Vladimir et Estragon attendent Godot sur un bord de route, cela peut être partout et nulle part, seule un saule est là pour leur tenir compagnie ou pour leur rappeler qu'il existe toujours cette possibilité de se pendre si la branche est assez solide pour ne craquer sous leur poids. Au cours de leur attente, deux personnages Posso et Lucky débarquent sur scène... Pozzo est un homme autoritaire qui revendique la propriété des lieux alors que le second est un "gnouk", un être au visage de Clown soumis qui joue au porteur dont il difficile de dire qui il est ... Les deux compagnons prennent la défense de ce pauvre être maltraité, avant de s'allier avec son patron qui refile ses os de poulets à Estragon... Pozzo et Lucky repartent, nos deux compagnons se retrouvent seuls, un jeune homme apparait pour les avertir que Godot ne viendra pas ce jour mais demain... Nos deux compagnons n'ont pas d'autre choix que "d'attendre Godot" une nouvelle journée...
Nous n'avions jamais vu une représentation du texte de Samuel Beckett, En Attendant Godot... Nous l'avions lu, mais cela restait une frustration car si elle révèle sa puissance désespérée, la simple lecture ne permet pas d'en mesurer toute la force, c'est un peu comme lire une partition sans entendre la musique... Ce texte fut écrit au lendemain de la seconde guerre mondiale dont Beckett fut un témoin et aussi un acteur par son engagement dans la Résistance, une époque où il a surement dû prendre toute la mesure de l'absurdité du monde...
Le plus frappant lorsqu'on lit le texte, c'est l’importance des didascalies, le texte est ciselé c'est un vrai travail d’orfèvrerie où tout a son importance, le rythme, le geste de l'acteur... rien n'est laissé au hasard.
Ce qui fait la beauté de la représentation de Laurent Vacher c'est le respect total au texte de Beckett servi par la diction parfaite tout en nuances des acteurs, sans aucune fausse note, il en exalte toute la poésie, . Situé dans un terrain vague, il se dégage de ce morceau de terre perdue une certaine beauté fascinante, un lieu en déshérence, un vieux champ de bataille... devenu leur territoire. C'est la tombée du jour, entre chiens et loups au moment où les angoisses remontent à la surface, le texte est sombre, mais aussi drôle, une facette du spectacle merveilleusement servie par la gestuelle burlesque des acteurs tous magnifiques ... Le mystère de la vie reste une inconnue inviolable, il ne nous reste plus qu'à attendre.
Laurent Vacher révèle par la précision de sa mise en scène toute la richesse du texte de Godot, son intemporalité et son universalité. On ressort de la salle avec le désir brulant d'y retourner ,comme marqués par certaines répliques de ce texte majeur de la littérature du siècle dernier... C'est effroyablement drôle !
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