dimanche 23 décembre 2012

Stagecoach - John Ford

"John Ford est un des réalisateurs que j'estime le plus. Il se distingue des autres réalisateurs américains par une sorte de sublimation que l'on retrouve dans tous ces films. Chez lui, le spectacle est fondé sur les contrastes et sur la combinaison de rythmes rapides et de rythmes lents, plus sereins ou plus dramatiques ou plus poétiques. On trouve chez Ford une force qui n'a aucun équivalent dans l'histoire du cinéma: une force volcanique, intérieure, véritablement spontanée et authentique."

Manoel De Oliveira - Propos recueillis à Lisbonne en mai 1987 par Manuel S. Fonseca. (John Ford - Editions des cahiers du cinéma).

Nous avons voulu mettre en exergue de cet article les propos de Manoel De Oliveira, le doyen des cinéastes qui synthétisent à merveille le cinéma de John Ford. Un cinéaste à qui nous portons un véritable culte, assurément le plus grand conteur du 7eme art. Régulièrement nous relisons avec délectation le compte rendu par Bertand Tavernier d'une rencontre avec le cinéaste qui figure dans son livre "Amis américains". Nous ne pouvions pas rater la séance du ciné-club de Claude Jean Philippe consacrée à Stagecoach ou "la chevauchée fantastique" un titre français que nous n'aimons pas

Stagecoach est un film majeur, tourné en 1939, il relance le western tombé quelque peu en désuétude depuis la fin du muet, mais c'est aussi un formidable marchepied pour la carrière de John Wayne. Inspiré par la nouvelle "Boule de suif" de Guy de Maupassant, Stagecoach est le trajet dans une diligence à travers l'Arizona sous la menace des apaches et de leur chef Geronimo d'un groupe d'américains où toutes les couches de la société sont représentées. Une femme d'officier enceinte prête à accoucher, un représentant de commerce, un médecin alcoolique, un bandit, une prostituée,un ex-officier sudiste devenu joueur professionnel,  un banquier véreux ... ils doivent faire face ensemble à la menace alors que les convenances sociales leur imposent une certaine réserve entre eux selon ce qu'ils incarnent. Face au danger les masques tombent,   chacun révèle sa véritable nature. Véritable plaidoyer pour la tolérance, un thème cher au cinéaste qui affiche ici sa détestation des mères patronnesses et autre ligue de vertu. Un film plein d'humanité, où le cinéaste va à chaque fois à l'essentiel refusant toute forme de spectaculaire, il filme pour la première fois Monument Valley, il va en faire son territoire. L'Amérique renoue avec le Western, c'est sa légende qu'elle écrit à travers ce genre.

C'est à travers ce film que Orson Welles va apprendre l'art du cinéma comme il le confie à Peter Bogdanovitch lors d'un entretien. Il se fait projeter le film à multiple reprises convoquant des techniciens pour se faire décrypter le cinéma de Ford. Au cours de cet entretien, il dément ainsi être l'inventeur des plafonds bas qui ont fait la marque de son premier film, c'est dans ce film de Ford qu'il a relevé cette façon de fermer l'image.

John Ford est un géant !

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