lundi 12 janvier 2015

Remise de peine - Patrick Modiano


La lecture du dernier roman de Patrick Modiano Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier nous a donné l'envie de nous replonger dans un plus ancien Remise de Peine, parce qu'ils ont en commun un épisode de l'enfance de l’écrivain restée à jamais mystérieuse...
Une récit où deux jeunes  frères se retrouvent gardés par des amies de leur mère partie en tournée avec sa troupe de théâtre dans les pays francophones, la menant ainsi jusqu’en Afrique du Nord,  alors que leur père est plus ou moins en affaires avec des pays de l'Amérique du sud. Les deux enfants se retrouvent  dans une maison de Jouy en Josas. Avec eux quatre femmes, Annie une ancienne acrobate de cirque, Hélène et sa mère la pas commode Mathilde, puis une jeune fille sur qui repose la garde des enfants. Il y a en permanence des personnages de passage tout droit sortis de films de gangsters, la maison est comme une base arrière d'une vie parisienne que l'on peut imaginer tumultueuse. Le père passe parfois, maladroit avec ses enfants mais suffisamment mystérieux pour les fasciner. Patrick et son frère s'amusent de ce monde, ils se créent leur propre histoire autour d'une maison voisine mystérieuse.
Vivre dans ce village avec un pedigree si vague n'est pas chose aisée pour ces enfants, c'est comme s'ils portaient en eux le diable, l'ainé est vite renvoyé de l’école privé... puis un jour tous disparaissent, les gamins finissent chez la voisine, recueillis par la gendarmerie venue inspectée la maison... la bande d'amis n'était vraiment pas nette.
Un roman révèle toute la magie de l'écriture concise de Patrick Modiano qui rend parfaitement compte de la fascination que les adultes peuvent exercer sur les jeunes enfants. Enfants qui restent les spectateurs lointains des évènements, tel Fabrice à Waterloo, une distance qui crée le mystère qui ne sera jamais élucidé.  Les personnages disparaissent brutalement de la vie des deux jeunes frères, cet épisode nourrit la mélancolie de l'écrivain qui semble parfois écrire un roman comme on jette une bouteille à la mer dans l'espoir irréel d'obtenir un signe.
Bouleversant par l'évocation de son jeune frère, les deux gamins sont proches, solidaires, complices...celui-ci allait mourir brutalement d'une leucémie foudroyante, une disparition qui allait assurément renforcer le sentiment de solitude de l'écrivain privé de celui avec qui il partageait les souvenirs communs de ses jeunes années. 

 Cela commence ainsi:

"C'était l'époque où les tournées théâtrales ne parcouraient pas seulement la France, la Suisse et la Belgique, mais aussi l'Afrique du Nord. J'avais dix ans. ma mère était partie jouer une pièce en tournée et nous habitions, mon frère et moi, chez des amies à elle, dans un village des environs de Paris."

Après il n'y a plus qu'à se laisser porter par la prose envoutante du nouveau Prix Nobel de Littérature ...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...