
Lire un texte de Philippe Minyana est une véritable gageure, fait de répétitions, il désarçonne rapidement le lecteur. Pour qu'il prenne tout son sens, que l'on en mesure toute la substance, il doit être mis en voix.
Dans Tac, il y a une scène qui résume à elle seule tout le travail du metteur en scène pour donner vie au texte Gérard Tac et sa sœur se rendent chez leurs deux cousins dont la mère qui devait fêter au mois d'août ses cent ans se meurt. Ils se trouvent installés tous les quatre assis sur des chaises devant la porte, ils n'ont pas grand chose à se dire, la sœur a tendance à somnoler. Scène banale de la vie familiale où des événements de la vie imposent à ses différents membres de se retrouver alors qu'ils ont très peu en commun.
La scène est ici composée de phrases courtes: "Pour être ligotés, on est ligotés", "elle aura cent ans en août", "c'était une beauté blonde", "je vous souhaite qu'elle meure le plus vite possible", "Tu veux du Kouglof"...
Phrases banales qui reviennent sans cesse, comme un thème musical... les quatre acteurs deviennent alors quatuor, les mots reviennent en boucle, c'est une incessante variation autour d'un même thème où chacun doit respecter son tempo, la moindre fausse note et tout s'écroule, c'est tout autant de la musique que de la littérature, et c'est cette musique qui donne tout le sens à cette scène d'une terrible noirceur... et nous sommes alors portés par cette ritournelle acide avec un véritable pouvoir de réminiscence sur chacun d'entre nous ... un sublime moment de théâtre!
Phrases banales qui reviennent sans cesse, comme un thème musical... les quatre acteurs deviennent alors quatuor, les mots reviennent en boucle, c'est une incessante variation autour d'un même thème où chacun doit respecter son tempo, la moindre fausse note et tout s'écroule, c'est tout autant de la musique que de la littérature, et c'est cette musique qui donne tout le sens à cette scène d'une terrible noirceur... et nous sommes alors portés par cette ritournelle acide avec un véritable pouvoir de réminiscence sur chacun d'entre nous ... un sublime moment de théâtre!
Ils étaient sept sur scènes, tous merveilleux: Fabien Albanese, Magali Bonat, Leslie Bouchet, Thierry Jolivet, Francis Lebrun, Alain Sabaud, Philippe Sire
La voix off était celle de Jean-Pierre Pernaut
C'était Tac, un texte de Philippe Minyana, dans une mise en scène de Laurent Brethome, produit par la compagnie du menteur volontaire
C'était Tac, un texte de Philippe Minyana, dans une mise en scène de Laurent Brethome, produit par la compagnie du menteur volontaire
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'ai vu cette pièce au TNT de Toulouse il y a une quinzaine de jours, Je vais assez peu au théâtre et je ne connaissais pas le travail de Laurent Brethome ni les textes de de Philippe Minyana...
La scène que vous évoquez est étonnante: Les 4 assis sur des chaises, les 2 oncles sont fabuleux, on perçoit une véritable jubilation entre eux, la sœur qui somnole et se manifeste par intermittence comme pour signifier sa place.
Je trouve très juste et bien vu cette image du quatuor,je n'aurai pas su le dire ainsi...
les mots en boucle, une espèce de ritournelle si particulière. Chaque phrase se transforme en effet en partition dans un rythme qui lui est propre, je me suis demandée s'il n'y avait pas là une possibilité entre eux d'interprétation avec des petites variantes réjouissantes tant ils ont l'air d'y prendre plaisir...
Un sacré tour de force,
Un spectacle totalement original et décalé !
Cette musicalité est d'ailleurs présente dés le prologue, qui ouvre magnifiquement le spectacle.
RépondreSupprimermais nous avons retenu à titre d'exemple ce chapitre 6, vraiment remarquable.
C'est comme vous dites un spectacle original et décalé, une fable sociale qui nous raconte beaucoup de choses sur notre époque avec au cœur de sa problématique la question du logement.