jeudi 8 août 2013

Une journée particuliére - Ettore Scola

Rome Mai 1938, alors qu'il est au pouvoir depuis 16 ans, Benito Mussolini reçoit avec faste son allié  Adolf Hitler. La population romaine est convoquée dans les rues de la capitale à exprimer son enthousiasme, elle s'y rend avec joie et conviction.
Par des images d'archives, le cadre historique du film d'Ettore Scola est ainsi posé avant de resserrer sur un ensemble d'immeubles et plus particulièrement sur l'appartement d'une famille presque idéale aux yeux du régime fasciste. Antonietta a six enfants , il lui manque encore le septième pour obtenir l'honorable statut de famille nombreuse et méritante.
Au petit matin, tous se prépare dans une grande promiscuité pour aller à la parade. Seule Antonietta pourtant une fervente  admiratrice du Duce reste à l'appartement pour assurer les corvées du quotidien. C'est parce que son ménate s'échappe de sa cage qu'elle est emmenée à croiser un voisin de l'immeuble d'en face, Gabriele. Fasciné par cet homme resté à l'écart des festivités, elle va partager avec lui cette journée sous le regard  de la concierge d'immeuble, véritable agent de renseignement du régime à qui rien ne peut échapper...
Elle découvre son histoire, celle d'un homme chassé de la radio publique parce qu'homosexuel. Sa passion pour le régime fasciste et son chef devrait la pousser à s'écarter de ce paria, cet intellectuel honni par le régime mais elle ne peut plus quitter Gabriele malgré les mises en garde de la concierge. Parce qu'à travers son regard, elle prend conscience de son emprisonnement, condamnée à être une épouse servile et une mère de famille dévouée. Cette journée est finalement pour elle un espace de liberté.
La fin de journée approche, la foule est de retour. Gabriele est embarqué par deux policiers pour être déporté dans une colonie pénitentiaire sur une île. Antonietta  rejoint sa prison familiale, mais avec un coin de liberté: l'exemplaire les trois mousquetaires d'Alexandre Dumas, cadeau de Gabriele.
Tourné en 1977, le film d'Ettore Scola est bien plus qu'une illustration de la vie quotidienne sous le régime fasciste, c'est un film clairement féministe, une condamnation du machisme , mais également un film d'une grande tolérance sur la question de l'homosexualité dont le propos garde toute sa pertinence . Ce récit  intimiste est servi par un formidable duo d'acteurs, Sophia Loren admirable qui a accepté de se vieillir pour incarner Antonietta  est ébranlée dans ses certitudes, et Marcello Mastroianni qui avec subtilité révèle toute la fragilité de son personnage. Par la nuance de leur jeu, ils évitent de faire de leurs personnages des caricatures, un risque inhérent à ce genre de film !

3 commentaires:

  1. J'ai vu ce film au collège, en cours de latin (!) ( mon professeur avait une pédagogie particulière, mais grâce à elle j'ai vu de nombreux classiques que je n'aurais certainement pas regardé à mon âge), mon souvenir est donc un peu flou (et pas très mature), vous me donnez envie de le revoir.

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  2. Rebonjour Carmadou, ce film vu à sa sortie est un chef d'oeuvre, n'ayant pas peur du mot. Mastrioanni est génial. Bonne soirée.

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