mardi 9 septembre 2014

Mademoiselle Julie - Alf Sjoberg

Un sentiment rare de désillusion nous habitait au moment du générique de fin de Mademoiselle Julie de Alf Sjoberg, un film qui avait obtenu la récompense  suprême lors de sa présentation au festival de Cannes de 1951 . La déception fut si amère que nous interrogeons de savoir si nous avions su voir ce film et si nous n'étions pas passer à coté.  Un film rare difficile à voir, mais ressorti en parallèle de l'adaptation proposée par Liv Ullman.
Une intrigue assez simple, d'une fille de propriétaire qui a une étreinte amoureuse avec son valet lors de la nuit de saint Jean. La richesse du texte de Strindberg est dans la complexité des personnages, dans le rapport de classes et des sexes, que l'auteur exprime pleinement dans une préface rédigée en préambule de son texte:

"Le destin affligeant de Mademoiselle Julie, je lui ai donné pour motifs une quantité de circonstances:les "mauvais" instincts de base de sa mère,; l'éducation fautive que lui a inculqué son père;les suggestions de sa propre nature et celles que son fiancé exerce sur un cerveau faible, dégénéré; en outre et plus précisément : l'ambiance de fête de la nuit de la Saint Jean , l'absence du père; le fait qu'elle même ait ses règles; le fait de s'occuper d'animaux; l'influence excitante de la danse; la pénombre de la nuit; l'influence fortement aphrodisiaque des fleurs; et enfin le hasard qui pousse les deux personnages à se trouver ensemble dans une pièce secrète, plus d'audace de l'homme excité."

Pour éviter surement le piège du théâtre filmé, Alf Sjoberg ne s'est pas laissé enfermer dans la cuisine lieu de l'intrigue, il a voulu être fidèle aux propos de Strindberg cités ci-dessus, en montrant ces circonstances, filmant la fête de la Saint Jean ou reconstituant  la jeunesse des personnages à travers des flash backs.
Mais le tout est assez convenu et parait fortement daté, difficile de s'imaginer ce film tourné des années après l'avènement de Orson Welles et de Citizen Kane... La tragédie de Strinberg perd toute sa force, l'ouverture sur l'extérieur, la multiplication des personnages font tomber la tension dramatique qui faisait la force de la tragédie. C'est peut être là, la raison qui fait que ce film n'est jamais devenu réellement un classique du cinéma et qu'il ait quelque peu disparu de la circulation.

Vu à la filmothèque du quartier latin

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