dimanche 16 novembre 2014

Une auberge à Tokyo - Yasujiro Ozu

Dans les années 30, le Japon comme les grands pays industriels n'échappe pas à la crise financière. Un homme Kihachi accompagné de ses deux garçons erre sur les chemins à la recherche d'un hypothétique emploi .Il se présente aux gardiens des usines mais les refus s'enchainent pour leur plus grand désespoir. Parfois ils tombent sur un chien errant ce qui leur permet d'obtenir une récompense dans le cadre d'un programme luttant contre la rage. Ces sous inespérés leur permettent quand le gamin n'a pas la mauvaise idée d'aller s'acheter une casquette, de faire un repas ou de passer une nuit à l'auberge où ils rencontrent une jeune femme et sa fille qui sont dans la même dèche.
Kihachi par hasard croise une vieille amie qui lui offre un toit et lui permet de trouver un poste d'ouvrier. Mais lorsqu'il découvre que la jeune fille croisée à l'auberge souffre de la dysenterie, il n'a pas suffisamment d'argent pour aider la jeune femme à payer les frais d’hôpital. il n'a pas d'autres choix que de voler.
Dans une ultime confidence à sa logeuse avant d'aller se rendre à la police, il se confie: "il est affreux d'être pauvre".
Dés le premier plan filmé caméra au sol on reconnait la patte de Yasujiro Ozu. En 1935, par fidélité à son chef opérateur qui ne sent pas prêt à utiliser de nouvelles techniques, il tourne toujours en muet avec des cartons pour résumer les dialogues entre les personnages. Ozu a cette capacité à capter l'intimité de ses personnages même si ici il ne rentre jamais dans leurs domiciles puisqu'ils n'en ont plus. Il filme avec une compassion mais sans pathos , son film plein de délicatesse ne sombre jamais dans un misérabilisme larmoyant, la pauvreté n’empêche pas la dignité.Nous resterons marqués par cette scène sublime et terrible, où le père s'amuse avec son ainé à mimer le repas qu'ils ne peuvent pas faire, le jeune frère la faim au ventre dit combien il n'aime pas ce riz fictif qu'on lui propose.
Il filme magnifiquement les enfants, et par bien des cotés, il est difficile de ne pas penser  à Charlot au cœur de la crise américaine. Sans hésitation, nous classons au même niveau que les chefs d’œuvre de Charlie Chaplin ce film d'Ozu qui donne un éclairage sur le désarroi de la société japonaise des années 30 qui allait succomber au nationalisme le plus fou. Malgré la piètre qualité de la copie qui mériterait largement une restauration, nous avons été subjugués par le film de Yasujiro Ozu.

Claude Jean Philippe remarquait dans sa présentation que Ozu était peut être  le cinéaste le plus programmé dans son ciné club. Peut être tout simplement parce qu'il est le plus grand!

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