jeudi 11 février 2016

Ali 74, le combat du siécle - Nicolas Bonneau

Lorsque Mohammed Ali souffrant de la maladie de Parkinson allume la main tremblante la flamme aux jeux olympiques d'Atlanta, Bill Clinton alors Président pleure... des larmes qui peuvent être vues comme un pardon pour les douleurs infligées au boxeur et plus largement au peuple noir... Boxeur génial, poids lourd au jeu de jambes jamais vu pour un tel gabarit,  Mohammed Ali fut banni de son pays pour avoir refusé de combattre au Vietnam... Il avait d'ailleurs un excellent motif, les vietcongs eux ne l'avaient jamais traité de sale nègre.
Sale nègre, c'est ainsi qu'il fut reçu dans un restaurant après sa victoire aux JO à Rome. De colère il en jeta sa médaille d'or dans le fleuve l'Ohio ...
Don King pour "se refaire"   après un séjour en prison, rêve d'organiser une rencontre entre George Foreman qui n'a fait qu'une bouchée de Joe Frazier et Mohamed Ali . Seulement il n'a pas de fonds alors il a l’idée de monter ce combat au Zaïre dont le dictateur Mobutu voit  cet événement sportif sans précédent sur le continent africain comme un fabuleux moyen de propagande, il est prêt à puiser dans son trèsor.
Ce combat  va bien au-delà du sport puisqu'il synthétise à lui seul toutes les tensions de l'Amérique.
Si Ali est un rebelle proche des Black Panthers, hâbleur, et provocateur, ses conférences de presse sont un vrai spectacle, George Foreman est tout le contraire, médaillé d'or aux JO de Mexico il fait le choix de porter le drapeau américain, à l'inverse des coureurs du 200 m qui montent sur le podium la tête basse, le poing en l'air enrobé dans un gant noir.... George Foreman est le prototype de ce que Malcolm X appelle avec dédain un nègre blanc. A Kinshasa il s'enferme dans l’hôtel Intercontinental, il est invisible , Ali lui court dans les rues, toujours  proche de la foule, en quête de soutien . George Foreman a le statut du méchant, il est plus puissant que son adversaire, les initiés de la boxe en font leur favori ...
Mais Ali a vu une faille, le boxeur est puissant mais peu endurant, durer est la solution... alors Ali ce soir là ne danse pas sur le ring, il encaisse les coups encore et encore coincé dans les cordes, mais comme toujours il cause, agace son adversaire lui répétant que ses coups sont bien doux...  Foreman cogne, cogne mais Ali se protège derrière ses poings, et il finit par épuiser son adversaire. Au huitième round, il jaillit des cordes pour le terrasser  d'un crochet, Foreman tombe, le peuple exulte, Ali est définitivement une légende...

C'est ce morceau d'anthologie de l'histoire du sport que nous raconte sur scène Nicolas Bonneau, pour rendre toute la portée politique et historique de cet événement il invente une nouvelle forme de spectacle. Accompagné de deux musiciens,son spectacle est un mélange de chants, vidéos et de textes , alternance d'émotions et d'humour ... Conteur enthousiaste il parvient avec talent à recréer l'ambiance si particulière de ce combat, nous en faire sentir les vibrations, la puissance des coups, la ferveur populaire. Tel un spectacle de sport, il y a parfois quelques temps faibles mais aussi des temps forts magnifiques ainsi la lecture du texte de Norman Mailer qui était  présent au bord du ring..
La boxe est un sport discutable par son principe qui est de détruire l'adversaire mais aussi par les dommages irréparables qu'elle peut causer, mais ce sport singulier est le seul qui ait donné de grands films de cinéma  ...

Il n'y a pas lieu d'être un amateur de boxe pour apprécier le spectacle de Nicolas Bonneau Ali 74, le combat du siècle, tout simplement parce que c'est un très bon spectacle !


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