mardi 11 février 2014

Les 400 Coups - François Truffaut

Bien plus qu'un simple film d'inspiration autobiographique où François Truffaut revient sur la période malheureuse de son enfance à travers son personnage Antoine Doisnel, les 400 coups font aussi le portrait de la France des années 50 où le logement était déjà un problème majeur de nos gouvernants. Un logement exigüe qui pèse sur le quotidien des Doisnel, où la promiscuité imposée joue sur la mauvaise humeur de chacun, l'absence d'intimité y rend la vie pénible...
C'est aussi une époque où les garçons ne vont pas à l'école avec les filles où l'éducation est différenciée selon le sexe, les maitres sont sévères, les punitions tombent à tour de bras, la ligne d'écriture devient une corvée fréquente.
Antoine Doisnel grandit entre ses parents, apprenant au détour d'une conversation volée que son père n'est pas son père biologique. Lorsqu'il rentre le soir de l'école, il comprend qu'il dérange , il lui faut libérer le coin de table sur lequel il fait ses devoirs ou rédige ses lignes de punition pour dresser le couvert. Son père ne pense qu'à ses week-ends et à ses rallyes automobiles, alors que sa mère est souvent irritable ne montrant que peu d'affection pour son fils. La vie d'Antoine est sans joie C'est avec un ami de classe qu'il trouve sa part de bonheur dans les bêtises mais aussi dans les salles de cinéma, les jours d'école buissonnière. Pour se sauver du pétrin ,le jeune homme est obligé de mentir, justifiant notamment une absence de l'école par la mort de sa mère.
Pour se racheter une conduite, il promet à sa mère de réussir sa prochaine rédaction, inspiré par le sujet il cite de mémoire la fin de la Recherche de l'absolu d'Honoré de Balzac, le maître l'accuse de plagiat et le sanctionne d'un zéro humiliant.
Antoine erre dans les rues, il part piquer une machine a écrire dans les bureaux de son père, un forfait qui va le mener au centre de détention pour mineurs... Antoine Doisnel finit par s'évader et réalise enfin son rêve, voir la mer... Un dernier plan capte le regard émouvant du jeune garçon...
 Tourné par François Truffaut,dans son quartier de jeunesse dans les rues de Pigalle et de la place de Clichy, le film se nourrit de sa propre jeunesse pour ouvrir une des plus belles pages du cinéma français, la série des Antoine Doisnel. Le film est un triomphe récompensé au Festival de Cannes où Jean-Pierre Léaud véritable révélation du film est porté en triomphe par Jean Cocteau. Une revanche pour le cinéaste pour qui l'année précédente les portes de Cannes  étaient fermées, la direction refusant de lui donner une accréditation alors qu'il était encore critique pour le magazine Arts lui reprochant des articles trop virulents lors du précédent festival. Le début du tournage fut difficile puisque lors de son premier jour, François Truffaut apprit la mort de son père spirituel André Bazin, le critique de cinéma le plus influent de l'après-guerre. Il lui dédie son premier long métrage!

Après "Zero de conduite" de Jean Vigo, François Truffaut réalise un très grand film sur la jeunesse, un film qui marque l'histoire du cinéma et qui se revoit toujours avec un plaisir inégalé.

2014, année François Truffaut...

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