Plus forte la vie c'est une idée un peu folle, celle de monter un spectacle total avec des comédiens amateurs encadrés par des artistes professionnels autour du témoignage de soldats blessés à la guerre et de leurs proches. Les paroles de ces hommes hospitalisés à l’Hôpital militaire de Percy situé au cœur de notre cité, ont été recueillies six mois durant par l'auteur dramatique Françoise Du Chaxel. Ces mots ont été l'inspiration du metteur en scène , un événement majeur de la saison du Théâtre Jean Arp qui fait honneur à sa ville !
Ce travail est d'autant plus rare que notre littérature et notre cinéma ont si peu et si mal parlé de l'histoire de nos gamins partis à la guerre ...Seul nous vient immédiatement à l'esprit le roman de Laurent Mauvignier, "Des hommes".
Ils sont jeunes, ils ont souvent découvert la guerre à travers les jeux vidéos...
La France idéale "black blanc beur", c'est dans les troupes de l'armée Française qu'elle se trouve, elle ouvre ses portes à tous les gamins de la nation,mais ne soyons pas dupes c'est souvent dans ses classes populaires qu'elle les recrute. Néanmoins elle donne une dignité, un honneur à ses enfants parfois perdus dans l'anonymat des quartiers où en ces temps de crise les mains tendues se font rares ... Ils s'engagent par goût de l'aventure, des entrainements virils, de la camaraderie, la vocation naît parfois dans la plus tendre enfance. Les entrainements sculptent les corps, les muscles sont saillants comme ceux des héros antiques, ils sont prêts pour le combat, pour partir en Afghanistan dans un décor hors norme , une ambiance kafkaïenne où l'ennemi est partout et nulle part, rebelles, djihadistes...on doit se méfier de tous, des gamins, des femmes, des regards qui fuient dans les villages traversés... Ils sont venus amener la paix, les lendemains qui chantent, ils croisent une hostilité silencieuse, la peur est leur quotidien mais ils font face... Tout renforce les liens entre les soldats, chaque mission est une roulette russe, puis un jour une mine, une bombe artisanale, tout bascule, la mort, le sang, certains se retrouvent dans un lit d’hôpital, le corps meurtri, handicapé, amputé, il faut se reconstruire se réapproprier son corps, retourner à la vie, c'est d'une violence inouïe.
La France idéale "black blanc beur", c'est dans les troupes de l'armée Française qu'elle se trouve, elle ouvre ses portes à tous les gamins de la nation,mais ne soyons pas dupes c'est souvent dans ses classes populaires qu'elle les recrute. Néanmoins elle donne une dignité, un honneur à ses enfants parfois perdus dans l'anonymat des quartiers où en ces temps de crise les mains tendues se font rares ... Ils s'engagent par goût de l'aventure, des entrainements virils, de la camaraderie, la vocation naît parfois dans la plus tendre enfance. Les entrainements sculptent les corps, les muscles sont saillants comme ceux des héros antiques, ils sont prêts pour le combat, pour partir en Afghanistan dans un décor hors norme , une ambiance kafkaïenne où l'ennemi est partout et nulle part, rebelles, djihadistes...on doit se méfier de tous, des gamins, des femmes, des regards qui fuient dans les villages traversés... Ils sont venus amener la paix, les lendemains qui chantent, ils croisent une hostilité silencieuse, la peur est leur quotidien mais ils font face... Tout renforce les liens entre les soldats, chaque mission est une roulette russe, puis un jour une mine, une bombe artisanale, tout bascule, la mort, le sang, certains se retrouvent dans un lit d’hôpital, le corps meurtri, handicapé, amputé, il faut se reconstruire se réapproprier son corps, retourner à la vie, c'est d'une violence inouïe.
Soixante acteurs, un chantier transformé en théâtre éphémère, parfait pour un champ de bataille; une ouverture sublime où les comédiens sortis d'une tranchée nous plongent dans l'effroi de la guerre à travers une chorégraphie où les corps se plient, se rompent, s'écroulent dans la terre. Histoire d'un soldat parti comme tireur d'élite, il a laissé sa femme seule, enceinte ...Il est Ulysse, elle est Pénélope, une histoire vieille comme le monde. Il multiplie les missions de jour, de nuit, puis il tombe sur une mine. Il rêve de ce temps où son corps lui permettait de courir librement, scène d'une désespérante beauté où le comédien se met à courir en boucle suivi d'un autre, puis d'un autre, d'un autre....
C'est cela la grâce de ce spectacle où l'on danse , on chante, on dit les mots...
"18 aout 2008, Uzbin
Dix étoiles tatouées sur mon cou
Pour ne pas oublier
Dix camarades tués dans cette
embuscade
et moi, blessé parmi les blessés
L'odeur du sang
le secouriste de combat
Qui trace sur mon front
Les informations
Qui aideront les secours
Dix étoiles qui ne s'effaceront pas"
Ce spectacle n'est pas un documentaire, un témoignage pour obtenir notre apitoiement cela eut été indécent pour ses hommes qui ont accepté le don de leurs corps. Evocation poétique de la vie et de ses tourments, et de ces histoires individuelles ; le thème de l'homme à la guerre, de l'absurdité de sa situation est universelle.
Nous avons l'envie de partager cette vision optimiste de ce voyage au bout de l'enfer où la vie finit par l'emporter, parce qu'ils sont beaux jeunes et généreux et qu'ils ont droit de rêver à ces futures parties de football, partagées avec leurs gamins...
Le travail de Laurent Brethome est exceptionnel, il a su réunir des citoyens de la ville venus de tous les milieux, de tous les âges et proposer un spectacle bouleversant d'humanité. Nous nous rappellerons longtemps de cette reprise inspirée et émouvante de mon légionnaire par Pauline Alcaide et Hugo Sempé, de l'interprétation hors norme de Ferdinand Barbet et du chant hongrois de Petra Korosi repris en chœur par l'ensemble des comédiens. Un grand moment où spontanément les gens se lèvent pour partager cet instant d'une rare intensité... Le pari était un peu fou au départ, il est largement relevé. Jouer en extérieur... la météo devait faire sa part de boulot, ils méritaient le soleil !
A coté de ce spectacle éphémère, une exposition jusqu'au 15 juin au théâtre de Jean Arp de dix clichés du photographe grand reporter au Parisien Philippe de Poulpiquet . Il a accompagné les soldats dans leur mission , puis il a continué son travail de retour à Paris en se rapprochant des blessés de l’Hôpital Percy. Sans aucun voyeurisme, il a photographié les corps meurtris en reconstruction, un travail remarquable.
Pour la France, est l'ouvrage qui retrace son travail autour de l'engagement de ces hommes partis en Afghanistan. Son travail a été récompensé par de nombreux prix.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire