mercredi 31 décembre 2014

Le dernier métro - François Truffaut

Le Dernier Métro est le film de la consécration de François Truffaut, récompensé de dix Césars il fait de lui le patron du cinéma français, il est devenu incontournable. Parti de pas grand chose, un crayon et une feuille blanche, aidé par son père spirituel André Bazin, il fit une véritable déclaration de guerre aux institutions cinématographiques  à travers un article"une certaine tendance du cinéma français" qui sonne une véritable déclaration de guerre contre les "seigneurs" du cinéma français et   peut être considéré comme le premier acte d'une nouvelle génération, celle de la Nouvelle Vague qui allait modifier radicalement le paysage du cinéma français notamment dans les modes de production des films.

Ce film, assurément le plus bourgeois de François Truffaut, tourné en studio propose une reconstitution historique de la période de l'occupation, sa production s'avère particulièrement couteuse. Ce film de François Truffaut inspiré notamment par ses propres souvenirs d'enfance évite tout propos démonstratif sur l'époque ... S' il est facile de reconnaitre qui sont les salauds et où va sa sympathie,  il ne simplifie jamais la situation rendant parfaitement compte de la complexité de ces années noires à travers le personnage du metteur en scène de théâtre Jean-Louis Cottins interprété subtilement par Jean Poiret qui sut rendre avec génie l'ambivalence de son personnage. Son film ne s'inscrit pas dans la légende d'un pays de résistants voulu par les gaullistes, il s'approche plus de la triste réalité, celle d'une ville soumise à la stricte loi du couvre feu, où il ne faisait pas bon de rater son dernier métro... C'est peut être là, une des clés de son succès commercial, il rencontre un public de plus en plus curieux de cette période sombre dont l'historien Robert Paxton venait de donner un nouvel éclairage à travers son livre qui a fait date la France de Vichy.

Si François Truffaut décrit parfaitement le Paris de l'occupation, en particulier le monde des théâtres qui ont rencontré un succès inespéré, du marché noir, de l'antisémitisme, il parle avant tout et comme toujours d'amour et confirme son goût prononcé pour le romanesque. Marion Steiner a repris la tête du théâtre de Montmartre après la fuite de son mari Max Steiner juif étranger dont la liberté et la vie sont menacées. Coûte que coûte elle veut faire vivre son théâtre, pour cela il faut jouer, remplir la salle, se débrouiller avec la censure... Impossible de s'en sortir sans se compromettre, pour arriver à ses fins il lui faut faire des politesses notamment à l'incontournable et infâme  Daxiat journaliste antisémite de Je suis partout inspiré par Lucien Rebatet qui fait régner sa loi dans le milieu du spectacle. Pour cela elle est secondé par Jean-Louis Cottens metteur en scène à succès et elle partage l'affiche avec  un jeune acteur prometteur  Bernard Granger engagé aussi en Résistance...

Loin d'être enfui, l'organisation de son passage en zone libre a échoué, Max Streiner est prisonnier dans la cave du théâtre d'où il peut entendre les répétitions puis les représentations, ce qui lui permet d'influencer indirectement le spectacle à travers les recommandations qu'il peut faire à son épouse qui vient le rejoindre secrètement la nuit tombée... Max Steiner est à l'écoute, il lui est facile de comprendre la fascination que le jeune acteur Bernard Granger exerce sur son épouse. Les histoires d'amour ne sont jamais simples chez François Truffaut, le cœur est souvent partagé...

Ce film signe les retrouvailles de François Truffaut avec Catherine Deneuve, mais surtout elle forme avec Gérard Depardieu un couple d'acteurs qui va marquer le cinéma français. Lui est alors absolument irrésistible il a une présence incroyable, un mélange de force et de fragilité qui en fait un acteur rare face à la sublime Catherine...  Le dernier Métro n'est surement pas le plus grand film de François Truffaut mais pour toutes les raisons évoquées précédemment c'est assurément une œuvre majeure du cinéaste.

Nous arrivons au bout de notre année François Truffaut nous n'avons pu y consacrer tout le temps que nous aurions souhaité mais cela nous a permis de nous replonger dans nombre de ces films, de relire des passages de la biographie passionnante de Serge Toubiana et d'Antoine de Baecque ou encore de relire Honoré de Balzac... Le plus passionnant avec les films de François Truffaut, c'est qu'au fil du temps les avis sur ses films ne cessent d'évoluer, il y a un coté je t'aime moi non plus... Ainsi nous avons revu à la hausse la sirène du Mississippi ou l'histoire d'Adèle H et nous avons été déçus par la femme d'à coté, et rien nous dit que dans dix ans nos avis n'auront pas à nouveau changé... Nous n'avons pas tenté de revoir "la mariée était en noire"qui nous semble être son film le plus faible, ni le merveilleux "l'homme qui aimait les femmes"  mais nous nous sommes régalés à retrouver Charles Denner dans le savoureux "une belle fille comme moi". Si nous sommes toujours impressionnés par "la chambre verte, un film magistral, notre préféré reste "les deux anglaises et la continent".
Nous nous sommes volontairement écartés des films qui traitent de l'enfance, cela nous a peut être permis de mieux mesurer combien Jean Renoir et Alfred Hitchcock sont les deux influences majeures des films de Truffaut. Les femmes sont au coeur de son cinéma son cinéma. . "Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tout sens lui donnant son harmonie et son équilibre" disait il dans l'homme qui aimait les femmes, elles sont aussi une source d'inspiration inépuisable du cinéaste.

Si l'année 2014 s'achève, nous n'en avons pas fini pour autant avec les films de François Truffaut !

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