samedi 27 septembre 2014

Saint Laurent - Bertrand Bonello

"J'ai créé un monstre, il me faut vivre avec"... ainsi s'exprime Yves Saint Laurent,immense créateur dévoré par son génie. L'art de la mode est sans pitié, il faut produire chaque année deux collections pour faire vivre la marque... Bertrand Bonello fait le portrait d'Yves Saint Laurent,  au moment où il est au sommet de son art  entre 1967 et 1976...
Il est au cœur de la vie parisienne, rien ne lui résiste. Mais le succès ne garantit pas le bonheur, sa passion pour Jacques De Bascher le dévore littéralement, il se brûle les ailes ...L'alcool, les drogues, les paradis artificiels pour compagnons. Bien qu'entouré de ses deux muses Loulou de la Falaise et Betty Catroux et toujours soutenu par Pierre Bergé, l'artiste finit seul rongé par ses démons...
YSL devenu invivable, Pierre Bergé finit par aller vivre ailleurs sans pour autant l'abandonner ...Il est le maillon indispensable, celui qui par son sens des affaires, son caractère intraitable a permis à la griffe  de devenir une valeur incontestable du marché du luxe, garantissant aux deux hommes une énorme fortune, de quoi satisfaire tous les désirs les plus fous ,de mener une vie prussienne au milieu des objets d'art chéris, d'installer une sublime base arrière à Marrakech pour y retrouver l'inspiration. Matisse, Mondrian mais aussi Andy Warhol sont ses sources d'inspiration mais c'est surtout la femme qui est au cœur de ses préoccupations... Sublime scène où il relooke en un clin d’œil une des ses clientes, désormais prête à partir avec force et confiance affronter le monde.
Jérémie Regnier, Louis Garrel , Léa Seydoux, Aymeline Valade, Amira Casar  sont absolument remarquables, ils ne trahissent jamais leurs personnages. Gaspard Ulliel incarne totalement Saint Laurent dans ses exaltations et son infinie détresse. Le couturier âgé est interprété magnifiquement par Helmut Berger qui porte en lui ses années Visconti ce qui sied parfaitement à l'agonie du personnage et de son monde . C'est peut être là, le biopic le plus inspiré depuis Citizen Kane,  Bertrand Bonnello  ne fait pas un  récit chronologique et académique de la vie du couturier, mais par son écriture subtile il ne perd jamais le spectateur dans les méandres de la vie de Yves Saint Laurent. Avec une bande son vertigineuse, il donne à son œuvre une intensité propre aux grands films de Martin Scorsese!
Eblouissant !

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