mercredi 17 septembre 2014

Les mauvaises fréquentations - Jean Eustache

Les mauvaises fréquentations sont  composées de deux courts métrages de 45 min environ. Le premier "Du coté de Robinson" a pour cadre Paris un dimanche où deux amis se retrouvent dans un bar, pour casser l'ennui ils se décident à partir draguer les filles. Ils croisent une jeune femme du coté de Montmartre qu'ils invitent dans un dancing . Parce qu'elle les délaisse pour un troisième homme, ils filent discrètement après avoir dérobé dans le sac de la jeune fille son portefeuille...

Le deuxième film Le père Noël a les yeux bleus a pour cadre Narbonne, où Jean Eustache a passé une partie de sa jeunesse. Daniel rêve de se payer un duffle coat devenu le manteau à la mode, ustensile indispensable pour séduire les jeunes filles. Mais il n'a pas un rond, alors il accepte les petits boulots pour obtenir son sésame et se retrouve ainsi sur le trottoir déguisé en Père Noël pour se faire prendre en photo avec les enfants mais aussi les jeunes femmes ...
Les deux films recèlent des thématiques communes, nous retrouvons dans les deux des jeunes hommes dans la dèche mais qui n'ont pas renoncé pour autant à une certaine joie de vivre... Les filles sont au cœur de leurs préoccupations, et s'ils aiment se vanter auprès de leurs camarades, c'est tout de même une affaire compliquée pour eux... Ils ont en commun un certain goût pour l’élégance, notamment Daniel, joué par un Jean-Pierre Leaud véritable double du cinéaste qui se place également à travers un clin d’œil dans la filiation d'Antoine Doisnel, toujours digne et élégant dans sa situation désargentée qu'il justifie par une histoire improbable ... Sublime Dandy !
Quel bonheur que d'avoir enfin pu voir les premiers films de Jean Eustache  projetés de manière exceptionnelle à la filmothèque du quartier latin dans le cadre d'un cycle consacré aux cinéastes de la Nouvelle Vague!
Les plans longs tournés dans les rues de Narbonne sont absolument remarquables, Jean Eustache a un sens aigu de la géographie des villes, capable d'en faire ressentir l'atmosphère en quelques plans, où chaque image est soigneusement pensée sans jamais entraver une impression de spontanéité ... Il s'en dégage une atmosphère unique, une poésie au charme irrésistible qui n'est pas sans faire penser aux romans de Patrick Modiano, à ses errances dans les rues de Paris et ses personnages mystérieux.
Nous voyons les films de Jean Eustache avec la même ferveur que nous lisons les romans de Patrick Modiano !

2 commentaires:

  1. Un billet qui me touche beaucoup c'est mon papa qui a signé la photo de ces deux films de Jean Eustache ;-)
    Et Modiano fait partie de mes écrivains fétiches !
    Pour ma part ces deux films je les ai vus il y a très longtemps lors d'une rétrospective, peut-être bien à l'Entrepot !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Un sacré talent votre père car ous imaginons que les conditions de tournages devaient être minimales, le résultat est pourtant parfait !

      Supprimer

LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...