jeudi 8 mai 2014

D'une vie à l'autre - Georg Mass

Si l'histoire des pays du bloc de l'Est fut une tragédie majeure du XX° siècle, c'est également une source d'inspiration inépuisable pour les auteurs d'espionnage ou de récits historiques.. L'Allemagne de l'Est, où la sinistre Stasi  installée sur les vestiges du nazisme servant avec zèle un régime paranoïaque totalement servile au grand frère russe, est à l'origine des films les plus passionnants de ces dernières années du cinéma allemand. Si "La vie des autres" vient immédiatement à l'esprit il convient de ne pas oublier le remarquable film de Christian Petzold, "Barbara" .
"D'une vie à l'autre" vient compléter cette liste, histoire d'une enfant née dans un Lebensborn norvégien rapatriée par les nazis en Allemagne, avant d'être élevée dans un orphelinat Est allemand. La jeune fille sans famille est une proie idéale pour les services secrets...Elle est renvoyée dans son pays de naissance pour  retrouver sa mère biologique mais surtout devenir un agent de renseignement Est allemand.
Le film commence à cette période charnière entre la chute du mur de Berlin et la réunification des deux Allemagnes. La STASI est aux abois, s'accrochant à ses pouvoirs.
L'histoire parait simple, mais comme dans tout bon film d'espionnage, elle s'avère bien plus complexe, plus machiavélique perdant parfois le spectateur avant de le reprendre dans un final haletant. Mais ce qui fait sa force et sa richesse, ce qui lui donne toute sa profondeur, c'est qu'au delà de sa partie espionnage et film d'action, c'est aussi un drame intimiste et une véritable réflexion sur l'identité.
Comme souvent pour ce genre de film de genre, la forme n'est jamais révolutionnaire mais nous avons finalement plutôt apprécié l'utilisation d'une caméra super 8 pour les retours dans le passé nous permettant aisément de suivre le récit dans toute sa complexité . Ce qui donne également à ce film toute sa densité est l'interprétation magistrale et le charisme de l'actrice Juliane Kölher et le plaisir jamais démenti de retrouver l'immense Liv Ullmann.
Nous avons assisté à cette projection dans le cadre d'une soirée organisée par le magazine L'Histoire avec Antoine de Baecque et Guillaume Mouralis, Historien spécialiste de l'Allemagne de l'Est et notamment des procès qui ont suivi la chute du Mur nous apprenant ainsi que les "ossis"compromis du régime communiste, inculpés après la mur du chute furent plus nombreux que les nazis après leur défaite. Il nous a également rappelé également la réalité des Lebensborn, et leur nombre important en Norvège considéré par les dignitaires nazis comme le berceau de la "pure aryanité"...

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